Dans son dernier roman, Charles Dantzig en a fabriqué un, et un fameux, François.

« Je m’appelle François » est peut-être la seule phrase où je n’aie jamais menti de ma vie.

Notre galopin débute une existence un peu terne à Tarbes, dans les Pyrénées. Mère prostituée, père alcoolique, il prend son balluchon, et débarque à Paris.

Là-bas, François Audiard, Delamothe ou d’Array (cela dépend des jours) vit de petits larcins. Mais notre homme est un ambitieux. Aussi parvient-il à lier des amitiés dans la jet set locale, en poussant simplement la porte du Palace, la boîte à la mode.

De mensonges en escroqueries, notre sacripant, devenu François Depardieu, le neveu de qui vous savez, file ensuite à New York, puis Los Angeles. Ses fréquentations : Mel Gibson et tout l’arrière ban du star system hollywoodien.

Depardieu découvert, François (Branson) ira se nourrir d’autres crédulités à Dubaï.

Dans « Je m’appelle François » il y a des moments agréables, comme lorsque François se dote de gardes du corps.

Il venait de décider d’en embaucher un. Un garde du corps qui n’aurait rien à garder, puisque personne ne le menaçait, mais il donnerait précisément l’idée du contraire : et François Depardieu passerait pour un important. »

Mais il y a aussi d’épuisantes longueurs. L’écriture, hachée, cassée, touffue, approximative, parfois, renforce cette impression de stagnation. Il y a des passages proprement incompréhensibles, des fautes de français, des formulations alambiquées.

Comme ici.

Quand il était revenu d’acheter du coca dont il ne restait plus (…) »

La charpente du roman n’est par ailleurs pas des plus solides, certaines scènes sont invraisemblables et l’auteur semble multiplier les efforts pour les rendre crédibles, en ajoutant à la va-vite et parfois entre parenthèses des flash-back pour les justifier.

On sent enfin que l’auteur profite de François pour lâcher quelques considérations philosophiques. Parfois vaguement inspirées.

J’ai voulu être un autre moi, un moi meilleur, le monde ne l’a pas permis. Les gens n’aiment pas que nous changions. Il n’aiment pas ça comme ils n’aiment pas que l’on déplace des objets dans la cave. »

Souvent superficielles.

L’humour est une lâcheté, se dit-il. On rit pour se donner une supériorité et pendant ce temps-là, on n’agit pas. »

Bref, un petit divertissement, pas un grand roman.

Je m'appelle François



Je m'appelle François, Charles Dantzig, Grasset, 313 pages, 18,90 euros.