Sarah, la quarantaine, est la femme parfaite à tous égards. Mari parfait, enfants parfait, métier parfait. Mais la fissure est là, qui s'élargit.

Je ne dors plus depuis si longtemps. Pourtant, chaque matin, à la question rituelle d'Alain, mon mari si parfait déjà coiffé douché rasé chemisé, « tu as bien dormi ma chérie », j'ai toujours répondu oui et souvent menti. »

Sur un coup de tête, elle décide de partir dans un coin perdu du Japon pour prendre un peu de recul.

Vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie. Pour s'en saisir, il faut s'en extraire, effectuer un léger pas de côté. La plupart des gens ne le font jamais et ils n'ont pas tort. Personne n'a envie d'entrevoir l'avancée des glaces. »

Sarah suit les traces de son frère Nathan, qui a mis fin à ses jours. Avant sa mort, il s'était installé dans ce petit village nippon, juché au pied d'une falaise. Il y avait rencontré un certain Natsumé, qui avait su apaiser temporairement les tourments de son âme.

Natsumé est un ancien policier, qui, doucement, pose la main sur l'épaule de nombreux candidats au suicide juste avant qu'ils ne sautent. Puis il les recueille dans sa petite maison chaleureuse.

Il n'a aucun message à délivrer, ne croit en rien de particulier. Simplement, la vie est dure et certaines personnes, à certains moments de leur parcours, ont besoin qu'on s'occupe d'elles. Et nul n'a le temps pour ça. Lui si. »

Lentement, au fil de l'eau, au fil des rencontres, puis au cours d’un séjour chez Natsumé, l'esprit de Sarah s'éclaircit. Elle prend conscience du rôle qu'elle joue dans ses propres tourments.

S'il existait un rayon « zen » dans les librairies, ce roman y figurerait. Tout y est lenteur et humidité, le style comme le décor.

J'aimais par dessus tout le contact des pierres chaudes et lisses sous ma paume, mes jambes déformées par l'eau transparente, plus blanches que jamais dans la clarté lunaire. »

Ce livre dit le mal-être d'une femme occidentale, désorientée par la dureté du monde du travail, la pesanteur des responsabilités familiales et la jeunesse qui s'éloigne. On lui reprochera d'être un peu trop formaté pour la femme de 40 ans qui s'interroge, rêve d'un grand voyage et d'un séjour en balnéo. L'auteur a voulu éviter le cliché, ça se voit, mais n'y parvient pas parfaitement.

On en sort comme après un bain bulle qui a duré un peu trop longtemps, engourdi, un peu irascible, mais apaisé quand même.

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Le cœur régulier, Olivier Adam, éditions de l'Olivier, 204 pages, 18 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon;