Le Blog des Livres - Mot-clé - vieillesse<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearLa carte et le territoire - Michel Houellebecq - Goncourt 2010urn:md5:02cf5bb9342e57e208b5559e09aaeb0e2010-11-02T08:47:00+01:002018-10-17T18:28:18+02:00BernardLa vieHouellebecqhumourmortsuspensevieillesse<p>On entend beaucoup parler de ce qu'il y a autour du dernier roman de Michel Houellebecq. Mais on entend peu parler de ce qu'il y a dedans. Et qu'y a-t-il, dans ce Goncourt 2010 ? Pas grand chose, en somme.</p>
<p>Une vague intrigue, l'un ou l'autre gadget, et quelques froides considérations sur notre époque.</p> <p>Jed Martin est artiste. Il débute sa carrière de manière originale, en réalisant des portraits photographiques de cartes Michelin. Il se réoriente ensuite vers la peinture, en couchant sur la toile des moments historiques de la vie économique. Des pièces telles que « Bill Gates et Steve Jobs s'entretenant du futur de l'informatique », lui feront à jamais oublier le dénuement de ses débuts.</p>
<p>Au moment où cette histoire se fatigue, Houellebecq y greffe un crime de sang et une intrigue policière, sans grand lien avec ce qui précède, ni sans grand intérêt.</p>
<p>Ce roman n'est pas ennuyeux pour autant. Parce qu'il y a des gadgets. Les gadgets, c'est l'usage original de l'italique, les descriptions détaillées et incongrues de la vie des bichons ou des asticots et surtout, ces petits moments où Houellebecq se met en scène, lui, et d'autres personnalités, comme Julien Lepers.</p>
<blockquote><p>Les gens se reconnaissaient en Julien Lepers, les élèves de première année de Polytechnique comme les institutrices à la retraite du Pas-De-Calais, les bikers du Limousin comme les restaurateurs du Var, il n'était ni impressionnant ni lointain, il se dégageait de lui une image moyenne et presque sympathique, de la France des années 2010. »</p>
</blockquote>
<p>Ce qui fait aussi l'intérêt de ce roman, ce sont ces descriptions crues et désabusées du monde d'aujourd'hui. Elle sont souvent provocatrices.</p>
<blockquote><p>Lui non plus n'aimait pas les enfants s'il voulait bien y réfléchir, il n'aimait pas leur égoïsme naturel et systématique, leur méconnaissance originelle de la loi, leur immoralité foncière qui obligeait à une éducation épuisante et presque toujours infructueuse. »</p>
</blockquote>
<p>Et parfois un peu plus sensées.</p>
<blockquote><p>Au milieu de l'effondrement physique généralisé à quoi se résume la vieillesse, la voix et le regard apportent le témoignage douloureusement irrécusable de la persistance de caractère, des aspirations des désirs, de tout ce qui constitue une personnalité humaine. »</p>
</blockquote>
<p>Calmons-nous : « La carte et le territoire » n'est pas un grand roman. Parce que l'écriture est relâchée, l'intrigue indigente, et parce que le mélange d'une histoire, de gadgets et de considérations sur notre temps manquent totalement de lien entre eux.</p>
<p>Mais on passe, malgré tout, un bon moment. On rit (jaune). Et on se prend même à réfléchir un peu. Non pas sur les thèmes abordés par Houellebecq, mais plutôt sur le succès d'un propos aussi désabusé. Pourquoi des sentences aussi sombres, n'inspirent-elles pas davantage de rejet ? Parce qu'elles flirtent avec la limite, sans doute, sans la franchir. Ou alors parce qu'André Gide avait raison quand il disait :</p>
<blockquote><p>On ne fait pas de littérature avec de bons sentiments. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Houellebecq.jpg" alt="Houellebecq.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Houellebecq.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>La carte et le territoire, Michel Houellebecq, Flammarion, 428 pages, 22 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290032034/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290032034&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290032034" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/02/La-carte-et-le-territoire-Michel-Houellebecq#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/272Un homme - Philip Rothurn:md5:414761af33ec44db5a0c81ad5dc8b3152008-01-03T23:17:00+00:002018-10-22T13:50:26+00:00BernardL'au-delàmaladievieillesse<p>J'étais convaincu que j'en serais incapable. Que lire un livre sur la mort risquerait de briser mon élan vital. Et pourtant je l'ai fait. Et je l'ai bien... vécu !</p> <p>Dans son dernier roman, Philip Roth prend un risque de romancier confirmé : conter l'existence d'un homme ordinaire, en utilisant le fil conducteur de ses séjours à l'hôpital, rares dans sa jeunesse, puis annuels, puis quotidiens, puis plus rien.</p>
