Un jour, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle reçoit une lettre d'un admirateur, un certain Dawsey, citoyen de l'île de Guernesey. Il lui parle incidemment d'un mystérieux cercle littéraire.

Le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey est né à cause d'un cochon rôti que nous avons dû cacher aux soldats allemands. »

Juliet veut en savoir plus, et entame une conversation épistolaire avec Dawsey, puis avec de nombreux habitants de l'île.

Elle apprend qu'une bande de gais lurons avait, un soir d'occupation, cuit un cochon à la broche. Alors qu'ils rentraient discrètement chez eux, une heure après le couvre-feu, l'un d'entre eux, éméché, entame une chanson, qui attire l'attention d'une patrouille allemande. L'élevage des cochons étant interdit à la population occupée, reste une échappatoire : inventer une excuse imparable.

Elizabeth s'est avancée. Elle s'est approchée de l'officier et lui a débité sans reprendre son souffle un tissu de mensonges comme vous n'en avez jamais entendu. Nous étions vraiment désolés de n'avoir pas respecté le couvre-feu. Nous assistions à une réunion du Cercle littéraire de Guernesey et la discussion du soir sur Elizabeth et son jardin allemand était si captivante. Un livre merveilleux – l'avait-il lu ? »

Le mensonge fonctionne à merveille, sauf que le Cercle n'existe pas, et que les Allemands risquent de vérifier, à tout moment, les dires des insulaires. Aussi la petite bande crée-t-elle effectivement cette association. Et pour recevoir dignement les Allemands, ils préparent un festin avec les ingrédients du cru : une tourte aux épluchures de patates !

Sous ses dehors innocents, presque fleur bleue, « Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates » raconte, avec une salutaire légèreté, des événements aussi pénibles que l'occupation, les déportations, les crimes et tortures, puis la libération de ce petit bout d'Angleterre. Avec des moments intenses.

Tout semble si effondré, Sophie : les routes, les bâtiments, les gens. Les gens, surtout. »

Mais il conte aussi, au détour de ces lettres échangées, 1001 petites histoires qui font sourire. Il regorge aussi de petites perles. Sur les hommes.

Les hommes sont plus intéressants dans les livres qu'ils ne le sont en réalité. »

Et, évidemment, sur les livres.

Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu'à leur lecteur idéal. Comme il serait délicieux que ce soit le cas. »

Malgré une profusion de personnages parfois déroutante, c'est un roman bien écrit, bien traduit, bien construit et rythmé. On le recommandera aussi chaudement qu'une tasse de thé et un petit gâteau anglais tout juste sorti du four !

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Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, traduit de l'anglais par Aline Azoulay, Nil, 391 pages, 19 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon.