Le Blog des Livres<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearAsphalt Jungle, un podcast littéraire à découvrir !urn:md5:e28ad6316db8b1931cccb73db9142d892023-12-12T18:12:00+01:002023-12-15T15:01:19+01:00Bernard<p>Le Blog des livres mène à tout... à condition d'y rester.</p>
<p>Philippe Manche, qui avait découvert <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/04/177-millnium-1-2-et-3-stieg-larsson" title="Millenium">Millenium</a> pour nous avant bien d'autres (avant tout le monde en fait mais chut) nous fait le plaisir de publier régulièrement un podcast intitulé Asphalt Jungle.</p>
<p>J'ai l'immense plaisir de vous le présenter.</p> <p>C'est un véritable univers littéraire, on y rentre comme dans un salon cosy mais pas snob, dont les murs seraient tapissés de livres. Vous savez ceux qu'on range dans les caisses à vins et qu'on fait grimper au plafond (et nous aussi d'ailleurs).</p>
<p>Et derrière la porte, il y a la voix de Marie, qui vous invite à vous installer auprès de l'invité.e, qu'elle vous présente en quelques mots, puis encore quelques autres plus loin dans l'émission.</p>
<p>Philippe prend le relais en alternance et propose à l'homme ou la femme de lettres de décrire le lieu, avant de l'inviter à lire quelques pages de son dernier ouvrage, sur un tapis musical qui n'a rien à envier à la moquette délicate de la bibliothèque de vos rêves.</p>
<p><iframe allow="autoplay; clipboard-write; encrypted-media; fullscreen; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="152" loading="lazy" src="https://open.spotify.com/embed/show/0apVWXXRgjMCq2dRHn6Eho?utm_source=generator" style="border-radius:12px" width="100%"></iframe></p>
<p>Philippe et Marie ont du reste le bon goût de choisir leur invité avec beaucoup de soin. Lors des premiers épisodes, on a rencontré <a href="https://open.spotify.com/episode/37h952pLH7GCJjmIbeywm3" title="Franck Thilliez">Franck Thilliez</a>, <a href="https://open.spotify.com/episode/7nt0f1KXQppCXCKU8Zru4a" title="Barbara Abel">Barbara Abel</a>, <a href="https://open.spotify.com/episode/3qOlYzLrCSnun0rU6ASnS9" title="Eric-Emmanuel Schmitt">Eric-Emmanuel Schmitt</a> ou encore <a href="https://open.spotify.com/episode/66gL20D4AOo0zBJUupXH7O" title="Malin Persson Giolito">Malin Persson Giolito</a>. </p>
<p>Comme nous sur ce blog, Philippe est friand d'histoires, de romans mais aussi de secrets d'écrivains. Il nous gâte en emmenant régulièrement ses hôtes dans les coulisses de leur oeuvre, pour nous raconter leurs espoirs, leurs doutes d'écrivain.e.s et leurs rituels d'écriture.</p>
<p>Philippe, Marie et toute l'équipe ne s'arrêteront pas à la belle assemblée dont ils nous ont déjà régalés pour leurs premières rencontres. Ils parcourent en ce moment les chemins de la littérature, en espérant arracher à leurs idoles, qui sont aussi les nôtres, une vingtaine de minutes de leur temps pour s'asseoir au salon.</p>
<p><img alt="Le poids du monde.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/divers/Asphaltcouv.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le poids du monde.jpg, sept. 2018" /></p>
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<p><strong>Asphalt Jungle</strong>, un podcast de Philippe Manche, Pierre-Etienne Bonnet et Bavard, disponible sur toutes les plateformes audio.</p>
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<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2023/12/12/Un-nouveau-podcast-litteraire-a-decouvrir#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/350Le poids du monde - David Joyurn:md5:d8a6fa45569081e39aaaaa544f263b9d2018-09-05T13:11:00+02:002020-11-06T12:30:00+01:00PhilippeMancheLa trouille<p>Et revoici, avec le poids du monde, de David Joy, notre maître du polar, Philippe Manche, l'un des pionniers du Blog des livres.</p>
<p>Rappelons ici que c'est lui qui avait flairé Millénium bien avant (presque) tout le monde, pour votre plus grand plaisir.</p>
<p>Il s'intéresse ici à un livre dont on devrait beaucoup parler...</p>
<p>Accrochez vous.</p> <p>Avec Le poids du monde, David Joy dresse un portrait d'une Amérique perdue et cramée par la crise cristallisé par des personnages amers et désabusés, à la façon de Jax Miller, J. David Osbourne, Alex Taylor ou Gabriel Tallent.</p>
<p><img alt="" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Caravane/Le poids du monde David Joy.png" /></p>
<p>Dans ce livre, -successeur du déjà prometteur "Là où les lumières se perdent"- David Joy articule son récit noir charbon autour de deux potes au cœur des Appalaches, personnage à part entière de ce remuant roman.</p>
<p>Thad Broom, de retour d'Afghanistan retrouve son "best bro ever" Adien McCall. Leur passe-temps favori? Fumer des clopes, siffler du whisky bon marché et se mettre des quantités phénoménales de Meth dans les naseaux. Lorsque les deux clampins se retrouvent avec une belle volée de came et de dollars, la gestion de ce cadeau empoisonné va forcément causer leur perte.</p>
<blockquote>
<p>Quand elle pénétra dans la cuisine, Aiden faisait claquer sur la table des billets de 20 dollars qui étaient recourbés à force d’avoir été enroulés les uns avec les autres. Le plateau en était presque intégralement recouvert et il continuait d’en ajouter aussi vite qu’il pouvait compter. Mais ce furent les sachets de dope qui retinrent l’attention d’April. »</p>
</blockquote>
<p>Formidablement traduit par Fabrice Pointeau, "Le Poids du monde" est traversé par des éclairs d'une violence sourde et aveugle. Certains passages sont même à la limite du supportable tant David Joy s'impose, impuissant, en arbitre d'une impossible et éternelle lutte entre le bien et le mal.</p>
<blockquote>
<p>Il avait été lavé sans eau, lavé par la chose même pour laquelle il cherchait le pardon. Le sang. Et la main sur sa tête devint celle du Tout-Puissant. Thad sentit tout ça. Il sentit un grand fardeau le quitter. Mais il devait quand même parler. Dire ce qu’il avait fait était la seule façon de le mettre de côté ».</p>
</blockquote>
<p>Les personnages bien troussés, l'intrigue addictive et la plume de l'auteur au cordeau font de "The weight of this world" bien plus qu'un "rural noir".</p>
<p>On n'est pas loin du grand roman, tout court, qui laisse un goût âcre à la bouche et une pellicule de crasse fine au cœur et à l'âme.</p>
<p><img alt="Le poids du monde.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Le_poids_du_monde.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le poids du monde.jpg, sept. 2018" /><br />
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<em><strong>Le poids du monde</strong>, David Joy, littérature anglo-saxonne, traduit par Fabrice Pointeau, Sonatine, 19 euros.</em> Notre note : 4/5.<br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2018/09/05/Le-poids-du-monde-David-Joy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/349Le reste de leur vie - Jean-Paul Didierlaurenturn:md5:b059e2dd0e3fce2f5d302a82ceed903c2016-06-14T15:28:00+02:002018-10-07T11:13:26+02:00BernardLa vie<p>Suite à vos retours positifs, c'est avec un immense plaisir que nous invitons à nouveau une libraire à venir partager son coup de coeur sur le Blog des livres : Le reste de leur vie, de Jean-Paul Didierlaurent.</p>
<p>Direction Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts de Seine, avec Eva !</p>
<p>Et merci à la revue <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/">Page des Libraires</a>, sans qui ce rendez-vous ne serait pas possible !</p> <p>Eva Halgand exerce sa passion dans une belle librairie à taille humaine : <a href="http://www.lelivreetlatortue.com/">Le livre et la tortue</a>, à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine. Sans plus tarder, découvrons pourquoi elle recommande aussi chaudement "Le Reste de leur vie", de Jean-Paul Didierlaurent.</p>
<p><img alt="Le reste de leur vie, de Jean-Paul Didierlaurent" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/reste/Le-reste-de-leur-vie.jpg" /></p>
<p>Jeune aide à domicile, Manelle aime son métier au moins autant qu’elle apprécie les personnes âgées à qui elle prodigue des soins quotidiennement. Il y a bien ce Marcel Mauvignier qui lui donne du fil à retordre mais ce n’est rien comparé au plaisir de rendre visite à Madeleine Collot, qui l’'attend toujours en bas de la rue pour aller faire les courses, à Ghislaine de Montfaucon « la reine des tricheuses » et ses parties de Scrabble, ou encore à Samuel Dinsky, son petit préféré, spécialiste dans la confection de forêt noire.</p>
<p>Une chose est sûre, Manelle ne s’encombre pas des règles que ne cesse de lui rabâcher son employeur. Ce qu’elle aime par-dessus tout, ce sont ces moments privilégiés qu’elle partage avec Annie Vaucquelin, Pierre Ancelin, ou encore Jeannine Poirier, addict au feuilleton Les Feux de l’amour. Ambroise, quant à lui, mène une vie bien différente. Incapable de supporter la douleur et la souffrance des vivants, il est devenu thanatopracteur, un choix de vie parfois difficile à assumer auprès d'une société qui ne ressent, face à cette profession, que dégoût ou attraction morbide, mais surtout face à son père qui l’imaginait médecin, tout comme lui. Dans ces conditions, difficile de nouer des relations sincères…</p>
<p>Heureusement, le jeune homme peut compter sur le soutien indéfectible et l’affection de sa grand-mère Beth, avec qui il occupe un appartement depuis qu’il a coupé les ponts avec son père. Il partage désormais sa vie entre les morts, à qui il apporte le plus grand soin, et les Vivants, une troupe de théâtre au sein de laquelle il est maquilleur. Dévouée à son travail et assez casanière, il était peu probable que Manelle fasse la connaissance d’Ambroise… si ce n’est par l’intermédiaire d’un Samuel Dinsky fomentant un complot ayant pour objet sa propre mort. En effet, lorsque le vieil homme apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable et qu’il ne lui reste que quelques semaines à vivre, il décide de prendre son destin en main en organisant son suicide médicalement assisté.</p>
<p>Samuel a tout prévu, depuis son trajet en Suisse, jusqu’au choix de son thanatopracteur. Seule ombre au tableau, Manelle n’est pas du tout d’accord avec ce projet… Il fallait oser ! Écrire un livre sur la maladie, la vieillesse et la mort sans tomber dans le pathos n’est certainement pas chose aisée. C’est en tout cas un pari réussi pour Jean-Paul Didierlaurent, qui nous propose un conte moderne donnant envie de sourire, de vivre… et de lire. Hommage touchant à une profession méconnue, souvent incomprise et moquée, mais dont l’auteur parvient à faire ressortir le sens et la beauté, Le Reste de leur vie est également une réflexion sur l’euthanasie et le suicide médicalement assisté, dont le débat reste, aujourd’hui, au cœur de l’actualité. Un roman sensible aux personnages plein de charme, une ode à l’amour et à l’amitié où il est aussi question de kouign-amann et de far aux pruneaux… Est-il possible de trouver mieux ?</p>
<p><img alt="Le reste de leur vie de Jean-Paul Didierlaurent" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/reste/tortue.jpg" /></p>
<p>Et puisque nous avons une libraire passionnée à nos côtés, tâchons d'en savoir plus sur sa vie, son oeuvre !</p>
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<p><img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Racontez-nous l'histoire de votre librairie...</strong></p>
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<li><em>Collègues libraires depuis 2011, François Groff et moi-même, Eva Halgand, nous sommes tout de suite entendus sur nos goûts littéraires et culturels et avons très vite eu l’envie de monter notre propre commerce. En septembre 2013, les choses se concrétisent avec l’ouverture de la librairie Le Livre et la Tortue. Située au cœur des remparts d’un ancien fort militaire d’Issy-les- Moulineaux, elle propose une offre généraliste sur 85m2 et un joli canapé où les gens aiment s’attarder.</em></li>
</ul>
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans le métier de libraire ?</strong></p>
<ul>
<li><em>Ce qui me semble le plus plaisant dans le métier de libraire, ce sont, sans conteste, les découvertes et le partage. Quel plaisir d’ouvrir un carton plein de nouveautés à découvrir, adorer ou détester et de pouvoir en discuter, aussi bien avec les collègues qu’avec nos clients. Les échanges sont primordiaux, j’apprécie particulièrement d’avoir un conseil de lecture de la part d’un client, cela ouvre à d’autres genres, d’autres styles, d’autres univers… C’est essentiel, même si, je dois bien l’avouer, nous manquons cruellement de temps pour tous les lire…</em></li>
</ul>
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<em><img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Comme nous aimons les histoires, racontez-nous une petite anecdote...</strong></em></p>
<ul>
<li><em>Lorsque je cherche une anecdote à raconter au sujet de ma carrière de librairie, je repense tout de suite à ce jour où une dame, très sûre d’elle, m’a demandé de rechercher un livre afin de lui commander. Comme c’est souvent le cas, elle avait très peu d’informations sur ce fameux livre, à vrai dire, elle n’en avait qu’une seule, elle se souvenait qu’il coûtait 16€… Autant vous dire que je n’ai jamais trouvé de quoi il s’agissait et qu’elle a quitté la librairie très fâchée !</em></li>
</ul>
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Merci à tous, merci à la librairie le Livre et la Tortue et à très vite pour une nouvelle parole de libraire !<br />
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<em><img alt="Le reste de leur vie, de Jean-Paul Didierlaurent" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/reste.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le reste de leur vie, de Jean-Paul Didierlaurent" /> </em><br />
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<em>Voici les références du livre : <strong>Le reste de leur vie</strong>, Jean-Paul Didierlaurent, Au Diable Vauvert, littérature française, 272 pages. Notre note : 4/5.</em><br />
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<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/06/14/Le-reste-de-leur-vie-Jean-Paul-Didierlaurent-Parole-de-libraires#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/348Les salauds devront payer - Emmanuel Grandurn:md5:c8ecc45ed1636115cba196f43a611c712016-04-18T10:22:00+02:002018-10-07T11:13:13+02:00BernardLa trouille<p>C'était notre petite idée folle du début de l'année : proposer à un libraire de nous donner son livre préféré du moment. Voici déjà notre deuxième numéro ! Nous avons l'immense plaisir d'accueillir Jean-Baptiste Hamelin, qui nous propose Les Salauds devront payer, d'Emmanuel Grand.</p>
<p>Merci à <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/">Page des libraires</a>, notre partenaire, sans qui rien de tout ceci ne serait possible !</p> <p>Jean-Baptisté Hamelin a fondé le <a href="http://www.librairie-lecarnetaspirales.fr">Carnet à spirale</a>, une jolie librairie à Charlieu dans la Loire. Commençons par ce que nous attendons tous, car c'est pour cela qu'il est parmi nous : son coup de coeur.</p>
<p>Le titre est alléchant : les Salauds devront payer, d'Emmanuel Grand.</p>
<p>Et voici l'avis de Jean Baptiste Hamelin, du Carnet à Spirales :<br />
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<img alt="Les salauds devront payer, d'Emmanuel Grand" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/salauds/salauds2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p><em>Attendu ! Après Terminus Belz (Points) et son théâtre d’action breton, Emmanuel Grand revient avec un deuxième polar dont l’action, l’atmosphère et le rythme, sont orchestrés par le lieu. À l’issue d’une courte introduction indochinoise, puis algérienne, au terme d’une présentation « tout en douceur » de trois soldats français, Douve, Barjot et Dubus, le lecteur découvre la petite ville de Wollaing, sise entre Douai et Valenciennes. Les fastes années de l’industrie métallurgique sont désormais révolues. Le quotidien s’apparente parfois à un long parcours du combattant afin de boucler les fins de mois. Sévissent sur place des « organismes de prêts » aux méthodes mafieuses, règnent les dealers, la faucheuse faisant son marché ici et là. Pauline Leroy, toxicomane, est retrouvée assassinée. Tout conduit à accuser Wallet, commode ordure locale. Pourtant, le commandant Buchmeyer, adepte du « détail qui cloche », se penche un peu plus sur le passé industriel et syndical du Nord de la France. Polar social aux personnages ambigus, roman noir d’un présent sans boulot, un présent obscurci par la jalousie, la haine et la rancœur, ce deuxième roman d’Emmanuel Grand happe littéralement le lecteur.</em><br />
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Mais que pense l'auteur de son propre ouvrage ? Dans le dernier numéro de Pages des libraires, Emmanuel Grand explique qu'un deuxième roman, contrairement à ce qu'on pourrait penser, est une tâche plus aisée qu'un premier.<br />
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<img alt="Emmanuel Grand" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/salauds/Emmanuel_Grand.jpeg" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p><em>Il faut être honnête : écrire un deuxième roman est beaucoup confortable que d’en écrire un premier : vous êtes attendu, parfois avec un flingue caché sous l’imperméable, soit, mais on vous demande où vous en êtes, on vous appelle. C’est rassurant. Cela dit, j’ai effectivement ressenti une certaine pression. Une pression que je me suis imposée à moi-même parce que, subitement, j’avais des lecteurs et que je ne voulais pas les décevoir..</em><br />
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Retrouvez l'interview complète d'Emmanuel Grand dans le dernier numéro de Page des libraires, que vous pouvez <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/04/25/Concours-%3A-gagnez-trois-exemplaires-de-Page-des-libraires">gagner ici</a>. Et intéressons-nous au Carnet à Spirales, la gourmande librairie Jean-Baptiste Hamelin !</p>
<p><img alt="Le carnet à spirale" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/salauds/Spirale.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Comme nous sommes curieux, nous allons lui poser trois questions.</p>
<p><img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Décrivez-nous votre librairie en quelques mots...</strong></p>
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<li>J’ai créé Le Carnet à spirales en 2004 dans un espace de 25m². Après deux déménagements successifs et l’achat aux enchères de l’ancienne discothèque de la ville, la librairie occupe, depuis juin 2014, un espace d’environ 300m². C’est un lieu atypique, calme, serein. Un lieu de destination incongru dans une petite ville de 3 800 habitants. Nous avons, à la campagne, ce luxe de l’espace et du calme. Il me semble deux belles valeurs pour l’ambiance d’une librairie. Bientôt, nous accueillerons un nouveau libraire au sein de l'équipe. Egalement, en juin, nous mettrons en ligne, en plus de notre site éditorial, un site marchand et proposerons un espace "café" lié à notre espace d'animations..</li>
</ul>
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Qu'aimez-vous dans le métier de libraire ?</strong></p>
<ul>
<li>La folie. Ce grain de folie qui permet, alors que l’ambiance générale est bien terne, de créer, de découvrir, de partager, d’embaucher, de croire à l’avenir, de décrypter notre société, d’accueillir, de se réveiller en pensant, gourmand de vie, à ce qui va embellir notre journée. C’est un métier merveilleux et incroyablement moderne. C’est un métier d’exigence(s) et de modestie(s). C’est un métier d’ouverture(s). C’est un métier d’avenir pour les librairies qui savent s’adapter à leur société. Enfin, mais quelques mots sont trop courts, c’est un formidable lieu de vie(s), d’envie(s) culturelles et de partenariats d’événements culturels : le sel et le miel de la vie donc. A part rêveur je ne vois rien de mieux…</li>
</ul>
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<img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Comme nous aimons les histoires, racontez-nous une petite anecdote...</strong></p>
<ul>
<li>Bien sûr les titres approximatifs - Christian et Iseult - Oscar et la Dame Blanche (vous reprendrez bien un dessert...)... Bien sûr les clients qui savent tout sur tout. Bien sur l'odeur du papier qui suscite une émotion folle chez ces clients de passage qui "Adorent" les livres et les libraires et qui repartent en demandant une photocopie. Bien sur des histoires mais surtout l'étonnement de constater que 30 ans après la Loi du prix unique du livre n'est pas connue. Et surtout cette folle idée que seuls Amazon et Fnac peuvent commander et tout avoir... Vraiment du travail "pédagogique" à poursuivre avec la pêche.</li>
</ul>
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Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, nous vous proposons aussi des conditions d'abonnement à prix réduit, pour les lecteurs du Blog des livres. Il vous suffit de <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/data/pdf/Bulletin_Abonnement_Partenariat_Leblogdeslivres.pdf">remplir ce formulaire</a> ou de cliquer sur la photo (le lien précédent n'était pas le bon, il a été modifié).</p>
<p><a href="http://www.pagedeslibraires.fr/data/pdf/Bulletin_Abonnement_Partenariat_Leblogdeslivres.pdf"><img alt="Page des libraires" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/salauds/offre.png" /></a></p>
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Merci à tous, merci à la librairie le Carnet à spirales à Charlieu et à très vite pour une nouvelle parole de libraire !<br />
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<img alt="Les salauds devront payer, d'Emmanuel Grand" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Salauds_une.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="NG001518, avr. 2016" /><br />
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<em>Voici les références du livre : <strong>Les salauds devront payer</strong>, Emmanuel Grand, Liana Levi, littérature française, 384 pages. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/04/18/Les-salauds-devront-payer-Emmanuel-Grand#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/344En attendant Doggo - Mark Millsurn:md5:5d67ee8cc698df4b2870059604c66f822016-03-07T18:29:00+01:002023-01-07T16:07:04+01:00BernardLa vie<p>Ils sont jeunes, pleins d’envie de bouger, de bosser, d’aimer.</p>
<p>Mais la vie d’aujourd’hui, où plus grand-chose n’est ni stable ni acquis pour eux, leur tire la tronche.</p>
<p>Qui sont-ils ?</p>
<p>Les trentenaires.</p> <p>Et parmi eux, il y a Dave. Après quelques années de vie de couple chaotique, il se retrouve tout seul dans son appartement, avec pour seul héritage un affreux bâtard.</p>
<blockquote>
<p>Même avec la meilleure volonté du monde, on ne pourrait pas classer Doggo dans la catégorie des élégants chiens de race efflanqués. C'est un petit roquet costaud, un corniaud des familles, un bâtard pur jus. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="En attendant Doggo, de Mark Mills" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/doggo/Doggo2.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Clara, sa bien-aimée, si l’on ose écrire, s’en est allée sans laisser d’adresse, ni à lui ni à personne d’ailleurs.</p>
<blockquote>
<p>Je te quitte, on n'est plus ensemble au moins pour l'instant, ce qui veut sans doute dire pour toujours, mais qui sait ? J'ai besoin de m'ouvrir à d'autres possibilités (bon d'accord, j'ai besoin de m'ouvrir à d'autres hommes). »</p>
</blockquote>
<p>Alors Dave poursuit son existence dans le monde de la pub. Il parvient à se faire embaucher dans une petite agence, où il commence à trouver ses marques, à inventer un slogan... pour un bain de bouche.</p>
<blockquote>
<p>Swosh, nuit gravement au célibat. »</p>
</blockquote>
<p>Il parvient même à imposer au bureau son seul compagnon de vie, Doggo.</p>
<p>L’homme et son meilleur ami finissent par trouver leurs marques dans ce petit monde, à déjouer des coups tordus au boulot, à se poser des questions existentielles et à ruminer sa solitude affective. Solitude ? Oui mais… Car Dave en pince pour la joyeuse Edie, avec qui il fait équipe au boulot.</p>
<p>Mais comme je le disais, la vie de trentenaire n’est pas de tout repos, et c’est le moment où l’existence de Dave semble prendre forme que Clara choisit pour tenter un retour triomphant dans sa vie.</p>
<p>Une histoire banale, allez-vous me dire. Assurément, mais c’est un peu l’atout de ce livre. On se laisse glisser doucement, sans attente, il est vrai, comme Dave, jusqu’à un dénouement pas trop surprenant.</p>
<p>Le livre a sa faiblesse : certains gags sont un peu gros, d’autres un peu trop travaillés pour s’assurer de la réussite de l’effet comique.</p>
<p>Mais on garde le sourire du début à la fin, pourvu qu’on n’attende pas du Shakespeare, mais juste une histoire montée sur des dialogues, façon série britannique. L’auteur se permet quand même quelques vérités bien assénées…</p>
<blockquote>
<p>Mon point de vue, c'est que les grandes religions ne peuvent pas toutes avoir raison, et étant donné qu'elles se trompent manifestement sur nos origines, m'est avis qu'on ne devrait pas prendre au sérieux leurs hypothèses sur notre destination future. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore...</p>
<blockquote>
<p>La vérité, c'est que je n'ai jamais vraiment bien intégré pourquoi il fallait à tout prix s'aimer soi-même. Les gens que je respecte le plus ont, au contraire, un sain dégoût d'eux-mêmes, une conscience aiguë de leurs failles et de leurs paradoxes. »</p>
</blockquote>
<p>Un bon moment !</p>
<p><img alt="En attendant Doggo, de Mark Mills" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Doggo.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Doggo.jpg, mar. 2016" /><br />
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<em><strong>En attendant Doggo</strong>, Mark Mills, littérature anglaise, Belfond, 272 pages. Notre note : 2/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/03/07/En-attendant-Doggo-Mark-Mills#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/343Le chardonneret - Donna Tartturn:md5:4d68b215214220f347ef8e51e02bbd962016-02-28T18:33:00+01:002018-10-02T18:23:49+02:00BernardLa vie<p>Les livres d’enfant qu’on me lisait jadis commençaient souvent par : « Je vais vous raconter une histoire. »</p>
<p>C’est exactement à cela que j’ai pensé en entamant la lecture du Chardonneret, de Donna Tartt.</p>
<p>Elle ne va pas parler d’elle ou de ses états d’âme, elle va vous raconter une histoire. Et elle est inspirée.</p> <p>Cette histoire prend vie et s’épanouit autour d’un tableau, le Chardonneret, du peintre Fabritius, mort dans l’incendie de Delft en 1536, qui ravagea aussi son atelier, à l’exception de ce tableau.</p>
<p>Dans les mots de l’écrivain, la toile ressemble à ceci.</p>
<blockquote>
<p>Il était petit, c’était le plus petit de l’exposition, et le plus simple : un oiseau jaune sur un fond simple et pâle, enchaîné à un perchoir par sa cheville fine comme une brindille. »</p>
</blockquote>
<p>En vrai, elle est comme cela.</p>
<p><img alt="Chardonneret" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/chardonneret/Chardonneret.jpg" style="display:table; margin:0 auto;" /></p>
<p>Theo, 13 ans, visite une exposition au Metropolitan Museum of Art de New York avec sa mère. Ils sont victimes d’un attentat.</p>
<blockquote>
<p>Il y eut un éclair noir et des débris furent balayés vers moi puis tournoyèrent ; après quoi le grondement d’un vent chaud me heurta de plein fouet et me projeta de l’autre côté de la salle. Pendant quelque temps, je ne sus rien de plus. »</p>
</blockquote>
<p>Theo erre, hagard dans une salle du musée et tombe sur un homme, allongé au sol, qui lui fait de curieuses recommandations.</p>
<blockquote>
<p>J’ai passé ma manche sur la surface poussiéreuse. Un minuscule oiseau jaune , pâle sous un voile de poussière. « Prends-le avec toi. » M’enjoignant de l’emporter : « Vas-y ! » Il essayait de s’asseoir. Ses yeux étaient brillants et furieux. »</p>
</blockquote>
<p>Sans trop réfléchir, Theo emporte le tableau, et parvient, par un coup du hasard, à s’extraire du bâtiment, muni de son inestimable colis.</p>
<p>Il comprend assez vite à quel point celui-ci est encombrant.</p>
<p>Mais quelque chose en lui l’empêche de s’en délester, en le rendant à la police.</p>
<blockquote>
<p>A un moment donné, il me faudrait le rendre au musée, mais je n’avais pas encore tout à fait mis au point le moyen d’y parvenir sans causer un énorme tapage. »</p>
</blockquote>
<p>Sa vie est bouleversée. D’abord parce que sa mère a succombé à l’explosion du musée. Et ensuite parce que, désormais, son existence sera lourdement lestée de son secret du siècle d’or néerlandais.</p>
<p>Ces événements vont balloter Theo dans la vie. Recueilli par une famille riche et aimante, il doit rapidement déménager à Los Angeles, chez son père alcoolique et sa belle-mère toxicomane. Son voyage le portera aussi dans l’Utah, à New York, puis à Anvers et Amsterdam. Malgré sa peine, malgré la peur de perdre son tableau, et celle de le posséder, il va vivre une période d’initiation qui feront de lui un homme.</p>
<p>L’auteur nous offre une galerie de personnages magnifiques. Comme Hobie, cet antiquaire aimant et confiant jusqu’à la stupidité, qui pardonnera à Theo chacun de ses quatre-cents coups.</p>
<blockquote>
<p>Il était distrait et gentil ; négligent, brouillon, humble et doux ; souvent quand il était en bas, il n’entendait pas la première fois où on l’appelait, ni même la deuxième. »</p>
</blockquote>
<p>Puis il y a Boris, le frère, l’ami russe sans frontières, sans limite, rencontré par hasard, qui lui fera découvrir le paradis (artificiel)</p>
<blockquote>
<p>Tout était hilarant, même le toboggan du terrain de jeux nous souriait. Des torrents d’étincelles s’envolaient de nos bouches, j’ai eu la révélation que le rire était de la lumière, que la lumière était du rire et que c’était le secret de l’univers. »</p>
</blockquote>
<p>Le Chardonneret, c’est une petite prouesse : l’art se trouve en toile de fond, mais à travers le parcours chaotique d’un tableau qui échappe à ses poursuivants, c’est le conte initiatique de Theo, jeune homme en radeau sur la mer, qui nous est livré. Avec tout juste ce qu’il faut de violence et de crudité pour ne pas en faire un roman mièvre. Avec de pénibles longueurs hélas, aussi, dans le dernier tiers du roman. Et des lourdeurs de traduction.</p>
<p>Mais on les oublie vite, ces pesanteurs, pour aimer Theo, son tableau, et le petit monde qui l’entoure, et qui ne lui a voulu que du bien en lui faisant parfois très mal. Mais je laisserai à l’auteur nous livrer le message.</p>
<blockquote>
<p>Et si notre méchanceté et nos erreurs étaient une matière unique, qui détermine notre destinée et nous amène vers le bien ? »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Chardonneret.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Chardonneret.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chardonneret.jpg, mar. 2016" /><br />
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<em><strong>Le Chardonneret</strong>, Donna Tartt, littérature américaine, Pocket, 1102 pages. Notre note : 5/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/02/28/Critique/Le-chardonneret-Donna-Tartt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/342Ken Follett, La trilogie du siècleurn:md5:f9b321bebdedb485db13ba6605c701ce2016-02-21T20:43:00+01:002018-10-04T14:18:20+02:00BernardLa vie<p>Les fans de Ken Follett sont à la fête ! Le troisième et dernier tome de la Trilogie du siècle de Ken Follett vient de sortir.</p>
<p>Une magnifique plongée dans les moments les plus critiques du vingtième siècle à travers cinq familles et cinq pays impliqués dans les soubresauts géopolitiques de l'époque.</p> <p><img alt="Le trilogie du siècle, de Ken Follett" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/follett/Follett_bandeau.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> Vous l'avez peut-être vu construire des cathédrales dans les Piliers de la terre, vous allez le retrouver ici dans une grande saga qui parcourt le vingtième siècle.</p>
<p><img alt="La chute des géants, de Ken Follett" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/follett/Follett3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em><strong>La chute des géants</strong> nous emmène au fond des mines de charbon du pays de Galles, avec Billy, 10 ans. Commence alors une fresque haletante, où petit à petit, l'auteur va mettre en scène cinq familles, de cinq pays différents, aux prises avec la Première guerre mondiale. Vies bouleversées, amours contrariées, patrimoines soufflés : on vit la grande histoire à travers la petite, sans se lasser une minute.</em><br />
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</p>
<p><img alt="L'hiver du monde, de Ken Follett" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/follett/Follett2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em><strong>L'hiver du monde</strong> nous conte la poursuite du destin de nos cinq familles. Bouleversées par la Première guerre mondiale, déracinées, pour certaines, par la Révolution russe, une nouvelle valse cruelle les attend : la Seconde guerre mondiale. Les enfants des héros du premier tome vont tenter de se faire une place dans ce monde hostile.</em><br />
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<p><img alt="Aux portes de l'éternité, de Ken Follett" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Follett1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Follett1.jpg, mar. 2016" /><br />
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<em><strong>Aux portes de l'éternité</strong>, qui vient de sortir en poche, lance nos cinq familles, russe, polonaise, américaine, allemande et anglaise dans une deuxième moitié de XXème siècle guerre plus avenante : la guerre froide, la guerre du Vietnam et la crise économique. Argent, pouvoir et politique vont encore mener la danse dans cette fresque romanesque qui s'achève.</em><br />
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Un excellent moment de lecture pour ceux qui aiment l'Histoire et les histoires racontées simplement, avec talent mais sans grands effets de style.<br />
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<em><strong>La Trilogie du siècle</strong> (la Chute des géants, L'hiver du monde, Aux portes de l'éternité), Ken Follett, littérature anglaise, éditions Robert Laffont, et le Livre de Poche. Notre note : 4/5.</em></p>
<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/02/21/Ken-Follett-La-trilogie-du-si%C3%A8cle-Concours#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/341Oona et Salinger - Frédéric Beigbederurn:md5:5454bdd041375c3a2170976d844a9f542016-02-10T09:01:00+01:002018-10-06T17:24:21+02:00BernardL'amour<p>Beigbeder, comme beaucoup d'auteurs français visibles médiatiquement, est incapable de raconter une histoire sans prendre la place du héros.</p>
<p>Mais contrairement à d’autres, il les raconte bien, ses histoires. Ce qui rend son autocentrisme (un rien) plus digeste...</p> <p>La belle histoire c’est celle d’Oona O’Neil, seize ans, et de son éphémère amour avec l’écrivain Jerry D. Salinger, de 6 ans son aîné.</p>
<p>Elle, pimbêche insouciante et bien née, fille du poète anglais Eugène O’Neil.</p>
<p>Lui, tourmenté et d’extraction plus modeste, fils d’un importateur de fromages juif.</p>
<p>Je ne vais pas me priver du plaisir exceptionnel de vous montrer leur photo, puisque ces personnages sont, pour une fois, réels.</p>
<p><img alt="oonasalinger" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/illus/oonasalinger.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Jerry ne ménage pas sa peine.</p>
<blockquote>
<p>Une fille, ça s’ouvre et se referme : le problème est de trouver le bon mot de passe. Plus elles sont belles, célèbres et gâtées, plus le code d’entrée est difficile à déchiffrer. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, Jerry entame une relation avec cette demoiselle d’apparence superficielle. D’apparence seulement, ce que Jerry ne va pas comprendre. Erreur fatale.</p>
<blockquote>
<p>Il se trompe sur Oona : elle fréquente de pauvres petites filles riches mais ne l’est pas. La seule chose qu’il fallait faire avec Oona, c’était la consoler, s’occuper d’elle, l’abriter, au lieu de lui faire la morale sur ses sorties superficielles. »</p>
</blockquote>
<p>Et ce qui devait arriver arriva. Jerry part à la guerre. Oona s’envole pour Los Angeles. Où elle s’éprend de Charlie Chaplin, de 36 ans son aîné, scandalisant l’Amérique.</p>
<blockquote>
<p>En se croisant, les regards d’Oona et de Charlie se sont emplis d’eau simultanément. Il serait donc impropre de parler de coup de foudre : plutôt d’une inondation. »</p>
</blockquote>
<p>Une histoire d’amour banale, somme toute, mais que Beigbeder raconte à merveille. On vit les bars huppés de New York, mais aussi les horreurs de la guerre et celles de la déconvenue sentimentale.</p>
<p>On vit aussi ce moment d’une grande émotion, où Chaplin, banni des Etats-Unis depuis des décennies pour avoir été considéré comme un communiste, vient recevoir son Oscar.</p>
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Et bien sûr, bien sûr, Beigbeder en profite pour s’épancher sur lui-même, sur tout, sur rien dans des jugements définitifs.</p>
<p>Sur l’amour.</p>
<blockquote>
<p>C’est entre seize et vingt-deux ans qu’on aime vraiment. L’amour est absolu, sans le moindre doute, la moindre hésitation. »</p>
</blockquote>
<p>Sur les écrivains.</p>
<blockquote>
<p>Un écrivain, ça ne vit pas dans le monde, ça s’enferme dans une petite maison pour travailler, sinon ce n’est pas un écrivain, c’est un pitre. »</p>
</blockquote>
<p>Et sur la différence d’âge en amour, qu’il élève en culte.</p>
<blockquote>
<p>L’homme mur choisit une femme jeune parce qu’elle lui garantit, jusqu’au trépas, d’avoir le souffle coupé à chaque fois qu’il la verra sortir de la salle de bain. Et la jeune femme est heureuse d’être autant admirée, surtout quand elle a eu des problèmes paternels. »</p>
</blockquote>
<p>Son narcissisme en irritera plus d’un. J’ai aimé l’histoire, qu’il raconte avec passion et espièglerie.</p>
<p><img alt="Oona3.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Oona3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Oona3.jpg, déc. 2015" /><br />
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<em><strong>Oona et Salinger</strong>, Frédéric Beigbeder, littérature française, Grasset, 327 pages. Disponible en poche. ISBN : 2246777011. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/12/09/Oona-et-Salinger-Frederic-Beigbeder#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/336Envoyée spéciale - Jean Echenozurn:md5:41794bb941c76e4c96b1cff34d56498b2016-02-09T18:22:00+01:002018-10-07T11:13:47+02:00BernardLa vie<p><img alt="Libraires" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/coup de coeur3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Nous aimons tous nous arrêter dans une libraire et demander au libraire quel est son livre préféré du moment.</p>
<p>C'est ce qui nous a donné l'idée d'une nouvelle rubrique : Parole de libraire. Périodiquement, un(e) libraire viendra ici nous donner son coup de coeur, le commenter et parler de sa librairie. Et pour relever ce défi, nous nous sommes associés à la très belle revue <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/">Page des libraires</a>, qui offre des avis de libraires sur une nuée de livres !</p> <p>Le libraire, n'est pas un ordinateur et c'est pour cela qu'on l'aime. Quand il fait bien son boulot, il lit beaucoup, écoute les avis des autres, c'est donc la personne idéale pour recommander des perles.</p>
<p>C'est ce qui nous a donné l'idée de lancer la rubrique "Parole de libraire" : périodiquement, un(e) libraire viendra nous donner son coup de cœur.</p>
<p>Cette semaine, c'est Aurélie Janssens, de la librairie <a href="http://www.pageetplume.fr/">Page et Plume</a>, à Limoges, qui nous fait le plaisir de sa visite.</p>
<p><img alt="Librairie1" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Librairie1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p>Comme nous sommes curieux, nous allons lui poser trois questions, puis elle nous donnera son coup de cœur !</p>
<p><img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Décrivez-nous votre librairie en quelques mots...</strong></p>
<ul>
<li>La librairie Page et Plume se trouve dans le centre historique de Limoges, juste à côté des Halles (grand * marché couvert). Elle se trouve à cet emplacement depuis plusieurs dizaines d'années. Sa directrice,</li>
<li>Maud Dubarry, l'a rachetée, il y a maintenant dix ans.</li>
</ul>
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Qu'aimez-vous dans le métier de libraire ?</strong></p>
<ul>
<li>Je suis libraire depuis 8 ans et ce qui me plus c'est que dans les faits, nous faisons tous les jours le même travail, mais comme les livres que nous vendons changent, nous avons l'impression de faire chaque jour de nouvelles découvertes. C'est un métier qui nécessite d'être fait avec passion et l'échange est une notion essentielle.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Comme nous aimons les histoires, racontez-nous une petite anecdote...</strong></p>
<ul>
<li>Un jour une dame est entrée l'air assez perdu, regardant autour d'elle et constatant à voix haute : "ah, ce n'est donc pas une pharmacie !". Ce qui pourrait passer pour quelque chose d'assez farfelu n'est pas anodin, nous entendons souvent les clients nous dire qu'une lecture les a beaucoup aidés, voire guéris ou soignés. C'est souvent qu'ils sortent leur Carte Vitale à la place de la Carte Bleue au moment de passer en caisse. Malheureusement, la bibliothérapie n'est pas encore remboursée par la Sécurité Sociale !</li>
</ul>
<p> </p>
<p>Et à présent, le coup de coeur d'Aurélie Janssens.</p>
<p>Il s'agit d'Envoyée spéciale, de Jean Echenoz.</p>
<p><img alt="Echenoz" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Echenoz2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p><em>Lou Tausk, pseudonyme de Louis Coste, a été l’auteur d’un tube, « Excessif », chanté par sa compagne Constance, tube planétaire qui a fait d’elle une star jusqu’en Corée du Nord. Des années plus tard, Lou Tausk tente, tant bien que mal, de se refaire une notoriété, tandis que Constance s’éloigne de lui. Cette femme sans histoires, sans passion, « oisive » comme la décrit Jean Echenoz, va pourtant se faire enlever. Ses ravisseurs, « Autruche » et « Lamantin » aux ordres de l’obscur Victor, la séquestrent dans la Creuse. Cet emprisonnement à ciel ouvert a pour but de la « retourner », avant de l’envoyer en Corée du Nord en mission spéciale.</em><br />
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<br />
Et voici l'avis d'Aurélie Janssens, de la librairie Page et Plume :</p>
<blockquote>
<p>Constance a été enlevée. Séquestrée en Creuse. Ses ravisseurs ourdissent un plan des plus ambitieux pour elle... Comme d'habitude Jean Echenoz joue avec les codes, un peu de polar, un peu d'humour, toujours sur le fil avec une grande maîtrise et un pur bonheur pour les lecteurs. Pour tous les amoureux des mots justes au service d'une intrigue surprenante et de personnages décalés et attachants !</p>
</blockquote>
<p>Mais que pense l'auteur de son propre ouvrage ? Dans le dernier numéro de Pages des libraires, Jean Echenoz dit quelques mots de son travail d'écrivain.</p>
<p><img alt="Echenoz_photo" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Echenoz photo2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p><em>Je n’ai pas besoin de marque de fabrique et je n’en recherche pas, mais je n’y peux rien si c’est toujours moi qui écris mes livres. Sans vouloir faire le malin, je cherche simplement à trouver la distance qui me convient par rapport aux situations, aux personnages, aux décors. Si cela produit un rire ou un sourire, tant mieux, je me méfie toujours un peu d’une littérature d’où le rire est absent.</em><br />
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<br />
Retrouvez l'interview complète de Jean Echenoz dans le dernier numéro de Page des libraires. Nous avons la chance de pouvoir vous offrir trois exemplaires de ce numéro. <a href="https://www.leblogdeslivres.com/static/Nous-contacter">Envoyez-nous un mail</a> avant le 18 février, et vous serez peut-être l'un de nos trois heureux gagnants.</p>
<p>Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, nous vous proposons aussi des conditions d'abonnement à prix réduit, pour les lecteurs du Blog des livres. Il vous suffit de <a href="http://www.pagedeslibraires.fr/data/pdf/Bulletin_Abonnement_Leblogdeslivres.pdf">remplir ce formulaire</a> ou de cliquer sur la photo.</p>
<p><a href="http://www.pagedeslibraires.fr/data/pdf/Bulletin_Abonnement_Leblogdeslivres.pdf"><img alt="Page des libraires" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Libraires2.jpg" /></a></p>
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Merci à tous, merci à la librairie Page et Plume à Limoges et à très vite pour une nouvelle parole de libraire !<br />
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<em>Voici les références du livre : <strong>Envoyée spéciale</strong>, Jean Echenoz, Les éditions de minuit, littérature française, ISBN : 9782707329226. Notre note : 4/5.</em></p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2016/02/09/critique/Envoyee-speciale-Jean-Echenoz#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/339Funny girl - Nick Hornbyurn:md5:4a57657dc7ed76379f19c638a37175072016-01-19T18:20:00+01:002018-10-06T17:25:10+02:00BernardLa vie<p>J’imagine que dans les cours de narration littéraire, on insiste sur l’importance de la première phrase. Dans son « funny girl », le dernier roman de Nick Hornby, l’<em>incipit</em> est un modèle du genre.</p>
<p>« Elle n’avait aucune envie de devenir reine de beauté, mais le sort était sur le point d’en décider autrement. »</p> <p><img alt="funnygirlbandeau2" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/illus/Funny_girl_bandeau2.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Ainsi démarre l’histoire rocambolesque de Sophie Straw, une force de la nature, dont la beauté n’a d’égale que le culot. Au coeur des Golden Sixties, son destin était de devenir miss Blackpool, du nom de cette petite ville grisâtre du nord de Angleterre. Nombre de ses contemporaines en rêvent. Elle n’en a que faire. Et refuse le trophée quelques secondes avant qu’il lui soit décerné…</p>
<blockquote>
<p>Barbara savait qu’elle ne voulait pas être reine d’un jour, ni même d’un an. Elle ne voulait pas être reine du tout. Elle voulait juste passer à la télévision, et faire rire les gens. »</p>
</blockquote>
<p>… et file à Londres. Au fil de péripéties que vous découvrirez, elle réussit une audition, et devient la vedette d’une <em>comedy playhouse</em>, une série télévisée d’une demi-heure diffusée aux heures de grande écoute sur la BBC. Le thème : les amours d’une Cosette du Nord et d’un gentleman du Sud.</p>
<p>Commence alors une aventure extraordinaire au sein de ce petit monde.</p>
<p>Il y a Tony et Bill, les scénaristes.</p>
<blockquote>
<p>Tony et Bill s’étaient rencontrés dans la cellule d’un commissariat d’Alderschot. »</p>
</blockquote>
<p>Il y a Dennis, producteur et metteur en scène, pas spécialement heureux en amour.</p>
<blockquote>
<p>Dennis habitait à Hammersmith, avec sa femme Edith, et un chat. Ce soir-là, ni Edith ni le chat ne montrèrent le moindre intérêt à son retour – le chat parce qu’il dormait ; Edith parce qu’elle était au beau milieu d’une liaison avec un homme marié. »</p>
</blockquote>
<p>Et puis Clive, le tombeur, qui donne la réplique à Sophie.</p>
<blockquote>
<p>Sophie commençait à comprendre qu'au nombre des lois immuables il fallait ajouter celle-ci : acteurs et actrices finissent toujours par coucher ensemble. »</p>
</blockquote>
<p>Et Brian, l’agent de Sophie.</p>
<blockquote>
<p>Oh, je ne cherche pas à vous emballer, de défendit Brian. Je ne cours pas après la bagatelle. Il est question de quelque chose d’encore plus sale. Je veux que vous me rapportiez de l’argent. »</p>
</blockquote>
<p>Sans parler des agents, amants et maîtresses qui gravitent autour de cet improbable noyau, qui, de ruptures en rabibochages évolue cahin-caha dans une Angleterre aux aurores de la libération des mœurs.</p>
<p>Et pourtant, ça marche ! La série s’installe dans le paysage audiovisuel et marque son époque.</p>
<blockquote>
<p>Pour les téléspectateurs, il y avait eu une vie avant le premier épisode et une vie après. »</p>
</blockquote>
<p>Funny Girl est un divertissement dans sa forme la plus noble : Nick Hornby écrit juste et bien, mais ce style rigoureux ne nuit en rien aux effets comiques. Le livre n’est pas sans défaut : les dialogues sont parfois un peu longs, et pas toujours utiles, mais on s’attache à ce petit monde, qui évoque l’air de rien une époque d’éveil, où la femme commence enfin à avoir son mot à dire, a le droit d’être drôle sans être ridicule et même celui d'être ridicule sans être drôle.</p>
<p>Nick Hornby se pique même de livrer quelques considérations sur la célébrité.</p>
<blockquote>
<p>Etre au sommet, c'est comme être tout en haut d'une grande roue : à un moment donné, il fallait amorcer la descente, qu'on le veuille ou non. »</p>
</blockquote>
<p>Ou, mieux encore, sur la place du divertissement dans notre société.</p>
<blockquote>
<p>Le divertissement avait pris le contrôle du monde et Sophie que le monde fût devenu meilleur pour autant. Parfois, tous laissait à penser que tous les habitants de ce pays, sans exception, voulaient écrire pour la télévision, pousser la chansonnette, apparaître dans des films. Plus personne ne voulait prendre un rouleau de peinture, concevoir des moteurs, ni même trouver un remède au cancer. »</p>
</blockquote>
<p>Il démontre en tout cas brillamment que le divertissement garde toute sa place en littérature.</p>
<p><img alt="Funny_Girl_Nick_Hornby.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Funny_Girl_Nick_Hornby.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Funny_Girl_Nick_Hornby.jpg, déc. 2015" /><br />
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<em><strong>Funny Girl</strong>, Nick Hornby, littérature anglaise, traduit de l'anglais par Christine Barbaste, Stock, 432 pages, 23 euros. ISBN : 2234079225. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/12/10/Funny-girl-Nick-Hornby#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/337L'intérêt de l'enfant - Ian Mc Ewanurn:md5:a67610118932b43308b80914ac38b0142015-11-07T13:25:00+01:002018-10-06T17:25:31+02:00BernardL'amour<p>L’attachement sans faille à une religion peut-il être supérieur à l’intérêt de l'enfant ?</p>
<p>Question délicate que Ian Mc Ewan aborde avec une très grande finesse.</p>
<p>Là ou d’autres auraient répondu par oui ou non, l’auteur est bien plus surprenant que cela.</p> <p><img alt="McEwan" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/illus/McEwan5.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" /></p>
<p>Fiona, la soixantaine, est magistrate. Réputée et sans histoires.</p>
<blockquote>
<p>Dans la profession, on louait la juge Fiona Maye, même en son absence, pour la concision de sa prose mi-ironique mi-compatissante, et pour l’économie de moyens avec laquelle elle exposait un différend. »</p>
</blockquote>
<p>Elle est spécialisée en droit de la famille. Divorces, garde d’enfants, conflit financiers entre couples déchirés, tel est son quotidien.</p>
<blockquote>
<p>Les parents n’en revenaient pas de mener un combat aussi acharné contre celui ou celle qu’ils avaient aimé. »</p>
</blockquote>
<p>Une vie somme toute bien rangée, une vie de travail, mais dont le pilier, le couple qu’elle forme avec Jack, vacille. A 59 ans, celui-ci lui fait part d’une liaison avec une femme plus jeune.</p>
<blockquote>
<p>Il soutint son regard. « Tu sais que je t’aime.</p>
<p>- Mais tu as envie de quelqu’un de plus jeune.</p>
<p>- J’ai envie d’avoir une vie sexuelle. »</p>
</blockquote>
<p>C’est précisément en cette période de doute que Fiona est saisie d’une affaire délicate. Adam Henry, un adolescent de 17 ans est atteint d’une leucémie et a besoin d’une transfusion. L’enfant, mineur, refuse l’acte médical. Les parents sont du même avis. Tous trois sont témoins de Jéhovah.</p>
<blockquote>
<p>Elle n’avait pas pour tâche ou pour mission de le sauver, mais de prendre une décision raisonnable et conforme à la loi. »</p>
</blockquote>
<p>La juge entend les arguments des services sociaux, ceux du père, aussi.</p>
<blockquote>
<p>Avez-vous dit à Adam qu’il est libre de recevoir une transfusion s’il le souhaite, Mr Henry ? Et que vous l’aimerez toujours ?</p>
<p>- Je lui ai dit que je l’aimais.</p>
<p>- C’est tout ?</p>
<p>- C’est suffisant.</p>
</blockquote>
<p>Mais ces éléments, qui généralement éclairent son jugement, ne lui paraissent cette fois, pas suffisants. Elle va voir l’enfant.</p>
<blockquote>
<p>- Je vais vous dire pourquoi je suis là, Adam. Je veux m’assurer que vous savez ce que vous faites. Certains vous trouvent trop jeune pour prendre une telle décision et croient que vous êtes sous l’influence de vos parents et des anciens. D’autres pensent que vous êtes extrêmement intelligent et doué, qu’on doit vous laisser aller jusqu’au bout. »</p>
</blockquote>
<p>L’émotion se mêle alors insidieusement à la froide rigueur que requiert l’application du droit. Parviendra-t-elle à rendre son jugement, conformément à la loi, et à l’intérêt de l’enfant ?</p>
<p>L’intérêt de l’enfant est un roman magistral. J’ai réfléchi longtemps avant de qualifier le style. Austère ? Non, il y a de la vie. Cru ? Non plus, Mc Ewan n’est pas racoleur. Sobre, plutôt, c’est-à-dire relativement dépouillé mais pas au point d’abolir tout sentiment au profit d’une histoire rêche. Ce qui lui donne justesse et distance.</p>
<p>Et il en fallait pour aborder ce thème délicat. Car derrière la question soumise au tribunal se cache celle, bien plus contemporaine, de la coexistence des religions et des valeurs, et de la compréhension profonde de l’autre. Sans avoir l’air d’y toucher, Ian Mc Ewan s’y plonge, et parvient même à apporter une réponse. L’écrivain démontre ici toute l’essence de la littérature : aborder par le prisme détaché d’une banale histoire des thèmes qui, évoqués frontalement, n’auraient suscité que rejet et polémiques. Enfin un regard apaisé sur la question des religions !</p>
<p><img alt="Mc_Ewan.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Mc_Ewan.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mc_Ewan.gif, nov. 2015" /><br />
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<em><strong>L'intérêt de l'enfant</strong>, Ian Mc Ewan, littérature anglaise, traduit de l'anglais par France Camus-Pichon, Gallimard, 230 pages, 18 euros. ISBN : 9782070147687. Notre note : 4/5.</em><br />
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<p>Un autre livre de Ian Mc Ewan : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/12/28/261-sur-la-plage-de-chesil-ian-mcewan">Sur la plage de Chesil</a><br />
</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/11/06/L-interet-de-l-enfant-Ian-Mc-Ewan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/330Am stram gram - M. J. Arlidgeurn:md5:6d107c89f91f754012b84da6c98ff4f52015-09-18T16:51:00+02:002018-10-06T17:25:58+02:00ClaireLa trouille<p>Que feriez-vous si votre seule chance de survie était de tuer votre conjoint, votre ami(e), votre collègue ?</p>
<p>Seriez-vous prêts à laisser une lente et cruelle agonie, dans un endroit sans issue, sans boire ni manger, faire de vous un meurtrier ?</p>
<p>Am stram gram … Bienvenue dans la partie !</p> <p>Pas de dé, pas de sablier, dans ce livre de M. J. Arlidge. Seulement deux victimes unies par un choix cruel : tuer ou être tué. Prendre une vie ou sacrifier la sienne.</p>
<blockquote>
<p>Elle s’était déjà emparée du flingue. Elle ne s’était encore jamais servie d’une arme à feu, n’avait jamais songé à blesser qui que ce soit, et pourtant elle était parfaitement sereine maintenant qu’elle s’apprêtait à exécuter un homme qu’elle avait jadis appelé son ami. »</p>
</blockquote>
<p>Quelle âme perverse orchestre ce jeu diabolique ? Qui est l’assassin qui tue ses victimes sans jamais appuyer sur la gâchette ? C’est ce que le commandant Helen Grace doit découvrir au plus vite.</p>
<p>L’enquête met ses nerfs à rude épreuve, l’obligeant à prendre de gros risques, à se méfier d’une équipe qui ne semble pas totalement acquise à sa cause et à gérer la curiosité sordide d’une presse dont elle ne peut cependant pas se faire l’ennemie.</p>
<blockquote>
<p>Qu’importe son identité – et son rôle -, Hannah avait manifestement une taupe dans la police. »</p>
</blockquote>
<p>D’enlèvement en enlèvement, de victime en victime, de doutes en certitudes, Helen Grace avance avec autant de prudence que de détermination, les preuves chassant petit à petit sa perplexité face au choix des cibles.</p>
<p>Et si les coïncidences n’en étaient pas ? Et si le hasard n’avait jamais conditionné le choix des victimes ? Et si Helen Grace n’était pas à la tête de cette affaire critique sans raison ?</p>
<blockquote>
<p>Helen désigna le dossier. Je peux ? Il le lui tendit. Dès qu’elle vit son nom, son estomac se noua. Sa photo, jeune, plein d’espoir, vivant, lui donné raison. Ses pires craintes se réalisaient. Cette affaire était bien liée à elle. Elle l’avait toujours été. »</p>
</blockquote>
<p>Cet incroyable pile ou face sordide tient le lecteur en haleine dès la première page ! Thriller ambitieux et assurément efficace, Am stram gram est une de ces lectures que l’on choisit pour les vacances mais qu’on ose lire à tout moment sans avoir à en rougir.</p>
<p><img alt="Am_Stram_Gram.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Am_Stram_Gram.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Am_Stram_Gram.jpg, sept. 2015" /><br />
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<em><strong>Am stram gram</strong>, M.J. Arlidge, littérature anglo-saxonne, traduit par Elodie Leplat, Les Escales, 364 pages, 21,9 euros. ISBN : 2365690815. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/09/18/Am-stram-gram-M.-J.-Arlidge#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/329Pas pleurer - Lydie Salvayreurn:md5:1dc9fe953b996e3bf767d2c7cb9aaa4a2015-06-29T07:00:00+02:002018-10-06T17:26:22+02:00BernardL'amourMais<p>Dans les villages, il y a, au mieux, des divergences de vues politiques. Au pire, des haines corses.</p>
<p>Mais quand dans le même hameau se disputent les trois tendances qui déchirent un pays, ça peut faire des étincelles.</p>
<p>C’est ce que raconte Lydie Salvayre, dans son livre « Pas Pleurer »</p> <p>Ou plutôt, c’est ce que raconte Montse, réfugiée de longue date en France, à sa petite fille. Nous sommes en 1936, peu avant la guerre d’Espagne. Dans le village de Montse, il y a José, le frère, anarchiste.</p>
<blockquote>
<p>Il est émerveillé comme un enfant. Il apprend à lever le poing et à chanter Hijos del Pueblo. Il crie avec d’autres À bas l’oppression, Vive la liberté. Il crie À mort la mort. Il se sent exister, il se sent meilleur. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le même village, il y a Diego, le cousin, socialiste modéré.</p>
<blockquote>
<p>Diego vient d’énoncer cette chose si merveilleusement raisonnable : que ceux qui veulent collectiviser collectivisent et que ceux qui préfèrent continuer comme avant continuent comme avant. Cela s’appelle le sens politique. »</p>
</blockquote>
<p>Et il y a Dona Pura, la tante de Diego, nationaliste.</p>
<blockquote>
<p>Elle s’était mise à défendre avec une fureur tout eucharistique, la Santa Guerra livrée par Franco, son Caudillo vénéré, son Génie absolu, son Sauveur envoyé par le Ciel, l’Artisan valeureux de la nouvelle Espagne. »</p>
</blockquote>
<p>Ce petit monde se connaît de longue date, car il a grandi dans un village qui tangue depuis des lustres sous les roulis politiques qui agitent le pays. Jusqu’à cet été 36, juste avant la guerre civile, où un étrange vent de liberté souffle sur le pays.</p>
<p>José s’y jette à corps perdu, n’écoutant que ses valeurs, ses passions. Il part avec Montse à Barcelone, aux mains des anarchistes et y vit, avec elle, un été qui les marquera à jamais.</p>
<blockquote>
<p>Deux jeunes filles en pantalon, les ongles peints en rouge, leur offrent, avec des airs crâne, des cigarettes blondes, et Montse découvre avec stupéfaction que des femmes qui ne sont pas des putes peuvent fumer comme les hommes. »</p>
</blockquote>
<p>Montse y rencontre un séduisant Français de passage… Le paradis.</p>
<p>Pendant ce temps, plus stratège, Diego profite du désordre ambiant pour prendre le pouvoir dans le village. Et Dona Pura voit d’un bon œil la tournure des événements politiques, qui voit monter les franquistes.</p>
<p>José et Montse reviennent au village et voient décliner les idées libertaires, qui effrayent plus qu’elles ne structurent. Enceinte de son bel inconnu qui a fui sans laisser de traces sous d'autres horizons, Montse prend une décision qui va faire basculer le destin de José.</p>
<blockquote>
<p>Je vais épouser Diego. »</p>
</blockquote>
<p>José perd pied, et ne supporte pas de voir son rival monter et ses idées décliner.</p>
<p>Mais jusqu’où se déchireront ces frères ennemis, dont le seul point commun est d’avoir des convictions et de s’y tenir viscéralement ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Dans Pas Pleurer, Lydie Salvayre nous fait vivre de l'intérieur l'épisode libertaire préalable à la guerre d’Espagne. La plume est libre comme les idées du moment, et le français teinté d’espagnol de la narratrice ajoute à cette sensation de fraîcheur.</p>
<p>Lydie Salvayre alterne du reste le récit de la narratrice avec les écrits de l’écrivain Bernanos, qui, un temps acquis aux idées nationalistes, ose en dévoiler les exactions sitôt qu'il en a connaissance.</p>
<p>Cette écriture et cette narration décomplexées, alliées à la densité du récit dans un roman court ont leurs travers : difficile de suivre les événements, surtout si on n’a pas les repères historiques, et de comprendre qui est qui dans cette tragi-comédie.</p>
<p>Mais on ressort du roman avec un sourire attendri, en se disant, une fois de plus, qu’entre liberté et confort d’un ordre (r)établi, la seconde option est plus séduisante à beaucoup.</p>
<p><img alt="Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Lydie_Salvayre_Pas_pleurer.jpg, juin 2015" /><br />
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<em><strong>Pas pleurer</strong>, Lydie Salvayre, littérature française, Seuil, 279 pages, 18,5 euros. ISBN : 9782846669221. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/06/28/critique/Pas-pleurer-Lydie-Salvayre#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/328L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage - Haruki Murakamiurn:md5:46cc9b62733395e290bad1f0e8b9477e2015-06-02T07:50:00+02:002018-10-06T17:26:40+02:00BernardLa vie<p>Nous avons tous, ou presque, des amis.</p>
<p>Ils sont notre réconfort, notre équilibre, nos balises, nos moments de joie.</p>
<p>Et si, du jour au lendemain et sans s’en expliquer, ils refusaient, tous, de nous parler ?</p>
<p>C’est le point de départ original et intriguant de L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, de Haruki Murakami.</p> <p>Tsukuru vit une existence paisible dans un lycée de Nagoya. Il partage des moments intenses avec ses amis. Le prénom de chacun d’eux évoque une couleur, sauf celui du Tsukuru.</p>
<blockquote>
<p>Les deux garçons s’appelaient Akamatsu – Pin Rouge – Ômi – Mer bleue -, et les deux filles respectivement Shirane – Racine blanche – et Kurono – Champ noir. »</p>
</blockquote>
<p>Mais un jour, alors que l’entente était aussi cordiale et chaleureuse que toujours…</p>
<blockquote>
<p>Il reçut un appel de Bleu. « Désolé, mais nous ne voulons plus que tu nous téléphones désormais », déclara Bleu. Aucune formule de politesse en préalable. Ni : « Allô, c’est toi ? » ni : « Tu vas bien ? » ni encore « Ça fait longtemps ! » « Désolé fut sa seule marque de civilité. »</p>
</blockquote>
<p>Ses amis refusent de lui expliquer la raison de ce rejet.</p>
<blockquote>
<p>Pourtant, si c’est possible, j’aimerais connaître la raison de cette décision, reprit Tsukuru.<br />
- Ce n’est pas de ma bouche que tu l’entendras, répondit Bleu. Si tu y réfléchissais par toi-même, tu devrais sûrement pouvoir le comprendre, non ? »</p>
</blockquote>
<p>Tsukuru entame alors une plongée de six mois dans le désespoir.</p>
<blockquote>
<p>Pendant tout ce temps, il estima que le plus naturel et le plus logique était qu’il mette un terme à son existence. »</p>
</blockquote>
<p>Mais il ne s’y résout pas, sans qu’il sache très bien pourquoi. Il vivote, renoue une amitié qui disparaîtra elle aussi sans laisser de trace, puis rencontre Sara. Seize ans se sont écoulés depuis la rupture avec ses amis, et Sara constate que quelque chose empêche Tsukuru de se livrer pleinement.</p>
<blockquote>
<p>Je crois, vois-tu, qu’il serait bon que tu te mettes à éclaircir par toi-même les raisons pour lesquelles tu as été brutalement rejeté par tes quatre amis. »</p>
</blockquote>
<p>Tsukuru prend alors son bâton de pèlerin et part à la recherche de ses amis, de son passé. Il n’est pas au bout de ses surprises.</p>
<blockquote>
<p>J’espère que je n’ai pas ouvert une boîte que je n’aurais pas dû ouvrir. »</p>
</blockquote>
<p>Dans l’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, on retrouve la plume douce, simple et presque naïve de Haruki Murakami. L’histoire est contée paisiblement, mais sans effet de style. Bien que tintée des exotismes de la vie quotidienne au Japon, elle porte en elle, une fois de plus, un caractère universel.</p>
<p>Je suis parfois quelque peu déçu que l’auteur dépasse à peine son histoire et plonge assez peu en profondeur, alors que la richesse de l’intrigue le lui permettrait cent fois.</p>
<p>Mais le roman n’en contient pas mois quelques pistes. Comme quand il évoque la rupture.</p>
<blockquote>
<p>C’est étonnant, non ? Il semblerait que même dans la vie d’un homme en apparence des plus paisible ou rangé, il y a toujours, à un moment ou un autre, une période de grande rupture. Une période de folie, même, pourrait-on dire. Chez les hommes, ce genre de tournant est sûrement nécessaire. »</p>
</blockquote>
<p>Ou la souffrance.</p>
<blockquote>
<p>Ce n’est pas seulement l’harmonie qui relie le cœur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c’est ce qui se transmet d’une blessure à l’autre. D’une souffrance à une autre. D’une fragilité à une autre. C’est ainsi que les hommes se rejoignent. Il n’y a pas de quiétude sans cris de douleur, pas de pardon sans que du sang soit versé, pas d’acceptation qui n’a connu de perte brûlante. Ces souffrances sont la base d’une harmonie véritable. »</p>
</blockquote>
<p>J’ai aimé le cours paisible de ce récit, l'intrigue bien ficelée et proprement distillée. Mais comme dans son précédent livre, 1Q84, je regrette que Murakami navigue un peu trop en surface.</p>
<p><img alt="Incolore_Tsukuru.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Incolore_Tsukuru.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Incolore_Tsukuru.jpg, juin 2015" /><br />
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<em><strong>L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage</strong>, littérature japonaise, traduit par Hélène Morita, Belfond, 368 pages, 23 euros. ISBN : 2714456871. Notre note : 4/5.</em><br />
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Un autre livre de Haruki Murakami : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/02/24/1Q84-Livre-1,-2-et-3-Haruki-Murakami">1Q84</a>.</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/06/01/Critiques/L-incolore-Tsukuru-Tazaki-et-ses-annees-de-pelerinage-Haruki-Murakami#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/327Au revoir là-haut - Pierre Lemaîtreurn:md5:265b72e06d93f1d806acce0a317679822015-05-15T16:06:00+02:002018-10-06T17:26:59+02:00BernardLa guerre<p>Quand on les rencontre dans la vraie vie, on les déteste. Mais dans un roman bien ficelé, propre, drôle et espiègle, on ne peut que les adorer.</p>
<p>Les crapules.</p>
<p>Dans Au revoir là-haut, Pierre Lemaître en a créé quelques beaux spécimen...</p> <p>Tout commence aux dernières heures de la Grande Guerre. Alors que plus rien ne l’y oblige, le crapuleux lieutenant Pradelle envoie ses hommes à la mort, histoire de remporter une victoire de fin de conflit qui lui vaudra les honneurs. Le malheureux Albert comprend le stratagème, et le paye au prix fort. Pradelle le pousse dans un cratère, Albert tente de s’en extraire, un obus explose à proximité et…</p>
<blockquote>
<p>Dans un formidable craquement, la nappe de terre s’abat sur lui. On aurait pu s’attendre à un choc qui l’aurait tué tout net, Albert serait mort voilà tout. Ce qui se passe est pire. Les cailloux et les pierres continuent de lui tomber dessus en grêle puis la terre arrive, d’abord couvrante et de plus en plus lourde. Le corps d’Albert est collé au sol. »</p>
</blockquote>
<p>Enseveli, Albert entame son agonie, mais Edouard, un soldat de 24 ans, a assisté à la scène et sauve Albert. Mal lui en prend.</p>
<blockquote>
<p>C’est alors qu’arrive à sa rencontre un éclat d’obus gros comme une assiette à soupe. Assez épais, une vitesse vertigineuse. »</p>
</blockquote>
<p>Edouard se trouve dans état critique, le mot est faible.</p>
<blockquote>
<p>L’éclat d’obus lui a emporté toute la mâchoire inférieure ; en-dessous du nez tout est vide, on voit la gorge, la voûte, le palais et seulement les dents du haut, et en-dessous, un magma de chairs écarlates avec au fond quelque chose, ça doit être la glotte, plus de langue, la trachée fait un trou rouge humide. »</p>
</blockquote>
<p>Albert est indemne. Edouard pas du tout. Les hommes sont liés par le destin.</p>
<p>Après la guerre, le premier enchaîne les petits boulots pour payer la morphine du second. Ils s’installent ensemble. Edouard reprend quelques activités de dessin, mais a aussi perdu son talent.</p>
<p>De son côté le lieutenant Pradelle est prospère. Il a monté un petit business fructueux : donner une sépulture digne de ce nom à tous ces morts enterrés à la va-vite sur les champs de bataille. Les familles sont prêtes à délier le portefeuille pour ce noble dessein. Au plus grand bénéfice de Pradelle.</p>
<blockquote>
<p>A quatre-vingts francs le cadavre et avec un prix de revient réel aux alentours de vingt-cinq, Pradelle espérait un bénéfice de deux millions et demi. »</p>
</blockquote>
<p>Nos deux lascars, quant à eux, se morfondent. Les besoins en substances d’Edouard croissent sans discontinuer. Et ce dernier finit, lui aussi, par attraper le sens des affaires (louches). L’idée : lancer des souscriptions pour des monuments aux morts, demander un acompte, et disparaître dans la nature. Edouard y croit dur comme fer.</p>
<blockquote>
<p>30.000 monuments, X 10.000 francs = 300 millions de francs. »</p>
</blockquote>
<p>Et pendant ce temps Pradelle pousse son bénéfice en enterrant un peu plus de cercueils qu’il y a de morts et autres arnaques aussi grossières que lucratives.</p>
<p>Et dans le petit monde du business d’après-guerre, les chemins de nos trois hommes pourraient parfaitement se recroiser…</p>
<p>Les deux poilus auront-ils leur vengeance sur le respectable lieutenant ? Leurs business demeurera-t-il profitable ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Au revoir là-haut est un roman délicieux. L’auteur a eu le culot d’aborder un thème délicat sur un ton aussi cru et sarcastique que cynique et désopilant. Les personnages sont entêtés et crédibles, les arnaques multiples et délicieuses. Et le narrateur n’omet pas les histoires d’amour et de famille qui donnent à ce livre une intensité dont il n’avait même pas besoin.</p>
<p>Les boulons sont serrés, l’écriture propre et directe.</p>
<p>Et tout cela avec une compassion détachée pour ses personnages. Un vrai talent. Un vrai régal.</p>
<p><img alt="Au_revoir_la-haut.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Au_revoir_la-haut.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Au_revoir_la-haut.jpg, mai 2015" /><br />
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<em><strong>Au revoir là-haut</strong>, Pierre Lemaître, littérature française, Albin Michel, 567 pages, 22,5 euros, ou en poche. ISBN : 2253194611. Notre note : 5/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/05/15/Au-revoir-la-haut-Pierre-Lemaitre#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/326Danser les ombres - Laurent Gaudéurn:md5:cab91d2f20b0ecb75a8b64aa3ee9e8212015-05-04T08:13:00+02:002018-10-06T17:27:25+02:00MarieLe lointain<p>Des couleurs, des ambiances, de la chaleur humaine, de la vie.</p>
<p>Mais aussi des situations critiques.</p>
<p>Pas de doute, Laurent Gaudé est de retour avec ce magistral "Danser les ombres".</p> <p>La soeur de Lucine est morte, lui laissant à elle et à son autre soeur la charge de deux enfants en bas âge.</p>
<p>L'un des enfants est de père inconnu, et celui de l'autre n'a plus jamais donné signe de vie. C'est pour le retrouver et lui demander une aide financière que Lucine entreprend le voyage vers Port-au-Prince.</p>
<p>Mais dès qu'elle descend du bus...</p>
<blockquote>
<p>La tête se mit à lui tourner. Elle était assaillie par un déluge de couleurs rouge, jaune, vert, orange, des peintures de voitures, des décorations des bus. Abasourdie par le vacarme continu des moteurs, des klaxons, de chauffeurs hélant le chaland. Dans ce grand carrefour du Sud de Port-au-Prince, c'était un inextricable amoncellement de bus, de camionnettes, de voitures et chaque véhicule était chargé dans des cris ininterrompus, les passagers essayant de faire rentrer des paquets énormes, et ça criait. »</p>
</blockquote>
<p>Lucile sait alors qu'elle ne quittera plus jamais cette ville. Elle retrouve Saul qu'elle a connu quand ils étaient étudiants et qui l'amène chez Fessou, une ancienne maison close où chaque jour se retrouve une bande d'amis qui aiment rire, danser, boire, jouer aux dominos et qui ensemble oublient les horreurs vécues dans leur chair sous la dictature des Duvalier.</p>
<p>Le bonheur est là, si proche et tellement simple.</p>
<blockquote>
<p>Le vieux Tess observa le petit groupe qui était sous ses yeux. Le vieux rêve de Fessou était là : des hommes de tout âge, de toute classe sociale réunis en un établissement qui ne faisait aucune distinction entre les uns et les autres et offrait simplement à tous le temps du partage et de la conversation. »</p>
</blockquote>
<p>Mais à Haïti, la tragédie n'est jamais loin et les esprits vaudou, bienfaisants ou maléfiques en profitent pour se manifester.</p>
<p>Tout bascule en 35 secondes. Des milliers de vies disparaissent à jamais dans les décombres, la poussière et le chaos. Un réplique achève de plonger la ville dans l'anéantissement. Les familles, les amis se cherchent désespérément et les survivants blessés ou indemnes sillonnent la ville et créent partout des chaînes de solidarité.</p>
<blockquote>
<p>Personne n'avait remarqué que le monde animal tendait l'oreille tandis que les hommes, eux, continuaient à vivre. Mais d'un coup, sans que rien ne l'annonce, d'un coup, la terre subitement refusé d'être terre, immobile et se mit à bouger durant trente-cinq secondes qui sont trente-cinq années. A danser, la terre. A trembler. »</p>
</blockquote>
<p>Ce roman est magnifique, débordant de vie, de poésie, de chaleur humaine. Laurent Gaudé a une telle affection pour ses personnages que nous, lecteurs, ne pouvons que les aimer aussi courageux, fiers, amoureux fous de la vie.</p>
<p>Malgré la tragédie, on quitte ce livre remplis d'émotion bienfaisante et d'empathie pour le peuple haïtien.</p>
<p><img alt="Ombres_gaude2.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ombres_gaude2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ombres_gaude2.jpg, mai 2015" /><br />
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<em><strong>Danser les ombres</strong>, Laurent Gaudé, littérature française, Actes Sud, 250 pages, 19,80 euros. ISBN : 2330039719. Notre note : 4/5.</em><br />
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D'autres livres de Laurent Gaudé : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/25-eldorado-laurent-gaude">Eldorado</a>,<a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/23/100-dans-la-nuit-mozambique-laurent-gaude"> Dans la nuit Mozambique</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/29/259-la-porte-des-enfers-laurent-gaude">La porte des enfers</a>.</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/04/27/Danser-les-ombres-Laurent-Gaud%C3%A9#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/325Leçons d'un tueur - Saul Blackurn:md5:0e9c86f716bee7cd06e210ebcd9587d72015-04-19T09:00:00+02:002018-10-06T17:27:44+02:00JulietteAliceLa trouille<p>On ne va pas y aller par quatre chemins. Leçons d'un tueur, ce premier thriller de Saul Black est le meilleur livre dans le genre tueur en série depuis Le silence des agneaux de Thomas Harris.<br />
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Rien que ça.</p> <p>Petit conseil de votre copine Juliette, prévenez votre entourage de vous ménager pendant une lecture qui s’annonce addictive et éprouvante. Et ne dites pas que vous n’avez pas été prévenu !</p>
<blockquote>
<p>Non, ne crie pas…<br />
Si Josh ne fait pas de bruit et si Nell reste…<br />
Ils ont peut-être juste l’intention de me violer oh Seigneur…<br />
quoi qu’ils…<br />
la carabine… »</p>
</blockquote>
<p>Valérie Hart, inspectrice de la Criminelle de San Francisco patauge comme tous ses collègues depuis trois ans. Trois longues années pendant lesquelles sept femmes ont été retrouvées mortes sur l’immensité du territoire américain. Sept corps retrouvés dans un état qui témoigne du tsunami de violence et de sadisme qui s’est abattu sur Katrina, Sarah, Lisbeth et les autres.</p>
<p>Loin d’être une idiote, malgré une histoire d’amour douloureuse et un passé qui la ronge, Valérie tient une toute petite piste qui va s’annoncer au fil des pages et des retournements de situation plutôt prometteuse.</p>
<blockquote>
<p>Ils étaient sur la scène du crime depuis deux heures lorsque Valérie eut un malaise.<br />
- Je prends cinq minutes, dit-elle à Will.<br />
...Elle dut s’arrêter s’appuyer contre un tronc tant elle tremblait. Saisie de vertige, elle tomba à quatre pattes. »</p>
</blockquote>
<p>D’un côté, Valérie (avec une « connasse » du FBI collée à ses basques) survoltée par une enquête complètement dingue et de l’autre, le ou les tueurs, jamais rassasiés de leurs terribles méfaits.</p>
<p>C’est à un jeu du chat et de la souris incroyablement haletant que nous convie Saul Black, connu pour sa trilogie fantastique Dernier Loup-Garou. L’Anglais a l’intelligence de nous confronter à nos peurs ancestrales et primaires (peur du noir, de l’abandon, de la faim,…) pour accentuer son emprise sur le lecteur. Tant et si bien que son écriture précise et anxiogène augmente notre rythme cardiaque au fil des chapitres.</p>
<blockquote>
<p>Le menton appuyé sur sa poitrine, X. ouvrit la bouche et sentit un petit filet de salive sur sa lèvre inférieure. Le flic frappa plus fort avec sa botte de motard à coque en acier. »</p>
</blockquote>
<p>Et là où Saul Black fait fort, c’est qu’il nous tient en haleine du début jusqu’à la fin sans aucun temps mort. Sans une seule micro seconde de répit. Et ce, jusqu’à un dénouement final (les 100 dernières pages donnent littéralement le tournis) qui n’arrive qu’à la toute toute fin de ce thriller sang pour sang étourdissant.</p>
<p><img alt="Saul.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Saul.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Saul.jpg, avr. 2015" /><br />
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<em><strong>Leçons d’un tueur</strong>, Saul Black (traduit de l’anglais par Isabelle Maillet), littérature anglo-saxonne, Presse de la cité/Sang d’encre, 493p., 22 euros. ISBN : 2258114853. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/04/17/Le%C3%A7ons-d-un-tueur-Saul-Black#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/324L'amour et les forêts - Eric Reinhardturn:md5:779a4b83098a83503d219766fc10fcf42015-04-02T19:12:00+02:002018-10-06T17:27:59+02:00BernardL'amour<p>Dans les maisons ordinaires des quartiers ordinaires des villes ordinaires, il y a des femmes qui subissent chaque jour des humiliations extraordinaires.</p>
<p>Et qui restent enserrées dans des liens conjugaux destructeurs alors que rien ne les empêche de s’en défaire. Dans son roman L'amour et les forêts, Eric Reinhardt aborde subtilement le sujet...</p> <p>Eric Reinhardt est écrivain. Il reçoit un jour une lettre d’une de ses lectrices. Une missive presque anodine, mais dans laquelle il décèle une souffrance.</p>
<blockquote>
<p>D’abord un peu précautionneuse, cette lettre était, à mesure qu’elle progressait, de plus en plus féroce et mécontente. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteure de la lettre, c’est Bénédicte Ombredanne, que l’auteur nommera par ses noms et prénoms accolés tout au long du récit. Elle est professeur de français dans un lycée public de Metz. Eric Reinhardt la rencontre et elle glisse, à cette occasion, de nouveaux indices diffus de sa souffrance.</p>
<blockquote>
<p>Elle est restée silencieuse sur ce qui la poussait à qualifier son existence de <em>délabrée</em>, à désigner sa personne comme un objet <em>mis au rebut</em>, à se décrire comme une jeune femme <em>abandonnée</em>. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteur change alors radicalement de mode de récit. De témoin, il se fait narrateur et décrit le calvaire de Bénédicte, harcelée par son mari.</p>
<blockquote>
<p>Son mari lui gâchait les plus belles années de son existence, elle n'avait encore que trente-six ans, un âge auquel il est impardonnable de se priver des plaisirs, des jouissances, des richesses et des gratifications qu'on est en droit d'attendre de la réalité quand on est une femme sensible, intelligente et cultivée. »</p>
</blockquote>
<p>Résolue à goûter à l’indépendance, Bénédicte part à la recherche déterminée d’un amour pur, intense et secret : elle le trouve sur internet. Il s'appelle Christian.</p>
<blockquote>
<p>Mais comment est-il possible de se sentir aussi bien et dans une telle harmonie de sensibilités, avec quelqu'un qu'on vient tout juste de rencontrer ? »</p>
</blockquote>
<p>Mais elle prend bien peu de précautions pour s’en cacher, et les soupçons qu’elle déclenche chez son mari ne font que renforcer ses pulsions agressives. Il lui fait des scènes insoutenables, de jour comme de nuit.</p>
<blockquote>
<p>Qu’est-ce que tu fais, pourquoi tu mets tes mains sur ton visage, tu as peur que je te frappe ? Oui, c’est ça ? Tu t’imagines que je suis assez primaire pour te frapper au visage ? »</p>
</blockquote>
<p>Puis l’auteur, qui s’étonne de ne plus avoir de nouvelles de Bénédicte Ombredanne change une troisième fois de mode de narration et raconte son enquête pour connaître le destin de sa lectrice.</p>
<p>Cette histoire de harcèlement, bien que d’une désolante actualité, n’est sans doute pas le point fort de ce roman. Ce qui touche, ce qui séduit, c’est la manière distante et sans jugement avec laquelle l’auteur livre son récit, sans condamnation, ou si peu, du harceleur.</p>
<p>Cette distance permet au lecteur de percevoir les ressorts intimes des comportements de domination et de soumission et les liens diaboliquement indéfectibles qu'ils peuvent créer entre deux êtres en souffrance.</p>
<p>Le roman s’est voulu esthétique, phrases travaillées, changements subtils de modes de narration. C’est une politesse de plume mais elle n'est hélas pas exempte d’excès de verbe. Un écueil qui n'enlève rien à la profondeur de ce roman très réussi.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/12/Le-systeme-Victoria-Eric-Reinhardt">Le système Victoria</a>.</p>
<p><img alt="Reinhardt.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Reinhardt.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Reinhardt.jpg, mai 2015" /><br />
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<em>L'amour et les forêts, Eric Reinhardt, littérature française, Gallimard, 366 pages, 21,9 euros. ISBN : 2070468151. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/03/31/L-amour-et-les-forets-Eric-Reinhardt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/323La saison des mangues - Cécile Hugueninurn:md5:5598f2ea1b6c5841be6c4c3bf3091b592015-01-26T10:59:00+01:002018-10-06T17:28:19+02:00BernardLe lointain<p>« On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait. »</p>
<p>Cette petite phrase, citée de façon anodine par un personnage de la « Saison des Mangues » résume à merveille ce roman tout en mouvement et densité.</p> <p>Anita vit à Paris. Mais elle porte en elle de nombreux voyages. Sa mère, Radikha, née en Inde a été vendue et mariée à un austère major anglais, qui la ramène dans son pays puritain.</p>
<blockquote>
<p>Sans doute avait-il espéré que cette beauté exotique impressionnerait la famille et lui vaudrait, sinon des égards, du moins des envies, des jalousies qui le valoriseraient. Mais il était parti trop longtemps de ce pays pour se souvenir qu’un système de castes régentait les rapports sociaux plus cruellement encore qu’en Inde parce qu’il était tacite. »</p>
</blockquote>
<p>La major en est si frustré qu'il passe sournoisement sa rage sur son élue. Radikha se résout à se libérer. Elle l’empoisonne.</p>
<blockquote>
<p>Elle porte son premier geste de femme affranchie comme un trophée écrasant. »</p>
</blockquote>
<p>Elle retourne en Inde avec Anita, devenue ado. Et c’est dans l’avion qui les y emmène que les deux femmes rencontrent François, un Français qui tombe éperdument amoureux d’Anita. De leur union naîtra Mira, au cœur de l’Inde, un jour de pluie. Le couple rentre en France.</p>
<p>C’est donc tous ces voyages, les siens et ceux de sa mère qui ont « fait » Anita. Elle pense être à quai. Elle l’est. Mais le voyage n’est pas terminé pour son entourage. Sa fille Mira peine à accepter ses origines bigarrées, son « héritage malaxé par l’histoire et le destin » et se fait appeler Mari.</p>
<blockquote>
<p>Anita la vit s’engager ainsi dans la voie des refus. Son amour et son intuition l’aidèrent à accepter sans souffrir que Mari-sans-e se mette à renier tout ce qui venait de l’Inde, nourriture, histoire et souvenirs familiaux. »</p>
</blockquote>
<p>Et Mira part en Afrique, où elle prend tant de libertés avec les coutumes locales qu’elle en risque sa peau. Elle ne donne plus signe de vie.</p>
<p>Quant à François, c’est une autre forme de voyage qu’il entreprend.</p>
<blockquote>
<p>On l’avait ramassé courant complètement nu dans le parc des Buttes-Chaumont et clamant à tue-tête qu’il était le nouveau messie envoyé sur la terre pour sauver les hommes. Il mélangeait toutes les langues qu’il connaissait, passant sans transition du français à l’anglais, du tamil à l’hindi. »</p>
</blockquote>
<p>Anita devrait être effondrée. Et pourtant elle ne l’est pas vraiment.</p>
<blockquote>
<p>Elle découvre avec un contentement timide qu’elle a une existence propre, une consistance intime. Ils se sont chacun à sa manière retirés de sa vie et voilà que dans cet espace abandonné elle s’est insensiblement accordé le droit d’occuper toute la place. »</p>
</blockquote>
<p>Se retrouveront-t-il tous à bon port ? En un sens oui. Un sens que je vous laisse découvrir.</p>
<p>« La Saison des Mangues » est un de ces trop rares romans français contemporains qui raconte vraiment une histoire. C’est moins une histoire de voyages dans le monde que de voyage en soi-même. Une histoire où chacun décide un jour de partir à la recherche de lui-même et finit par se trouver quoi qu’il en coûte. Une quête d'autant plus complexe que les métissages s'emmêlent. Une métaphore subtile, portée par une plume légère et talentueuse, qui suggère plus qu’elle n’impose, ce qui laisse le lecteur, lui aussi, effectuer son propre voyage.</p>
<p>La route du soi, en quelque sorte…</p>
<p><img alt="Saison.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Saison.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Saison.jpg, déc. 2014" /><br />
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<em><strong>La saison des mangues</strong>, Cécile Huguenin, littérature française, Héloïse d'Ormesson, 180 pages, 17 euros. ISBN : 235087298X. Notre note : 4/5.</em><br />
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/12/01/Alzheimer-mon-amour-C%C3%A9cile-Huguenin">Alzheimer mon amour</a>, son premier roman.<br />
</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/12/17/La-saison-des-mangues-C%C3%A9cile-Huguenin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/321Voyage de noces avec ma mère - Véronique Selsurn:md5:e706c8d93b6e4097a32aa4b6fe9d6d0c2015-01-18T16:03:00+01:002018-10-06T17:28:43+02:00BernardL'amour<p>Avec un titre comme « Voyage de noces avec ma mère », on ne pouvait que s’inviter nous aussi dans les valises de la romancière.</p>
<p>Pour s'apercevoir que le mythe de la belle-mère envahissante n'a jamais été aussi vivant...</p>
<p>Accrochez-vous, ça démarre au quart de tour.</p> <p>Anne vient d’épouser Raphaël. Un mariage d’amour, certes, mais non dénué d’une certaine résignation.</p>
<blockquote>
<p>J’aurais pu épouser l’homme parfait. Cela m’aurait évité toutes sortes de déconvenues. Mais aux dires des femmes d’expérience, ce genre d’homme n’existe pas, aussi ai-je jeté mon dévolu sur l’imparfait Raphaël. »</p>
</blockquote>
<p>De son côté, la mère de Anne fait plutôt le parcours inverse : divorce.</p>
<blockquote>
<p>Elle ne s’était jamais habituée à mon apparition, et à 55 ans, elle se demandait encore comment une brunette aux yeux sombres comme elle avait pu mettre au monde une asperge aux yeux clairs telle que moi. Bien sûr, elle connaissait la réponse, mais la réponse et elles avaient divorcé quelques mois auparavant. »</p>
</blockquote>
<p>Anne et Raphaël décident de partir en voyage de noces en Californie. Et ce qui ne devait pas arriver arriva…</p>
<blockquote>
<p>- Tu ne veux pas venir avec nous, maman ?</p>
<p>- Ne serai-je pas un poids ? s’est-elle enquise par principe.</p>
<p>- Du tout a répondu Raphaël en avalant sa salive.</p>
<p>Quand on y réfléchit, il suffit de pas grand-chose pour ruiner un mariage. »</p>
</blockquote>
<p>Voici donc nos trois énergumènes en Mustang de location à travers les grandes attractions touristiques de Californie. Un périple pour le moins agité. C’est que la mère est un sacré numéro. Envahissante, curieuse, intrusive, maladroite sans-gêne et on en passe…</p>
<blockquote>
<p>Maman adore inverser les rôles. Elle fournit ses propres diagnostics aux médecins, monte des dossiers contre ses avocats, envoie sa recette de crème brûlée aux restaurateurs su bien qu’avec elle, chacun se retrouve dans l’incapacité de faire son boulot. »</p>
</blockquote>
<p>Le mari a ses susceptibilités, lui aussi, surtout lorsqu’il découvre le racisme ambiant.</p>
<blockquote>
<p>Il boucle sa ceinture, essaie de penser à autre chose, caresse l’arrête de son nez, preuve irréfutable de son sang-mêlé, compilation nasale du sud de l’Inde, de l’Ouest africain et du Nord-Pas-de-Calais. »</p>
</blockquote>
<p>Anne tente péniblement de garder la tête hors de l’eau, jusqu’à ce qu’elle tombe sur Dan O’Leary, Agent liquidateur. Spécialité mères et belles-mères, selon sa carte de visite.</p>
<blockquote>
<p>Un effet personnel que vous souhaiteriez conserver ? Les gens aiment bien garder un souvenir. Une broche. Une mèche de cheveux. Un foulard. »</p>
</blockquote>
<p>Anne se résoudra-t-elle à une telle extrémité ? Je vous le laisse découvrir. Mais sachez que vous lisez un roman où rien ne se passera jamais comme vous l’aviez prédit, ni comme ses personnages eux-mêmes l’avaient imaginé.</p>
<p>Mais ne vous y trompez pas : sous ses dehors légers, ce roman attaque de front une question d'aujourd’hui, l’émancipation de la femme non plus vis-à-vis des hommes, mais vis-à-vis de leur mère. Entre gags et situations rocambolesques, l’auteur amène une question douloureuse d'autant moins résolue qu'elle se transmet, du point de vue de l'auteur, de mère en fille... Un point de vue original, vivant et intéressant.</p>
<p><img alt="Voyage.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Voyage.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Voyage.jpg, déc. 2014" /><br />
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<em><strong>Voyage de noces avec ma mère</strong>, Véronique Sels, littérature française, Calmann Levy, sous la direction de Christian Sauvage, 208 pages, 16,50 euros. ISBN : 2702156452. Notre note : 2/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/12/21/Voyage-de-noces-avec-ma-m%C3%A8re-V%C3%A9ronique-Sels#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/322La symphonie de Leningrad - Sarah Quigleyurn:md5:622b44dc9ae7a7fbc7c0cd05b3316f1c2014-05-19T10:01:00+02:002023-12-08T19:31:45+01:00MarieLa musique<p>L'écriture d'une partition musicale est comme celle d'un livre : c'est une souffrance. Mais quand on l'écrit sous une pluie de bombes avec Staline qui vous met la pression, c'est une torture.</p>
<p>Voici un beau roman qui mêle la musique et les mots en symphonie.</p> <p>A Léningrad, le déjà très célèbre compositeur Dimitri Chostakovitch écrit une nouvelle symphonie: la Septième.</p>
<p>Un petit extrait pour savoir de quoi on parle...</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Symphonie7.mp3" /></audio>
</div>
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Commencée au printemps 1941 alors que la vie y est encore paisible, elle va, sous les doigts du compositeur, coller aux événements de plus en plus tragiques que vivra la ville martyre après la rupture du pacte germano-soviétique.</p>
<p>Explosion de bombes, tirs de canons, hurlement des sirènes sont intégrés dans l’oeuvre que doivent répéter puis exécuter des musiciens affamés, transis de froid, orphelins de collègues tombés au front ou morts d’épuisement.</p>
<blockquote>
<p>Il n’y avait aucun abri en vue lorsque les sirènes retentirent... il n’avait plus le temps; l’alarme avait retenti trop tard. On apercevait déjà les avions dans le ciel au sud de la ville, vague après vague. Son sang se glaça. Au moment où il arriva au marché, le monde s’écroula autour de lui. Il se jeta sous une charrette, à l’extrémité de la place. Ceux qui n’avaient pu gagner un abri, n’avaient aucune chance. Des débris de verre dégringolaient de partout. Des moellons s’abattaient au sommet des immeubles brisant des os, écrabouillant des crânes. On aurait dit que l’air était fait d’une matière solide qui se désagrégeait à son tour. »</p>
</blockquote>
<p>Tout le monde souffre physiquement, moralement et affectivement et le récit se concentre non seulement sur Chostakovitch mais également sur sa famille, ses amis proches, ses collègues : musiciens, professeurs, chef d’orchestre.</p>
<blockquote>
<p>J’étais resté un long moment à écouter dans l”escalier en colimaçon du conservatoire, le coeur déchiré. De jalousie, d’admiration, d’amour. Mon ennemi, mon ami. Au fil des années, il était devenu l’un et l’autre à la fois. C’est à cause de lui que j’en suis là aujourd’hui : on me critique, on me méprise, on me reproche d’être sans-cœur. Je rirais de l’ironie de la situation si j’en avais l’énergie. Evidemment que je n’ai pas de cœur puisque, il y a des années, je l’ai donné à Chostakovitch dans ce même escalier de Léningrad. »</p>
</blockquote>
<p>Le compositeur travaille, nuit et jour : il faut que cette symphonie reflète toutes les souffrances que sa ville adorée et ses habitants endurent.</p>
<p>Staline, qui le fait surveiller, veut que cette oeuvre aboutisse: elle doit être jouée et entendue sur le front : le message aux Allemands est clair : si les Russes sont encore capables de faire de la musique, c’est qu’ils ne sont pas prêts de se rendre. Il évacue donc Chostakovitch et sa famille dans un lieu moins périlleux pour qu’il termine sans encombre sa composition. Les Allemands capituleront le 2 février 1943...</p>
<p>Deux réserves qui m’ont empêché d’apprécier le récit sans retenue: la traduction et le découpage en courts chapitres qui casse le souffle du récit.</p>
<p>Mais malgré un début un peu poussif, ce long roman est beau : on s’attache aux personnages obligés d’être des héros malgré eux, endossant avec dignité et courage un costume de résistant que jamais ils ne pensaient porter.</p>
<p><img alt="Symphonie.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Symphonie.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Symphonie.gif, janv. 2014" /><br />
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<em><strong>La symphonie de Leningrad</strong>, Sarah Quigley, traduit de l'anglais par Sylvie Cohen, littérature anglo-saxonne, Mercure de France, 480 pages, 25 euros. ISBN : 2070463583. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/11/24/La-symphonie-de-Leningrad-Sarah-Quigley#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/317Faber le destructeur - Tristan Garciaurn:md5:ac49a5f1a7ae2a9f53c592f24b39a1632014-05-11T21:45:00+02:002018-10-05T15:28:57+02:00BernardLa vie<p>On en a tous rêvé : garder nos rêves d’adolescents, nos idéaux, nos espoirs et n’y rien changer. Ne pas se laisser corrompre par l’âge, le travail, la société quoi.</p>
<p>On en a tous rêvé. Faber l’a fait.</p> <p>C’est l’histoire de Madeleine, Basile et Faber. Un trio soudé dès le collège par le charisme extraordinaire de Faber. Ils s’étaient juré d’être différents.</p>
<blockquote>
<p>Par la fenêtre, on voyait nos camarades s’écouler comme un torrent d’été vers la porte blindée. Ils étaient pressés de prendre le bus ; ils étaient pressés de quitter le collège, d’acheter une voiture, de ne plus être des enfants et d’en avoir à leur tour.</p>
<p>Pas nous. »</p>
</blockquote>
<p>Ils font les quatre cents coups, vivent leur différence, grandissent.</p>
<p>Et la vie rattrape Basile.</p>
<blockquote>
<p>Tu as une montre ?</p>
<p>- Je suis bien obligé, je suis prof. »</p>
</blockquote>
<p>Et rattrape aussi Madeleine, qui travaille dans la pharmacie de sa mère, alors qu’elle s’était jurée de fuir ce destin.</p>
<p>Faber, lui, s’est marginalisé. Parti squatter dans un village de montagne. Jusqu’au jour où ses deux anciens amis le pressent de revenir près d’eux, à Mornay, leur petite ville de province. Faber est amoindri, sale fatigué. Mais son retour ravivera la blessure de ses deux complices : ils se sont honteusement provincialisés.</p>
<blockquote>
<p>J’ai compris que j’étais un provincial et que je le resterais probablement. Cela signifiait que je n’étais né qu’à moitié, que j’étais déjà mort pour partie. »</p>
</blockquote>
<p>Le trio pourra-t-il renaître de ses cendres ? Ce n’est pas le dessein de Basile et Madeleine, qui envisagent pour leur dérangeant ami un sort plus funeste.</p>
<p>Faber est un roman qui part d’une bonne idée. Confronter deux amis rangés avec un troisième qui ne l’est pas. Aborder sans juger le thème des rêves déçus de l’adolescence. Tristan Garcia mène sa narration proprement : il raconte la douce rébellion de ces jeunes, la séparation, puis le retour de Faber, qui découvre l’engourdissement de ses deux disciples, et celui de ses autres copains de classe.</p>
<p>Le livre en dit long aussi sur une génération désabusée, en tout cas sous le regard de l’auteur.</p>
<blockquote>
<p>Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adulte, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et travailler. J’ai été de ceux qui ont choisi de baisser la tête pour pouvoir passer la porte de mon époque. »</p>
</blockquote>
<p>Hélas, le récit traîne parfois en longueur, et l’intrigue se perd en événement mineurs, ou invraisemblables, dignes d’un polar un peu faible.</p>
<p>On aurait aimé un récit plus centré sur l’adolescence perdue. Mais l’auteur a heureusement réussi à nous titiller sur ce thème, qu’il traite sans jugement, sans tomber dans le piège facile de glorifier le rebelle. Mais il parvient quand même à nous rendre vigilant afin de ne pas confondre sagesse et endormissement !</p>
<p><img alt="Garcia.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Garcia.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Garcia.gif, mai 2014" /><br />
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<em>Faber, le destructeur, Tristan Garcia, Gallimard, littérature française, 462 pages, 21,5 euros. ISBN : 2070141535. Notre note : 3/5</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/05/11/Faber-le-destructeur-Tristan-Garcia#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/320L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea - Romain Puértolasurn:md5:2607a81ddca00ca82706a0c7c4494d722014-05-04T12:24:00+02:002018-08-25T15:26:19+02:00BernardL'aventure<p>Voici un livre qui m’a fait très peur. Avec un titre aussi racoleur que « L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea », j’ai cru immédiatement à la pantalonnade.</p>
<p>Mais Romain Puértolas est parvenu à démonter ce parti pris négatif aussi fermement vissé que les montants d’un meuble suédois.</p> <p>Il faut dire que l’auteur entre très rapidement en matière, lorsqu’il nous présente ledit Fakir sous les yeux du chauffeur de taxi qui l’a embarqué à l’aéroport.</p>
<blockquote><p>Soit il est Hindou, soit il a un sacré traumatisme crânien. »</p>
</blockquote>
<p>Notre homme, c’est Ajatashatru Lavash Platel, qui, soit dit en passant, est aussi Fakir que vous et moi.</p>
<blockquote><p>Ajatashatru était célèbre dans tout le Rajasthan pour avaler des sabres escamotables, manger des bris de verre en sucre sans calories et pour une ribambelle d’autres tours de passe-passe dont il était seul, avec ses cousins à connaître le secret. »</p>
</blockquote>
<p>Ce qui amène notre notre hurluberlu chez Ikea, en France, c’est l’achat d’un nouveau lit à clou, « pour des nuits piquantes ».</p>
<p>Mais notre homme ne change pas ses bonnes habitudes, et commet quelques larcins en France, ce qui l’emmène, par un rocambolesque concours de circonstances, en Grande Bretagne avec des immigrés clandestins, en Espagne par la conséquence d’une expulsion, en France, dans les valises de l’actrice Sophie Morceaux, puis sous d’autres contrées, par des voies dont je vous fais grâce…</p>
<p>Au fil de son périple, notre homme se découvre un talent littéraire. Il écrit son premier roman sur sa chemise, ce qui intéresse un éditeur.</p>
<blockquote><p>Bon j’ai lu votre roman, enfin, votre nouvelle, car c’est assez court. Il paraît que vous l’avez écrite sur votre chemise. Vous auriez dû continuer sur le pantalon ».</p>
</blockquote>
<p>Au fil de ses aventures, notre homme apprend à aimer sans tricher, à se faire aimer en donnant.</p>
<p>Voici un roman hors du commun. On ne parlera pas de bijou littéraire mais l’auteur sait incontestablement écrire et divertir son public, son seul dessein manifestement. Ses observations candides du quotidien font mouche.</p>
<blockquote><p>Le vendeur sur lequel il avait jeté son dévolu était un gros bonhomme chauve avec des lunettes en écailles vertes, le genre d’individu qu’on identifiait en moins de trois coups au jeu "Qui est-ce ?" »</p>
</blockquote>
<p>Sa tentative peu motivée d’aborder le sort des immigrés illégaux ne trompera personne. Et si l’on excepte quelques lourdeurs et autres redondances un brin irritantes, il parvient finalement à produire un vrai roman initiatique burlesque. Et ce n’est pas faute d’avoir frisé le grotesque.</p>
<p>Ne boudons pas notre plaisir, et dégustons comme une pâtisserie sucrée, mais ne cherchons pas ici le grand frisson littéraire !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ikea.gif" alt="Ikea.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ikea.gif, janv. 2014" />
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<br /> <em>L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, littérature française, Le Dilettante, 253 pages, 19 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/01/10/L-extraordinaire-voyage-du-Fakir-qui-%C3%A9tait-rest%C3%A9-coinc%C3%A9-dans-une-armoire-Ikea-Romain-Pu%C3%A9rtolas#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/318Billie - Anna Gavaldaurn:md5:ca2afdf20e77b19375ffcb37c5d3f7272014-04-12T10:42:00+02:002018-08-25T15:26:35+02:00BernardL'amour<p>Il y a des romans, comme ça, que vous dévorez, savourez, dégustez.
Et dont il ne vous reste strictement rien une semaine plus tard.</p>
<p>Cela donne ceci :</p>
<p>- Tu as aimé Billie, le dernier Gavalda ? <br />
- Ah oui, adoré, c’est tout joyeux, paisible et espiègle à la fois. <br />
- Et ça parle de quoi ? <br />
- Euh… »</p> <p>Je me suis donc replongé dans « Billie » pour vous en conter la trame.</p>
<p>C’est l’histoire de Frank et Billie, coincés dans un massif montagneux.</p>
<blockquote><p>Nous étions au fond d’une crevasse ou de je ne sais pas quoi d’embêtant. »</p>
</blockquote>
<p>Frank, blessé, semble inconscient, et Billie panique, implore les étoiles et part dans une logorrhée pour calmer son angoisse. Elle raconte le destin qui la lie à Frank, son ami homo d’adolescence, avec qui elle avait si peu en commun sauf une chose : une enfance ratée.</p>
<p>Elle.</p>
<blockquote><p>Ce n’est pas comme si j’avais été vraiment tabassée dans mon enfance, genre au point de finir en première page du magazine détective ou quoi, mais j’étais tout le temps un petit peu tapée. Une petite claque par-ci, une petite claque par-là, un petit gnon par en dessous… »</p>
</blockquote>
<p>Et lui.</p>
<blockquote><p>Tu veux que je te raconte l’effet que ça fait de grandir avec une mère sous anti-dépresseurs et un père sous anti-le-monde-entier ? »</p>
</blockquote>
<p>Leur amitié se scellera au moment de jouer, ensemble, une scène de « On ne badine pas avec l’amour », d’Alfred de Musset. La grand-mère de Frank prend Billie sous son aile, et la jeune fille découvre l’amour maternel et évolue enfin dans un autre milieu que le sien, dont elle a appris entre-temps qu’il s’appelait le quart monde.</p>
<blockquote><p>Je ne savais pas qu’il existait dans le dictionnaire un mot inventé exprès pour désigner le gourbi où je vivais. »</p>
</blockquote>
<p>Frank et Billie se perdront de vue, se reverront, se rapprocheront, s’éloigneront, physiquement ou mentalement, jusqu’à cette balade en montagne avec un âne, qui les conduira au fond du trou…</p>
<blockquote><p>Habituellement, c’est quand je bois trop de ti-punch et de rhums arrangés à La Pailotte à Samy, mais là, j’étais aussi à jeun qu’on puisse l’être quand on se cogne une randonnée en famille avec des ânes et des cons dans le Parc national des Cévennes. »</p>
</blockquote>
<p>Billie est un roman sympa, sur l’amitié entre un homme et une femme nés en terre friable. Il n’y a pas de grand moment, dans ce livre, tout est dans le pas de danse improvisé et chaotique de ces deux êtres.</p>
<p>Attention, le livre n’est pas exempt de clichés, la femme est toute puissante et l’homme viril est veule, Gavalda appuie parfois un peu lourdement sur le clavier en exagérant les formules racoleuses, mais on rit et se délecte une fois de plus du vocabulaire fleuri de l’auteur, qui écrit comme chante le canari : à tue-tête.</p>
<p>On reste attaché à ce style si humain, mais on en vient quand même à se demander si elle ne commence pas à manquer d’inspiration. Elle se le demande aussi, d’ailleurs…</p>
<blockquote><p>Je sais, petite étoile, je sais…. Ça fait vraiment trop cliché en plastique la façon dont je le raconte…. Le petit pédé souffreteux et sa Cosette des dépotoirs, j’avoue, ça manque un peu de finesse, mais bon… »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Billie.gif" alt="Billie.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Billie.gif, janv. 2014" />
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<br /> <em>Billie, Anna Gavalda, littérature française, Le Dilettante, 223 pages, 15 euros. ISBN : 1609452496. Notre note : 3/5.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda">Ensemble c'est tout</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/24/239-la-consolante-anna-gavalda">La Consolante</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/01/10/Billie-Anna-Gavalda#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/319Les reflets d'argent - Susan Fletcherurn:md5:9cb11ec35f6e72da58ef3cd4b922644e2013-12-18T10:01:00+01:002018-08-25T15:26:48+02:00BernardL'amour<p>Voici un roman qui vous fera l’effet d’un bon bain chaud.</p>
<p>Il ne vous pétrira pas l’âme, ne déclenchera pas d’émotions à rompre les digues.</p>
<p>Non, il va simplement vous envelopper, et vous en sortirez détendu, content de vivre, et de lire !</p> <p>L’histoire se passe sur la petite île de Parla, où les contes de marins sont tellement ancrés dans la mémoire collective qu’on ne sait plus trop là-bas si ce sont des histoires ou tout simplement l’Histoire.</p>
<p>Il en est une qui raconte le destin d’un homme, retrouvé vivant sur les rives de l’île, pourtant très éloignée du continent. Un être dont on raconte qu’il faisait monter le mot « espère » des galets jusqu’au sommet des falaises, à tel point qu’il redonna confiance à un homme qui ne croyait plus en l’amour.</p>
<p>Cette histoire, nichée dans l’inconscient collectif des insulaires incrédules, revient dans toute les mémoires à l’occasion d’un curieux événement, qui va bousculer le fragile équilibre insulaire. Sam Lovergrove, un marin de Parla aperçoit un homme sur la plage alors qu’il se promenait sur la falaise.</p>
<blockquote><p>Son buste est hors de l’eau ; ses jambes baignent encore dans le clapotis de la marée. Les cheveux noirs, une barbe noire. »</p>
</blockquote>
<p>L’homme est vivant, et Sam l’emporte, avec trois de ses congénères, chez Tabitha, l’infirmière. Le groupe est perplexe : l’homme échoué ressemble, en plus massif, au regretté Tom, que la mer a pris mais n’a pas rendu, à ce jour, ni mort, ni vif.</p>
<p>Mais personne n’y croit vraiment.</p>
<blockquote><p>Quand quelqu’un s’est-il échoué pour la dernière fois ? Quelqu’un de vivant ? Ça n’est jamais arrivé. La mer prend des vies ; elle ne les rend pas. Il n’existe aucune histoire de vie rendue par la mer »</p>
</blockquote>
<p>En revanche, tout le monde veut croire qu’il est l’homme-poisson de la légende, celui qui va rendre l’espoir à cette île endolorie et panser les plaies.</p>
<p>L’homme se réveille, et entame un séjour paisible chez ses hôtes.</p>
<blockquote><p>Il avait le visage d’un saint, ou le visage de qui connaît a vérité quand les autres ne la connaissent pas. Il comprenait tout – le deuil, le manque, comment les choses finissent et comment elles débutent. »</p>
</blockquote>
<p>Il va rendre vie à une ancienne porcherie, rendre le moral à Leah, cette jeune fille rongée par la dépression, et rendre vigueur au cœur de Maggie, la veuve de Tom.</p>
<p>Cet homme est-il un escroc ? Est-il Tom ? Ou même l’homme poisson ?</p>
<p>Je vous le laisse découvrir, en entrant en douceur dans ce roman délicat. Un livre à l’écriture magique : l’intrigue est légère, et pourtant, les mots vous berceront par la magie d’un style apaisant. Un roman à l’eau de rose ? Ceux que ce genre dérange pourront lui en faire le reproche, mais sa qualité l’éloigne de l’insipide production fleur bleue.</p>
<p>Une belle découverte, à l’abri des sentiers battus, comme l’île de Parla où…</p>
<blockquote><p>les plumes descendent dans les airs pour atterrir à nos pieds. Elles dérivent à la surface de l’eau comme des rêves. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Fletcher.gif" alt="Fletcher.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Fletcher.gif, nov. 2013" />
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<br /> <em>Reflets d'argent, Susan Fletcher, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, littérature anglaise, Plon, 461 pages, 22 euros. ISBN : 2290114111. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/11/24/Reflets-d-argent-Susan-Fletcher#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/316Les Renards pâles - Yannick Haenelurn:md5:59f52159f3741502d09eea9f11ad9ac92013-11-11T09:11:00+01:002018-09-24T15:07:46+02:00BernardLa vie<p>Une révolution, qui unirait les sans-papiers, ceux qui n’en ont pas et ceux qui n’en veulent plus, dans une prise de Paris aussi inattendue qu’irréversible, mission impossible ?</p>
<p>C’est sans compter sur les Renards Pâles !</p> <p>Jean Deichel, 43 ans, est à la rue.</p>
<blockquote>
<p>Ca vous prend à peine quelques jours pour dégringoler ; un soir, vous vous rendez-compte qu’il est trop tard. Dans mon cas, ce n’était pas encore dramatique : j’avais la voiture. »</p>
</blockquote>
<p>Il décide d’élire domicile dans son véhicule. Et découvre au fil des rencontres en milieu interlope une vie qu’il soupçonnait à peine : des sans-abris retrouvés morts dans les poubelles, des sans-papiers traqués jusqu’à ce qu’ils sautent dans la Seine, des ivrognes tabassés par des policiers violents.</p>
<p>Dans ce nouveau monde, il prend lui-même conscience du dégoût qui l’habite. Dégoût de la politique, de la brutalité policière, de l'individualisme.</p>
<blockquote>
<p>Je me disais : il y a ceux qui se tuent au travail, et les autres qui se tuent pour en trouver un – existe-t-il une autre voie ? »</p>
</blockquote>
<p>Au fil de ses pérégrinations, il voit fleurir de mystérieux symboles et inscriptions sur les murs de Paris. « La société n’existe pas » ou « Identité = malédiction ». Au gré des rencontres, il finit par trouver le refuge des Renards Pâles.</p>
<blockquote>
<p>Personne ici n’a de papiers. Il y a ceux qui n’en ont jamais eu, parce que la France ne veut pas leur en donner. Mais ceux qui parmi nous en avaient les ont détruits, afin que l’absence de papiers ne soit pas une manque, mais une force. »</p>
</blockquote>
<p>C’est alors que sort de nulle part un défilé, qui avance lentement, et est à ce point difficile à appréhender qu’il est formé d’hommes masqués et sans-papiers. Un cortège qui, avançant, justifie sa présence, par de multiples arguments, tels celui-ci.</p>
<blockquote>
<p>Si les désoeuvrés prolifèrent, ils sont votre œuvre : impossible de savoir exactement s’ils traînent dans les rues par choix ou parce qu’ils subissent votre sélection. »</p>
</blockquote>
<p>Que fera le cortège de sa puissance inattendue ?</p>
<p>Intéressant roman que les Renards pâles. Une sorte de fantasme de révolution nourrie par les problèmes les plus lourds de la société.</p>
<p>L’auteur est d’autant plus convaincant qu’il ne tombe pas dans le piège facile du militantisme romantique. Son postulat est là, évident : une critique en règle du capitalisme outrancier et des politiques autoritaires.</p>
<p>Mais le récit est livré avec un certain détachement, ce qui le rend plus percutant encore. Le style est précis, celui d’un romancier en colère qui ne perd pas son sang-froid. Un coup de poing, un appel à la liberté, sinon à l’anarchie.</p>
<blockquote>
<p>Je cherche, comme tout le monde, à exister ; je ne me satisfais pas de cette vie qu’on nous vend depuis l’enfance et qui se résume à obéir aux ordres. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Haenel.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Haenel.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Haenel.gif, nov. 2013" /><br />
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<em>Les Renard pâles, Yannick Haenel, littérature française, Gallimard, 175 pages, 16,90 euros. ISBN : 2070462471. Notre note : 2/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/11/09/Les-renards-p%C3%A2les-Yannick-Haenel#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/315Nue - Jean-Philippe Toussainturn:md5:46a8f5a80cb37c75ff071a813b8c95022013-10-30T08:53:00+01:002018-08-25T15:27:19+02:00BernardL'amour<p>Voici un auteur qui a fait tout ce qui ne fallait pas faire : pas d’intrigue, pas de construction.</p>
<p>Un roman dilettante.</p>
<p>Mais voici sans doute le pire : ce livre est un petit bonheur.</p> <p>Marie est créatrice de mode. La saison automne-hiver bat son plein, et elle tente un « coup » audacieux : une robe de miel.</p>
<blockquote><p>Une robe sans attaches, qui tenait toute seule sur le corps du modèle, une robe en lévitation, légère, fluide, fondante, lentement liquide et sirupeuse. »</p>
</blockquote>
<p>La créatrice va plus loin : elle entend faire suivre sa mannequin d’un essaim d’abeille pour lui faire cortège. Mais le jour du défilé, c’est le fiasco. Les abeilles, déconcertées par un faux pas de la top model, la piquent de la tête au pied.</p>
<p>Et l’auteur part de cette déconvenue pour dresser un portrait de femme, Marie, tout ce qu’il y a de plus extraordinaire. Que le caprice des abeilles n’a pu que rendre plus belle. Car elle décide de cesser de travailler sur la perfection, mais de se concentrer sur ce qui échappe.</p>
<blockquote><p>Marie n’avait encore jamais envisagé de travailler consciemment sur ce qui échappe. Non, elle voulait toujours tout contrôler, sans voir que ce qui lui échappait était peut-être ce qu’il y avait de plus vivant dans son travail. Car il y a de la place, dans la création artistique, pour accueillir le hasard, l’involontaire, l’inconscient, le fatal et le fortuit. »</p>
</blockquote>
<p>Le narrateur décrit sa belle avec d’autant plus d’intensité qu’ils ont récemment rompu, mais la séparation
n’est pas plus conventionnelle que nos personnages.</p>
<blockquote><p>Nous étions tout le temps ensemble. C’était même ainsi, et uniquement ainsi, que je concevais maintenant la séparation avec Marie, en sa présence. »</p>
</blockquote>
<p>Le reste de l’histoire, si l’on peut oser ce mot, est totalement sans intérêt. Ce qui touche, c’est ce beau portrait de femme, en ses nombreuses manifestations. Comme celle-ci.</p>
<blockquote><p>Il y avait toujours eu, chez Marie, une qualité d’émotion incomparable, qui ne tenait pas tant aux circonstances réelles qu’à cette disposition océanique que j’avais repérée en elle, qui acérait sa sensibilité, l’exacerbait et faisait vibrer ses sentiments avec une intensité hors du commun. »</p>
</blockquote>
<p>Et une multitude de petits délires, de détails loufoques, que s’autorise Jean-Philippe Toussaint. Comme ici.</p>
<blockquote><p>Une lézarde était en train de s’installer dans notre rupture. Si elle venait à s’élargir, c’est l’idée même de notre séparation qui s’en trouverait menacée. »</p>
</blockquote>
<p>J’ai adoré ce roman futile. Il se fiche des codes comme d’une guigne, il suit sa route, en paix, tout occupé qu’il est à nous décrire un joyau de féminité. Un roman dilettante, c’est vrai, mais il est un aspect sur lequel l’auteur ne fait pas de concession, et c’est sans doute ce qui donne son élévation à ce livre : le style.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Toussaint.gif" alt="Toussaint.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Toussaint.gif, oct. 2013" />
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<br /> <em>Nue, Jean-Philippe Toussaint, littérature française, Les éditions de Minuit, 170 pages, 14,5 euros. ISBN : 2707323055. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/10/28/Nue-Jean-Philippe-Toussaint#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/314Le sermon sur la chute de Rome - Jérôme Ferrariurn:md5:5b57de48c802d5d7837dc056271048cb2013-09-17T10:12:00+02:002018-08-25T15:27:34+02:00BernardLa vie<p>Vous pensez que tout va bien dans votre vie, que vous surfez sur une vague de bonheur que rien ne doit affaiblir ?</p>
<p>Alors soyez vigilants, car toute réussite contient en germe son déclin. C’est la philosophie qui se cache derrière « Le sermon sur la chute de Rome », de Jérôme Ferrari.</p> <p>C'est l'histoire d'un bar perdu au fin fond de la Corse. Cet établissement était en déshérence depuis que Marie-Angèle, le propriétaire, avait décidé de ne plus l’exploiter.</p>
<blockquote><p>Marie-Angèle savait maintenant avec certitude qu’elle n’ouvrirait plus le bar, elle ne s’infligerait pas une seule fois de plus le spectacle de l’infecte soupe jaunâtre cristallisant dans les verres sales, l’odeur des haleines anisées, les éclats de voix des joueurs de belote et les disputes incessantes avec leur rituel des menaces jamais mises à exécution, immanquablement suivies de réconciliations larmoyantes et éternelles. »</p>
</blockquote>
<p>Après quelques expériences désastreuses avec des gérants indigents, qui pensent pouvoir diffuser de la techno au lieu des polyphonies corses et servir des cocktails hors de prix à la place du pastis, Libero et Mathieu, deux petits gars du village revenus de Paris auréolés d’une licence en philo, décident de reprendre la barre. Leur modèle : Leibnitz (!) et son meilleur des mondes possibles.</p>
<p>Et c’est qu’ils y parviennent, les bougres. Une sorte d’union sacrée s’installe, qui entraîne clients, serveuses, musiciens, gérants et tout le village dans une danse joyeuse que rien ne semble devoir contrarier.</p>
<p>Il faut dire qu'ils ont une éthique, les bougres.</p>
<blockquote><p>Annie était bien d'accord, dans la vie, on pouvait se permettre des tas de choses mais, quand on tenait un bar, jamais au grand jamais, il ne fallait niquer les serveuses. Mathieu et Libero assurèrent qu'une telle horreur ne leur avait jamais traversé l'esprit. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, les premières fissures apparaissent dans l’édifice. Une serveuse pique dans la caisse et ce n’est que le début de la malédiction.</p>
<p>L’auteur entrecoupe le récit du bar avec l’histoire de la sœur de Mathieu, archéologue en Algérie, et celle de Marcel, son grand-père, revenu au village après toutes les guerres du vingtième siècle. Mais ces destins parallèles sont somme toute de peu d’intérêt, et on comprend mal leur rapport avec cette sympathique histoire de bistrot.</p>
<p>Au final, on a lu un roman à l’écriture dont la complexité en rebutera plus d’un mais dont la finesse enchantera les autres. Elle suggère plus qu’elle ne décrit, et conte les épisodes les plus rocambolesques et même les plus vulgaires, avec une classe infinie. L’histoire est quant à elle adorable, et les personnages si bien en chair qu’on croit les avoir connus. L’auteur glisse aussi, avec pertinence, des éléments philosophiques. Il convoque Leibnitz, ou Saint Augustin, dont on trouvera des extraits des sermons à l’entame de chaque chapitre.</p>
<p>Jérôme Ferrari dit en fin de roman où il veut en venir, il compare la chute du bar avec celle de Rome, comme si l’homme était faillible dans ses petites comme dans ses grandes réalisations, et livre, à l’appui de sa thèse, ce très bel extrait du sermon :</p>
<blockquote><p>L’homme bâtit sur du sable. Si tu veux étreindre ce qu’il a bâti, tu n’étreins que le vent. Tes mains sont vides et ton cœur affligé. Et si tu aimes le monde, tu périras avec lui. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/chute2.jpg" alt="chute2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="chute2.jpg, sept. 2013" />
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<br /> <em>Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari, littérature française, Actes Sud, 201 pages, 19 euros. ISBN : 2330012594. Notre note : 3/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/09/14/Le-sermon-sur-la-chute-de-Rome-J%C3%A9r%C3%B4me-Ferrari#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/313La vérité sur l'affaire Harry Quebert - Joël Dickerurn:md5:952501c17a6865f7516a1d0f32db69982013-09-02T10:11:00+02:002018-08-25T15:27:48+02:00BernardLa trouille<p>Mais en voilà un roman joyeux, espiègle et pétillant ! La vérité sur l’affaire Harry Quebert, c’est un polar bien comme il faut, avec son intrigue bien distillée, sa construction proprette et ses personnages bien campés.</p>
<p>Divertissement garanti.</p> <p>Marcus Goldman a de la chance. A 28 ans, cet écrivain new-yorkais a publié un roman qui s’est vendu à deux millions d’exemplaires. Mais un an après sa sortie, la plume s’est asséchée : Marcus souffre du stress de la page blanche. Il s’en ouvre à son ancien professeur, l’illustre Harry Quebert, qui le rassure.</p>
<blockquote><p>Les pages blanches sont aussi stupides que les pannes sexuelles liées à la performance : c’est la panique du génie. Ne vous souciez pas du génie, contentez-vous d’aligner des mots ensemble. Le génie vient naturellement. »</p>
</blockquote>
<p>Mais rien n’y fait. Marcus n’avance pas. Son mentor l’invite à venir s’installer chez lui, dans son manoir sis en la petite ville d’Aurora, au fin fond de la nouvelle Angleterre. Et c’est là que va se jouer le drame. En essayant d’en savoir plus sur son génie de maître, Marcus découvre que Harry a eu, trente ans auparavant, une liaison avec une fille de quinze ans. Il en avait 34… Elle a disparu au même moment, sans laisser de traces.</p>
<p>Les événements s’enchaînent. Peu de temps après, alors qu’il a quitté Aurora, Marcus reçoit la nouvelle tel un choc frontal en regardant les infos à la télé.</p>
<blockquote><p>C’est ici, dans sa maison d’Aurora, dans le New Hampshire, que l’écrivain Harry Quebert a été arrêté aujourd’hui après que la police a déterré des restes humains dans sa propriété. D’après les premiers éléments de l’enquête, il pourrait s’agir de Nola Kellergan, une jeune fille de la région qui avait disparu de son domicile en août 1975 à l’âge de 15 ans, sans que l’on ait jamais su ce qui en était advenu… »</p>
</blockquote>
<p>La présence du manuscrit de Quebert auprès de la dépouille finit de l’accabler aux yeux de tous, et de le déchoir.</p>
<p>Convaincu de l’innocence de son maître, Marcus revient à Aurora. Et cherche à comprendre. Pour lui, Harry est innocent.</p>
<p>Tout pourtant accable son mentor. Mais au fil de ses rencontres dans cette ville de province qui sent la naphtaline, le nombre d’assassins potentiels ne fait que grimper. Au fil de ses découvertes, Marcus sent qu’il tient le bon sujet de roman et se met à écrire. La fiction se confond alors avec la réalité puisque le roman que vous lisez est celui de Marcus Goldman.</p>
<p>La Vérité sur l’affaire Harry Quebert est un roman sympa. La partition est magistrale, et les efforts de l’auteur pour prendre le lecteur à contre-pied n’ont pas été vains : on ne s’ennuie jamais. Dicker a décidé d’amuser son lecteur et y est parvenu. Il aborde en douceur le thème de la transmission et des certitudes qui éclatent et il distille, comme une liqueur enivrante, des petits conseils d’écriture de Harry à Marcus, que Joël Dicker s’applique à lui-même.</p>
<p>Disons que le roman a aussi les défauts de ses qualités : il est parfois un peu simple, y compris dans l’écriture, limite naïf, on entrevoit parfois les ficelles. Les amateurs de polars pur jus vont détester.</p>
<p>Ce n’est pas notre cas. Ce gentil « page turner » nous a bercé jusqu’au bout. Nous pouvons donc dire, avec le sourire, que la définition du bon roman, selon Harry Quebert, s’applique parfaitement à son objet :</p>
<blockquote><p>Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, Marcus, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant ; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Quebert.gif" alt="Quebert.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Quebert.gif, sept. 2013" />
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<br /> <em>La vérité sur l'affaire Harry Quebert, Joël Dicker, littérature francophone, Éditions de Fallois, 670 pages, 22 euros. ISBN : 2877068633. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/09/02/La-v%C3%A9rit%C3%A9-sur-l-affaire-Harry-Quebert-Jo%C3%ABl-Dicker#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/312Les lisières - Olivier Adamurn:md5:6d595872a6a8d13dba688a0cf9b68c752013-08-18T13:37:00+02:002018-09-24T15:09:57+02:00BernardLa vie<p>Avez-vous jamais eu l’impression de vivre à la lisière de votre vie ?</p>
<p>Pas vraiment dehors, mais pas vraiment dedans non plus. Pas vraiment largué, pas vraiment arrimé.</p>
<p>C’est la vie de Paul, le personnage d’Olivier Adam.</p> <p>Paul est écrivain. Il vit dans le Finistère. Il a déjà connu quelques succès, mais ne respire pas le bonheur pour autant : sa femme l’a quitté.</p>
<blockquote>
<p>Sarah m’avait foutu à la porte de ma propre vie, m’avait confisqué mes enfants, qui étaient au fond la seule chose à part elle et l’écriture qui m’ait jamais fait tenir debout. »</p>
</blockquote>
<p>Comme si cela ne suffisait pas, sa mère, qui vit en grande banlieue parisienne, est hospitalisée. Cet événement force Paul à quitter momentanément sa lisière maritime, pour retourner en lisière de Paris. Et faire, malgré lui, un retour sur sa vie. Il revoit des amis d’enfance, souvent résignés à une vie modeste, comme Eric.</p>
<blockquote>
<p>Moi, le monde, j’ai les deux pieds dedans et je peux te dire qu’il a bien l’odeur de merde que tu décris dans tes bouquins. Seulement toi, tu écris ça tranquille les pieds dans le sable, sans mettre les pieds dans le cambouis, sans te les salir, même. »</p>
</blockquote>
<p>Paul renoue aussi avec son frère, plus à droite que lui et avec une ancienne conquête. Il se rapproche aussi de son père et découvre avec stupeur son penchant pour l’extrême-droite.</p>
<blockquote>
<p>Passer du vieux Marchais à la Grosse Blonde. Ça fait mal au cul quand même. »</p>
</blockquote>
<p>Mais imperceptiblement, ces rencontres lui redonnent une contenance, il comprend qui il est, et découvre même un secret de famille qui achève de le relever.</p>
<p>Les Lisières n’est pas un roman sinistre, mais il est sombre, social, militant, parfois caricatural. C’est une critique désabusée d’un pays que l’auteur juge rongé par le commerce et embourbé dans ses traditions. Et au-delà d’une intrigue de peu d’intérêt, c’est surtout la France vue par Olivier Adam qui intéresse.</p>
<p>Comme quand il évoque le vieillissement.</p>
<blockquote>
<p>Il me semblait qu’un pan entier du pays vivait avec un œil dans le rétroviseur, la pédale sur le frein, la nostalgie d’un temps qui n’avait pas existé en bandoulière, du sépia plein les doigts. »</p>
</blockquote>
<p>Ou les bobos.</p>
<blockquote>
<p>Qu’est-ce que tu leur reproches exactement, aux bobos ? De manger des sushis ? De voter à gauche ? D’être écolos ? D’avoir assez de fric pour se payer un voyage par an ? De trier leurs déchets ? D’aller voir des film en VO ? De s’en battre les couilles de l’identité française ? De ne pas avoir peur des Noirs et des Arabes ? C’est quoi le problème ? »</p>
</blockquote>
<p>Bref, un roman social. Mais n’allez pas dire à Olivier Adam qu’il écrit des romans sociaux, son personnage ne le supporterait pas.</p>
<blockquote>
<p>Comme si, à l’heure où la plupart des romans prétendant parler de la société française portaient sur les traders, les patrons, les cadres supérieurs écrire sur les classes moyenne et populaire était paradoxalement devenu une particularité, un sous-genre. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Lisieres2.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Lisieres2.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Lisieres2.gif, août 2013" /><br />
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<em>Les lisières, Olivier Adam, Flammarion, littérature française, 453 pages, 20 euros broché, 7,5 euros en poche. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/08/18/Les-lisi%C3%A8res-Olivier-Adam#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/311Ladivine - Marie NDiayeurn:md5:829b60707c47a8181c3017b34b80fd532013-08-04T17:08:00+02:002018-09-24T15:10:25+02:00BernardL'amour<p>Un mensonge peut-il traverser les générations en gardant son pouvoir de destruction ? Peut-on impunément renier ses origines ?</p>
<p>Ces belles questions humaines sont au centre de Ladivine, de Marie NDiaye.</p> <p>C’est l’histoire de Malinka, abandonnée par son père, et qui, sans doute pour des raisons de couleur de peau, a honte de sa mère, qui l’entoure pourtant d’attentions.</p>
<blockquote>
<p>Un jour où sa mère était venue la chercher à l’école et qu’une fille, lui adressant la parole pour la première fois, lui demanda, avec une moue étonnée et dégoûtée, qui était cette femme, Malinka répondit : c’est ma servante, et il lui sembla qu’elle disait une grande vérité. »</p>
</blockquote>
<p>Mais cette honte va pousser Malinka dans la spirale du mensonge. Elle rencontre Richard Rivière, l’homme de sa vie, et au moment de parler de sa famille à son bien aimé, elle gomme purement et simplement la servante.</p>
<blockquote>
<p>Mes parents sont morts, dit-elle dans un vilain glapissement qui la surprit et la heurta elle-même. »</p>
</blockquote>
<p>Et c’est ainsi qu’elle se fait appeler Clarisse. Seule sa mère, à qui elle rend de discrètes visites, sait qu’elle s’appelle Malinka et qu’elle n’est pas orpheline.</p>
<blockquote>
<p>La mère de Malinka ne devait s’introduire dans la vie de Clarisse Rivière sous nulle forme et elle seule, Clarisse Rivière, pouvait se permettre de manger la nourriture qu’elle préparait, le gâteau de larmes, les biscuits pétris de colère. »</p>
</blockquote>
<p>Dans son foyer, Clarisse va adopter un comportement étrange. Auprès de son compagnon et de sa fille, Ladivine, elle se fera absente, comme pour se punir de son imposture. Elle se coupe de toute émotion, parle peu, vit comme un fantôme.</p>
<p>Ladivine va grandir dans cette ambiance de mensonge par omission, qui aura raison du couple que forment ses parents. Elle va grandir avec son père, mais gardera à jamais le poids de ce mystère. De son côté, Malinka va s’éprendre d’un homme fragile, le seul à qui elle osera enfin présenter sa mère. Mais qui la tuera.</p>
<p>Malinka partie, Ladivine et Richard sauront-ils un jour ?</p>
<p>Je vous le laisse découvrir. Tout comme vous ferez la connaissance d’un mystérieux chien, qui pourra, tour à tour, représenter l’une des trois femmes, dans un élan fantastique dont l’auteur entoure son récit.</p>
<p>Ladivine est un roman compliqué, torturé. Que les amateurs d’intrigue limpide et univoque s’en détournent. L’écriture est complexe, si travaillée qu’elle en devient occasionnellement illisible. Et les épisodes fantastiques ne font rien pour éclairer la route. Mais l’histoire est belle, intense et profonde, les personnages parfaitement incarnés et le dénouement puissant. Sans faire l’apologie du simplisme, on ne peut s’empêcher de penser, en refermant le livre, qu’il aurait été plus beau sans ces entraves à une lecture plus fluide.</p>
<p><img alt="Ladivine.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ladivine.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ladivine.gif, août 2013" /><br />
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<em>Ladivine, Marie Ndiaye, Gallimard, littérature française, 416 pages, 20 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/08/04/Ladivine-Marie-NDiaye#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/3101Q84 Livre 1, 2 et 3 - Haruki Murakamiurn:md5:4fbfb8ab737b8d30ffb0e66012c6be652013-02-24T18:20:00+01:002018-09-16T16:01:56+02:00BernardLe lointain<p>Regardez autour de vous. N’y a-t-il pas un objet déplacé ? Une étoile en plus ? Etes-vous sûr de vous trouver en 2013 ?</p>
<p>Je délire ? Oui ! Mais c’est dans ce délire que nous emmène Murakami. Il invente un monde parallèle à l’année 1984. Elle ressemble à s’y méprendre à la première, à quelques grosses et périlleuses exceptions près...</p> <p>Aomamé, une jeune femme dans la vingtaine, prof de gym et tueuse à gage pour la bonne cause à ses heures, va avoir le douloureux privilège de pénétrer dans cet univers. Croyant prendre un raccourci vers un quartier de Tokyo où on l’attend d’urgence, elle emprunte, un escalier de secours. Et la voici dans ce monde étrange.</p>
<p>Elle ne va prendre conscience de sa situation que petit à petit… Détail par détail. Les policiers n’ont pas les mêmes révolvers. Dans le ciel, il y a deux lunes. C’est notre monde, mais il est différent.</p>
<blockquote>
<p>1Q84, voilà comment je vais appeler ce nouveau monde, décida Aomamé. Il faut que je m’acclimate le mieux possible à ce monde lourd d’interrogations. Comme un animal lâché dans une forêt inconnue. Pour survive et assurer ma sauvegarde, je dois en comprendre au plus tôt les règles et m‘y adapter. »</p>
</blockquote>
<p>Le récit d’Aomame est alterné avec celui de Tengo, un professeur de mathématiques qui habite lu aussi ce monde parallèle. Il se lance dans une fameuse embrouille. Un éditeur un peu véreux, lui demande de réécrire le roman un peu gauche d’une jeune et jolie auteure. Car il en est convaincu : elle pourrait être dotée de nombreux prix.</p>
<blockquote>
<p>Une jolie fille de dix-sept ans, rien que ça, ça devrait alimenter les conversations. L’intérêt médiatique serait totalement différent, je dois le dire, si le lauréat était un trentenaire, ressemblait à un ours sortant d’hibernation et était prof, par exemple, dans une école préparatoire. »</p>
</blockquote>
<p>Tengo s’exécute avec brio, le livre obtient le prix des jeunes auteurs et devient un best seller. Mais il nuit fortement aux intérêts d’une secte aux pouvoirs mystérieux, qui va prendre Tengo en chasse.</p>
<p>Aomame se met, elle aussi, à la recherche du jeune homme, qu’elle a aimé quand elle était à l’école primaire. Un contact physique presque insignifiant les a tous deux marqués à vie.</p>
<blockquote>
<p>Il n’y a qu’un homme que j’aime déclara Aomamé. J’ai aimé ce garçon quand j’avais dix ans, je lui ai serré la main. »</p>
</blockquote>
<p>Aomame retrouvera-t-elle Tengo ? Echapperont-ils aux desseins malfaisants de l’organisation secrète ?</p>
<p>1Q84 démarre sur les chapeaux de roues. Le premier tome est magistralement mené, l’intrigue est distillée avec intelligence et raffinement, portée par une écriture douce, presque naïve. Cette énergie romanesque faiblit quelque peu dans le deuxième tome, mais on s’y amuse encore. Hélas, le troisième volet tourne au roman policier éculé, avant un final plaisant mais qu’on aurait aimé plus surprenant.</p>
<p>N’empêche, la lecture de ce roman original est une partie de plaisir, avec ses personnages si magistralement façonnés, ses crimes, ses créatures bizarres. Qu’on n’y cherche pas de grands enseignements sur notre monde et nos perceptions, il n’y en a pas. Laissons plutôt Murakami nous raconter simplement une histoire, puisqu’il le fait si bien.</p>
<p><img alt="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_1.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/1Q84_Haruki_Murakami_Livre_1.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_1.jpg, fév. 2013" /><br />
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<em>1Q84, Haruki Murakami, Livre 1, traduit par Hélène Morita, Belfond, 534 pages, disponible en poche.</em><br />
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<p><img alt="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_2.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/1Q84_Haruki_Murakami_Livre_2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_2.jpg, fév. 2013" /><br />
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<em>1Q84, Haruki Murakami, Livre 2, traduit par Hélène Morita, Belfond, 526 pages, disponible en poche.</em><br />
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<img alt="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_3.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/1Q84_Haruki_Murakami_Livre_3.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="1Q84_Haruki_Murakami_Livre_3.jpg, fév. 2013" /><br />
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<em>1Q84, Haruki Murakami, Livre 3, littérature japonaise, traduit par Hélène Morita, Belfond, 620 pages, disponible en poche. Notre note : 4/5</em><br />
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Le dernier roman de Haruki Murakami : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/06/01/Critiques/L-incolore-Tsukuru-Tazaki-et-ses-annees-de-pelerinage-Haruki-Murakami">L'incolore Tsukuru et ses années de pèlerinage</a>.</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/02/24/1Q84-Livre-1%2C-2-et-3-Haruki-Murakami#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/309Charleston Sud – Pat Conroyurn:md5:b1ed9455f7220fad143a73299ff905532013-01-07T19:25:00+01:002018-09-24T15:11:07+02:00ClaireLa vie<p>Un livre de Pat Conroy, c’est un peu comme un carton d’invitation à une soirée, à la campagne.</p>
<p>Vous y rencontrez des inconnus, à l’apparence banale. En prenant le temps de leur parler un à un, vous découvrez des écorchés vifs, vous en faites des amis et attendez fébrilement le prochain carton.</p> <p>Leo King a 18 ans. Il se lance dans des histoires d’amitié avec candeur, fougue et conviction. Son art : s’éprendre des âmes les plus damnées. Et on le comprend : après la découverte du corps de son frère qui s’est donné la mort, il est immunisé contre la souffrance, et attire dès lors les naufragés de la vie.</p>
<blockquote>
<p>J’avais dix-huit ans et je n’avais pas un seul ami de mon âge. A Charleston, pas un garçon n’aurait pensé à m’inviter à une fête ou à me proposer de passer un week-end dans la maison de famille au bord de la mer. J’ai pris des dispositions pour que tout changeât. J’avais décidé de devenir le garçon le plus intéressant ayant jamais grandi à Charleston.</p>
</blockquote>
<p>Aussitôt dit, aussitôt fait. Il rencontre notamment Sheba et Trevor, qui emménagent en face de chez lui. Leur mère est alcoolique, et leur père tente de les retrouver avec pour unique intention de les tuer. Sheba devient star à Hollywood, son frère mourra du sida. Il y a aussi Ike Jefferson, le fils du coach de l’équipe de Baseball. Le père de Ike forcera son fils, le Noir, et Leo, le Blanc, à être capitaines de l’équipe, pour faire un pied de nez à cette ville qui n’aime décidément pas le mélange des couleurs. Leur rencontre ressemble à un match ; ils s’observent, puis finissent par nourrir une amitié indéfectible, qui dopera l’équipe.</p>
<blockquote>
<p>Je voulais évoquer l’intégration. Une seule fois. Après, plus personne dans cette équipe n’en parlera. Je n’ai jamais entraîné des joueurs blancs ou joué contre un entraîneur blanc. Ce soir, c’est donc doublement inédit. Avec vous, jeunes gens, je crois que nous allons faire rentrer ces Green Wave chez eux à Summerville à coups de pied au cul.</p>
</blockquote>
<p>Des rencontres comme celles-là, il y en a des dizaines. A travers ces personnages, leurs joies, et souvent, leurs souffrances, Pat Conroy développe une fresque expressionniste de ce grand Sud que l’on découvre de nos cinq sens.</p>
<blockquote>
<p>La rue se mit à sentir la café et le lard grillé ; un vent léger du port évoquait les bouées et les coques de navires saumurées par les marées et les ans ; le réveil des mouettes suivit le premier cargo virant en direction de l’Atlantique, et les cloches de St Michael répondirent aux cris faibles, presque humains des oiseaux.</p>
</blockquote>
<p>Il faut parfois y regarder à deux fois pour s’y retrouver dans les personnages, mais on se prend à ralentir la lecture, pour prendre le temps de leur dire au revoir. Et on quitte Leo, à regret, en pensant qu’on quitte un homme, alors qu’on avait connu un adolescent. Comme lui, on en vient à remercier ces souffrances, ces bons moments, et, surtout, ces rencontres qui font grandir.</p>
<p><img alt="Charleston_Sud.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Charleston_Sud.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Charleston_Sud.jpg, janv. 2013" /><br />
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<em>Charleston Sud, Pat Conroy, Albin Michel, littérature anglo-saxonne, 583 pages, 22 euros. Notre note : 3/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2013/01/07/Charleston-Sud-Pat-Conroy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/308Les apparences - Gillian Flynnurn:md5:687e1d322d5155cef1050eb2b78c59f82012-10-28T11:29:00+01:002018-09-24T15:11:49+02:00ClaireLa trouille<p>Vous pensez que les apparences peuvent être trompeuses ? Vous n’allez pas être déçus…</p>
<p>Ouvrez le dernier roman de Gillian Flynn et laissez-vous entraîner dans le tourbillon jubilatoire, angoissant et un rien paranoïaque de l’histoire d’amour la plus inattendue de l'année.</p> <p>Ils s’appellent Nick et Amy. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont des jobs sympas et une jolie maison dans un quartier branché de New York. Ça, c’est au début de l’histoire.</p>
<blockquote>
<p>J’adore la maison, j’adore qu’elle soit à nous, qu’il y ait une histoire géniale derrière le lampadaire antique, ou la tasse en argile déformée posée à côté de notre cafetière, qui ne contient jamais rien sauf un unique trombone. Je passe mes journées à penser à des choses gentilles que je peux faire pour lui – aller acheter un savon à la menthe poivrée qui tiendra dans sa paume comme une pierre chauffée, ou peut-être un mince filet de truite que je pourrais cuisiner pour son dîner, une ode à sa période sur le Missouri. (…) C’est notre premier anniversaire de mariage et je suis grosse d’amour, même si les gens n’ont pas cessé de nous dire que la première année allait être très dure, comme si nous étions des enfants naïfs partant pour la guerre la fleur au fusil. Ça n’a pas été dur. Nous sommes faits l’un pour l’autre.</p>
</blockquote>
<p>Une histoire douce, tendre, pleine d’humour et d’amour. Parce que Nick et Amy s’aiment, cela ne fait aucun doute. Mais très vite, le bonheur se dégonfle sur des relents de crise boursière. Nick et Amy l’ont vu venir mais n’ont rien pu faire.</p>
<p>Plus de job, plus de maison à New York, plus d’argent…</p>
<blockquote>
<p>On n’a pas de boulot, on n’a pas d’argent et il n’y a rien qui nous retient ici ? Même toi, tu es forcée de le reconnaître. » (…) Et ainsi, c’est décidé, aussi vite que ça, sans plus de discussion : nous quittons New York. Nous allons dans le Missouri.</p>
</blockquote>
<p>Et soudain … plus d’Amy !</p>
<blockquote>
<p>Elle n’était pas sur l’eau, elle n’était pas dans la maison. Amy n’était pas là. Amy avait disparu.</p>
</blockquote>
<p>Une banale histoire de disparition sur fond de médiocrité dans un bled perdu et dévasté du Missouri. Un mari soupçonné par la police - un peu, pas trop - haï par la presse et l’opinion publique, soutenu par sa sœur jumelle, mais surtout de plus en plus troublé par la tournure des événements. Un mari qui connaît bien son épouse, mieux qu’elle ne l’imaginait. Un mari à la hauteur, finalement ! Car c’est de cela dont il s’agit, de bout en bout : être à la hauteur, ou pas. Résoudre les énigmes, suivre le jeu de piste, indice après indice, ne jamais tenir compte des apparences. Jusqu’à l’issue, inévitable, troublante et inattendue !</p>
<p>Laissez-vous emmener par ce roman, mais oubliez vos certitudes. Toutes.</p>
<p><img alt="Apparences.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Apparences.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Apparences.gif, oct. 2012" /><br />
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<em>Les apparences, Gillian Flynn, Sonatine, littérature anglo-saxonne, 574 pages, 22 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/10/28/Les-apparences-Gillian-Flynn#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/307La liste de mes envies - Grégoire Delacourturn:md5:63adbd9339e7007101d7b1fa812a03ba2012-07-16T16:42:00+02:002018-09-24T15:12:30+02:00BernardLa vie<p>Comment faire un roman à succès ?</p>
<p>D’abord, vous ciblez le lecteur, ou plutôt la lectrice. Vous l’imaginez simple, mal aimée, un peu moche, en quête du grand amour.</p>
<p>Et vous écrivez l’histoire d’une mal aimée et un peu moche à qui la vie soudain sourit.</p>
<p>Démonstration.</p> <p>Jocelyne Guerbette tient une mercerie à Arras. Elle est un peu moche.</p>
<blockquote>
<p>Je sais bien, par exemple, que je ne suis pas jolie. Je n’ai pas les yeux bleus dans lesquels les hommes se contemplent ; dans lesquels ils ont envie de se noyer pour qu’on plonge les sauver. »</p>
</blockquote>
<p>Et, tiens ?, elle est mal aimée.</p>
<blockquote>
<p>Jo, c’est Jocelyn. Mon mari depuis vingt et un ans. Il rêve d’une femme plus belle et plus jeune que moi ; mais ça, il ne me le dit pas. »</p>
</blockquote>
<p>Et, tiens ?, la vie lui sourit. Elle gagne à l’Euromillions.</p>
<blockquote>
<p>Je ne sais pas comment mais je sus.</p>
<p>Je sus, sans avoir encore regardé les chiffres, que c’était moi.</p>
<p>Une mise à deux euros. 18 747 301 et 28 centimes.</p>
<p>Alors je fis un malaise. »</p>
</blockquote>
<p>A ce stade, l’envie vous prend de refermer ce roman facile, pas fin, et dont la vocation commerciale est tellement visible qu’on ne perçoit plus l’intention littéraire.</p>
<p>Mais l’auteur se montre ensuite beaucoup plus subtil. Jocelyne se garde de dire sa bonne fortune à son entourage, et surtout à son époux. Elle continue à rêver et tarde à toucher son chèque. Elle multiplie les listes de ses envies.</p>
<p>Combien de temps va durer ce petit jeu ? Et en sortira-t-elle gagnante ?</p>
<p>La liste de mes envies est un roman qu’on aime détester. Outre son côté formaté, il contient de solides niaiseries. Genre les moches sont malheureuses.</p>
<blockquote>
<p>Il m’apprit que les moches aussi rêvent des plus beaux mais qu’entre elles et eux il y a toutes les jolies du monde ; autant d’infranchissables montagnes. »</p>
</blockquote>
<p>Ou le téléphone c’est pas bien.</p>
<blockquote>
<p>Les gens sont seuls avec leur téléphone, ils lancent des milliers de mots dans le vide de leurs vies. »</p>
</blockquote>
<p>Mais malgré ces grosses ficelles et ce formatage quasi publicitaire, on lui trouve une âme, une construction, une écriture, une sympathie.</p>
<p>Et on en vient à se réjouir que l’auteur ait gagné à l’Euromillions.</p>
<p><img alt="Delacourt.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Delacourt.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Delacourt.jpg, mar. 2012" /><br />
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<em>La liste de mes envies, Grégoire Delacourt, JC Lattès, littérature française, 186 pages, 16 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/03/24/La-liste-de-mes-envies-Gr%C3%A9goire-Delacourt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/303Trois questions à... Alexis Jenni - L'interview du Blog des livresurn:md5:506b3a5af059a65bf711b46e066a56b32012-04-29T13:12:00+02:002018-08-25T15:30:10+02:00Bernard3 questions à...<p>Je vous disais il y a quelques jours, les difficultés que j'ai éprouvées à lire l' "<a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/04/15/L-art-fran%C3%A7ais-de-la-guerre-Alexis-Jenni">Art français de la guerre</a>", le dernier prix Goncourt. J'ai fait part à l'auteur de ces difficultés de lecture. Et il m'a répondu très simplement, gentiment, chaleureusement qu'il détestait l'écriture anorexique et... qu'il ne pensait pas être publié !</p> <p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/Alex.jpg" alt="Alex.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="Alex.jpg, fév. 2012" />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" alt="Un" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Dans votre roman, vous racontez ce que vous appelez la "guerre de 20 ans", entre 45 et 65, avec la fin de la seconde guerre mondiale, l'Indochine et l'Algérie. Comment avez-vous pensé à ce sujet ?</strong>
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<ul>
<li>Ce sont des choses qui m’intéressent, depuis un moment d’ailleurs. Et en France, c’est un passé très présent, et paradoxalement, pas très raconté. On y pense toujours, mais sans le raconter. C’est un semi-oubli, tout le monde "sait que", sans y pouvoir comprendre quoi que ce soit. C’est une réalité à moitié enfouie, mais toujours très présente dans la France contemporaine. Donc ça m’intéressait, il y avait chez moi une curiosité et faire ce livre m’a permis de comprendre.</li>
</ul>
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" alt="Deux" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>C’est votre premier roman, et vous obtenez le Goncourt. Quand on écrit un premier roman, pense-t-on une seconde au Goncourt ?</strong>
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<br />
</p>
<ul>
<li>Je n’y pensais même pas ! Bon bien sûr, la veille oui, ou les quelques jours qui précèdent, car il ne restait que quatre romans sur la liste. Donc là, il y avait quand même une forte probabilité que je l’aie. Mais en septembre dernier, quand le livre est sorti, je n’aurais jamais imaginé cela. Vous savez, le fait d’être publié suffisait déjà à mon bonheur. Chez Gallimard en plus, aux côtés d’Aragon ou Proust ! Ma carrière était terminée, c’était déjà bon comme ça ! Puis il y eu les bonnes critiques, le succès public, et le Goncourt ! J’ai laissé venir, en fait.</li>
</ul>
<p><br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" alt="Trois" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Parlons de ce succès public. Ce n’était pas évident, je trouve. C’est un livre très écrit, très travaillé, pas facile d’accès. Vous aviez ce risque en tête en l’écrivant ?</strong>
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<ul>
<li>Il faut d’abord savoir que ce roman s’est fait après 20 ans d’échec, 20 ans d’envois aux éditeurs et de refus. Je ne pensais pas être publié. Je ne l’ai donc pas écrit en pensant à une publication. Et quant à la langue, c’est la pratique que j’aime. J’ai une horreur absolue du style sec, sans un poil de graisse. Quelle horreur ! C’est anorexique ! Pour moi, le gras, c’est bon. Cette écriture blanche à la mode, ça me rase ! Je ne me suis pas posé la question de la réception, le roman est comme cela. Peut-être que, plus tard, pour de futurs romans, j’aurai le souci du lecteur, en me faisant moins plaisir, mais une langue complexe et riche, c’est un plaisir. Alors oui, certains ont pu dire que j’ai une écriture complexe, mais j’aime jouer avec tout le clavier.</li>
</ul>
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/10questions/Sans_titre.png" alt="Sans_titre.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sans_titre.png, avr. 2012" />
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<br /> <em>Alexis Jenni, dernier roman : "L'art français de la guerre", Gallimard, 633 pages, 21 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/04/22/Trois-questions-%C3%A0...-Alexis-Jenni-L-interview-du-Blog-des-livres#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/306L'art français de la guerre - Alexis Jenni - Prix Goncourturn:md5:9f5739992a9d4e908a82d413cc89bf5c2012-04-15T14:06:00+02:002018-09-24T15:13:22+02:00BernardLa guerre<p>Disons-le tout net : le dernier Goncourt n'est pas loin d'être illisible.</p>
<p>Et pourtant je l’ai lu.</p>
<p>Mais ce fut un vrai combat.</p> <p>Alexis Jenni raconte la guerre de 20 ans, ce conflit interminable qu’ont vécu tant de Français de près ou de loin, et qui commence avec la seconde guerre mondiale, se poursuit avec l’Indochine, et se termine en Algérie.</p>
<blockquote>
<p>Le début est flou : vers 40 ou 42, on peut hésiter. Mais la fin est nette : 62, pas une année de plus. Et aussitôt on a feint que rien ne se soit passé. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteur prête vie à Victorien Salagnon, entré en guerre un peu par hasard à la fin de son adolescence.</p>
<blockquote>
<p>La classe stupéfaite écoutait en silence. Puis un élève, bouche béante, sans penser à demander la parole, bredouilla plaintif :</p>
<p>« Mais nos études ?</p>
<p>- Ceux qui reviendront pourront les poursuivre.</p>
</blockquote>
<p>Il commence sa guerre de 20 ans dans le maquis, à la fin du deuxième conflit mondial.</p>
<p>Puis s’enlise avec la France en Indochine.</p>
<blockquote>
<p>L’Indochine où j’ai vécu était un musée des façons d’en finir : on mourait d’une balle dans la tête, d’une rafale à travers le corps d’une jambe arrachée par une mine, d’un éclat d’obus qui faisait une estafilade par où l’on se vidait. J’ai juste échappé à tout ; je suis là. »</p>
</blockquote>
<p>Et vit l’horreur de l’Algérie sans comprendre.</p>
<blockquote>
<p>Tout cela n’avait servi rien. Le sang n’avait servi à rien. On n’apprend pas impunément la liberté, l’égalité et la fraternité à des gens à qui on les refuse. »</p>
</blockquote>
<p>Il se battra sans conviction, avec distance, même. Pour éviter de trop s’impliquer, il dessine.</p>
<blockquote>
<p>J’étais moins bon militaire, mais je sauvais mon âme. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteur alterne ces récits de guerre avec une description de la banlieue lyonnaise, où les policiers sont toujours plus présents et armés. Sa thèse : la guerre de 20 ans se poursuit dans les banlieues.</p>
<blockquote>
<p>Les nuits d’été sont lourdes et dangereuses et les rues du centre sont quadrillées. Au pays de la douceur de vivre et de la conversation comme l’un des beaux-arts, nous ne voulons plus vivre ensemble. »</p>
</blockquote>
<p>« L’art français de la guerre » a de l’ambition. Alexis Jenni se fait historien, stratège, sociologue, psychologue, moraliste et, évidemment, auteur. Tout cela à la fois. En ressort un roman très instructif, certes, mais aussi très dense et foisonnant de détails.</p>
<p>Mais il présente surtout une difficulté qui, je le crains, rebutera la plupart : l’écriture est d’une lourdeur indicible. Des phrases longues, des constructions complexes sur lesquelles ont trébuche, des dialogues si littéraires qu’ils en deviennent improbables, parfois grotesques.</p>
<p>C’est d’autant plus regrettable qu’Alexis Jenni a des choses à dire. L’auteur a du talent, c’est sûr, et on aurait presque envie de lui appliquer en conclusion une de ses propres citations.</p>
<blockquote>
<p>Pour se transformer en art, le talent doit prendre conscience de lui-même, et de ses limites, et être aimanté d’un but qui l’oriente dans une direction indiscutable. Sinon, le talent s’agite, il bavarde. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Alexis_Jenni.gif" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Alexis_Jenni.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Alexis_Jenni.gif, avr. 2012" /><br />
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<br />
<em>L'art français de la guerre, Alexis Jenni, Gallimard, littérature française, 633 pages, 21 euros. Notre note : 2/5.</em><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/04/15/L-art-fran%C3%A7ais-de-la-guerre-Alexis-Jenni#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/305Lointain souvenir de la peau - Russell Banksurn:md5:5bb09b02aba422e5a3bf9c2f8afc7fb42012-03-10T21:39:00+01:002018-09-24T15:13:57+02:00JulietteAliceLa vie<p>Echappe-t-on vraiment à son passé ?</p>
<p>Sommes-nous vraiment ce que nous prétendons être ?</p>
<p>Pas de doute, Russell Banks est de retour. L'âme humaine n'a qu'à bien se tenir.</p> <p>A travers le parcours du Kid, un jeune délinquant sexuel vivant sous un viaduc dans des conditions de misère, Russell Banks, au meilleur de sa forme, dénonce l’Amérique puritaine, les dérives d’Internet ou le nivellement par le bas de la presse via le prisme de ces exclus d’un genre particulier.</p>
<p>Le Kid a 22 ans. Il vit avec Iggy, son iguane, baptisé ainsi en hommage au chanteur Iggy Pop. Le Kid est délinquant sexuel. Il a grandi avec une mère nymphomane et s'est tellement emmerdé comme un rat mort, qu’il a passé le plus clair de son temps à se masturber plusieurs fois par jour devant des films pornos via son ordinateur portable.</p>
<p>Et comme tout délinquant sexuel condamné, il lui est interdit de vivre à moins de 760 mètres d’une école, d’un lieu où se rassemblent des enfants. A Calusa, en Floride, c’est mission impossible. Le Kid vit donc sous le viaduc de Claybourne, avec ses semblables.</p>
<p>Jusqu’au jour où débarque dans la vie du Kid, le Professeur, un brillant prof de l’université de Calusa, spécialiste des sans-abri, désireux d’interviewer le gamin en vue d’une étude.</p>
<blockquote>
<p>La condition des sans-abri, ses origines et ses solutions éventuelles l’intéressaient d’un point de vue professionnel. L’appareil juridique conçu pour répondre aux délits sexuels l’intéressait aussi. Sans oublier la psychologie du déni, mais il s’agissait d’un intérêt plus personnel que professionnel. Lorsqu’en rentrant chez lui de l’université, il s’arrêta, rangea son monospace au bord de la route et descendit dans l’obscurité qui régnait sous le Viaduc, il s’attendait à ne voir que l’endroit où les gens avaient vécu, pas les gens eux-mêmes »</p>
</blockquote>
<p>Grâce à la faculté d’écoute du Professeur, le Kid retrouve un tout petit peu confiance en lui. Mais très vite, Russell Banks, chez qui rien n’est jamais ni noir ni blanc mais plutôt gris acier, sème le trouble.</p>
<p>Au fil des rencontres une étrange amitié va naître entre les deux hommes.</p>
<p>Dix-sept ans après Sous le règne de Bone, ce roman racontant la vie d'un ado égaré recueilli par un rasta, l’auteur du Livre de la Jamaïque reprend un peu le même schéma. Le Kid, c’est le Bone d’aujourd’hui et le Professeur, le rasta ami et mentor de Bone. La volonté de transmission, l’acceptation de soi, l’identité comme autant de thèmes qui parsèment l’œuvre de l’auteur.</p>
<p>Sauf que Lointain souvenir de la peau est un livre extrêmement ambitieux. Surtout dans la complexité de sa structure narrative. C’est d’ailleurs son roman le plus ambitieux depuis American Darling (2005).</p>
<p>Parce que derrière le délinquant sexuel, Banks, qui reste au plus près de ses personnages avec une rare empathie tout en s’abstenant de porter un jugement, dresse aussi le portrait de l’Amérique d’aujourd’hui. Internet et ses dérives. L’exclusion sous toutes ses formes. L’hypocrisie ambiante et même la presse.</p>
<blockquote>
<p>Et les photos et les vidéos ? Les photos ne mentent pas, man.</p>
<p>Tout ment.</p>
<p>Si tout est mensonge, alors il n’y a rien de vrai.</p>
<p>Tu as tout compris, Kid. A peu près. Ca veut dire qu’on ne peut jamais vraiment connaître la vérité de quoi que ce soit ».</p>
</blockquote>
<p>Au final, l’histoire du Kid pourrait être celle de tout un chacun. Celle d’un être humain prisonnier de ses erreurs et de sa naïveté. Echappe-t-on vraiment à son passé ? Pourquoi ment-on et dans quel but ? Sommes nous vraiment ce que nous prétendons être ou ce que nous souhaiterions devenir ? Autant de questions qui foisonnent ce grand roman contemporain qu’on ne peut que vous recommander chaudement.</p>
<p><img alt="Banks.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Banks.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Banks.jpg, mar. 2012" /><br />
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<em>Lointain souvenir de la peau, Russell Banks, littérature anglo-saxonne, traduit de l’américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 444 pages, 23,80 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/22/35-american-darling-russel-banks">Américan Darling</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/09/26/251-la-reserve-russell-banks">La Réserve</a></p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/03/10/Lointain-souvenir-de-la-peau-Russell-Banks#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/302Limonov - Emmanuel Carrèreurn:md5:34d63dd2482b9850e3df5e1cd908e2022012-03-05T15:05:00+01:002018-09-24T15:14:25+02:00BernardL'aventure<p>Mais comme notre existence est banale !</p>
<p>A moins bien sûr que vous ayez été successivement idole de l’underground soviétique, clochard à New York, valet de chambre d’un milliardaire, écrivain branché à Paris, soldat dans les Balkans puis vieux chef charismatique.</p> <p>Tel est le destin d’Edouard Limonov, pour qui Emmanuel Carrère a tant de sympathie qu’il lui consacre un récit haletant et soigné.</p>
<p>L’histoire débute dans les années 50, au cœur d’une sordide ville de province. Ca commence fort : Limonov a pour berceau une caisse à obus. Il grandit, devient poète, s’ennuie à mourir, part à Moscou puis s’envole à New York.</p>
<p>Mais le rêve américain n’est pas pour lui. Avec quelques compatriotes désœuvrés, il vivote.</p>
<blockquote>
<p>A Moscou ou Leningrad, ils étaient poètes, peintres, musiciens. A New York, ils sont plongeurs, peintres en bâtiment, déménageurs. Alors, toujours entre eux, toujours en russe, ils se saoulent, se lamentent, parlent du pays, rêvent qu’on les y laisse retourner, mais on ne les laissera pas y retourner : ils mourront piégés et floués »</p>
</blockquote>
<p>Limonov devient SDF, sombre, et couche sa vie sur papier.</p>
<blockquote>
<p>Il écrit sans se soucier de littérature, comme ça lui vient, il sait que c’est en train de devenir un livre et que ce livre est sa seule chance de s’en sortir. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des rencontres, il devient majordome d’un milliardaire et s’en sort, son livre est miraculeusement publié à Paris.</p>
<p>Je ne vous conte pas la suite, du même tonneau : excès, forfanterie, périodes de gloire, puis d’obscurité, bagarres au couteau et tentatives de suicides, avec un fil conducteur, pour lequel je ne trouve qu’un mot : Limonov est rock’n roll.</p>
<p>Mais l’intelligence de Carrère ne se manifeste pas seulement dans l’art de raconter le destin de ce « bon client » pour la littérature, non. A travers Limonov, on approche de la fameuse âme russe, on parcourt un demi-siècle d’histoire par les chemins buissonniers, et surtout, on vit la Russie vue de Russie, et non des médias d’ici.</p>
<p>Comme quand ses personnages évoquent l’après communisme.</p>
<blockquote>
<p>La vérité, c’est qu’on est dans un pays du tiers-monde : la Haute-Volta avec des missiles nucléaires. »</p>
</blockquote>
<p>Ou Gorbatchev.</p>
<blockquote>
<p>Il ne libérait rien du tout, se laissait seulement prendre au mot, forcer la main et freinait autant qu’il pouvait un processus qu’il avait déclenché par imprudence. C’était à la fois un apprenti sorcier, un démagogue et un plouc. »</p>
</blockquote>
<p>On reprochera peut-être au roman une certaine complaisance à l’égard d’un être controversé, on y verra peut-être un essai sans vraie construction romanesque.</p>
<p>Mais Emmanuel Carrère livre à nouveau un récit cru et sans concessions, ce qui le rend d’autant plus riche et profondément humain. N’est-ce pas l’auteur lui-même qui assène cette certitude qui lui va si bien :</p>
<blockquote>
<p>Dès qu’un homme a le courage de la dire, personne ne peut plus rien contre la vérité. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Limonov.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Limonov.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Limonov.jpg, mar. 2012" /><br />
<br />
<br />
<em>Limonov, Emmanuel Carrère, POL, littérature française, 488 pages, 19 euros. Notre note : 4/5.</em><br />
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/28/81-un-roman-russe-emmanuel-carrere">Un roman russe</a></p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/03/05/Limonov-Emmanuel-Carr%C3%A8re#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/3018 questions à... Eric Reinhardt - L'interview du Blog des livresurn:md5:951c9c112e80721d18e5bb3a63af37022012-02-26T09:46:00+01:002018-08-25T15:31:14+02:00Bernard10 questions à...<p>Cela fait partie des grands plaisirs du lecteur : lire un roman, l'apprécier, puis rencontrer l'auteur pour dénouer les énigmes. Le luxe.</p>
<p>Eric Reinhardt a publié "Le système Victoria", un <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/12/Le-systeme-Victoria-Eric-Reinhardt">magnifique roman</a> sur l'amour entre une cadre néolibérale et un employé de gauche. Il nous explique sa démarche et son... aversion pour le monde de l'entreprise.</p> <p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/eric-reinhardt.jpg" alt="eric-reinhardt.jpg" style="display:block; margin:0 auto;" title="eric-reinhardt.jpg, fév. 2012" />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" alt="Un" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Dans « Le système Victoria », vous mettez en scène la passion entre un homme de gauche et une femme de droite. C’est un roman d'amour ou un roman politique ?</strong>
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</p>
<ul>
<li>Il n'y a pas qu'un thème. Ce que j’ai voulu, c’est parler de notre monde, de notre réalité contemporaine à travers une histoire d’amour passionnelle entre un homme et une femme aujourd’hui. Elle, DRH Monde d’une multinationale basée à Londres, et lui, directeur de travaux sur une tour à la Défense. Une relation adulterine, dans le secret, le mensonge et la dissimulation.</li>
</ul>
<p><br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" alt="Deux" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>L’histoire d’amour vous permet de provoquer le rapprochement de deux visions antagonistes de ce monde ?</strong>
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</p>
<ul>
<li>Voilà. D’un côté David, un homme de gauche qui incarnerait l’ancien monde, idéaliste et épris de justice sociale, préoccupé par l’intérêt général, la beauté du collectif. Puis, à l’opposé, Victoria, ultra-libérale, qui est un peu le bras armé du capitalisme financier et qui est dans une logique individualiste et de profit. Le profit pour le compte de l’entreprise, mais aussi son profit propre, son salaire fixe et tout ce qu’elle perçoit lorsqu’elle mène à leur terme ses missions, par exemple fermer une usine.</li>
</ul>
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" alt="Trois" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Pourtant, à la lecture du roman, on ne sent pas de jugement. </strong>
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</p>
<ul>
<li>Non. Car les choses sont beaucoup plus compliquées évidemment qu'elles en ont l'air. Et je n'avais pas du tout envie de montrer d'un côté la méchante DRH horrible et de l'autre, le gentil travailleur de gauche, qui ploie sous la tâche et l'effort. Je voulais écrire un livre qui ne donne aucune certitude et qui fasse réfléchir le lecteur sur lui-même et sa relation à notre monde à ses mutations, à son avenir et à ses incertitudes.</li>
</ul>
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/4.bmp" alt="Quatre" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Car ce personnage de Victoria a des aspects positifs…</strong>
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</p>
<ul>
<li>Ce qu'il y a de très beau chez Victoria, c'est son énergie, le fait qu'elle ait confiance en elle qu'elle n'ait peur de rien. Elle est dans une forme d'enchantement, et d'émerveillement permanent. Elle est capable de se donner du bonheur, elle veut jouir de la vie et cela, c'est merveilleux. On devrait tous pouvoir bénéficier de cette leçon de vie.</li>
</ul>
<p><br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/5.bmp" alt="Cinq" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Et chez lui, il y a des travers, aussi…</strong>
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</p>
<ul>
<li>Lui, il incarne un peu la fin ou le travers d'une certaine gauche vieillissante, qui doit se redynamiser. Une gauche trop repliée sur elle-même, qui a peur du monde, de l’avenir, des autres. Il a aussi une relation très complexée à l’argent, à l’épanouissement. Sans doute cette dialectique que je mets en œuvre par l’opposition de ces deux systèmes doit-elle mener à une possible troisième voie entre l’opportunisme, l’individualisme de Victoria et le côté très frileux, précautionneux de David.</li>
</ul>
<p><br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/6.bmp" alt="Six" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Il y a une intention politique, une envie de faire passer cette troisième voie ?</strong>
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<br />
</p>
<ul>
<li>Cela, ce n’est pas à moi de le dire. C’est ce que je pense, mais je n’ai pas écrit ce livre pour le démontrer. Personnellement, je pense que l’ultralibéralisme est foncièrement nocif et nuisible, qu’il faut absolument contrebalancer la logique de profit par des préoccupations d’intérêt général et qu’il faut protéger les travailleurs et les citoyens de la voracité.</li>
</ul>
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/7.bmp" alt="Sept" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Mais en humanisant un personnage comme Victoria, est-ce que vous ne risquez pas de rendre acceptable un système, y compris dans ses excès ? </strong>
<br />
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</p>
<ul>
<li>Je ne crois pas parce que David exprime clairement sa désapprobation. Donc les lecteurs que le comportement de Victoria pourrait choquer se retrouveront complètement dans les propos de David. Mais moi j’en ai croisé des personnes comme Victoria, et on ne peut pas les rejeter en bloc. A un moment, quand elle ferme une usine, elle dit à David qu’elle est du côté des syndicalistes : « Autant que ce soit avec quelqu’un comme moi qu’on ferme, moi qui comprend l’injustice et qui vais tout faire pour que les syndicalistes repartent avec le maximum. » Je pense qu’il en existe, des DRH comme ça, qui arrivent à contrebalancer les excès du système. C’est pour cela que je n’ai pas à condamner Victoria, parce que le salut peut aussi venir de ces gens-là.</li>
</ul>
<p><br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/8.bmp" alt="Huit" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
<strong>Un écrivain qui ose le monde de l’entreprise, c’est encore peu fréquent. Peu s’y sont risqué. Vous trouviez l’entreprise risquée ?</strong>
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<br />
<br />
<br />
</p>
<ul>
<li>J’ai travaillé en entreprise et tous mes romans se situent en large partie dans le monde de l’entreprise. Cela m’a toujours intéressé. J’ai travaillé en entreprise et ai détesté cela. On ne m’y rependra plus jamais.</li>
</ul>
<p><br />
<img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/10questions/Reinhardt.png" alt="Reinhardt.png" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Reinhardt.png, fév. 2012" />
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<br /> <em>Eric Reinhardt, dernier roman : "Le système Victoria", Stock, 522 pages, 22,5 euros.</em>
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</p>Le système Victoria - Eric Reinhardturn:md5:86de1cfc34e043a7bcc968d82543c3562012-02-16T08:20:00+01:002018-09-24T15:15:06+02:00BernardL'amour<p>Elle est capitaliste aux dents longues. Il est employé et pétri d'idées sociales. Ils ont tout pour se détester.</p>
<p>Mais ils s’aiment.</p>
<p>Voici le scénario diabolique du « système Victoria ». On s’y aime, y fait l’amour souvent et parle gros sous. Très gros sous. Trop gros sous.</p> <p>David Kolski ne sait pas dans quel système il met le pied, quand il fait la cour à Victoria de Winter, dans une galerie commerçante. Généralement, il est pourtant prudent dans ses écarts conjugaux.</p>
<p>Mais avec elle, il s’engage un peu plus loin. Leurs univers semblent pourtant opposés. Il est directeur de chantier sur la tour Uranus, en construction à la Défense, à Paris. Elle est DRH Monde d’une grande multinationale à capitaux américains. Son métier à lui : construire. A elle : restructurer, délocaliser, vite, vite. Deux univers.</p>
<blockquote>
<p>Elle avait fini par me demander « Et toi combien tu gagnes ?</p>
<p>- 5.500 euros brut par mois sur quatorze mois.</p>
<p>- Hein ? Quoi ? 5.500 euros par mois ?</p>
<p>- Ce qui fait environ…</p>
<p>- Tu ne gagnes que 5.500 euros par mois !</p>
<p>- Je suis d’accord avec toi. Ce qui est drôle c’est que souvent, quand je donne mon salaire, j’ai honte : soit parce qu’i est trop élevé, soit parce qu’il est trop bas. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, Victoria déstabilise David. Dans ses sentiments, et dans ses idéaux. Il y a des jours où il la déteste.</p>
<blockquote>
<p>On est en train de boire du Champagne rosé dans une chambre de l’hôtel du Louvre, mais en même temps, demain, l’une de tes subordonnées va refuser à une secrétaire une augmentation de 150 euros par mois. »</p>
</blockquote>
<p>D’autres où elle n’est pas loin de le convaincre.</p>
<blockquote>
<p>Je te l’avais bien dit qu’à mon contact tu deviendrais libéral. Tu le vois bien que c’est idiot, aujourd’hui, et complètement arriéré, d’être un homme de gauche ! De rester figé dans des principes hyper rigides, qui datent de Mathusalem ! »</p>
</blockquote>
<p>Leur amour les conduira tous deux à la perdition, car elle ne conçoit la passion que dans la vitesse et l’aveuglement. Et il la suit, aveuglément.</p>
<p>« Le système Victoria » est un beau roman d’amour. Il est cru, c’est vrai, dans sa vision du monde comme dans la description des nombreuses scènes d’amour.</p>
<p>Mais il est fin. Eric Reinhardt se garde bien de prendre position, mais au travers de quelques tirades, on sent la critique du capitalisme ambiant.</p>
<blockquote>
<p>Si ceux qui dirigent le monde n’étaient pas dans la vitesse, qu’elle soit géographique ou simplement mentale, la vérité de ce qu’ils font leur apparaîtrait d’une manière stridente : elle leur serait insupportable. »</p>
</blockquote>
<p>On reprochera peut-être à ce roman très travaillé une certaine froideur, un côté désincarné. Mais il ne rate pas son objectif : la quasi-absence de jugement de l’auteur amène le lecteur à réfléchir lui-même, non sur le système Victoria, mais sur le système tout court.</p>
<p>Serez-vous tentés par les sirènes du néo-libéralisme ? Le héros du roman vous le dira : « Prenez garde ! »</p>
<p><img alt="Victoria.jpg" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Victoria.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Victoria.jpg, fév. 2012" /><br />
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<em>Le système Victoria, Eric Reinhardt, littérature française, Stock, 522 pages, 22,5 euros. Notre note : 3/5.</em><br />
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Lisez aussi <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/13/5-questions-%C3%A0...-Eric-Reinhardt-L-interview-du-Blog-des-livres">l'interview</a> que nous a accordée l'auteur et la <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/03/31/L-amour-et-les-forets-Eric-Reinhardt">critique</a> de L'amour et les forêts.</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/12/Le-systeme-Victoria-Eric-Reinhardt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/299La délicatesse - David Foenkinosurn:md5:6386cba77f2f7a0ae36aaf39232751562012-02-05T10:16:00+01:002018-08-25T15:32:07+02:00MirianaL'amour<p>Un homme troublé par une femme dont il émane « une sorte de naturel émouvant », une grâce dans le mouvement.</p>
<p>Une femme blonde, évidemment.</p>
<p>Un homme romantique et timide, évidemment.</p>
<p>La femme craque, évidemment.</p> <p>Car...</p>
<blockquote><p>Elle est tombée sous le charme. Immédiatement, elle a aimé ce mélange de maladresse et d'évidence. »</p>
</blockquote>
<p>Barbara Cartland elle-même n'aurait pas renié une si belle formule.</p>
<p>Ils boivent un café et</p>
<blockquote><p>Tout de suite, ils ont l'impression de s'être déjà rencontrés, de se voir parce qu'ils avaient simplement rendez-vous. »</p>
</blockquote>
<p>Evidemment.</p>
<p>Je ne vous raconte pas la suite, vous l'imaginerez sans peine, tant elle est téléphonée. Eh oui, c'est bien pour ça qu'on aime tant les romans Harlequin ou autres romans de gare comme on les appelait jadis.</p>
<p>Ah, ces bluettes, ces tissus de clichés prévisibles, où les héroïnes sont toujours dignes et réservées, et d'une élégance discrète. Très important, l'élégance discrète, mais attention, avec charme déroutant à la clé. Où les héros se contentent d'aimer l'héroïne, au-delà des obstacles et surtout pour aucune raison valable si ce n'est que ce sont des femmes blondes, qui apprécient la littérature de bon goût et les meubles du même style. Qui lisent en buvant du thé d'un goût raffiné. Qui sont rêveuses et jouent à cache-cache dans la maison de leur grand-mère, car c'est tellement attendrissant, une femme à l'élégance discrète qui a su rester une petite fille, n'est-ce pas ?</p>
<p>Dans un roman Harlequin, quand les héros dansent, ils sont</p>
<blockquote><p>Seuls au milieu de la foule. »</p>
</blockquote>
<p>Quand ils s'embrassent enfin,</p>
<blockquote><p>Il y a cet émerveillement réel entre eux, celui du plaisir physique... »</p>
</blockquote>
<p>Aaaaargh !</p>
<p>Alors tout le monde crie à la banalité, au cliché ressassé, à la connerie, au vil et plat commerce, au nivellement par le bas.</p>
<p>Mais alors, pourquoi ne s'insurge-t-on pas devant "La délicatesse" de David Foenkinos, dont j'ai extrait les citations qui précèdent ? C'est un Harlequin pur et dur.</p>
<p>Non, bien pire.</p>
<p>Parce qu'il émane de lui la prétention et la suffisance du roman qui se croit original avec ses petites listes à la Bridget Jones.</p>
<p>Perso, j'ai plus de respect pour un Harlequin. Au moins, il ne prétend pas être de la littérature.</p>
<p>J'essaie de comprendre... Qui diable a pu tomber dans le panneau de ces platitudes ? Qui sont ces centaines de milliers de femmes qui ont aimé cette mièvrerie au point qu'on en fasse un film ?</p>
<p>Dénoncez-vous! Et achetez plutôt un Harlequin, c'est moins cher et tout aussi bien.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Foenkinos.jpeg" alt="Foenkinos.jpeg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Foenkinos.jpeg, fév. 2012" />
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<br /> <em>La délicatesse, David Foenkinos, Gallimard, 208 pages, 16 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/21-les-coeurs-autonomes-david-foenkinos">Les coeurs autonomes</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/04/La-d%C3%A9licatesse-David-Foenkinos#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/298Retour à Killybegs - Sorj Chalandonurn:md5:603456c12b1cc60885c08d5c11f637642012-01-26T08:58:00+01:002018-08-25T15:32:23+02:00BernardLa vie<p>Les romans où les héros parviennent à leurs fins en dépit des traîtres, c’est fréquent.</p>
<p>Mais des romans où le héros est un traître, c’est déjà plus rare. C’est la bonne idée de Sorj Chalandon, raconter une histoire de traître, vue par le félon…</p> <p>Tyrone Meehan n’a pas voulu ce destin. Au contraire. Très jeune, il entend combattre loyalement pour l’indépendance de son pays, l’Irlande.</p>
<blockquote><p>Nous étions des gamins. Nous étions prêts à mourir les uns pour les autres. Mourir, vraiment. Et certains d’entre nous allaient tenir promesse. »</p>
</blockquote>
<p>Tyrone vit le quotidien de Belfast : attentats, maisons en feu, rafles, vengeances qui succèdent aux attaques, et attaques aux vengeances.</p>
<blockquote><p>J’ai vu mon premier mort de guerre. Un bras qui dépassait d’une couverture. Le bras d’une femme, avec sa chemise de nuit soudée à la chair. Séanna a posé une main sur mes yeux. Je me suis dégagé.</p>
<p>
- Laisse-le regarder, a lâché mon oncle.</p>
</blockquote>
<p>Comme ses compagnons d’armes, Tyrone passera aussi plusieurs fois par la case « prison ».</p>
<blockquote><p>De la nourriture avariée était amoncelée en tas glaireux le long du mur. Un amas d’immondices, de pourriture humide, de putréfaction. Et la merde, étalée jusqu’au plafond. »</p>
</blockquote>
<p>Libéré, il commet son premier fait d’armes, qui tourne au fiasco. Dans la cohue, sous la fumée des bombes, il pense tirer sur un Anglais. Il abat un compagnon d’armes.</p>
<blockquote><p>J’avais baissé mon pistolet-mitrailleur. Je l’ai relevé. J’ai voulu l’assurer contre ma hanche. J’ai toussé. J’avais du sang dans les yeux. J’ai pressé la détente. Je crois. J’ai entendu mes tirs. J’ai vu le feu de l’arme. Danny est tombé. J’étais derrière lui. J’ai tiré trois fois et Danny est tombé en avant. »</p>
</blockquote>
<p>Personne n’a vu. Tyrone entend raconter son erreur à ses équipiers. Mais les mots ne sortent pas, des mots que, de toute façon, personne n’était prêt à entendre. Et Tyrone garde pour lui ce lourd secret. Au lieu d’être coupable, il devient un héros.</p>
<p>Mais les Anglais ont vu la scène. Les services secrets entendent à présent le faire chanter, sous peine de tout raconter, de le faire descendre de son piédestal, et, à coup sûr, de signer son arrêt de mort. Il est prié de devenir l’un de leurs agents.</p>
<blockquote><p>- Vous voulez quoi ?</p>
<p>
- Que tu nous aides.</p>
<p>
- Jamais ! »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, il trahira.</p>
<p>Comment ? L’IRA l’apprendra-t-elle ? Tyrone payera-t-il de sa vie ce concours de circonstances ?</p>
<p>Vous le saurez à la lecture de ce roman bien bâti, alternant le récit des années de guerre, et celui de la paix retrouvée, où Tyrone s'interroge sur ses actes. N’attendez pas de ce roman de grandes considérations sur la vie, sur la guerre. L’auteur se concentre sur son histoire. Le récit, rien que le récit.</p>
<p>On regrettera la profusion de personnages introduits trop rapidement, ce qui entrave quelque peu la lecture.</p>
<p>Mais « Retour à Killybegs » est un grand roman, qui nous met dans la peau d’un traître, certes, mais surtout d’une personne humaine, pour nous faire comprendre cette guerre inhumaine.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Sorj.jpg" alt="Sorj.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Sorj.jpg, janv. 2012" />
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<br /> <em>Retour à Killybegs, Sorj Chalandon, Grasset, 334 pages, 20 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/25/Retour-%C3%A0-Killybegs-Sorj-Chalandon#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/296Rien ne s'oppose à la nuit - Delphine de Viganurn:md5:35790f16bf99bbd8a796a44bc3479acb2012-01-16T12:51:00+01:002018-08-25T15:32:37+02:00MarieLa vie<p>« Ma mère était morte depuis plusieurs jours… Alors j’ai demandé à ses frères et sœurs de me parler d’elle, de me raconter. Je les ai enregistrés, eux et d’autres, qui avaient connu Lucile et la famille joyeuse et dévastée qui est la nôtre…</p>
<p>Et puis, comme des dizaines d’auteurs avant moi, j’ai essayé d’écrire ma mère. »</p> <p>Et Delphine de Vigan se met à la tâche, interroge, rassemble, compulse, trie documents écrits, photos : elle veut comprendre comment cette femme si belle, intelligente mais maniaco-dépressive a pu mourir seule sans avoir eu besoin d’elle ni de sa sœur. Cette quête longue et difficile va replonger Delphine de Vigan au cœur de sa propre famille maternelle : des souvenirs remontent à sa mémoire, et la replongent dans cette famille nombreuse, bourgeoise pas plus malheureuse que d’autres à cette époque mais solidaire face aux tragédies qui l’ébranlent.</p>
<p>Comme un puzzle, le cours de la vie de chacun se met en place et au fur et à mesure l’auteure sent qu’elle va débusquer des secrets qui enfin pourraient lui apporter les clés pour comprendre cette incapacité qu’avait sa mère d’aimer et d’être aimée. Mais fouiller ainsi dans des vies qui ne lui appartiennent pas éveille des scrupules chez la jeune femme qui cependant ne faiblira pas.</p>
<blockquote><p>Ai-je le droit d’écrire que ma mère et ses frères et sœurs ont tous été, à un moment ou un autre de leur vie(ou toute leur vie) blessés, abîmés, en déséquilibre…
Ai-je le droit d’écrire que Georges a été un père nocif, destructeur et humiliant…
Ai-je le droit d’écrire que Liane n’a jamais pu ou su faire contrepoids, qu’elle lui a été dévouée comme elle l’était à Dieu, jusqu’au sacrifice des siens… »</p>
</blockquote>
<p>De plus la maladie de sa mère, qui se déroule par épisodes, aura un impact très dur sur la vie de Delphine de Vigan et de sa jeune sœur qui devront assumer une vie nomade de foyer en foyer, et des scènes douloureuses chaque fois que leur mère sera anéantie par ses nombreuses crises. Ce long parcours tragique pour les 3 femmes constitue un second récit dans le roman.</p>
<p>C’est un livre attachant, qui interpelle : nombre de lecteurs auront vécu à un moment ou à un autre un événement de ce livre, auront éprouvé les mêmes sentiments face à l’incompréhensible, la même impuissance devant une maladie totalement irrationnelle, certains enfin auront été confrontés à la découverte de secrets que leur famille avait tout fait pour étouffer : peut-être est-ce pour cela que tant de personnes ont aimé ce roman et l’ont plébiscité.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/07/178-no-et-moi-delphine-de-vigan">No et moi</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Vigan.jpg" alt="Vigan.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Vigan.jpg, janv. 2012" />
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<br /> <em>Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan, J-C Lattès, 437 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253164267/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253164267&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253164267" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/16/Rien-ne-s-oppose-%C3%A0-la-nuit-Delphine-de-Vigan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/294Cet instant-là - Douglas Kennedyurn:md5:ceb37e7aee126ed7376d88474047daa22012-01-08T10:48:00+01:002018-08-25T15:33:00+02:00BernardLa trouille<p>Vous aimez Berlin, vous aimez sourire en lisant ? Alors ouvrez "Cet instant-là" de Douglas Kennedy.</p>
<p>Un livre d'ambiances et de suspense, pas exigeant mais pas ennuyeux, autour d'un thème : en un instant d'inattention, deux destins peuvent basculer.</p> <p>Nous sommes en 1984, avant la chute du mur. Thomas Nesbitt, 26 ans, est un écrivain américain en herbe. Il décide de partir s’imprégner de l’ambiance particulière de Berlin.</p>
<blockquote><p>Berlin, un centre de gravité idéal pour un observateur prêt à explorer les secrets d’une métropole à la fois résolument moderne et confite dans un hideux passé, et côtoyant quotidiennement la morosité monochrome du système communiste. »</p>
</blockquote>
<p>Pour arrondir ses fins de mois, il travaille à Radio Liberty, l’outil de propagande américaine à destination de l’Est. Et c’est là qu’il fait la connaissance de la mystérieuse Petra, allemande de l’Est expulsée à l’Ouest pour « comportement politique déviant » .</p>
<blockquote><p>Sa beauté exprimait une profonde intelligence, une fragilité touchante mais aussi une détermination à maintenir la tête haute en dépit de l’adversité, ainsi qu’une extrême solitude. »</p>
</blockquote>
<p>Petra et Thomas vivent une passion idyllique. L’écrivain apprend le destin déchiré de sa belle. Mariée à un poète accusé d’indiscipline envers le régime, elle a été torturée, irradiée et son enfant lui a été retiré.</p>
<blockquote><p>Compte tenu de votre instabilité psychologique, il est impossible que notre Etat laisse un de ses enfants à la merci de quelqu’un comme vous. »</p>
</blockquote>
<p>Elle invite Thomas à la fuir, elle et son destin maudit, mais le cœur vaillant tient bon. Ils parlent d’enfants et d’exil aux Etats-Unis.</p>
<p>Jusqu’à ce qu’un agent de la CIA prenne contact avec Thomas.</p>
<blockquote><p>Je sais que Petra Dussmann travaille pour la Stasi, pour un agent nommé Helmut Haechen. Et nous avons des photos plutôt claires de ces deux-là au lit. »</p>
</blockquote>
<p>Le sang de Thomas ne fait qu’un tour. En un instant, tout est terminé.</p>
<blockquote><p>- Tu dois partir, me suis-je entendu murmurer.</p>
<p>
- Thomas…</p>
<p>
- Va-t’en, ai-je déclaré d’un ton encore étrangement calme.</p>
<p>
- Je peux t’expliquer Thomas. »</p>
</blockquote>
<p>Elle est embarquée par la CIA et il rentre aux Etats-Unis sur le champ.</p>
<p>Thomas a-t-il fait le bon choix, « cet instant-là ? » Il ne le saura qu’après la chute du mur, après avoir reçu, vingt-cinq ans plus tard, une longue lettre de Petra, et avoir poursuivi l’enquête.</p>
<p>Malgré la noirceur du thème, « Cet instant-là » est un roman généreux, bien construit et rythmé. L’auteur donne vie à des personnages espiègles, dotés de répartie et à la pensée positive. On retrouve aussi des ambiances berlinoises bien esquissées.</p>
<blockquote><p>Des graffitis partout. Des petits cafés qui étaient comme la version germanique des anciens repaires beatniks du Greenwich Village de ma jeunesse, des bars qui reflétaient souvent le style heavy metal, avec de temps en temps une Bierstube traditionnelle ou des enclaves turques. »</p>
</blockquote>
<p>Le livre à ses défauts, comme un style relâché, un côté bien-pensant, de solides clichés sur Berlin ou des passages à l’eau de rose.</p>
<p>Mais soyons de bon compte : on ne regrette pas d’avoir vécu avec Douglas Kennedy cet instant-là.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/10/93-la-femme-du-veme-douglas-kennedy">la femme du Vème</a>
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Ce livre a sa <a href="https://www.facebook.com/Douglas.Kennedy.France">page Facebook</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/douglas.jpg" alt="douglas.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="douglas.jpg, janv. 2012" />
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<br /> <em>Douglas Kennedy, cet instant-là, traduit de l'américain par Bernard Cohen, Belfond, 493 pages, 22,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266227386/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266227386&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266227386" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/08/Cet-instant-l%C3%A0-Douglas-Kennedy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/293Le secret de Jasper Jones - Craig Silveyurn:md5:8468e814b9892f8f4dcc3c97a53679d92011-12-18T10:24:00+01:002018-08-25T15:33:13+02:00ClaireLa vie<p>Coup de cœur pour un roman imparfait et touchant d’un jeune romancier australien.</p>
<p>Une histoire d’adolescents, d’apprentissage et d’amitié ; ou comment la quête de la maturité passe par un drame dont le secret pèse sur les épaules fragiles d’un adolescent à la vie tranquille.</p> <p>Cet adolescent, c’est Charlie Butcktin, 13 ans, fils unique, ni vraiment heureux ni tout à fait malheureux, porté par son amour pour les romans de Mark Twain, Truman Capote et Harper Lee que son père lui fait découvrir.</p>
<p>Un soir d’été brûlant dans la petite vile de Corrigan, Jasper Jones, rejeté de tous, orphelin d’une mère aborigène et fils d’un père ivrogne, frappe à la fenêtre de Charlie. Jasper est seul, son unique espoir d’amitié est Charlie. Il partage avec lui un secret lourd et impossible à partager, et qui signifiera pour eux la fin de l’innocence.</p>
<blockquote><p>Il n’y a pourtant pas de doute : quelque chose d’épouvantable est arrivé dans ce coin tranquille. Quelque chose qui nous entraîne dans son sillage. Qui nous emporte au gré de ses remous. (...) Eh oui, il est trop tard. J’ai vu ce que j’ai vu. Comme Jasper Jones. Me voilà mêlé à cette histoire, que je le veuille ou non. »</p>
</blockquote>
<p>Le rythme lent et parfois pesant nous amène dans les profondeurs des émotions retenues de ces deux garçons désemparés et pourtant mus par la nécessité de résoudre le mystère et d’innocenter Jasper. Ni le rejet de la communauté entière envers Jasper, ni les brimades des camarades de Charlie, intelligent et posé, et donc cible idéale des railleries d’adolescents en manque de repères et d’espoir ne viendront à bout du secret.</p>
<blockquote><p>Voilà pourquoi il faut que je parte avec Jasper. Avant que quelqu’un nous accuse ou que je nous trahisse. Il faut que je m’en aille en emportant notre secret, en l’enfouissant à tout jamais au plus profond de moi. Nous ne découvrirons jamais le fin mot de l’histoire. En un sens il fallait s’y attendre. »</p>
</blockquote>
<p>Un secret d’une telle ampleur peut-il survivre au vase-clos d’une petite ville ? Charlie pourra-t-il mentir longtemps à ceux qu’il aime, même s’il découvre qu’ils ne sont pas forcément qui il imagine ?</p>
<p>Le dénouement se trouve dans un autre secret aussi terrible, que l’amour pur et naïf propre aux adolescents permettra de mettre à jour.</p>
<p>Ce roman n’est pas un chef d’œuvre mais il est de ceux qui laissent l’envie de ne pas en rester là. Reste à attendre le prochain roman de Craig Silvey…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Jasper.jpg" alt="Jasper.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Jasper.jpg, déc. 2011" />
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<br /> <em>Le secret de Jasper Jones, Craig Silvey, traduit par Marie Boudewyn, Calmann-Levy, 380 pages. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253160377/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253160377&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253160377" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/12/18/Le-secret-de-Jasper-Jones-Craig-Silvey#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/292Freedom - Jonathan Franzenurn:md5:c76d06bb512629b48cda92df85f375b62011-12-14T10:53:00+01:002018-08-25T15:33:27+02:00BernardLa vie<p>Vous en connaissez sûrement. Des gens qui ont le choix de prendre le droit chemin ou l’autre. Et qui prennent à chaque coup le second.</p>
<p>Freedom n’est pas difficile à résumer : tous les personnages prennent le savoureux chemin oblique, celui des tourments et des ennuis.</p> <p>Patty est en couple avec Walter. D’apparence, c’est la femme idéale.</p>
<blockquote><p>Il était difficile de résister à une femme que vos enfants adoraient, qui se souvenait non seulement de leurs anniversaires, mais également des vôtres et qui apparaissait à votre porte chargée d’un plat de cookies, d’une carte ou de quelques brins de muguet plongés dans un petit vase déniché dans un dépôt-vente, qu’elles vous disait de ne pas vous soucier de lui rendre. »</p>
</blockquote>
<p>Mais derrière les apparences, vit une femme torturée. Qui trouve Walter adorable. Et c’est justement ça le problème.</p>
<blockquote><p>C’est comme si j’étais suivie partout par un chien très gentil et très bien dressé. »</p>
</blockquote>
<p>En fait, elle n’a jamais cessé de désirer Richard Katz, le meilleur ami de Walter, étoile montante et tourmentée du rock.</p>
<p>Et ce qui devait arriver arriva.</p>
<blockquote><p>Dans son sommeil, à une heure encore sombre, elle se leva, traversa le couloir, entra dans la chambre de Richard et se glissa dans le lit à côté de lui. La pièce était froide et elle se colla contre lui. »</p>
</blockquote>
<p>Mais au fil des ans, Walter se laisse quelque peu voguer, lui aussi. C’est que sa jeune assistante, Tabitha, se rapproche de lui…</p>
<blockquote><p>Il y avait dix-huit mots dans le langage corporel avec lesquels les femmes signifiaient leur disponibilité et leur soumission, et Lalitha en utilisait alors une bonne douzaine en même temps à l’adresse de Walter. »</p>
</blockquote>
<p>Et ce qui doit arriver arrivera, soyez en sûrs !</p>
<p>Le roman raconte aussi les tribulations de Joey, le fils de Walter et Patty, et son aventure avec Connie, la voisine du couple. Joey aime Connie, mais Jenna lui fait envie à un point que vous n’imaginez pas.</p>
<p>Et ce qui doit arriver…</p>
<p>Près de 1.000 pages pour de petites histoires (extra-)congugales ? Oui. Ce roman distille sur quatre décennies des existences ordinaires, où tout l’art est de vivre avec ses tourments, imperfections, trahisons et pétages de plombs sans alerter les voisins.</p>
<p>En passant, Jonathan Franzen décrit avec cruauté la classe moyenne américaine d’aujourd’hui, écartelée entre son confort si chéri, sa vague préoccupation pour l’environnement, son penchant pour la guerre et un imperceptible mais angoissant déclin.</p>
<p>L’auteur cliche à merveille certains travers de ce nouveau monde.</p>
<p>Comme quand il croque les bonnes mères de famille.</p>
<blockquote><p>Galina était une de ces mères débordées, noyées dans la maternité, échevelées, les joues écarlates, les vêtements n’importe comment, la chair qui s’échappait d’un peu partout, mais elle aurait tout à fait pu être encore jolie si elle y avait consacré quelques minutes. »</p>
</blockquote>
<p>Et balance balance quelques vérités universelles.</p>
<blockquote><p>Il put se rendre compte que les décisions post-coïtales étaient beaucoup plus réalistes que les décisions pré-coïtales. »</p>
</blockquote>
<p>Freedom est un roman plutôt réussi. Au rang des faiblesses, on notera d’épouvantables longueurs, et des personnages peu typés, présentant souvent des traits de caractère communs, comme ce cynisme de série, présent chez tous, ou presque.</p>
<p>Mais on s’amuse avec cet auteur si carnassier pour ses contemporains. On se rassure en se disant que cette société qui doute est américaine. Mais si le roman se passait à Paris je ne suis pas sûr qu’on aurait vu la différence…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Franzen.jpg" alt="Franzen.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Franzen.jpg, déc. 2011" />
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<br /> <em>Freedom, Jonathan Franzen, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Wicke, éditions de l'Olivier, 718 pages, 24 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2757829955/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2757829955&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2757829955" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/12/13/Freedom-Jonathan-Franzen#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/291Alzheimer mon amour - Cécile Hugueninurn:md5:4097fb583eccc84615027cab3f0066872011-12-01T17:06:00+01:002018-08-25T15:33:43+02:00BernardL'amour<p>D'accord, ce n'est pas le livre le plus comique que j'ai lu de ma vie. Je recommande même d'alterner sa lecture avec celle de Voici, ou de l'entrecouper avec un DVD de police Academy. Mais il est fort.</p>
<p>Cécile Huguenin raconte l’histoire vraie de la déchéance de son compagnon et dans la même vrille, celle de leur amour de 30 ans.</p> <p>Et nous offre la lutte sans merci qu’elle a décidé de livrer contre la maladie d'Alzheimer, là où tant d’autres ont baissé les bras.</p>
<p>Tout commence par ses symptômes qu’elle ne voulait pas voir.</p>
<blockquote><p>Depuis trente ans, chaque matin, il lui préparait son thé, celui de la boîte rouge. Mais ce matin-là, il est arrivé près d’elle hagard et désespéré, portant toutes les boites dans ses bras : "C’est lequel, je ne sais plus ?" »</p>
</blockquote>
<p>Le médecin de famille ne veut imaginer le pire, lui non plus.</p>
<blockquote><p>Foutez-lui la paix, il a bien gagné le droit d’être distrait. »</p>
</blockquote>
<p>Mais petit à petit, plus personne ne peut mettre en doute ce mal qui progresse.</p>
<blockquote><p>Ses amis qui l’ont connu brillant se sont détournés, regards gênés quand il se plaisait à répéter un mauvais calembour. »</p>
</blockquote>
<p>Elle tente de comprendre, de pénétrer au cœur de la plaie de chercher dans leur vie ce qui provoque ce retrait inexorable. Mais c’est vain. Il s’énerve, et il trouve refuge dans une maison de repos.</p>
<p>Mais Cécile ne se résout pas à cette solution de facilité. Elle lui propose l’exil à Madagascar. Il quitte la clinique.</p>
<p>Un membre du personnel :</p>
<blockquote><p>C’est la première fois que l’on voit partir un de nos résidents debout. »</p>
</blockquote>
<p>Cette escapade a tout du voyage de noces auquel elle ne croyait plus.</p>
<blockquote><p>Au petit-déjeuner, il se lançait dans un discours confus d’où ressortait qu’il était heureux. »</p>
</blockquote>
<p>Mais jusqu’où Cécile aura-t-elle le courage de lutter contre l’arrivée du mot « fin » ? Je vous laisse découvrir ses efforts tendres mais déterminés, son refus de voir le désespoir saper ses dernières énergies.</p>
<p>D’accord, on devrait le trouver au rayons romans, et non dans les livres de santé. Mais ce livre vaut tous les manuels de psychologie pour approcher au plus près de cette maladie.</p>
<p>Plus que la chute d’un homme, c’est la chute d’un amour de trente ans que raconte Cécile Huguenin.</p>
<p>Ce roman, car pour moi c'en est un, effrayera ceux qui ne veulent rien savoir, et je pourrais les comprendre.</p>
<p>Mais il rendra plus forts les lecteurs qui n’ont pas peur de se confronter avec la finitude des choses, celle qui fait aussi émerger des courages et vocations. Indestructibles, celles-là.</p>
<p>Allez, je retourne regarder Brice de Nice.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Huguenin.jpg" alt="Huguenin.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Huguenin.jpg, déc. 2011" />
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<br /> <em>Alzheimer mon amour, Cécile Huguenin, Héloïse d'Ormesson, 125 pages, 14 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2350871703/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2350871703&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2350871703" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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<br /> Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/12/17/La-saison-des-mangues-C%C3%A9cile-Huguenin">la saison des mangues</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/12/01/Alzheimer-mon-amour-C%C3%A9cile-Huguenin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/290Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazettiurn:md5:a7e335cf243d15a839ce5a3673bae2dd2011-11-21T07:00:00+01:002018-08-25T15:33:57+02:00BernardL'amour<p>Un titre de roman, c’est une promesse. Avec « Le mec de la tombe d’à côté », Katarina Mazetti, n’avait donc pas le droit de nous décevoir. Elle suggère qu'on peut rencontrer l'amour partout.</p>
<p>Nos tourtereaux se rencontrent donc auprès des chrysanthèmes, dans un lieu qui évoque certes l'éternité, mais pas complètement la vie : le cimetière local.</p> <p>A priori, Désirée et Benny n’ont rien en commun. Elle est bibliothécaire, bobo et citadine. Il est agriculteur. Elle vient pleurer son défunt mari. Il se recueille sur la tombe de sa mère. Leur première impression réciproque n'a d'ailleurs rien d'engageant.</p>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>Elle est décolorée comme un vieille photo couleur qui a trôné dans une vitrine pendant des années. Des cheveux blonds fanés, le teint pâle, des cils et sourcils blancs, des vêtements ternes et délavés, toujours un truc bleu ciel ou sable. »</p>
</blockquote>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Il dégage cette fierté propre aux cultivateurs du dimanche, comme si la tombe était son jardin ouvrier. Il avait une drôle d'odeur et seulement trois doigts à la main gauche. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, il y a des jours où Cupidon ne s'en fout pas. Entre elle et lui, c'est le coup de foudre, aussi violent qu'inexplicable.</p>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>Ce n'était pas exactement un déclic. Plutôt comme quand je touche le clôture électrique sans faire gaffe. »</p>
</blockquote>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Il ne m'avait pas seulement fait tourner la tête, il lui avait fait faire plusieurs tours sur elle-même jusqu'à ce qu'elle se détache. »</p>
</blockquote>
<p>Benny et Désirée se lancent donc corps et âme dans cette amour révolutionnaire. Mais très vite, les différences culturelles font des croche pieds aux deux amants.</p>
<p>Elle :</p>
<blockquote><p>Parfois je lui demande s'il veut que je prenne quelque chose à lire à la bibliothèque, puisqu'il n'a pas le temps d'y aller. ‘Quand on a lu un livre, on les a tous lus, et j'en ai lu un l'année dernière’, répond-il en louchant comme un crétin. »</p>
</blockquote>
<p>Lui :</p>
<blockquote><p>On va aussi bien ensemble que la merde et les pantalons verts, comme disait mon grand-père. »</p>
</blockquote>
<p>Nos deux extra-terrestres trouveront-ils finalement un terrain d'entente ? Je vous laisse sourire jusqu'à la dernière page et son dénouement tragi-comique.</p>
<p>Voilà en tout cas un roman sans prétention. Il n'a d'autre objectif que de nous faire rire, et il le fait finement, malgré un thème assez casse-pipe. Cette qualité fait aussi son défaut : n’allez pas y chercher de grands enseignements sur la vie, lisez-le plutôt entre deux romans plus profonds.</p>
<p>Ne lui en demandez pas trop, il réussit déjà cette prouesse littéraire : nous donner le sourire sans nous le reprendre, tant que dure ce joli roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Mec.jpg" alt="Mec.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Mec.jpg, nov. 2011" />
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<br /> <em>Le mec de la tombe d'à côté, Katarina Mazetti, Actes Sud (Babel), 254 pages, 7,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742771905/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742771905&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742771905" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/11/20/Le-mec-de-la-tombe-d-%C3%A0-c%C3%B4t%C3%A9-Katarina-Mazetti#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/289Trois femmes puissantes - Marie NDiayeurn:md5:3c02da5c38adc1ed5cfc25f77d3068e22011-11-13T10:03:00+01:002018-08-25T15:34:10+02:00BernardLe lointain<p>Quand vous recevez un coup, vous restez hagard un instant, avec des étoiles qui tournoient au dessus de la tête. Vous vous asseyez et tentez de reprendre contenance, de dominer votre esprit qui cherche à comprendre.</p>
<p>« Trois femmes puissantes », de Marie Ndiaye m'a fait ce effet-là. Un livre qui vous colle au tapis.</p> <p>Son roman raconte trois femmes. Dont le point commun est de subir la violence ou les errances d'autant d'hommes et de garder le cap, malgré leurs destins déchirés.</p>
<p>Norah est née en France, d'un père marocain. Du jour au lendemain, celui-ci retourne dans son pays natal, enlevant Sony, le seul garçon de la famille, laissant Norah, sa sœur et sa mère désœuvrées, désargentées.</p>
<blockquote><p>Elle avait huit ans, sa sœur neuf, et dans la chambre que partageaient les trois enfants les affaires de Sony avaient disparu – ses vêtements dans le tiroir de la commode, son sac de Lego, son ours. »</p>
</blockquote>
<p>Norah grandit et devient avocate. Un jour, son père l'appelle au Maroc. Sony est en prison, pour avoir tué sa belle-mère, il a avoué.</p>
<p>L'avocate ne croit pas une seconde à la culpabilité de son frère et entame ce nouveau combat.</p>
<p>Le destin de Fanta n'a rien de plus enviable. La vie devait pourtant lui sourire. Professeur de français dans un collège de Colobane, au Sénégal, elle coule le parfait amour avec Rudy Descas, l'un de ses collègues. Celui-ci est promis à une brillante carrière. Jusqu'à ce qu'à ce qu'un de ses élèves lui rappelle le passé de son père, criminel, et que Rudy réagisse comme ceci.</p>
<blockquote><p>Sans savoir ni comprendre ce qu'il faisait, il avait sauté à la gorge du garçon. Quelle impression bouleversante que de sentir sous ses pouces le tube annelé, tiède, moite de la trachée. »</p>
</blockquote>
<p>Verdict : Rudy est viré. Il convainc son épouse de l'accompagner en France. Mais c'est le fiasco. Elle ne retrouvera jamais de travail, et lui coule des jours sombres à prendre les mesures chez les clients d'un fabricant de cuisines.</p>
<p>Il doute de lui, de l'amour qu'il porte à son fils et celui que sa femme, distante, lui porte.</p>
<p>Les jours de Khady, la troisième héroïne du roman ne seront pas plus paisibles. Veuve sans avoir d'enfants, elle est mise à la rue par ses beaux parents, au cœur de l'Afrique noire. Elle prend ensuite la route au péril de sa vie, est contrainte à la prostitution, puis tente l'impossible : l'immigration en Europe.</p>
<p>Trois femmes puissantes est un roman sec : trois femmes y luttent à mains nues contre le destin qui les frappe. L'écriture, elle aussi, va au combat : dépouillée, sans emphase.</p>
<p>On regrettera toutefois une forme de manichéisme. On admire trois femmes qui luttent, mais on voit aussi, en arrière-fond, des hommes systématiquement veules, traîtres ou dépressifs.</p>
<blockquote><p>Leur père était ainsi, implacable, terrible. Il ignorait la compassion et les remords. Leur mère, elle scrupuleuse, hésitante désespérée s'enferrait dans les comptes qu'elle voulait exacts et positifs mais qui, vu la maigreur de ses revenus, ne pouvaient l'être. »</p>
</blockquote>
<p>Mais cela n'ôte pas au roman sa qualité : un coup de poing sur la table, sans concession.</p>
<p>Il sonne juste.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Trois_femmes.jpg" alt="Trois_femmes.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Trois_femmes.jpg, nov. 2011" />
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<br /><em>Trois femmes puissantes, Marie NDiaye, Gallimard, 320 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070440494/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070440494&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070440494" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/11/10/Trois-femmes-puissantes-Marie-NDiaye#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/286Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants - Mathias Enardurn:md5:8e4043b579324390f6dfea0b07e8477e2011-03-15T12:54:00+01:002018-08-25T15:34:30+02:00BernardLe lointainarchitecturecrimehistoiremoyen-orientorient<p>Il était une heure du matin. La musique allait fort, la cigarette s'incrustait déjà dans les pulls. Le barman était débordé, nos corps bougeaient de temps en temps, ballottés par le courant des clients qui entraient et sortaient du bar.</p>
<p>Puis je ne sais comment on en est arrivé à parler du livre électronique...</p> <p>Et là, dans une impulsion, j'ai sorti de ma besace le dernier roman de Mathias Enard, « Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants », et j'ai dit que jamais je ne pourrais me priver de la beauté d'une couverture, du plaisir de promener mon doigt sur le fin carton lisse et coloré.</p>
<p>Puis je plongeai le nez au cœur du livre, et cette effluve boisée, propre aux romans publiés chez « Acte Sud » acheva de me convaincre de l'invincible sensualité du livre papier. Au cœur du bar, l'ouvrage voyagea de nez en nez, comme on se serait passé un verre de vin millésimé pour en saisir le bouquet délicat.</p>
<p>Une semaine plus tard, une autre certitude se fit jour, cruelle : ce n'est pas parce qu'un livre est joli et sent bon qu'il est réussi.</p>
<p>Mathias Enard raconte une courte tranche de vie de Michel-Ange, qui, le 13 mai 1506 débarqua à Constantinople à la demande du Sultan, aux fins d'y dessiner un pont devant marier les deux rives de la Corne d'or.</p>
<blockquote><p>Un ouvrage de plus de neuf cents pieds de long. Michel Ange a mollement essayé de persuader les franciscains qu'il n'était pas qualifié. Si le sultan vous a choisi, c'est que vous l'êtes, maître, ont-ils répondu. »</p>
</blockquote>
<p>Mais, pour Michel Ange, l'enthousiasme des débuts se mue rapidement en profond tourment.</p>
<p>Parce qu'il s'en veut de se montrer infidèle au pape, à qui il a promis un tombeau.</p>
<blockquote><p>Mon Dieu pardonnez-moi mes péchés, mon Dieu pardonnez-moi d'être auprès d'infidèles. »</p>
</blockquote>
<p>Parce que les balades dans Constantinople avec son ami le poète Mesihi le fascinent.</p>
<blockquote><p>Les feux des tours de Péra sont allumés; la Corne d'Or dans des méandres de brumes obscures et, à l'est, le Bosphore dessine une barrière grise dominée par les épaules sombres de Sainte-Sophie. »</p>
</blockquote>
<p>Et parce que l'amour finit par le mordre.</p>
<blockquote><p>La ville balance entre l'est et l'ouest, comme lui entre le sultan et le pape, entre la tendresse de Mesihi et le souvenir brûlant d'une chanteuse éblouissante. »</p>
</blockquote>
<p>Ces déchirements, et quelques êtres malfaisants empêcheront-ils Michel Ange d'arriver à ses fins ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Ce joli roman, joliment écrit, part d'une jolie idée. C'est bien joli tout ça, mais à tant s'attacher à la forme, l'auteur semble avoir oublié de soigner son intrigue, qui manque un peu de corps. Exigeant, moi ? Peut-être. Mais la couverture, l'odeur et la plume étaient si prometteuses...</p>
<p>Mais jamais ce roman ne quittera ma bibliothèque. Il est vraiment trop joli. Et il sent trop bon.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Enard.jpg" alt="Enard.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Enard.jpg, mar. 2011" />
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<br /> <em>Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, Mathias Enard, Actes Sud, 154 pages, 17 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2330015062/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2330015062&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2330015062" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/03/15/Parle-leur-de-batailles%2C-de-rois-et-d-%C3%A9l%C3%A9phants-Mathias-Enard#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/285Pourquoi lire ? - Charles Dantzigurn:md5:01aeefca8bd6c7c4991f51896637342e2011-03-07T08:56:00+01:002018-10-17T18:26:28+02:00BernardLa vielirelivresécrivain<p>Dans la vie, dit la sagesse populaire, faut pas trop se poser de questions.</p>
<p>Mais puisque vous lisez (sinon vous ne seriez pas ici), c'est que vous vous en posez, des questions. La pire de toutes, c'est peut-être celle-ci: « Pourquoi lire ? ». Ce coquin de Charles Dantzig se l'est posée, lui aussi. Il en a fait tout un livre.</p> <p>Un ouvrage avec des chapitres, pour faire semblant d'être structuré. Mais c'est en fait un chemin buissonnier, sans réelle direction, tracé par un auteur qui s'est fait plaisir, et à déposé, de ci de là, quelques petites réflexions sur la lecture.</p>
<p>Il y a en a drôles, il y en a de tristes. Il y en a de stupides ou revenchardes, sages ou provocatrices.</p>
<p>Puisque l'auteur se permet des certitudes, jugeons-en quelques unes avec le même tranchant.</p>
<blockquote><p>La lecture nous modifie peu. Elle nous perfectionne peut-être, éventuellement, un peu, mais un salaud ne restera pas moins un salaud après avoir lu Racine. »</p>
</blockquote>
<p>Entièrement d'accord. A ceci près que, les salauds que je connais qui ont lu Racine (ou le dernier <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/17/Purge-Sofi-Oksanen">roman</a> à la mode qu'il convient d'avoir lu), s'en vanteront beaucoup plus qu'un autre...</p>
<blockquote><p>Les femmes restées des gamines rêvant d'amour mènent à 300.000 des nunucheries qui pansent la douleur d'avoir un mari goujat qui mange les coudes sur la table. »</p>
</blockquote>
<p>M'enfin : je connais des femmes rayonnantes et intelligentes qui lisent <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/24/258-toutes-ces-choses-qu-on-ne-s-est-pas-dites-marc-levy">ceci</a> ou <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/31/247-je-reviens-te-chercher-guillaume-musso">cela</a>. Il est vrai que je mange avec les coudes sur la table...</p>
<blockquote><p>On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres : <em>ATTENTION ! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses.</em> »</p>
</blockquote>
<p>J'ai longtemps pensé que c'était faux. Aussi ai-je aimé détester <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/26/41-les-bienveillantes-jonhatan-littel">ceci</a> ou <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/20-l-amant-en-culottes-courtes-alain-fleischer">cela</a>, et aimé adorer <a href="https://www.leblogdeslivres.com/index.php?2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda">ça</a> ou <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/02/49-allumer-le-chat-barbara-constantine">ça</a>. Mais aujourd'hui, je le confesse : les premiers m'ont autant secoué que les seconds. C'est un peu comme les gens qu'on déteste : il est bon de les approcher pour voir ce qui nous répugne. Et quand on a compris, on ne les déteste plus...</p>
<blockquote><p>A aucun lendemain de mariage, dans aucun jardin de campagne, sur aucune plage, au bord d'aucune piscine, dans aucun train aucun avion aucune piscine, je n'ai vu qui que ce soit lire Proust, Mallarmé, Tolstoï... Qui lit les chef d'œuvre ? »</p>
</blockquote>
<p>Après avoir lu ce jugement définitif, j'ai ouvert l'œil dans le métro. Il ne m'a pas fallu deux jours pour trouver quelqu'un qui lisait Marcel Aimé. En revanche, je n'ai trouvé personne qui lisait Dantzig...</p>
<blockquote><p>Lire, lire, c'est très bien, mais il y a aussi des moments où il est bon de ne pas le faire. Après l'amour par exemple. »</p>
</blockquote>
<p>Ça, quelque chose me dit que c'est vrai. Aussi vais-je m'abstenir de vérifier.</p>
<p>On s'amuse beaucoup à la lecture de « Pourquoi lire ». L'inspiration de l'auteur baisse un peu au fil des pages, il lui arrive de régler quelques comptes, mais ce n'est pas suffisant pour chasser le sourire qui nous a rejoint dès les premières pages. Allez, une petite dernière, qui pourrait parfaitement s'appliquer à l'auteur :</p>
<blockquote><p>Les livres gais ne sont pas les plus nombreux du monde, c'est pour cela que nous devrions les vénérer comme des trésors universels. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Dantzig2.jpg" alt="Dantzig2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Dantzig2.jpg, mar. 2011" />
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<br /> <em>Pourquoi lire ?, Charles Dantzig, Grasset, 244 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253162191/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253162191&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253162191" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/03/06/Pourquoi-lire-Charles-Dantzig#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/284L'enfant allemand - Camilla Läckbergurn:md5:2bbc0adaf190ecd6d922f1a223347dd42011-03-02T11:51:00+01:002018-10-17T18:26:49+02:00JulietteAliceLa trouille<p>Juliette Alice est insupportable.</p>
<p>Je lui propose de nous écrire une petite bafouille sur l'Enfant allemand, de Camilla Läckberg, mais elle se pique carrément de lui écrire une lettre. Comme elle est têtue, je sais qu'elle ne changera pas d'avis. Voici donc une critique, pardon, une lettre sur ce roman pas comme les autres... (Bernard)</p> <p>Chère Camilla,</p>
<p>J’ai adoré les nouvelles aventures de votre héroïne Erica Falck. Qui est devenue, depuis La princesse des glaces, votre premier roman, un peu comme une chouette copine avec qui j’aurais bien envie de papoter un de ces jours.</p>
<p>Si j’ai pris beaucoup de plaisir, c’est d’abord parce que votre structure narrative est bien construite. A partir d’un fait apparemment anodin, Erica retrouve par hasard le journal intime de sa mère ainsi qu’une vieille médaille ornée d’une croix gammée, et grâce à la proximité de votre écriture, vous nous faites partager la question qui tenaille Erica.</p>
<blockquote><p>Quels dangers à plonger dans le passé de nos parents ? »</p>
</blockquote>
<p>Et c’est vrai que dès que le protagoniste à qui Erica demande de faire expertiser cette médaille est retrouvé assassiné, je me suis dis que je allais en avoir pour mon argent. Vous nous faites voyager dans le temps et c’est habile de votre part de nous glisser dans le quotidien ascète de la maman d’Erica et de ses ami(e)s pendant la deuxième guerre mondiale.</p>
<blockquote><p>Elle se rappelait à peine l'époque d'avant la guerre, elle n'avait que neuf ans quand les hostilités avaient éclaté, alors que maintenant elle allait sur ses quatorze ans. Les premières années, ils n'en avaient pas spécialement ressenti les effets. Des enfants à mettre au monde, du linge à laver et des intérieurs à maintenir propres. Une rotation immuable et sans fin, mais à présent la guerre menaçait d'ébranler l'existence et la réalité qui étaient les leurs. »</p>
</blockquote>
<p>Vous nous donnez ainsi un autre regard. Un regard complémentaire sur le journal intime. Et que dire des sacrés retournements de situation dans la dernière partie de L’enfant allemand…</p>
<p>J’étais surprise plus d’une fois.</p>
<p>Par ailleurs, c’est la deuxième raison qui me fait aimer vos livres. Vous émaillez la trame dramatique, la tension chère au polar, avec une description du quotidien. Les familles recomposées, l’adolescence, le congé parental, l'adoption, la maternité chez les couples homosexuels sont quelques uns des thèmes qui rendent vos bouquins aussi humains que crédibles.</p>
<blockquote><p>- Vous n'avez jamais songé à l'adoption, dit Gösta sans la regarder. De mon temps, ce n'était pas très courant. Mais aujourd'hui, je n'hésiterais pas un instant. De nos jours, il sont tous plus ou moins adoptés, les mômes. Et la couleur qu'il a, on s'en fiche, alors il n'y a qu'à choisir le pays qui a le moins de délai. »</p>
</blockquote>
<p>Sauf qu’après l’avoir lu, mon mec m’a un peu pris la tête. Quand Erica accepte que Patrick se balade avec son ancienne compagne, leur petite puce Maja et la petite de son ex, il m’a dit qu’il fallait fameusement être ouverte d’esprit, folle ou inconsciente ou un peu des trois pour accepter ça.</p>
<p>Et je crois qu’il a raison. Si je suis jalouse ? A mort !</p>
<p>Encore merci, Camilla .</p>
<p><strong>Juliette Alice</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Camilla.jpg" alt="Camilla.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Camilla.jpg, mar. 2011" />
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<br /> <em>L'enfant allemand, Camilla Läckberg, Actes Sud/actes noirs, 455 pages, 23 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742794670/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742794670&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742794670" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/02/21/L-enfant-allemand-Camilla-L%C3%A4ckberg#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/283Naissance d'un pont - Maylis de Kerengal - Prix Médicisurn:md5:5919caec62c47a57f3323c18890607182011-02-21T08:41:00+01:002018-10-17T18:27:01+02:00BernardLe lointain<p>Construire un pont ou écrire un livre c'est pareil.</p>
<p>C'est en lisant le roman de Maylis de Kerangal que j'ai fait cette stupéfiante découverte.</p>
<p>Son dernier roman, justement, raconte la naissance d'un pont.</p> <p>Pour commencer un chantier, il faut d'abord de solides fondations. Dans un roman digne de ce nom, on présente le décor : Coca, une ville imaginaire paisible que l'on imagine aux Etats-Unis, mais dont le maire, surnommé le Boa, veut faire tout autre chose.</p>
<blockquote><p>Il n'a plus qu'une idée en tête, sortir Coca de l'anonymat provincial où elle sommeille tranquille pour en faire la cité du troisième millénaire, polyphonique et omnivore, dévolue à la satisfaction, à la jouissance, à l'expérience de la consommation. »</p>
</blockquote>
<p>Pour cela, une seule solution : un pont.</p>
<blockquote><p>Le Boa veut son pont. Pas n'importe quelle arche. Il veut quelque chose de large et fonctionnel. Il veut au moins six voies. Il veut une œuvre unique. »</p>
</blockquote>
<p>Les fondations d'un roman, ce sont aussi les personnages. Duane Fisher et Buddy Lo, mi-ouvriers, mi-vagabonds. Soren Cry, charpentier canadien au passé trouble. Et puis les cadres, Diderot, « tutoyeur de pédégés », ou Summer Diamantis, magicienne du ciment. Et le grutier, Sanche Cameron.</p>
<blockquote><p>Il se plaît dans cette enclave technologique où sa petite taille cesse de le faire souffrir, puisqu'il mesure désormais cinquante et un mètre soixante-deux. »</p>
</blockquote>
<p>Pour un livre comme pour un pont, quand les fondations sont posées, le vrai travail commence. Le pont prend forme, et les personnages prennent vie. Il y a des rivalités, des grèves, des manifs écolos, du sabotage, des accidents, aussi.</p>
<blockquote><p>Un type d'une cinquantaine d'années, ébloui par le soleil, dérapa sur le côté, son genou droit cognant le plancher de métal tandis que l'autre glissa dans le vide avec la grosse chaussure au bout de la jambe qui faisait poids, il bascula, vrilla dans l'air comme un gros sac. »</p>
</blockquote>
<p>Il y a des amours... jusque dans la grue.</p>
<blockquote><p>Bientôt les vitres de la cabine se couvrent de buée, le gaz carbonique qu'ils expriment et l'effet Joule de leur corps nus les enclavent dans une vapeur de sauna, nuée de condensation, un halo qui les tient ensemble, à l'abri au cœur des ténèbres. »</p>
</blockquote>
<p>Puis lentement, le pont passe sur l'autre rive du fleuve, et les personnages sur celle de leur existence.</p>
<blockquote><p>Tout prendrait bientôt un sens, tout se réaliserait enfin. »</p>
</blockquote>
<p>Naissance d'un pont est un roman extraordinaire. Le défi est fou, et réussi. On se plonge dans ce brouet humain, fait de sueur et de tension, on vit le paradoxe entre une petite société si interlope et un pont si rectiligne.</p>
<p>Maylis de Kerengal a multiplié les risques, comme ce style très particulier, fait de longues phrases et de mots exotiques comme « dolichocéphale » ou « cérusé », qui en rebutera plus d'un, mais auquel on s'habitue.</p>
<p>On regrettera juste un chapitre superflu, sur l'histoire de la ville.</p>
<p>Mais on sort de là plein d'admiration, devant ce pont, devant ce roman. Devant ces deux beaux ouvrages d'art.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Kerengal.jpg" alt="Kerengal.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Kerengal.jpg, fév. 2011" />
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<br /> <em>Naissance d'un pont, Maylis de Kerangal, Verticales, 317 pages, 18,90 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070445321/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070445321&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070445321" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/02/18/Naissance-d-un-pont-Maylis-de-Kerengal#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/282Le coeur régulier - Olivier Adamurn:md5:1c2d3e5f60a1d08af5a39c1517d9ca742011-02-07T09:08:00+01:002018-10-17T18:27:13+02:00BernardLe lointainfemmesJaponsentimentalvoyage<p>Tiens, je n'avais jamais vu ça : un roman qui vous donne l'impression de prendre un bain bulles.</p>
<p>Vous vous y plongez et sentez progressivement monter une ambiance douce, un léger engourdissement, une agréable sensation...</p> <p>Sarah, la quarantaine, est la femme parfaite à tous égards. Mari parfait, enfants parfait, métier parfait. Mais la fissure est là, qui s'élargit.</p>
<blockquote><p>Je ne dors plus depuis si longtemps. Pourtant, chaque matin, à la question rituelle d'Alain, mon mari si parfait déjà coiffé douché rasé chemisé, « tu as bien dormi ma chérie », j'ai toujours répondu oui et souvent menti. »</p>
</blockquote>
<p>Sur un coup de tête, elle décide de partir dans un coin perdu du Japon pour prendre un peu de recul.</p>
<blockquote><p>Vu de près, pris dans le cours ordinaire, on ne voit rien de sa propre vie. Pour s'en saisir, il faut s'en extraire, effectuer un léger pas de côté. La plupart des gens ne le font jamais et ils n'ont pas tort. Personne n'a envie d'entrevoir l'avancée des glaces. »</p>
</blockquote>
<p>Sarah suit les traces de son frère Nathan, qui a mis fin à ses jours. Avant sa mort, il s'était installé dans ce petit village nippon, juché au pied d'une falaise. Il y avait rencontré un certain Natsumé, qui avait su apaiser temporairement les tourments de son âme.</p>
<p>Natsumé est un ancien policier, qui, doucement, pose la main sur l'épaule de nombreux candidats au suicide juste avant qu'ils ne sautent. Puis il les recueille dans sa petite maison chaleureuse.</p>
<blockquote><p>Il n'a aucun message à délivrer, ne croit en rien de particulier. Simplement, la vie est dure et certaines personnes, à certains moments de leur parcours, ont besoin qu'on s'occupe d'elles. Et nul n'a le temps pour ça. Lui si. »</p>
</blockquote>
<p>Lentement, au fil de l'eau, au fil des rencontres, puis au cours d’un séjour chez Natsumé, l'esprit de Sarah s'éclaircit. Elle prend conscience du rôle qu'elle joue dans ses propres tourments.</p>
<p>S'il existait un rayon « zen » dans les librairies, ce roman y figurerait. Tout y est lenteur et humidité, le style comme le décor.</p>
<blockquote><p>J'aimais par dessus tout le contact des pierres chaudes et lisses sous ma paume, mes jambes déformées par l'eau transparente, plus blanches que jamais dans la clarté lunaire. »</p>
</blockquote>
<p>Ce livre dit le mal-être d'une femme occidentale, désorientée par la dureté du monde du travail, la pesanteur des responsabilités familiales et la jeunesse qui s'éloigne. On lui reprochera d'être un peu trop formaté pour la femme de 40 ans qui s'interroge, rêve d'un grand voyage et d'un séjour en balnéo. L'auteur a voulu éviter le cliché, ça se voit, mais n'y parvient pas parfaitement.</p>
<p>On en sort comme après un bain bulle qui a duré un peu trop longtemps, engourdi, un peu irascible, mais apaisé quand même.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Adam2.jpg" alt="Adam2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Adam2.jpg, janv. 2011" />
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<br /> <em>Le cœur régulier, Olivier Adam, éditions de l'Olivier, 204 pages, 18 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2757824430/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2757824430&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon;</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2757824430" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/26/Le-coeur-r%C3%A9gulier-Olivier-Adam#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/279Mémoire vive - Vanessa Caffinurn:md5:0d079d4337da3d126f8ab50fc4df3c9a2011-01-31T22:06:00+01:002018-10-17T18:27:21+02:00MarieL'amourfamillefemmespeinture<p>Quel livre! Ca commence sur un mode mineur: situations et dialogues si banals que vous hésitez à poursuivre. Vous vous demandez comment les critiques ont pu encenser ce bouquin.</p>
<p>Puis tout à coup, vous vous sentez accrochés et plus rien alors ne pourra vous retenir de lire ce roman jusqu'au bout.</p> <p>Sara, jeune journaliste dans un grand quotidien, ne sait pas pleurer, pas plus que son père et son grand-père n'arrivaient à le faire. Elle n'a pas d'amis, de connaissances mais peut compter sur l'amour délicat de Clarence, qu'elle n'a d'ailleurs présenté à aucun membre de sa famille, ni d'ailleurs à personne.</p>
<blockquote><p>La vie à deux n'était pas son fort. Non qu'elle fût repoussante ou invivable, au contraire. Ses traits réguliers et harmonieux, sa crinière troublante et son regard doux déstabilisaient bien souvent les hommes qui croisaient son chemin. Le problème, c'est qu'elle n'avait jamais envie de s'attarder sur leur route. Et, à vrai dire, les intéressés n'insistaient jamais. »</p>
</blockquote>
<p>Sara, cependant, est très proche de sa grand-mère, Minouche avec qui elle a souvent de longues conversations. Un jour, celle-ci lui fait une incroyable confidence: pendant la guerre, alors que son mari était au front, elle a eu une liaison avec un peintre, héros de la résistance, et de cette passion est né un fils, le père de Sara.</p>
<p>Complètement déstabilisée, celle-ci ne sait que penser d'autant que Minouche souffre de la maladie d'Alzheimer. Pour connaître la vérité coûte que coûte la jeune femme décide de partir à la recherche de ce peintre. Elle le retrouve, il vit toujours dans le Bordelais, et cette rencontre va avoir pour elle et sa famille des conséquences inattendues...</p>
<p>C'est un roman incroyable, poignant qui vous happe d'abord sur un mode mineur puis petit à petit vous entraîne dans une spirale dont vous émergez atterrés, la dernière ligne achevant de vous assommer; quelques heures après l'avoir refermé, vous cherchez encore à comprendre et vous vous dites que l'auteur vous a terriblement bluffés.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Caffin.gif" alt="Caffin.gif" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Caffin.gif, janv. 2011" />
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<br /> <em>Mémoire vive, Vanessa Caffin, Belfond, 216 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/18/M%C3%A9moire-vive-Vanessa-Caffin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/277La couleur des sentiments - Kathryn Stocketturn:md5:4d911a087e5e7c31a098d9d4a258b7752011-01-20T18:43:00+01:002018-10-17T18:27:29+02:00ClaireLe lointainAmérique du NordEtats-Unisfamillefemmességrégation<p>Claire m'a vanté de ce roman avec tellement de passion, que je lui ai proposé de venir nous en parler ici. Je lui laisse la parole. Et merci, Claire pour cette découverte ! Reviens quand tu veux ! (Bernard)</p>
<p>Aibileen et Minny sont deux bonnes noires au service de familles blanches dans le Mississipi des années 60.</p> <p>Eugenia Skeeter est blanche, bourgeoise et obstinée. Elle veut écrire, elle écrira. Ce qui lui manque c’est un bon sujet. Une éditrice lui donne la recette miraculeuse...</p>
<blockquote><p>Vous dites dans votre lettre que "vous prenez un plaisir immense à écrire". Quand vous ne serez pas occupée à polycopier des papiers ou à préparer le café de votre patron, regardez autour de vous, enquêtez, et écrivez. Ne perdez pas votre temps à des évidences. Écrivez sur ce qui vous dérange, en particulier si cela ne dérange que vous. »</p>
</blockquote>
<p>Son histoire est là, sous ses yeux, dans sa propre maison. Ce sera celles de ces femmes noires traversant la vie des blanches et y laissant leur empreinte. Mais les Noires sont plus habituées à faire le ménage en silence qu’à raconter leur vie. Eugenia Skeeter devra les apprivoiser, les convaincre et abandonner ses propres peurs pour les rassurer.</p>
<p>Que dire ? Que j’ai aimé ? Non, je n’ai pas aimé. J’ai adoré, savouré. J’ai ri, je me suis révoltée, j’ai souri, j’ai eu honte.</p>
<p>Kathryn Stockett a osé le pari de se mettre dans la peau de ces femmes noires. Pari réussi. Ce roman n’a rien de complaisant, il est simple et juste. L’humour n’est jamais loin. Lorsque les bonnes parlent aux enfants dont elles s’occupent, c’est à nous aussi qu’elles s’adressent.</p>
<blockquote><p>Aibileen : Aujourd’hui, je vais te raconter l’histoire d’un extra-terrestre. (…) Un jour, un martien plein de sagesse descendit sur la Terre pour nous apprendre une ou deux choses.</p>
<p>
Mae Mobley : Un martien ? Grand comment ?</p>
<p>
Aibileen : Oh environ deux mètres !</p>
<p>
Mae Mobley : Comment il s’appelait ?</p>
<p>
Aibileen : Martien Luther King. (…) C’était un très gentil martien ce Luther King, exactement comme nous, avec un nez, une bouche et des cheveux sur la tête, mais les gens le regardaient parfois d’un drôle d’air, et je crois qu’il y en avait qui étaient carrément méchants avec lui.</p>
<p>
Mae Mobley : Pourquoi Aibi ? Pourquoi ils étaient méchants avec lui ?</p>
<p>
Aibileen : Parce qu’il était vert. »</p>
</blockquote>
<p>L’écriture est vivante et rythmée par l’alternance de la narration des trois protagonistes. C’est un roman généreux qui n’a nul besoin de mélodrame pour nous toucher droit au cœur.</p>
<p>Ce roman n’est ni noir, ni blanc, il est plein de couleurs, celle des sentiments.</p>
<p>Il ne faudra sans doute pas longtemps avant qu’Hollywood ne s’empare de l’histoire. Pourvu qu’aucun film ne lui fasse perdre sa richesse.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Stockett.jpg" alt="Stockett.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Stockett.jpg, janv. 2011" />
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<br /> <em>La couleur des sentiments, Kathryn Stockett, traduit de l’américain par Pierre Girard, éditions Jacqueline Chambon, 528 pages, 23,80 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2330013078/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2330013078&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2330013078" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/20/La-couleur-des-sentiments-Kathryn-Stockett#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/278Purge - Sofi Oksanenurn:md5:5794b68e58ffbbf21f126647420bbdda2011-01-17T08:27:00+01:002018-10-17T18:27:43+02:00BernardL'amourenquêtefamillefemmesguerrehistoireRussiesuspense<p>Tu as lu Purge ? Euh non. Mais tu dois le lire ! Ah bon, pourquoi ? Mais t'as vu la tête de l'auteur ?</p>
<p>Or donc, on m'a recommandé près de 10 fois ce roman, sur base d'arguments hautement littéraires... Et je l'ai lu. Pas pour les piercings dans le nez de Sofi Oksanen, mais pour voir ce qu'il y avait à l'intérieur.</p> <p>J'ai découvert un petit vent frais, une belle histoire. Celle de Zara, une jeune femme qui atterrit un jour comme un ovni dans le jardin d'Aliide, dans une sombre bourgade estonienne.</p>
<blockquote><p>Un ballot gisait sous les bouleaux. Aliide s'approcha sans le quitter des yeux, en alerte. Le ballot était une fille. Boueuse, loqueteuse et malpropre mais une fille quand même. »</p>
</blockquote>
<p>Vieille, acariâtre, brisée par la vie, Aliide s'inquiète de cette visite inattendue. Elle a peur car elle a quelque chose à cacher, veut virer l'importune. Et Zara a peur car elle est en fuite. Elle sait qu'Aliide est de sa famille, sans plus. Elle est son seul refuge.</p>
<blockquote><p>Il fallait essayer d'être gentille, polie, bien élevée et serviable, mais elle avait une tronche de pute et des gestes de putes. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des pages, les deux menteuses se dévoilent l'une à l'autre. Pour avoir la paix, Aliide a jadis épousé le communisme : elle s'est mariée avec Martin, un cadre du parti. Hautement sexy.</p>
<blockquote><p>Martin avait toujours des restes d'oignons dans les dents. Il avait les muscles lourds, à ses bras pendaient de la peau molle. Les longs poils des aisselles étaient jaunâtres de sueur. »</p>
</blockquote>
<p>Mais Aliide n'aimait que Hans, un opposant allemand, qu'elle cachait au domicile conjugal, à l'insu de Martin.</p>
<p>Zara, elle, a suivi une amie à Berlin, et s'est retrouvée embrigadée dans un réseau de prostitution.</p>
<blockquote><p>Tout ce sperme, tous ces poils, tous ces poils dans la gorge et pourtant la tomate avait toujours un goût de tomate, le formage de fromage, même si dans la gorge elle avait toujours des poils. Ca voulait sans doute dire qu'elle était vivante. »</p>
</blockquote>
<p>Zara a fui le réseau, non sans avoir occis l'un de ses membres éminents.</p>
<p>Aliide vendra-t-elle Zara ? Zara découvrira-t-elle pourquoi, venant de Russie, elle a de la famille en Estonie ? Lisez Purge, vous le saurez.</p>
<p>Cela en vaut la peine. Le style est très cru, mais pas sans élégance.</p>
<blockquote><p>Lénine flottait majestueusement sur le tissu rouge, le regard vers l'avenir. »</p>
</blockquote>
<p>On vit le communisme au quotidien.</p>
<blockquote><p>Talvi avec sa copine avaient frotté un jeans Sangar avec une brique à n'en plus finir, pour qu'elles aient le même genre de pantalons qui avaient l'air usé qu'à l'Ouest. »</p>
</blockquote>
<p>Et on se passionne pour ces deux destins finement croisés, pour ces deux combats humains, féminins, presque féministes.</p>
<p>La construction est également originale. L'histoire n'est pas linéaire, mais distillée en flash-backs et retours à aujourd'hui. Cela donne du rythme, mais ce n'est pas parfaitement réussi : le dénouement arrive un peu trop tôt.</p>
<p>Un grand roman, Purge ? Mieux : un grand roman à succès. Et en plus l'auteur a une tête incroyable...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Purge_m.jpg" alt="Purge.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Purge.jpg, janv. 2011" />
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<br /> <em>Purge, Sofi Oksanen, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, Stock, 401 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2234062403/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2234062403&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2234062403" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2011/01/17/Purge-Sofi-Oksanen#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/276Ouragan - Laurent Gaudéurn:md5:76e32622b4dd021ff211a9f6c729eb212010-12-07T18:27:00+01:002018-10-17T18:27:51+02:00MarieLa vieAmérique du Nordcatastropheenvironnementmermort<p>Une écriture personnelle, des images fortes, un sujet original ? C'est bien lui, revoici Laurent Gaudé !</p>
<p>Nous avons tous vu ces images de tempêtes précipitant partout panneaux, branches, toitures dans des tourbillons diaboliques. Gaudé a choisi de raconter comment quelques personnages font face à l'ouragan qui a balayé la Louisiane, il y a 5 ans.</p> <blockquote><p>Tout craque dehors. Les femmes prient à voix basse sur la tête de leurs enfants. Ils se serrent, jambes entremêlées bras enlaçant les corps des plus petits, haleine dans les cheveux. Les ténèbres, à l'extérieur font un bruit de tambour. Que restera-il de la ville? Chacun se pose la question, mais nous essayons de ne pas penser plus loin que notre propre survie. Tenir jusqu'au moment où le vent faiblira, laisser les heures s'écouler et survivre à tout cela. »</p>
</blockquote>
<p>Il y a « la vieille négresse » comme elle se définit elle-même, qui s'octroie un peu le rôle du chœur antique en commentant les événements dont elle est témoin, en leur prêtant un sens et en intervenant dans l'action.</p>
<p>Il y a les résidents de la prison locale que dans leur fuite, les autorités se sont empressées d'oublier et qui voient avec épouvante l'eau monter dans leur cellule. Il y a le prêtre, aussi, mal dans sa peau et dans son sacerdoce : le sauvetage physique et psychologique de ses paroissiens pourrait, croit-il, le réconcilier avec sa vocation.</p>
<p>Et puis il y a cette jeune femme abandonnée par son amant et qui, avec une dignité incroyable, va tout faire pour se protéger, elle et son petit garçon. L'amant, quant à lui, pas très fier de son attitude tentera de braver les éléments pour revenir vers elle et lui venir en aide.</p>
<p>Voir des personnages banals se révéler soudain à eux-mêmes face à des événements imprévus et dramatiques est profondément émouvant : on a peur, on souffre, on se révolte (les victimes sont majoritairement noires) et on s'incline devant tant de dignité silencieuse et agissante.</p>
<blockquote><p>Elle regarde les rues de la ville qui se vident, les grappes de gens qui courent pour évacuer les maisons et elle sait qu'il n'y aura pas place pour elle. Elle regarde les pères de famille charger les voitures jusqu'à ras bord, prendre des réserves d'essence, elle regarde les mères qui ont des visages tendus et redemandent pour la cinquième fois aux enfants s'ils ont bien rempli leur gourde, elle regarde tout cela et elle sait qu'elle n'en fait pas partie. »</p>
</blockquote>
<p>Chacun, imprégné de son passé, va chercher dans ces péripéties dramatiques l'occasion de repartir à zéro. Certains en sortiront réconciliés avec eux-mêmes, d'autres y perdront définitivement leur âme.
L'empathie de Gaudé pour ses personnages nous touche profondément et se partage; ajoutez à cela un style onduleux presque incantatoire parfois, sobre et efficace et vous refermez le livre en pensant : quel beau roman !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ouragan.jpg" alt="Ouragan.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ouragan.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>Ouragan, de Laurent Gaudé, Actes Sud, 192 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2330010567/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2330010567&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2330010567" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/12/07/Ouragan-Laurent-Gaud%C3%A9#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/275Animaux fragiles - Tawni O'Dellurn:md5:a8851c4e4b51b85bc6a116de0baa656e2010-11-17T09:40:00+01:002018-10-17T18:27:59+02:00MarieL'amourAmérique du Nordfamillepsychologie<p>Quittons la France, ses prix littéraires, ses polémiques, pour nous repaître d'un roman attachant.</p>
<p>Car il est des livres que vous n'avez pas envie de lâcher parce que vous vous attachez tellement aux personnages que vous voulez prolonger le temps passé avec eux. « Animaux fragiles » est de ceux-là.</p> <p>Deux frères adolescents se font rouer de coups par la vie : leur mère suit un de ses amants en abandonnant les deux gaillards et leur père, elle embarque au passage leur petite sœur, qu'ils aiment profondément et quelques mois plus tard, leur père décède dans un accident de voiture.</p>
<p>Ils se retrouvent alors complètement paumés.</p>
<p>Mais refusent catégoriquement de retourner vivre chez celle qui les a lâchés sans le moindre état d'âme.</p>
<p>Le destin cependant les met en présence d'une vieille dame riche vivant pratiquement recluse dans un immense domaine, mais protégée par un majordome espagnol septuagénaire lui aussi. Elle vit avec le souvenir d'un seul et brûlant amour: celui qu'elle a éprouvé pour un mythique toréro, mort sous ses yeux dans une corrida.</p>
<p>Elle les recueille et commence alors pour ces personnages un lent et difficile apprivoisement, qui va aider la vieille dame à redonner un sens à sa vie, et va permettre aux deux garçons de se reconstruire.</p>
<p>Au début, elle est là simplement, distante et peu concernée et cela leur suffit mais en obligeant ces deux animaux fragiles à respecter certaines règles, elle balise leur existence de repères auxquels petit à petit ils vont s'accrocher pour enfin se sauver de la noyade.</p>
<blockquote><p>Lorsque j'ai accueilli Kyle et Klint chez moi, j'étais convaincue d'effectuer une véritable mission de sauvetage. Pas une fois, je m'en rends compte maintenant, je n'ai pris le temps de considérer ces deux jeunes comme des être à part entière. J'ai eu tendance à ne voir en eux qu'une expérience à mener, ou deux blocs d'argile à modeler. Je ne pense pas leur être antipathique... mais je dois reconnaître que j'ai échoué à leur inspirer de l'affection.</p>
</blockquote>
<p>La suite du roman démentira sa pessimiste impression mais la pudeur des sentiments est une caractéristique commune à tous les personnages.</p>
<p>Ce livre nous plonge dans une Amérique à la fois très proche de nous et tellement insolite : des réactions, des attitudes nous étonnent mais ces "bizarreries" d'Outre Atlantique contribuent à un certain dépaysement qui est un des attraits supplémentaire du livre.</p>
<p>Quelques réserves cependant concernant une fin très américaine, elle aussi, et une traduction (à moins que cela ne soit une écriture ?) parfois lourde et tarabiscotée.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Tawni.jpg" alt="Tawni.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Tawni.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>Animaux fragiles, Tawni O'Dell, traduit de l'américain par Bernard Cohen, Belfond, 21.5 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2714443036/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2714443036&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2714443036" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/17/Animaux-fragiles-Tawni-O-Dell#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/274Suite(s) impériales(s) - Bret Easton Ellisurn:md5:df820a32682fd8e20da990b280caae2e2010-11-08T09:22:00+01:002018-10-17T18:28:08+02:00JulietteAliceL'aventurealcoolEtats-UnisRoman noir<p>Gros succès de cette rentrée littéraire 2010, le nouveau roman de l’enfant terrible de la littérature américaine souffle le chaud et le froid. Pour les distraits, assis bien au chaud au fond de la classe près du radiateur, un petit rappel s’impose... Avec « Moins que zéro », son premier roman sorti en 1985, l’Américain à peine âgé de vingt ans, devient un phénomène autant qu’un cauchemar pour son pays conservateur et bien pensant.</p> <p>En cause : beaucoup de sexe et autant de drogues. Nihiliste, Ellis passe à la moulinette la jeunesse friquée désenchantée. American Psycho, sorti au début des années nonante, plonge de nouveau le lecteur dans un océan de violence et de sexe. On découvre, horrifiés, le destin en vrille du yuppie et golden boy Patrick Bateman se transformant en tueur en série.</p>
<p>Avec Suite(s) Impériale(s), l’auteur reprend les mêmes protagonistes que « Moins que zéro ».</p>
<p>Clay, le (anti-) héros de « Rien moins que zéro », débarque à Los Angeles pour passer Noël. Embauché comme scénariste Clay se fait chauffer par une fille qui souhaite juste l’attirer au lit pour jouer dans le film.</p>
<blockquote><p>Qu'est-ce que tu veux pour Noël, demande-t-elle ?</p>
<p>
- Toi » Je souris. « Et toi, qu'est-ce que tu veux ?</p>
<p>
- Je veux un rôle dans ton film. Tu le sais bien.</p>
<p>
- Ah ouais ? » Ma main glisse sur sa cuisse. « Mon film ? Quel rôle ?</p>
<p>
- Je veux le rôle de Martina. » Elle m'embrasse.</p>
<p>
- « Et je vais essayer de te l'obtenir.</p>
<p>
Le silence est involontaire, mais elle se rattrape en une seconde. « Essayer ? »</p>
</blockquote>
<p>Si « Suite(s) Impériale(s) » est habilement construit, il émane toutefois un sentiment de déjà-vu. Tant dans l’écriture pourtant alerte que dans les thèmes exploités, même si c’est sans doute le bouquin d’Ellis qui se rapproche plus du roman noir.</p>
<blockquote><p>Julian sort de la BMW et se dirige vers l'entrée, juste au moment où je reçois un sms qui dit : <em>Ne sors pas de la voiture</em>, et lorsque Julian s'aperçoit que je suis toujours assis au volant, il se retourne, et nos regards se croisent. Une Escalade noire se gare derrière la BMW et nous fait un appel de phares.</p>
<p>
Derrière Julian, trois jeunes Mexicains descendent de la voiture sous le cercle de lumière d'un réverbère. Julian enregistre leur présence, vaguement agacé et puis se tourne vers moi à nouveau.
« Clay ?</p>
<p>
Va te faire foutre. »</p>
<p>
Au moment où je dis ça, Julian s'empare de la poignée de la portière que j'ai déjà verrouillée et, pendant quelques secondes, il plonge par la fenêtre ouverte dans la voiture assez loin pour pratiquement effleurer mon visage, mais les types le tirent en arrière très vite et il disparaît, comme s'il n'avait jamais été là.</p>
</blockquote>
<p>Sans jouer les oies blanches, on se demande un peu l’intérêt de la très longue scène de baise à la fin. Est-ce que cela apporte réellement quelque chose ou est-ce pour respecter le quota de cul que s’est imposé l’écrivain ?</p>
<p>Bret Easton Ellis m’avait bluffée avec sa vraie-fausse autobiographie « Lunar Park », qui reste son chef d’œuvre absolu. Sa nouvelle livraison est plus légère. Pour les non-initiés désireux de découvrir l’animal, la lecture de « Lunar Park », qui vient de ressortir en 10/18, est plus appropriée.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Ellis.jpg" alt="Ellis.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ellis.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>Suite(s) impériale(s), Bret Easton Ellis, traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina, Robert Laffont, 228 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264054530/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264054530&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264054530" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/08/Suite%28s%29-imp%C3%A9riales%28s%29-Bret-Easton-Ellis#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/273La carte et le territoire - Michel Houellebecq - Goncourt 2010urn:md5:02cf5bb9342e57e208b5559e09aaeb0e2010-11-02T08:47:00+01:002018-10-17T18:28:18+02:00BernardLa vieHouellebecqhumourmortsuspensevieillesse<p>On entend beaucoup parler de ce qu'il y a autour du dernier roman de Michel Houellebecq. Mais on entend peu parler de ce qu'il y a dedans. Et qu'y a-t-il, dans ce Goncourt 2010 ? Pas grand chose, en somme.</p>
<p>Une vague intrigue, l'un ou l'autre gadget, et quelques froides considérations sur notre époque.</p> <p>Jed Martin est artiste. Il débute sa carrière de manière originale, en réalisant des portraits photographiques de cartes Michelin. Il se réoriente ensuite vers la peinture, en couchant sur la toile des moments historiques de la vie économique. Des pièces telles que « Bill Gates et Steve Jobs s'entretenant du futur de l'informatique », lui feront à jamais oublier le dénuement de ses débuts.</p>
<p>Au moment où cette histoire se fatigue, Houellebecq y greffe un crime de sang et une intrigue policière, sans grand lien avec ce qui précède, ni sans grand intérêt.</p>
<p>Ce roman n'est pas ennuyeux pour autant. Parce qu'il y a des gadgets. Les gadgets, c'est l'usage original de l'italique, les descriptions détaillées et incongrues de la vie des bichons ou des asticots et surtout, ces petits moments où Houellebecq se met en scène, lui, et d'autres personnalités, comme Julien Lepers.</p>
<blockquote><p>Les gens se reconnaissaient en Julien Lepers, les élèves de première année de Polytechnique comme les institutrices à la retraite du Pas-De-Calais, les bikers du Limousin comme les restaurateurs du Var, il n'était ni impressionnant ni lointain, il se dégageait de lui une image moyenne et presque sympathique, de la France des années 2010. »</p>
</blockquote>
<p>Ce qui fait aussi l'intérêt de ce roman, ce sont ces descriptions crues et désabusées du monde d'aujourd'hui. Elle sont souvent provocatrices.</p>
<blockquote><p>Lui non plus n'aimait pas les enfants s'il voulait bien y réfléchir, il n'aimait pas leur égoïsme naturel et systématique, leur méconnaissance originelle de la loi, leur immoralité foncière qui obligeait à une éducation épuisante et presque toujours infructueuse. »</p>
</blockquote>
<p>Et parfois un peu plus sensées.</p>
<blockquote><p>Au milieu de l'effondrement physique généralisé à quoi se résume la vieillesse, la voix et le regard apportent le témoignage douloureusement irrécusable de la persistance de caractère, des aspirations des désirs, de tout ce qui constitue une personnalité humaine. »</p>
</blockquote>
<p>Calmons-nous : « La carte et le territoire » n'est pas un grand roman. Parce que l'écriture est relâchée, l'intrigue indigente, et parce que le mélange d'une histoire, de gadgets et de considérations sur notre temps manquent totalement de lien entre eux.</p>
<p>Mais on passe, malgré tout, un bon moment. On rit (jaune). Et on se prend même à réfléchir un peu. Non pas sur les thèmes abordés par Houellebecq, mais plutôt sur le succès d'un propos aussi désabusé. Pourquoi des sentences aussi sombres, n'inspirent-elles pas davantage de rejet ? Parce qu'elles flirtent avec la limite, sans doute, sans la franchir. Ou alors parce qu'André Gide avait raison quand il disait :</p>
<blockquote><p>On ne fait pas de littérature avec de bons sentiments. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/Houellebecq.jpg" alt="Houellebecq.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Houellebecq.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>La carte et le territoire, Michel Houellebecq, Flammarion, 428 pages, 22 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290032034/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290032034&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290032034" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/11/02/La-carte-et-le-territoire-Michel-Houellebecq#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/272C'est une chose étrange à la fin que le monde - Jean d'Ormessonurn:md5:ab2151edde250cacbb5889255a3af6962010-10-25T09:19:00+02:002018-10-17T18:28:28+02:00BernardLa viehistoiremort<p>On a tous rêvé d'avoir un grand-père pour nous raconter des histoires, un soir de doute. Et au cas où on ne l'aurait pas eu, la littérature a inventé Jean d'Ormesson.</p>
<p>Dans son dernier essai déguisé en roman, il évoque de front une question aussi fondamentale que le sens de la vie.</p> <blockquote><p>Et nous qui avons la chance d'être nés et de ne pas être déjà morts, que faisons-nous sur cette terre ? »</p>
</blockquote>
<p>Le grand sage nous raconte l'évolution des connaissances sur cette question aussi épineuse qu'insoluble.</p>
<p>Il évoque l'apparente insouciance des hommes préhistoriques...</p>
<blockquote><p>Ils riaient. Ils sifflaient à la façon des oiseaux. Ils se mettaient à parler. Il leur arrivait de chanter. Les plus doués d'entre eux dessinaient sur des pierres les animaux ou les objets qui leur étaient familiers. Ils jouaient de la flûte. »</p>
</blockquote>
<p>Il rappelle les dérangeantes découvertes des Grecs.</p>
<blockquote><p>Ce que découvrent les Grecs, c'est que la nature offre un sujet de réflexion et de spéculation dont les dieux peuvent être écartés. »</p>
</blockquote>
<p>Et nous emmène ainsi jusqu'à Darwin.</p>
<blockquote><p>L'homme est alors à l'image de ces singes dont il est le cousin plutôt qu'à celle d'un Dieu dont il n'est plus le fils. »</p>
</blockquote>
<p>Jean d'Ormesson termine son rappel historique, qui tient plus de Wikipédia que de la thèse de doctorat, en évoquant la théorie du big bang.</p>
<p>Notre grand-père national attaque ensuite le vif du sujet : mais que diable faisons-nous sur cette planète ? Comme tout grand-père qui se respecte, il lui arrive d'être confus, de se répéter, d'enfoncer des portes ouvertes avec une insolente autorité. Mais tel l'enfant engourdi écoutant ce monologue, on se prend parfois à réfléchir sur l'une ou l'autre vérité.</p>
<p>Comme quand il évoque la science.</p>
<blockquote><p>La science n'atteint jamais son but parce que le but n'en finit pas de se dérober - et qu'en vérité, il n'y a pas de but : le science est une tâche infinie. Sa grandeur est de se présenter comme un rêve toujours inassouvi. »</p>
</blockquote>
<p>Ou le sens de l'univers.</p>
<blockquote><p>Jouons cartes sur table : j'ai du mal à croire que, réglé avec tant de rigueur, si évidemment fait pour durer, emporté par un temps d'une subtilité et d'une complexité extrêmes et qui est le mystère même, l'univers n'ait aucun sens. »</p>
</blockquote>
<p>On ne pourra évidemment pas reprocher à Jean d'Ormesson de ne pas avoir répondu aux questions existentielles qu'il évoque. On le remerciera même d'avoir usé de sa plume si fluide pour coucher doucement sur papier des réflexions qui nous habitent tous. Mais on regrettera quand même la légèreté de traitement d'un thème aussi lourd.</p>
<p>On se consolera dès lors avec ce propos d'un autre aïeul prestigieux...</p>
<blockquote><p>Hier, je me suis endormi dans l'herbe et je me suis réveillé avec un chœur d'oiseaux qui chantaient autour de moi, avec des écureuils qui grimpaient aux arbres, avec un pivert qui riait, et c'était une scène ravissante, et je me moquais comme d'une guigne de l'origine de ces oiseaux et de ces animaux. »</p>
</blockquote>
<p>Venant de Darwin en personne, cette invitation à l'insouciance doit être prise très au sérieux !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/dormesson.jpg" alt="dormesson.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="dormesson.jpg, déc. 2010" />
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<br /> <em>C'est une chose étrange à la fin que le monde, Jean d'Ormesson, Robert Laffont, 292 pages, 20 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266215566/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266215566&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266215566" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/10/25/C-est-une-chose-%C3%A9trange-%C3%A0-la-fin-que-le-monde-Jean-d-Ormesson#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/271Juliet, Naked - Nick Hornbyurn:md5:d10165ebd28025341a24899583fa75ba2010-10-19T11:01:00+02:002018-10-17T18:28:39+02:00BernardLa musiqueAngleterremariagepaternitérocksentimental<p>Imaginez-vous en couple avec un fan, disons de Dick Rivers. Ou de Duran Duran. Ou de Tokio Hotel. Groupie au point de faire des pèlerinages consacrés à sa vedette chérie...</p>
<p>C'est ce que doit subir la pauvre Annie, la petite amie de ce lourdingue de Duncan.</p> <p>Son tendre compagnon est un inconditionnel de Tucker Crowe, un chanteur rock à qui l'on doit un seul et unique album, passé quasiment inaperçu, dans les années 80. Annie tente de s'accommoder de l'addiction de Duncan. Pas facile...</p>
<blockquote><p>Depuis presque 15 ans qu'elle était avec Duncan, Tucker Crowe avait toujours fait partie du lot, comme une infirmité. Au début, le handicap n'avait pas empêché Duncan de mener une vie normale. Et puis internet est arrivé. »</p>
</blockquote>
<p>Duncan passe ses journées sur les forums. Tente de savoir où vit Tucker Crowe et ce qu'il est devenu.</p>
<p>Annie, elle, rêve d'avoir des enfants.</p>
<blockquote><p>Annie pouvait s'imaginer mère, mais Duncan n'était en rien l'idée qu'on se faisait d'un père. »</p>
</blockquote>
<p>Puis un jour, Tucker Crowe sort un nouvel album, Juliet Naked. Annie l'écoute, et se pique d'en dire tout le mal qu'elle en pense sur le forum de Duncan. Elle reçoit une réponse... de Tucker Crowe lui-même, avec qui elle entretient désormais une relation épistolaire, à l'insu de Duncan.</p>
<p>Puis tout s'emballe. A la surprise générale, Duncan, qui n'est pas à proprement parler un Don Juan, trompe Annie.</p>
<p>Elle n'en fait pas une maladie, loin de là.</p>
<blockquote><p>Je dois te prévenir, Duncan : je ne vais pas me battre pour toi. Ton seul intérêt, c'est de n'être pas le genre de mec pour lequel on se bat. »</p>
</blockquote>
<p>De son côté, Annie poursuit sa relation avec Tucker Crowe. Va-t-elle le rencontrer ? Duncan sera-t-il un jour informé que l'homme qu'il rêve de voir en chair et en os depuis trois décennies est le nouveau compagon de sa femme ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Si vous aimez les romans aussi grinçants qu'un riff de guitare dans un festival rock amateur, vous allez rire de bon cœur dans le dernier roman de Nick Hornby. L'auteur est d'une cruauté sans borne avec ses personnages : ils sont veules, inaptes à l'amour et sans la moindre empathie.</p>
<p>Il porte un regard au moins aussi rock'n roll sur d'autres choses de la vie, comme par exemple les riches...</p>
<blockquote><p>Les gens riches portent des montres à la con et sentent bon. Nous, on n'a pas de montres et on sent mauvais. »</p>
</blockquote>
<p>sur les moeurs sexuelles des rockers...</p>
<blockquote><p>Dans ce créneau professionnel, tant que vous ne balanciez pas une fille par la fenêtre quand vous en aviez fini avec elle, on vous prenait pour Gandhi. »</p>
</blockquote>
<p>ou sur les femmes.</p>
<blockquote><p>Tucker adhérait totalement à l'idée que les femmes étaient le sexe le mieux doté du sens de l'équité et le plus sage, mais elles étaient aussi irrémédiablement perfides quand l'occasion l'exigeait. »</p>
</blockquote>
<p>Hormis quelques petites faiblesses de traduction, ce roman est drôle, bien orchestré et les personnages, cohérents, sont taillés dans le rock ! Amateurs de chanteurs de charme et de mélodies sirupeuses, fuyez !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Juliet_m.jpg" alt="Juliet.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Juliet.jpg, oct. 2010" />
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<br /> <em>Juliet, Naked, Nick Hornby, traduit de l'anglais par Christine Barbaste, 10/18, 313 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264054271/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264054271&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264054271" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/10/19/Juliet%2C-Naked-Nick-Hornby#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/270Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patatesurn:md5:73b14e4cce4614b52cb68fac0fe730af2010-10-11T15:15:00+02:002018-10-17T18:28:49+02:00BernardLa guerreguerrelivresécrivain<p>A l'heure où il n'y a plus que les factures que l'on reçoit par la poste (et encore), il faut être fou pour commettre un roman épistolaire. « Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates » est donc un roman fou. Mais quelle douce folie !</p>
<p>Juliet est un écrivain talentueux, en mal d'inspiration.</p> <p>Un jour, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle reçoit une lettre d'un admirateur, un certain Dawsey, citoyen de l'île de Guernesey. Il lui parle incidemment d'un mystérieux cercle littéraire.</p>
<blockquote><p>Le Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey est né à cause d'un cochon rôti que nous avons dû cacher aux soldats allemands. »</p>
</blockquote>
<p>Juliet veut en savoir plus, et entame une conversation épistolaire avec Dawsey, puis avec de nombreux habitants de l'île.</p>
<p>Elle apprend qu'une bande de gais lurons avait, un soir d'occupation, cuit un cochon à la broche. Alors qu'ils rentraient discrètement chez eux, une heure après le couvre-feu, l'un d'entre eux, éméché, entame une chanson, qui attire l'attention d'une patrouille allemande. L'élevage des cochons étant interdit à la population occupée, reste une échappatoire : inventer une excuse imparable.</p>
<blockquote><p>Elizabeth s'est avancée. Elle s'est approchée de l'officier et lui a débité sans reprendre son souffle un tissu de mensonges comme vous n'en avez jamais entendu. Nous étions vraiment désolés de n'avoir pas respecté le couvre-feu. Nous assistions à une réunion du Cercle littéraire de Guernesey et la discussion du soir sur <em>Elizabeth et son jardin allemand</em> était si captivante. Un livre merveilleux – l'avait-il lu ? »</p>
</blockquote>
<p>Le mensonge fonctionne à merveille, sauf que le Cercle n'existe pas, et que les Allemands risquent de vérifier, à tout moment, les dires des insulaires. Aussi la petite bande crée-t-elle effectivement cette association. Et pour recevoir dignement les Allemands, ils préparent un festin avec les ingrédients du cru : une tourte aux épluchures de patates !</p>
<p>Sous ses dehors innocents, presque fleur bleue, « Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates » raconte, avec une salutaire légèreté, des événements aussi pénibles que l'occupation, les déportations, les crimes et tortures, puis la libération de ce petit bout d'Angleterre. Avec des moments intenses.</p>
<blockquote><p>Tout semble si effondré, Sophie : les routes, les bâtiments, les gens. Les gens, surtout. »</p>
</blockquote>
<p>Mais il conte aussi, au détour de ces lettres échangées, 1001 petites histoires qui font sourire. Il regorge aussi de petites perles. Sur les hommes.</p>
<blockquote><p>Les hommes sont plus intéressants dans les livres qu'ils ne le sont en réalité. »</p>
</blockquote>
<p>Et, évidemment, sur les livres.</p>
<blockquote><p>Peut-être les livres possèdent-ils un instinct de préservation secret qui les guide jusqu'à leur lecteur idéal. Comme il serait délicieux que ce soit le cas. »</p>
</blockquote>
<p>Malgré une profusion de personnages parfois déroutante, c'est un roman bien écrit, bien traduit, bien construit et rythmé. On le recommandera aussi chaudement qu'une tasse de thé et un petit gâteau anglais tout juste sorti du four !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Epluchures_m.jpg" alt="Epluchures.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Epluchures.jpg, oct. 2010" />
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<br /> <em>Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, traduit de l'anglais par Aline Azoulay, Nil, 391 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264053518/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264053518&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264053518" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/10/11/Le-Cercle-litteraire-des-amateurs-d-epluchures-de-patates-M.A.-Schaffer-et-A.Barrows#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/264Chaos calme - Sandro Veronesiurn:md5:1650adc657d8c0951f4247806cea8a392010-09-29T09:09:00+02:002018-10-17T18:29:00+02:00BernardLa vieenfanceEntreprisefamilleItaliemort<p>C'est un peu comme un de ces films qui commencent au lendemain d'une catastrophe nucléaire. Le silence règne et le spectateur attend que les dégâts apparaissent à l'écran.</p>
<p>« Chaos calme » débute lui aussi juste après un drame. Un drame humain.</p> <p>Pietro Paladini, cadre talentueux de 43 ans, perd sa femme.</p>
<blockquote><p>Lara est là au centre de la scène, entre le médecin et les brancardiers, allongée par terre près d'une civière scintillante et inutile belle, bronzée et immobile dans une pose désarticulée qui n'a rien de naturel. »</p>
</blockquote>
<p>Il se retrouve seul avec sa petite fille de 6 ans, Claudia. Il s'attend à ce qu'une souffrance insupportable le prenne à la gorge. Mais il ne se passe rien.</p>
<p>Ni pour lui.</p>
<blockquote><p>C'est un calme chaos, ce qui m'habite. Un calme chaos. »</p>
</blockquote>
<p>Ni pour sa fille.</p>
<blockquote><p>On pourrait comprendre que maintenant tu relèves lentement la tête que tu me regardes avec des yeux rouges comme dans l'exorciste, que tu vomisses en gerbe sur ma veste. Mais non, pas du tout: Claudia descend de voiture, sage, docile, et me suit en trottinant. »</p>
</blockquote>
<p>Pour Pietro, la vie ne continue pas pour autant comme avant. Pour soutenir sa « petite fleur », presque par défi, presque par jeu, il décide de passer une journée devant l'école, dans sa voiture. Il y reste le lendemain, le surlendemain, puis les jours défilent, sans qu'il mette fin à cette nouvelle occupation.</p>
<p>A son grand étonnement, ses supérieurs tolèrent son choix. Il constate aussi avec stupéfaction que des amis, collègues, et passants viennent près de lui, déverser leurs souffrances. Stress au travail, rivalités entre cadres, problèmes de couples, solitudes, rien ne lui est épargné. Mais rien non plus ne perturbe son calme chaos.</p>
<p>« Chaos calme » est une belle réussite. L'idée de ce roman est originale, humaine, et permet subtilement à l'auteur de conter 1001 histoires avec humour et tendresse. Il en profite aussi pour dire les petites et grandes indignations d'un quadra du monde développé...</p>
<blockquote><p>Ce n'est pas normal d'aller au McDo et de découvrir que le menu hamburger + frites + boisson est moins cher que le hamburger et boissons seuls, sans les frites – c'est-à-dire qu'on prend les frites, on les jette direct à la poubelle et on dépense un euro cinquante de moins. »</p>
</blockquote>
<p>… et nous révéler la façon romaine de manger des spaghettis.</p>
<blockquote><p>Il attaque ses spaghettis bille en tête, à croire que son temps est compté. Il ne les enroule pas, ils les fourre dans sa bouche comme si c'était du foin, et avec sa fourchette, il se contente de les accompagner au fur et à mesure qu'ils montent. Ca, c'est romain : une saine façon de manger populaire qu'ici à Milan on prend pour une absence de bonnes manières. »</p>
</blockquote>
<p>Mais ne vous y trompez surtout pas : comme en témoigne un final très raffiné, ce roman est d'une grande profondeur.</p>
<p>Il dit à merveille que la souffrance qui se tait n'est pas la moins pénible, et que le plus fort n'est pas toujours celui qu'on croit...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Chaos_calme_m.jpg" alt="Chaos_calme.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chaos_calme.jpg, janv. 2011" />
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<br /> <em>Chaos calme, Sandro Veronesi, traduit de l'italien par Dominique Vittoz, Grasset, 512 pages, 22 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253127450/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253127450&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253127450" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2010/09/29/Chaos-calme-Sandro-Veronesi#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/263Syngué Sabour, pierre de patience - Atiq Rahimi - Goncourt 2008urn:md5:f9a1dce6ac5da5a7d156d35a37a8342c2009-02-01T17:21:00+00:002018-10-17T17:29:09+00:00MarieLe lointainGoncourtmoyen-orient<p>Jamais je n'ai lu un Goncourt aussi mérité.</p>
<p>Atiq Rahimi nous fait vivre le parcours cabossé d’une femme musulmane. Emprisonnée dans les diktats culturels et religieux, elle veille des heures et des jours son mari plongé dans le coma occasionné par une balle...</p> <p>A son chevet, elle confie ses souvenirs à cet homme inconscient, comme s’il était la pierre de patience magique. Cette pierre à qui, dans son pays, on confie ses malheurs, ses désespoirs jusqu’à ce qu’elle éclate un jour et vous libère.</p>
<p>Lentement, le rythme s’accélère, son murmure s’intensifie, se transforme en un cri qu’elle ne peut plus contenir et qui va lui faire dire des mots interdits et la pousser à se livrer à une confession sans tabous. Plus cette femme parle, plus elle se libère et, comme dans la légende, la pierre de patience finira par éclater et la rendre libre à jamais.</p>
<p>Atiq Rahimi écrit ce livre non pas comme un roman mais comme une tragédie : son style est lancinant, incisif, neutre mais quel amour il a pour cette femme qu’il nous fait partager avec un désespoir inouï.</p>
<blockquote><p>Je devais me marier malgré ton absence. Lors de la cérémonie, tu étais présent par ta photo et par ce foutu kandjar que l’on a mis à mon côté, à ta place. Et j’ai dû encore t’attendre trois ans! Et pendant trois ans, je n’ai pas eu le droit de voir mes copines, ma famille… Il est déconseillé à une jeune mariée vierge de fréquenter les autres filles mariées. Foutaise! Je devais dormir avec ta mère qui veillait sur moi, ou plutôt qui veillait sur ma chasteté et tout cela paraissait si normal, si naturel à tout le monde. Même à moi.</p>
</blockquote>
<p>La dernière page tournée, vous vous rendez compte que vous avez lu un texte militant qui a fait mouche: vous aurez pour toutes ces femmes une profonde empathie qui vous marquera durablement.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Rahimi_m.jpg" alt="Rahimi.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Rahimi.jpg, juil. 2010" />
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<br /> <em>Syngué Sabour, pierre de patience, Atiq Rahimi, P.O.L., 160 pages, 15 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070416739/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070416739&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070416739" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" /></p>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2009/02/01/266-syngue-sabour-pierre-de-patience-atiq-rahimi-prix-goncourt-2008#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/245Seul dans le noir - Paul Austerurn:md5:25fa5a56c0b4931eb79e142913dae1462009-01-26T14:20:00+00:002018-10-17T17:29:15+00:00BernardLa vieécrivain<p>Si Paul Auster vous énerve lorsqu’il multiplie les histoires dans l’histoire, ne lisez surtout pas son dernier livre, « Seul dans le noir ».</p>
<p>C’est un nouveau festival de mises en abyme.</p>
<p>Le narrateur, August Brill, est allongé sur son lit à la suite d’un accident de la route.</p> <blockquote><p>Je suis seul dans le noir, le monde tournoie dans ma tête pendant que je lutte contre une nouvelle attaque d’insomnie, encore une de ces nuits blanches dans la campagne américaine. »</p>
</blockquote>
<p>En position horizontale, il n’y a pas grand chose d’autre à faire que d’inventer les fameuses histoires dans l’histoire. Et c’est parti !</p>
<p>Le narrateur donne la vie à Owen Brick, qui se réveille au beau milieu d’une guerre civile aux Etats-Unis. Owen apprend que l’Amérique libre attend de lui qu’il exécute un écrivain. Car cet auteur a inventé ce funeste conflit, et chaque mot qu’il écrit devient réalité.</p>
<blockquote><p>- Tu veux donc dire que tout ceci est une histoire, que quelqu’un a écrit une histoire et que nous sommes des éléments de celle-ci ?</p>
<p>
- En quelque sorte, oui.</p>
<p>
- Et s’il est tué, alors ? La guerre sera peut-être terminée, mais nous alors ?</p>
<p>
- Tout redeviendra normal.</p>
<p>
- Ou alors nous allons disparaître.</p>
<p>
- Peut-être, mais nous devons prendre ce risque. »</p>
</blockquote>
<p>Le narrateur alterne subtilement ce récit avec des considérations sur ses proches. Le décès de sa femme. Le divorce de sa fille. Et le veuvage de sa petite fille, dont l’époux est mort en Irak.</p>
<p>Puis soudain, Paul Auster met un terme aux aventures d’Owen Brick. Et raconte quelque petites histoires, intéressantes en soi, mais sans lien entre elles. Mais elle donnent l’occasion à l’Oncle Paul d’émettre quelques profondes considérations.</p>
<p>Sur les livres.</p>
<blockquote><p>S’évader dans un film, ce n’est pas la même chose que s’évader dans un livre. Un livre t’oblige à rendre quelque chose, à faire usage de ton imagination et de ton intelligence, alors que tu peux regarder un film – et même en tirer du plaisir – dans un état de passivité mentale. »</p>
</blockquote>
<p>Sur la bonté.</p>
<blockquote><p>Seules les personnes droites doutent de leur bonté, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles sont bonnes. Les méchants hommes savent qu’ils sont bons, mais les bons n’en savent rien. Ils passent toute leur vie à pardonner les autres, mais ne se pardonnent rien à eux-mêmes. »</p>
</blockquote>
<p>Et sur l’éducation.</p>
<blockquote><p>Il ne faut pas se mêler des sentiments des autres, et surtout pas de ceux de ses enfants. Les enfants n’apprennent rien des erreurs de leurs parents. Nous devons les laisser libre, les laisser rentrer dans ce monde pour faire leur propres erreurs. »</p>
</blockquote>
<p>On prend plaisir à rêver avec cet homme dans le noir, on médite sur ces quelques sentences, mais on regrette une fois de plus le côté dilettante de ce roman, pas vraiment construit. Les cent premières pages laissent présager une grande réussite. Les cent dernières sont vraiment trop buissonnières.</p>
<p>Paul Auster passerait-il trop de temps dans son lit ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Auster2_m.jpg" alt="Auster2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Auster2.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Seul dans le noir, Paul Auster, Actes Sud, 192 pages, 19,5 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742794581/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742794581&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742794581" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2009/01/26/265-seul-dans-le-noir-paul-auster#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/244Ce que le jour doit à la nuit - Yasmina Khadraurn:md5:176d6e4217d32065bcea953c56fb92472009-01-20T12:36:00+00:002018-10-17T17:29:23+00:00MarieLe lointainAlgérieMarseille<p>Le Blog des livres a découvert une nouvelle plume. Marie, qui a lu pour nous le dernier roman de Yasmina Khadra. Bienvenue Marie !</p>
<p>Comme c’est reposant : quand s’annonce la sortie d’un livre de Khadra, je sais que je peux l’acheter les yeux fermés et cette fois encore je n’ai pas été déçue.</p> <p>Khadra ne lasse pas, ne juge pas, mais cherche à comprendre pourquoi certains événements précipitent les hommes dans le camp des victimes ou dans celui des assassins. Ses personnages se dépatouillent avec leur vie, tentent de la construire tant bien que mal, essayent de…</p>
<blockquote><p>conquérir le jour même s’ils doivent d’abord passer par la nuit. »</p>
</blockquote>
<p>Ils font ce qu’ils peuvent lorsqu’ils sont pris dans le tourbillon infernal des remous de l’histoire.</p>
<p>1930. Younès vit dans un quartier particulièrement pourri d’Algérie. La vie y est dure et violente mais il n’est pas malheureux : sa famille est aimante, les principes de sa religion ne sont en rien un carcan et les habitants ont réussi à créer un espace de solidarité et même de paix joyeuse.</p>
<blockquote><p>A Jenane Jato, les gens dans leur majorité n’étaient pas mauvais. Leur misère n’avait pas réussi à vicier leur âme, ni leurs peines à éradiquer leur bonhomie. C’étaient des gens bien, par endroit attachants et drôles ; ils gardaient la foi en toute chose, et cela leur insufflait une patience inouïe. »</p>
</blockquote>
<p>Mais le destin de Younès amorce un tournant radical lorsque son père, ruiné, le confie à son frère pharmacien. Younès, rebaptisé Jonas, par alors vers une autre vie que nous découvrirons tout au long de ce roman dont le dernier chapitre a lieu en 2008.</p>
<p>Jonas et ses amis vivent dans leur âme et leur chair les bouleversements de l’histoire de l’Algérie : il n’y a ni bon ni mauvais, chacun a choisi son camp par idéal, par conviction, et parfois par opportunisme et l’empathie que Khadra éprouve pour chacun de ses personnages mène le lecteur vers des jugements de compréhension et de tolérance.</p>
<p>J’ai moins aimé l’histoire d’amour qui traverse une partie du roman : beaucoup moins dense, elle altère la profondeur du récit.</p>
<p>En revanche, j’ai retrouvé avec délectation le superbe style de Khadra, l’harmonie de ses phrases et ses descriptions très courtes mais si belles.</p>
<blockquote><p>Accroupi sur un amas de pierrailles, les bras autour des genoux, il regardait la brise enlacer la sveltesse des chaumes, se coucher dessus, y fourrager avec fébrilité. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore cette sensuelle description de Marseille.</p>
<blockquote><p>Marseille semblable à une vestale se dorant au soleil. Répandue sur ses collines, éclatante de lumière, le nombril dégagé et la hanche offerte aux quatre vents. »</p>
</blockquote>
<p>Les dix dernières pages, où Jonas fait le bilan de ce qu’il a vécu vous remuent tant que vous fermez le livre en vous surprenant à faire la même chose… mais beaucoup moins bien !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Khadra_m.jpg" alt="Khadra.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Khadra.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina Khadra, Julliard, 2008, 413 pages. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266192418/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266192418&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266192418" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2009/01/20/264-ce-que-le-jour-doit-a-la-nuit-yasmina-khadra#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/243Ken Follett - Un monde sans finurn:md5:1f557e83c2e052a6f9c91417f28e5f122009-01-12T21:28:00+00:002018-10-17T17:29:30+00:00AnneLa viearchitecturemoyen-âge<p>Construire une cathédrale, ça prend du temps, mais on est heureux, fier et nostalgique quand c'est fini. Lire un roman de Ken Follett fait le même effet.</p>
<p>Kingsbridge et sa cathédrale… A coup sûr, ce nom sonnera pour certains lecteurs comme un air de « déjà lu »…</p> <p>Mais oui, « Les piliers de la terre », la saga que Ken Follett a écrite en 1989.</p>
<p>Dix-neuf ans plus tard, il remet le couvert. Il nous mène dans le même univers, deux siècles plus tard, au XIVème siècle.</p>
<p>Il ne s’agit plus ici de la construction de ladite cathédrale, mais de sa rénovation et de travaux d’architecture dans une ville dépérissante, et qui, sous l’influence de ses protagonistes, retrouvera son plein essor.</p>
<p>La recette est connue, les ingrédients sont les mêmes. Nos sens ne sont plus émus par la magie de la nouveauté. L’immense plaisir cependant est toujours là : celui d’accompagner au fil des années des personnages terriblement attachants, au caractère bien trempé, aimés de tous et donc aussi du lecteur.</p>
<p>Ils se débattent dans un univers hostile, aux prises avec les manigances d’autres personnages amoraux et sans scrupules, qui pour obtenir le pouvoir, s’attachent à nous compliquer la vie pendant des dizaines d’années.</p>
<p>Nous ? Bien sûr car c’est là tout l’art de cet écrivain de nous emmener avec lui dans son monde médiéval, comme si c’était de notre vie qu’il s’agissait.</p>
<p>Roman captivant, plein de rebondissements, émaillé, comme dans le premier tome de notions d’architecture, mais aussi de médecine puisqu’il nous fait traverser cette période du Moyen Age ravagée par la peste noire.</p>
<blockquote><p>Cet homme souffre d’une montée de sang et doit subir une saignée. Qu’on le nourrisse ensuite de pommes aigres et de tripes !"</p>
<p>
Godwyn racontait des bêtises. Merthin s’abstint de tout commentaire. Il n’avait plus de doute sur la maladie de son ami. Ces plaques sur la peau, ces saignements, cette soif inextinguible, c’était bien les caractéristiques du mal qui avait emporté Sylvia et toute sa famille, le laissant lui-même en vie.</p>
<p>
La peste était arrivée à Kingsbridge ! La grande moria. »</p>
</blockquote>
<p>Tout au long de ces presque 1300 pages, nous allons suivre le destin de quatre enfants réunis par le hasard autour d’un secret qui peut faire vaciller la couronne du royaume d’Angleterre.</p>
<p>Leur cadre de vie : Le prieuré de Kingsbridge dirigé par des moines ambitieux, le riche couvent voisin mené par des sœurs aux idées progressistes pour l’époque, la ville et sa guilde des marchands, et la vie des campagnes alentour. Les liens d’amour et de haine, de pouvoir et d’amitié se noueront et se dénoueront au fil des années autour de la cathédrale intemporelle…</p>
<p>Et quand j’ai refermé la livre sur la dernière page, après des dizaines d’heures de lectures, j’ai ressenti un vide : je m’étais habituée à côtoyer ces compagnons médiévaux et ils vont me manquer. Vivement la prochaine rénovation !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Follett_m.jpg" alt="Follett.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Follett.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Un monde sans fin, Ken Follett, Robert Laffont, 1.296 pages, 24,5 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253125768/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253125768&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253125768" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2009/01/12/263-ken-follett-un-monde-sans-fin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/242La route - Cormac McCarthyurn:md5:f3560b882b912ff1521eb76d1c13f9ef2009-01-03T18:16:00+00:002018-10-17T17:29:40+00:00BernardLa viecatastropheenfancepaternitésuspense<p>C'est quand il n'y a plus rien, que son souffle, sa peur et son enfant, qu'on prend conscience au plus près du sens de la vie.</p>
<p>Tel est le postulat de Cormac McCarthy. Dans son époustouflant dernier roman, « La Route », il met en scène le petit et l'homme. Tous deux ont été jetés sur la route à la suite d'une grande catastrophe.</p> <blockquote><p>Les pendules s'étaient arrêtées à 1:17. Une longue saignée de lumière puis une série de chocs sourds. »</p>
</blockquote>
<p>Les deux êtres tentent à présent de rejoindre le Sud. Avec en main de quoi vivre quelques jours.</p>
<blockquote><p>Il poussaient le caddie et tous les deux, le petit et lui, ils portaient des sacs à dos. Dans les sacs à dos il y avait le strict nécessaire. Au cas où ils seraient contraints d'abandonner le caddie et de prendre la fuite. »</p>
</blockquote>
<p>Le père et le fils traversent péniblement le pays dans un froid glacial, nourrissant l'espoir de retrouver au Sud la chaleur perdue.</p>
<p>Le décor de leurs efforts n'est que grisaille et désolation.</p>
<blockquote><p>L'air granuleux. Ce goût qu'il avait ne vous sortait jamais de la bouche. Ils restaient debout sans bouger sous la pluie comme des animaux de ferme. Puis ils repartaient, tenant la bâche au-dessus de leurs têtes dans le morne crachin. A flanc de collines d'anciennes cultures couchées et mortes. Sur les lignes de crête les arbres dépouillés noirs et austères sous la pluie. »</p>
</blockquote>
<p>Et leur vie n'est que peur, de mourir de faim, ou de se faire capturer par des êtres humains comme eux, à ceci près que pour ceux-là, le tabou du cannibalisme est tombé.</p>
<blockquote><p>
On ne mangerait jamais personne papa, dis-moi que c'est vrai ?</p>
<p>
Non. Evidemment que non.</p>
<p>
Quoi qu'il arrive ?</p>
<p>
Jamais. Quoi qu'il arrive.</p>
<p>
Parce qu'on est des gentils.</p>
<p>
Oui.</p>
<p>
Et qu'on porte le feu.</p>
<p>
Et qu'on porte le feu, oui.</p>
<p>
D'accord.</p>
</blockquote>
<p>Durant cette pénible évolution, l'homme et le petit vivent des moments joyeux...</p>
<blockquote><p>Il installa le petit dans le panier en haut du caddie. Il se mit debout sur la barre arrière comme un meneur de chiens de traineau et ils dévalaient comme ça les descentes. Le petit riait. C'était la première fois depuis longtemps qu'il le voyait rire. »</p>
</blockquote>
<p>... et des atrocités.</p>
<blockquote><p>C'est mon enfant, dit-il. Je suis en train de lui laver les cheveux pour enlever les restes de la cervelle d'un mort. C'est mon rôle. »</p>
</blockquote>
<p>« La route » est un texte impressionnant.</p>
<p>Il est construit comme roman d'épouvante, mais pas comme un vulgaire thriller. Car il ne se contente pas de faire peur. Il véhicule aussi des questions essentielles. En ôtant la mère, en ôtant la maison, les amis, les habitudes, l'argent, l'abondance, la joie et la verdure, en créant ce dépouillement, l'auteur fait surgir les symboles et parvient à approcher au plus près de la question de la paternité, du don de la vie et du sens de ce don.</p>
<p>Ce roman est noir, mais pas désespéré.</p>
<p>Ce roman est dur et il vous touchera.</p>
<p>Mais je suis convaincu que, comme la mienne, votre route sera mieux éclairée après.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.La route_m.jpg" alt="La route.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="La route.jpg, juin 2010" /></p>
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<br /> <em>La route, Cormac McCarthy, Editions de l'Olivier, 245 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2757811614/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2757811614&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2757811614" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2009/01/03/262-la-route-cormac-mccarthy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/98Sur la plage de Chesil - Ian McEwanurn:md5:fb59c9def68c852fd3f3677c0a773e392008-12-28T21:07:00+00:002018-10-17T17:30:15+00:00BernardL'amourAngleterremariagesentimental<p>L'amour peut-il se nourrir de la fusion des âmes à l'exclusion de celle des corps ?</p>
<p>C'est la question que pose Ian McEwan dans son dernier roman, avec une cruauté certaine. Nous sommes en 1962, quelques secondes avant la révolution sexuelle.</p> <p>Nous sommes en Angleterre dans les salons où les bonnes et étouffantes manières sont tenaces.</p>
<blockquote><p>C'était encore l'époque où le fait d'être jeune représentait un handicap social, une preuve d'insignifiance, une maladie vaguement honteuse dont le mariage était le premier remède.</p>
</blockquote>
<p>Edward aime Florence...</p>
<blockquote><p>Comment aurait-il pu ne pas aimer quelqu'un d'une sensibilité et d'une originalité tellement à part, d'une honnêteté et d'une lucidité si scrupuleuses, dont la moindre émotion et la moindre pensée affleuraient dans toute leur nudité ? »</p>
</blockquote>
<p>... et Florence aime Edward.</p>
<blockquote><p>Pour la première fois, son amour pour Edward était associé à une sensation physique définissable, aussi irréfutable qu'un vertige. Jusque-là, Florence n'avait eu droit qu'à un brouet d'émotions chaleureuses et réconfortantes, un épais manteau hivernal de gentillesse et de confiance. »</p>
</blockquote>
<p>Des tourtereaux si sûrs de leurs sentiments devaient nécessairement entrer dans une fusion extatique, passées les peurs des premières minutes de la nuit de noce. Mais c'était compter sans la maladresse de l'élu et sans les réserves viscérales de la belle.</p>
<blockquote><p>Florence soupçonnait qu'il y avait en elle quelque chose de profondément anormal. Son problème, se disait-elle, dépassait de loin le simple dégoût physique; tout son être se révoltait à l'idée de la nudité, des corps enchevêtrés. On était sur le point de violer sa quiétude et son bonheur essentiel. »</p>
</blockquote>
<p>Aussi la nuit de noce est-elle une nuit noire. Et l'explication qui suit, sur la plage de Chesil, est d'autant plus risquée pour ces âmes sincères...</p>
<p>« Sur la plage de Chesil » est construit avec une redoutable adresse. L'auteur s'approche à pas lents de la fameuse nuit, donnant à son récit des allures de thriller sentimental. La plume, élégante et précise se révèle altière lorsqu'il est question de livrer les sentiments les plus nobles, et crue lorsque l'auteur aborde le langage impossible des corps. Tout est finesse et vérité des sentiments.</p>
<p>Ne vous laissez pas mener en bateau sur la plage de Chesil : l'auteur est habile quand il situe son récit dans l'Angleterre puritaine. Mais le message reste universel : celui de l'incompréhension entre un homme et une femme qui s'aiment et ses conséquences parfois dévastatrices.</p>
<p>Non, les lois de l'amour n'ont pas changé. Il faudrait pour cela qu'elles existent.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Chesil_m.jpg" alt="Chesil.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Chesil.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Sur la plage de Chesil, Ian McEwan, Gallimard, littérature anglo-saxonne, 149 pages, 16,90 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070402533/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070402533&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070402533" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/12/28/261-sur-la-plage-de-chesil-ian-mcewan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/241Le contrat - John Grishamurn:md5:b051e0a9240f4baec27473b33acf370b2008-11-02T10:45:00+00:002018-10-17T17:30:22+00:00AnneLa trouilledroitenvironnementpollutionsuspense<p>Dallas, ton univers impitoyable… Cela vous rappelle quelque chose ?</p>
<p>Ici, c'est le même univers, sauf qu'il ne s’agit pas de la ville texane chère à la série télé, mais de Bowmore, une petite ville de l’état du Mississipi.</p> <p>Une entreprise de produits chimiques y est déclarée coupable de la pollution des nappes phréatiques de la ville, par le déversement délibéré de produits toxiques dans le sol de la région durant plusieurs années.</p>
<p>Les preuves sont apparemment irréfutables. Parallèlement, le moment est venu de procéder à l’élection de deux juges à la cour suprême de l’état du Mississipi.</p>
<p>L’entreprise, par la volonté de son président, Carl Trudeau, décide d’aller en appel devant la cour suprême. Et pour s’assurer la victoire, le véreux dirigeant doit veiller à ce qu’au moins un des juges élu soit favorable à sa cause.</p>
<p>Cette élection est le sujet principal du roman. Nous allons assister à la mise en route d’une machination extrêmement minutieuse, à plusieurs niveaux de pouvoir, orchestrée par quelques hommes peu recommandables, et disposant bien sûr d’un budget colossal.</p>
<p>La principale victime, Jeannette Baker est résignée.</p>
<blockquote><p>Quatre rangée plus loin, sur la droite, Jeannette s’agenouilla. Entre deux tombes. L’une était celle de Chad, un enfant maladif qui avait survécu six années avant que les tumeurs ne l’étouffent. L’autre contenait les restes de Pete, son mari pendant huit ans. Père et fils reposaient côte à côte pour l’éternité. Elle leur rendait visite au moins une fois par semaine et ne manquait jamais de souhaiter les rejoindre. »</p>
</blockquote>
<p>Jeannette est défendue par un couple d’avocats. Ils seront les seuls à se battre pour le droit, quitte à s’endetter jusqu’à la faillite de leur cabinet. Face aux victimes et leurs avocats, Grisham nous décrit sans complaisance un monde stigmatisé où l’avenir appartient aux hommes d’affaires et aux politiciens ambitieux, amoraux et sans scrupules.</p>
<blockquote><p>Le grand Carl Trudeau avait démantelé de grands conglomérats, pris le contrôle de conseils d’administration hostiles, révoqué des PDG vedettes, chamboulé des groupes industriels entiers, tondu des banquiers, manipulé des cours, et détruit les carrières de ses ennemis par dizaine. Il pouvait sûrement réduire à néant un banal cabinet juridique familial de Hattiesburg, Mississipi. »</p>
</blockquote>
<p>« Le contrat » est un roman décevant. Le véritable sujet ne commence qu’après 120 pages où une quantité beaucoup trop abondante de personnages a pris place. L’intrigue est lente, le sujet moralisateur, l’analyse des personnalités peu poussée, peu crédible. On a du reste, fréquemment le sentiment de lire un cours de droit américain, ce qui passionne beaucoup moins qu'un bon roman à suspense...
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Contrat_m.jpg" alt="Contrat.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Contrat.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Le contrat, John Grisham, Robert Laffont, 416 pages, 21,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266189433/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266189433&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266189433" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/11/02/260-le-contrat-john-grisham#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/240La porte des Enfers - Laurent Gaudéurn:md5:e523f9fa9097bc23bfb4c86fb70cdd032008-10-29T09:05:00+00:002018-10-17T17:30:30+00:00BernardL'au-delàItaliemortrésurrection<p>Peut-on évoquer la mort sans plonger le lecteur dans un ennui mortel ?</p>
<p>Voyons si Laurent Gaudé sort sain et sauf de cet exercice.</p>
<p>Dans « La porte des Enfers », il raconte l'histoire de Matteo, un jeune papa napolitain.</p> <p>Un jour qui devait être comme tous les autres, le père et son enfant de 6 ans, Pippo, sont pris dans une fusillade entre bandes rivales. Matteo se jette au sol et plaque le petit contre lui.</p>
<blockquote><p>Le danger s'était éloigné. Pippo ? L'enfant ne répondit pas. Matteo se sentit pâlir d'un coup. Il se mit à genoux. Sa chemise était baignée de sang. Pippo ? L'air lui manqua. Son fils ne bougeait pas, restait face contre terre, inerte. Pippo ? Il cria. Il ne savait pas que faire. Il cria. Parce qu'il ne savait pas comment empêcher ce sang qu'il aimait de continuer à se répandre sur le trottoir. »</p>
</blockquote>
<p>La perte du petit plonge Matteo et sa femme Giuliana dans une profonde détresse. Guiliana ne voit qu'une manière d'en sortir et de sauver le couple.</p>
<blockquote><p>Rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le moi, ou, si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l'a tué. »</p>
</blockquote>
<p>Matteo est résolu à donner à son épouse ce qu'elle demande, mais au moment où l'occasion se présente, il ne trouve pas la force. Pour Guiliana, c'en est trop.</p>
<blockquote><p>Elle part. Il sentit une dernière fois son parfum et la laissa passer. Guiliana venait de le quitter avec le geste inachevé d'une femme qui regrette de ne plus pouvoir aimer. »</p>
</blockquote>
<p>Matteo erre alors au volant de son taxi, dans les rues sombres et pluvieuses de Naples. Il échoue dans un café. Il y rencontre le patron, Garibaldo et le curé Mazerotti, jalousé de ses collègues pour le soutien qu'il apporte aux pauvres de Naples. Il discute aussi avec l'énigmatique professeur Provolone, qui lui soutient qu'il est possible de se rendre auprès des morts.</p>
<blockquote><p>Tout ça, ce sont des histoires pour enfants, dit Matteo en regardant le sol avec dureté. Les morts ne remontent pas, <em>professore</em>.</p>
<p>
Non, effectivement, répondit le <em>professore</em> avec un calme égal. Mais vous pouvez descendre, vous. »</p>
</blockquote>
<p>Matteo apprend l'existence de la porte des Enfers, et n'hésite pas une seconde. Il entend la franchir, pour ramener son fils à Guiliana. Reviendra-t-il vivant de son voyage six pieds sous terre ?</p>
<p>Dans « La porte des enfers », Laurent Gaudé donne la preuve de sa maîtrise des techniques narratives. Sa boîte à outils ne manque pas de relances, flash-backs, ambiances, personnages intenses et réflexions pertinentes, qui permettent au lecteur de sortir vivant du roman.</p>
<p>Un petit goût de trop peu, quand-même : à trop se concentrer sur la narration, l'auteur n'a-t-il pas perdu en chemin deux de ses habituels complices, le style et l'émotion ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Gaude2_m.jpg" alt="Gaude2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Gaude2.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>La porte des Enfers, Laurent Gaudé, Actes Sud, 267 pages, 19,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742791140/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742791140&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742791140" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/29/259-la-porte-des-enfers-laurent-gaude#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/239Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites - Marc Levyurn:md5:d6744e85c3a8b45b50fb0cdd59315d6d2008-10-24T09:17:00+00:002018-10-17T17:30:38+00:00BernardLa viepaternitéscience-fictionsentimental<p>Je savais d'avance que ce livre allait m'énerver. Mais je l'ai lu. Et il m'a énervé.</p>
<p>Mais je le confesse aux prêtres de la littérature littéraire : pas assez pour que j'en abandonne la lecture. Dans son dernier roman, Marc Levy donne la vie à Julia, une talentueuse professionnelle du design installée au cœur de New York.</p> <p>Dans une semaine, elle se marie avec Adam, un jeune homme bien comme il faut. Elle sent que son père ne viendra pas. Reste à voir quelle excuse il trouvera. Il fait fort...</p>
<blockquote><p>Alors, demanda Stanley, impatient, il vient ?</p>
<p>
Julia secoua la tête.</p>
<p>
Quel est cette fois le prétexte invoqué pour justifier son absence ?</p>
<p>
Julia inspira profondément et fixa Stanley.</p>
<p>
Il est mort. »</p>
</blockquote>
<p>Il en faut davantage pour désarçonner Julia, qui n'entend pas pleurer un père qui fut si souvent absent. Mais la situation se corse lorsque le jeune femme reçoit à son domicile une curieuse livraison : une réplique de son père, grandeur nature, avec une commande à distance.</p>
<blockquote><p>Son doigt appuya sur le bouton, un petit déclic se fit entendre et les paupières de ce qui n'était déjà plus une statue se soulevèrent ; le visage esquissa un sourire et la voix de son père demanda :</p>
<p>
Je te manque déjà un peu ? »</p>
</blockquote>
<p>Anthony Walsh annonce à sa fille qu'il a conçu une machine qui lui permet de voler quelques jours à la mort, quelques jours seulement et qu'il est temps qu'il se disent tout ce qu'ils se sont tus.</p>
<p>Les deux héros commencent leur petite vie de famille. Destination : le Canada, où Julia pense subitement à Tomas, cet amant berlinois qu'elle a tant chéri mais qui a trépassé sur l'un des champs de bataille où il œuvrait comme journaliste. A nouveau papa va donner un coup de pouce au destin de sa fillette.</p>
<blockquote><p>Julia, je crois que Tomas n'est pas tout à fait mort. »</p>
</blockquote>
<p>Le duo file vers Berlin, où, Julia, pourtant presque mariée retrouvera, peut-être, l'homme qu'elle a a tant chéri...</p>
<p>Dans « Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites », Marc Levy nous livre un prototype de roman de Marc Levy.</p>
<p>Un livre bourré de clichés : à New York, on circule sur la Cinquième avenue, à Berlin, le taxi vous dépose devant la porte de Brandebourg, à Paris, on étudie à la Sorbonne et à Rome, on monte les escaliers de Piazza di Spagna (et je vous passe le zoo de Berlin).</p>
<p>C'est un roman rassurant, aussi : les femmes sont débrouillardes, les maris gauches et incapables, les amants irréprochables et les homosexuels artistes et créatifs.</p>
<p>On déguste aussi quelques banalités bien senties.</p>
<blockquote><p>Ah l'humour, quelle merveilleuse façon de désamorcer le réel quand il vous tombe dessus ; je ne sais plus qui a dit cela, mais c'est si vrai. »</p>
</blockquote>
<p>Et pourtant, j'ai lu ce roman jusqu'au bout, j'ai ri de lui, mais aussi, parfois, avec lui.</p>
<p>Allez comprendre...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Levy2_m.jpg" alt="Levy2.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Levy2.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites, Marc Levy, Robert Laffont, 426 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/24/https//www.amazon.fr/gp/product/226620081X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=226620081X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=226620081X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/24/258-toutes-ces-choses-qu-on-ne-s-est-pas-dites-marc-levy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/238Les déferlantes - Claudie Gallayurn:md5:4470ac2784631c155359362d70e5d9062008-10-18T19:35:00+00:002018-10-17T17:30:46+00:00BernardLa vieenquêteFrancemerNormandie<p>Vous est-il déjà arrivé de deviner votre cadeau de Noël dix jours avant la fête ? Alors vous avez dû ressentir le même genre de déception que moi lorsque j'ai deviné le dénouement des « Déferlantes » trois cent pages avant la fin...</p>
<p>J'étais entré dans ce roman plein de bonnes intentions, dûment équipé d'un bon imperméable.</p> <p>J'ai donc débarqué à La Hague. Un endroit passablement hostile...</p>
<blockquote><p>Les vents qui soufflent les jours de tempête sont comme des tourbillons de damnés. On dit qu'ils sont des âmes mauvaises qui s'engouffrent à l'intérieur des maisons pour y prendre ce qu'on leur doit. On, c'est-à-dire ceux qui restent, les vivants. »</p>
</blockquote>
<p>La narratrice, ornithologue, est venue noyer un chagrin d'amour sur ce bout de terre éclaboussé. Pour éviter de penser, elle effectue des relevés pointilleux de la faune aviaire. Mais très vite, elle prend conscience que la population humaine y est au moins aussi intéressante...</p>
<p>Elle rencontre d'abord le ténébreux Lambert, tout juste arrivé du Morvan. Officiellement, il vient vendre la maison familiale. Mais la narratrice comprend vite qu'il est à la recherche de quelque chose d'autrement plus profond. Elle apprend qu'une nuit de mer calme, ses parents et son petit frère ont fait naufrage et ne sont jamais revenus. Il revient sur les lieux de son drame.</p>
<p>Un drame vieux de 20 ans, mais dont tous les protagonistes vivent encore au village. Parmi lesquels Théo, le gardien du phare, que Lambert soupçonne d'être responsable du naufrage, ce que la narratrice ne croit pas.</p>
<blockquote><p>Avait-il vraiment éteint le phare ? Je n'y croyais pas. Il connaissait les dangers de la mer et aimait les bateaux. »</p>
</blockquote>
<p>Mais la narratrice ne peut s'empêcher de questionner Théo, de l'observer. Tout comme elle s'intéresse à Lili, la tenancière du bar, à Max, un trentenaire un peu dans sa bulle, qui se construit un bateau baptisé « La Marie Salope » ou à Nan, une vieille que l'on dit folle depuis le départ d'un mystérieux petit garçon qu'elle avait recueilli.</p>
<p>La narratrice et Lambert finiront par deviner l'innommable lien qui unit malgré eux ces personnages et quelques autres...</p>
<p>« Les déferlantes » est un roman gris. Comme le ciel et la mer qui lui servent de décor, comme les humeurs et les âmes des habitants des lieux. Le lecteur chemine avec des personnages abîmés et consistants, en parfaite harmonie avec un décor et une atmosphère parfaitement rendus, comme le montre ce petit moment de chaleur.</p>
<blockquote><p>Lili a fait cuire des légumes, un plein faitout, avec du lard en morceaux et du gras de saucisse. Elle aimait ça, la communion des hommes, chez elle, dans son bistrot. Le partage. Cette atmosphère de chaleur particulière quand le fatigue gagnait, que les hommes s'assoupissaient et qu'ils continuaient de parler pour ne pas s'endormir. »</p>
</blockquote>
<p>Mais hélas, cette œuvre est aussi pleine de défauts. Le style haché et sans élégance est désagréable, l'histoire se traîne en des détails multiples et inutiles, sans parler des tics et tournures de phrases qui se répètent à l'envi. Le risque est du reste très élevé que le lecteur perce trop tôt le mystère et s'irrite de voir l'auteur égrener les indices d'une énigme qui, pour lui, n'en est plus une.</p>
<p>Dommage.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Deferlantes_m.jpg" alt="Deferlantes.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Deferlantes.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Les déferlantes, Claudie Gallay, littérature française, éditions du Rouergue, 525 pages, 21,50 euros. Notre note : 3/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290024872/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290024872&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290024872" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/18/257-les-deferlantes-claudie-gallay#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/237A Mélie, sans mélo - Barbara Constantineurn:md5:de32cdf58ce3e6d082adee9dbd762cb72008-10-12T11:47:00+00:002018-10-17T17:30:53+00:00BernardLa viecampagneFrancehumoursentimentalvillage<p>Il y a des romans dans lesquels vous entrez détendus, sereins.</p>
<p>Et dont vous ressortez avec les cheveux en pétard et de la fumée qui sort des oreilles.</p>
<p>Le nouveau bolide de Barbara Constantine met en scène Mélie, 72 printemps, veuve de Fernand. Mais ce n'est pas trop grave.</p> <blockquote><p>C'est qu'il lui a fait un très beau cadeau, le pauvre Fernand. Sans le vouloir, bien sûr, mais quand même... Celui de mourir pile au moment où elle a pris sa retraite. Un vrai cadeau bonus ! »</p>
</blockquote>
<p>Mélie vit à la campagne. En ce début d'été, elle devrait se morfondre d'inquiétude, devant les résultats de ses analyses, qui ne sont pas très bons. Mais non.</p>
<blockquote><p>Elle qui considère la curiosité comme une nécessité vitale, elle se fout de savoir le nom, la forme et le lieu où s'est peut-être installée cette chose. Si chose il y a évidemment. »</p>
</blockquote>
<p>Mélie préfère se concentrer sur la grande joie qui l'attend.</p>
<blockquote><p>Elle n'a envie que de penser à Clara, sa petite fille. C'est la première fois que Fanette la laisse ici toutes les vacances. Elle ne veut pas en perdre une miette. »</p>
</blockquote>
<p>Et elle n'en perdra rien. Mélie va dévoiler son monde à sa petite fille, qui en redemande. Avec Mélie et ses amis, Clara va apprendre qu'il y a des abeilles alcooliques, qu'une chatte peut parfaitement s'appeler Léon, qu'on peut observer des heures une araignée qui tisse sa toile, qu'on peut tout aussi bien regarder pousser les bambous. Et savourer des mets étranges.</p>
<blockquote><p>Elles ont préparé des radis et quelques racines de campanules raiponces, une salade de jardin mélangée à des feuilles de plantain et d'herbe de Saint-Jean, et une petite fricassée de racines de bardane. »</p>
</blockquote>
<p>Avec Clara, Mélie va vivre un été intense. Parce que c'est peut-être le dernier. Et peut-être pas.</p>
<p>A nouveau, Barbara Constantine livre un roman propulsé à l'uranium. Les personnages rentrent par la fenêtre et vivent, bougent et se cognent, pètent et se brûlent, s'aiment et se quittent, rêvent et découvrent. Grands, petits, beaux ou moches, tous ont ce petit grain de folie et cette façon bien à eux de laisser couler la vie, sans jamais lui faire barrage.</p>
<p>Un roman qui se déguste comme un bon dessert, sucré, ça oui, mais bourré de fantaisie, et qui ne vous donne qu'une envie, toute simple : vivre.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Amelie_m.jpg" alt="Amelie.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Amelie.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>A Mélie sans mélo, Barbara Constantine, Calmann-Lévy, 244 pages, 14,90 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253129054/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253129054&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253129054" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/256-trois-questions-barbara-constantine-l-interview-du-blog-des-livres">Trois questions à... Barbara Constantine</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/12/255-a-melie-sans-melo-barbara-constantine#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/235Trois questions à... Barbara Constantine - L'interview du Blog des livresurn:md5:738de083c186f23175ef2a04db38cb052008-10-12T10:08:00+00:002023-01-07T20:54:28+00:00Bernard3 questions à...interviewécrivain<p>Ce fut un moment de chaleur, un moment « cosy ». <a href="http://www.livreshebdo.fr/weblog/webLogText.aspx?id=15">L'éditeur</a> de Barbara Constantine a reçu, dans son salon tapissé de livres des quatre coins du monde, quelques joyeux blogueurs littéraires, dont notre modeste maison.</p> <p>Une occasion rêvée de parler, avec Barbara Constantine, de son dernier roman, « <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/255-a-melie-sans-melo-barbara-constantine">A Mélie, sans mélo</a> », mais aussi de son premier ouvrage, « <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/02/02/49-allumer-le-chat-barbara-constantine">Allumer le chat</a> » Un moment très littéraire, ouvert, cultivé, simple et chaleureux, comme l'auteur, à qui nous avons posé trois petites questions, à lire et écouter !<br />
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<img alt="" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/Barbara.jpg" /><br />
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<img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Barbara, après ton premier roman, « Allumer le chat », qui a connu un franc succès, dans quel état d'esprit as-tu écrit le second, « A Mélie, sans mélo » ? Avec angoisse ?</strong><br />
</p>
<p>Cela aurait été trop facile de repartir sur un truc branque comme le premier, mais je ne voulais pas non plus faire un truc totalement dramatique, donc le « sans mélo » était vachement important, par exemple pour moi. Mais je ne voulais pas cette même folie-là. Mais bien sûr que c'était super angoissant parce que pour le premier je n'étais pas attendue. Et là aussi il y a un truc c'est que très souvent, les gens qui ont aimé le premier me disaient : « Alors, à quand la suite ? » Mais je n'avais pas prévu de parler de suite. Par contre si je pense à une trilogie, c'est parce que je voudrais que cela se passe à peu près dans ces milieux-là. Je dis trilogie, mais cela sera peut-être une « quadrilogie. » Mais j'aime bien la campagne et les gens simples.</p>
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<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Barbara.mp3" /></audio>
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><strong style="font-size: calc(var(--html-font-size) * 1.4);">Dans tes deux romans, les personnages sont cabossés, souvent issus de la campagne. Pourquoi ?</strong></p>
<p style="text-align: left;">C'est vrai que quand je vais à la campagne, c'est un plaisir extrême, c'est formidable de rencontrer des gens un peu cabossés, oui. Les gens de la campagne sont secrets, on ne parle pas d'eux, on ne parle pas d'eux dans les journaux, on ne les voit pas à la télé, moi ça me plaît beaucoup. Il y en a qui ne sont pas piqués des vers, d'autres beaucoup moins. C'est aussi tout le plaisir de la rencontre. D'ailleurs, c'est marrant, il y a des gens qui sont discrets sur leur vie et petit à petit tu les découvres, et tu apprends des choses incroyables. Je trouve cela formidable.</p>
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<img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Dans « A Mélie sans mélo », les personnages sont extrêmement positifs. Ils vont dans une direction qui donne de la joie, non ?</strong><br />
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Ca oui, j'aime bien donner de la joie. J'aime en avoir en moi en écrivant, mais aussi, peut-être, pouvoir la communiquer, c'est sûr. Mais en même temps, l'histoire que je raconte dure les deux mois de vacances, cela veut dire qu'on ne sait pas ce qui va se passer par la suite. C'est vrai qu'il y a de la joie, des amours qui se créent, mais cela s'arrêtera peut-être en septembre. C'est voulu : je ne voulais pas tomber dans le « tout est beau », même si la tendance est quand même celle-là. La joie ça m'intéresse !</p>
<p style="text-align: left;"> </p>
</div>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/12/256-trois-questions-barbara-constantine-l-interview-du-blog-des-livres#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/236Le fait du prince - Amélie Nothomburn:md5:8409037ca03e415aacb901d74dd180962008-10-06T10:01:00+00:002018-10-17T17:31:52+00:00AnneLa vieAmélie Nothombimposture<p>Oserais-je comparer cet Amélie Nothomb à un feuilleton de Julie Lescaut sur la Une ?</p>
<p>J’en sors dans le même état d’esprit : je m’y suis plongée par habitude - un par an - je l’ai continué pour connaître la fin. Et pas plus tard que le lendemain, je me suis surprise à me demander comment diable ce livre se terminait. Plus moyen de me rappeler l'épilogue...</p> <p>Baptiste Bordave, notre héros, (mais peut-on vraiment parler de « héros » dans les romans de Nothomb ?) voit sa vie enfin commencer le jour où un inconnu sonne à sa porte pour demander de l’aide, et s’écroule mort dans son salon.</p>
<p>C’est le tremplin qu’utilise Nothomb pour nous faire entrer dans son univers surréaliste : plutôt que d’appeler les secours, Baptiste, qui se trouve une ressemblance physique avec le défunt, décide de changer de vie.</p>
<p>Il prend la BMW du quidam, dont il a découvert l’identité suédoise, file à son domicile à Versailles et s’installe dans sa vie et sa villa, auprès d’une épouse qui ne pose pas de questions et se nourrit au champagne.</p>
<p>Commence alors une vie oisive, composée de siestes béates et de bains paresseux.</p>
<p>Le célèbre style Nothomb est de la partie, drôle et imagé...</p>
<blockquote><p>Je me laissai ramollir dans l’eau chaude. J’étais heureux comme un champignon séché mis à tremper dans du bouillon : retrouver mon volume d’antan était délectable. J’ai toujours eu pitié des légumes lyophilisés : à quelle vie prétendre quand on a perdu son humidité. Sur le paquet, on affirme que le produit sec a conservé toutes ses propriétés : si on interrogeait le végétal cartonneux, nul doute que son opinion divergerait. L’imputrescibilité, quel ennui ! »</p>
</blockquote>
<p>Mais quand même tellement vrai...</p>
<blockquote><p>Les continents possèdent une ligne de partage des eaux, lieu mystérieux à partir duquel les fleuves décident de couler vers l’est ou l’ouest, le nord ou le sud. Le corps humain possède une ligne de partage du champagne, géographie encore plus mystérieuse, à partir de laquelle le vin doré cesse de couler vers l’intelligence pour refluer en direction du grand n’importe quoi. »</p>
</blockquote>
<p>Malgré les apparences, notre homme se pose des questions sur l’incongruité de sa situation. Il rassemble des renseignements sur la vie de son « hôte ». La réalité finira par le rattraper. Arrivera-t-il à préserver sa nouvelle vie ?</p>
<p>Je vous laisse découvrir la suite car... euh je ne m'en souviens plus trop...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Le fait du prince_m.jpg" alt="Le fait du prince.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Le fait du prince.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>Le fait du prince, Amélie Nothomb, 170 pages, 15,9 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253129526/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253129526&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253129526" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/06/254-le-fait-du-prince-amelie-nothomb#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/234La déclaration : l'histoire d'Anna - Gemma Malleyurn:md5:f3638e0154489aa36df58ccd1261c6c32008-10-03T09:37:00+00:002018-10-17T17:32:11+00:00MartinRoulez jeunesse !dictatureenfancescience-fiction<p>Nous sommes en 2140. La civilisation humaine a fait un grand progrès : des scientifiques ont découvert l'immortalité. Quiconque suit un traitement spécifique devient immortel. Ils appellent ça la Longévité.</p>
<p>Mais un énorme problème de société survint alors : la terre devint surpeuplée.</p> <p>Les autorités instaurèrent donc une déclaration. Les gens qui la signent bénéficient de la Longévité mais s'engagent aussi à ne pas avoir d'enfants.</p>
<p>Evidemment, beaucoup ne respectent pas la loi, et des enfants qui ne doivent pas exister sont nés. Pour contrer cela, des forces de police aux pratiques terrifiantes appelées « rabatteurs » ont été mises en place afin de retrouver ces enfants - que souvent les parents cachent - et les enferment dans des foyers de correction où ils sont traités comme des esclaves.</p>
<p>Notre héroïne s'appelle Anna, une surplus que les rabatteurs ont trouvé peu après sa naissance. Elle réside dans le foyer de correction de Grange Hall, et s'apprête à devenir un « bon élément » car elle est soumise et hait ses parents de l'avoir mise au monde.</p>
<p>Mais Peter, un nouveau surplus fait son entrée au foyer. Son but : s'évader, avec Anna. Car ce garçon a été élevé dans une organisation secrète de lutte contre la déclaration appelée « réseau souterrain ».</p>
<p>Alors que jusque là, les autorités nous avaient été présentées comme invincibles, organisées et justes par Anna, Peter va instiller le doute dans l'esprit de la jeune fille.</p>
<p>Un grand dilemme déchire alors à Anna : suivre Peter, cet inconnu, qui lui promet la liberté, ou continuer à suivre calmement sa routine, mais en esclave ?</p>
<p>En lisant ce roman, je suis passé par trois stades différents.</p>
<p>D’abord, une partie agréable, la découverte. On plonge dans un nouvel univers et on se laisse guider par l'auteur.</p>
<p>A ce sentiment succède, au fil des pages, une impression de « déjà lu » car cette histoire me rappelle étrangement <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield">« Uglies »</a> de Scott westerfield.</p>
<p>Heureusement, arrive la troisième partie, où le récit suit enfin son destin propre avec une fin très prenante.</p>
<p>Autre point négatif : des longueurs et une violence inutile.</p>
<blockquote><p>Tu seras envoyée en Isolement. »</p>
<p>
« Et battue », ajouta la directrice en s'avançant vers Anna, le visage parfaitement impassible. Anna, j'ai entendu ta proposition de corriger Tania toi-même. Je t'en saurai gré.</p>
<p>
Anna considéra Mrs Pincent d'un air indécis. On ne lui avait jamais demandé de frapper un surplus. Les surplus n'étaient pas censés lever la main sur qui que ce soit (...)</p>
<p>
« Immédiatement » insista Mrs Pincent (...)</p>
<p>
Anna fit un pas hésitant en direction de Tania, qui la regardait avec appréhension.</p>
<p>
« Frappe-la, ordonna Mrs Pincent en s'avançant. Fais-lui prendre conscience de ses fautes. Aide-la à tirer la leçon de ses erreurs et à comprendre ce que signifie son statut de surplus. Fais-lui comprendre qu'elle n'est qu'un fardeau indésirable ; que chacun de ses pas le long de ces couloirs est un pas volé. Fais-lui comprendre qu'elle est inutile, que personne ne la pleurera si elle meurt et que, débarrassé de sa présence violatrice, le monde s'en portera même un peu mieux. »</p>
</blockquote>
<p>Un livre avec défauts, donc, mais qui m’a offert une réelle évasion, et dont je vous recommande la couverture, pleine de subtiles références au contenu du roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Declaration_m.jpg" alt="Declaration.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Declaration.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>La déclaration : l'histoire d'Anna, Gemma Malley, traduit de l'anglais par Nathalie Perrony, 315 pages, 15 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2350211223/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2350211223&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2350211223" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/03/253-la-declaration-l-histoire-d-anna-gemma-malley#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/233Un lieu incertain - Fred Vargasurn:md5:9a5126f1d34ae0bba79782c0e8caeed12008-09-30T08:54:00+00:002018-10-17T17:32:24+00:00BernardL'aventureenquêteFred VargasSerbiesuspensevampires<p>Beaucoup d'auteurs tentent d'amuser le lecteur tout en l'instruisant. Fred Vargas, elle, l'amuse en le divertissant !</p> <p>Déjà, elle attaque son dernier roman, « Un lieu incertain » en mettant aux prises le commissaire Adamsberg et son voisin espagnol avec une chatte en difficulté...</p>
<blockquote><p>- Elle n'en a sorti que trois. Un est mort et deux autres sont encore coincés, j'ai senti les têtes. Moi je pousse en massant et toi, tu extirpes. Gaffe, ne va pas serrer comme une brute quand tu les sors. Une chaton, ça te craque entre les doigts comme un biscuit sec. »</p>
</blockquote>
<p>Importance de cette scène dans l'histoire ? Aucune. C'est juste pour donner au lecteur un sourire qui ne le quittera plus.</p>
<p>A peine remis de cette émotion, le commissaire s'en va faire un petit tour à Londres avec deux de ses limiers, Danglard et Estalère pour assister à un congrès. Un voyage de tout repos. Jusqu'à ce que le policier tombe sur une rangée de vieille chaussures. Rien d'extraordinaire. Sauf que les pieds sont toujours dedans...</p>
<blockquote><p>L'odeur était pestilentielle, la scène choquante, et Adamsberg lui-même se raidit. Des chaussures craquelées, lacets défaits, émergeaient des chevilles décomposées, laissant voir les chairs sombres et les teintes blanches des tibias coupés net. »</p>
</blockquote>
<p>De retour à Paris, le commissaire est appelé à Garches, sur une autre lieu de crime, plus sordide encore.</p>
<blockquote><p>Il se trouvait face à des tapis trempés de sang, semés d'entrailles et d'éclats d'ossements, entre quatre murs maculés d'éléments organiques. Comme si le corps du vieil homme avait éclaté. Le plus repoussant était sans doute les petits paquets de chair déposés sur la laque noire du grand piano, abandonnés comme des déchets sur l'étal. Du sang avait coulé sur les touches. Le mot manquait pour définir un homme qui réduisait le corps d'un autre en charpie. Le terme de tueur était insuffisant et dérisoire. »</p>
</blockquote>
<p>L'enquête du commissaire démarre laborieusement. D'autant plus que des devoirs sont consciencieusement sabotés, par un membre de l'équipe d'Adamsberg. Peu de temps après, un second crime est commis, à Vienne, copie conforme de celui de Garches. La victime ? Un certain Plögener.</p>
<p>Bon sang mais c'est bien sûr ! Le commissaire s'aperçoit que la première victime est le petit-fils d'un certain Plog. Il fait le rapprochement avec Plögener... Et flaire une vendetta. Pour en avoir le coeur net, il part à Kiseljevo, en Serbie, berceau de la famille « Plog », afin d'élucider les raisons de cette extermination.</p>
<p>Je vous laisse effectuer le voyage avec le commissaire.</p>
<p>Soyez rassurés : Fred Vargas chouchoute le lecteur comme peu d'écrivains. L'écriture est fine, équilibrée et sans artifice, l'humour est omniprésent, les personnages sont amenés avec beaucoup de finesse, et, surtout, l'intrigue ne connaît aucune faille. Impossible de déceler le coupable avec certitude.</p>
<p>Je vous laisse avec cette jolie méditation de l'attachant commissaire :</p>
<blockquote><p>Il est juste, songea-t-il, que ce n'est pas la qualité qui génère le plaisir pur mais le bien-être non escompté, quels qu'en soient les composants. »</p>
</blockquote>
<p>Je vous souhaite des plaisirs aussi inattendus que le dénouement d'un roman de Vargas !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Un lieu incertain.jpg" alt="Un lieu incertain" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un lieu incertain, Fred Vargas, Viviane Hamy, 385 pages, 18 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290023507/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290023507&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290023507" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/09/30/252-un-lieu-incertain-fred-vargas#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/232La Réserve - Russell Banksurn:md5:87933385e96868b337b44b44866fc74c2008-09-26T09:13:00+00:002018-10-18T10:13:04+00:00BernardL'amourcrimemontagne<p>Russell Banks m'a fait très peur. J'ai vraiment cru qu'il avait raté son roman.</p> <p>Pensez-donc : la banale histoire d'un quadragénaire, qui s'éprend d'une femme de 10 ans sa cadette, j'aurais pu y penser aussi.</p>
<p>Et pourtant, sous la plume de cet auteur de génie, même une intrigue d'apparence rabâchée peut prendre un élan inattendu.</p>
<p>Jordan a quarante ans et tout pour être heureux. Ce bel homme est un peintre renommé, marié à la délicieuse Alicia, qui lui a donné deux enfants.</p>
<p>Un soir, Jordan pose son hydravion dans La Réserve, un petit coin de paradis situé dans la chaîne de montagne des Adirondacks.</p>
<blockquote><p>Au bord du lac, on voyait les contours en bronze des nuages se changer en or fondu. Si l'on tournait le dos au ciel et à l'étendue d'eau, on pouvait contempler avec admiration la manière dont les forêts de pins et d'épicéas, sur les pentes, passeraient, dans l'éclat déclinant de la lumière des montagnes, du bleu-vert au rose, puis du rose au lavande. »</p>
</blockquote>
<p>Un décor si joli qu'une poignée d'Américains fortunés en ont fait l'acquisition. Jordan rend visite à l'un d'entre eux, le docteur Cole. C'est là qu'il rencontre la sirupeuse Vanessa, fille adoptive du médecin.</p>
<blockquote><p>Une beauté de classe mondiale et qui le sait, pensa-t-il. Elle ne peut être que source d'ennuis. »</p>
</blockquote>
<p>Jordan tient à son couple, à son image d'homme épanoui. Et ne craque pas. Pas tout de suite.</p>
<p>Les riches sont riches. La Réserve est radieuse. Et Jordan est fidèle. Bref, tout est à sa place dans ce petit monde féru de conservatisme.</p>
<p>Jusqu'au moment où décède le docteur Cole. Et tout bascule. Lors des funérailles, Vanessa laisse entendre que son père adoptif a abusé d'elle. Humiliée, l'épouse du docteur, Evelyn, veut faire interner sa fille, qui, prise de panique, enferme sa mère dans une cabane de la Réserve. Sa mère s'empare alors d'un fusil, mais le coup part par accident, sous les yeux de Vanessa, mais aussi de Jordan, et d'Hubert, un gardien de la Réserve, complice, malgré lui, de l'homicide involontaire.</p>
<blockquote><p>Frappés d'horreur, ils virent le fusil à la détente ultrasensible tomber dans l'espace qui les séparait de la mère de Vanessa. La crosse heurta le sol la première, et les coups partirent. Les deux canons se vidèrent presque simultanément dans la poitrine d'Evelyn. L'impact fut si fort que son petit corps fut soufflé vers l'arrière de toute sa longueur et jeté par terre en un tas désarticulé d'où dépassaient des bras et des jambes. »</p>
</blockquote>
<p>Comment nos héros vont-ils se tirer de ce pétrin ? En enterrant cet encombrant cadavre, ou en dévoilant tout au shérif, au risque de finir leurs jours en prison ? Je vous le laisse découvrir.</p>
<p>Car au fond, cette intrigue, honnête sans plus, n'est pas le clou du roman. Ce qui est spectaculaire, c'est la manière dont cette histoire est bâtie, la façon dont elle prend sa source, à la manière d'un ruisseau trop tranquille, pour gagner en épaisseur avec une impressionnante régularité, et finalement sortir de son lit et dévaster plusieurs vies.</p>
<p>Dans son cours sinueux puis incontrôlé, le récit charrie des moments intenses, dit la fragilité des hommes et des couples et ballotte des personnages si petits. Avec une psychologie profonde et éclairée, avec une écriture simple mais juste et esthétique, avec des descriptions enchanteresses, Russell Banks suit le cours de son histoire et ne s'en écarte pas une seconde.</p>
<p>Non, Russell Banks ne ratera pas un roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Reserve.jpg" alt="La Réserve" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La Réserve, Russell Banks, traduit de l'américain par Pierre Furlan, Actes Sud, 380 pages, 23 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742785582/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742785582&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742785582" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/01/22/35-american-darling-russel-banks">American Darling</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/09/26/251-la-reserve-russell-banks#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/231Les aventures de ce fabuleux vagin - Moïra Sauvageurn:md5:0ffeafc1c66c92090181f25cc90c620b2008-09-21T19:41:00+00:002018-10-18T10:13:13+00:00BernardLa vie<p>Vagin. Un mot tabou, dont on préfère les synonymes plus grivois, légers, familiers ou humoristiques. Dans son livre, Moïra Sauvage ne tourne pas autour du mot : elle l'utilise au moins cinq fois par page !</p> <p>Et pour cause : elle consacre un ouvrage entier à la pièce de théâtre d'Eve Ensler, « Les monologues du vagin ». Mais au fait, c'est quoi, ces monologues ?</p>
<blockquote><p>Une quinzaine de petits textes qui font comprendre comment les femmes vivent leur intimité et libèrent leur parole. Ils posent des questions gênantes : pourquoi cette partie si importante du corps des femmes est-elle taboue au point que son nom soit imprononçable ? Pourquoi le plaisir féminin est-il si mal compris, quand il n'est pas, dans certaines cultures, carrément nié ? Pourquoi la violence envers les femmes passe-t-elle si souvent par la sexualité ? »</p>
</blockquote>
<p>L'idée de la pièce a germé dans l'esprit d'Eve Ensler, une dramaturge américaine victime de violences sexuelles dans son enfance. Qui a, elle aussi, constaté l'impopularité du mot de cinq lettres.</p>
<blockquote><p>Essayez de le dire pendant que vous faite l'amour – "Chéri, caresse-moi le vagin !" – vous foutez tout par terre, tout de suite. »</p>
</blockquote>
<p>Manifestement, l'auteur a touché... un point sensible : la pièce a connu un énorme succès, au point de conquérir les petites et grandes scènes du monde entier. Ce succès est en grande partie dû à l'idée géniale d'Eve Ensler et de quelques-unes de ses amies, qui décident, en 1997, de faire jouer le spectacle par des personnalités. Le 17 février 1998, au Hammerstein Ballroom de Manhattan, Glenn Close, Whoopi Goldberg, Susan Sarandon, Winona Ryder et Calista Flockhart (Ally Mac Beal), donnent la première représentation, pour collecter des fonds pour les femmes victimes de violence.</p>
<p>Un véritable mouvement naît, et, de New York à Paris, de Haïti au Caire et de Pékin à Kaboul, les stars locales défendent le texte, parfois au péril de leur vie, pour faire progresser la cause des femmes blessées.</p>
<p>Un raz de marée qui ne recueille pourtant pas que des ovations...</p>
<p>Trop américaine, la pièce ?</p>
<blockquote><p>Ce qui est considéré en Europe comme trop américain, c'est surtout cet enthousiasme, cette conviction que l'on va changer le monde simplement parce qu'on l'a décidé, symbole à nos yeux de l'immaturité de ce jeune pays. »</p>
</blockquote>
<p>Trop féministe ?</p>
<blockquote><p>En France, une philosophe comme Elisabeth Badinter craignait que des campagnes ciblant les violences faites aux femmes nient la violence qui existe dans les femmes elles-mêmes, comme en chaque être humain. »</p>
</blockquote>
<p>« Les aventures de ce fabuleux vagin » est un ouvrage riche, intéressant et honnête. Du journalisme courageux, car l'auteur dit son admiration pour Eve Ensler, qu'elle a rencontrée, tout en restant parfaitement objective et rigoureuse dans le traitement de ses informations. Ceux qui veulent mieux comprendre la célèbre pièce trouveront dans cet ouvrage de qualité réponse à toutes leurs questions, et, peut-être, l'envie de participer à ce combat, hélas, loin d'être gagné.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Ensler.jpg" alt="Les aventures" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les aventures de ce fabuleux Vagin. Comment la pièce d'Eve Ensler fait reculer les violences contre les femmes, Calmann-Levy, 239 pages, 19 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2702138675/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2702138675&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2702138675" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/09/21/250-les-aventures-de-ce-fabuleux-vagin-moira-sauvage#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/230Mille soleils splendides - Kahled Hosseiniurn:md5:d25b417ad564f4f96e9d16c469a183922008-08-10T19:03:00+00:002018-10-18T10:13:21+00:00AmbreLe lointainmariagemoyen-orientsentimental<p>Encore une nouvelle plume sur le Blog des livres. Ambre nous rejoint. Elle a lu pour nous le dernier roman de Kahled Hosseini. Bienvenue, Ambre !</p> <p>Il y a des livres qu'on continue à lire alors que la rage nous prend. Il y a pages qui se tournent encore alors que coulent les larmes.</p>
<p>Petite fille, Mariam, vit avec Nana, sa maman loin de la ville, Kaboul et loin du regard des autres. Toutes deux ont été placées là afin de cacher au mieux cette faute, commise quelques années plus tôt, par son père et sa mère. Nana était alors servante et Jalil l'homme de la maison... Marié a trois femmes, il n'a pas eu le courage d'assumer cette union et cette nouvelle paternité.</p>
<p>Mais aux yeux de Mariam, Jalil est un père aimant qui la couvre de présents, d'histoires aux paysages merveilleux, il est le sourire sur sa mine d'enfant.</p>
<blockquote><p>Quelle idiote tu fais! Tu crois qu'il tient à toi et que tu seras la bienvenue chez lui ? Tu crois qu'il te considère comme sa fille ? Qu'il va t'accueillir dans sa maison ? Laisse-moi te dire une chose : le cœur d'un homme n'est jamais beau à voir, Mariam. Ce n'est pas comme le ventre d'une femme. Il ne saigne pas, il ne s'élargit pas pour te faire de la place. Je suis la seule à t'aimer. Tu n'as que moi au monde, Mariam, et quand je serai partie tu n'auras plus rien. Plus rien, tu m'entends ? D'ailleurs, toi-même tu n'es rien, ma fille ! »</p>
</blockquote>
<p>Quinze années passent et Mariam se retrouve à Kaboul, à des kilomètres de son enfance... Elle vit au côté d'un homme misogyne et violent, Rachid. Elle voudrait l'adoucir, lui donner un enfant, mais elle n'y parvient pas.</p>
<p>La guerre, les Russes, les temps changent...</p>
<p>Les gens fuient le conflit mais il en est qui restent jusqu'au dernier moment... C'est le cas de Laila, qui vit dans la même rue que Rachid et Mariam. Elle a 14 ans lorsqu'elle perd ses parents. Seule, elle porte le fruit de son amour, Tariq.</p>
<p>Rachid veut un garçon. Elle cherche un endroit où survivre... Il l'épouse et se glisse dans son lit. La jalousie emporte alors Mariam.</p>
<blockquote><p>Je ne t'aurai jamais nourrie, lavée et soignée si j'avais su que tu en profiterais pour me voler mon mari. »</p>
</blockquote>
<p>Mais entre ces deux femmes commence une histoire, débute une aventure, une course, une échappatoire à cette vie dans l'ombre, cette vie de soumission et de torture...</p>
<blockquote><p>« Nous partirons au printemps, Aziza et moi. Viens avec nous Mariam. » Les années ne s'étaient pas montrées tendres envers elle. Mais peut-être les suivantes seraient-elles plus clémentes...</p>
</blockquote>
<p>Après « Les cerfs-volants de Kaboul », Khaled Hosseini livre un nouveau roman poignant. Sa douce écriture réussit à nouveau à faire vivre des paysages magnifiques, à faire naître des odeurs et à rendre des couleurs. Mais il dépeint hélas aussi la triste réalité des femmes qui portent le voile et qui baissent les yeux...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mille soleils.jpg" alt="Mille soleils splendides" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mille soleils splendides, Kahled Hosseini, Belfond, 400 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264049065/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264049065&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264049065" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/08/10/249-mille-soleils-splendides-kahled-hosseini#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/229Le Montespan - Jean Teuléurn:md5:6a8840c5c94fd1797f2403f39deaa8452008-08-06T07:42:00+00:002018-10-18T10:13:28+00:00BernardLe passéhistoirehumourrois de France<p>En route pour une petite balade sous les jupons de l'histoire.</p> <p>Dans « Le Montespan », Jean Teulé raconte le combat de Louis-Henry de Pardaillan, marquis de Montespan, pour récupérer sa belle.</p>
<p>Le et la Montespan avaient pourtant tout pour être heureux. Juste après leur mariage, ils vivaient d'humour et d'eau fraîche. Il faut dire que le Montespan avait les mots pour le dire.</p>
<blockquote><p>Je sens bien que je t'aime plus que tout le monde n'a coutume d'aimer, mais je ne saurais te le dire comme tout le monde le dirait. Je suis au désespoir que toutes les déclarations d'amour se ressemblent. »</p>
</blockquote>
<p>La belle Françoise lui donne deux enfants. Le rêve. Sauf que le marquis se trouve un défaut : les deniers lui manquent un peu, qui lui permettraient d'assurer le bonheur matériel de la belle. Aussi s'endette-t-il pour lever des armées et les emmener guerroyer aux quatre coins du royaume, espérant une reconnaissance sonnante et trébuchante de sa majesté Louis XIV. Sans succès.</p>
<p>Ses déconvenues, ses absences et l'indigence commencent à lasser sa dulcinée, qui fréquente la cour, et porte des tenues de plus en plus légères, ce qui n'échappe pas à la domestique familiale...</p>
<blockquote><p>Faire montre de son sein publie que la bête est à louer. »</p>
</blockquote>
<p>La Montespan tombe enceinte, mais cette fois, les dates la trahissent. Elle avoue son aventure avec... Louis XIV.</p>
<blockquote><p>Louis-Henry, je t'avais dit de ne pas me laisser près du roi. On ne peut rien refuser à sa majesté. »</p>
</blockquote>
<p>Le marquis multiplie alors les initiatives pour nuire au monarque : il claironne sa déconvenue au point de faire placer des cornes au sommet de son carrosse, alerte le clergé, refuse avec arrogance les dédommagement financiers du roi, pénètre à deux reprises au château, dont une fois pour violer la reine en personne, avant de renoncer devant l'ampleur de la tâche...</p>
<blockquote><p>Vous êtes courte sur pattes, regrette le marquis. Il n'aime pas cette peau qu'il trouve... bête. Françoise, elle, oui, sa peau est spirituelle et son cul a de l'esprit, tandis que celui de Marie-Thérèse, quelle désolation ! - Dans les bordels derrière la place de Grève vous ne feriez pas une pistole. »</p>
</blockquote>
<p>Le marquis parviendra-t-il à reconquérir Françoise ? Je vous laisse le soin de le découvrir, mais sachez que ses motivations sont limpides, comme en témoigne cette conversation avec sa cuisinière.</p>
<blockquote><p>- Mais alors, cela ne finira jamais. Pour ce que cela vous aura rapporté. Rien ! Rien ! Rien ! Quels bénéfices ?!</p>
<p>
- Je ne réclame que la gloire de l'avoir aimée.</p>
</blockquote>
<p>« Le Montespan » est un roman drôle et sympathique. A l 'instar du marquis éconduit, il est plein de souffle, d'enthousiasme, de foi, d'humour, d'insolence, aussi. C'est un roman grivois, qui flirte avec la vulgarité en prenant bien soin de n'y jamais sombrer. Jean Teulé n'a d'autre but que de divertir en s'amusant. Je n'ai qu'un conseil à vous donner : vivez une aventure avec ce roman !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Montespan.jpg" alt="Le Montespan" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le Montespan, Jean Teulé, Julliard, 333 pages, 20 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266186744/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266186744&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266186744" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/08/06/248-le-montespan-jean-teule#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/228Je reviens te chercher - Guillaume Mussourn:md5:f9062c303c71ab9403332d6dcc082b0b2008-07-31T09:06:00+00:002018-10-18T10:13:38+00:00AnneLa vieGuillaume Mussomariagesentimental<p>Est-ce qu'il est tabou de dire qu'il y a des romans pour filles ? S'il y en a un, je le brise : « Je reviens te chercher » n'est pas un roman masculin !</p> <p>Ethan a 23 ans, un travail sur les chantiers, une fiancée et des copains. Sa vie est toute tracée. C’est un jeune homme intelligent, mais égoïste et terriblement ambitieux.</p>
<p>Une obsession le dévore : échapper à « l’humiliation d’être pauvre ». Sa vie, ses amis, il les méprise. Il pense pouvoir devenir célèbre, mais, pour y arriver, il ne voit qu'un chemin : tout quitter, « maintenant ou jamais ». Alors il disparaît. Marisa, sa fiancée et Jimmy son meilleur ami n’entendront plus parler de lui pendant 15 ans…</p>
<p>Cinq ans plus tard, c’est l’amour de sa vie, Céline, qu’il abandonnera sans ménagement. Les faits lui donnent raison : l’ascension sociale est au rendez-vous. Il devient le psychothérapeute le plus en vue de New York. Il passe ses journées à vendre ses recettes du bonheur selon des principes qu’il ne s'est jamais appliqué à lui-même.</p>
<p>Nous sommes le 31 octobre 2007, Ethan a 38 ans. La journée la plus étrange de sa vie commence…</p>
<blockquote><p>A cet instant, rien n’a encore débuté de cet étrange voyage qui va le mener au cœur du mystère et de la souffrance. Un pèlerinage secret et solitaire qui va à la fois le broyer et le faire renaître, mais aussi le confronter à ses plus grandes peurs, ses regrets les plus profonds, ses espérances les plus folles. »</p>
</blockquote>
<p>Ce 31 octobre, Ethan se réveille en partie amnésique. Il revoit Céline, son amour abandonné, mais elle se marie… avec un autre. Il provoque aussi le suicide de Jessie, une ado désespérée.</p>
<p>Et à minuit, Ethan meurt, assassiné. Trois balles de révolver.</p>
<p>Pourquoi ? Qui est son assassin ?</p>
<p>Cette journée, il va la revivre à deux reprises. Et essayer de changer le cours du destin. Séduire à nouveau Céline. Empêcher la mort de Jessie. Savoir qui en veut à sa vie. Et si possible, échapper aux balles mortelles.</p>
<p>En toile de fond, un questionnement sur l’existence du destin ou la possibilité de racheter dans une autre vie les fautes commises précédemment.</p>
<blockquote><p>Le destin, ça n’existe pas. Le destin, c’est l’excuse de ceux qui ne veulent pas être responsables de leur vie. La vérité, c’est qu’on ne récolte que ce qu’on a semé. »</p>
</blockquote>
<p>Le récit de Musso est vivant, la forme originale : polices d’écriture très diversifiées (représentations de lettres, de cartes à jouer, de faire-part) Cela donne une impression de fraîcheur et nous surprend à chaque page, surtout dans la première moitié du roman. L’humour est constant. Le mystère et les rebondissements, présents jusqu’au bout.</p>
<p>Grosse frayeur quand même à la fin : j’ai senti venir comme un « happy-end-à-l’eau-de-rose-façon-Barbara-Cartland » Fausse alerte : le dénouement est admirable.
Courez l’acheter les filles… Les filles ? Ah oui, j’oubliais. C’est du sentimental. Admirablement ficelé mais du sentimental quand même. Et vous messieurs, vous aimez ?
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Musso.jpg" alt="Je reviens te chercher" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Je reviens te chercher, Guillaume Musso, éditions XO, 19,9 euros. Notre note : 3/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266210734/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266210734&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266210734" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/31/247-je-reviens-te-chercher-guillaume-musso#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/227Le boulevard périphérique - Henry Bauchauurn:md5:bf907d33ff800912d1885cc1fc6c5ff02008-07-27T19:27:00+00:002018-10-18T10:13:44+00:00BernardL'au-delàguerremaladierésistance<p>Il y a des rêves dont on se souvient, le matin, et qu'on tente de déchiffrer avant qu'ils ne s'évaporent avec leurs enseignements. Il y a des romans si profonds et symboliques qu'ils ont les attributs du songe.</p> <p>Un rêve, c'est d'abord une histoire. Celle du narrateur, qui chaque jour ou presque, parcourt inlassablement le boulevard périphérique pour rejoindre la chambre d'hôpital de Paule, sa belle sœur, qui souffre d'un cancer. Au gré de ses trajets, de ses visites et de ses réflexions, lui reviennent des souvenirs de la guerre.</p>
<p>Il se souvient de Stéphane, un résistant, capable d'escalader comme un lézard les parois rocheuses les plus escarpées, de commettre ses attentats et de fuir comme s'il s'envolait.</p>
<blockquote><p>Stéphane jouait avec l'alpinisme et les attentats. Il pouvait jouer seul au milieu des grands fauves nazis car il ne possédait rien, ni maison, ni biens, ni célébrité. »</p>
</blockquote>
<p>A la fin de la guerre, le narrateur perd Stéphane de vue. Plus tard, il apprend que son ami a été retrouvé mort dans un lac, sans que les circonstances de son décès soient élucidées. Quelques années plus tard, Shadow, un nazi détenu invite le narrateur à la prison et entreprend de lui raconter comment il a rencontré Stéphane, comment il l'a capturé, et comment son ami a quitté ce monde.</p>
<p>Shadow est l'antithèse de Stéphane. Au lieu de s 'alléger dans la souplesse de ses actes, il s'alourdit par la cruauté et la fréquence de ses crimes. La vision du Résistant lui est dès lors insupportable.</p>
<blockquote><p>Je ne haïssais pas Stéphane, mais quelque chose en moi le haïssait. Pourquoi ? A cause de la haine de ce qui s'appesantit pour ce qui s'allège. L'un déborde, se vide, devient de l'air, de la lumière, atteint peut-être le vide nécessaire au dieu. L'autre se durcit, s'alourdit, concentre de la matière dense, de la connaissance toujours plus opaque. »</p>
</blockquote>
<p>Habilement, Henry Bauchau alterne le récit du duel entre Shadow et Stéphane, à l'intensité croissante, avec l'inexorable avancée du cancer de Paule.</p>
<p>Au gré des rebondissements, l'auteur, de 93 ans, nous fait profiter de sa sagesse, sur l'amour...</p>
<blockquote><p>Finalement, l'amour est une lumière, une chaleur, c'est aussi un nœud, un nœud coulant : ne va pas trop vite, ne va pas trop loin, sinon ça va serrer. »</p>
</blockquote>
<p>... ou sur le courage.</p>
<blockquote><p>Pas le courage, on dit cela. Comme si on avait le courage, comme si on le possédait alors qu'il naît quand on a plus le choix, plus d'autre recours. »</p>
</blockquote>
<p>En définitive, « Boulevard périphérique » est un roman difficile. Derrière une narration bien menée, qui le rend lisible jusqu'au bout, se cache une palette de symboles raffinés. Shadow contre Stéphane, par exemple, ce n'est pas le bien contre le mal, c'est plus subtil, car l'auteur ne juge pas, n'accorde pas explicitement plus de valeur à l'un qu'à l'autre. Il entend simplement décrire deux manières de finir, l'une en s'allégeant, l'autre en s'enfonçant.</p>
<p>Ces symboles font la force du roman, mais aussi sa faiblesse. L'auteur les multiplie à l'envi sans qu'il y ait toujours de lien entre eux, ni de rapport avec le récit. L'ouvrage a donc parfois les allures de ces rêves que l'ont sent importants, mais qu'on ne parvient pas tout à fait à élucider...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Bauchau.jpg" alt="Boulevard périphérique" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Boulevard périphérique, Henry Bauchau, Actes Sud, 255 pages, 19,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/27/246-boulevard-peripherique-henry-bauchau#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/226Chaque femme est un roman - Alexandre Jardinurn:md5:62f5a65fd64c26a4ada9113e4b6c9e752008-07-16T17:27:00+00:002018-10-18T10:13:53+00:00BernardL'amourfemmessentimental<p>Vous en connaissez sûrement. Des gens prétentieux que vous ne parvenez pas à détester. Connaissez-vous Alexandre Jardin ?</p> <p>Dans son dernier roman, à l'intitulé alléchant, il entreprend de nous dire son amour de ces dames.</p>
<p>Le roman égrène quelques petites histoires amusantes des femmes de la vie de l'auteur. Amoureuses, amies, maîtresses et, bien sûr, maman, toutes lui ont permis de grandir.</p>
<blockquote><p>Ce sont les femmes, en effet, qui m'ont appris à penser autrement, loin des glissières de sécurité. Les hommes, en revanche, ne sont pas mon genre. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil de ces très courtes histoires, on croise ces phénomènes au féminin. Anne-Sophie-de-la-banque, par exemple, la guichetière qui épie l'auteur et sa famille depuis 1977, grâce à ses relevés de carte bancaire. Denise, aussi, qui envoie des bouquets anonymes aux dames de son quartier que Cupidon s'obstine à bouder. Hatsuyo, qui éconduit Alexandre Jardin sous la couette lorsqu'elle découvre qu'il n'est pas Daniel Pennac. L'auteur croise aussi Lola, qui lui laisse son portable...</p>
<blockquote><p>Et là, stupeur : cette Lola au physique tombé du ciel me laisse <em>effectivement</em> son téléphone portable de prix; au lieu de sa carte de visite. Mais à peine ai-je saisi sa manoeuvre qu'elle s'éclipse du café. Lola a disparu avec ses seins impossibles et j'ai toujours son téléphone à la main. »</p>
</blockquote>
<p>Puis il y a Heidi, la petite suissesse, dont le passe-temps consiste à occire des animaux à la carabine à silencieux, ou Leïla, qui s'invente des péchés innommables qu'elle confesse avec gourmandise dans les églises.</p>
<p>« Chaque femme est un roman » n'est pas... un roman. C'est une suite de petites histoires officiellement vécues, mais dont les personnages sont si trempés, les destins si épiques, qu'on peine à croire que la plume de l'auteur ne les a pas quelque peu fardées.</p>
<p>A la lecture, ce roman agace, car si l'objet est une ode à la femme, entre les lignes, l'auteur dit surtout son amour à Alexandre Jardin et ne se prive pas, du reste, de flatter la lectrice sans la discrétion qui sied à l'exercice. En refermant l'ouvrage, une impression de vacuité s'ajoute à ce désagrément. Puis bizarrement, quelques jours plus tard, ce recueil reste à l'esprit, avec ses gags, ses destins légers et fantaisistes et ses petites et grandes vérités, si bien dites. Comme celle-ci.</p>
<blockquote><p>Si les femmes aspirent volontiers à être aimées comme dans les livres, elles ne veulent en aucun cas que les sentiments soient du roman. »</p>
</blockquote>
<p>Ou encore cette sentence, que je vous livre pour terminer, une phrase si sage alors qu'elle enseigne tout le contraire.</p>
<blockquote><p>Au fond, la satiété tue ce qu'il y a de jeunesse en nous. Et si le bonheur aigu c'était ça ? Ne plus jamais dire non à sa curiosité aux aguets. Faire la guerre aux négations du siècle et sonner la charge contre les désagréments du réalisme. »</p>
</blockquote>
<p>Un bon divertissement, avec un (tout petit) zeste de profondeur.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Jardin.jpg" alt="Chaque femme est un roman" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Chaque femme est un roman, Alexandre Jardin, Grasset, 294 pages, 19,80 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/16/245-chaque-femme-est-un-roman-alexandre-jardin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/225Pretties - Scott Westerfieldurn:md5:c00a9728eb30129d38692c6bfde891822008-05-10T09:15:00+00:002021-11-04T10:50:27+00:00MartinRoulez jeunesse !science-fictionsuspense<p>Et revoici Martin, jeune spécialiste des livres jeunesse, qui nous livre la suite de « Uglies » de Scott Westerfield...</p> <p>Tally est une sublime Pretty. Comme tous ceux de son rang, elle est capricieuse, imbue d'elle-même et elle ne trouve décidément pas de robe à mettre pour la soirée qui s'annonce !</p>
<p>Tally vit dans un nouveau monde : New pretty Town. Un ville où ne sont acceptés que les pretties (ceux qui, anciennement Uglies ont suivi l'opération permettant de devenir parfait). Le planning est simple : l'après-midi, on choisit sa tenue, le soir, on fait la fête, et le matin, on a la gueule de bois. Il faut aussi absolument faire partie d'un « club ». C'est pour ca que Tally se fait accepter dans le club des « crims ». Ce club est le seul où les membres regrettent un peu le temps où ils étaient uglies. Mais juste un peu, sinon c'est « foireux ». Pour eux tout est soit « intense » soit « foireux ». Leur principale activité étant de faire des bêtises carrément « intenses ».</p>
<p>Tally est donc heureuse, elle a réalisé son rêve. Mais sa vie antérieure de rebelle va bien vite la rattraper : Croy, un ancien ami ugly, s'introduit dans une fête où Tally est présente. Commence alors un vrai jeu de piste pour que Tally retrouve la lettre qu'elle s'était écrite à elle-même du temps où elle était ugly, et pour que la mémoire sur son passé lui revienne. Mais ce n'est pas tout : elle sera aussi amenée à tester le remède permettant de guérir les lésions engendrées par l'opération destinée à la rendre pretty.</p>
<blockquote>
<p>- Je pars.</p>
<p>Elle embrassa très vite Peris, puis passa une jambe pas dessus la rambarde</p>
<p>- Tally ! (Il lui agrippa la main) Tu risques d'y rester ! Je ne veux pas te perdre…</p>
<p>Elle se dégagea violemment, et Peris recula, pris de peur. Les Pretties n'aimaient pas les conflits. Les Pretties ne couraient pas de risques. Les Pretties ne disaient jamais non.</p>
<p>Tally avait cessé d'être Pretty.</p>
<p>- Tu m'as déjà perdue, dit-elle.</p>
<p>Et, empoignant sa planche, elle se jeta dans le vide. »</p>
</blockquote>
<p>Dans l'ensemble, le roman est à la hauteur de mes attentes. Suspens, humour et science-fiction sont au rendez-vous. Il se moque gentiment des ados, et parfois à raison, il faut l'admettre... Aucun passage ne m'a paru superflu excepté la fin. La toute fin. J'avais adoré le récit, on sentait le troisième tome venir naturellement, mais il a fallu que l'auteur ajoute une chute inutile et « foireuse », cassant tout mon enthousiasme. Pour la simple raison que Tally se retrouve dans la même situation qu'à la fin du tome un (ou presque). On a l'impression que le tome deux nous a fait tourner en rond, voire même qu'il était carrément inutile...</p>
<p>A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield">la critique de « Uglies »</a>, le premier tome de la trilogie.</p>
<p><img alt="Pretties" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pretties.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em>Pretties, Scott Westerfield, Gallimard jeunesse, 384 pages, 13,5 euros</em><br />
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<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/05/10/243-pretties-scott-westerfield#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/222La nuit dernière au XVème siècle - Didier Van Cauwelaerturn:md5:2b0947bcae2ac3b96532f05a729249612008-05-03T08:53:00+00:002018-10-22T13:48:05+00:00AnneL'au-delàhistoirescience-fictionsentimental<p>L'équipe du Blog des livres s'agrandit ! Anne Catherine se joint à nous pour que ce blog aille bon train (de sénateur). Merci Anne-Catherine de faire vivre ce blog ! Je lui laisse le clavier...</p> <p>D’un côté, un univers de glace : Jean-Luc Talbot et sa petite vie monotone. Froide sa fonction de contrôleur des impôts où il accumule les redressements fiscaux avec un plaisir un peu sadique.</p>
<p>Froide sa relation avec Corinne, avec qui il vit depuis 1 an. Une aventure qui bat de l’aile.</p>
<p>Il n’a rien vraiment réussi dans la vie. Il a provoqué quelques faillites et une tentative de suicide qui lui reste quand même un peu sur la conscience. Sa vie privée passe, de rencontres en ruptures, et il la regarde avec un grand ennui…</p>
<p>Tout cela manque un peu de sel…</p>
<p>Du sel pour faire fondre la glace</p>
<p>Le sel, c’est Marie-Pierre, Maurice, Jonathan, Victor et les autres. Rencontrés au hasard d’un contrôle fiscal.</p>
<p>Hasard ? Tout au long du roman, on se pose la question…</p>
<p>Tout ce petit monde habite un château médiéval restauré et est en contact avec une ribambelle de personnages moyenâgeux. Guillaume, Isabeau, Curtelin et d’autres sont des âmes en peine, prisonnières de leur histoire datant du XVème siècle. Le contact se réalise, parfois dans l'intimité...</p>
<blockquote><p>- Marie-Pierre. Qu’est-ce qu’il m’est arrivé, concrètement, la nuit dernière ?</p>
<p>
- Vous êtes parti au XVème siècle, dans la mémoire d’Isabeau. Concrètement, comme vous dites, elle a reconstitué dans l’astral son époque, le décor de vos amours et le corps de Guillaume- mais à partir de votre matos d’aujourd’hui, si vous voyez ce que je veux dire. C’était de vraies retrouvailles physiques. Quand elle tirait la substance de Guillaume, c’était vous le fournisseur. »</p>
</blockquote>
<p>Pendant tout le roman, vous allez être entraîné d’un monde à l’autre. La glace et le sel. Et vous allez assister à la lente fusion des deux univers jusqu’au résultat final qui fera de Jean-Luc un autre homme.</p>
<p>Qui est Jean-Luc ? Qui est Guillaume ?</p>
<p>Peut-on agir sur le passé ? Et en changeant le passé peut-on modifier l’avenir ? Ce questionnement est constant.</p>
<p>Vous, lecteur, serez un témoin attentif du combat entre l’esprit cartésien de Jean-Luc et les phénomènes paranormaux auxquels il assiste, auxquels il prend part, et puis qu’il provoque…</p>
<blockquote><p>Après m’être passé de l’eau sur la figure, je me dévisage avec insistance dans le miroir. Je me raisonne, je me rassemble, je me réintègre. Je suis Jean-Luc Talbot, né de parents inconnus, je n’ai pas d’autre histoire que celle que je me suis forgée, de foyers d’accueil en fugues, d’études en plans de carrière, de ville en ville au hasard de mes affectations, de femme en femme au gré de leur désaffectations. (…) Marie-Pierre est une manipulatrice qui existe sur le dos des fantômes qu’elle invente, et quant aux prétendues preuves qu’on a mises sur ma route, il y a une explication à tout et je la trouverai. »</p>
</blockquote>
<p>Et Corinne, la compagne du XXIème siècle ? J'ai beaucoup aimé l'évolution de leur relation, c'est même ce que j'ai préféré, dans ce roman.</p>
<p>« La nuit dernière au XVème siècle » se lit facilement, c'est un roman de vacances. Seul bémol : les invraisemblances auxquelles l’auteur est obligé de nous soumettre pour en arriver à la fusion entre le XVème et le XXIème siècle. Je n’ai pu m’empêcher de penser quelquefois : « là, c’est trop !... »</p>
