Le Blog des Livres - Mot-clé - humour<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearLa carte et le territoire - Michel Houellebecq - Goncourt 2010urn:md5:02cf5bb9342e57e208b5559e09aaeb0e2010-11-02T08:47:00+01:002018-10-17T18:28:18+02:00BernardLa vieHouellebecqhumourmortsuspensevieillesse<p>On entend beaucoup parler de ce qu'il y a autour du dernier roman de Michel Houellebecq. Mais on entend peu parler de ce qu'il y a dedans. Et qu'y a-t-il, dans ce Goncourt 2010 ? Pas grand chose, en somme.</p>
<p>Une vague intrigue, l'un ou l'autre gadget, et quelques froides considérations sur notre époque.</p> <p>Jed Martin est artiste. Il débute sa carrière de manière originale, en réalisant des portraits photographiques de cartes Michelin. Il se réoriente ensuite vers la peinture, en couchant sur la toile des moments historiques de la vie économique. Des pièces telles que « Bill Gates et Steve Jobs s'entretenant du futur de l'informatique », lui feront à jamais oublier le dénuement de ses débuts.</p>
<p>Au moment où cette histoire se fatigue, Houellebecq y greffe un crime de sang et une intrigue policière, sans grand lien avec ce qui précède, ni sans grand intérêt.</p>
<p>Ce roman n'est pas ennuyeux pour autant. Parce qu'il y a des gadgets. Les gadgets, c'est l'usage original de l'italique, les descriptions détaillées et incongrues de la vie des bichons ou des asticots et surtout, ces petits moments où Houellebecq se met en scène, lui, et d'autres personnalités, comme Julien Lepers.</p>
<blockquote><p>Les gens se reconnaissaient en Julien Lepers, les élèves de première année de Polytechnique comme les institutrices à la retraite du Pas-De-Calais, les bikers du Limousin comme les restaurateurs du Var, il n'était ni impressionnant ni lointain, il se dégageait de lui une image moyenne et presque sympathique, de la France des années 2010. »</p>
</blockquote>
<p>Ce qui fait aussi l'intérêt de ce roman, ce sont ces descriptions crues et désabusées du monde d'aujourd'hui. Elle sont souvent provocatrices.</p>
<blockquote><p>Lui non plus n'aimait pas les enfants s'il voulait bien y réfléchir, il n'aimait pas leur égoïsme naturel et systématique, leur méconnaissance originelle de la loi, leur immoralité foncière qui obligeait à une éducation épuisante et presque toujours infructueuse. »</p>
</blockquote>
<p>Et parfois un peu plus sensées.</p>
<blockquote><p>Au milieu de l'effondrement physique généralisé à quoi se résume la vieillesse, la voix et le regard apportent le témoignage douloureusement irrécusable de la persistance de caractère, des aspirations des désirs, de tout ce qui constitue une personnalité humaine. »</p>
</blockquote>
<p>Calmons-nous : « La carte et le territoire » n'est pas un grand roman. Parce que l'écriture est relâchée, l'intrigue indigente, et parce que le mélange d'une histoire, de gadgets et de considérations sur notre temps manquent totalement de lien entre eux.</p>
<p>Mais on passe, malgré tout, un bon moment. On rit (jaune). Et on se prend même à réfléchir un peu. Non pas sur les thèmes abordés par Houellebecq, mais plutôt sur le succès d'un propos aussi désabusé. Pourquoi des sentences aussi sombres, n'inspirent-elles pas davantage de rejet ? Parce qu'elles flirtent avec la limite, sans doute, sans la franchir. Ou alors parce qu'André Gide avait raison quand il disait :</p>
<blockquote><p>On ne fait pas de littérature avec de bons sentiments. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Houellebecq.jpg" alt="Houellebecq.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Houellebecq.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>La carte et le territoire, Michel Houellebecq, Flammarion, 428 pages, 22 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290032034/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290032034&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290032034" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/02/La-carte-et-le-territoire-Michel-Houellebecq#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/272A Mélie, sans mélo - Barbara Constantineurn:md5:de32cdf58ce3e6d082adee9dbd762cb72008-10-12T11:47:00+00:002018-10-17T17:30:53+00:00BernardLa viecampagneFrancehumoursentimentalvillage<p>Il y a des romans dans lesquels vous entrez détendus, sereins.</p>
<p>Et dont vous ressortez avec les cheveux en pétard et de la fumée qui sort des oreilles.</p>
<p>Le nouveau bolide de Barbara Constantine met en scène Mélie, 72 printemps, veuve de Fernand. Mais ce n'est pas trop grave.</p> <blockquote><p>C'est qu'il lui a fait un très beau cadeau, le pauvre Fernand. Sans le vouloir, bien sûr, mais quand même... Celui de mourir pile au moment où elle a pris sa retraite. Un vrai cadeau bonus ! »</p>
</blockquote>
<p>Mélie vit à la campagne. En ce début d'été, elle devrait se morfondre d'inquiétude, devant les résultats de ses analyses, qui ne sont pas très bons. Mais non.</p>
<blockquote><p>Elle qui considère la curiosité comme une nécessité vitale, elle se fout de savoir le nom, la forme et le lieu où s'est peut-être installée cette chose. Si chose il y a évidemment. »</p>
</blockquote>
<p>Mélie préfère se concentrer sur la grande joie qui l'attend.</p>
<blockquote><p>Elle n'a envie que de penser à Clara, sa petite fille. C'est la première fois que Fanette la laisse ici toutes les vacances. Elle ne veut pas en perdre une miette. »</p>
</blockquote>
<p>Et elle n'en perdra rien. Mélie va dévoiler son monde à sa petite fille, qui en redemande. Avec Mélie et ses amis, Clara va apprendre qu'il y a des abeilles alcooliques, qu'une chatte peut parfaitement s'appeler Léon, qu'on peut observer des heures une araignée qui tisse sa toile, qu'on peut tout aussi bien regarder pousser les bambous. Et savourer des mets étranges.</p>
<blockquote><p>Elles ont préparé des radis et quelques racines de campanules raiponces, une salade de jardin mélangée à des feuilles de plantain et d'herbe de Saint-Jean, et une petite fricassée de racines de bardane. »</p>
</blockquote>
<p>Avec Clara, Mélie va vivre un été intense. Parce que c'est peut-être le dernier. Et peut-être pas.</p>
<p>A nouveau, Barbara Constantine livre un roman propulsé à l'uranium. Les personnages rentrent par la fenêtre et vivent, bougent et se cognent, pètent et se brûlent, s'aiment et se quittent, rêvent et découvrent. Grands, petits, beaux ou moches, tous ont ce petit grain de folie et cette façon bien à eux de laisser couler la vie, sans jamais lui faire barrage.</p>
<p>Un roman qui se déguste comme un bon dessert, sucré, ça oui, mais bourré de fantaisie, et qui ne vous donne qu'une envie, toute simple : vivre.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Amelie_m.jpg" alt="Amelie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Amelie.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>A Mélie sans mélo, Barbara Constantine, Calmann-Lévy, 244 pages, 14,90 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253129054/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253129054&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253129054" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/256-trois-questions-barbara-constantine-l-interview-du-blog-des-livres">Trois questions à... Barbara Constantine</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/12/255-a-melie-sans-melo-barbara-constantine#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/235Le Montespan - Jean Teuléurn:md5:6a8840c5c94fd1797f2403f39deaa8452008-08-06T07:42:00+00:002018-10-18T10:13:28+00:00BernardLe passéhistoirehumourrois de France<p>En route pour une petite balade sous les jupons de l'histoire.</p> <p>Dans « Le Montespan », Jean Teulé raconte le combat de Louis-Henry de Pardaillan, marquis de Montespan, pour récupérer sa belle.</p>
<p>Le et la Montespan avaient pourtant tout pour être heureux. Juste après leur mariage, ils vivaient d'humour et d'eau fraîche. Il faut dire que le Montespan avait les mots pour le dire.</p>
<blockquote><p>Je sens bien que je t'aime plus que tout le monde n'a coutume d'aimer, mais je ne saurais te le dire comme tout le monde le dirait. Je suis au désespoir que toutes les déclarations d'amour se ressemblent. »</p>
</blockquote>
<p>La belle Françoise lui donne deux enfants. Le rêve. Sauf que le marquis se trouve un défaut : les deniers lui manquent un peu, qui lui permettraient d'assurer le bonheur matériel de la belle. Aussi s'endette-t-il pour lever des armées et les emmener guerroyer aux quatre coins du royaume, espérant une reconnaissance sonnante et trébuchante de sa majesté Louis XIV. Sans succès.</p>
<p>Ses déconvenues, ses absences et l'indigence commencent à lasser sa dulcinée, qui fréquente la cour, et porte des tenues de plus en plus légères, ce qui n'échappe pas à la domestique familiale...</p>
<blockquote><p>Faire montre de son sein publie que la bête est à louer. »</p>
</blockquote>
<p>La Montespan tombe enceinte, mais cette fois, les dates la trahissent. Elle avoue son aventure avec... Louis XIV.</p>
<blockquote><p>Louis-Henry, je t'avais dit de ne pas me laisser près du roi. On ne peut rien refuser à sa majesté. »</p>
</blockquote>
<p>Le marquis multiplie alors les initiatives pour nuire au monarque : il claironne sa déconvenue au point de faire placer des cornes au sommet de son carrosse, alerte le clergé, refuse avec arrogance les dédommagement financiers du roi, pénètre à deux reprises au château, dont une fois pour violer la reine en personne, avant de renoncer devant l'ampleur de la tâche...</p>
<blockquote><p>Vous êtes courte sur pattes, regrette le marquis. Il n'aime pas cette peau qu'il trouve... bête. Françoise, elle, oui, sa peau est spirituelle et son cul a de l'esprit, tandis que celui de Marie-Thérèse, quelle désolation ! - Dans les bordels derrière la place de Grève vous ne feriez pas une pistole. »</p>
</blockquote>
<p>Le marquis parviendra-t-il à reconquérir Françoise ? Je vous laisse le soin de le découvrir, mais sachez que ses motivations sont limpides, comme en témoigne cette conversation avec sa cuisinière.</p>
<blockquote><p>- Mais alors, cela ne finira jamais. Pour ce que cela vous aura rapporté. Rien ! Rien ! Rien ! Quels bénéfices ?!</p>
<p>
- Je ne réclame que la gloire de l'avoir aimée.</p>
</blockquote>
<p>« Le Montespan » est un roman drôle et sympathique. A l 'instar du marquis éconduit, il est plein de souffle, d'enthousiasme, de foi, d'humour, d'insolence, aussi. C'est un roman grivois, qui flirte avec la vulgarité en prenant bien soin de n'y jamais sombrer. Jean Teulé n'a d'autre but que de divertir en s'amusant. Je n'ai qu'un conseil à vous donner : vivez une aventure avec ce roman !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Montespan.jpg" alt="Le Montespan" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le Montespan, Jean Teulé, Julliard, 333 pages, 20 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266186744/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266186744&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266186744" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/08/06/248-le-montespan-jean-teule#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/228Portrait de l'écrivain en animal domestique - Lydie Salvayre - Rentrée 2007urn:md5:f0b80547354d5b9a1e669b5b1a720eab2007-10-18T09:21:00+00:002018-10-22T13:52:15+00:00BernardLa viehumourécrivain<p>Il y a des auteurs qui ont tous les droits : utiliser des mots incompréhensibles, arrêter leurs phrases en plein milieu, et inventer des situations abracadabrantesques. Le pire, c’est que cela donne parfois des romans irrésistibles.</p> <p>Tel « Portrait de l’écrivain en animal domestique », de Lydie Salvayre. C’est l’histoire d’une écrivain française talentueuse qui décide d’écrire la biographie de Tobold, roi du hamburger, une sorte de Bill Gates de la restauration et de l’argent rapides.</p>
<p>L’écrivain s’installe donc dans le quotidien de Tobold, et fait la connaissance de Cindy, l’épouse du magnat et de Dow Jones, son chien. L’écrivain comprend alors à qui elle a affaire.</p>
<blockquote><p>Qu’il me tutoye, passe encore, me disais-je mais qu’il se gratte ou se laisse aller à remonter, devant moi, avec un parfait naturel, ses génitoires, cela me désoblige de la plus violente manière. »</p>
</blockquote>
<p>S’il n’y avait que cela ! Il y a aussi les idées de Tobold, qu’elle subit comme autant d’humiliations.</p>
<p>Sur les chômeurs.</p>
<blockquote><p>L’allocation de chômage détruit à plus ou moins long terme ceux qu’elle est censée soutenir. Je suis contre ! contre ! et contre ! écrivez-le. Les chômeurs sont la lie de la société, dont ils attendent tout, qu’elle les torche et les lange, c’est répugnant. »</p>
</blockquote>
<p>Ou sur l’économie de marché.</p>
<blockquote><p>Le nombre des adeptes qui disent O.K. à la libre économie est gigantesque et il grossit de jour en jour. Tous veulent, vois-tu, leur part de gâterie. La puissance de la Libre Economie est telle, écris-le, qu’elle convainc même ceux qu’elle menace le plus. »</p>
</blockquote>
<p>L’écrivain se révolte intérieurement, puis s’endort, découvrant avec stupeur les vertus anesthésiantes du luxe. Jusqu’à ce miraculeux et burlesque sursaut de Tobold, que je vous laisse le soin de savourer.</p>
<p>C’est avec ces situations délirantes, et des mots cinglés comme « encoucougner » ou « entéléchie » , c’est avec des rencontres impossibles, comme celles avec Robert de Niro ou Sophie Marceau, c’est avec des personnages excessifs mais diablement humains, que Lydie Salvayre a mixé son roman fou. Une bouffée, que dis-je ! un ouragan d’air frais et fin.</p>
<p>Mais attention : derrière un divertissement qui pourrait paraître anodin ne se cache pas seulement une satire de la société de consommation et ses exploitants. En inventant Tobold, un personnage sensible et plein d’humour derrière sa brutalité et sa vulgarité d’apparat, Lydie Salvayre humanise aussi ces patrons jugés cyniques. Par moment, ils se montrent même convaincants.</p>
<p>Alors prudence : gardez votre libre arbitre et ne vous laissez par encoucougner par Lydie Salvayre !
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Ecrivain.jpg" alt="Portrait de l'écrivain..." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Portrait de l'écrivan en animal domestique, Seuil, 235 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/18/186-portrait-de-l-crivain-en-animal-domestique-lydie-salvayre-rentre-littraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/163L'erreur est humaine - Woody Allenurn:md5:d446eddc939d3d46ec8c122ea372780e2007-08-30T21:27:00+00:002018-10-22T14:35:30+00:00BernardLa viehumour<p>Tout le monde aux abris : Woody Allen écrit des livres !</p> <p>Et même si son nom ne figurait pas sur la couverture, il ne faudrait pas être grand clerc pour deviner qui se cache derrière ces 18 délires.</p>
<p>Qui d’autre en effet, serait capable de raconter le destin brisé d’un père dont le petit garçon est recalé à l’épreuve de sélection de la plus prestigieuse école maternelle de Manhattan ?</p>
<blockquote><p>Apparemment, il y a eu un scandale au sujet de l’aptitude du garçon à peindre avec ses doigts. »</p>
</blockquote>
<p>Le réalisateur le plus prolifique de Hollywood nous offre aussi l’histoire de la rénovation d’une maison à New York, achetée auprès de l’agence immobilière Mengele. Les corps de métier n’y sont pas plus dociles que dans nos régions.</p>
