Le Blog des Livres - Mot-clé - adolescence<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearLa physique des catastrophes - Marisha Pesslurn:md5:c81888e1b3cb6101c38c6406fa2066c92007-11-24T16:10:00+00:002018-10-22T13:51:10+00:00BernardL'amouradolescence<p>Je suis toujours très inquiet quand je vois la presse encenser une jeune et jolie romancière.</p> <p>J’ai toujours peur d’y voir l’avant-garde du jeunisme, armée de ses canons de la beauté, qui, jusqu’ici, ont relativement épargné le roman.</p>
<p>Aussi ai-je abordé « La physique des catastrophes » le poing gauche en avant, le droit en retrait, jambes légèrement fléchies, prêt à donner de l’uppercut.</p>
<p>La jeune et jolie auteure conte l’histoire de Bleue Van Meer, une adolescente de 16 ans, qui a perdu sa maman quand elle avait cinq ans. Son père, professeur d’université, la ballotte d’une petite ville américaine à l’autre, au gré des chaires qu’il décroche. Elle voue une admiration sans borne à cet homme indépendant, érudit, généreux, plein d’humour mais avec ce brin de cynisme nécessaire à la survie dans une société américaine aux valeurs si terrestres.</p>
<p>Bleue passe tout à son père, y compris ses relations éphémères avec ses nombreuses conquêtes, qu’elle nomme les « Sauterelles ».</p>
<blockquote><p>Papa attirait les femmes comme certains pantalons en laine attrapent les peluches. Je leur avais donné un surnom : les Sauterelles (voir "Sauterelle commune", <em>Insectes ordinaires</em>, volume 24). Certaines, parmi les plus douces et les plus dociles, me faisaient de la peine, car papa avait beau ne jamais leur cacher qu’elles étaient aussi temporaires qu’un bout de scotch, la plupart étaient aveugles à son indifférence (voir "Basset", <em>Dictionnaire des chiens</em>, vol. 1). »</p>
</blockquote>
<p>Le duo finit pas se poser quelque temps à Stockton, en Caroline du Nord, où Bleue parvient enfin à s’intégrer à l’école. Elle tombe en pamoison devant Hannah Schneider, professeur mystérieuse et charismatique, dont elle fait son idéal féminin (le masculin étant déjà pris par papa).</p>
<p>Petit à petit, Bleue et sa bande d’amis, qui gravitent autour d’Hannah, se piquent d’en savoir davantage sur leur mystérieuse mentor, jusqu’à ce que celle-ci soit retrouvée pendue dans un bois, lors d’une partie de camping avec ses élèves préférés. Bleue la perspicace découvrira-t-elle la vérité ?</p>
<p>Je dois être honnête : Marisha Pessl est jeune, jolie ET talentueuse. Mes gants de boxe ne m’ont servi à rien.</p>
<p>Ce roman est plein d’humour, comme quand Bleue jalouse ses copines.</p>
<blockquote><p>Jade était la preuve sur pattes de cette réalité dérangeante : on pouvait vraiment avoir des cuisses comme ça et marcher. Et sa présence, on devait admettre ce que bien peu étaient prêts à reconnaître : il y en a qui gagnent vraiment au <em>Trivial Pursuit, éditions des Dieux</em>, on n’y peut rien, autant l’accepter tout de suite et se contenter de trois parts de camembert au <em>Trivial Pursuit, éditions Quidam</em>. »</p>
</blockquote>
<p>Et l’auteur use avec joie de l’image.</p>
<blockquote><p>Il prit tout son temps. Une dynastie Ming aurait eu le temps de s’élever et décliner entre la fin de sa dernière phrase et le début de la suivante. »</p>
</blockquote>
<p>Ou de la métaphore.</p>
<blockquote><p>Son haleine avait des relents de plate-forme pétrolière. »</p>
</blockquote>
<p>Sa pensée est vaguement dans l’air du temps, nihiliste et résignée, mais les sentiments et l’humanité sont là, qui s’expriment à la perfection. L’intrigue paraît absente par moments, mais ressurgit avec splendeur au moment où on l’attend le moins.</p>
<p>Un sérieux reproche, quand même : ce roman recèle un brin d’immaturité, qui va en décourager plus d’un. On sent l’auteure grisée par la tribune qu’elle s’accorde. Du coup, le texte est truffé d’incises, de parenthèses, de doubles ou triples métaphores pour désigner la même réalité. Marisha Pessl a un côté pimbêche intarissable et péremptoire, mais si on se bouche les oreilles de temps en temps (en sautant les longueurs), on passe des heures très agréables.</p>
<p>Oui, parfois, le jeunisme a du bon.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pessl.jpg" alt="La physique des catastrophes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La physique des catastrophes, Marisha Pessl, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laetitia Devaux, Gallimard, 610 pages, 24,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/24/204-la-physique-des-catastrophes-marisha-pessl#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/184Uglies - Scott Westerfieldurn:md5:1882d72dd94ab644be764a7934e9a8512007-11-08T22:07:00+00:002018-10-22T13:51:46+00:00MartinRoulez jeunesse !adolescencedictatureségrégation<p>Et hop, encore une critique de Martin, 15 printemps, le benjamin du Blog des livres, spécialiste des livres "Jeunesse" ! Vas-y mons gars !</p> <p>Vous voulez savoir comment s’achève l’âge des hommes ? C’est par ici !</p>
<p>« Uglies » nous raconte comment se terminera notre ère à nous, les humains - les Rouillés, dans le vocabulaire du livre - et ce qu’il y aura après : un monde bourré de technologie (ponts magnétiques qui signalent le passage d’ennemis, bracelets anti-accidents de voiture, etc.)</p>
<p>L'héroïne, c'est Tally, bientôt 16 ans. Comme tous les ados de moins de 16 ans dans l’univers de ce roman, elle est laide (« ugly », en anglais).</p>
<p>Mais à partir de cet âge, toute personne qui le souhaite (c’est-à-dire tout le monde !) « bénéficie » d’une opération pour devenir Pretty, c'est-à-dire parfait physiquement mais aussi mentalement (plus de jalousies, plus d’ongles rongés, de disputes et donc plus de guerre !).</p>
<p>Les Pretties habitent tous dans la même ville et sont séparés des Uglies. Ils font sans arrêt la fête et sont complètement libres. Le rêve de chaque Ugly est de devenir Pretty.</p>
<p>Mais certains ne croient pas à ce paradis promis par les autorités. Ces personnes sont des Rebels et fuient les villes pour retrouver une vie proche des celle des Rouillés. Ils acceptent de rester « moches » pour conserver leur personnalité.</p>
<p>Tally méprise les Rebels, son plus grand souhait étant de devenir Pretty. En attendant le jour J, elle se trouve une nouvelle amie… qui choisit les Rebels…</p>
<p>Quel camp Tally va-t-elle choisir ?</p>
<p>« Uglies » est un roman captivant. Tout en nous emportant dans cet univers très spécial, l’auteur en profite pour nous faire réfléchir sur la nature des hommes, et leurs excès. L’auteur conte aussi avec réalisme comment notre monde pourrait finir. J’aime aussi l’évolution du récit. Dans la première partie, les Uglies nous sont présentés comme des êtres sales, laids, presque répugnants comparés aux (trop) brillants Pretties. Puis, au fil du récit, le lecteur apprend à connaître de plus près ces Uglies et ces Rebels et à comprendre que les plus heureux ne sont pas toujours ceux qu’on croit…</p>
<p>Et puis ce livre est plein d’humour, comme on le voit dans le petit extrait que je vous livre pour achever de vous allécher !</p>
<p>(Tally se trouve dans une très vieille bibliothèque contenant des documents concernant les Rouillés)</p>
<blockquote><p>« Shay (…) se tourna vers une étagère et en sortit une poignée d’ouvrages sous emballage plastifié qu’elle déploya devant Tally<br />
- Des livres sur papier ? Et alors ?<br />
- Pas des livres, on appelle ça des « magazines », expliqua Shay<br />
Elle en ouvrit un et pointa le doigt. Les pages étrangement brillantes étaient couvertes de photos. De gens. Moches.<br />
Tally écarquilla les yeux (…). Elle n’avait jamais vu autant de visages si différents. Des bouches, des yeux, des nez de toutes les formes possibles, et sur des gens de tous ages. Et les corps ! Certains ridiculement gras, d’autres horriblement musclés, ou bien d’une maigreur troublante ; presque tous présentaient d’importants défauts de proportion. Mais au lieu d’avoir honte de leurs difformités, ces gens riaient, s’embrassaient, prenaient la pose, comme si toutes ces photos avaient été prises lors d’une gigantesque réception.<br />
-Qui sont ces monstres ?<br />
-Ce ne sont pas des monstres, répondit Shay. Le plus dingue, c’est que ce sont des gens célèbres.<br />
-Célèbres pour quoi ? Pour leur laideur ?<br />
-Non. Ce sont des sportifs, des acteurs, des artistes. Les hommes aux cheveux filandreux sont des musiciens, je crois. Les plus moches sont des hommes politiques,
et quelqu’un m’a dit que les gras-doubles sont principalement des comiques.<br />
-Alors, c’est à ça que ressemblaient les gens avant le premier Pretty ? Comment arrivaient-ils à se regarder les uns les autres ? »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/ugli.jpg" alt="Uglies" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Uglies, Scott Westerfield, traduit de l'anglais (Australie) par Marie-France Girod, Pocket Jeunesse, 432 pages, 12,83 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266214268/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266214268&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266214268" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Nous avons également lu le Tome II, « Pretties ». Lisez <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/05/10/243-pretties-scott-westerfield">notre critique</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/178No et moi - Delphine De Viganurn:md5:709c007ebb9d858e67f7566f4b9015ec2007-10-07T18:30:00+00:002018-10-22T14:34:01+00:00BernardLa vieadolescenceamitiéParis<p>Les livres, c’est comme les gens. Il ne faut pas les prendre de haut. Démonstration.</p> <p>J’avais décidé de toiser « No et moi », de Delphine de Vigan. Car pour moi, l’histoire d’une ado qui sympathise avec une SDF devait couler et coller aux doigts comme le miel à travers la tartine.</p>
<p>Lou a 13 ans, « bientôt quatorze ». Au lycée, cette élève surdouée choisit pour thème de son exposé « La situation des sans-abris ». Cette idée lui est venue à la gare d’Austerlitz, où elle prend plaisir à regarder les gens. C’est là que Nolwenn, 18 ans, SDF, No pour les intimes, a demandé du feu à Lou. Les deux filles ont sympathisé. Puis se sont séparées. No est restée sur le quai. Lou est rentrée au chaud.</p>
<blockquote><p>Je me suis retournée pour lui faire un petit signe de la main, elle est restée là, à me regarder partir, ça m’a fait de la peine parce qu’il suffisait de voir son regard, comme il était vide, pour savoir qu’elle n’avait personne pour l’attendre, pas de maison, pas d’ordinateur, et peut-être nulle part où aller. »</p>
</blockquote>
<p>Allez savoir pourquoi, cette phrase m'a retourné. A cause du « pas d’ordinateur ». Cette vérité enfantine m’a fait un croche-pied.</p>
<p>Lou va réussir brillamment son exposé, et les deux filles vont devenir amies. Car il y a des choses de la vie qui sont l’horrible norme mais que Lou n’accepte pas.</p>
<blockquote><p>Moi je m’en fous pas mal qu’il y ait plusieurs mondes et qu’il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous-ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d’autres, que mon monde soit une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide. »</p>
</blockquote>
<p>Lou va donc héberger No dans son monde, jusque dans sa maison.</p>
<p>Il y a des moments amusants, comme l’instant où Lou tombe amoureuse.</p>
<blockquote><p>Panique à Disneyland, alerte rouge, mobilisation générale, affolement biologique, court-circuit, carambolage interne, révolution sidérale. »</p>
</blockquote>
<p>Et des moments de grâce.</p>
<blockquote><p>J’ignore laquelle de nous deux soutenait l’autre, laquelle était la plus<br />
fragile. »</p>
</blockquote>
<p>« No et moi » est un roman juste. Si l’on excepte l’artifice un peu osé qui consiste à rendre Lou surdouée pour la faire raisonner comme une adulte, et à part quelques discrètes invraisemblances, Delphine de Vigan s’est glissée avec tendresse, talent, intelligence et finesse dans la peau d’une ado. Bien écrit, ce petit roman de la révolte évite miraculeusement la facilité et la morale à prix cassé.</p>
<p>Ce livre m’a convaincu et ému comme le ferait un enfant qui vous met à court d’arguments, rien qu’avec sa logique de dessin animé.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/16/Rien-ne-s-oppose-%C3%A0-la-nuit-Delphine-de-Vigan">Rien ne s'oppose à la nuit</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/No.jpg" alt="No et moi" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>No et moi, de Delphine De Vigan, JC Lattès, 287 pages, 14 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/225312480X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=225312480X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=225312480X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/07/178-no-et-moi-delphine-de-vigan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/160Harry Potter (6) et le prince de sang-mêlé - J.K. Rowlingurn:md5:080ec379fda1feb22b04c554fee8e1882007-01-30T23:03:00+00:002018-10-23T16:40:55+00:00MartinRoulez jeunesse !adolescenceHarry Pottersuspense<p>Aujourd'hui, c'est un jour un peu particulier. L'une des envies de ce blog, c'est de proposer des critiques de livres, rédigées par leurs lecteurs naturels. A priori, donc, un Harry Potter, c'est pas pour moi. J'ai donc demandé à Martin, 15 ans, de me livrer les critiques des livres qu'il dévore. Voici la toute première. Encore un mot et puis je m'efface : Bienvenue Martin !</p>
<p>(bernard)</p> <p><br />
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Prenez votre Manuel avancé de préparation des potions.</p>
<p>Pour un Harry Potter réussi :</p>
<p>- Faites chauffer votre chaudron et insérez-y 500 ml d’humour</p>
<p>- Faites bouillir puis ajoutez de « l’envie d’en savoir plus » liquide</p>
<p>- Poudrez le mélange avec quelques pincées d’admiration (à état gazeux)</p>
<p>- Lisez le tout à feu doux.</p>
<p>Vers la fin de la cuisson, rajoutez ces ingrédients dans l’ordre :</p>
<p>- Beaucoup de talent de J-K Rowling</p>
<p>- Quelques gorgées de Felix Felicis (potion de chance en liquide) pour contrer les effets secondaires</p>
<p>Effets secondaires : insomnies dues à l’absence de lecture (vers la fin), distractions au travail… !</p>
<p>Dans ce nouveau volet, il y a toujours humour, plans foireux, problèmes d’ado, suspens et tristesse. Et c’est pour ça que le livre reste si passionnant.</p>
<p>Ceci dit, je trouve que l’action met du temps à se développer. Il y a de petites anecdotes, mais il faut attendre longtemps avant qu'elles se combinent. En plus, le suspens ne s’installe que vers la page 450. Mais c’est peut-être normal car, à partir de là, le rythme est tellement soutenu qu’il serait difficile de tenir le coup si cela avait commencé à cette vitesse-là dès le début.</p>
<p>Je trouve aussi que la conception du livre rappelle un peu trop celle du 5, Harry Potter et l'ordre du Phenix. Par exemple, Harry pense dès le début du livre que quelque chose de grave va se produire à la fin de l’année. Comme dans le 5 également, J-K Rowling met en avant un personnage. On s’y attache. Et elle le tue, la cruelle (comme Sirius dans le 5).</p>
<p>Le dernier point négatif que je retiendrai sera la fin. Le livre se termine par une multitude de catastrophes, alors que le début du livre ne laissait pas présager une aussi triste fin. Un personnage meurt, Harry a le cœur brisé, et j’en passe, cela fait un peu beaucoup pour moi.</p>
<p>Autre problème avec la fin : il n'y a pas vraiment de fin. Beaucoup de question sont résolues, mais d’autres, parfois un peu vagues sont posées en même temps.</p>
<p>A part ça, il y a beaucoup d’humour, des passages très amusants à lire. Comme celui-ci :</p>
<blockquote><p>Harry prit les chaussettes roulées en boule au fond de sa grosse valise, et en retira le minuscule flacon aux reflets dorés.</p>
<p>
- Bon, j’y vais, dit-il.</p>
<p>
Il porta le flacon à ses lèvres et en but une petite gorgée, soigneusement mesurée.</p>
<p>
- Qu’est-ce que ça fait ? murmura Hermione.</p>
<p>
Harry ne répondit pas tout de suite. Lentement mais sûrement, il éprouva la sensation enivrante qu’un nombre infini de possibilités s’ouvraient devant lui, comme s’il pouvait soudain tout faire, absolument tout…</p>
<p>
Débordant de confiance en lui-même, il se leva avec un grand sourire.</p>
<p>
- Parfait, dit-il. Vraiment parfait. Bon… Je descend chez Hagrid.</p>
<p>
- Quoi ? s’écrièrent Ron et Hermione, effarés.</p>
<p>
- Non, Harry… Tu dois aller voir Slughorn, tu te souviens ? lui rappela Hermione.</p>
<p>
- Pas du tout, répliqua Harry d’un ton résolu. Je vais chez Hagrid, je sens que c’est ce que je dois faire.</p>
<p>
- Oui, assura Harry en sortant sa cape d’invisibilité de son sac. J’ai l’intuition que c’est là qu’il faut être ce soir, vous voyez ce que je veux dire ?</p>
<p>
- Non, répondirent Ron et Hermione d’une même voix. Ils semblaient tous deux très inquiets.</p>
<p>
- C’est bien du Felix Felicis ? interrogea Hermione, anxieuse, en levant le flacon à la lumière. Tu n’aurais pas confondu avec une autre petite bouteille pleine de… je ne sais pas quoi.</p>
<p>
- D’essence de folie ? suggéra Ron tandis que Harry déployait sa cape sur ses épaules.</p>
<p>
Il éclata de rire et Ron et Hermione parurent encore plus alarmés.</p>
</blockquote>
<p>Et toujours cet art de créer un suspense incroyable. Vraiment, j’admire, parce que pour me faire lire un livre aussi vite… !</p>
<blockquote><p>A vingt mètres l’un de l’autre, Harry et lui se regardèrent un instant avant de brandir leurs baguettes simultanément.</p>
<p>
- Endol…</p>
<p>
Mais Rogue para le maléfice, projetant Harry en arrière sans lui laisser le temps d’aller jusqu’au bout. Harry roula par terre puis se releva pendant que le gigantesque Mangemort hurlait derrière lui :</p>
<p>
- Incendio !</p>
<p>
Harry entendit une explosion et une lumière dansante aux teintes orangées se répandit sur eux : la cabane de Hagrid était en flammes.</p>
<p>
- Crockdur est à l’intérieur, espèce d’abominable…, s’écria Hagrid.</p>
<p>
- Endol…, lança Harry pour la deuxième fois, mais Rogue para à nouveau le maléfice.</p>
<p>
Harry le vit ricaner.</p>
<p>
- Vous n’allez quand même pas me jeter des sortilèges impardonnables, Potter !</p>
<p>
- Battez-vous lui cria Harry. Battez-vous espèce de lâche !</p>
</blockquote>
<p>J’ai envie de vous dire pour terminer que le style d’écriture change au fil des tomes. Du fantastique du début, destiné aux plus jeunes, on se rapproche d’un discours qui touche les adolescents, avec des problèmes de cœurs et des intrigues de leur âge. J’ai l’impression de grandir avec les livres.</p>
<p>J’ai commencé à lire ces livres quand j’avais 10 ans. Maintenant, j’en ai 15, et eux 16…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Harry.jpg" alt="Harry Potter" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Harry Potter (6) et le Prince de sang-mêlé</strong>, J.K. Rowling, littérature anglaise, Folio, 751 pages, 10 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/30/46-harry-potter-et-le-prince-de-sang-mele-jk-rowling#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/45L'élégance du hérisson - Muriel Barberyurn:md5:50d1ab4b20e98c3a4bfcaffe63fb94222007-01-14T16:40:00+00:002018-10-23T16:41:29+00:00BernardLa vieadolescencefamilleParis<p>Pour faire un bon roman, une bonne idée, ça ne peut pas faire de tort. On a vu des auteurs s’épuiser sur des dizaines de pages poussives parce qu’ils ne savaient pas eux-mêmes de quoi ils avaient envie de parler exactement ou que leur histoire reposait sur une idée trop simple.</p> <p>L’Elegance du hérisson, de Muriel Barbery, réussit le tour de force de partir d’une bonne idée, de la transformer en bonne histoire. Et en plus, elle se paye le luxe de nous livrer tout cela avec une écriture du dimanche !</p>
<p>La bonne idée, d’abord. Renée, 54 ans est concierge dans une immeuble très chic, dans une rue très chic d’un arrondissement très chic de Paris la chic. Son petit secret, c'est qu’elle est plus cultivée que tous les habitants de l’immeuble réunis. Eux n’hésitent évidemment pas à étaler leur modeste savoir. Mais Renée, elle, entend bien cacher ce qu’elle considère comme une tare. Elle multiplie donc les artifices pour rassurer tout le monde, et se présente comme une concierge bien comme il faut, avec son gros chat et sa télé qui claironne des jeux télévisés lucratifs et des séries à deux sous. Et pendant que sa télé rassure l'immeuble, elle dévore Freud ou des ouvrages de philosophie médiévale.</p>
<p>Pour corser le récit, Muriel Barbery introduit un second personnage, Paloma, douze ans, fille d’une bonne famille de l’immeuble, pas heureuse du tout, mais avec, elle aussi, un petit supplément d’âme.</p>
<p>Les deux récits parallèles mettent du temps à se fondre, à l'instar des deux êtres, qui vont s’approcher lentement. Il faudra un homme qu'aucune n'attendait pour sceller l'union.</p>
<p>Outre les qualités de l’idée et la bonne tenue de l’histoire, la plume est extrêmement élégante. Je pourrais comprendre qu’on puisse la trouver un rien prétentieuse. Personnellement, je suis un fan des mots simples dont l’agencement crée la puissance, et je n’ai pas trouvé le style de Barbery pompeux.</p>
<p>D’autres lui ont reproché des références culturelles un peu trop nombreuses. A nouveau, libre à chacun de trouver cela excessif, mais j’ai trouvé que ces références étaient glissées habilement, égrenées au fil du récit et sans jamais en altérer le flux.</p>
<p>Bref, ce livre est pour moi un grand roman, malgré le petit risque d’irritation causé par le verbe un peu exigeant et les références culturelles.</p>
<p>Voici ma phrase préférée, non parce qu’elle est la mieux écrite, mais parce qu’elle est bourrée d’humanité. Elle n’est pas de notre concierge, mais de Paloma.</p>
<blockquote><p>Le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté, où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais. Je traquerai désormais les toujours dans le jamais.</p>
<p>
La beauté dans ce monde ».</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/elegance.jpg" alt="L'élégance du hérisson" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'élégance du hérisson</strong>, Muriel Barbery, littérature française, Gallimard, 356 pages, 20 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070391655/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070391655&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070391655" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/30-l-elegance-du-herisson-muriel-barbery#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/25L'amant en culottes courtes - Alain Fleischerurn:md5:21123a0716a00ad2f3f75c0cb0e1f1072007-01-14T15:31:00+00:002018-10-23T16:42:47+00:00BernardL'amouradolescenceAngleterreenfancesentimental<p>L’une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de créer cet espace, c’est qu’il arrive que je voie encenser ici ou là voire carrément partout des ouvrages qui m’indisposent de la première à la dernière page (quand j’y arrive). L’amant en culottes courtes d’Alain Fleischer en est.</p> <p>L’histoire m’avait alléché. Un garçon de 13 ans, vêtu, donc, de culottes courtes, part en séjour linguistique. Il y rencontre Barbara, une créature britannique venue de Trinidad, d’une beauté qui donne de l’appétit. Ce qui devait arriver arriva : il en tombe amoureux. Là où cela se corse un peu, c’est qu’elle le lui rend bien. Commence donc une idylle en règle entre gamin et sa belle.</p>
<p>J’étais attiré par ce qui peut se passer dans la tête d’un petit homme en proie à un sentiment aussi fort que désarmant.</p>
<p>Première déception : l’ouvrage commence comme un manuel universitaire par une définition de la culotte courte. Cela pourrait être créatif s’il n’était assorti de propos un peu sentencieux sur le fait que, voyez vous mesdames et messieurs, les jeunes d’aujourd’hui ne portent plus de culottes courtes. Dans le texte, ça donne :</p>
<blockquote><p>Les parents d’aujourd’hui, dans leur impatience de voir pointer le petit mâle dominant dans leur rejeton, l’affublent dès le plus jeune âge de ces tenues de petits mecs, - des beaufs enfants… - que notre société, aveuglée de vulgarité, se plaît à produire en modèle. »</p>
</blockquote>
<p>Refermer le livre ? Mais j’ai quand même envie de savoir comment il s’y est pris, le garnement. La patience vaut le coup. L’épisode de leur rencontre, de leur approche et d'un tout petit premier contact vaut la lecture. Un aperçu, en deux extraits.</p>
<p>La première fois qu’il la voit, d’abord.</p>
<blockquote><p>Barbara était l’exemple d’une de ces beautés rares de type eurasien – corps et traits à la fois fins et sensuels, peu cuivre cheveux noirs et raides – que produisent les croisements, lorsqu’un supplément de réussite et de grâce s’ajoute à leur intérêt esthétique habituel. Les gestes, les attitudes, les expressions, les regards, les inflexions de la voix, les sourires, communs à toutes les jeunes filles de son âge, devenaient chez Barbara les promesses d’une volupté et d’un bonheur luxurieux ».</p>
</blockquote>
<p>Et puis la fois où il lui effleure la main (ben quoi ? je suis romantique) :</p>
<blockquote><p>Je gardais conscience de m’être montré meilleur musicien que Barbara – malgré mon abandon du piano depuis presque trois ans- et de pouvoir ainsi prendre les devants, lui ouvrir le chemin : quand je voyais arriver un passage un peu difficile pour sa partie de clavier, je m’amusais à la soulager de trois ou quatre notes, les jouant pour elles, prélevées à sa ligne dans la partition. Ce n’étaient que prétextes et occasions pour que nos mains se touchent, pour que nos doigts se frôlent et, pour finir, je plaquai un accord par dessus sa main, l’emprisonnant sous la mienne – provoquant un gros pâté sonore- et refusant de la lâcher jusqu’à ce que nous eussions fini de rire de notre numéo burlesque ».</p>
</blockquote>
<p>Et après ? Adieu la petit poussée de romantisme. Sur 500 pages, Fleisscher nous détaille comment il a pris sa bele dans toutes les positions. Point final. Cette seule phrase résume, à mon avis l’interminable suite du roman.</p>
<p>Vous étonnerais-je en vous disant que je suis déçu ? Ce récit du tout jeune mâle triomphant ayant séduit la naïve femelle me paraît presque vulgaire. Pas tant par le sujet, qui se veut érotique, que par cette manière hautaine et presque réactionnaire de le traiter.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Culottes.jpg" alt="L'amant en culottes courtes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amant en culottes courtes</strong>, Alain Fleischer, littérature française, Seuil, 660 pages, 22 euros. Notre note : 1/5.</em>
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