Aomamé, une jeune femme dans la vingtaine, prof de gym et tueuse à gage pour la bonne cause à ses heures, va avoir le douloureux privilège de pénétrer dans cet univers. Croyant prendre un raccourci vers un quartier de Tokyo où on l’attend d’urgence, elle emprunte, un escalier de secours. Et la voici dans ce monde étrange.

Elle ne va prendre conscience de sa situation que petit à petit… Détail par détail. Les policiers n’ont pas les mêmes révolvers. Dans le ciel, il y a deux lunes. C’est notre monde, mais il est différent.

1Q84, voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décida Aomamé. Il faut que je m’acclimate le mieux possible à ce monde lourd d’interrogations. Comme un animal lâché dans une forêt inconnue. Pour survive et assurer ma sauvegarde, je dois en comprendre au plus tôt les règles et m‘y adapter. »

Le récit d’Aomame est alterné avec celui de Tengo, un professeur de mathématiques qui habite lu aussi ce monde parallèle. Il se lance dans une fameuse embrouille. Un éditeur un peu véreux, lui demande de réécrire le roman un peu gauche d’une jeune et jolie auteure. Car il en est convaincu : elle pourrait être dotée de nombreux prix.

Une jolie fille de dix-sept ans, rien que ça, ça devrait alimenter les conversations. L’intérêt médiatique serait totalement différent, je dois le dire, si le lauréat était un trentenaire, ressemblait à un ours sortant d’hibernation et était prof, par exemple, dans une école préparatoire. »

Tengo s’exécute avec brio, le livre obtient le prix des jeunes auteurs et devient un best seller. Mais il nuit fortement aux intérêts d’une secte aux pouvoirs mystérieux, qui va prendre Tengo en chasse.

Aomame se met, elle aussi, à la recherche du jeune homme, qu’elle a aimé quand elle était à l’école primaire. Un contact physique presque insignifiant les a tous deux marqués à vie.

Il n’y a qu’un homme que j’aime déclara Aomamé. J’ai aimé ce garçon quand j’avais dix ans, je lui ai serré la main. »

Aomame retrouvera-t-elle Tengo ? Echapperont-ils aux desseins malfaisants de l’organisation secrète ?

1Q84 démarre sur les chapeaux de roues. Le premier tome est magistralement mené, l’intrigue est distillée avec intelligence et raffinement, portée par une écriture douce, presque naïve. Cette énergie romanesque faiblit quelque peu dans le deuxième tome, mais on s’y amuse encore. Hélas, le troisième volet tourne au roman policier éculé, avant un final plaisant mais qu’on aurait aimé plus surprenant.

N’empêche, la lecture de ce roman original est une partie de plaisir, avec ses personnages si magistralement façonnés, ses crimes, ses créatures bizarres. Qu’on n’y cherche pas de grands enseignements sur notre monde et nos perceptions, il n’y en a pas. Laissons plutôt Murakami nous raconter simplement une histoire, puisqu’il le fait si bien.

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1Q84, Haruki Murakami, Livre 1, traduit par Hélène Morita, Belfond, 534 pages, disponible en poche.



 

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1Q84, Haruki Murakami, Livre 2, traduit par Hélène Morita, Belfond, 526 pages, disponible en poche.







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1Q84, Haruki Murakami, Livre 3, littérature japonaise, traduit par Hélène Morita, Belfond, 620 pages, disponible en poche. Notre note : 4/5







Le dernier roman de Haruki Murakami : L'incolore Tsukuru et ses années de pèlerinage.