<blockquote><p>Ledit logis était vendu « prêt pour emménagement immédiat » - et sans doute l’était-il, du moins pour une famille de romanichels ou des amateurs de bivouac sur gravats. « C’est un défi », déclara ma femme, pulvérisant du même coup le record féminin de la litote en salle. Les mois passèrent et la date de fin des travaux, déjà reculée une demi douzaine de fois, continuait de s’éloigner, comme un pack de bières fraîches en plein désert. »</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs nouvelles prennent leur source dans des articles du New York Times, comme cette histoire de truffes vendues aux enchères chez Christie’s, ou ces costumes qui éliminent automatiquement les taches. Il y a aussi ce petit texte hilarant sur un voleur d’étiquettes de matelas. L’affaire est confiée à Homer Pugh.</p>
<blockquote><p>Pugh a toujours été policier. Son père était un célèbre braqueur de banque et le seul moyen de passer un peu de temps avec lui, c’était de l’appréhender. »</p>
</blockquote>
<p>Admirez les noms, aussi. Les héros du recueil s’appellent Harvey Afflatus, Squeezix Feebleman, Noah Untermensch, sans oublier la pulpeuse Foxy Breitbart.</p>
<p>Un petit livre jaune distrayant, porté par un humour qui n’a pas la finesse d’un mannequin-vedette mais qui séduit, à condition d'en extraire quelques nouvelles proprement illisibles et carrément ratées.</p>
<p>Mais ce sacré Woody ne nous avait-il pas annoncé la couleur en intitulant son recueil « L’erreur est humaine » ?
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Allen.jpg" alt="Woody Allen" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Woody Allen, L'erreur est humaine, recueil de nouvelles, Flammarion, 253 pages, 19,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/30/155-l-erreur-est-humaine-woody-allen#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/137Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen - Arto Paasilinnaurn:md5:d90b13e736462be05a80ca5c8d9e788a2007-07-11T22:38:00+00:002018-10-22T14:37:15+00:00BernardL'aventurehumourScandinavie<p>Il paraît que les romanciers ont tous les droits. Y compris celui de délirer.</p> <p>De ces libertés, certains font un usage immodéré. C’est le cas d’Arto Paasilinna. Dans « Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen », l'auteur finlandais conte la vie d’un truculent pasteur protestant. Un homme qui prêche comme ceci :</p>
<blockquote><p>Le diable rôde parmi nous tel un lion rugissant. Mais quand Dieu lui cingle l’échine de son fouet, il y a du poil qui vole et la Malin chie dans son froc. »</p>
</blockquote>
<p>Comme si la vie de l’ecclésiastique n’était pas assez agitée, ses paroissiens se piquent de lui offrir pour son anniversaire un ourson orphelin. Réaction de la femme du pasteur :</p>
<blockquote><p>Par les cornes de Belzeb… »</p>
</blockquote>
<p>Et de ce jour, on appela l’ourson Belzeb.</p>
<p>L’ecclésiastique, qui n’attendait qu’un divertissement pour échapper aux remontrances perpétuelles de son épouse, se passionne pour son ami à poil. Les deux bipèdes vont se lier d’une solide amitié, qui n’amuse ni la femme du pasteur, qui le quitte pour un général de l’armée, ni pour l’église, qui l’exclut.</p>
<p>Voici donc nos deux camarades jetés sur les routes. Ils vont entamer un long périple en Laponie, puis en Russie, avant d’entamer une croisière en Méditerranée. Durant ce voyage, le curé et le pestoun s’adonneront au javelot ascensionnel, écouteront les messages radios d’extra-terrestres, goûteront aux plaisirs de la chair, transformeront en pugilat un paisible colloque œcuménique, et j’en passe.</p>
<p>Ce roman est un petit délice. Le lecteur est soulevé par l’énergie des premières pages, emporté par une écriture admirable, toute en finesse et simplicité. C’est un roman à la Brassens, où l’homme est généreux, libertaire, anticlérical, content de son sort, un peu naïf, un peu poète et franchement misogyne, faute de comprendre les femmes.</p>
<p>C’est aussi un joyeux précis d’amitié masculine.</p>
<p>Laissez-vous prendre dans les bras de ce gros animal, et entraîner dans le monde merveilleux du grotesque.</p>
<p>Pour terminer, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer l’extrait où le pasteur est convoqué chez l’évêque.</p>
<blockquote><p>Pour l’évêque, il était inconvenant qu’un ecclésiastique se promène avec un ours. C’était trop original. Un prêtre doit être quelconque, de préférence un peu plus banal que la moyenne, même, c’est la meilleure façon de diffuser la bonne parole.</p>
<p>
« C’est comme cela aussi à la télévision, dit l’évêque. Plus les émissions sont idiotes, plus elles font de l’audience. L’Eglise doit vivre avec son temps et abaisser d’un bon cran le niveau intellectuel de son message.</p>
<p>
- Ca ne devrait pas, mon cher évêque, te demander d’efforts insurmontables.</p>
<p>
L’atmosphère était tendue, l’ours le sentait.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/pasteur.jpg" alt="Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, d'Arto Paasilinna, Denoël, 307 pages, 20 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/11/128-le-bestial-serviteur-du-pasteur-huuskonen-arto-passilinna#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/116Le magasin des suicides - Jean Teuléurn:md5:48d431bb0984ee48b0c4b2e4652501d32007-03-20T23:10:00+00:002018-10-23T15:38:35+00:00BernardLa viehumourmortsuicide<p>Cela m’intriguait : comment un ouvrage sur le suicide peut-il trôner en têtes des ventes de livres ? Soit parce qu'ils sont nombreux à y penser. Soit parce que ce livre est à mourir de rire.</p>
<p>Il fallait que je vérifie.</p> <p>La vérité, c’est que ce bouquin part d’une idée géniale : raconter la vie d’une famille d’indépendants comme les autres, sauf que le petit commerce qu’elle exploite, est spécialisé dans les accessoires pour le suicide. Il est très logiquement situé Boulevard Beregovoy…</p>
<p>Son slogan :</p>
<blockquote><p>Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort. »</p>
</blockquote>
<p>La vie quotidienne, au magasin, ça donne ceci :</p>
<blockquote><p>Alan, combien de fois faudra-t-il te le répéter ? On ne dit pas "au revoir" aux clients qui sortent de chez nous. On leur dit "adieu" puisqu’ils ne reviendront pas. »</p>
</blockquote>
<p>Lucrèce, Mishima et leur trois enfants, Vincent, Marylin et Alan passent donc leur vie à abréger celle des autres. Ils vendent des cordes résistantes, des parpaings en ciment et des fioles bourrées d’arsenic.</p>
<p>Lucrèce et Mishima, sont très fiers de leurs deux aînés. Vincent est diaphane et suicidaire, et Marilyn est grasse et mal dans sa peau. Le problème c’est Alan. Il dérange. Car il voit la vie en rose. C’est le clou du cercueil de ses parents :</p>
<blockquote><p>« On le force à regarder les infos à la télé pour tenter de le démoraliser mais si un avion transportant 250 passagers s’écrase et qu’il y ait 247 morts, lui ne retient que le nombre de rescapés. »</p>
</blockquote>
<p>L’enfant rebelle va doucement semer l’optimisme, comme on inoculerait un poison. Il rend le sourire aux clients, et c’est très mauvais pour le commerce.</p>
<p>Je ne veux prendre le risque de tuer le suspense en vous racontant la suite. Disons simplement qu’on rit, mais que Jean Teulé exploite jusqu’à la corde du pendu la bonne idée de ce commerce de la mort. Au risque d’en faire trop, beaucoup trop, je trouve, et de livrer l’histoire sans grande finesse, ni dans l’écriture, ni dans la manière d’agencer les événements. Sans parler d’une fin un peu abrupte (logique, me direz-vous…). Cela étouffe un peu l’humour et l’émotion.</p>
