Le Blog des Livres - L'amour<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearOona et Salinger - Frédéric Beigbederurn:md5:5454bdd041375c3a2170976d844a9f542016-02-10T09:01:00+01:002018-10-06T17:24:21+02:00BernardL'amour<p>Beigbeder, comme beaucoup d'auteurs français visibles médiatiquement, est incapable de raconter une histoire sans prendre la place du héros.</p>
<p>Mais contrairement à d’autres, il les raconte bien, ses histoires. Ce qui rend son autocentrisme (un rien) plus digeste...</p> <p>La belle histoire c’est celle d’Oona O’Neil, seize ans, et de son éphémère amour avec l’écrivain Jerry D. Salinger, de 6 ans son aîné.</p>
<p>Elle, pimbêche insouciante et bien née, fille du poète anglais Eugène O’Neil.</p>
<p>Lui, tourmenté et d’extraction plus modeste, fils d’un importateur de fromages juif.</p>
<p>Je ne vais pas me priver du plaisir exceptionnel de vous montrer leur photo, puisque ces personnages sont, pour une fois, réels.</p>
<p><img alt="oonasalinger" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/illus/oonasalinger.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Jerry ne ménage pas sa peine.</p>
<blockquote>
<p>Une fille, ça s’ouvre et se referme : le problème est de trouver le bon mot de passe. Plus elles sont belles, célèbres et gâtées, plus le code d’entrée est difficile à déchiffrer. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, Jerry entame une relation avec cette demoiselle d’apparence superficielle. D’apparence seulement, ce que Jerry ne va pas comprendre. Erreur fatale.</p>
<blockquote>
<p>Il se trompe sur Oona : elle fréquente de pauvres petites filles riches mais ne l’est pas. La seule chose qu’il fallait faire avec Oona, c’était la consoler, s’occuper d’elle, l’abriter, au lieu de lui faire la morale sur ses sorties superficielles. »</p>
</blockquote>
<p>Et ce qui devait arriver arriva. Jerry part à la guerre. Oona s’envole pour Los Angeles. Où elle s’éprend de Charlie Chaplin, de 36 ans son aîné, scandalisant l’Amérique.</p>
<blockquote>
<p>En se croisant, les regards d’Oona et de Charlie se sont emplis d’eau simultanément. Il serait donc impropre de parler de coup de foudre : plutôt d’une inondation. »</p>
</blockquote>
<p>Une histoire d’amour banale, somme toute, mais que Beigbeder raconte à merveille. On vit les bars huppés de New York, mais aussi les horreurs de la guerre et celles de la déconvenue sentimentale.</p>
<p>On vit aussi ce moment d’une grande émotion, où Chaplin, banni des Etats-Unis depuis des décennies pour avoir été considéré comme un communiste, vient recevoir son Oscar.</p>
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Et bien sûr, bien sûr, Beigbeder en profite pour s’épancher sur lui-même, sur tout, sur rien dans des jugements définitifs.</p>
<p>Sur l’amour.</p>
<blockquote>
<p>C’est entre seize et vingt-deux ans qu’on aime vraiment. L’amour est absolu, sans le moindre doute, la moindre hésitation. »</p>
</blockquote>
<p>Sur les écrivains.</p>
<blockquote>
<p>Un écrivain, ça ne vit pas dans le monde, ça s’enferme dans une petite maison pour travailler, sinon ce n’est pas un écrivain, c’est un pitre. »</p>
</blockquote>
<p>Et sur la différence d’âge en amour, qu’il élève en culte.</p>
<blockquote>
<p>L’homme mur choisit une femme jeune parce qu’elle lui garantit, jusqu’au trépas, d’avoir le souffle coupé à chaque fois qu’il la verra sortir de la salle de bain. Et la jeune femme est heureuse d’être autant admirée, surtout quand elle a eu des problèmes paternels. »</p>
</blockquote>
<p>Son narcissisme en irritera plus d’un. J’ai aimé l’histoire, qu’il raconte avec passion et espièglerie.</p>
<p><img alt="Oona3.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Oona3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Oona3.jpg, déc. 2015" /><br />
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<em><strong>Oona et Salinger</strong>, Frédéric Beigbeder, littérature française, Grasset, 327 pages. Disponible en poche. ISBN : 2246777011. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/12/09/Oona-et-Salinger-Frederic-Beigbeder#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/336L'intérêt de l'enfant - Ian Mc Ewanurn:md5:a67610118932b43308b80914ac38b0142015-11-07T13:25:00+01:002018-10-06T17:25:31+02:00BernardL'amour<p>L’attachement sans faille à une religion peut-il être supérieur à l’intérêt de l'enfant ?</p>
<p>Question délicate que Ian Mc Ewan aborde avec une très grande finesse.</p>
<p>Là ou d’autres auraient répondu par oui ou non, l’auteur est bien plus surprenant que cela.</p> <p><img alt="McEwan" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/illus/McEwan5.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Fiona, la soixantaine, est magistrate. Réputée et sans histoires.</p>
<blockquote>
<p>Dans la profession, on louait la juge Fiona Maye, même en son absence, pour la concision de sa prose mi-ironique mi-compatissante, et pour l’économie de moyens avec laquelle elle exposait un différend. »</p>
</blockquote>
<p>Elle est spécialisée en droit de la famille. Divorces, garde d’enfants, conflit financiers entre couples déchirés, tel est son quotidien.</p>
<blockquote>
<p>Les parents n’en revenaient pas de mener un combat aussi acharné contre celui ou celle qu’ils avaient aimé. »</p>
</blockquote>
<p>Une vie somme toute bien rangée, une vie de travail, mais dont le pilier, le couple qu’elle forme avec Jack, vacille. A 59 ans, celui-ci lui fait part d’une liaison avec une femme plus jeune.</p>
<blockquote>
<p>Il soutint son regard. « Tu sais que je t’aime.</p>
<p>- Mais tu as envie de quelqu’un de plus jeune.</p>
<p>- J’ai envie d’avoir une vie sexuelle. »</p>
</blockquote>
<p>C’est précisément en cette période de doute que Fiona est saisie d’une affaire délicate. Adam Henry, un adolescent de 17 ans est atteint d’une leucémie et a besoin d’une transfusion. L’enfant, mineur, refuse l’acte médical. Les parents sont du même avis. Tous trois sont témoins de Jéhovah.</p>
<blockquote>
<p>Elle n’avait pas pour tâche ou pour mission de le sauver, mais de prendre une décision raisonnable et conforme à la loi. »</p>
</blockquote>
<p>La juge entend les arguments des services sociaux, ceux du père, aussi.</p>
<blockquote>
<p>Avez-vous dit à Adam qu’il est libre de recevoir une transfusion s’il le souhaite, Mr Henry ? Et que vous l’aimerez toujours ?</p>
<p>- Je lui ai dit que je l’aimais.</p>
<p>- C’est tout ?</p>
<p>- C’est suffisant.</p>
</blockquote>
<p>Mais ces éléments, qui généralement éclairent son jugement, ne lui paraissent cette fois, pas suffisants. Elle va voir l’enfant.</p>
<blockquote>
<p>- Je vais vous dire pourquoi je suis là, Adam. Je veux m’assurer que vous savez ce que vous faites. Certains vous trouvent trop jeune pour prendre une telle décision et croient que vous êtes sous l’influence de vos parents et des anciens. D’autres pensent que vous êtes extrêmement intelligent et doué, qu’on doit vous laisser aller jusqu’au bout. »</p>
</blockquote>
<p>L’émotion se mêle alors insidieusement à la froide rigueur que requiert l’application du droit. Parviendra-t-elle à rendre son jugement, conformément à la loi, et à l’intérêt de l’enfant ?</p>
<p>L’intérêt de l’enfant est un roman magistral. J’ai réfléchi longtemps avant de qualifier le style. Austère ? Non, il y a de la vie. Cru ? Non plus, Mc Ewan n’est pas racoleur. Sobre, plutôt, c’est-à-dire relativement dépouillé mais pas au point d’abolir tout sentiment au profit d’une histoire rêche. Ce qui lui donne justesse et distance.</p>
<p>Et il en fallait pour aborder ce thème délicat. Car derrière la question soumise au tribunal se cache celle, bien plus contemporaine, de la coexistence des religions et des valeurs, et de la compréhension profonde de l’autre. Sans avoir l’air d’y toucher, Ian Mc Ewan s’y plonge, et parvient même à apporter une réponse. L’écrivain démontre ici toute l’essence de la littérature : aborder par le prisme détaché d’une banale histoire des thèmes qui, évoqués frontalement, n’auraient suscité que rejet et polémiques. Enfin un regard apaisé sur la question des religions !</p>
<p><img alt="Mc_Ewan.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Mc_Ewan.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mc_Ewan.gif, nov. 2015" /><br />
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<em><strong>L'intérêt de l'enfant</strong>, Ian Mc Ewan, littérature anglaise, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, Gallimard, 230 pages, 18 euros. ISBN : 9782070147687. Notre note : 4/5.</em><br />
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<p>Un autre livre de Ian Mc Ewan : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/12/28/261-sur-la-plage-de-chesil-ian-mcewan">Sur la plage de Chesil</a><br />
</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/11/06/L-interet-de-l-enfant-Ian-Mc-Ewan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/330Pas pleurer - Lydie Salvayreurn:md5:1dc9fe953b996e3bf767d2c7cb9aaa4a2015-06-29T07:00:00+02:002018-10-06T17:26:22+02:00BernardL'amourMais<p>Dans les villages, il y a, au mieux, des divergences de vues politiques. Au pire, des haines corses.</p>
<p>Mais quand dans le même hameau se disputent les trois tendances qui déchirent un pays, ça peut faire des étincelles.</p>
<p>C’est ce que raconte Lydie Salvayre, dans son livre « Pas Pleurer »</p> <p>Ou plutôt, c’est ce que raconte Montse, réfugiée de longue date en France, à sa petite fille. Nous sommes en 1936, peu avant la guerre d’Espagne. Dans le village de Montse, il y a José, le frère, anarchiste.</p>
<blockquote>
<p>Il est émerveillé comme un enfant. Il apprend à lever le poing et à chanter Hijos del Pueblo. Il crie avec d’autres À bas l’oppression, Vive la liberté. Il crie À mort la mort. Il se sent exister, il se sent meilleur. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le même village, il y a Diego, le cousin, socialiste modéré.</p>
<blockquote>
<p>Diego vient d’énoncer cette chose si merveilleusement raisonnable : que ceux qui veulent collectiviser collectivisent et que ceux qui préfèrent continuer comme avant continuent comme avant. Cela s’appelle le sens politique. »</p>
</blockquote>
<p>Et il y a Dona Pura, la tante de Diego, nationaliste.</p>
<blockquote>
<p>Elle s’était mise à défendre avec une fureur tout eucharistique, la Santa Guerra livrée par Franco, son Caudillo vénéré, son Génie absolu, son Sauveur envoyé par le Ciel, l’Artisan valeureux de la nouvelle Espagne. »</p>
</blockquote>
<p>Ce petit monde se connaît de longue date, car il a grandi dans un village qui tangue depuis des lustres sous les roulis politiques qui agitent le pays. Jusqu’à cet été 36, juste avant la guerre civile, où un étrange vent de liberté souffle sur le pays.</p>
<p>José s’y jette à corps perdu, n’écoutant que ses valeurs, ses passions. Il part avec Montse à Barcelone, aux mains des anarchistes et y vit, avec elle, un été qui les marquera à jamais.</p>
<blockquote>
<p>Deux jeunes filles en pantalon, les ongles peints en rouge, leur offrent, avec des airs crâne, des cigarettes blondes, et Montse découvre avec stupéfaction que des femmes qui ne sont pas des putes peuvent fumer comme les hommes. »</p>
</blockquote>
<p>Montse y rencontre un séduisant Français de passage… Le paradis.</p>
<p>Pendant ce temps, plus stratège, Diego profite du désordre ambiant pour prendre le pouvoir dans le village. Et Dona Pura voit d’un bon œil la tournure des événements politiques, qui voit monter les franquistes.</p>
<p>José et Montse reviennent au village et voient décliner les idées libertaires, qui effrayent plus qu’elles ne structurent. Enceinte de son bel inconnu qui a fui sans laisser de traces sous d'autres horizons, Montse prend une décision qui va faire basculer le destin de José.</p>
<blockquote>
<p>Je vais épouser Diego. »</p>
</blockquote>
<p>José perd pied, et ne supporte pas de voir son rival monter et ses idées décliner.</p>
<p>Mais jusqu’où se déchireront ces frères ennemis, dont le seul point commun est d’avoir des convictions et de s’y tenir viscéralement ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Dans Pas Pleurer, Lydie Salvayre nous fait vivre de l'intérieur l'épisode libertaire préalable à la guerre d’Espagne. La plume est libre comme les idées du moment, et le français teinté d’espagnol de la narratrice ajoute à cette sensation de fraîcheur.</p>
<p>Lydie Salvayre alterne du reste le récit de la narratrice avec les écrits de l’écrivain Bernanos, qui, un temps acquis aux idées nationalistes, ose en dévoiler les exactions sitôt qu'il en a connaissance.</p>
<p>Cette écriture et cette narration décomplexées, alliées à la densité du récit dans un roman court ont leurs travers : difficile de suivre les événements, surtout si on n’a pas les repères historiques, et de comprendre qui est qui dans cette tragi-comédie.</p>
<p>Mais on ressort du roman avec un sourire attendri, en se disant, une fois de plus, qu’entre liberté et confort d’un ordre (r)établi, la seconde option est plus séduisante à beaucoup.</p>
<p><img alt="Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg, juin 2015" /><br />
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<em><strong>Pas pleurer</strong>, Lydie Salvayre, littérature française, Seuil, 279 pages, 18,5 euros. ISBN : 9782846669221. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/06/28/critique/Pas-pleurer-Lydie-Salvayre#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/328L'amour et les forêts - Eric Reinhardturn:md5:779a4b83098a83503d219766fc10fcf42015-04-02T19:12:00+02:002018-10-06T17:27:59+02:00BernardL'amour<p>Dans les maisons ordinaires des quartiers ordinaires des villes ordinaires, il y a des femmes qui subissent chaque jour des humiliations extraordinaires.</p>
<p>Et qui restent enserrées dans des liens conjugaux destructeurs alors que rien ne les empêche de s’en défaire. Dans son roman L'amour et les forêts, Eric Reinhardt aborde subtilement le sujet...</p> <p>Eric Reinhardt est écrivain. Il reçoit un jour une lettre d’une de ses lectrices. Une missive presque anodine, mais dans laquelle il décèle une souffrance.</p>
<blockquote>
<p>D’abord un peu précautionneuse, cette lettre était, à mesure qu’elle progressait, de plus en plus féroce et mécontente. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteure de la lettre, c’est Bénédicte Ombredanne, que l’auteur nommera par ses noms et prénoms accolés tout au long du récit. Elle est professeur de français dans un lycée public de Metz. Eric Reinhardt la rencontre et elle glisse, à cette occasion, de nouveaux indices diffus de sa souffrance.</p>
<blockquote>
<p>Elle est restée silencieuse sur ce qui la poussait à qualifier son existence de <em>délabrée</em>, à désigner sa personne comme un objet <em>mis au rebut</em>, à se décrire comme une jeune femme <em>abandonnée</em>. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteur change alors radicalement de mode de récit. De témoin, il se fait narrateur et décrit le calvaire de Bénédicte, harcelée par son mari.</p>
<blockquote>
<p>Son mari lui gâchait les plus belles années de son existence, elle n'avait encore que trente-six ans, un âge auquel il est impardonnable de se priver des plaisirs, des jouissances, des richesses et des gratifications qu'on est en droit d'attendre de la réalité quand on est une femme sensible, intelligente et cultivée. »</p>
</blockquote>
<p>Résolue à goûter à l’indépendance, Bénédicte part à la recherche déterminée d’un amour pur, intense et secret : elle le trouve sur internet. Il s'appelle Christian.</p>
<blockquote>
<p>Mais comment est-il possible de se sentir aussi bien et dans une telle harmonie de sensibilités, avec quelqu'un qu'on vient tout juste de rencontrer ? »</p>
</blockquote>
<p>Mais elle prend bien peu de précautions pour s’en cacher, et les soupçons qu’elle déclenche chez son mari ne font que renforcer ses pulsions agressives. Il lui fait des scènes insoutenables, de jour comme de nuit.</p>
<blockquote>
<p>Qu’est-ce que tu fais, pourquoi tu mets tes mains sur ton visage, tu as peur que je te frappe ? Oui, c’est ça ? Tu t’imagines que je suis assez primaire pour te frapper au visage ? »</p>
</blockquote>
<p>Puis l’auteur, qui s’étonne de ne plus avoir de nouvelles de Bénédicte Ombredanne change une troisième fois de mode de narration et raconte son enquête pour connaître le destin de sa lectrice.</p>
<p>Cette histoire de harcèlement, bien que d’une désolante actualité, n’est sans doute pas le point fort de ce roman. Ce qui touche, ce qui séduit, c’est la manière distante et sans jugement avec laquelle l’auteur livre son récit, sans condamnation, ou si peu, du harceleur.</p>
<p>Cette distance permet au lecteur de percevoir les ressorts intimes des comportements de domination et de soumission et les liens diaboliquement indéfectibles qu'ils peuvent créer entre deux êtres en souffrance.</p>
<p>Le roman s’est voulu esthétique, phrases travaillées, changements subtils de modes de narration. C’est une politesse de plume mais elle n'est hélas pas exempte d’excès de verbe. Un écueil qui n'enlève rien à la profondeur de ce roman très réussi.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/12/Le-systeme-Victoria-Eric-Reinhardt">Le système Victoria</a>.</p>
<p><img alt="Reinhardt.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Reinhardt.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Reinhardt.jpg, mai 2015" /><br />
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<em>L'amour et les forêts, Eric Reinhardt, littérature française, Gallimard, 366 pages, 21,9 euros. ISBN : 2070468151. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/03/31/L-amour-et-les-forets-Eric-Reinhardt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/323Voyage de noces avec ma mère - Véronique Selsurn:md5:e706c8d93b6e4097a32aa4b6fe9d6d0c2015-01-18T16:03:00+01:002018-10-06T17:28:43+02:00BernardL'amour<p>Avec un titre comme « Voyage de noces avec ma mère », on ne pouvait que s’inviter nous aussi dans les valises de la romancière.</p>
<p>Pour s'apercevoir que le mythe de la belle-mère envahissante n'a jamais été aussi vivant...</p>
<p>Accrochez-vous, ça démarre au quart de tour.</p> <p>Anne vient d’épouser Raphaël. Un mariage d’amour, certes, mais non dénué d’une certaine résignation.</p>
<blockquote>
<p>J’aurais pu épouser l’homme parfait. Cela m’aurait évité toutes sortes de déconvenues. Mais aux dires des femmes d’expérience, ce genre d’homme n’existe pas, aussi ai-je jeté mon dévolu sur l’imparfait Raphaël. »</p>
</blockquote>
<p>De son côté, la mère de Anne fait plutôt le parcours inverse : divorce.</p>
<blockquote>
<p>Elle ne s’était jamais habituée à mon apparition, et à 55 ans, elle se demandait encore comment une brunette aux yeux sombres comme elle avait pu mettre au monde une asperge aux yeux clairs telle que moi. Bien sûr, elle connaissait la réponse, mais la réponse et elles avaient divorcé quelques mois auparavant. »</p>
</blockquote>
<p>Anne et Raphaël décident de partir en voyage de noces en Californie. Et ce qui ne devait pas arriver arriva…</p>
<blockquote>
<p>- Tu ne veux pas venir avec nous, maman ?</p>
<p>- Ne serai-je pas un poids ? s’est-elle enquise par principe.</p>
<p>- Du tout a répondu Raphaël en avalant sa salive.</p>
<p>Quand on y réfléchit, il suffit de pas grand-chose pour ruiner un mariage. »</p>
</blockquote>
<p>Voici donc nos trois énergumènes en Mustang de location à travers les grandes attractions touristiques de Californie. Un périple pour le moins agité. C’est que la mère est un sacré numéro. Envahissante, curieuse, intrusive, maladroite sans-gêne et on en passe…</p>
<blockquote>
<p>Maman adore inverser les rôles. Elle fournit ses propres diagnostics aux médecins, monte des dossiers contre ses avocats, envoie sa recette de crème brûlée aux restaurateurs su bien qu’avec elle, chacun se retrouve dans l’incapacité de faire son boulot. »</p>
</blockquote>
<p>Le mari a ses susceptibilités, lui aussi, surtout lorsqu’il découvre le racisme ambiant.</p>
<blockquote>
<p>Il boucle sa ceinture, essaie de penser à autre chose, caresse l’arrête de son nez, preuve irréfutable de son sang-mêlé, compilation nasale du sud de l’Inde, de l’Ouest africain et du Nord-Pas-de-Calais. »</p>
</blockquote>
<p>Anne tente péniblement de garder la tête hors de l’eau, jusqu’à ce qu’elle tombe sur Dan O’Leary, Agent liquidateur. Spécialité mères et belles-mères, selon sa carte de visite.</p>
<blockquote>
<p>Un effet personnel que vous souhaiteriez conserver ? Les gens aiment bien garder un souvenir. Une broche. Une mèche de cheveux. Un foulard. »</p>
</blockquote>
<p>Anne se résoudra-t-elle à une telle extrémité ? Je vous le laisse découvrir. Mais sachez que vous lisez un roman où rien ne se passera jamais comme vous l’aviez prédit, ni comme ses personnages eux-mêmes l’avaient imaginé.</p>
<p>Mais ne vous y trompez pas : sous ses dehors légers, ce roman attaque de front une question d'aujourd’hui, l’émancipation de la femme non plus vis-à-vis des hommes, mais vis-à-vis de leur mère. Entre gags et situations rocambolesques, l’auteur amène une question douloureuse d'autant moins résolue qu'elle se transmet, du point de vue de l'auteur, de mère en fille... Un point de vue original, vivant et intéressant.</p>
<p><img alt="Voyage.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Voyage.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Voyage.jpg, déc. 2014" /><br />
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<em><strong>Voyage de noces avec ma mère</strong>, Véronique Sels, littérature française, Calmann Levy, sous la direction de Christian Sauvage, 208 pages, 16,50 euros. ISBN : 2702156452. Notre note : 2/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/12/21/Voyage-de-noces-avec-ma-m%C3%A8re-V%C3%A9ronique-Sels#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/322Billie - Anna Gavaldaurn:md5:ca2afdf20e77b19375ffcb37c5d3f7272014-04-12T10:42:00+02:002018-08-25T15:26:35+02:00BernardL'amour<p>Il y a des romans, comme ça, que vous dévorez, savourez, dégustez.
Et dont il ne vous reste strictement rien une semaine plus tard.</p>
<p>Cela donne ceci :</p>
<p>- Tu as aimé Billie, le dernier Gavalda ? <br />
- Ah oui, adoré, c’est tout joyeux, paisible et espiègle à la fois. <br />
- Et ça parle de quoi ? <br />
- Euh… »</p> <p>Je me suis donc replongé dans « Billie » pour vous en conter la trame.</p>
<p>C’est l’histoire de Frank et Billie, coincés dans un massif montagneux.</p>
<blockquote><p>Nous étions au fond d’une crevasse ou de je ne sais pas quoi d’embêtant. »</p>
</blockquote>
<p>Frank, blessé, semble inconscient, et Billie panique, implore les étoiles et part dans une logorrhée pour calmer son angoisse. Elle raconte le destin qui la lie à Frank, son ami homo d’adolescence, avec qui elle avait si peu en commun sauf une chose : une enfance ratée.</p>
<p>Elle.</p>
<blockquote><p>Ce n’est pas comme si j’avais été vraiment tabassée dans mon enfance, genre au point de finir en première page du magazine détective ou quoi, mais j’étais tout le temps un petit peu tapée. Une petite claque par-ci, une petite claque par-là, un petit gnon par en dessous… »</p>
</blockquote>
<p>Et lui.</p>
<blockquote><p>Tu veux que je te raconte l’effet que ça fait de grandir avec une mère sous anti-dépresseurs et un père sous anti-le-monde-entier ? »</p>
</blockquote>
<p>Leur amitié se scellera au moment de jouer, ensemble, une scène de « On ne badine pas avec l’amour », d’Alfred de Musset. La grand-mère de Frank prend Billie sous son aile, et la jeune fille découvre l’amour maternel et évolue enfin dans un autre milieu que le sien, dont elle a appris entre-temps qu’il s’appelait le quart monde.</p>
<blockquote><p>Je ne savais pas qu’il existait dans le dictionnaire un mot inventé exprès pour désigner le gourbi où je vivais. »</p>
</blockquote>
<p>Frank et Billie se perdront de vue, se reverront, se rapprocheront, s’éloigneront, physiquement ou mentalement, jusqu’à cette balade en montagne avec un âne, qui les conduira au fond du trou…</p>
<blockquote><p>Habituellement, c’est quand je bois trop de ti-punch et de rhums arrangés à La Pailotte à Samy, mais là, j’étais aussi à jeun qu’on puisse l’être quand on se cogne une randonnée en famille avec des ânes et des cons dans le Parc national des Cévennes. »</p>
</blockquote>
<p>Billie est un roman sympa, sur l’amitié entre un homme et une femme nés en terre friable. Il n’y a pas de grand moment, dans ce livre, tout est dans le pas de danse improvisé et chaotique de ces deux êtres.</p>
<p>Attention, le livre n’est pas exempt de clichés, la femme est toute puissante et l’homme viril est veule, Gavalda appuie parfois un peu lourdement sur le clavier en exagérant les formules racoleuses, mais on rit et se délecte une fois de plus du vocabulaire fleuri de l’auteur, qui écrit comme chante le canari : à tue-tête.</p>
<p>On reste attaché à ce style si humain, mais on en vient quand même à se demander si elle ne commence pas à manquer d’inspiration. Elle se le demande aussi, d’ailleurs…</p>
<blockquote><p>Je sais, petite étoile, je sais…. Ça fait vraiment trop cliché en plastique la façon dont je le raconte…. Le petit pédé souffreteux et sa Cosette des dépotoirs, j’avoue, ça manque un peu de finesse, mais bon… »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Billie.gif" alt="Billie.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Billie.gif, janv. 2014" />
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<br /> <em>Billie, Anna Gavalda, littérature française, Le Dilettante, 223 pages, 15 euros. ISBN : 1609452496. Notre note : 3/5.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda">Ensemble c'est tout</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/24/239-la-consolante-anna-gavalda">La Consolante</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/01/10/Billie-Anna-Gavalda#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/319Les reflets d'argent - Susan Fletcherurn:md5:9cb11ec35f6e72da58ef3cd4b922644e2013-12-18T10:01:00+01:002018-08-25T15:26:48+02:00BernardL'amour<p>Voici un roman qui vous fera l’effet d’un bon bain chaud.</p>
<p>Il ne vous pétrira pas l’âme, ne déclenchera pas d’émotions à rompre les digues.</p>
<p>Non, il va simplement vous envelopper, et vous en sortirez détendu, content de vivre, et de lire !</p> <p>L’histoire se passe sur la petite île de Parla, où les contes de marins sont tellement ancrés dans la mémoire collective qu’on ne sait plus trop là-bas si ce sont des histoires ou tout simplement l’Histoire.</p>
<p>Il en est une qui raconte le destin d’un homme, retrouvé vivant sur les rives de l’île, pourtant très éloignée du continent. Un être dont on raconte qu’il faisait monter le mot « espère » des galets jusqu’au sommet des falaises, à tel point qu’il redonna confiance à un homme qui ne croyait plus en l’amour.</p>
<p>Cette histoire, nichée dans l’inconscient collectif des insulaires incrédules, revient dans toute les mémoires à l’occasion d’un curieux événement, qui va bousculer le fragile équilibre insulaire. Sam Lovergrove, un marin de Parla aperçoit un homme sur la plage alors qu’il se promenait sur la falaise.</p>
<blockquote><p>Son buste est hors de l’eau ; ses jambes baignent encore dans le clapotis de la marée. Les cheveux noirs, une barbe noire. »</p>
</blockquote>
<p>L’homme est vivant, et Sam l’emporte, avec trois de ses congénères, chez Tabitha, l’infirmière. Le groupe est perplexe : l’homme échoué ressemble, en plus massif, au regretté Tom, que la mer a pris mais n’a pas rendu, à ce jour, ni mort, ni vif.</p>
<p>Mais personne n’y croit vraiment.</p>
<blockquote><p>Quand quelqu’un s’est-il échoué pour la dernière fois ? Quelqu’un de vivant ? Ça n’est jamais arrivé. La mer prend des vies ; elle ne les rend pas. Il n’existe aucune histoire de vie rendue par la mer »</p>
</blockquote>
<p>En revanche, tout le monde veut croire qu’il est l’homme-poisson de la légende, celui qui va rendre l’espoir à cette île endolorie et panser les plaies.</p>
<p>L’homme se réveille, et entame un séjour paisible chez ses hôtes.</p>
<blockquote><p>Il avait le visage d’un saint, ou le visage de qui connaît a vérité quand les autres ne la connaissent pas. Il comprenait tout – le deuil, le manque, comment les choses finissent et comment elles débutent. »</p>
</blockquote>
<p>Il va rendre vie à une ancienne porcherie, rendre le moral à Leah, cette jeune fille rongée par la dépression, et rendre vigueur au cœur de Maggie, la veuve de Tom.</p>
<p>Cet homme est-il un escroc ? Est-il Tom ? Ou même l’homme poisson ?</p>
<p>Je vous le laisse découvrir, en entrant en douceur dans ce roman délicat. Un livre à l’écriture magique : l’intrigue est légère, et pourtant, les mots vous berceront par la magie d’un style apaisant. Un roman à l’eau de rose ? Ceux que ce genre dérange pourront lui en faire le reproche, mais sa qualité l’éloigne de l’insipide production fleur bleue.</p>
<p>Une belle découverte, à l’abri des sentiers battus, comme l’île de Parla où…</p>
<blockquote><p>les plumes descendent dans les airs pour atterrir à nos pieds. Elles dérivent à la surface de l’eau comme des rêves. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Fletcher.gif" alt="Fletcher.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Fletcher.gif, nov. 2013" />
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<br /> <em>Reflets d'argent, Susan Fletcher, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, littérature anglaise, Plon, 461 pages, 22 euros. ISBN : 2290114111. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/11/24/Reflets-d-argent-Susan-Fletcher#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/316Nue - Jean-Philippe Toussainturn:md5:46a8f5a80cb37c75ff071a813b8c95022013-10-30T08:53:00+01:002018-08-25T15:27:19+02:00BernardL'amour<p>Voici un auteur qui a fait tout ce qui ne fallait pas faire : pas d’intrigue, pas de construction.</p>
<p>Un roman dilettante.</p>
<p>Mais voici sans doute le pire : ce livre est un petit bonheur.</p> <p>Marie est créatrice de mode. La saison automne-hiver bat son plein, et elle tente un « coup » audacieux : une robe de miel.</p>
<blockquote><p>Une robe sans attaches, qui tenait toute seule sur le corps du modèle, une robe en lévitation, légère, fluide, fondante, lentement liquide et sirupeuse. »</p>
</blockquote>
<p>La créatrice va plus loin : elle entend faire suivre sa mannequin d’un essaim d’abeille pour lui faire cortège. Mais le jour du défilé, c’est le fiasco. Les abeilles, déconcertées par un faux pas de la top model, la piquent de la tête au pied.</p>
<p>Et l’auteur part de cette déconvenue pour dresser un portrait de femme, Marie, tout ce qu’il y a de plus extraordinaire. Que le caprice des abeilles n’a pu que rendre plus belle. Car elle décide de cesser de travailler sur la perfection, mais de se concentrer sur ce qui échappe.</p>
<blockquote><p>Marie n’avait encore jamais envisagé de travailler consciemment sur ce qui échappe. Non, elle voulait toujours tout contrôler, sans voir que ce qui lui échappait était peut-être ce qu’il y avait de plus vivant dans son travail. Car il y a de la place, dans la création artistique, pour accueillir le hasard, l’involontaire, l’inconscient, le fatal et le fortuit. »</p>
</blockquote>
<p>Le narrateur décrit sa belle avec d’autant plus d’intensité qu’ils ont récemment rompu, mais la séparation
n’est pas plus conventionnelle que nos personnages.</p>
<blockquote><p>Nous étions tout le temps ensemble. C’était même ainsi, et uniquement ainsi, que je concevais maintenant la séparation avec Marie, en sa présence. »</p>
</blockquote>
<p>Le reste de l’histoire, si l’on peut oser ce mot, est totalement sans intérêt. Ce qui touche, c’est ce beau portrait de femme, en ses nombreuses manifestations. Comme celle-ci.</p>
<blockquote><p>Il y avait toujours eu, chez Marie, une qualité d’émotion incomparable, qui ne tenait pas tant aux circonstances réelles qu’à cette disposition océanique que j’avais repérée en elle, qui acérait sa sensibilité, l’exacerbait et faisait vibrer ses sentiments avec une intensité hors du commun. »</p>
</blockquote>
<p>Et une multitude de petits délires, de détails loufoques, que s’autorise Jean-Philippe Toussaint. Comme ici.</p>
<blockquote><p>Une lézarde était en train de s’installer dans notre rupture. Si elle venait à s’élargir, c’est l’idée même de notre séparation qui s’en trouverait menacée. »</p>
</blockquote>
<p>J’ai adoré ce roman futile. Il se fiche des codes comme d’une guigne, il suit sa route, en paix, tout occupé qu’il est à nous décrire un joyau de féminité. Un roman dilettante, c’est vrai, mais il est un aspect sur lequel l’auteur ne fait pas de concession, et c’est sans doute ce qui donne son élévation à ce livre : le style.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Toussaint.gif" alt="Toussaint.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Toussaint.gif, oct. 2013" />
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<br /> <em>Nue, Jean-Philippe Toussaint, littérature française, Les éditions de Minuit, 170 pages, 14,5 euros. ISBN : 2707323055. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/10/28/Nue-Jean-Philippe-Toussaint#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/314Ladivine - Marie NDiayeurn:md5:829b60707c47a8181c3017b34b80fd532013-08-04T17:08:00+02:002018-09-24T15:10:25+02:00BernardL'amour<p>Un mensonge peut-il traverser les générations en gardant son pouvoir de destruction ? Peut-on impunément renier ses origines ?</p>
<p>Ces belles questions humaines sont au centre de Ladivine, de Marie NDiaye.</p> <p>C’est l’histoire de Malinka, abandonnée par son père, et qui, sans doute pour des raisons de couleur de peau, a honte de sa mère, qui l’entoure pourtant d’attentions.</p>
<blockquote>
<p>Un jour où sa mère était venue la chercher à l’école et qu’une fille, lui adressant la parole pour la première fois, lui demanda, avec une moue étonnée et dégoûtée, qui était cette femme, Malinka répondit : c’est ma servante, et il lui sembla qu’elle disait une grande vérité. »</p>
</blockquote>
<p>Mais cette honte va pousser Malinka dans la spirale du mensonge. Elle rencontre Richard Rivière, l’homme de sa vie, et au moment de parler de sa famille à son bien aimé, elle gomme purement et simplement la servante.</p>
<blockquote>
<p>Mes parents sont morts, dit-elle dans un vilain glapissement qui la surprit et la heurta elle-même. »</p>
</blockquote>
<p>Et c’est ainsi qu’elle se fait appeler Clarisse. Seule sa mère, à qui elle rend de discrètes visites, sait qu’elle s’appelle Malinka et qu’elle n’est pas orpheline.</p>
<blockquote>
<p>La mère de Malinka ne devait s’introduire dans la vie de Clarisse Rivière sous nulle forme et elle seule, Clarisse Rivière, pouvait se permettre de manger la nourriture qu’elle préparait, le gâteau de larmes, les biscuits pétris de colère. »</p>
</blockquote>
<p>Dans son foyer, Clarisse va adopter un comportement étrange. Auprès de son compagnon et de sa fille, Ladivine, elle se fera absente, comme pour se punir de son imposture. Elle se coupe de toute émotion, parle peu, vit comme un fantôme.</p>
<p>Ladivine va grandir dans cette ambiance de mensonge par omission, qui aura raison du couple que forment ses parents. Elle va grandir avec son père, mais gardera à jamais le poids de ce mystère. De son côté, Malinka va s’éprendre d’un homme fragile, le seul à qui elle osera enfin présenter sa mère. Mais qui la tuera.</p>
<p>Malinka partie, Ladivine et Richard sauront-ils un jour ?</p>
<p>Je vous le laisse découvrir. Tout comme vous ferez la connaissance d’un mystérieux chien, qui pourra, tour à tour, représenter l’une des trois femmes, dans un élan fantastique dont l’auteur entoure son récit.</p>
<p>Ladivine est un roman compliqué, torturé. Que les amateurs d’intrigue limpide et univoque s’en détournent. L’écriture est complexe, si travaillée qu’elle en devient occasionnellement illisible. Et les épisodes fantastiques ne font rien pour éclairer la route. Mais l’histoire est belle, intense et profonde, les personnages parfaitement incarnés et le dénouement puissant. Sans faire l’apologie du simplisme, on ne peut s’empêcher de penser, en refermant le livre, qu’il aurait été plus beau sans ces entraves à une lecture plus fluide.</p>
<p><img alt="Ladivine.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ladivine.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ladivine.gif, août 2013" /><br />
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<em>Ladivine, Marie Ndiaye, Gallimard, littérature française, 416 pages, 20 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/08/04/Ladivine-Marie-NDiaye#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/310Le système Victoria - Eric Reinhardturn:md5:86de1cfc34e043a7bcc968d82543c3562012-02-16T08:20:00+01:002018-09-24T15:15:06+02:00BernardL'amour<p>Elle est capitaliste aux dents longues. Il est employé et pétri d'idées sociales. Ils ont tout pour se détester.</p>
<p>Mais ils s’aiment.</p>
<p>Voici le scénario diabolique du « système Victoria ». On s’y aime, y fait l’amour souvent et parle gros sous. Très gros sous. Trop gros sous.</p> <p>David Kolski ne sait pas dans quel système il met le pied, quand il fait la cour à Victoria de Winter, dans une galerie commerçante. Généralement, il est pourtant prudent dans ses écarts conjugaux.</p>
<p>Mais avec elle, il s’engage un peu plus loin. Leurs univers semblent pourtant opposés. Il est directeur de chantier sur la tour Uranus, en construction à la Défense, à Paris. Elle est DRH Monde d’une grande multinationale à capitaux américains. Son métier à lui : construire. A elle : restructurer, délocaliser, vite, vite. Deux univers.</p>
<blockquote>
<p>Elle avait fini par me demander « Et toi combien tu gagnes ?</p>
<p>- 5.500 euros brut par mois sur quatorze mois.</p>
<p>- Hein ? Quoi ? 5.500 euros par mois ?</p>
<p>- Ce qui fait environ…</p>
<p>- Tu ne gagnes que 5.500 euros par mois !</p>
<p>- Je suis d’accord avec toi. Ce qui est drôle c’est que souvent, quand je donne mon salaire, j’ai honte : soit parce qu’i est trop élevé, soit parce qu’il est trop bas. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, Victoria déstabilise David. Dans ses sentiments, et dans ses idéaux. Il y a des jours où il la déteste.</p>
<blockquote>
<p>On est en train de boire du Champagne rosé dans une chambre de l’hôtel du Louvre, mais en même temps, demain, l’une de tes subordonnées va refuser à une secrétaire une augmentation de 150 euros par mois. »</p>
</blockquote>
<p>D’autres où elle n’est pas loin de le convaincre.</p>
<blockquote>
<p>Je te l’avais bien dit qu’à mon contact tu deviendrais libéral. Tu le vois bien que c’est idiot, aujourd’hui, et complètement arriéré, d’être un homme de gauche ! De rester figé dans des principes hyper rigides, qui datent de Mathusalem ! »</p>
</blockquote>
<p>Leur amour les conduira tous deux à la perdition, car elle ne conçoit la passion que dans la vitesse et l’aveuglement. Et il la suit, aveuglément.</p>
<p>« Le système Victoria » est un beau roman d’amour. Il est cru, c’est vrai, dans sa vision du monde comme dans la description des nombreuses scènes d’amour.</p>
<p>Mais il est fin. Eric Reinhardt se garde bien de prendre position, mais au travers de quelques tirades, on sent la critique du capitalisme ambiant.</p>
<blockquote>
<p>Si ceux qui dirigent le monde n’étaient pas dans la vitesse, qu’elle soit géographique ou simplement mentale, la vérité de ce qu’ils font leur apparaîtrait d’une manière stridente : elle leur serait insupportable. »</p>
</blockquote>
<p>On reprochera peut-être à ce roman très travaillé une certaine froideur, un côté désincarné. Mais il ne rate pas son objectif : la quasi-absence de jugement de l’auteur amène le lecteur à réfléchir lui-même, non sur le système Victoria, mais sur le système tout court.</p>
<p>Serez-vous tentés par les sirènes du néo-libéralisme ? Le héros du roman vous le dira : « Prenez garde ! »</p>
<p><img alt="Victoria.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Victoria.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Victoria.jpg, fév. 2012" /><br />
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<em>Le système Victoria, Eric Reinhardt, littérature française, Stock, 522 pages, 22,5 euros. Notre note : 3/5.</em><br />
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Lisez aussi <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/13/5-questions-%C3%A0...-Eric-Reinhardt-L-interview-du-Blog-des-livres">l'interview</a> que nous a accordée l'auteur et la <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/03/31/L-amour-et-les-forets-Eric-Reinhardt">critique</a> de L'amour et les forêts.</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/12/Le-systeme-Victoria-Eric-Reinhardt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/299La délicatesse - David Foenkinosurn:md5:6386cba77f2f7a0ae36aaf39232751562012-02-05T10:16:00+01:002018-08-25T15:32:07+02:00MirianaL'amour<p>Un homme troublé par une femme dont il émane « une sorte de naturel émouvant », une grâce dans le mouvement.</p>
<p>Une femme blonde, évidemment.</p>
<p>Un homme romantique et timide, évidemment.</p>
<p>La femme craque, évidemment.</p> <p>Car...</p>
<blockquote><p>Elle est tombée sous le charme. Immédiatement, elle a aimé ce mélange de maladresse et d'évidence. »</p>
</blockquote>
<p>Barbara Cartland elle-même n'aurait pas renié une si belle formule.</p>
<p>Ils boivent un café et</p>
<blockquote><p>Tout de suite, ils ont l'impression de s'être déjà rencontrés, de se voir parce qu'ils avaient simplement rendez-vous. »</p>
</blockquote>
<p>Evidemment.</p>
<p>Je ne vous raconte pas la suite, vous l'imaginerez sans peine, tant elle est téléphonée. Eh oui, c'est bien pour ça qu'on aime tant les romans Harlequin ou autres romans de gare comme on les appelait jadis.</p>
<p>Ah, ces bluettes, ces tissus de clichés prévisibles, où les héroïnes sont toujours dignes et réservées, et d'une élégance discrète. Très important, l'élégance discrète, mais attention, avec charme déroutant à la clé. Où les héros se contentent d'aimer l'héroïne, au-delà des obstacles et surtout pour aucune raison valable si ce n'est que ce sont des femmes blondes, qui apprécient la littérature de bon goût et les meubles du même style. Qui lisent en buvant du thé d'un goût raffiné. Qui sont rêveuses et jouent à cache-cache dans la maison de leur grand-mère, car c'est tellement attendrissant, une femme à l'élégance discrète qui a su rester une petite fille, n'est-ce pas ?</p>
<p>Dans un roman Harlequin, quand les héros dansent, ils sont</p>
<blockquote><p>Seuls au milieu de la foule. »</p>
</blockquote>
<p>Quand ils s'embrassent enfin,</p>
<blockquote><p>Il y a cet émerveillement réel entre eux, celui du plaisir physique... »</p>
</blockquote>
<p>Aaaaargh !</p>
<p>Alors tout le monde crie à la banalité, au cliché ressassé, à la connerie, au vil et plat commerce, au nivellement par le bas.</p>
<p>Mais alors, pourquoi ne s'insurge-t-on pas devant "La délicatesse" de David Foenkinos, dont j'ai extrait les citations qui précèdent ? C'est un Harlequin pur et dur.</p>
<p>Non, bien pire.</p>
<p>Parce qu'il émane de lui la prétention et la suffisance du roman qui se croit original avec ses petites listes à la Bridget Jones.</p>
<p>Perso, j'ai plus de respect pour un Harlequin. Au moins, il ne prétend pas être de la littérature.</p>
<p>J'essaie de comprendre... Qui diable a pu tomber dans le panneau de ces platitudes ? Qui sont ces centaines de milliers de femmes qui ont aimé cette mièvrerie au point qu'on en fasse un film ?</p>
<p>Dénoncez-vous! Et achetez plutôt un Harlequin, c'est moins cher et tout aussi bien.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Foenkinos.jpeg" alt="Foenkinos.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Foenkinos.jpeg, fév. 2012" />
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<br /> <em>La délicatesse, David Foenkinos, Gallimard, 208 pages, 16 euros.</em>
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<br />
Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/21-les-coeurs-autonomes-david-foenkinos">Les coeurs autonomes</a>
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<br />
</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/04/La-d%C3%A9licatesse-David-Foenkinos#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/298Alzheimer mon amour - Cécile Hugueninurn:md5:4097fb583eccc84615027cab3f0066872011-12-01T17:06:00+01:002018-08-25T15:33:43+02:00BernardL'amour<p>D'accord, ce n'est pas le livre le plus comique que j'ai lu de ma vie. Je recommande même d'alterner sa lecture avec celle de Voici, ou de l'entrecouper avec un DVD de police Academy. Mais il est fort.</p>
<p>Cécile Huguenin raconte l’histoire vraie de la déchéance de son compagnon et dans la même vrille, celle de leur amour de 30 ans.</p> <p>Et nous offre la lutte sans merci qu’elle a décidé de livrer contre la maladie d'Alzheimer, là où tant d’autres ont baissé les bras.</p>
<p>Tout commence par ses symptômes qu’elle ne voulait pas voir.</p>
<blockquote><p>Depuis trente ans, chaque matin, il lui préparait son thé, celui de la boîte rouge. Mais ce matin-là, il est arrivé près d’elle hagard et désespéré, portant toutes les boites dans ses bras : "C’est lequel, je ne sais plus ?" »</p>
</blockquote>
<p>Le médecin de famille ne veut imaginer le pire, lui non plus.</p>
<blockquote><p>Foutez-lui la paix, il a bien gagné le droit d’être distrait. »</p>
</blockquote>
<p>Mais petit à petit, plus personne ne peut mettre en doute ce mal qui progresse.</p>
<blockquote><p>Ses amis qui l’ont connu brillant se sont détournés, regards gênés quand il se plaisait à répéter un mauvais calembour. »</p>
</blockquote>
<p>Elle tente de comprendre, de pénétrer au cœur de la plaie de chercher dans leur vie ce qui provoque ce retrait inexorable. Mais c’est vain. Il s’énerve, et il trouve refuge dans une maison de repos.</p>
<p>Mais Cécile ne se résout pas à cette solution de facilité. Elle lui propose l’exil à Madagascar. Il quitte la clinique.</p>
<p>Un membre du personnel :</p>
<blockquote><p>C’est la première fois que l’on voit partir un de nos résidents debout. »</p>
</blockquote>
<p>Cette escapade a tout du voyage de noces auquel elle ne croyait plus.</p>
<blockquote><p>Au petit-déjeuner, il se lançait dans un discours confus d’où ressortait qu’il était heureux. »</p>
</blockquote>
<p>Mais jusqu’où Cécile aura-t-elle le courage de lutter contre l’arrivée du mot « fin » ? Je vous laisse découvrir ses efforts tendres mais déterminés, son refus de voir le désespoir saper ses dernières énergies.</p>
<p>D’accord, on devrait le trouver au rayons romans, et non dans les livres de santé. Mais ce livre vaut tous les manuels de psychologie pour approcher au plus près de cette maladie.</p>
<p>Plus que la chute d’un homme, c’est la chute d’un amour de trente ans que raconte Cécile Huguenin.</p>
<p>Ce roman, car pour moi c'en est un, effrayera ceux qui ne veulent rien savoir, et je pourrais les comprendre.</p>
<p>Mais il rendra plus forts les lecteurs qui n’ont pas peur de se confronter avec la finitude des choses, celle qui fait aussi émerger des courages et vocations. Indestructibles, celles-là.</p>
<p>Allez, je retourne regarder Brice de Nice.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Huguenin.jpg" alt="Huguenin.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Huguenin.jpg, déc. 2011" />
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<br /> <em>Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Héloïse d'Ormesson, 125 pages, 14 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2350871703/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2350871703&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2350871703" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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<br /> Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/12/17/La-saison-des-mangues-C%C3%A9cile-Huguenin">la saison des mangues</a>.
<br />
</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/12/01/Alzheimer-mon-amour-C%C3%A9cile-Huguenin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/290Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazettiurn:md5:a7e335cf243d15a839ce5a3673bae2dd2011-11-21T07:00:00+01:002018-08-25T15:33:57+02:00BernardL'amour<p>Un titre de roman, c’est une promesse. Avec « Le mec de la tombe d’à côté », Katarina Mazetti, n’avait donc pas le droit de nous décevoir. Elle suggère qu'on peut rencontrer l'amour partout.</p>
<p>Nos tourtereaux se rencontrent donc auprès des chrysanthèmes, dans un lieu qui évoque certes l'éternité, mais pas complètement la vie : le cimetière local.</p> <p>A priori, Désirée et Benny n’ont rien en commun. Elle est bibliothécaire, bobo et citadine. Il est agriculteur. Elle vient pleurer son défunt mari. Il se recueille sur la tombe de sa mère. Leur première impression réciproque n'a d'ailleurs rien d'engageant.</p>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>Elle est décolorée comme un vieille photo couleur qui a trôné dans une vitrine pendant des années. Des cheveux blonds fanés, le teint pâle, des cils et sourcils blancs, des vêtements ternes et délavés, toujours un truc bleu ciel ou sable. »</p>
</blockquote>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Il dégage cette fierté propre aux cultivateurs du dimanche, comme si la tombe était son jardin ouvrier. Il avait une drôle d'odeur et seulement trois doigts à la main gauche. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, il y a des jours où Cupidon ne s'en fout pas. Entre elle et lui, c'est le coup de foudre, aussi violent qu'inexplicable.</p>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>Ce n'était pas exactement un déclic. Plutôt comme quand je touche le clôture électrique sans faire gaffe. »</p>
</blockquote>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Il ne m'avait pas seulement fait tourner la tête, il lui avait fait faire plusieurs tours sur elle-même jusqu'à ce qu'elle se détache. »</p>
</blockquote>
<p>Benny et Désirée se lancent donc corps et âme dans cette amour révolutionnaire. Mais très vite, les différences culturelles font des croche pieds aux deux amants.</p>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Parfois je lui demande s'il veut que je prenne quelque chose à lire à la bibliothèque, puisqu'il n'a pas le temps d'y aller. ‘Quand on a lu un livre, on les a tous lus, et j'en ai lu un l'année dernière’, répond-il en louchant comme un crétin. »</p>
</blockquote>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>On va aussi bien ensemble que la merde et les pantalons verts, comme disait mon grand-père. »</p>
</blockquote>
<p>Nos deux extra-terrestres trouveront-ils finalement un terrain d'entente ? Je vous laisse sourire jusqu'à la dernière page et son dénouement tragi-comique.</p>
<p>Voilà en tout cas un roman sans prétention. Il n'a d'autre objectif que de nous faire rire, et il le fait finement, malgré un thème assez casse-pipe. Cette qualité fait aussi son défaut : n’allez pas y chercher de grands enseignements sur la vie, lisez-le plutôt entre deux romans plus profonds.</p>
<p>Ne lui en demandez pas trop, il réussit déjà cette prouesse littéraire : nous donner le sourire sans nous le reprendre, tant que dure ce joli roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Mec.jpg" alt="Mec.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mec.jpg, nov. 2011" />
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<br /> <em>Le mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti, Actes Sud (Babel), 254 pages, 7,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742771905/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742771905&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742771905" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/11/20/Le-mec-de-la-tombe-d-%C3%A0-c%C3%B4t%C3%A9-Katarina-Mazetti#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/289Mémoire vive - Vanessa Caffinurn:md5:0d079d4337da3d126f8ab50fc4df3c9a2011-01-31T22:06:00+01:002018-10-17T18:27:21+02:00MarieL'amourfamillefemmespeinture<p>Quel livre! Ca commence sur un mode mineur: situations et dialogues si banals que vous hésitez à poursuivre. Vous vous demandez comment les critiques ont pu encenser ce bouquin.</p>
<p>Puis tout à coup, vous vous sentez accrochés et plus rien alors ne pourra vous retenir de lire ce roman jusqu'au bout.</p> <p>Sara, jeune journaliste dans un grand quotidien, ne sait pas pleurer, pas plus que son père et son grand-père n'arrivaient à le faire. Elle n'a pas d'amis, de connaissances mais peut compter sur l'amour délicat de Clarence, qu'elle n'a d'ailleurs présenté à aucun membre de sa famille, ni d'ailleurs à personne.</p>
<blockquote><p>La vie à deux n'était pas son fort. Non qu'elle fût repoussante ou invivable, au contraire. Ses traits réguliers et harmonieux, sa crinière troublante et son regard doux déstabilisaient bien souvent les hommes qui croisaient son chemin. Le problème, c'est qu'elle n'avait jamais envie de s'attarder sur leur route. Et, à vrai dire, les intéressés n'insistaient jamais. »</p>
</blockquote>
<p>Sara, cependant, est très proche de sa grand-mère, Minouche avec qui elle a souvent de longues conversations. Un jour, celle-ci lui fait une incroyable confidence: pendant la guerre, alors que son mari était au front, elle a eu une liaison avec un peintre, héros de la résistance, et de cette passion est né un fils, le père de Sara.</p>
<p>Complètement déstabilisée, celle-ci ne sait que penser d'autant que Minouche souffre de la maladie d'Alzheimer. Pour connaître la vérité coûte que coûte la jeune femme décide de partir à la recherche de ce peintre. Elle le retrouve, il vit toujours dans le Bordelais, et cette rencontre va avoir pour elle et sa famille des conséquences inattendues...</p>
<p>C'est un roman incroyable, poignant qui vous happe d'abord sur un mode mineur puis petit à petit vous entraîne dans une spirale dont vous émergez atterrés, la dernière ligne achevant de vous assommer; quelques heures après l'avoir refermé, vous cherchez encore à comprendre et vous vous dites que l'auteur vous a terriblement bluffés.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Caffin.gif" alt="Caffin.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Caffin.gif, janv. 2011" />
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<br /> <em>Mémoire vive, Vanessa Caffin, Belfond, 216 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/18/M%C3%A9moire-vive-Vanessa-Caffin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/277Purge - Sofi Oksanenurn:md5:5794b68e58ffbbf21f126647420bbdda2011-01-17T08:27:00+01:002018-10-17T18:27:43+02:00BernardL'amourenquêtefamillefemmesguerrehistoireRussiesuspense<p>Tu as lu Purge ? Euh non. Mais tu dois le lire ! Ah bon, pourquoi ? Mais t'as vu la tête de l'auteur ?</p>
<p>Or donc, on m'a recommandé près de 10 fois ce roman, sur base d'arguments hautement littéraires... Et je l'ai lu. Pas pour les piercings dans le nez de Sofi Oksanen, mais pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur.</p> <p>J'ai découvert un petit vent frais, une belle histoire. Celle de Zara, une jeune femme qui atterrit un jour comme un ovni dans le jardin d'Aliide, dans une sombre bourgade estonienne.</p>
<blockquote><p>Un ballot gisait sous les bouleaux. Aliide s'approcha sans le quitter des yeux, en alerte. Le ballot était une fille. Boueuse, loqueteuse et malpropre mais une fille quand même. »</p>
</blockquote>
<p>Vieille, acariâtre, brisée par la vie, Aliide s'inquiète de cette visite inattendue. Elle a peur car elle a quelque chose à cacher, veut virer l'importune. Et Zara a peur car elle est en fuite. Elle sait qu'Aliide est de sa famille, sans plus. Elle est son seul refuge.</p>
<blockquote><p>Il fallait essayer d'être gentille, polie, bien élevée et serviable, mais elle avait une tronche de pute et des gestes de putes. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des pages, les deux menteuses se dévoilent l'une à l'autre. Pour avoir la paix, Aliide a jadis épousé le communisme : elle s'est mariée avec Martin, un cadre du parti. Hautement sexy.</p>
<blockquote><p>Martin avait toujours des restes d'oignons dans les dents. Il avait les muscles lourds, à ses bras pendaient de la peau molle. Les longs poils des aisselles étaient jaunâtres de sueur. »</p>
</blockquote>
<p>Mais Aliide n'aimait que Hans, un opposant allemand, qu'elle cachait au domicile conjugal, à l'insu de Martin.</p>
<p>Zara, elle, a suivi une amie à Berlin, et s'est retrouvée embrigadée dans un réseau de prostitution.</p>
<blockquote><p>Tout ce sperme, tous ces poils, tous ces poils dans la gorge et pourtant la tomate avait toujours un goût de tomate, le formage de fromage, même si dans la gorge elle avait toujours des poils. Ca voulait sans doute dire qu'elle était vivante. »</p>
</blockquote>
<p>Zara a fui le réseau, non sans avoir occis l'un de ses membres éminents.</p>
<p>Aliide vendra-t-elle Zara ? Zara découvrira-t-elle pourquoi, venant de Russie, elle a de la famille en Estonie ? Lisez Purge, vous le saurez.</p>
<p>Cela en vaut la peine. Le style est très cru, mais pas sans élégance.</p>
<blockquote><p>Lénine flottait majestueusement sur le tissu rouge, le regard vers l'avenir. »</p>
</blockquote>
<p>On vit le communisme au quotidien.</p>
<blockquote><p>Talvi avec sa copine avaient frotté un jeans Sangar avec une brique à n'en plus finir, pour qu'elles aient le même genre de pantalons qui avaient l'air usé qu'à l'Ouest. »</p>
</blockquote>
<p>Et on se passionne pour ces deux destins finement croisés, pour ces deux combats humains, féminins, presque féministes.</p>
<p>La construction est également originale. L'histoire n'est pas linéaire, mais distillée en flash-backs et retours à aujourd'hui. Cela donne du rythme, mais ce n'est pas parfaitement réussi : le dénouement arrive un peu trop tôt.</p>
<p>Un grand roman, Purge ? Mieux : un grand roman à succès. Et en plus l'auteur a une tête incroyable...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Purge_m.jpg" alt="Purge.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Purge.jpg, janv. 2011" />
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<br /> <em>Purge, Sofi Oksanen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, Stock, 401 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2234062403/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2234062403&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2234062403" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/17/Purge-Sofi-Oksanen#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/276Animaux fragiles - Tawni O'Dellurn:md5:a8851c4e4b51b85bc6a116de0baa656e2010-11-17T09:40:00+01:002018-10-17T18:27:59+02:00MarieL'amourAmérique du Nordfamillepsychologie<p>Quittons la France, ses prix littéraires, ses polémiques, pour nous repaître d'un roman attachant.</p>
<p>Car il est des livres que vous n'avez pas envie de lâcher parce que vous vous attachez tellement aux personnages que vous voulez prolonger le temps passé avec eux. « Animaux fragiles » est de ceux-là.</p> <p>Deux frères adolescents se font rouer de coups par la vie : leur mère suit un de ses amants en abandonnant les deux gaillards et leur père, elle embarque au passage leur petite sœur, qu'ils aiment profondément et quelques mois plus tard, leur père décède dans un accident de voiture.</p>
<p>Ils se retrouvent alors complètement paumés.</p>
<p>Mais refusent catégoriquement de retourner vivre chez celle qui les a lâchés sans le moindre état d'âme.</p>
<p>Le destin cependant les met en présence d'une vieille dame riche vivant pratiquement recluse dans un immense domaine, mais protégée par un majordome espagnol septuagénaire lui aussi. Elle vit avec le souvenir d'un seul et brûlant amour: celui qu'elle a éprouvé pour un mythique toréro, mort sous ses yeux dans une corrida.</p>
<p>Elle les recueille et commence alors pour ces personnages un lent et difficile apprivoisement, qui va aider la vieille dame à redonner un sens à sa vie, et va permettre aux deux garçons de se reconstruire.</p>
<p>Au début, elle est là simplement, distante et peu concernée et cela leur suffit mais en obligeant ces deux animaux fragiles à respecter certaines règles, elle balise leur existence de repères auxquels petit à petit ils vont s'accrocher pour enfin se sauver de la noyade.</p>
<blockquote><p>Lorsque j'ai accueilli Kyle et Klint chez moi, j'étais convaincue d'effectuer une véritable mission de sauvetage. Pas une fois, je m'en rends compte maintenant, je n'ai pris le temps de considérer ces deux jeunes comme des être à part entière. J'ai eu tendance à ne voir en eux qu'une expérience à mener, ou deux blocs d'argile à modeler. Je ne pense pas leur être antipathique... mais je dois reconnaître que j'ai échoué à leur inspirer de l'affection.</p>
</blockquote>
<p>La suite du roman démentira sa pessimiste impression mais la pudeur des sentiments est une caractéristique commune à tous les personnages.</p>
<p>Ce livre nous plonge dans une Amérique à la fois très proche de nous et tellement insolite : des réactions, des attitudes nous étonnent mais ces "bizarreries" d'Outre Atlantique contribuent à un certain dépaysement qui est un des attraits supplémentaire du livre.</p>
<p>Quelques réserves cependant concernant une fin très américaine, elle aussi, et une traduction (à moins que cela ne soit une écriture ?) parfois lourde et tarabiscotée.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Tawni.jpg" alt="Tawni.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Tawni.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>Animaux fragiles, Tawni O'Dell, traduit de l'américain par Bernard Cohen, Belfond, 21.5 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2714443036/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2714443036&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2714443036" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/17/Animaux-fragiles-Tawni-O-Dell#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/274Sur la plage de Chesil - Ian McEwanurn:md5:fb59c9def68c852fd3f3677c0a773e392008-12-28T21:07:00+00:002018-10-17T17:30:15+00:00BernardL'amourAngleterremariagesentimental<p>L'amour peut-il se nourrir de la fusion des âmes à l'exclusion de celle des corps ?</p>
<p>C'est la question que pose Ian McEwan dans son dernier roman, avec une cruauté certaine. Nous sommes en 1962, quelques secondes avant la révolution sexuelle.</p> <p>Nous sommes en Angleterre dans les salons où les bonnes et étouffantes manières sont tenaces.</p>
<blockquote><p>C'était encore l'époque où le fait d'être jeune représentait un handicap social, une preuve d'insignifiance, une maladie vaguement honteuse dont le mariage était le premier remède.</p>
</blockquote>
<p>Edward aime Florence...</p>
<blockquote><p>Comment aurait-il pu ne pas aimer quelqu'un d'une sensibilité et d'une originalité tellement à part, d'une honnêteté et d'une lucidité si scrupuleuses, dont la moindre émotion et la moindre pensée affleuraient dans toute leur nudité ? »</p>
</blockquote>
<p>... et Florence aime Edward.</p>
<blockquote><p>Pour la première fois, son amour pour Edward était associé à une sensation physique définissable, aussi irréfutable qu'un vertige. Jusque-là, Florence n'avait eu droit qu'à un brouet d'émotions chaleureuses et réconfortantes, un épais manteau hivernal de gentillesse et de confiance. »</p>
</blockquote>
<p>Des tourtereaux si sûrs de leurs sentiments devaient nécessairement entrer dans une fusion extatique, passées les peurs des premières minutes de la nuit de noce. Mais c'était compter sans la maladresse de l'élu et sans les réserves viscérales de la belle.</p>
<blockquote><p>Florence soupçonnait qu'il y avait en elle quelque chose de profondément anormal. Son problème, se disait-elle, dépassait de loin le simple dégoût physique; tout son être se révoltait à l'idée de la nudité, des corps enchevêtrés. On était sur le point de violer sa quiétude et son bonheur essentiel. »</p>
</blockquote>
<p>Aussi la nuit de noce est-elle une nuit noire. Et l'explication qui suit, sur la plage de Chesil, est d'autant plus risquée pour ces âmes sincères...</p>
<p>« Sur la plage de Chesil » est construit avec une redoutable adresse. L'auteur s'approche à pas lents de la fameuse nuit, donnant à son récit des allures de thriller sentimental. La plume, élégante et précise se révèle altière lorsqu'il est question de livrer les sentiments les plus nobles, et crue lorsque l'auteur aborde le langage impossible des corps. Tout est finesse et vérité des sentiments.</p>
<p>Ne vous laissez pas mener en bateau sur la plage de Chesil : l'auteur est habile quand il situe son récit dans l'Angleterre puritaine. Mais le message reste universel : celui de l'incompréhension entre un homme et une femme qui s'aiment et ses conséquences parfois dévastatrices.</p>
<p>Non, les lois de l'amour n'ont pas changé. Il faudrait pour cela qu'elles existent.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Chesil_m.jpg" alt="Chesil.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chesil.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Sur la plage de Chesil, Ian McEwan, Gallimard, littérature anglo-saxonne, 149 pages, 16,90 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070402533/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070402533&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070402533" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/12/28/261-sur-la-plage-de-chesil-ian-mcewan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/241La Réserve - Russell Banksurn:md5:87933385e96868b337b44b44866fc74c2008-09-26T09:13:00+00:002018-10-18T10:13:04+00:00BernardL'amourcrimemontagne<p>Russell Banks m'a fait très peur. J'ai vraiment cru qu'il avait raté son roman.</p> <p>Pensez-donc : la banale histoire d'un quadragénaire, qui s'éprend d'une femme de 10 ans sa cadette, j'aurais pu y penser aussi.</p>
<p>Et pourtant, sous la plume de cet auteur de génie, même une intrigue d'apparence rabâchée peut prendre un élan inattendu.</p>
<p>Jordan a quarante ans et tout pour être heureux. Ce bel homme est un peintre renommé, marié à la délicieuse Alicia, qui lui a donné deux enfants.</p>
<p>Un soir, Jordan pose son hydravion dans La Réserve, un petit coin de paradis situé dans la chaîne de montagne des Adirondacks.</p>
<blockquote><p>Au bord du lac, on voyait les contours en bronze des nuages se changer en or fondu. Si l'on tournait le dos au ciel et à l'étendue d'eau, on pouvait contempler avec admiration la manière dont les forêts de pins et d'épicéas, sur les pentes, passeraient, dans l'éclat déclinant de la lumière des montagnes, du bleu-vert au rose, puis du rose au lavande. »</p>
</blockquote>
<p>Un décor si joli qu'une poignée d'Américains fortunés en ont fait l'acquisition. Jordan rend visite à l'un d'entre eux, le docteur Cole. C'est là qu'il rencontre la sirupeuse Vanessa, fille adoptive du médecin.</p>
<blockquote><p>Une beauté de classe mondiale et qui le sait, pensa-t-il. Elle ne peut être que source d'ennuis. »</p>
</blockquote>
<p>Jordan tient à son couple, à son image d'homme épanoui. Et ne craque pas. Pas tout de suite.</p>
<p>Les riches sont riches. La Réserve est radieuse. Et Jordan est fidèle. Bref, tout est à sa place dans ce petit monde féru de conservatisme.</p>
<p>Jusqu'au moment où décède le docteur Cole. Et tout bascule. Lors des funérailles, Vanessa laisse entendre que son père adoptif a abusé d'elle. Humiliée, l'épouse du docteur, Evelyn, veut faire interner sa fille, qui, prise de panique, enferme sa mère dans une cabane de la Réserve. Sa mère s'empare alors d'un fusil, mais le coup part par accident, sous les yeux de Vanessa, mais aussi de Jordan, et d'Hubert, un gardien de la Réserve, complice, malgré lui, de l'homicide involontaire.</p>
<blockquote><p>Frappés d'horreur, ils virent le fusil à la détente ultrasensible tomber dans l'espace qui les séparait de la mère de Vanessa. La crosse heurta le sol la première, et les coups partirent. Les deux canons se vidèrent presque simultanément dans la poitrine d'Evelyn. L'impact fut si fort que son petit corps fut soufflé vers l'arrière de toute sa longueur et jeté par terre en un tas désarticulé d'où dépassaient des bras et des jambes. »</p>
</blockquote>
<p>Comment nos héros vont-ils se tirer de ce pétrin ? En enterrant cet encombrant cadavre, ou en dévoilant tout au shérif, au risque de finir leurs jours en prison ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Car au fond, cette intrigue, honnête sans plus, n'est pas le clou du roman. Ce qui est spectaculaire, c'est la manière dont cette histoire est bâtie, la façon dont elle prend sa source, à la manière d'un ruisseau trop tranquille, pour gagner en épaisseur avec une impressionnante régularité, et finalement sortir de son lit et dévaster plusieurs vies.</p>
<p>Dans son cours sinueux puis incontrôlé, le récit charrie des moments intenses, dit la fragilité des hommes et des couples et ballotte des personnages si petits. Avec une psychologie profonde et éclairée, avec une écriture simple mais juste et esthétique, avec des descriptions enchanteresses, Russell Banks suit le cours de son histoire et ne s'en écarte pas une seconde.</p>
<p>Non, Russell Banks ne ratera pas un roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Reserve.jpg" alt="La Réserve" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La Réserve, Russell Banks, traduit de l'américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 380 pages, 23 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742785582/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742785582&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742785582" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/01/22/35-american-darling-russel-banks">American Darling</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/09/26/251-la-reserve-russell-banks#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/231Chaque femme est un roman - Alexandre Jardinurn:md5:62f5a65fd64c26a4ada9113e4b6c9e752008-07-16T17:27:00+00:002018-10-18T10:13:53+00:00BernardL'amourfemmessentimental<p>Vous en connaissez sûrement. Des gens prétentieux que vous ne parvenez pas à détester. Connaissez-vous Alexandre Jardin ?</p> <p>Dans son dernier roman, à l'intitulé alléchant, il entreprend de nous dire son amour de ces dames.</p>
<p>Le roman égrène quelques petites histoires amusantes des femmes de la vie de l'auteur. Amoureuses, amies, maîtresses et, bien sûr, maman, toutes lui ont permis de grandir.</p>
<blockquote><p>Ce sont les femmes, en effet, qui m'ont appris à penser autrement, loin des glissières de sécurité. Les hommes, en revanche, ne sont pas mon genre. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil de ces très courtes histoires, on croise ces phénomènes au féminin. Anne-Sophie-de-la-banque, par exemple, la guichetière qui épie l'auteur et sa famille depuis 1977, grâce à ses relevés de carte bancaire. Denise, aussi, qui envoie des bouquets anonymes aux dames de son quartier que Cupidon s'obstine à bouder. Hatsuyo, qui éconduit Alexandre Jardin sous la couette lorsqu'elle découvre qu'il n'est pas Daniel Pennac. L'auteur croise aussi Lola, qui lui laisse son portable...</p>
<blockquote><p>Et là, stupeur : cette Lola au physique tombé du ciel me laisse <em>effectivement</em> son téléphone portable de prix; au lieu de sa carte de visite. Mais à peine ai-je saisi sa manoeuvre qu'elle s'éclipse du café. Lola a disparu avec ses seins impossibles et j'ai toujours son téléphone à la main. »</p>
</blockquote>
<p>Puis il y a Heidi, la petite suissesse, dont le passe-temps consiste à occire des animaux à la carabine à silencieux, ou Leïla, qui s'invente des péchés innommables qu'elle confesse avec gourmandise dans les églises.</p>
<p>« Chaque femme est un roman » n'est pas... un roman. C'est une suite de petites histoires officiellement vécues, mais dont les personnages sont si trempés, les destins si épiques, qu'on peine à croire que la plume de l'auteur ne les a pas quelque peu fardées.</p>
<p>A la lecture, ce roman agace, car si l'objet est une ode à la femme, entre les lignes, l'auteur dit surtout son amour à Alexandre Jardin et ne se prive pas, du reste, de flatter la lectrice sans la discrétion qui sied à l'exercice. En refermant l'ouvrage, une impression de vacuité s'ajoute à ce désagrément. Puis bizarrement, quelques jours plus tard, ce recueil reste à l'esprit, avec ses gags, ses destins légers et fantaisistes et ses petites et grandes vérités, si bien dites. Comme celle-ci.</p>
<blockquote><p>Si les femmes aspirent volontiers à être aimées comme dans les livres, elles ne veulent en aucun cas que les sentiments soient du roman. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore cette sentence, que je vous livre pour terminer, une phrase si sage alors qu'elle enseigne tout le contraire.</p>
<blockquote><p>Au fond, la satiété tue ce qu'il y a de jeunesse en nous. Et si le bonheur aigu c'était ça ? Ne plus jamais dire non à sa curiosité aux aguets. Faire la guerre aux négations du siècle et sonner la charge contre les désagréments du réalisme. »</p>
</blockquote>
<p>Un bon divertissement, avec un (tout petit) zeste de profondeur.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Jardin.jpg" alt="Chaque femme est un roman" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Chaque femme est un roman, Alexandre Jardin, Grasset, 294 pages, 19,80 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/16/245-chaque-femme-est-un-roman-alexandre-jardin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/225Battement d'ailes - Milena Agusurn:md5:c107d3d2b218c8d2c2c69901f8cbc9462008-04-18T09:40:00+00:002018-10-22T13:48:42+00:00BernardL'amourItalievillage<p>Depuis combien de temps votre visage n'a-t-il plus affiché un sourire béat ? Un vrai, un grand, quasiment d'une oreille à l'autre ? Depuis trop longtemps ? Alors j'ai ce qu'il vous faut !</p> <p>Dans « Battements d'aile », Milena Agus nous offre un petit roman poétique, hors du temps, subversif, faussement naïf et hilarant ! Oui, tout cela en même temps.</p>
<p>La narratrice, une jeune fille de 14 ans, conte le destin de sa famille et de deux autres maisonnées plantées sur une colline de Sardaigne, au bord de la mer.</p>
<blockquote><p>Ici, le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d'odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés au maquis, qu'on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le printemps resplendit du blanc des fleurs d'amandiers, l'été du rouge des tomates et l'hiver de l'éclat des citrons »</p>
</blockquote>
<p>Dans la plus belle maison, vit Madame. Une personne controversée, car sa demeure bouche l'accès à la mer. Elle pourrait la vendre, et cesser de vivre dans le dénuement, mais elle refuse obstinément, au grand dam des voisins, qui, eux, n'ont pas d'état d'âme.</p>
<blockquote><p>Madame ne comprend pas que des personnes pieuses et bonnes, qui avant de manger prient pour rendre grâce à Dieu de leur repas, ne le remercient pas aussi pour ce morceau de paradis terrestre et qu'elles soient favorables à la construction de cubes en béton avec jardinets à l'anglaise, reliés par des routes carrossables, et tout ça pour de l'argent. Comme si on ne devait pas préserver l'oeuvre du Seigneur même quand cela ne nous arrange pas. »</p>
</blockquote>
<p>Heureusement, Madame est soutenue dans son combat par le grand-père de la narratrice, qui vit à côté de chez elle.</p>
<blockquote><p>Grand père dit que Madame est « l'homme nouveau », l'unique type humain qui pourra survivre à la catastrophe actuelle car elle sait distinguer entre les babioles et ce qui compte dans a vie. Madame doit défendre cet endroit. Et elle le défendra sans violence. Avec sa détermination courtoise. Parce que c'est l'arme du futur. Et le futur, c'est Madame. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le hameau, la vie s'écoule donc au fil des querelles. Outre la maison de Madame, et celle de la jeune narratrice, une troisième maison coule des jours agités. Car l'aîné de cette famille s'en est allé jouer de la trompette à Paris, ce qui déplaît fortement à ses parents, au point qu'ils n'en n'ont soufflé mot à la grand-mère. Le cadet de cette famille bien comme il faut, Pietrino, s'est lui, construit un radeau, et vogue occasionnellement, en cachette, jusqu'à l'île de Serpentara, en face.</p>
<p>Je pourrais vous citer tout le livre, car chaque phrase est une dégustation. L'intelligence de l'auteur, c'est d'avoir adapté son style d'écriture à la simplicité de ses personnages. Mais cette naïveté est trompeuse, elle est juste un voile très doux pour mettre en scène et dénoncer une société progressivement contaminée par l'argent, mais encore enserrée dans des codes rigides sur le mariage, l'argent, et la sexualité convenable. Heureusement, sur ce plan-là aussi, Madame n'est pas traditionnelle !</p>
<p>Je vous souhaite de lire ce roman qui dénonce avec le sourire, et non la violence ou l'apitoiement, comme c'est trop souvent le cas dans la littérature récente !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Battement.jpg" alt="Battement d'ailes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Battement d'ailes, Milena Agus, traduit de l'italien par Dominique Vitroz, éditions Liana Levi, 155 pages, 15 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/05/16/96-mal-de-pierres-milena-agus">Mal de pierres</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/18/237-battement-d-ailes-milena-agus#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/217Baisers de cinéma - Eric Fottorino - Prix Fémina 2007urn:md5:9e190af79345764e69177aea35d599a62008-01-13T21:54:00+00:002018-10-22T13:50:14+00:00BernardL'amourcinémaParissentimental<p>Comme moi, vous êtes sans doute attentifs aux sons, aux odeurs, au goût et autres sensations. Mais Eric Fottorino vient de m'initier avec adresse aux plaisirs de la lumière dans ses multiples nuances.</p> <p>Gilles Hector a vu le jour un peu par hasard.</p>
<blockquote><p>Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma. »</p>
</blockquote>
<p>Ces héroïnes, dont parle Gilles, sont les actrices de cinéma des films de Renoir, Chabrol et les autres. Mais le père de notre héros a emporté son secret dans la tombe. Alors Gilles se tourmente : est-il le fils de Jeanne Moreau, Anna Karina, Marthe Keller, Françoise Dorléac ou d'une éphémère starlette ?</p>
<p>Gilles préfère oublier son tourment, et s'amourache à la folie de Mayliss, une femme « très mariée », aussi fuyante que le fut la mère de notre héros. Il s'engage tête baissée dans cette noire passion.</p>
<blockquote><p>Elle m'apparaissait tel un continent de solitude dont rien ne pourrait freiner la dérive. Il n'était pas question d'amour. C'était plus grave encore. Mayliss inspirait l'envie d'aimer et la mort qui vient parfois avec cette envie. »</p>
</blockquote>
<p>Eric Fottorino conte cette amour somme toute ordinaire. Sauf qu'il la raconte en éclairagiste. Discrètement, il illumine pour nous certains petits moments entre les amoureux.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>La tête contre mon épaule, la bouche entrouverte, elle ne disait rien. Parfois un lampadaire isolé éclairait son visage. »</p>
</blockquote>
<p>Ou ici.</p>
<blockquote><p>Je me levai, Mayliss au bout de ma main, et nous sortîmes, prenant soin de sauter dans les taches de lumière qui dansaient sur le marbre. »</p>
</blockquote>
<p>Jusqu'au moment où Gilles accepte enfin la réalité.</p>
<blockquote><p>Je n'étais pas amoureux, j'étais intoxiqué. »</p>
</blockquote>
<p>Pour se libérer de sa dépendance, il part seul à la recherche de sa mère. Alors, Jeanne Moreau, Françoise Dorléac ou une autre ? Je vous laisse la surprise.</p>
<p>Que penser de « Baisers des cinéma » ? A notre tour, jouons des ombres et des lumières. Le côté sombre, c'est une écriture qui traîne parfois un peu la patte. La mécanique des événements est un peu trop visible, comme dans ces films où l'on aperçoit la perche du micro, qui donne un côté burlesque à un moment qui se voulait intense.</p>
<p>Côté lumière, des petits moments très biens rendus et une belle histoire d'amour, avec des personnages parfaitement crédibles. La psychologie est très fine, surtout chez les deux tourtereaux. Les amoureux de la passion et les passionnés de l'amour se retrouveront à coup sûr dans ce tableau. Enfin, les références cinématographiques sont nombreuses mais pas envahissantes, et toujours accessibles aux profanes.</p>
<p>Bref, pas un roman brillant, pas un texte éteint non plus, juste un agréable clair-obscur.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Baiser.jpg" alt="Baisers de cinéma" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Baisers de cinéma, Eric Fottorino, Gallimard, 189 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/13/223-baisers-de-cinema-eric-fottorino-prix-medicis-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/203Dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modianourn:md5:7e6a3f0b4ce37c560d956025f6cd5cde2008-01-06T22:04:00+00:002018-10-22T13:50:20+00:00BernardL'amourcafénostalgieParis<p>C'est comme si vous vous rendiez à deux dans un endroit animé et pittoresque, comme un café où les prix sont en francs ou un restaurant avec des nappes en papier.</p> <p>Hélas, très vite, votre interlocuteur vous ennuie. Alors vous l'écoutez d'une oreille, tandis que l'autre vibre au son des éclats de rires et de voix de la tablée voisine, où vous rêvez de vous asseoir.</p>
<p>C'est le sentiment qui m'habite en sortant du « Café de la jeunesse perdue ». Les lieux décrits ont l'air plein de vie et d'ambiances, mais mon interlocuteur, Patrick Modiano, m'a endormi.</p>
<p>L'auteur met en scène trois narrateurs successifs, qui ont en commun d'avoir fréquenté au même moment le Condé, un café parisien du carrefour de l'Odéon.</p>
<blockquote><p>Cette clientèle, un passant qui aurait jeté un regard furtif de l'extérieur l'aurait prise pour une simple clientèle d'étudiants. Mais il aurait bientôt changé d'avis en remarquant la quantité d'alcool que l'on buvait. Dans les paisibles cafés du quartier latin, on n'aurait jamais bu comme ça. »</p>
</blockquote>
<p>Ces mots sont du premier narrateur, un client un peu effacé, qui raconte comment un soir, une jeune femme que personne ne connaît, s'est installée seule à table. Le café va l'adopter, et la baptiser Louki.</p>
<p>Mais qui est Louki, quel est son vrai nom ? Roland, le deuxième narrateur, un client apparu quelques jours après la jeune femme, le sait. Le mari de Louki, alias Jacqueline, l'a mandaté pour lui ramener sa femme, disparue sans laisser de trace.</p>
<p>C'est Louki qui prend ensuite la parole. On comprend que son mari a peu de chance de la retrouver.</p>
<blockquote><p>A chaque fois que je coupe les ponts avec quelqu'un, je ressens la même ivresse. Je ne suis vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuis. »</p>
</blockquote>
<p>Le détective ramènera-t-il Louki à bon port ? Je m'arrête ici, surtout que cette intrigue mollassonne n'est que prétexte pour ressusciter le Paris perdu d'une jeunesse qui n'avait pour repère qu'un café.</p>
<blockquote><p>Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses. »</p>
</blockquote>
<p>Mais je suis déçu. J'aurais voulu vivre ce roman nostalgique comme un soirée inoubliable. J'aurais voulu m'enivrer et refaire le monde à une table du Condé. J'aurais voulu arpenter ces « zones neutres » parisiennes, ces rues qui n'ont d'autre ambition que de déboucher sur les passerelles du métro. Le temps d'un roman, j'aurais voulu aimer Louki, lui parler de livres, la laisser revenir et fuir. Mais je n'ai pas senti le zinc, l'odeur du tabac, l'amitié qui monte avec l'alcool, les détresses d'un amour illusoire et l'humidité des rues obscures qui vous glace sous la veste.</p>
<p>Non, je n'ai rien senti.</p>
<p>Ce café de la jeunesse est bel et bien perdu, et même Modiano ne l'a pas retrouvé.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Modiano.jpg" alt="Dans le céfé de la jeunesse perdue" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Dans le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano, 149 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/06/220-dans-le-cafe-de-la-jeunesse-perdue-patrick-modiano#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/200Mûriers sauvages - Imane Humaydane Younesurn:md5:f6c4d0fd5d00b23ac34eb7521ec508ac2007-12-01T16:35:00+00:002018-10-22T13:51:04+00:00BernardL'amourfamillefemmesmoyen-orientsentimentalvillage<p>Il y a des romans si doux, sensuels et savoureux qu’il se lisent lentement, comme on sirote quelques gorgées d’un thé des plus raffinés.</p> <p>« Muriers sauvages », de l’auteure libanaise Imane Humaydane Younes raconte l’histoire de Sara, qui grandit au cœur du petit village d’Ayn Tahoun. Sara n’a pas de maman et constate sans comprendre que les femmes du village ne l’appellent pas par son prénom.</p>
<blockquote><p>La fille de la maudite, voilà comment elles m’appellent. Un nom plus présent dans mon esprit que Sara. "La maudite", que mon père n’a pas cessé d’aimer et dont il garde précieusement une photographie sous son lit. »</p>
</blockquote>
<p>La vie suit doucement son cours dans la partie du village où réside Sara, avec son père, autoritaire, sa tante, aigrie, son demi frère rebelle, et sa voisine, la douce Moutia. Les jours s’écoulent au rythme du travail des chenilles qui font vivre la petite fabrique de soie.</p>
<p>Sara grandit, et, avec elle, l’envie de savoir pourquoi sa mère a disparu. Quand elle en parle à Moutia, celle-ci lui fait toujours la même réponse :</p>
<blockquote><p>Ta mère est partie à la recherche de son âme. On ne peut pas vivre sans son âme, l’air devient irrespirable. Si elle était restée ici, elles aurait fini par étouffer. »</p>
</blockquote>
<p>Sara tente de calmer ses interrogations dans l’amour. Elle vit un rêve avec Karim, à l‘endroit même au naît la soie.</p>
<blockquote><p>Il se trouvait face à moi quand, soudain, il m’a enlacée. J’ai laissé tomber une pleine brassée de feuilles en poussant un cri de surprise. Le bruit des chenilles me faisait penser au crépitement d’une averse automnale sur la terre sèche. Je me laissais entraîner à reculons vers le mur, tout en lui glissant que je sentais mon corps chanceler. Mon corps dispos jusque dans la dernière de ses fibres. »</p>
</blockquote>
<p>Je ne veux vous dévoiler si cet amour apaisera la soif de savoir de Sara, ou, au contraire, s’il lui permettra de résoudre sa question.</p>
<p>Je ne voudrais en effet vous gâcher le plaisir de déguster ce petit roman, très finement écrit, qui allie deux qualités que l’on voit rarement mariées : une écriture sensuelle, à l’instar des moments qu’elle décrit, et une très grande pertinence psychologique. Les événements paraissent parfois anodins, avant de se révéler comme autant de balises sur le chemin de la connaissance que suit inlassablement Sara. C'est aussi l'histoire de femmes qui violent intelligemment la toute puissance des hommes quand ils font entrave à leur bonheur.</p>
<p>Il y a aussi des petits moments de bonheur tout simple, sans enjeux, gratuits. Comme ici.</p>
<blockquote><p>Rien… Rien n’égale la sensation que me procure la coulée d’une goutte de rosée le long de ma nuque. Une goutte brillante sur une feuille d’amandier qui perle, roule et se détache. Elle tombe puis glisse lentement, dessinant sur ma peau une douce ligne sinueuse qui réchauffe mon corps transi. Rouvrant les yeux je vois luire au dessus de moi un soleil pâle. »</p>
</blockquote>
<p>Après une lecture difficile, après un moment pénible, où par temps glacial, qu’il est bon de s’emmitoufler dans cette belle histoire !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Muriers.jpg" alt="Mûriers sauvages" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mûriers sauvages, Imane Humaydane Younes, traduit de l'arabe (Liban) par Valérie Creusot, Verticales, 149 pages, 17,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/12/01/207-muriers-sauvages-imane-humaydane-younes#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/187La physique des catastrophes - Marisha Pesslurn:md5:c81888e1b3cb6101c38c6406fa2066c92007-11-24T16:10:00+00:002018-10-22T13:51:10+00:00BernardL'amouradolescence<p>Je suis toujours très inquiet quand je vois la presse encenser une jeune et jolie romancière.</p> <p>J’ai toujours peur d’y voir l’avant-garde du jeunisme, armée de ses canons de la beauté, qui, jusqu’ici, ont relativement épargné le roman.</p>
<p>Aussi ai-je abordé « La physique des catastrophes » le poing gauche en avant, le droit en retrait, jambes légèrement fléchies, prêt à donner de l’uppercut.</p>
<p>La jeune et jolie auteure conte l’histoire de Bleue Van Meer, une adolescente de 16 ans, qui a perdu sa maman quand elle avait cinq ans. Son père, professeur d’université, la ballotte d’une petite ville américaine à l’autre, au gré des chaires qu’il décroche. Elle voue une admiration sans borne à cet homme indépendant, érudit, généreux, plein d’humour mais avec ce brin de cynisme nécessaire à la survie dans une société américaine aux valeurs si terrestres.</p>
<p>Bleue passe tout à son père, y compris ses relations éphémères avec ses nombreuses conquêtes, qu’elle nomme les « Sauterelles ».</p>
<blockquote><p>Papa attirait les femmes comme certains pantalons en laine attrapent les peluches. Je leur avais donné un surnom : les Sauterelles (voir "Sauterelle commune", <em>Insectes ordinaires</em>, volume 24). Certaines, parmi les plus douces et les plus dociles, me faisaient de la peine, car papa avait beau ne jamais leur cacher qu’elles étaient aussi temporaires qu’un bout de scotch, la plupart étaient aveugles à son indifférence (voir "Basset", <em>Dictionnaire des chiens</em>, vol. 1). »</p>
</blockquote>
<p>Le duo finit pas se poser quelque temps à Stockton, en Caroline du Nord, où Bleue parvient enfin à s’intégrer à l’école. Elle tombe en pamoison devant Hannah Schneider, professeur mystérieuse et charismatique, dont elle fait son idéal féminin (le masculin étant déjà pris par papa).</p>
<p>Petit à petit, Bleue et sa bande d’amis, qui gravitent autour d’Hannah, se piquent d’en savoir davantage sur leur mystérieuse mentor, jusqu’à ce que celle-ci soit retrouvée pendue dans un bois, lors d’une partie de camping avec ses élèves préférés. Bleue la perspicace découvrira-t-elle la vérité ?</p>
<p>Je dois être honnête : Marisha Pessl est jeune, jolie ET talentueuse. Mes gants de boxe ne m’ont servi à rien.</p>
<p>Ce roman est plein d’humour, comme quand Bleue jalouse ses copines.</p>
<blockquote><p>Jade était la preuve sur pattes de cette réalité dérangeante : on pouvait vraiment avoir des cuisses comme ça et marcher. Et sa présence, on devait admettre ce que bien peu étaient prêts à reconnaître : il y en a qui gagnent vraiment au <em>Trivial Pursuit, éditions des Dieux</em>, on n’y peut rien, autant l’accepter tout de suite et se contenter de trois parts de camembert au <em>Trivial Pursuit, éditions Quidam</em>. »</p>
</blockquote>
<p>Et l’auteur use avec joie de l’image.</p>
<blockquote><p>Il prit tout son temps. Une dynastie Ming aurait eu le temps de s’élever et décliner entre la fin de sa dernière phrase et le début de la suivante. »</p>
</blockquote>
<p>Ou de la métaphore.</p>
<blockquote><p>Son haleine avait des relents de plate-forme pétrolière. »</p>
</blockquote>
<p>Sa pensée est vaguement dans l’air du temps, nihiliste et résignée, mais les sentiments et l’humanité sont là, qui s’expriment à la perfection. L’intrigue paraît absente par moments, mais ressurgit avec splendeur au moment où on l’attend le moins.</p>
<p>Un sérieux reproche, quand même : ce roman recèle un brin d’immaturité, qui va en décourager plus d’un. On sent l’auteure grisée par la tribune qu’elle s’accorde. Du coup, le texte est truffé d’incises, de parenthèses, de doubles ou triples métaphores pour désigner la même réalité. Marisha Pessl a un côté pimbêche intarissable et péremptoire, mais si on se bouche les oreilles de temps en temps (en sautant les longueurs), on passe des heures très agréables.</p>
<p>Oui, parfois, le jeunisme a du bon.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pessl.jpg" alt="La physique des catastrophes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La physique des catastrophes, Marisha Pessl, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laetitia Devaux, Gallimard, 610 pages, 24,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/24/204-la-physique-des-catastrophes-marisha-pessl#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/184La mécanique du coeur - Mathias Malzieuurn:md5:29b81b52297761562e017623f2de59942007-11-16T18:00:00+00:002023-01-07T20:48:03+00:00JulietteAliceL'amourcontescience-fictionsentimental<p>Vous aimez quand votre coeur fait boum ? Alors accrochez-vous, Juliette-Alice, notre rédactrice, nous a déniché un petit roman de derrière les fagots !</p> <p>Petit rappel, d'abord. Mathias Malzieu est surtout connu comme chanteur et parolier du groupe de rock français Dionysos. S'il habite la scène comme personne, il manie la plume avec tendresse, poésie et originalité. Après un recueil de nouvelles et surtout un bouleversant premier roman "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toit", le voici de retour avec un tout aussi émouvant "La mécanique du coeur".</p>
<p>Le héros s'appelle Jack, né en 1874 à Edimbourg, le jour le plus froid du monde. Il fait tellement froid que le coeur de Jack en est gelé. L'étrange dame qui le met au monde remplace son coeur par une horloge que notre ami remonte chaque matin. Mais gare aux tourments de l'amour ! lui suggère sa "marraine". Si Jack tombe amoureux, la grande aiguille lui transpercera la peau...</p>
<blockquote>
<p>Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors, pour toujours à l'horloge de ton coeur, la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique de ton coeur sera brisée à nouveau.</p>
</blockquote>
<p>Et ce qui ne devait pas arriver arriva : Jack tombe très vite amoureux d'une petite chanteuse qui le met dans tous ses états. Miss Acacias (c'est son nom) disparaît du jour au lendemain. Notre héros décide de partir à sa recherche et traverse l'Europe en croisant Jack L'Eventreur mais surtout accompagné de Georges Méliès, le père des effets spéciaux au cinéma.</p>
<p>Disons-le tout net : j'ai versé quelques larmes pendant la lecture de "La mécanique du coeur". Pas des torrents, d'accord, mais j'ai été réellement émue par la beauté de l'écriture de Mathias Malzieu, qui explore avec candeur et aussi naïveté la passion amoureuse.</p>
<p>Sa mécanique du coeur est aussi un bel hymne à la différence. Un hymne qui ne demande qu'à être lu, d'abord. Et partagé, ensuite.</p>
<p>Et comme un bonheur ne vient jamais seul "La mécanique du coeur" se décline aussi en disque puisque Dionysos en a fait un tout nouvel album. En bande-son au roman avec une pluie d'invités dont Olivia Ruiz (madame Malzieu), Grand Corps Malade ou Alain Bashung. Extrait.</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Mecanique.mp3" /></audio>
</div>
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Une fois lu ce conte sur la passion amoureuse, vous n'aurez envie que d'une chose. Courir chez votre libraire préféré et offrir "La mécanique du coeur" aux gens qui comptent pour vous parce que ce livre fait l'effet d'un délicieux et onctueux <a href="http://amourplaisiretgourmandise.skynetblogs.be/post/4720263/-le-cuberdon">cuberdon</a>.<br />
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<img alt="Mécanique" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mecanique.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em>La mécanique du coeur, Mathias Malzieu, Flammarion, 220 pages, 17 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290012459/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290012459&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img alt="" border="0" height="1" src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290012459" style="border:none !important; margin:0 !important;" width="1" /><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/16/201-la-mcanique-du-coeur-mathias-malzieu#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/181La passion selon Juette - Clara Dupont-Monod - Rentrée littéraire 2007urn:md5:7d74a897d01f85553e51fa9c81c8fbf82007-11-01T12:38:00+00:002018-10-22T13:51:52+00:00BernardL'amourmoyen-âgereligionsentimental<p>Vous êtes un homme, un curé ou les deux ? Alors faites le gros dos : Juette va vous administrer une raclée.</p> <p>Juette naquit en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Sa maman l’avait pourtant élevée dans les préceptes de l’époque.</p>
<blockquote><p>Ma mère dit qu’on ne trouve pas de mari si on ne sait pas coudre. »</p>
</blockquote>
<p>Mais Juette n’est pas du genre à boire ces paroles comme de l’eau bénite.</p>
<blockquote><p>Les vrais fous, ce sont peut-être les esprits vertueux, comme ma mère. Ils effacent la vie, aveuglés par leur désir de ressembler aux anges. »</p>
</blockquote>
<p>Elle accepte néanmoins le mariage, puis la maternité qu’on lui inflige. Au prix d'une haine tenace de l'homme...</p>
<blockquote><p>L’enfant hurle mais je refuse de le nourrir. Une voisine s’en charge. Je ne lui ai pas donné de nom. Mon mari en a trouvé un. Il me l’a dit mais je ne m’en souviens plus. Il fait sauter l’enfant sur ses genoux. Je les observe, ces deux mâles inscrits dans leur glorieuse lignée. Quarante ans les séparent et, déjà, la même tyrannie. Ce sont des voleurs. »</p>
</blockquote>
<p>Mais l’âge adulte, que l’on dit pourtant de la sagesse, provoque en elle le réveil du volcan. Elle se débarrasse de son mari, abandonne son enfant et entre à la léproserie, tenue exclusivement par des femmes, dont elle prend la direction. Elle peut dès lors laisser éclater ses haines et s’en prendre à ses deuxièmes victimes : les prêtres.</p>
<blockquote><p>Rien n’arrête ma colère. Je mets en garde contre les prêtres qui couchent avec leurs paroissiennes. Les gens du clergé ont le vice dans la peau. Les hommes de Dieu se goinfrent. Pourquoi ont-il lu les textes qui imposent une purée de pois le soir, une autre de fèves à midi. Alors comment expliquer ces ventres ronds et tendus ? »</p>
</blockquote>
<p>Un mâle, un seul, prénommé Hughes, homme et prêtre à la fois, aura le droit d’approcher Juette. Sa vision de la foi est touchante, qui pourait s’appliquer aux passions d’aujourd’hui.</p>
<blockquote><p>Juette et moi tenons beaucoup à ce petit oiseau blotti au creux de chacun, tiède et vivant, que d’autres appellent la foi. Il faut nourrir cet oiseau chaque jour et ne pas s’alarmer lorsqu’il est malade. Cela demande du temps et du calme. »</p>
</blockquote>
<p>Hughes parviendra-t-il à apaiser Juette ?</p>
<p>La passion selon Juette est une claque. Clara Dupont-Monod l’administre sèchement, y compris dans l’écriture. La haine de Juette est assénée, et, même si le roman n’est pas totalement exempt de psychologie, on voudrait disposer de plus d’éléments pour goûter cette violence. C’est tout le problème des claques : elles font mal au corps et au cœur mais on ne les comprend pas toujours. Peut-être parce qu’elles sont de trop brefs cris d’amour ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Juette.jpg" alt="La passion selon Juette" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La passion selon Juette, Clara Dupont-Monod, Grasser, 233 pages, 17,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/01/194-la-passion-selon-juette-clara-dupont-monod#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/175Le canapé rouge - Michèle Lèsbre - Rentrée littéraire 2007urn:md5:8caf90fa2755cbe46ee89268d03c6f4b2007-09-21T21:17:00+00:002018-10-22T14:34:23+00:00BernardL'amourParisRussievoyage<p>Le sirop d’Erable vous écœure ? Vous ne pouvez plus supporter les slows du genre « Hotel California » ? La boule de glace sur la tarte tatin devrait, selon vous, être rayée de la carte (des desserts) ? Alors ne lisez pas « Le canapé rouge ».</p> <p>Ce roman sucré raconte l’histoire d’Anne, qui entreprend un voyage en train à travers la Russie pour retrouver Gyl, l’homme qu’elle n’aimait plus vraiment mais bon encore un peu alors elle a voulu le revoir.</p>
<p>Anne raconte son périple ferroviaire, son arrivée dans cette petite ville au bord du lac Baïkal et le destin de son ancien amant. Un destin qu’elle soupçonnait, mais qu’il lui a fallu approcher au plus près.</p>
<p>Anne croise ce récit avec celui de sa fascination pour Clémence, sa voisine âgée, qui vit à l’étage en dessous de chez elle, à Paris. Clémence a élu domicile dans un canapé rouge, qui trône en ses appartements.</p>
<blockquote><p>Deux fois par semaine je descendais l’étage pour lui faire un peu de lecture, ou lui raconter la vie de femmes qui m’étaient chères par leur insolence, leur courage, leur espièglerie parfois, leur destin tragique souvent. »</p>
</blockquote>
<p>Ces femmes qui se nomment Marion de Faouët, Olympe de Gouges, Milena Jesenská ou Anita Conti.</p>
<p>Les deux amies se racontent aussi leurs amours, déçues ou non, et la façon dont elles tentent de ressembler à leurs héroïnes, une obsession que Clémence poussera finalement au-delà des limites.</p>
<p>Malgré ses bonnes intentions, je sors de ce roman avec un brin d’irritation.</p>
<p>Il regorge de clichés. En Russie, les gens s’appellent « Boris, Piotr ou Vania ». Ils ont « les yeux gris-bleus ». Dans le train, la narratrice lit Dostoïevski. A Moscou, elle traverse la place Rouge et visite le musée Pouchkine. Et puis la mafia se terre, « derrière les vitres teintées des Mercedes. » Quand il est question de Cuba, c’est pour évoquer les Mojitos, quand on aborde Venise, c’est pour parler du « clapotis de l’eau sous la fenêtre. »</p>
<p>Sans parler des phrases qui se veulent aériennes, des sentiments qui se veulent élevés, mais qui peinent à quitter le plancher des vaches.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>Je pensais à Gyl, à cette maxime tibétaine disant que le voyage est un retour à l’essentiel. Et puis je m’étais tue, absorbée par l’inquiétude qui me poussait si loin, si seule. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, moi qui ne suis pas le dernier à verser une larme quand d’autres gardent contenance, ce livre ne m’a pas touché. Personnellement, j’aime que l’émotion me surprenne, j’aime tomber dans le piège des mots choisis et des situations subtiles d’où naît le grand frisson.</p>
<p>Mais ici, je n’ai pu m’abstraire d’un inconfort, qui m’a rappelé ces vins où l’on ajoute des copeaux de bois pour leur donner un goût de vanille...
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Canapa.jpg" alt="Le canapé rouge" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le canapé rouge, de Michèle Lèsbre, éditions Sabine Wespieser, 149 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/21/169-le-canape-rouge-michele-lesbre-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/151Alabama Song - Gilles Leroy - Rentrée littéraire 2007urn:md5:440a4394a07375d03b4e836a9acecfa92007-09-19T15:17:00+00:002018-10-22T14:34:29+00:00BernardL'amoursentimentalécrivain<p>Cela vous est déjà arrivé ? Vous entamez, un peu distrait, la lecture d’un roman. Et à mi-chemin, c’est la révélation : vous comprenez tardivement un élément qui change totalement votre lecture...</p> <p>J’étais donc entré dans Alabama Song par la petite porte, sans autre attente que celle suscitée par un titre alléchant.</p>
<p>Direction Montgomery, Alabama, à la rencontre de Zelda. Une femme de tête.</p>
<blockquote><p>Je suis la fille du Juge, la petite fille d’un sénateur et d’un gouverneur : je fume et je bois et je danse et je trafique avec qui je veux. Je suis une salamandre : je traverse les flammes sans jamais me brûler. »</p>
</blockquote>
<p>Au soir de la Grande Guerre, elle fait la connaissance de Fitz, un aviateur venu des Grands Lacs, et en partance pour le Vieux Continent. Il s’est promis de devenir un écrivain célèbre. Et comme en Europe, les canons se taisent, il se consacre à son rêve, et le réalise.</p>
<p>Fitz et Zelda vont vivre une passion. Pas de celles qui consument les êtres en un rien de temps, non, un amour fou qui va les brûler durant trente ans.</p>
<p>Au fil de ma lecture, je me rends compte que Fitz est un diminutif de Fitzgerald. Tiens, tiens. Et que Zelda le nomme aussi Scott, ou Francis. Mmh. Francis Scott Fitzgerald. Il me semble avoir déjà vu ces noms et prénoms accolés. Et soudain ça fait tilt, Scott Fitzgerald ! bon sang mais c’est bien sûr : l’auteur de Gatsby le magnifique !</p>
<p>Voilà qui change totalement ma lecture, car savoir qu’une telle passion exista, qu'elle fut aussi littéraire que charnelle, me la rend d’autant plus incandescente.</p>
<p>Dans les années folles, cette amour transforme Zelda.</p>
<blockquote><p>Pour la première fois à Manhattan, je suis une femme sexy, une bombe comme ils disent, une femme avec qui l’on sort fou de fierté et avec qui l’ont rentre fou de désir. »</p>
</blockquote>
<p>Le succès de Scott passe. Le déclin s’immisce, mais la passion dure.</p>
<blockquote><p>J’ai épousé un artiste ambitieux, me voici douze ans plus tard flanqué d’un notable ivrogne et couvert de dettes, telle la dernière des rombières. »</p>
</blockquote>
<p>De la naissance de cette amour à la destruction de ses deux jouets, Gilles Leroy nous ballade dans ces vies exagérées.</p>
<p>Il prend des risques : il invente une partie de la vie de Zelda, il retourne parfois 20 ans en arrière, trois en en avant, six ans plus tôt en deux ou trois paragraphes. Le lecteur n’a pour seul repère que les dates, que l’auteur a inscrites dans la marge. On est parfois perdu, mais c’est presque un plaisir, comme si cette passion nous emportait un peu, nous aussi.</p>
<p>Et puis il y a des élans de profondeur et de sensibilité, comme ici, sur l’amitié entre hommes.</p>
<blockquote><p>Deux hommes ne mesurent jamais la dimension physique de leur attirance l’un envers l’autre. Ils l’enfouissent sous les mots, sous des concepts sentimentaux tels que la fidélité, l’héroïsme ou le don de soi. »</p>
</blockquote>
<p>L’utilisation de personnages célèbres n’est pas un prétexte pour faire un roman facile ou étaler une culture. Non, ici c'est un tremplin pour une vraie création, originale, profonde et très bien écrite.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Alabama.jpg" alt="Alabama Song" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Alabama Song, Gilles Leroy, Mercure de France, 192 pages, 15 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/19/168-alabama-song-gilles-leroy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/150Le nouvel amour - Philippe Forest - Rentrée littéraire 2007urn:md5:e2c464af692100e4b254ae87dbea11f82007-09-07T09:45:00+00:002018-10-22T14:35:11+00:00BernardL'amourfemmessentimental<p>Vous arrive-t-il de dévoiler quelques détails de votre intimité à des inconnus ? Beaucoup ne le font qu’au compte-goutte. Philippe Forest lui, ouvre carrément le robinet, et y accroche le tuyau d’arrosage. Je plains son entourage, élevé malgré lui au rang de héros de roman d’amour.</p> <p>Dans « Le nouvel amour », il raconte par le menu son histoire avec Lou, une femme qu’il a rencontrée au moment où il n’attendait plus rien.</p>
<blockquote><p>Mon existence ne différait de celles des autres que sur un seul point : elle était sans avenir. La reconduction à l’identique des jours, des semaines, des années, me laissait immobile au sein du grand mouvement du temps qui poussait tous les autres vers l’avant ».</p>
</blockquote>
<p>Il est marié avec Alice, la maman de sa petite fille envolée à jamais. Cette expérience de profond désespoir l’unit encore à elle, d’un lien qui ressemble à l’amour, mais qui ne l’empêche pas de fondre pour Lou.</p>
<blockquote><p>Un nouvel amour vient et, comme on a déjà vieilli, il y en a eu beaucoup d’autres avant lui. Et pourtant, il est le seul. Tout ce que l’on vous a donné avant lui, il vous le donne une fois de plus. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des pages, Philippe et Lou vont vivre une histoire accidentée dont le premier donne le ton. Il rend Lou heureuse ou malheureuse, en fonction de sa météo affective, qui, parfois lui fait promettre l’éternité à sa maîtresse, parfois lui fait entrevoir la rupture et son retour auprès d’Alice.</p>
<p>Le ton est cru.</p>
<blockquote><p>Même la masturbation ne parvenait plus à me reconduire vers la nuit. Je ne trouvais plus dans ma tête les images de Lou qui auraient suffi à me faire vider ensuite dans les draps. »</p>
</blockquote>
<p>Je n’ai pas envie de déconseiller roman, car la langue est belle et je sais que les histoires affectives des autres permettent parfois de se situer sur la carte de ses propres amours.</p>
<p>J’ai juste envie de dire que, personnellement, j’éprouve une aversion pour ce genre de littérature.</p>
<p>Cette histoire d’amour est d’une profonde banalité. L’auteur semble en être conscient, et se justifie parfois en disant que certains aspects des amours ne figurent dans aucun roman, comme s’il cherchait un prétexte pour se raconter.</p>
<p>Je me fous de savoir que Philippe Forest se fait jouir tout seul et qu’il fait l’amour toutes les trois pages à sa maîtresse. Le seul but de ce livre est que Monsieur se sente mieux et tant pis pour le lecteur.</p>
<p>Je n’ai rien contre l’écriture-thérapie. En revanche, le manque d’inspiration me désole. Et quand il s’étale avec autant de nonchalance et de manière assumée, je trouve ces écrits égoïstes. Je me trouve dur, là, mais rien à faire : j'ai vraiment l'impression que je pense ça :-)
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Forest.jpg" alt="Le nouvel amour" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Philippe Forest, Le nouvel amour, Gallimard, 174 pages, 16 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070361233/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070361233&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070361233" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/07/160-le-nouvel-amour-philippe-forest-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/143Ni d'Eve ni d'Adam - Amélie Nothomb - Rentrée littéraire 2007urn:md5:45cb1b31fd8b70a94a3bdc131c97e5602007-08-25T14:58:00+00:002018-10-22T14:35:43+00:00BernardL'amourAmélie Nothomborientsentimental<p>C’est l’histoire d’une fille, elle vit au Japon elle sort avec un mec puis c’est fini.</p> <p>Telle est l’intrigue stephenkinguesque du nouveau roman d’Amélie Nothomb. Or donc, Amélie, avant de connaître les raffinements de la société anonyme japonaise, relatés dans « Stupeur et tremblements » a rencontré un galant, Rinri, son étudiant au cours de français. Et même qu’elle l’a embrassé avec la langue.</p>
<p>Ce n’est pas dans cette tragédie échevelée qu’il faut chercher l’intérêt du roman. Non, pour en extraire le nectar, il faut démasquer le livre. Retirez soigneusement la couverture de papier glacé et que découvrez-vous : un guide Marabout ! Intitulé : « Je découvre les différences entre les Japonais et les Occidentaux. »</p>
<p>Chapitre un : Saviez-vous que les Japonais se lavaient AVANT de rentrer dans la baignoire ?</p>
<blockquote><p>Rinri, respectueux de la tradition, se récurait entièrement dans le lavabo avant d’entrer dans le bain : on ne souille pas l’eau de l’honorable baignoire. Je ne pouvais pas me plier à un usage que je trouvais si absurde. Autant mettre des assiettes propres dans un lave-vaisselle. »</p>
</blockquote>
<p>Chapitre deux : Saviez-vous que les Japonais n’étaient PAS voleurs ?</p>
<blockquote><p>Aller au cinéma à Tokyo déconcertait. Les gens s’installaient dans de vastes salles confortables, d’aucuns se rendaient aux toilettes mais pour garder leur place laissaient ostensiblement leur portefeuille sur leur siège. Je suppose qu’à leur retour il ne manquait pas un yen. »</p>
</blockquote>
<p>Chapitre trois : Saviez-vous que les Japonais mangeaient des poulpes AGONISANTS ?</p>
<blockquote><p>Je l’enfonçai dans ma bouche et essayai d’y planter les dents. Il se passa alors une chose atroce : les nerfs encore à vifs du poulpe lui intimèrent de résister et le cadavre vengeur attrapa ma langue de tous ses tentacules. Il n’en démordit plus. Je hurlai autant que l’on peut hurler quand on a la langue gobée par un poulpe. J’essayai de détacher l’animal avec mes mains : impossible, les ventouses collaient formidablement. Je voyais le moment où j’allais m’arracher la langue. »</p>
</blockquote>
<p>Du sommet du mont Fuji aux faubourgs d’Hiroshima, des villas Tokyoïtes aux auditoires d’universités pour ratés, Amélie Marabout Nothomb, nous offre cette année quelques Polaroids japonais. L’humour est là, indiscutable, souvent efficace, parfois cabot. L’écriture reste leste, mais fait un peu costume trois pièces en tribune debout non couverte, vu la légèreté du sujet (même si je l’embrasserais bien avec la langue pour avoir trouvé des mots comme « ergastule » et « érémitique », qu’on ne trouve pas dans les Marabouts).</p>
<p>Un grand Nothomb ? Non, trop creux. Disons plutôt comme là-bas : un honorable Nothomb.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Adam.jpg" alt="Ni d'Eve, ni d'Adam" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Ni d'Eve ni d'Adam, Amélie Nothomb, éditions <del>Marabout</del> Albin Michel, 245 pages, 17,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/25/151-ni-d-eve-ni-d-adam-amelie-nothomb-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/133Au secours pardon - Frédéric Beigbederurn:md5:d6052c900beb941f00f9e47729130ef62007-08-21T13:56:00+00:002018-10-22T14:35:54+00:00BernardL'amourfemmesRussiesentimental<p>Il y a plein de bons mots dans le dernier livre de Frédéric Beigbeder. Il y en a déjà un sur la couverture. Il est marqué « roman ».</p> <p>C’est un peu comme si les événements s’étaient produits comme ceci.</p>
<p>Il était un fois un écrivain de quatre bonnes dizaines d’années. Irrité par certains excès de son temps, il a hâte d’écrire son septième roman afin de coucher sur papier ce qui l’empêche de se coucher lui.</p>
<p>Il se sent mieux après avoir écrit ceci.</p>
<blockquote><p>Chez moi, on traite les enfants d’immigrés comme des délinquants à longueur d’année, jusqu’à ce qu’ils le deviennent, car les pauvres sont tellement obéissants qu’ils finissent par foutre le feu aux autobus et aux bagnoles, par courtoisie, pour ressembler à l’image qu’on leur projette d’eux-mêmes depuis la naissance. »</p>
</blockquote>
<p>Et ceci.</p>
<blockquote><p>En résumé, j’ai quarante ans : je ne sais pas qui je suis et je ne sais plus qui j’étais. L’angoisse du quadragénaire à l’approche de son anniversaire vient de l’addition de ces deux catastrophes. »</p>
</blockquote>
<p>Apaisé, mais arrivé à la page 153, il se rend compte qu'il n'a pas d'histoire. L’avorton de tragédie esquissé au début est donc complété. Il prend la forme d’un monologue d’Octave, qui s’adresse à un pope. Le prêtre orthodoxe l’écoute religieusement dans son église, en plein cœur de Moscou.</p>
<p>Octave exerce la profession de « talent scout ». Il est chargé par une grande firme de cosmétiques de trouver en Russie de nouveaux mannequins vedettes. Ou, pour reprendre ses mots :</p>
<blockquote><p>Mon but est simple : que trois milliards de femmes aient envie de ressembler à la même. »</p>
</blockquote>
<p>Sur des pages entières, Octave décrit le cynisme de sa profession, avec tellement de chaleur et d’humanité qu’il n’est absolument pas crédible.</p>
<p>Et ce qui devait arriver arriva : il tombe amoureux d’une de ses « cibles », Lena, qui voit en lui une puissante turbine d’ascension sociale. Et le roman se termine sur une glissade grotesque, qui trace au coin de vos lèvres un irrépressible rictus, éventuellement assorti d'un « mais quel con ! » généralement réservé aux feintes un peu lourdes lâchées par ceux qu'on aime bien quand même.</p>
<p>En fait, pour apprécier « Au secours pardon », il faut oublier que ce livre voulait devenir roman quand il était petit. Il faut le lire comme un édito géant sur une société que le dieu argent frustre et qui s’en cherche un autre. Les considérations sensibles et faussement immatures d’Octave séduisent, sur l’argent, l’oubli de l’autre, la lubricité des hommes, l’exigence des femmes et la rupture entre les premiers et les secondes. En le lisant de cette façon, on passe un bon moment, on se prend à réfléchir, alors qu’on n’était pas venu pour ça.</p>
<p>Et on se dit qu’en fait, Beigbeder n’est pas un romancier de talent. Car il faut pour cela deux éléments : être romancier et avoir du talent. Il lui manque le premier.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Beig.jpg" alt="Au secours pardon" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Au secours pardon, Frédéric Beigbeder, Grasset, 19,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/21/149-au-secours-pardon-frederic-beigbeder#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/131Elles - J.-B. Pontalisurn:md5:1bfd865ac0c205926b86a4766490dd162007-08-05T16:35:00+00:002018-10-22T14:36:18+00:00BernardL'amourfemmesnouvelles<p>Mon voyage au pays de la femme continue.</p> <p>En cette période estivale, c’est une destination de choix. Après avoir exploré leurs <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/07/21/137-mensonges-de-femmes-ludmila-oulitskaia">mensonges</a>, je suis parti à la recherche de leur âme, qui se révèle si bien dans l’amour. Mon guide est J.-B. Pontalis. Il connaît d’autant mieux la région qu’il est la fois écrivain, psychanalyste et amoureux.</p>
<p>Dans « Elles », son dernier ouvrage, il raconte une quarantaine de petites histoires d’amour sans aucune prétention. Ni dans l’intrigue, qui ne peut trouver son espace vital dans des textes aussi courts, ni dans l’écriture, propre, sans plus.</p>
<p>Pontalis raconte des courtes nuits d’amour, la déchéance d’un homme auquel les femmes, comme la chance, avaient toujours souri, il parle aussi de l’érotisme raffiné des tableaux de Bonnard ou encore de Bernard, qui aimait deux femmes à la fois. Il égrène aussi quelques-unes de ses amours de jeunesse, nous parle de sa mère, de la petite sœur qu’il n’a pas eue, et des idylles d’amis à lui, ou patients de son cabinet de psychanalyse.</p>
<p>Soyons honnêtes : ces histoires n’ont généralement aucun intérêt. On les oublie d’ailleurs presque aussi vite qu’on les a lues.</p>
<p>Mais alors, pourquoi ai-je aimé ce livre ? A cause des analyses psychologiques de Pontalis, livrées l’air de rien. C’est un peu comme ces chansons de variété dont on se surprend parfois à écouter les paroles, pour découvrir qu’elles éclairent une partie de nous-même, qu’elles livrent un message important, caché derrière une rengaine sans intérêt.</p>
<p>Il lâche, aussi quelques petites vérités universelles. Je vous en livre trois, vous les laisse méditer et poursuis mon voyage.</p>
<blockquote><p>Elle lui aura appris, pensera-t-il plus tard, que toute femme est insaisissable, alors même que les hommes se vantent de les prendre. »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Les signes du désamour sont plus visibles que ceux de l’amour. »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Ce qu’il y a de plus horrible, dans la vieillesse, c’est que les femmes ne s’intéressent plus à vous alors qu’elles vous intéressent encore. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pontalis.jpg" alt="Elles" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Elles, de J.-B. Pontalis, Gallimard, 197 pages, 15,5 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/05/140-elles-j-b-pontalis#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/113L'amour est très surestimé - Brigitte Giraudurn:md5:8bc22fb5b601fc30f214ca00d09c39eb2007-06-01T09:16:00+00:002018-10-22T14:39:46+00:00BernardL'amournouvellessentimental<p>Les histoires d’amour finissent.</p> <p>Mal ? Elles finissent, c’est tout. C’est la thèse du recueil de nouvelles de Brigitte Giraud, « L’amour est très surestimé ». Avec un réalisme qui confine à la cruauté, elle décrit, sans amour, des idylles qui expirent.</p>
<p>Elle dissèque l’avant.</p>
<blockquote><p>C’est la fin de l’histoire et vous ne le savez pas. Il est là, debout devant la fenêtre, et vous lui en voulez de masquer la lumière. Ce n’est pas lui que vous voyez mais le jour qu’il empêche d’entrer. »</p>
</blockquote>
<p>Elle déshabille le pendant.</p>
<blockquote><p>Nous allons réunir les enfants ce soir. Nous allons leur apporter la preuve que l’amour n’est rien, rien de ce qu’on nous avait laissé croire. Nous allons apparaître sous un jour nouveau, minables et coupables, approximatifs. Nous allons encore dire « nous » pour la dernière fois, ensuite nous parlerons comme tous les parents séparés, nous dirons « ton père », nous dirons « ta mère » et surtout nous passerons à la première personne du singulier. »</p>
</blockquote>
<p>Et, audacieuse, elle raconte l’après. L’après de Bertrand Cantat.</p>
<blockquote><p>Personne ne parlait plus de Bertrand Cantat. Il commençait à purger sa véritable peine. Il devenait inconvenant de penser à lui comme à un homme en deuil. Et c’est ainsi que je pensais à lui, que j’y pense encore aujourd’hui. Tuer n’empêche pas d’être en deuil. »</p>
</blockquote>
<p>C’est noir. C’est triste. Surtout quand c’est dit par un enfant.</p>
<blockquote><p>Cela arrive le matin après le petit-déjeuner, après que mon père a lavé les bols et rangé le pain et le miel, après que j’ai essuyé la table. Ma mère nous quitte et part à pied. Elle prend une petite valise et mon frère par la main. »</p>
</blockquote>
<p>C’est bien écrit. Mais c’est dans l’air du temps, désabusé et enclin à vous persuader de rejoindre les rangs des déçus. Ne la croyez pas : elle ment.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Giraud.jpg" alt="L'amour est très surestimé" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'amour est très surestimé, Brigitte Giraud, Stock, 92 pages, 11 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/01/103-l-amour-est-tres-surestime-brigitte-giraud#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/88Mal de pierres - Milena Agusurn:md5:6e9c2863473e5c7abd938ba06fbe5e042007-05-16T11:12:00+00:002018-10-22T14:40:17+00:00BernardL'amourfamilleItaliemaladie<p>C’est un petit livre, un tout petit livre. Mais quand vous allez commencer à le lire, un étrange phénomène va se produire…</p> <p>Imperceptiblement, votre vitesse de lecture va se réduire. Et vous allez goûter les mots comme on regarde un paysage, ou comme on observe un petit animal sauvage.</p>
<p>La narratrice raconte la jeunesse de sa grand-mère, en Sardaigne, pendant et après la guerre. La jeune sarde est atteinte du mal de pierre, plus vulgairement connu sous le nom de calculs aux reins. Mais à vrai dire, ce n’est pas cela qui la fait souffrir. Non. Son tourment, c’est l’amour, qui ne vient pas.</p>
<blockquote><p>Le dimanche, quand les autres filles allaient à la messe ou se promenaient sur la grand-route au bras de leur fiancés, grand-mère relevait en chignon ses cheveux et elle se rendait à l’église demander à Dieu pourquoi, pourquoi il poussait l’injustice jusqu’à lui refuser de connaître l’amour, qui est la chose la plus belle. En confession, le prêtre disait que ces pensées constituaient un grave péché et que le monde offrait bien d’autres choses, mais pour grand-mère elles étaient sans intérêt. »</p>
</blockquote>
<p>Cette incapacité à faire alliance irrite superbement sa mère, qui la tient pour folle, surtout qu’elle écrit à ses prétendants éphémères des poèmes enflammés qui ne sont pas du tout à son goût. Du coup, notre jeune sarde est mariée sans son consentement, avec un veuf, qu’elle n’aime pas. D’ailleurs elle le lui a dit.</p>
<p>Mais lors de son premier séjour sur le continent, pour soigner son maudit mal de pierre, elle rencontre le Rescapé, un homme mutilé par la guerre, qui sait lui parler, qui a le pouvoir de l’aimer.</p>
<blockquote><p>Le Rescapé dit qu’à son avis elle n’était pas folle, simplement elle était une créature que Dieu avait faite à un moment où Il n’avait pas envie des femmes habituelles en série, Il avait eu une inspiration poétique et Il l’avait créée, grand-mère riait de bon cœur, disait qu’il était fou aussi et que c’était pour ça qu’il ne voyait pas la folie des autres. »</p>
</blockquote>
<p>Puis vient le moment de la séparation, le retour de notre belle éplorée à Cagliari. Je m’arrête ici. A travers les paysages de Sardaigne, à travers cette Italie du Sud que le Nord méprise, dirigez vous le plus lentement possible vers la fin, et goûtez cette prose naïve et soyeuse.</p>
<p>Et méditez ceci :</p>