<p>Ce qui fait la valeur de ce roman et ce qui me l'a rendu supportable, c'est qu'entre une péritonite aiguë, un quintuple pontage coronarien et l'ablation d'une extrémité de carotide, l'auteur aborde les questions essentielles de la fin de vie.</p>
<p>Comme la religion.</p>
<blockquote><p>La religion est une imposture; elles lui déplaisaient toutes; il jugeait leur folklore superstitieux, absurde, infantile; il avait horreur de l'immaturité crasse qui les caractérisait, avec leur vocabulaire infantilisant, leur suffisance morale et leurs ouailles, ces croyants avides. »</p>
</blockquote>
<p>Comme la frustration de l'homme mur.</p>
<blockquote><p>Former un couple avec une des veuves de son âge, si peu attirantes, fut au-dessus de ses forces. En revanche, les jeunes femmes saines et vigoureuses qu'il voyait courir le long de la jetée, le matin, quand il partait faire sa promenade, n'étaient pas assez folles pour échanger avec lui un sourire professant leur innocence. »</p>
</blockquote>
<p>Et comme le remords, quand le grand malade revient sur ses trois mariages, et surtout sur son premier divorce, que ses enfants ne lui ont jamais pardonné.</p>
<blockquote><p>Espèces d'enfoirés, sales gosses boudeurs, petits merdeux sans indulgence ! Est-ce qu'on n'en serait pas là quand même si j'avais été différent et avais agi différemment? Est-ce que je me sentirais moins seul aujourd'hui ? Sans aucun doute! Seulement voilà, j'ai fait ce que j'ai fait, j'ai soixante et onze ans et l'homme que je suis, c'est moi qui l'ai fait. C'est comme ça que j'en suis arrivé là, un point c'est tout ! »</p>
</blockquote>
<p>« Un homme » est un roman pessimiste, fataliste et cru. Son défaut, c'est son manque de profondeur, son flirt un peu trop appuyé avec le lieu commun sur la fin de vie. Mais son atout, c'est justement cette absence d'intensité, qui permet au lecteur de lire un livre sur l'expérience ultime sans trop s'impliquer. La mort en devient aussi banale qu'une existence ordinaire.</p>
<p>J'ajouterai à cette qualité ma fascination pour la plume de Philip Roth, qui parvient à conserver une délectable élégance malgré son dépouillement. Il m'est arrivé de me laisser porter par cette musique cristalline, sans penser au néant que portaient les mots. Un réflexe de survie, peut-être...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Roth.jpg" alt="Un homme" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un homme, Philip Roth, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun, Gallimard, 153 pages, 15,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/03/219-un-homme-philip-roth#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/199Victor - Michèle Fitoussiurn:md5:2d9f040d86e23cf424cc581545fba77b2007-06-07T08:25:00+00:002018-10-22T14:39:40+00:00BernardLa viefamilleParisvieillesse<p>Méfiez-vous des vieux.</p> <p>Ecoutez plutôt l'histoire de Guillaume et Sylvie et leurs deux enfants, Marguerite et Felix. C’est une famille bien comme il faut, « une famille Ricoré », avec des enfants « sages comme des images de synthèse ».</p>
<p>Guillaume est un sacré coincé.</p>
<blockquote><p>Il aimait bien les petits rituels qui balisaient sa vie paisible. »</p>
</blockquote>
<p>Sylvie aussi.</p>
<blockquote><p>Ses cheveux blonds étaient toujours attachés sur la nuque, comme si en les lâchant, elle craignait de se relâcher. »</p>
</blockquote>
<p>Les deux époux, qui se sentent un peu coupables de cette vie sereine dans ce monde de brute, participent donc à l’opération organisée par le très cynique magazine « Global », soucieux de doper ses ventes en berne.</p>