<p>C’est dommage parce que le personnage d’Alan est salutaire en ces temps de pessimisme rampant. Un petit garçon qui se bat contre ses aînés parce qu’il croit au sourire, qu’y a-t-il de plus beau ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Teule.jpg" alt="Les magasin des suicides" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le magasin des suicides, Jean Teulé, Julliard, 157 pages, 17 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266179276/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266179276&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266179276" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/20/78-le-magasin-des-suicides-jean-teule#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/69Allumer le chat – Barbara Constantineurn:md5:abd5eb59fe37e9ff3afa28ef1d59be462007-02-02T20:42:00+00:002018-10-23T16:40:47+00:00BernardLa vieenfancehumourvillage<p>Vous êtes bien assis ? Attention. C’est l’histoire de Bastos, un chat qui parle, qui a reçu ce prénom de blonde pour avoir passé son enfance à triturer les paquets de sèches de son maître, Raymond. C’est l’histoire de Raymond, aussi, un type qui rêve de cribler de balles cet animal, mais qui rate son coup et cartonne trois lapins.</p> <p>C’est l’histoire de Paul, 10 ans, alcoolique. C’est aussi celle de Pierrot, employé des pompes funèbres, mais passionné de photo, et qui trouve sa voie en photographiant « ses clients », à la morgue. Il en fera un livre et passera à la télé.</p>
<p>C’est aussi l’histoire de Rémi, un enfant adorable et de Marie Rose, qui prépare des pâtés de rats que tout le monde redemande.</p>
<p>Je suis assez fasciné par ce livre. Il multiplie les risques : langage oral, enchevêtrement d’histoires, multiplication des personnages et j'en passe. Et pourtant, ça se tient comme un pâté de rat. Le rythme ne faiblit jamais. Il est vrai qu’on se demande parfois qui est qui, mais cela ne dure que quelques secondes et cela ne détend pas le ressort.</p>
<p>En fait, ce bouquin est comme les personnages dont il parle : il ne sait pas trop bien pourquoi il est là, il est un accident à lui tout seul, son chemin est chaotique, il n’a pas vraiment de but, mais il est là, profondément humain. Donc drôle.</p>
<p>Pour terminer, encore une aventure du chat Bastos, qui drague.</p>
<blockquote><p>C’est une nuit de pleine lune. Le chat Bastos est en vadrouille. La pleine lune, ça lui fait toujours un drôle d’effet. Il a la pupille dilatée, la démarche ondulante, le sourire carnassier… il est chaud bouillant. Il a repéré une jeune chatte qui vient d’arriver dans le quartier. Il est en route. Plus que deux jardins à traverser. Il l’entend déjà, la drôlesse.</p>
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Elle aussi, la pleine lune lui fait de l’effet. Elle n’a que sept mois. Et déjà, elle appelle.</p>
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Quel tempérament !</p>
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C’est Rémi qui l’a trouvée dans une poubelle et qui l’a donnée à Jack. Raymond a dit que c’était un mâle, alors ils l’ont appelée Riton.</p>
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Il y a quelques heures, c’était une petite chatte, mignonne, joueuse et câline… une enfant. Là, sous l’emprise des sens, une maniaque sexuelle. Avec une voix à la Marlène Dietrich. Bastos est tout retourné. Il se dit que « Satan l’habite ». Ce n’est pas très fin, mais… c’est la pleine lune, il a une excuse. »</p>
</blockquote>
<p>Savoureux !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/chat.jpg" alt="Allumer le chat" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Allumer le chat</strong>, de Barbara Constantine, littérature française, Calmann-Lévy, 258 pages, 14,5 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/275780572X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=275780572X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=275780572X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/255-a-melie-sans-melo-barbara-constantine">A Mélie sans mélo</a><br />
A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/256-trois-questions-barbara-constantine-l-interview-du-blog-des-livres">Trois questions à Barbara Constantine</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/02/49-allumer-le-chat-barbara-constantine#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/38