Déjà, elle attaque son dernier roman, « Un lieu incertain » en mettant aux prises le commissaire Adamsberg et son voisin espagnol avec une chatte en difficulté...

- Elle n'en a sorti que trois. Un est mort et deux autres sont encore coincés, j'ai senti les têtes. Moi je pousse en massant et toi, tu extirpes. Gaffe, ne va pas serrer comme une brute quand tu les sors. Une chaton, ça te craque entre les doigts comme un biscuit sec. »

Importance de cette scène dans l'histoire ? Aucune. C'est juste pour donner au lecteur un sourire qui ne le quittera plus.

A peine remis de cette émotion, le commissaire s'en va faire un petit tour à Londres avec deux de ses limiers, Danglard et Estalère pour assister à un congrès. Un voyage de tout repos. Jusqu'à ce que le policier tombe sur une rangée de vieille chaussures. Rien d'extraordinaire. Sauf que les pieds sont toujours dedans...

L'odeur était pestilentielle, la scène choquante, et Adamsberg lui-même se raidit. Des chaussures craquelées, lacets défaits, émergeaient des chevilles décomposées, laissant voir les chairs sombres et les teintes blanches des tibias coupés net. »

De retour à Paris, le commissaire est appelé à Garches, sur une autre lieu de crime, plus sordide encore.

Il se trouvait face à des tapis trempés de sang, semés d'entrailles et d'éclats d'ossements, entre quatre murs maculés d'éléments organiques. Comme si le corps du vieil homme avait éclaté. Le plus repoussant était sans doute les petits paquets de chair déposés sur la laque noire du grand piano, abandonnés comme des déchets sur l'étal. Du sang avait coulé sur les touches. Le mot manquait pour définir un homme qui réduisait le corps d'un autre en charpie. Le terme de tueur était insuffisant et dérisoire. »

L'enquête du commissaire démarre laborieusement. D'autant plus que des devoirs sont consciencieusement sabotés, par un membre de l'équipe d'Adamsberg. Peu de temps après, un second crime est commis, à Vienne, copie conforme de celui de Garches. La victime ? Un certain Plögener.

Bon sang mais c'est bien sûr ! Le commissaire s'aperçoit que la première victime est le petit-fils d'un certain Plog. Il fait le rapprochement avec Plögener... Et flaire une vendetta. Pour en avoir le coeur net, il part à Kiseljevo, en Serbie, berceau de la famille « Plog », afin d'élucider les raisons de cette extermination.

Je vous laisse effectuer le voyage avec le commissaire.

Soyez rassurés : Fred Vargas chouchoute le lecteur comme peu d'écrivains. L'écriture est fine, équilibrée et sans artifice, l'humour est omniprésent, les personnages sont amenés avec beaucoup de finesse, et, surtout, l'intrigue ne connaît aucune faille. Impossible de déceler le coupable avec certitude.

Je vous laisse avec cette jolie méditation de l'attachant commissaire :

Il est juste, songea-t-il, que ce n'est pas la qualité qui génère le plaisir pur mais le bien-être non escompté, quels qu'en soient les composants. »

Je vous souhaite des plaisirs aussi inattendus que le dénouement d'un roman de Vargas !

Un lieu incertain



Un lieu incertain, Fred Vargas, Viviane Hamy, 385 pages, 18 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon.