Anne vient d’épouser Raphaël. Un mariage d’amour, certes, mais non dénué d’une certaine résignation.
J’aurais pu épouser l’homme parfait. Cela m’aurait évité toutes sortes de déconvenues. Mais aux dires des femmes d’expérience, ce genre d’homme n’existe pas, aussi ai-je jeté mon dévolu sur l’imparfait Raphaël. »
De son côté, la mère de Anne fait plutôt le parcours inverse : divorce.
Elle ne s’était jamais habituée à mon apparition, et à 55 ans, elle se demandait encore comment une brunette aux yeux sombres comme elle avait pu mettre au monde une asperge aux yeux clairs telle que moi. Bien sûr, elle connaissait la réponse, mais la réponse et elles avaient divorcé quelques mois auparavant. »
Anne et Raphaël décident de partir en voyage de noces en Californie. Et ce qui ne devait pas arriver arriva…
- Tu ne veux pas venir avec nous, maman ?
- Ne serai-je pas un poids ? s’est-elle enquise par principe.
- Du tout a répondu Raphaël en avalant sa salive.
Quand on y réfléchit, il suffit de pas grand-chose pour ruiner un mariage. »
Voici donc nos trois énergumènes en Mustang de location à travers les grandes attractions touristiques de Californie. Un périple pour le moins agité. C’est que la mère est un sacré numéro. Envahissante, curieuse, intrusive, maladroite sans-gêne et on en passe…
Maman adore inverser les rôles. Elle fournit ses propres diagnostics aux médecins, monte des dossiers contre ses avocats, envoie sa recette de crème brûlée aux restaurateurs su bien qu’avec elle, chacun se retrouve dans l’incapacité de faire son boulot. »
Le mari a ses susceptibilités, lui aussi, surtout lorsqu’il découvre le racisme ambiant.
Il boucle sa ceinture, essaie de penser à autre chose, caresse l’arrête de son nez, preuve irréfutable de son sang-mêlé, compilation nasale du sud de l’Inde, de l’Ouest africain et du Nord-Pas-de-Calais. »
Anne tente péniblement de garder la tête hors de l’eau, jusqu’à ce qu’elle tombe sur Dan O’Leary, Agent liquidateur. Spécialité mères et belles-mères, selon sa carte de visite.
Un effet personnel que vous souhaiteriez conserver ? Les gens aiment bien garder un souvenir. Une broche. Une mèche de cheveux. Un foulard. »
Anne se résoudra-t-elle à une telle extrémité ? Je vous le laisse découvrir. Mais sachez que vous lisez un roman où rien ne se passera jamais comme vous l’aviez prédit, ni comme ses personnages eux-mêmes l’avaient imaginé.
Mais ne vous y trompez pas : sous ses dehors légers, ce roman attaque de front une question d'aujourd’hui, l’émancipation de la femme non plus vis-à-vis des hommes, mais vis-à-vis de leur mère. Entre gags et situations rocambolesques, l’auteur amène une question douloureuse d'autant moins résolue qu'elle se transmet, du point de vue de l'auteur, de mère en fille... Un point de vue original, vivant et intéressant.
Voyage de noces avec ma mère, Véronique Sels, littérature française, Calmann Levy, sous la direction de Christian Sauvage, 208 pages, 16,50 euros. ISBN : 2702156452. Notre note : 2/5.
Critiques, avis et analyses
Tiens un roman rigolo, je crois que c'est le bon moment. Je me l'offre ! (et je l'offre s'il est bon)
Rien à voir avec le livre dont il est question, mais : yipi ! Bernard est revenu ! ^^
Ce qui est magique, c'est que vous me laissez le droit d'errer un peu. Quand je reviens, il y a toujours du monde. Un vrai plaisir.
Avis aux lecteurs du blog...Nous allons écrire un livre nous-mêmes, et j'ai déjà le titre ( je n'ai d'ailleurs que cela...):
La patience...ou le bonheur de retrouver Bernard....
Et en sous titre:
Et les commentaires de Christian....
Ce n'est sans doute pas le roman de l'année....mais quelle imagination! Rocambolesque à souhait, mais on dévore, car on veut savoir jusqu'où l'auteur poussera le bouchon...et le bouchon apparait là...où on ne l'attendait pas du tout...
Bonjour Pomme :-)
Il va de soi que je serai le premier à évoquer ici longuement le roman dont tu parles ! L'air de rien, ça fait quand même quelques années que "ça s'en va et ça revient !"
Et que ca revienne longtemps.....