<blockquote><p>Car au fond, en amour, il s’agit peut-être au bout du compte de se fier à la magie, on ne peut pas dire qu’on puisse trouver une règle, quelque chose à suivre pour que tout se passe bien. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Milena.jpg" alt="Mal de pierres" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mal de Pierres, Milena Agus, traduit de l'italien par Dominique Vittoz, Liana Levi, 124 pages, 13 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/04/18/237-battement-d-ailes-milena-agus">Battement d'ailes</a>
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A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/05/20/99-la-revue-de-la-presse-du-20-mai#agus">Voyage au pays de Milena Agus</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/16/96-mal-de-pierres-milena-agus#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/82Un roman russe - Emmanuel Carrèreurn:md5:23dd70f79ae80fa65d3c11372a0c9d362007-03-28T22:59:00+00:002018-10-23T15:38:18+00:00BernardL'amourRussiesentimental<p>Cela doit être le privilège des écrivains confirmés : ils ont ce droit précieux d’étaler leur tourment sur tout un roman. Le lecteur, lui, est prié d’accepter. Quand la vie de l’écrivain vaut le détour, ça passe. Quand elle dans la norme, ça casse.</p> <p>Voyons voir avec Emmanuel Carrère. En guise d’auto-thérapie, il nous raconte trois histoires. Celle d'un reportage qu'il a réalisé sur András Toma, un prisonnier Hongrois de 19 ans, capturé en 1944 et interné dans un hôpital psychiatrique russe, situé à Kotelnich, une ville perdue à 500 kilomètres de Moscou. Cinquante-trois ans plus tard, András Toma est retrouvé, et ramené en Hongrie.</p>
<p>La seconde histoire est celle du grand-père maternel d’Emmanuel Carrère. Cet homme, qui se détestait autant qu’il haïssait ses semblables, a trouvé dans la collaboration avec les Allemands un moyen d’exister. A la libération, des inconnus l’emmènent. On ne l’a jamais revu.</p>
<p>Une tragédie banale. Sauf que la mère d’Emmanuel Carrère, Hélène Carrère d'Encausse, avait supplié son fils de ne pas la raconter.</p>
<blockquote><p>Emmanuel, je sais que tu as l’intention d’écrire sur la Russie, sur ta famille russe, mais je te demande une chose, c’est de ne pas toucher à mon père, pas avant ma mort ».</p>
</blockquote>
<p>Une vaine supplication...</p>
<p>Enfin, Emmanuel Carrère nous raconte son histoire d’amour avec Sophie, pour qui il avait écrit une nouvelle dans « Le Monde ». Une nouvelle magnifiquement bâtie, qui vogue aux confins de l’érotisme, là où commence la pornographie. Une nouvelle qui le dévastera.</p>
<p>L’auteur raconte son histoire d’amour brisé. C’est douloureux, parce que ces deux êtres-là jouent à se faire mal. Et nous font mal.</p>
<p>Alors, banales ou pas les petites histoires de Carrère ? Presque banales. Mais la puissance de ce livre réside dans les dégâts qu'il pourrait commettre. La mère d'Emmanuel Carrère, dont le secret est dévoilé, risque d'en souffrir. Sophie, son ex-copine, dont la vie amoureuse et sexuelle est étalée n'appréciera pas. Et l'actuelle compagne de Carrère non plus. Car il ne cache pas qu'il a écrit ce livre pour faire revenir Sophie. Il le lui dit dans le roman.</p>
<blockquote><p>Je voudrais te mériter, même si je sais que c’est trop tard. Je voudrais dans l’absence et le manque écrire un livre qui raconte notre histoire, notre amour la folie qui s’est emparée de nous, et que ce livre te fasse revenir. »</p>
</blockquote>
<p>C’est un beau roman, mais il est cruel, torturé et compliqué. Presque mégalo, puisque Carrère entend infléchir le destin de ses proches en écrivant ce livre. Au moins, il le reconnaît :</p>
<blockquote><p>J’aime que la littérature soit efficace, j’aimerais idéalement qu’elle soit performative, au sens où les linguistes définissent un énoncé performatif, l’exemple classique étant la phrase : "je déclare la guerre" : dès l’instant où elle est prononcée, la guerre est de fait déclarée. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/romanrusse.jpg" alt="Un Roman russe" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un roman russe, Emmanuel Carrère, 357 pages, P.O.L., 19,5 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/03/05/Limonov-Emmanuel-Carr%C3%A8re">Limonov</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/28/81-un-roman-russe-emmanuel-carrere#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/66L'amour est une chose étrange - Joseph Connollyurn:md5:39b07cc48564c73c23fe4417bc03ffa32007-02-22T21:45:00+00:002018-10-23T16:40:14+00:00BernardL'amouralcoolroman noirsuspense<p>C’est un problème existentiel. Il y a des livres qu’il faut abandonner après trois pages, parce qu’ils ne nous mèneront nulle part. Et il y en a d’autres qui valent un effort de plus de 100 pages parce, comme une balade en montagne, ils vous offriront, après l'inconfort, un paysage merveilleux. Le risque, c’est évidemment d’abandonner trop tôt. Alors je vous en supplie, si « L’amour est une chose étrange » vous ennuie au début, accrochez-vous !</p> <p>L’ennui est inhérent à la stratégie narratrice de l’auteur. Il entend nous conter l’histoire d’une famille londonienne d'après-guerre ordinaire, qui, à force de se cogner à la vie, donne à son destin une tournure extraordinaire. Et hilarante.</p>
<p>Arthur Coyle est un bon père de famille. Il règne en maître paternaliste sur son épouse, Gillian, sur Annette, son aînée, et sur l’adorable petit Clifford, étonné chaque jour par ce que la vie lui réserve.</p>
<p>Malgré le profond amour qui l’unit aux siens, mais qu’il ne parvient pas à exprimer, Arthur boit. Joue. Et va aux filles. Gillian ferme les yeux, malgré les tentatives de délation de Mrs Farlow, la commère bien pensante du voisinage.</p>
<p>Avec une lenteur presque sadique, Connolly nous montre la déchéance d’Arthur, qui ne parvient plus à financer ses vices et n’aura d’autre issue que de quitter ce monde, dans des circonstances que je vous laisse découvrir.</p>
<p>La famille ne s’en remettra pas. Annette violente ses petites copines, et Clifford assiste, médusé à la descente aux enfers de sa sœur tant aimée. Envoyée en Irlande, dans un couvent de rééducation, celle-ci subira des sévices sexuels sur lesquels Connolly s’attarde avec le même humour sadique, mais fin comme une cravache.</p>
<p>Annette la rebelle, Annette la vengeresse, Annette l’adulte précoce, revient ensuite en la douce Angleterre, achète des filles, et investit la niche du sado-masochisme, où elle se sent tellement bien. Sa mère oublie son passé de tarte éplorée et devient plus perfide encore que son aînée, dont elle dope le sordide commerce, sous les yeux médusés de Clifford.</p>
<p>Je vous encourage à découvrir la suite. Vous allez rentrer dans un monde affreux, mais d’une extrême finesse sentimentale. L’humour de Conolly vous permettra de lire les pires horreurs en vous esclaffant !</p>
<p>L’écriture est belle, aussi, car ces événements sont racontés successivement par les quatre membres de la famille. Ils se passent le crachoir subrepticement, ce qui donne du rythme au récit. Pour ajouter encore un peu de piment, les mots forts sont écrits en italique. Cela fonctionne très bien, surtout quand les enfants s’expriment, comme ici, où Annette parle de ses débuts à l’école catholique.</p>
<blockquote><p>A l’école, on n’a même pas le droit de <em>dire</em> quoi que ce soit, parce que Dieu est toujours en train de regarder et d’écouter, comme on le sait depuis le catéchisme. « Qui t’a créée ? Dieu m’a créée. Pourquoi Dieu t’a-t-Il créée ? Dieu m’a créée pour L’aimer et Le vénérer. » Enfin vous connaissez. Il y en a comme ça tout un gros livre, mais l’idée, en gros, c’est de ne prendre aucun risque par ce que lui ne prend jamais de vacances, <em>jamais</em>, toujours là à regarder et à écouter – même le dimanche alors qu’en principe on n’a pas le droit. Ce qui est quand même <em>bizarre</em> – mais je suppose qu’Il peut se permettre de ne pas suivre le règlement, puisque, le jour du Seigneur, c’est Lui qui l’a créé n’est-ce pas ? »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, et il y en a comme ça tout un gros livre !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/connolly.jpg" alt="L'amour est une chose étrange" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amour est une chose étrange</strong>, Joseph Connolly, littérature anglaise, Flammarion, 457 pages, 19,90 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>Lettre à D. - André Gorzurn:md5:8dcdcced481021e3525573769a88a6382007-01-14T16:02:00+00:002018-10-23T16:42:01+00:00BernardL'amoursentimentalvieillesse<p>Ca commence comme ça (attention, accrochez-vous) :</p>
<p>« Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu est toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait 58 ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ».</p> <p>En voilà une déclaration d’amour atomique. Certes, elle est un peu tardive. L’auteur, André Gorz, écrit à sa dulcinée atteinte d’une maladie grave. Il se reproche à travers l’ouvrage de ne lui avoir pas bien dit son amour, voire de le lui avoir occulté. Ce petit livre est donc une lettre d’amour, rédigée avec la fine plume que vous avez pu entrevoir.</p>
<p>On voudrait que chaque page soit aussi belle que cette première phrase. C’est presque le cas. Mais après un démarrage décoiffant, il se perd un peu dans les méandres de sa propre carrière et en oublie de parler à sa belle. Ce qui prouve, peut-être, qu’il ne parvient pas encore à lui dire parfaitement son amour. Je me demande ce qu'elle en pense...</p>
<p>Allez, pour vous récompenser, encore une phrase qui se déguste comme un Dom Pérignon :</p>
<blockquote><p>Nous n’étions pas pressés. J’ai dénudé ton corps avec précaution. J’ai découvert, coincidence miraculeuse du réel avec l’imaginaire, l’Aphrodite de Milos devenue chair. L’éclat nacré de ta gorge illuminait ton visage. J’ai longtemps contemplé, muet, ce miracle de vigueur et de douceur. J’ai compris avec toi que le plaisir n’est pas quelque chose qu’on prend ou qu’on donne. Il est manière de se donner et d’appeler le don de soi de l’autre. Nous nous sommes donnés l’un à l’autre entièrment. »</p>
</blockquote>
<p>C’est-y pas joli ça ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Lettre.jpg" alt="Lettre à D." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Lettre à D.</strong>, André Gorz, littérature française, Galilée, 75 pages, 13,40 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/26-lettre-a-d-andre-gorz#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/21Le journal d'Hirondelle - Amélie Nothomburn:md5:cb3066dffe9094dda1a1e285dac2cf482007-01-14T15:49:00+00:002018-10-23T16:42:19+00:00BernardL'amourAmélie Nothombcrimesuspense<p>Comme d’habitude, le dernier roman d’Amélie Nothomb a été fusillé par la critique. Et comme d’habitude, il s’est très bien vendu. Cela veut-il dire que tout le monde l’a aimé ? Les bibliothèques ne parlant pas, nous le saurons pas. Moi, j’ai aimé.</p> <p>Parce qu’un Amélie Nohomb comme celui-là, c’est comme une bonne série américaine. Cela ne dure pas longtemps, on peine à la raconter aux copains parce que l’on ne sait plus trop de quoi ça parlait. Mais on sait juste qu’on a passé une bonne soirée de lecture (quand ce n’est pas une heure). Rien que pour cela, j’ai aimé.</p>
<p>Attention, le « pitch », comme on dit dans les séries télé, n’est pas abject. C’est l’histoire d’... Et puis laissons le lui dire, c’est plus simple.</p>
<blockquote><p>Tout a débuté il y a huit mois. Je venais de vivre un chagrin d’amour si bête qu’il vaut mieux ne pas en parler. A ma souffrance s’ajoutait la honte de ma souffrance. Pour m’interdire une telle douleur, je m’arrachai le cœur. (…) Dès lors, je n’eus plus mal. La chape de plomb qui bloquait ma respiration disparut. Le reste aussi. J’habitais une sorte de néant. »</p>
</blockquote>
<p>Notre homme, car c’en est un, devient donc très logiquement un tueur à gages. L’un des meilleurs de sa génération. Le récit de ses crimes est savoureux comme ce film avec Pierre Richard, où le héros bouclé dézinguait le tout venant avec un révolver à silencieux émettant une détonation aiguë du plus grand effet comique.</p>
<p>Evidemment, le destin de notre héros basculera, lorsqu’il éliminera quelqu’un de plus dur que lui, mais doté de vrais sentiments.</p>
<blockquote><p>« On m’avait pourtant averti : moins on en sait sur ses victimes, mieux on se porte. ».</p>
</blockquote>
<p>Je n’en dis pas plus, car le livre est court et j’en ai déjà trop dit.</p>
<p>Je voulais quand même vous confier une impression, et je serais heureux de savoir si vous la partagez : en lisant ce livre, j’ai eu l’impression que le héros était une femme, alors qu’il n’en est rien. Est-ce la renommée de l’auteur, qui ne parvient pas à s’effacer derrière son héros, ou est-ce une écriture plus féminine ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Hirondelle.jpg" alt="Journal d'Hirondelle" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Journal d'Hirondelle</strong>, Amélie Nothomb, littérature française, Albin Michel, 137 pages, 14,5 euros. Notre note : 2/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/24-le-journal-d-hirondelle-amelie-nothomb#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/20Les coeurs autonomes - David Foenkinosurn:md5:d986f496341333b68b521d234f6245462007-01-14T15:35:00+00:002018-10-23T16:42:42+00:00BernardL'amourParissentimental<p>C’est une histoire de Il et Elle (ils n’ont pas de prénom dans le roman). Il est un révolté. Incapable de se poser, de travailler, de garder ses amis. Pour lui, travailler c’est se mettre en sursis avant de rejoindre la file du chômage, et c’est enrichir un patron qui vous vole.</p> <p>Elle est amoureuse. Séduite par les combats de son jeune homme, sans vraiment les partager.</p>
<p>Ses révoltes à lui le rongent chaque jour un peu plus. Elle veut le quitter. Il veut la garder. Alors ils font une grosse bêtise, ensemble.</p>
<p>Voilà, c’est tout. Ce livre est présenté comme une grande passion amoureuse, sur fond de révolte intello parisienne. Mais on aurait voulu que la passion soit distillée et que la révolte finisse autrement que par un banal fait divers. Mais non. Tout le livre ressemble en fait à un fait divers de bas de page d’un quotidien.</p>
<p>Pas d’effet de plume, non plus, pour rattraper la mayonnaise, même si certains passages ont un peu d'élan. Comme ici :</p>
<blockquote><p>Dans la folie paradoxale de la passion, il cherchait une faute dans le comportement de celle qui l’aimait plus que tout. Pourquoi une faute ? Pour pouvoir fuir ? Tous deux s’étaient enfermés sans savoir à quel moment précis les évènements avaient dérapé. Etait-ce l’amour de se tuer ainsi ? Etait-ce l’amour de ne pas pouvoir respirer et de trouver pourtant que partout ailleurs l’air est respirable ? »</p>
</blockquote>
<p>Je suis déçu. Et vous ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Coeurs.jpg" alt="Les coeurs autonomes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Les coeurs autonomes</strong>, David Foenkinos, littérature française, Grasset, 171 pages, 14,90 euros. Notre note : 1/5.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/04/La-d%C3%A9licatesse-David-Foenkinos">La délicatesse</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/21-les-coeurs-autonomes-david-foenkinos#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/16L'amant en culottes courtes - Alain Fleischerurn:md5:21123a0716a00ad2f3f75c0cb0e1f1072007-01-14T15:31:00+00:002018-10-23T16:42:47+00:00BernardL'amouradolescenceAngleterreenfancesentimental<p>L’une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de créer cet espace, c’est qu’il arrive que je voie encenser ici ou là voire carrément partout des ouvrages qui m’indisposent de la première à la dernière page (quand j’y arrive). L’amant en culottes courtes d’Alain Fleischer en est.</p> <p>L’histoire m’avait alléché. Un garçon de 13 ans, vêtu, donc, de culottes courtes, part en séjour linguistique. Il y rencontre Barbara, une créature britannique venue de Trinidad, d’une beauté qui donne de l’appétit. Ce qui devait arriver arriva : il en tombe amoureux. Là où cela se corse un peu, c’est qu’elle le lui rend bien. Commence donc une idylle en règle entre gamin et sa belle.</p>
<p>J’étais attiré par ce qui peut se passer dans la tête d’un petit homme en proie à un sentiment aussi fort que désarmant.</p>
<p>Première déception : l’ouvrage commence comme un manuel universitaire par une définition de la culotte courte. Cela pourrait être créatif s’il n’était assorti de propos un peu sentencieux sur le fait que, voyez vous mesdames et messieurs, les jeunes d’aujourd’hui ne portent plus de culottes courtes. Dans le texte, ça donne :</p>
<blockquote><p>Les parents d’aujourd’hui, dans leur impatience de voir pointer le petit mâle dominant dans leur rejeton, l’affublent dès le plus jeune âge de ces tenues de petits mecs, - des beaufs enfants… - que notre société, aveuglée de vulgarité, se plaît à produire en modèle. »</p>
</blockquote>
<p>Refermer le livre ? Mais j’ai quand même envie de savoir comment il s’y est pris, le garnement. La patience vaut le coup. L’épisode de leur rencontre, de leur approche et d'un tout petit premier contact vaut la lecture. Un aperçu, en deux extraits.</p>
<p>La première fois qu’il la voit, d’abord.</p>
<blockquote><p>Barbara était l’exemple d’une de ces beautés rares de type eurasien – corps et traits à la fois fins et sensuels, peu cuivre cheveux noirs et raides – que produisent les croisements, lorsqu’un supplément de réussite et de grâce s’ajoute à leur intérêt esthétique habituel. Les gestes, les attitudes, les expressions, les regards, les inflexions de la voix, les sourires, communs à toutes les jeunes filles de son âge, devenaient chez Barbara les promesses d’une volupté et d’un bonheur luxurieux ».</p>
</blockquote>
<p>Et puis la fois où il lui effleure la main (ben quoi ? je suis romantique) :</p>
<blockquote><p>Je gardais conscience de m’être montré meilleur musicien que Barbara – malgré mon abandon du piano depuis presque trois ans- et de pouvoir ainsi prendre les devants, lui ouvrir le chemin : quand je voyais arriver un passage un peu difficile pour sa partie de clavier, je m’amusais à la soulager de trois ou quatre notes, les jouant pour elles, prélevées à sa ligne dans la partition. Ce n’étaient que prétextes et occasions pour que nos mains se touchent, pour que nos doigts se frôlent et, pour finir, je plaquai un accord par dessus sa main, l’emprisonnant sous la mienne – provoquant un gros pâté sonore- et refusant de la lâcher jusqu’à ce que nous eussions fini de rire de notre numéo burlesque ».</p>
</blockquote>
<p>Et après ? Adieu la petit poussée de romantisme. Sur 500 pages, Fleisscher nous détaille comment il a pris sa bele dans toutes les positions. Point final. Cette seule phrase résume, à mon avis l’interminable suite du roman.</p>
<p>Vous étonnerais-je en vous disant que je suis déçu ? Ce récit du tout jeune mâle triomphant ayant séduit la naïve femelle me paraît presque vulgaire. Pas tant par le sujet, qui se veut érotique, que par cette manière hautaine et presque réactionnaire de le traiter.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Culottes.jpg" alt="L'amant en culottes courtes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amant en culottes courtes</strong>, Alain Fleischer, littérature française, Seuil, 660 pages, 22 euros. Notre note : 1/5.</em>
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