Ecoutez plutôt l'histoire de Guillaume et Sylvie et leurs deux enfants, Marguerite et Felix. C’est une famille bien comme il faut, « une famille Ricoré », avec des enfants « sages comme des images de synthèse ».

Guillaume est un sacré coincé.

Il aimait bien les petits rituels qui balisaient sa vie paisible. »

Sylvie aussi.

Ses cheveux blonds étaient toujours attachés sur la nuque, comme si en les lâchant, elle craignait de se relâcher. »

Les deux époux, qui se sentent un peu coupables de cette vie sereine dans ce monde de brute, participent donc à l’opération organisée par le très cynique magazine « Global », soucieux de doper ses ventes en berne.

Vieux monsieur solitaire, ancien libraire, sans attaches ni famille, expulsé de son domicile par son propriétaire, cherche un foyer aimant et chaleureux où vivre heureux. Ecrire au journal. »

Ils adoptent Victor. Très vite, l'octogénaire aux yeux d'oiseau blessé, devient la coqueluche du quartier et des lecteurs de "Global". Mais avec un sens diabolique de l'organisation, il va tisser sa toile dans ce foyer modèle, pour en faire un joyeux bordel.

Exemple ?

  • - Sylvie prend un amant, un reporter surnommé « Rouletabite » dans sa rédaction
  • - Victor escroque Guillaume pour 30.000 euros
  • - Felix, le fils cadet, commence à fumer ET à boire sous l'influence de qui vous savez
  • - Victor fait chanter Sylvie car il a filmé sa liaison...

Et j’en passe.

Guillaume ne veut rien voir, car Victor est le père dont il a toujours rêvé. Jusqu’au jour où Sylvie la rebelle menace de rompre. Mais comment se débarrasser de Victor ? Je vous laisse le découvrir...

Les traits psychologiques des personnages de ce roman sont parfois un peu forcés. C'est un peu féministe. Et l’écriture n’est pas d’une grande finesse.

Comme ici :

Insensible à la mélancolie du ciel, le soleil s’obstinait à bouder »

Mais j’ai souri en lisant Victor. L’histoire, farcie d'un humour un peu carnassier, est très bien construite, et rappelle « La vie est un long fleuve tranquille ». C’est une belle chronique d’un couple endormi sur ses lauriers... et réveillé en sursaut.

Victor



Victor, Michèle Fitoussi, Grasset, 373 pages, 18,90 euros.