Le Blog des Livres - Mot-clé - alcool<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearSuite(s) impériales(s) - Bret Easton Ellisurn:md5:df820a32682fd8e20da990b280caae2e2010-11-08T09:22:00+01:002018-10-17T18:28:08+02:00JulietteAliceL'aventurealcoolEtats-UnisRoman noir<p>Gros succès de cette rentrée littéraire 2010, le nouveau roman de l’enfant terrible de la littérature américaine souffle le chaud et le froid. Pour les distraits, assis bien au chaud au fond de la classe près du radiateur, un petit rappel s’impose... Avec « Moins que zéro », son premier roman sorti en 1985, l’Américain à peine âgé de vingt ans, devient un phénomène autant qu’un cauchemar pour son pays conservateur et bien pensant.</p> <p>En cause : beaucoup de sexe et autant de drogues. Nihiliste, Ellis passe à la moulinette la jeunesse friquée désenchantée. American Psycho, sorti au début des années nonante, plonge de nouveau le lecteur dans un océan de violence et de sexe. On découvre, horrifiés, le destin en vrille du yuppie et golden boy Patrick Bateman se transformant en tueur en série.</p>
<p>Avec Suite(s) Impériale(s), l’auteur reprend les mêmes protagonistes que « Moins que zéro ».</p>
<p>Clay, le (anti-) héros de « Rien moins que zéro », débarque à Los Angeles pour passer Noël. Embauché comme scénariste Clay se fait chauffer par une fille qui souhaite juste l’attirer au lit pour jouer dans le film.</p>
<blockquote><p>Qu'est-ce que tu veux pour Noël, demande-t-elle ?</p>
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- Toi » Je souris. « Et toi, qu'est-ce que tu veux ?</p>
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- Je veux un rôle dans ton film. Tu le sais bien.</p>
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- Ah ouais ? » Ma main glisse sur sa cuisse. « Mon film ? Quel rôle ?</p>
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- Je veux le rôle de Martina. » Elle m'embrasse.</p>
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- « Et je vais essayer de te l'obtenir.</p>
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Le silence est involontaire, mais elle se rattrape en une seconde. « Essayer ? »</p>
</blockquote>
<p>Si « Suite(s) Impériale(s) » est habilement construit, il émane toutefois un sentiment de déjà-vu. Tant dans l’écriture pourtant alerte que dans les thèmes exploités, même si c’est sans doute le bouquin d’Ellis qui se rapproche plus du roman noir.</p>
<blockquote><p>Julian sort de la BMW et se dirige vers l'entrée, juste au moment où je reçois un sms qui dit : <em>Ne sors pas de la voiture</em>, et lorsque Julian s'aperçoit que je suis toujours assis au volant, il se retourne, et nos regards se croisent. Une Escalade noire se gare derrière la BMW et nous fait un appel de phares.</p>
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Derrière Julian, trois jeunes Mexicains descendent de la voiture sous le cercle de lumière d'un réverbère. Julian enregistre leur présence, vaguement agacé et puis se tourne vers moi à nouveau.
« Clay ?</p>
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Va te faire foutre. »</p>
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Au moment où je dis ça, Julian s'empare de la poignée de la portière que j'ai déjà verrouillée et, pendant quelques secondes, il plonge par la fenêtre ouverte dans la voiture assez loin pour pratiquement effleurer mon visage, mais les types le tirent en arrière très vite et il disparaît, comme s'il n'avait jamais été là.</p>
</blockquote>
<p>Sans jouer les oies blanches, on se demande un peu l’intérêt de la très longue scène de baise à la fin. Est-ce que cela apporte réellement quelque chose ou est-ce pour respecter le quota de cul que s’est imposé l’écrivain ?</p>
<p>Bret Easton Ellis m’avait bluffée avec sa vraie-fausse autobiographie « Lunar Park », qui reste son chef d’œuvre absolu. Sa nouvelle livraison est plus légère. Pour les non-initiés désireux de découvrir l’animal, la lecture de « Lunar Park », qui vient de ressortir en 10/18, est plus appropriée.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ellis.jpg" alt="Ellis.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ellis.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>Suite(s) impériale(s), Bret Easton Ellis, traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina, Robert Laffont, 228 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264054530/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264054530&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264054530" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/08/Suite%28s%29-imp%C3%A9riales%28s%29-Bret-Easton-Ellis#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/273Derniers verres - Andrew McGahanurn:md5:7ae29b4128be809ae670b1a94f44563d2007-03-08T14:13:00+00:002018-10-23T15:39:05+00:00PhilippeLe lointainalcoolsuspense<p>Il a l'art de sentir les romans qu'il FAUT lire, et ses conseils m'ont valu quelques découvertes inoubliables. Il est donc logique que je vous en fasse profiter. J'ai donc l'honneur d'accueillir sur ce blog Phillippe, qui nous livre sa première critique d'un livre au titre alléchant. Je lui laisse la parole et bienvenue Phil.</p>
<p>(bernard)</p> <p>Un mot d’abord, sur cette nouvelle et formidable collection d’Actes Sud baptisée Actes Noirs. L’originalité de l’entreprise réside dans le fait que ce sont des romans (très) noirs en provenance de pays dont on connaît peu la littérature noire comme le Botswana, le Brésil, la Turquie ou la Suède avec la haletante trilogie <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/04/177-millnium-1-2-et-3-stieg-larsson">Millenium</a>.</p>
<p>Avec « Derniers verres », le lecteur se trouve plongé dans un bled australien (l’auteur est originaire du pays des kangourous) du Queensland où vit George, un alcoolique repenti et journaliste dans le petit journal local. Lorsqu’il apprend la mort atroce de son ancien meilleur ami, notre sombre héros va être confronté à son propre passé. Un passé trouble et vénéneux qu’il a mis dix ans à enterrer. Ou du moins, à tenter d’enfouir. Un passé où magouilles, bitures, corruption, putes, trafics d’influences, amour et trahison ont fait bon ménage.</p>
<p>Plus qu’un roman noir (c’en est un parce qu’il y a meurtre et une intrigue solidement ficelée), « Derniers verres » est surtout l’histoire d’un homme confronté, nous le disions, à son propre passé mais surtout à ses propres démons, dont l’alcool. C’est comme si Andrew Mc Gahan s’était servi des codes du thriller pour explorer les tourments de l’âme humaine. Très bien écrit, le style est sobre mais intense, épuré mais dense. On peine pour ce pauvre George et ses cicatrices internes.</p>
<p>« Derniers verres » rappelle aussi certains bouquins de Jim Thompson, de John Fante ou même de James Crumley. Des histoires sombres, hantées et désespérées mais profondément humaines. Ce qui rend le propos encore plus bouleversant.</p>
<p>Extrait d'ambiance.</p>
<blockquote><p>Dans ma chambre, il faisait froid et noir, mais je n’avais pas bu un verre d’alcool depuis des années et j’étais parfaitement à jeun.
“Quoi ? ai-je dit dans le téléphone.</p>
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— George ? C’est Graham. Désolé pour l’heure.”</p>
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J’ai jeté un coup d’œil à la table de chevet en cherchant le réveil digital. Il aurait dû briller dans la nuit, mais il n’y avait rien. J’ai tendu la main vers la lampe.</p>
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“Pourquoi ? Il est quelle heure ?</p>
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— Presque cinq heures. Ecoutez, il faut que vous veniez ici.”</p>
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J’ai appuyé sur l’interrupteur de la lampe, mais en vain là aussi. “Hé, Graham, vous avez de la lumière, chez vous ?
Personne n’a de lumière. Ça fait partie du problème.</p>
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— De quel problème ?</p>
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— Hmmm… Ecoutez, on a besoin de vous, ici. Vite, d’accord ? Au poste.”</p>
<p>
Graham était le lieutenant de police de Highwood. Quant à Highwood, c’était une petite ville de montagne sur la frontière séparant le Queensland de la Nouvelle-Galles-du-Sud, et c’était aussi mon refuge depuis dix ans.
Je me suis redressé sur le lit.</p>
<p>
— Dépêchez-vous de venir, George. On a besoin de vous pour identifier quelqu’un.”</p>
<p>
Puis il y a eu le déclic du téléphone qu’il avait raccroché.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Derniersverres.jpg" alt="Derniers verres" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Derniers verres</strong>, Andrew McGahan, littérature australienne, Actes Sud/Actes Noir, 380 pages, 23,5 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/08/69-derniers-verres-andrew-mcgahan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/59L'amour est une chose étrange - Joseph Connollyurn:md5:39b07cc48564c73c23fe4417bc03ffa32007-02-22T21:45:00+00:002018-10-23T16:40:14+00:00BernardL'amouralcoolroman noirsuspense<p>C’est un problème existentiel. Il y a des livres qu’il faut abandonner après trois pages, parce qu’ils ne nous mèneront nulle part. Et il y en a d’autres qui valent un effort de plus de 100 pages parce, comme une balade en montagne, ils vous offriront, après l'inconfort, un paysage merveilleux. Le risque, c’est évidemment d’abandonner trop tôt. Alors je vous en supplie, si « L’amour est une chose étrange » vous ennuie au début, accrochez-vous !</p> <p>L’ennui est inhérent à la stratégie narratrice de l’auteur. Il entend nous conter l’histoire d’une famille londonienne d'après-guerre ordinaire, qui, à force de se cogner à la vie, donne à son destin une tournure extraordinaire. Et hilarante.</p>
<p>Arthur Coyle est un bon père de famille. Il règne en maître paternaliste sur son épouse, Gillian, sur Annette, son aînée, et sur l’adorable petit Clifford, étonné chaque jour par ce que la vie lui réserve.</p>
<p>Malgré le profond amour qui l’unit aux siens, mais qu’il ne parvient pas à exprimer, Arthur boit. Joue. Et va aux filles. Gillian ferme les yeux, malgré les tentatives de délation de Mrs Farlow, la commère bien pensante du voisinage.</p>
<p>Avec une lenteur presque sadique, Connolly nous montre la déchéance d’Arthur, qui ne parvient plus à financer ses vices et n’aura d’autre issue que de quitter ce monde, dans des circonstances que je vous laisse découvrir.</p>
<p>La famille ne s’en remettra pas. Annette violente ses petites copines, et Clifford assiste, médusé à la descente aux enfers de sa sœur tant aimée. Envoyée en Irlande, dans un couvent de rééducation, celle-ci subira des sévices sexuels sur lesquels Connolly s’attarde avec le même humour sadique, mais fin comme une cravache.</p>
<p>Annette la rebelle, Annette la vengeresse, Annette l’adulte précoce, revient ensuite en la douce Angleterre, achète des filles, et investit la niche du sado-masochisme, où elle se sent tellement bien. Sa mère oublie son passé de tarte éplorée et devient plus perfide encore que son aînée, dont elle dope le sordide commerce, sous les yeux médusés de Clifford.</p>
<p>Je vous encourage à découvrir la suite. Vous allez rentrer dans un monde affreux, mais d’une extrême finesse sentimentale. L’humour de Conolly vous permettra de lire les pires horreurs en vous esclaffant !</p>
<p>L’écriture est belle, aussi, car ces événements sont racontés successivement par les quatre membres de la famille. Ils se passent le crachoir subrepticement, ce qui donne du rythme au récit. Pour ajouter encore un peu de piment, les mots forts sont écrits en italique. Cela fonctionne très bien, surtout quand les enfants s’expriment, comme ici, où Annette parle de ses débuts à l’école catholique.</p>
<blockquote><p>A l’école, on n’a même pas le droit de <em>dire</em> quoi que ce soit, parce que Dieu est toujours en train de regarder et d’écouter, comme on le sait depuis le catéchisme. « Qui t’a créée ? Dieu m’a créée. Pourquoi Dieu t’a-t-Il créée ? Dieu m’a créée pour L’aimer et Le vénérer. » Enfin vous connaissez. Il y en a comme ça tout un gros livre, mais l’idée, en gros, c’est de ne prendre aucun risque par ce que lui ne prend jamais de vacances, <em>jamais</em>, toujours là à regarder et à écouter – même le dimanche alors qu’en principe on n’a pas le droit. Ce qui est quand même <em>bizarre</em> – mais je suppose qu’Il peut se permettre de ne pas suivre le règlement, puisque, le jour du Seigneur, c’est Lui qui l’a créé n’est-ce pas ? »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, et il y en a comme ça tout un gros livre !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/connolly.jpg" alt="L'amour est une chose étrange" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amour est une chose étrange</strong>, Joseph Connolly, littérature anglaise, Flammarion, 457 pages, 19,90 euros. Notre note : 4/5.</em>
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