<blockquote><p>Vieux monsieur solitaire, ancien libraire, sans attaches ni famille, expulsé de son domicile par son propriétaire, cherche un foyer aimant et chaleureux où vivre heureux. Ecrire au journal. »</p>
</blockquote>
<p>Ils adoptent Victor. Très vite, l'octogénaire aux yeux d'oiseau blessé, devient la coqueluche du quartier et des lecteurs de "Global". Mais avec un sens diabolique de l'organisation, il va tisser sa toile dans ce foyer modèle, pour en faire un joyeux bordel.</p>
<p>Exemple ?</p>
<ul>
<li>- Sylvie prend un amant, un reporter surnommé « Rouletabite » dans sa rédaction</li>
<li>- Victor escroque Guillaume pour 30.000 euros</li>
<li>- Felix, le fils cadet, commence à fumer ET à boire sous l'influence de qui vous savez</li>
<li>- Victor fait chanter Sylvie car il a filmé sa liaison...</li>
</ul>
<p>Et j’en passe.</p>
<p>Guillaume ne veut rien voir, car Victor est le père dont il a toujours rêvé. Jusqu’au jour où Sylvie la rebelle menace de rompre. Mais comment se débarrasser de Victor ? Je vous laisse le découvrir...</p>
<p>Les traits psychologiques des personnages de ce roman sont parfois un peu forcés. C'est un peu féministe. Et l’écriture n’est pas d’une grande finesse.</p>
<p>Comme ici :</p>
<blockquote><p>Insensible à la mélancolie du ciel, le soleil s’obstinait à bouder »</p>
</blockquote>
<p>Mais j’ai souri en lisant Victor. L’histoire, farcie d'un humour un peu carnassier, est très bien construite, et rappelle « La vie est un long fleuve tranquille ». C’est une belle chronique d’un couple endormi sur ses lauriers... et réveillé en sursaut.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Victor.jpg" alt="Victor" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Victor, Michèle Fitoussi, Grasset, 373 pages, 18,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/07/107-victor-michele-fitoussi#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/92Lettre à D. - André Gorzurn:md5:8dcdcced481021e3525573769a88a6382007-01-14T16:02:00+00:002018-10-23T16:42:01+00:00BernardL'amoursentimentalvieillesse<p>Ca commence comme ça (attention, accrochez-vous) :</p>
<p>« Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu est toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait 58 ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ».</p> <p>En voilà une déclaration d’amour atomique. Certes, elle est un peu tardive. L’auteur, André Gorz, écrit à sa dulcinée atteinte d’une maladie grave. Il se reproche à travers l’ouvrage de ne lui avoir pas bien dit son amour, voire de le lui avoir occulté. Ce petit livre est donc une lettre d’amour, rédigée avec la fine plume que vous avez pu entrevoir.</p>
<p>On voudrait que chaque page soit aussi belle que cette première phrase. C’est presque le cas. Mais après un démarrage décoiffant, il se perd un peu dans les méandres de sa propre carrière et en oublie de parler à sa belle. Ce qui prouve, peut-être, qu’il ne parvient pas encore à lui dire parfaitement son amour. Je me demande ce qu'elle en pense...</p>
<p>Allez, pour vous récompenser, encore une phrase qui se déguste comme un Dom Pérignon :</p>
<blockquote><p>Nous n’étions pas pressés. J’ai dénudé ton corps avec précaution. J’ai découvert, coincidence miraculeuse du réel avec l’imaginaire, l’Aphrodite de Milos devenue chair. L’éclat nacré de ta gorge illuminait ton visage. J’ai longtemps contemplé, muet, ce miracle de vigueur et de douceur. J’ai compris avec toi que le plaisir n’est pas quelque chose qu’on prend ou qu’on donne. Il est manière de se donner et d’appeler le don de soi de l’autre. Nous nous sommes donnés l’un à l’autre entièrment. »</p>
</blockquote>
<p>C’est-y pas joli ça ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Lettre.jpg" alt="Lettre à D." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Lettre à D.</strong>, André Gorz, littérature française, Galilée, 75 pages, 13,40 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/26-lettre-a-d-andre-gorz#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/21