<p>Un peu comme de l’eau trop salée…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/cauwelaert.jpg" alt="Van Cauwelaert" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La nuit dernière au XVème siècle, Didier Van Cauwelaert, Albin Michel, 282 pages, 19 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/05/03/241-didier-van-cauwelaert-la-nuit-derniere-au-xveme-siecle#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/221La consolante - Anna Gavaldaurn:md5:dac448851253602838cbe92b244f3b0a2008-04-24T08:39:00+00:002018-10-22T13:48:15+00:00BernardLa vieAnna GavaldaFrancevillage<p>Le dernier roman d'Anna Gavalda ressemble à un gros gâteau. Sauf qu'il est raté.</p> <p>Il est pourtant de la même pâte que ses prédécesseurs, avec une multitude d'ingrédients de la vie quotidienne, une cuillerée de tendresse, et une pincée de personnages attachants.</p>
<p>L'anti-héros s'appelle Charles Balanda. Il a 47 ans, et est architecte. Sa vie qui s'enlisait bascule lorsqu'il apprend la mort d'Anouk, la mère de son ami d'enfance, Alexis. Une femme qu'il aimait profondément. Et on le comprend.</p>
<blockquote><p>Anouk n'avait pas d'âge car elle n'entrait dans aucune case et se débattait beaucoup trop pour se laisser circonscrire. Elle se comportait comme une enfant, souvent. Se roulait en boule au milieu de leurs Meccano, pouvait rester des jours sans parler, tombait amoureuse n'importe comment, les exaspérait à force de leur demander s'ils la trouvaient belle, non mais... vraiment belle. »</p>
</blockquote>
<p>Ce décès force Charles à revivre son passé, à essayer de comprendre pourquoi il s'est brouillé avec Alexis, pourquoi il s'est éloigné d'Anouk durant des années, et comment elle est morte.</p>
<p>Charles finit par apprendre les causes de son décès, et s'en va rejoindre Alexis, à 500 km de Paris, pour tenter de renouer avec lui. C'est là qu'il fait la connaissance de Kate, une anglaise installée en France, dans la maison voisine de celle Alexis. Ce qu'elle a de spécial ?</p>
<blockquote><p>Un lama, deux mille mètres carrés de toiture, une rivière, cinq enfants, dix chats, six chiens, trois chevaux, un âne, des poules, des canards, une chèvre, des nuées d'hirondelles, plein de cicatrices, une tronçonneuse, une écurie du XVIIIème et deux langues. »</p>
</blockquote>
<p>Notre Charles en tombe éperdument amoureux. Va-t-il abandonner Laurence, son épouse dont il adore la fille de 14 ans, pour rejoindre la ménagerie? Vous le saurez en lisant le dernier Gavalda.</p>
<p>Si vous arrivez jusqu'au bout.</p>
<p>Parce que les obstacles sont très nombreux. D'épouvantables et incompréhensibles tics d'écriture, d'abord, comme cette manie d'omettre le sujet.</p>
<blockquote><p>En prenant son ordinateur, vit que Claire avait essayé de l'appeler plusieurs fois. »</p>
</blockquote>
<p>Ou le fait de répéter un mot après un saut de ligne pour le mettre en emphase.</p>
<blockquote><p>Et elle ?</p>
<p>
Voulait savoir, voulait comprendre pour une fois.</p>
<p>
Comprendre.</p>
</blockquote>
<p>Il faut aussi déplorer des dizaines de paragraphes parfaitement incompréhensibles, ou qu'il faut relire quatre à cinq fois pour identifier le locuteur.</p>
<p>En outre, et c'est plus grave, il faut attendre plus de 300 pages pour retrouver Anna Gavalda. Et là, les tics s'atténuent miraculeusement, et on retrouve son génie à enfermer dans quelque phrases les petites scènes et émotions du quotidien, qui nous parlent et nous touchent. Comme quand elle décrit l'enfance qui s'enfuit.</p>
<blockquote><p>Alors c'était cela, avoir quatorze ans aujourd'hui. C'était être assez lucide pour savoir que tout se négociait en ce bas monde et en même temps assez naïve et tendre pour vouloir continuer à donner la main à deux adultes en même temps, et rester au milieu d'eux, bien au milieu, sans plus sautiller mais en les serrant fort, en les ferrant bien, pour les tenir ensemble, malgré tout. »</p>
</blockquote>
<p>Enfin, Anna Gavalda flirte, pour la première fois, avec le roman Harlequin, où la femme est célibataire et apte à toutes les tâches, mêmes les plus physiques, ne croit plus en l'amour, rencontre un homme, nécessairement féminin et gauche, un homme prêt à envoyer valser sa vie pour la conquérir, sans qu'elle change la sienne d'un iota.</p>
<p>« La consolante » est donc un gâteau très sucré et raté. Raté mais pas brûlé.</p>
<p>Et je ne sais pas vous, mais moi, il m'arrive de prendre un certain plaisir à déguster les morceaux épars d'un cake qui n'a pas la forme qu'il aurait dû, parce que le goût, lui, est préservé. Et ce gâteau là, si raté qu'il soit, m'a donné quelques jolis frissons. Mais j'attends, pour la prochaine fois, une pâtisserie autrement plus raffinée.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Consolante.jpg" alt="La consolante" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
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<br /> <em>La consolante, Anna Gavalda, Le Dilettante, 637 pages, 24,50 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda">Ensemble c'est tout</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2014/01/10/Billie-Anna-Gavalda">Billie</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/24/239-la-consolante-anna-gavalda#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/218Battement d'ailes - Milena Agusurn:md5:c107d3d2b218c8d2c2c69901f8cbc9462008-04-18T09:40:00+00:002018-10-22T13:48:42+00:00BernardL'amourItalievillage<p>Depuis combien de temps votre visage n'a-t-il plus affiché un sourire béat ? Un vrai, un grand, quasiment d'une oreille à l'autre ? Depuis trop longtemps ? Alors j'ai ce qu'il vous faut !</p> <p>Dans « Battements d'aile », Milena Agus nous offre un petit roman poétique, hors du temps, subversif, faussement naïf et hilarant ! Oui, tout cela en même temps.</p>
<p>La narratrice, une jeune fille de 14 ans, conte le destin de sa famille et de deux autres maisonnées plantées sur une colline de Sardaigne, au bord de la mer.</p>
<blockquote><p>Ici, le ciel est transparent, la mer couleur saphir et lapis-lazuli, les falaises de granit or et argent, la végétation riche d'odeurs. Sur la colline, dans les lopins de terre arrachés au maquis, qu'on cultive entre leurs murets de pierre sèche, le printemps resplendit du blanc des fleurs d'amandiers, l'été du rouge des tomates et l'hiver de l'éclat des citrons »</p>
</blockquote>
<p>Dans la plus belle maison, vit Madame. Une personne controversée, car sa demeure bouche l'accès à la mer. Elle pourrait la vendre, et cesser de vivre dans le dénuement, mais elle refuse obstinément, au grand dam des voisins, qui, eux, n'ont pas d'état d'âme.</p>
<blockquote><p>Madame ne comprend pas que des personnes pieuses et bonnes, qui avant de manger prient pour rendre grâce à Dieu de leur repas, ne le remercient pas aussi pour ce morceau de paradis terrestre et qu'elles soient favorables à la construction de cubes en béton avec jardinets à l'anglaise, reliés par des routes carrossables, et tout ça pour de l'argent. Comme si on ne devait pas préserver l'oeuvre du Seigneur même quand cela ne nous arrange pas. »</p>
</blockquote>
<p>Heureusement, Madame est soutenue dans son combat par le grand-père de la narratrice, qui vit à côté de chez elle.</p>
<blockquote><p>Grand père dit que Madame est « l'homme nouveau », l'unique type humain qui pourra survivre à la catastrophe actuelle car elle sait distinguer entre les babioles et ce qui compte dans a vie. Madame doit défendre cet endroit. Et elle le défendra sans violence. Avec sa détermination courtoise. Parce que c'est l'arme du futur. Et le futur, c'est Madame. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le hameau, la vie s'écoule donc au fil des querelles. Outre la maison de Madame, et celle de la jeune narratrice, une troisième maison coule des jours agités. Car l'aîné de cette famille s'en est allé jouer de la trompette à Paris, ce qui déplaît fortement à ses parents, au point qu'ils n'en n'ont soufflé mot à la grand-mère. Le cadet de cette famille bien comme il faut, Pietrino, s'est lui, construit un radeau, et vogue occasionnellement, en cachette, jusqu'à l'île de Serpentara, en face.</p>
<p>Je pourrais vous citer tout le livre, car chaque phrase est une dégustation. L'intelligence de l'auteur, c'est d'avoir adapté son style d'écriture à la simplicité de ses personnages. Mais cette naïveté est trompeuse, elle est juste un voile très doux pour mettre en scène et dénoncer une société progressivement contaminée par l'argent, mais encore enserrée dans des codes rigides sur le mariage, l'argent, et la sexualité convenable. Heureusement, sur ce plan-là aussi, Madame n'est pas traditionnelle !</p>
<p>Je vous souhaite de lire ce roman qui dénonce avec le sourire, et non la violence ou l'apitoiement, comme c'est trop souvent le cas dans la littérature récente !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Battement.jpg" alt="Battement d'ailes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Battement d'ailes, Milena Agus, traduit de l'italien par Dominique Vitroz, éditions Liana Levi, 155 pages, 15 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/05/16/96-mal-de-pierres-milena-agus">Mal de pierres</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/18/237-battement-d-ailes-milena-agus#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/217Les années - Annie Ernauxurn:md5:fd95d3d524bdc02c65c1fe64254910dd2008-04-10T09:09:00+00:002018-10-22T13:48:49+00:00BernardLa viehistoire<p>« Ne vivait-on pas plus heureux hier ? » Voilà la question angoissante avec laquelle me laisse Annie Ernaux. Je ne lui dis pas merci.</p> <p>Ce roman a pourtant l'air inoffensif. L'auteur décrit successivement quelques photos d'elle, puis relate les événements qui l'ont marquée à l'époque, les petits et grands moment de sa vie ces années-là, et ceux qui agitaient le monde.</p>
<blockquote><p>La frénésie qui avait suivi la Libération s'estompait. Tout ce qui constituait la première fois depuis la guerre provoquait la ruée, les bananes, les billets de la Loterie nationale, le feu d'artifice. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des pages et des photos, on vit la guerre d'Algérie « sans ennemi, sans combattant, sans bataille. » On vit mai 68 comme une déflagration, non comme une révolution.</p>
<blockquote><p>Nous nous reconnaissions dans les étudiants à peine plus jeunes que nous balançant des pavés sur les CRS. Ils nous vengeaient de toutes la contention de notre adolescence, du silence respectueux dans les amphis, de la honte à recevoir des garçons en cachette dans les chambres de la cité. C'est en soi-même, dans les désirs brimés, les abattements de la soumission, que résidait l'adhésion aux soirs flambants de Paris. »</p>
</blockquote>
<p>Et l'on se délecte aussi, quand, à chaque époque, l'auteur décrit les produits du quotidien.</p>
<blockquote><p>On découvrait le cru et le flambé, le steak tartare, au poivre, les épices et le ketchup, l'Obao dans la baignoire et le Canigou pour les chiens. »</p>
</blockquote>
<p>Puis le récit s'accélère, sans qu'on sache vraiment si cette poussée est due à l'âge de la narratrice, où à une époque qui a perdu le sens de la lenteur. On passe le cap de l'an 2000. Et avec elle, on déplore ceci.</p>
<blockquote><p>Tout ce qui existe, l'air, le chaud et le froid, l'herbe et les fourmis, la sueur et le ronflement nocturne, était susceptible d'engendrer des marchandises à l'infini. Il était normal que les produits arrivent du monde entier, circulent librement et que les hommes soient refoulés aux frontières. »</p>
</blockquote>
<p>Avec elle aussi, on s'inquiète de ceci.</p>
<blockquote><p>Il y avait de nouveau une envie de servitude et d'obéissance à un chef. »</p>
</blockquote>
<p>« Les années » est un roman original et remarquable. C'est un livre d'histoire d'autant plus agréable et convaincant qu'il ne méprise pas l'anecdote et est bâti par une femme comme les autres, qui a subi bien des combats sans vraiment y prendre part.</p>
<p>On en sort avec une question troublante : pourquoi ressent-on cette dérangeante absence de sens, quand l'auteur décrit notre époque ? Est-ce parce qu'elle est au terme de sa vie, et qu'elle noircit le tableau, ou est-ce parce que, vraiment, nos années sont plus creuses que les siennes ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Ernaux.jpg" alt="Les années" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les années, Annie Ernaux, Gallimard, 242 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/10/235-les-annes-annie-ernaux#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/215Birmane - Christophe Ono-dit-Biot - Prix Interallié 2007urn:md5:66c9ea8d3fac79dc87e6dbedda452f992008-04-06T21:41:00+00:002018-10-22T13:48:56+00:00BernardLe lointaindictatureorientsentimental<p>Vous avez envie d'exotisme, d'aventure et d'évasion ? Oubliez Roissy Charles De Gaulle. Je vous conseille plutôt l'aéroport Ono-dit-Biot, destination: la Birmanie.</p> <p>Dans son dernier roman, l'auteur raconte l'histoire de César, un journaliste raté qui suit, les pieds lourds, sa compagne en ces lointaines contrées. Seulement voilà : elle plante César en rase campagne pour un touriste jeune et sympa.</p>
<blockquote><p>Le genre à avoir hâte que le soir tombe pour chanter Manu Chao a capella avant de tirer son coup avec une routarde à dreadlocks. »</p>
</blockquote>
<p>Chagriné mais pas désespéré, César quitte l'arrière pays et s'envole pour Rangoon, où il est témoin d'un attentat, fomenté par les autorités. La junte entend ainsi décourager les partisans de Wei Wei, une mystérieuse opposante, qui sévit depuis les montagnes en appelant au soulèvement dans des émissions de radio très écoutées.</p>
<p>Sur la scène du drame, César rencontre Julie, une coopérante française dont il tombe follement amoureux.</p>
<p>Mais au lendemain d'une nuit nuit d'amour, la belle disparaît. Une nouvelle fois, César rebondit. Il se pique de retrouver Wei Wei, pour l'interviewer. S'entame alors une longue quête, qui nous emmènera au cœur de campagnes paradisiaques et admirablement décrites, comme ici.</p>
<blockquote><p>Le grand lac de Kengtung était à nos pieds. Les montagnes nous cernaient, en partie couvertes de rizières en terrasses d'un vert éblouissant, ou réverbérant le ciel en miroir quand elles débordaient d'eau. Les poussières qui dansaient dans le soleil, quand nous traversions un bois, s'apparentaient pour moi à la pure métaphore du bonheur. »</p>
</blockquote>
<p>La longue marche de César nous montrera aussi l'autre versant du pays, ses villes décimées par la drogue, la prostitution, le jeu. On découvrira aussi des peuplades aux coutumes singulières, que César découvrira à ses dépens, par exemple en dégustant un plat d'anguilles.</p>
<blockquote><p>Tu sais comment on les attrape ? Les Inthas, les gens du lac, vivent en harmonie avec l'eau. Quand ils meurent, on descend leur cercueil tout au fond. Leur particularité, c'est qu'ils sont percés de petits trous. Attirées par la chair du mort, les jeunes anguilles s'y faufilent, se nourrissent, et sont ensuite trop grosses pour ressortir du cercueil. Il n'y a plus qu'à le remonter et à faire la récolte. »</p>
</blockquote>
<p>Birmane est un roman positif. C'est une belle ode au combat féminin pour la démocratie. L'écriture, précise et élégante, est un modèle de respect du lecteur. Mais on sent un peu trop que l'intrigue, sinueuse et relâchée, n'est que prétexte à nous faire découvrir ce pays que l'auteur semble porter dans son cœur. Dommage que l'histoire et les décors admirables ne se fondent pas mieux, car on tiendrait alors un petit chef d'œuvre, au lieu d'un roman simplement agréable.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Birmane.jpg" alt="Birmane" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Birmane, Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 441 pages, 21 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/06/233-birmane-christophe-ono-dit-biot#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/213Harry Potter (7) et les reliques de la morturn:md5:b25661cf0346efb69f9d118a5f6e03922008-02-09T21:01:00+00:002018-10-22T13:49:07+00:00MartinRoulez jeunesse !Harry Pottermagiescience-fiction<p>Et voici <del>le septième</del> la deuxième et ultime <del>tome</del> critique de l’héroïque histoire de Harry Potter, décortiqué par Martin, 15 ans, notre Potterologue le plus averti !</p> <blockquote><p>Harry avait finalement compris qu’il n’était pas sensé survivre. Il sentit son cœur tambouriner furieusement dans sa poitrine. Il était étrange que, dans sa peur de la mort, il batte d’autant plus vite, le maintenant vaillamment en vie. Mais il allait devoir s’arrêter, et bientôt. Ses pulsations étaient comptées. (…)
La terreur le submergea tandis qu’il demeurait étendu par terre, avec ce tambour funèbre qui battait en lui. Mourir était-il douloureux ? Toutes les fois où il avait cru que c’était la fin mais avait réussi à s’échapper, il n’avait jamais vraiment pensé à la chose elle-même. Sa volonté de vivre avait toujours été beaucoup plus forte que sa peur de la mort. Pourtant, en cet instant, il ne lui venait pas à l’idée d’essayer de s’échapper, de distancer Voldemort. C’était fini, il le savait, et il ne restait plus que le fait en soi : mourir. »</p>
</blockquote>
<p>Beaucoup de passages dans ce Harry Potter 7 sont très émouvants, comme cet extrait-ci. Mais on perd un peu de la magie-humour-suspense propre à la saga de JK Rowling…</p>
<p>Voilà, c’est dit, c’est le seul point négatif que j’ai trouvé dans ce livre ! J’avais entendu beaucoup de critiques disant qu’il était très réussi. Je vais plus loin : pour moi, c’est le meilleur. Et je pense que c’était le leitmotiv de JK Rowling en écrivant ce livre.</p>
<p>Mais pourquoi le 7 est-il vraiment mieux ?</p>
<p><strong>Tout d’abord</strong>, parce qu’il contient (enfin) une fin digne de ce nom !</p>
<p><strong>Ensuite</strong>, parce que tous les personnages vivants ont un rôle, qu’ils soient plus ou moins importants.</p>
<p><strong>Troisièmement</strong> parce que l’organisation de son récit m’a particulièrement impressionné. Ce livre était préparé depuis le début.</p>
<p>JKR fait de nombreuses allusions aux tomes précédents, elle nous remémore des détails, et on se rend compte qu’ils pourraient bien compromettre une fin heureuse.</p>
<p>Si elle n’avait pas su comment se déroulerait le 7, elle n’aurait jamais écrit les autres livres de la même façon. La saga forme maintenant un vrai ensemble indestructible tant les liens entre les tomes sont nombreux.</p>
<p><strong>Quatrièmement</strong>, parce que même si il y a moins d’humour, le suspense, lui, est toujours bien là ! Extrait.</p>
<blockquote><p>Le serpent frappa au moment où Harry brandissait sa baguette qui fut projetée vers le plafond sous la force de la morsure qu’il sentit dans son avant-bras. Sa lumière tournoya à travers la pièce, dans un mouvement à donner le tournis, puis s’éteignit. D’un coup puissant, la queue du reptile l’atteignit au ventre, lui coupant le souffle. Il tomba en arrière, en plein sur la coiffeuse, au milieu du tas de vêtements crasseux. Harry pivota sur le coté, évitant de justesse un nouveau coup de queue qui s’abattit sur la coiffeuse, à l’endroit où il s’était trouvé un instant auparavant. (…) A l’étage inférieur, il entendit la voix d’Hermione appeler :</p>
<p>
- Harry ?</p>
<p>
Il ne parvenait pas à faire entrer suffisamment d’air dans ses poumons pour lui répondre. Une masse lourde et lisse l’écrasa sur le plancher et il la sentit glisser sur lui, puissante, musculeuse…</p>
<p>
- Non !, haleta-t-il, cloué au sol »</p>
</blockquote>
<p>En bref, pour moi, ce livre est une vraie réussite. Je ne peux plus espérer qu’une chose de JK Rowling : qu’elle s’arrête là, en tout cas avec les Harry Potter. Je serais très déçu si elle continuait, même avec un autre personnage principal.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Harry7.jpg" alt="Harry" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Harry Potter et les reliques de la mort, traduit de l'anglais par François Ménard , Gallimard jeunesse, 850 pages, 28,90 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070643085/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070643085&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070643085" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/02/09/231-harry-potter-7-et-les-reliques-de-la-mort#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/211La rêveuse d'Ostende - Eric-Emmanuel Schmitturn:md5:2dda8d40026bab2f2620871e1367ce212008-01-27T22:55:00+00:002018-10-22T13:50:07+00:00BernardLa vieEric-Emmanuel Schmittmernouvelles<p>Eric-Emmanuel Schmitt est un peu comme mon boulanger. Sa baguette ne me déçoit jamais. Mais depuis peu, il n'a rien d'autre à me proposer. Alors je reste orphelin d'une tarte à la fantaisie, d'un éclair à l'envolée lyrique, ou d'un clafoutis à l'émotion.</p> <p>Dans la nouvelle qui porte le titre de l'ouvrage, <strong>« La rêveuse d'Ostende »</strong>, il est question du mystérieux destin d'Emma Van A., logeuse d'un bel immeuble de cette ville belge du bord de mer. Un écrivain parisien échoue en ces salons au charme suranné et soupçonne que la vie sentimentale d'Emma n'a pas été aussi déserte qu'une plage nordique en hiver, contrairement au persiflage de la gouvernante Gerda. Et si Emma avait été la maîtresse d'un roi ?</p>
<p>Quelques clichés, dans cette nouvelle.</p>
<blockquote><p>Ses yeux demeuraient remarquables, grands, d'un bleu éclairci, un bleu où passaient les nuages du Nord. »</p>
</blockquote>
<p>Mais aussi une admirable description du décor.</p>
<blockquote><p>La mer du Nord avait des couleurs d'huître, du vert-brun des vagues au blanc nacré de l'écume ; ces teintes altérées aux nuances précieuses, alambiquées, me reposaient de mes éclatants souvenirs de Méditeranée, bleu pur et sable jaune, d'un chromatisme vif aussi primaire qu'un dessin d'enfant. »</p>
</blockquote>
<p>Dans <strong>« Crime parfait »</strong>, Eric-Emmannuel Schmitt s'essaye au genre policier. Gabrielle a tué son mari, irritée par ce secret qu'il refusait de lui livrer. Lorsqu'elle découvre enfin ce que son conjoint ne voulait lui avouer, elle prend conscience de l'énormité de son acte.</p>
<p>L'auteur conte ensuite l'histoire d'un patient paralysé et aveugle suite à un accident. A l'hôpital, il tombe amoureux de Stéphanie, son infirmière, qui, jusque là, aurait juré qu'elle n'était faite pour personne. Dans cette nouvelle, <strong>« La guérison »</strong>, l'auteur ouvre tout grand le robinet d'eau de rose. Comme en témoignent ces mots.</p>
<blockquote><p>Une fille de rêve, ce n'est pas celle que la fille rêve d'être, mais celle que le garçon voit. »</p>
</blockquote>
<p>Dans <strong>« Les mauvaises lectures »</strong>, il est question d'un intellectuel renfrogné qui s'était juré de ne jamais s'abaisser à lire un roman d'épouvante à gros tirage. Il aurait mieux valu, effectivement, qu'il s'abstienne...</p>
<p>Enfin, dans <strong>« Le bouquet »</strong>, l'auteur nous propose de résoudre cette énigme.</p>
<blockquote><p>A la gare de Zurich, sur le quai numéro trois, une femme attend tous les jours, un bouquet à la main, depuis 15 ans. »</p>
</blockquote>
<p>Dans ce dernier recueil de nouvelles, j'ai retrouvé le plaisir essentiel d'une baguette artisanale qui se fend sous la dent. Un plaisir hélas un peu ordinaire. Ces cinq textes parfois racoleurs, sont exempts de conviction, d'ambition et, souvent, de style. Eric-Emmanuel Schmitt est un dramaturge hors pair, la construction intelligente de ces récits le prouve à nouveau. Mais il faut le dire, Monsieur le boulanger : mon impatience à retrouver un roman élevé et enlevé va... croissant.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Reveuse.jpg" alt="La rêveuse d'Ostende" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La rêveuse d'Ostende, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 311 pages, 22 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/27/227-la-reveuse-d-ostende-eric-emmanuel-schmitt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/207Baisers de cinéma - Eric Fottorino - Prix Fémina 2007urn:md5:9e190af79345764e69177aea35d599a62008-01-13T21:54:00+00:002018-10-22T13:50:14+00:00BernardL'amourcinémaParissentimental<p>Comme moi, vous êtes sans doute attentifs aux sons, aux odeurs, au goût et autres sensations. Mais Eric Fottorino vient de m'initier avec adresse aux plaisirs de la lumière dans ses multiples nuances.</p> <p>Gilles Hector a vu le jour un peu par hasard.</p>
<blockquote><p>Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma. »</p>
</blockquote>
<p>Ces héroïnes, dont parle Gilles, sont les actrices de cinéma des films de Renoir, Chabrol et les autres. Mais le père de notre héros a emporté son secret dans la tombe. Alors Gilles se tourmente : est-il le fils de Jeanne Moreau, Anna Karina, Marthe Keller, Françoise Dorléac ou d'une éphémère starlette ?</p>
<p>Gilles préfère oublier son tourment, et s'amourache à la folie de Mayliss, une femme « très mariée », aussi fuyante que le fut la mère de notre héros. Il s'engage tête baissée dans cette noire passion.</p>
<blockquote><p>Elle m'apparaissait tel un continent de solitude dont rien ne pourrait freiner la dérive. Il n'était pas question d'amour. C'était plus grave encore. Mayliss inspirait l'envie d'aimer et la mort qui vient parfois avec cette envie. »</p>
</blockquote>
<p>Eric Fottorino conte cette amour somme toute ordinaire. Sauf qu'il la raconte en éclairagiste. Discrètement, il illumine pour nous certains petits moments entre les amoureux.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>La tête contre mon épaule, la bouche entrouverte, elle ne disait rien. Parfois un lampadaire isolé éclairait son visage. »</p>
</blockquote>
<p>Ou ici.</p>
<blockquote><p>Je me levai, Mayliss au bout de ma main, et nous sortîmes, prenant soin de sauter dans les taches de lumière qui dansaient sur le marbre. »</p>
</blockquote>
<p>Jusqu'au moment où Gilles accepte enfin la réalité.</p>
<blockquote><p>Je n'étais pas amoureux, j'étais intoxiqué. »</p>
</blockquote>
<p>Pour se libérer de sa dépendance, il part seul à la recherche de sa mère. Alors, Jeanne Moreau, Françoise Dorléac ou une autre ? Je vous laisse la surprise.</p>
<p>Que penser de « Baisers des cinéma » ? A notre tour, jouons des ombres et des lumières. Le côté sombre, c'est une écriture qui traîne parfois un peu la patte. La mécanique des événements est un peu trop visible, comme dans ces films où l'on aperçoit la perche du micro, qui donne un côté burlesque à un moment qui se voulait intense.</p>
<p>Côté lumière, des petits moments très biens rendus et une belle histoire d'amour, avec des personnages parfaitement crédibles. La psychologie est très fine, surtout chez les deux tourtereaux. Les amoureux de la passion et les passionnés de l'amour se retrouveront à coup sûr dans ce tableau. Enfin, les références cinématographiques sont nombreuses mais pas envahissantes, et toujours accessibles aux profanes.</p>
<p>Bref, pas un roman brillant, pas un texte éteint non plus, juste un agréable clair-obscur.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Baiser.jpg" alt="Baisers de cinéma" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Baisers de cinéma, Eric Fottorino, Gallimard, 189 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/13/223-baisers-de-cinema-eric-fottorino-prix-medicis-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/203Dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modianourn:md5:7e6a3f0b4ce37c560d956025f6cd5cde2008-01-06T22:04:00+00:002018-10-22T13:50:20+00:00BernardL'amourcafénostalgieParis<p>C'est comme si vous vous rendiez à deux dans un endroit animé et pittoresque, comme un café où les prix sont en francs ou un restaurant avec des nappes en papier.</p> <p>Hélas, très vite, votre interlocuteur vous ennuie. Alors vous l'écoutez d'une oreille, tandis que l'autre vibre au son des éclats de rires et de voix de la tablée voisine, où vous rêvez de vous asseoir.</p>
<p>C'est le sentiment qui m'habite en sortant du « Café de la jeunesse perdue ». Les lieux décrits ont l'air plein de vie et d'ambiances, mais mon interlocuteur, Patrick Modiano, m'a endormi.</p>
<p>L'auteur met en scène trois narrateurs successifs, qui ont en commun d'avoir fréquenté au même moment le Condé, un café parisien du carrefour de l'Odéon.</p>
<blockquote><p>Cette clientèle, un passant qui aurait jeté un regard furtif de l'extérieur l'aurait prise pour une simple clientèle d'étudiants. Mais il aurait bientôt changé d'avis en remarquant la quantité d'alcool que l'on buvait. Dans les paisibles cafés du quartier latin, on n'aurait jamais bu comme ça. »</p>
</blockquote>
<p>Ces mots sont du premier narrateur, un client un peu effacé, qui raconte comment un soir, une jeune femme que personne ne connaît, s'est installée seule à table. Le café va l'adopter, et la baptiser Louki.</p>
<p>Mais qui est Louki, quel est son vrai nom ? Roland, le deuxième narrateur, un client apparu quelques jours après la jeune femme, le sait. Le mari de Louki, alias Jacqueline, l'a mandaté pour lui ramener sa femme, disparue sans laisser de trace.</p>
<p>C'est Louki qui prend ensuite la parole. On comprend que son mari a peu de chance de la retrouver.</p>
<blockquote><p>A chaque fois que je coupe les ponts avec quelqu'un, je ressens la même ivresse. Je ne suis vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuis. »</p>
</blockquote>
<p>Le détective ramènera-t-il Louki à bon port ? Je m'arrête ici, surtout que cette intrigue mollassonne n'est que prétexte pour ressusciter le Paris perdu d'une jeunesse qui n'avait pour repère qu'un café.</p>
<blockquote><p>Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses. »</p>
</blockquote>
<p>Mais je suis déçu. J'aurais voulu vivre ce roman nostalgique comme un soirée inoubliable. J'aurais voulu m'enivrer et refaire le monde à une table du Condé. J'aurais voulu arpenter ces « zones neutres » parisiennes, ces rues qui n'ont d'autre ambition que de déboucher sur les passerelles du métro. Le temps d'un roman, j'aurais voulu aimer Louki, lui parler de livres, la laisser revenir et fuir. Mais je n'ai pas senti le zinc, l'odeur du tabac, l'amitié qui monte avec l'alcool, les détresses d'un amour illusoire et l'humidité des rues obscures qui vous glace sous la veste.</p>
<p>Non, je n'ai rien senti.</p>
<p>Ce café de la jeunesse est bel et bien perdu, et même Modiano ne l'a pas retrouvé.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Modiano.jpg" alt="Dans le céfé de la jeunesse perdue" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Dans le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano, 149 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/06/220-dans-le-cafe-de-la-jeunesse-perdue-patrick-modiano#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/200Un homme - Philip Rothurn:md5:414761af33ec44db5a0c81ad5dc8b3152008-01-03T23:17:00+00:002018-10-22T13:50:26+00:00BernardL'au-delàmaladievieillesse<p>J'étais convaincu que j'en serais incapable. Que lire un livre sur la mort risquerait de briser mon élan vital. Et pourtant je l'ai fait. Et je l'ai bien... vécu !</p> <p>Dans son dernier roman, Philip Roth prend un risque de romancier confirmé : conter l'existence d'un homme ordinaire, en utilisant le fil conducteur de ses séjours à l'hôpital, rares dans sa jeunesse, puis annuels, puis quotidiens, puis plus rien.</p>
<p>Ce qui fait la valeur de ce roman et ce qui me l'a rendu supportable, c'est qu'entre une péritonite aiguë, un quintuple pontage coronarien et l'ablation d'une extrémité de carotide, l'auteur aborde les questions essentielles de la fin de vie.</p>
<p>Comme la religion.</p>
<blockquote><p>La religion est une imposture; elles lui déplaisaient toutes; il jugeait leur folklore superstitieux, absurde, infantile; il avait horreur de l'immaturité crasse qui les caractérisait, avec leur vocabulaire infantilisant, leur suffisance morale et leurs ouailles, ces croyants avides. »</p>
</blockquote>
<p>Comme la frustration de l'homme mur.</p>
<blockquote><p>Former un couple avec une des veuves de son âge, si peu attirantes, fut au-dessus de ses forces. En revanche, les jeunes femmes saines et vigoureuses qu'il voyait courir le long de la jetée, le matin, quand il partait faire sa promenade, n'étaient pas assez folles pour échanger avec lui un sourire professant leur innocence. »</p>
</blockquote>
<p>Et comme le remords, quand le grand malade revient sur ses trois mariages, et surtout sur son premier divorce, que ses enfants ne lui ont jamais pardonné.</p>
<blockquote><p>Espèces d'enfoirés, sales gosses boudeurs, petits merdeux sans indulgence ! Est-ce qu'on n'en serait pas là quand même si j'avais été différent et avais agi différemment? Est-ce que je me sentirais moins seul aujourd'hui ? Sans aucun doute! Seulement voilà, j'ai fait ce que j'ai fait, j'ai soixante et onze ans et l'homme que je suis, c'est moi qui l'ai fait. C'est comme ça que j'en suis arrivé là, un point c'est tout ! »</p>
</blockquote>
<p>« Un homme » est un roman pessimiste, fataliste et cru. Son défaut, c'est son manque de profondeur, son flirt un peu trop appuyé avec le lieu commun sur la fin de vie. Mais son atout, c'est justement cette absence d'intensité, qui permet au lecteur de lire un livre sur l'expérience ultime sans trop s'impliquer. La mort en devient aussi banale qu'une existence ordinaire.</p>
<p>J'ajouterai à cette qualité ma fascination pour la plume de Philip Roth, qui parvient à conserver une délectable élégance malgré son dépouillement. Il m'est arrivé de me laisser porter par cette musique cristalline, sans penser au néant que portaient les mots. Un réflexe de survie, peut-être...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Roth.jpg" alt="Un homme" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un homme, Philip Roth, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun, Gallimard, 153 pages, 15,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/03/219-un-homme-philip-roth#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/199Paroles d'écrivains (II) - Pourquoi écrivez-vous ?urn:md5:5873794153e6c2ee3525586cd939e5d32007-12-23T10:56:00+00:002018-10-22T13:50:33+00:00BernardLa revue de presseécrivain<p>A voir le nombre de lectures la semaine dernière, notre petite rubrique de vacances vous plaît... Alors on continue !</p> <p>Cette semaine, la question existentelle posée aux écrivains est : « Pourquoi écrivez-vous ? »</p>
<p>Je leur laisse la parole.
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<strong>Douglas Kennedy, mai 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/23 decembre/douglas_kennedy_j_ecris_mes_cauchemars_lmo_article_230.jpg" alt="Douglas Kennedy" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Pour raconter des histoires ! Pour moi, la fonction d’un écrivain est double. Il doit d’abord écrire des histoires pour les lecteurs; mais il doit mettre dans ces histoires les tensions et les inquiétudes de la vie moderne. Je n’écris pas pour raconter la vie. Il y a 20 ans, quand je commençais à écrire, j’ai essayé quelques romans autobiographiques. C’était nul. J’ai découvert que si on veut recréer sa vie comme romancier, on écrit des romans ratés.</em> » (dans <a href="http://www.lire.fr">Lire</a>, dernier roman : « La femme du Vème »).
<br />
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<strong>Marie Darrieussecq, juin 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/23 decembre/tom.jpg" alt="Marie Darrieussecq" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Mon métier, mon arme, mon rôle, c’est écrire. Pas plus pas moins. Je cherche à inventer de nouvelles formes, à écrire de nouvelles phrases, parce que c'est le seul moyen de rendre compte du monde moderne, dont le mouvement sinon nous dépasse sans cesse, demeurant illisible, incompréhensible. En ce sens toute écriture exploratrice, novatrice, est politique: même apparemment éloignée du "réel", des "événements", elle fournit le langage moderne, elle bâtit les outils verbaux et mentaux qui permettent de penser le monde. Elle fait rendre gorge au prêt-à-penser, au déjà dit.</em> » (dans <a href="http://www.livreshebdo.fr">Livres Hebdo</a>, dernier roman : « Tom est mort »).
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<strong>Paul Auster, février 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/23 decembre/auster_paul.jpg" alt="Paul Auster" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Parce que j’aime raconter des histoires. Je ne me considère pas d'abord comme un romancier mais comme un « raconteur d’histoires ». Mais, bien sûr, un raconteur d’histoires est quelqu'un qui utilise la fiction, les mots, et devient, par là même, ce qu’on appelle un romancier. Mais je cherche à raconter la meilleure histoire possible, pas à faire passer telle ou telle idée. Bien sûr, une histoire est plus agréable si elle est accompagnée de métaphores, si elle plonge aux racines de ce qui fait l’être humain. Mais l’histoire prime tout. Sinon, on ne fait plus de roman, mais de l’essai.</em> » (dans <a href="http://www.lire.fr">Lire</a>, dernier roman : « Dans le scriptorium »).
<br />
</p>
<p><strong>Orhan Pamuk, janvier 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/23 decembre/orhan pamuk.jpg" alt="Orhan Pamuk" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>J'écris parce que j'en ai envie. J'écris parce que je ne peux pas faire comme les autres un travail normal. J'écris parce que je suis très fâché contre vous tous, contre tout le monde. J'écris parce qu'il me plaît de rester enfermé dans une chambre. J'écris parce que je ne peux supporter la réalité qu'en la modifiant. J'écris parce que j'aime l'odeur du papier. J'écris parce que je me plais à la célébrité. J'écris parce que la vie, le monde, tout est incroyablement beau et étonnant. J'écris parce que je n'arrive pas à être heureux, quoi que je fasse. J'écris pour être heureux.</em> » (sur le site du <a href="http://nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2006/pamuk-lecture_fr.html">prix Nobel</a>, dernier roman : « Istanbul »).
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<strong>Colum Mc Cann, septembre 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/23 decembre/columAbout.jpg" alt="Colum McCann" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Je crois en la nécessité de la parole écrite. Mais il faut distinguer la nécessité du pouvoir. Je ne suis pas convaincu du pouvoir de la littérature aujourd’hui, mais même si la littérature n’a pas de pouvoir, j’estime que la parole écrite est totalement nécessaire. Les histoires conservent la trace du temps. Elles mettent l’accent sur les questions du cœur humain. Faulkner dit que la meilleure écriture renvoie au cœur humain. C’est la trame de toute histoire. Et les meilleures ont le pouvoir de changer les choses. C’est quelque chose en quoi je dois croire… sinon, bien sûr, il est inutile d’écrire.</em> » (sur l’<a href="http://pagesperso-orange.fr/calounet/interview/mccannexclusivite.htm">Ivre de lecture</a>, dernier roman: « Zoli »).</p>
<p>Je vous souhaite une excellente fête de Noël. La semaine prochaine, ce sera la "Revue de presse" ou "Paroles d'écrivains", selon l'actualité !
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/12/23/215-paroles-d-ecrivains-ii-pourquoi-ecrivez-vous#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/195Paroles d'écrivains (I) - Comment écrivez-vous ?urn:md5:2c33bdbeed3694ae383d4bf20cfd10832007-12-16T18:38:00+00:002018-10-22T13:50:42+00:00BernardLa revue de presseécrivain<p>Damned ! La presse est déjà en vacances. Cette semaine, les journalistes ont tous eu la même idée originale : dresser une liste de livres à offrir. Puisque ce blog en est une à lui tout seul, de liste de livres à offrir, je vais adapter la revue de presse durant les quelques semaines où la presse se repose, pour vous proposer autre chose.</p> <p>Or donc, voici « Paroles d’écrivains ». Je me suis aperçu qu’on leur posait souvent les mêmes questions, à nos amis de la plume. En guise de rétrospective, je vais reprendre, dans la presse de l’année, une question qui a été posée à plusieurs écrivains et vous livrer leur réponse, histoire de comparer les sensibilités.
<br />
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La question de la semaine: « Comment écrivez-vous ? »
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<strong>Philippe Claudel, octobre 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/16 decembre/Claudel.jpg" alt="Philippe Claudel" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>J’écris dans une sorte d’inconscience. J'écris comme un lecteur, mot à mot, ligne à ligne, page après page. Je découvre le roman en l'écrivant. J'avance dans le noir et c'est pour cela que je dis que je suis moins un écrivain qu'un lecteur. Et je suis incapable de faire un plan. Jadis, quand j'essayais d'en faire, je n'arrivais pas à écrire parce que cela me stérilisait complètement. Evidemment je ne suis pas complètement idiot en écrivant, je pressens de choses, mais à la fin, la lecture devient un bain révélateur et je vois mon cliché qui commence à sortir, je vois les contrastes et je vois la photo.</em> » (dans <a href="http://www.lesoir.be">Le Soir</a>, dernier roman : « Le rapport de Brodeck »)
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<br />
<br />
<strong>Eric Emmanuel Schmitt, novembre 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/16 decembre/Schmitt.jpg" alt="Eric-Emmanuel Schmitt" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Avant, j’étais dans une espère d’urgence vitale : il me fallait écrire, vite, tout ce que j’avais à écrire et publier. J’ai vu tellement de gens qui voulaient écrire mourir avant d’avoir terminé le moindre livre… Cela m’a donné ce sentiment d’urgence : si je vis, il faut que je mérite cette vie. Voilà pourquoi j’écris d’un jet, avec force et violence sans prendre beaucoup de temps pour me relire. Aujourd’hui, j’ai sans doute mûri : je déteste me relire trop longuement car j’ai l’impression de l’écrivain qui se regarde le nombril, mais je prends vraiment le temps de retravailler, d’épurer.</em> » (dans <a href="http://www.lire.fr">Lire</a>, dernier roman : « La rêveuse d’Ostende »)
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<br />
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<strong>Eric Orsenna, juin 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/16 decembre/erik_orsenna.jpg" alt="Erik Orsenna" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>C’est sur mon bateau que j’écris le mieux. Car on s’emmerde en bateau. Très souvent, ce que j’écris est nul. Mais c’est normal. Ce qui est anormal, c’est quand ça marche, quand on ne ressent ni douleurs particulières, ni angoisses. Je procède par couches. Me méfiant de la velléité, je vais jusqu’au bout. Après, j’examine. Quitte à jeter 300 pages.</em> » (dans <a href="http://www.lire.fr">Lire</a>, dernier roman : « La grammaire est une chanson douce »)
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<p><strong>Michèle Lèsbre, septembre 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/16 decembre/Lesbre.jpg" alt="Michèle Lèsbre" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>Pour chacun de mes romans, il y a d'abord tout un temps de gestation pendant lequel je prends simplement des notes, qui d'ailleurs ne me serviront pas toutes. Cela dure plusieurs mois, disons quatre ou cinq, puis je commence à écrire, sans plan car si j'en faisais un, j'aurais l'impression de l'avoir déjà écrit. J'aime écrire comme ça, comme une sorte d'aventure, comme je marche dans une ville que je ne connais pas et le texte lui-même s'écrit en cinq ou six mois, c'est variable.</em> » (sur l'<a href="http://www.linternaute.fr">Internaute</a>, dernier roman : « La canapé rouge »)
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<p><strong>Doris Lessing, décembre 2007</strong></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/16 decembre/Lessing.jpg" alt="Doris Lessing" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />« <em>On demande souvent aux auteurs : "Comment écrivez-vous ? Avec un ordinateur ? Une machine à écrire électrique ? A la main ?" Mais la question essentielle est celle-ci : "Disposez-vous de cet espace libre qui devrait vous entourer quand vous écrivez ?" À l'intérieur de cet espace, qui est proche d'une forme d'écoute, d'attention, vous viendront les mots, les mots que diront vos personnages, des idées. Si l'écrivain ne peut pas trouver cet espace, alors poèmes et histoires peuvent être mort-nés. Quand des auteurs parlent entre eux, l'objet de leurs questions a toujours un rapport avec cet espace, cet autre temps : "Tu l'as trouvé ? Tu le tiens ?"</em> » (dans <a href="http://www.lemonde.fr">Le Monde</a>, dernier roman : « Un enfant de l’amour »)</p>
<p>La semaine prochaine la question sera : « Pourquoi écrivez-vous ? » Bonne semaine à tous !
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/12/16/213-paroles-d-ecrivains-i#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/193Daniel Pennac - Chagrin d'école - Prix Renaudot 2007urn:md5:09759c11d933b5445ab2c610151ac3a92007-12-06T13:00:00+00:002018-10-22T13:50:58+00:00BernardLa vieécole<p>Pour être une bon cancre, il convient d’appliquer quelques règles immuables.</p> <blockquote><p>A de rares exceptions près, le vengeur solitaire (ou le chahuteur sournois, c’est une question de point de vue) ne se dénonce jamais. Si un autre que lui a fait le coup, il ne le dénonce pas davantage. Solidarité ? Pas sûr. Une sorte de volupté, plutôt, à voir l’autorité s’épuiser en quêtes stériles. Que tous les élèves soient punis jusqu’à ce que le coupable se livre ne l’émeut pas. Bien au contraire, on lui fournit par là l’occasion de se sentir partie prenante et de la communauté, enfin ! Il s’associe à tous pour juger « dégueulasse » de faire « payer » tant d’innocents à la place d’un seul « coupable ». »</p>
</blockquote>
<p>Avec sa plume altière et généreuse, Daniel Pennac raconte avec tendresse, sensibilité et mesure ses difficultés scolaires. Dans ce livre, dont il importe peu qu’il soit roman ou essai, il sonde les cœurs du fond de la classe, en évitant le risque majeur d’une telle entreprise: présenter sa nullité comme une admirable rébellion, alors qu’il s’agit en fait d’une indicible souffrance.</p>
<blockquote><p>Le cancre se vit comme indigne, ou comme anormal, ou comme révolté, ou alors il s’en fout. Très vite, il n’en veut plus de votre savoir. Il en a fait son deuil. Comme il lui faut des compensations il va briller dans d’autres secteurs. Casseur de gueules, par exemple. »</p>
</blockquote>
<p>L’auteur a heureusement croisé le chemin de professeurs qui, comme lui, avaient compris qu’un cancre n’est pas un raté, mais simplement un enfant incapable de demander de l’aide. Pennac se lance alors dans des considérations sur le métier de professeur, qu’il a choisi et exercé pour sauver des enfants comme lui.</p>
<blockquote><p>Une bonne classe, c’est un orchestre qui travaille la même symphonie. Et si vous avez hérité du petit triangle qui ne sait faire que ding ding ou de la guimbarde qui ne fait que bloïng bloïng, le tout est qu’ils le fassent au bon moment, le mieux possible, qu’ils deviennent un excellent triangle, une irréprochable guimbarde et qu’ils soient fier de la qualité que leur contribution confère à l’ensemble. »</p>
</blockquote>
<p>Malgré ces petits moments drôles, tendres, revigorants, Pennac se perd parfois en conjectures sur les jeunes ou la société de consommation. Il est conscient du danger de paraître un peu vieil oncle au réveillon de Noël, mais il ne parvient pas toujours à éviter l’écueil.</p>
<p>Malgré ces faiblesses, j’ai beaucoup aimé la philosophie du livre, qui s’élève loin au-dessus de la cour de récré. Nourri de quelques textes que Pennac apprend à ses élèves, et dont on se délecte, c’est un vibrant appel à l’écoute de l’autre, au dépassement du discours désabusé sur les autres, et surtout sur soi-même.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/pennac.jpg" alt="Chagrin d'école" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Chagrin d'école, Daniel Pennac, Gallimard, 305 pages, 19 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/12/06/210-daniel-pennac-chagrin-d-ecole-prix-renaudot-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/190Mûriers sauvages - Imane Humaydane Younesurn:md5:f6c4d0fd5d00b23ac34eb7521ec508ac2007-12-01T16:35:00+00:002018-10-22T13:51:04+00:00BernardL'amourfamillefemmesmoyen-orientsentimentalvillage<p>Il y a des romans si doux, sensuels et savoureux qu’il se lisent lentement, comme on sirote quelques gorgées d’un thé des plus raffinés.</p> <p>« Muriers sauvages », de l’auteure libanaise Imane Humaydane Younes raconte l’histoire de Sara, qui grandit au cœur du petit village d’Ayn Tahoun. Sara n’a pas de maman et constate sans comprendre que les femmes du village ne l’appellent pas par son prénom.</p>
<blockquote><p>La fille de la maudite, voilà comment elles m’appellent. Un nom plus présent dans mon esprit que Sara. "La maudite", que mon père n’a pas cessé d’aimer et dont il garde précieusement une photographie sous son lit. »</p>
</blockquote>
<p>La vie suit doucement son cours dans la partie du village où réside Sara, avec son père, autoritaire, sa tante, aigrie, son demi frère rebelle, et sa voisine, la douce Moutia. Les jours s’écoulent au rythme du travail des chenilles qui font vivre la petite fabrique de soie.</p>
<p>Sara grandit, et, avec elle, l’envie de savoir pourquoi sa mère a disparu. Quand elle en parle à Moutia, celle-ci lui fait toujours la même réponse :</p>
<blockquote><p>Ta mère est partie à la recherche de son âme. On ne peut pas vivre sans son âme, l’air devient irrespirable. Si elle était restée ici, elles aurait fini par étouffer. »</p>
</blockquote>
<p>Sara tente de calmer ses interrogations dans l’amour. Elle vit un rêve avec Karim, à l‘endroit même au naît la soie.</p>
<blockquote><p>Il se trouvait face à moi quand, soudain, il m’a enlacée. J’ai laissé tomber une pleine brassée de feuilles en poussant un cri de surprise. Le bruit des chenilles me faisait penser au crépitement d’une averse automnale sur la terre sèche. Je me laissais entraîner à reculons vers le mur, tout en lui glissant que je sentais mon corps chanceler. Mon corps dispos jusque dans la dernière de ses fibres. »</p>
</blockquote>
<p>Je ne veux vous dévoiler si cet amour apaisera la soif de savoir de Sara, ou, au contraire, s’il lui permettra de résoudre sa question.</p>
<p>Je ne voudrais en effet vous gâcher le plaisir de déguster ce petit roman, très finement écrit, qui allie deux qualités que l’on voit rarement mariées : une écriture sensuelle, à l’instar des moments qu’elle décrit, et une très grande pertinence psychologique. Les événements paraissent parfois anodins, avant de se révéler comme autant de balises sur le chemin de la connaissance que suit inlassablement Sara. C'est aussi l'histoire de femmes qui violent intelligemment la toute puissance des hommes quand ils font entrave à leur bonheur.</p>
<p>Il y a aussi des petits moments de bonheur tout simple, sans enjeux, gratuits. Comme ici.</p>
<blockquote><p>Rien… Rien n’égale la sensation que me procure la coulée d’une goutte de rosée le long de ma nuque. Une goutte brillante sur une feuille d’amandier qui perle, roule et se détache. Elle tombe puis glisse lentement, dessinant sur ma peau une douce ligne sinueuse qui réchauffe mon corps transi. Rouvrant les yeux je vois luire au dessus de moi un soleil pâle. »</p>
</blockquote>
<p>Après une lecture difficile, après un moment pénible, où par temps glacial, qu’il est bon de s’emmitoufler dans cette belle histoire !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Muriers.jpg" alt="Mûriers sauvages" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mûriers sauvages, Imane Humaydane Younes, traduit de l'arabe (Liban) par Valérie Creusot, Verticales, 149 pages, 17,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/12/01/207-muriers-sauvages-imane-humaydane-younes#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/187La physique des catastrophes - Marisha Pesslurn:md5:c81888e1b3cb6101c38c6406fa2066c92007-11-24T16:10:00+00:002018-10-22T13:51:10+00:00BernardL'amouradolescence<p>Je suis toujours très inquiet quand je vois la presse encenser une jeune et jolie romancière.</p> <p>J’ai toujours peur d’y voir l’avant-garde du jeunisme, armée de ses canons de la beauté, qui, jusqu’ici, ont relativement épargné le roman.</p>
<p>Aussi ai-je abordé « La physique des catastrophes » le poing gauche en avant, le droit en retrait, jambes légèrement fléchies, prêt à donner de l’uppercut.</p>
<p>La jeune et jolie auteure conte l’histoire de Bleue Van Meer, une adolescente de 16 ans, qui a perdu sa maman quand elle avait cinq ans. Son père, professeur d’université, la ballotte d’une petite ville américaine à l’autre, au gré des chaires qu’il décroche. Elle voue une admiration sans borne à cet homme indépendant, érudit, généreux, plein d’humour mais avec ce brin de cynisme nécessaire à la survie dans une société américaine aux valeurs si terrestres.</p>
<p>Bleue passe tout à son père, y compris ses relations éphémères avec ses nombreuses conquêtes, qu’elle nomme les « Sauterelles ».</p>
<blockquote><p>Papa attirait les femmes comme certains pantalons en laine attrapent les peluches. Je leur avais donné un surnom : les Sauterelles (voir "Sauterelle commune", <em>Insectes ordinaires</em>, volume 24). Certaines, parmi les plus douces et les plus dociles, me faisaient de la peine, car papa avait beau ne jamais leur cacher qu’elles étaient aussi temporaires qu’un bout de scotch, la plupart étaient aveugles à son indifférence (voir "Basset", <em>Dictionnaire des chiens</em>, vol. 1). »</p>
</blockquote>
<p>Le duo finit pas se poser quelque temps à Stockton, en Caroline du Nord, où Bleue parvient enfin à s’intégrer à l’école. Elle tombe en pamoison devant Hannah Schneider, professeur mystérieuse et charismatique, dont elle fait son idéal féminin (le masculin étant déjà pris par papa).</p>
<p>Petit à petit, Bleue et sa bande d’amis, qui gravitent autour d’Hannah, se piquent d’en savoir davantage sur leur mystérieuse mentor, jusqu’à ce que celle-ci soit retrouvée pendue dans un bois, lors d’une partie de camping avec ses élèves préférés. Bleue la perspicace découvrira-t-elle la vérité ?</p>
<p>Je dois être honnête : Marisha Pessl est jeune, jolie ET talentueuse. Mes gants de boxe ne m’ont servi à rien.</p>
<p>Ce roman est plein d’humour, comme quand Bleue jalouse ses copines.</p>
<blockquote><p>Jade était la preuve sur pattes de cette réalité dérangeante : on pouvait vraiment avoir des cuisses comme ça et marcher. Et sa présence, on devait admettre ce que bien peu étaient prêts à reconnaître : il y en a qui gagnent vraiment au <em>Trivial Pursuit, éditions des Dieux</em>, on n’y peut rien, autant l’accepter tout de suite et se contenter de trois parts de camembert au <em>Trivial Pursuit, éditions Quidam</em>. »</p>
</blockquote>
<p>Et l’auteur use avec joie de l’image.</p>
<blockquote><p>Il prit tout son temps. Une dynastie Ming aurait eu le temps de s’élever et décliner entre la fin de sa dernière phrase et le début de la suivante. »</p>
</blockquote>
<p>Ou de la métaphore.</p>
<blockquote><p>Son haleine avait des relents de plate-forme pétrolière. »</p>
</blockquote>
<p>Sa pensée est vaguement dans l’air du temps, nihiliste et résignée, mais les sentiments et l’humanité sont là, qui s’expriment à la perfection. L’intrigue paraît absente par moments, mais ressurgit avec splendeur au moment où on l’attend le moins.</p>
<p>Un sérieux reproche, quand même : ce roman recèle un brin d’immaturité, qui va en décourager plus d’un. On sent l’auteure grisée par la tribune qu’elle s’accorde. Du coup, le texte est truffé d’incises, de parenthèses, de doubles ou triples métaphores pour désigner la même réalité. Marisha Pessl a un côté pimbêche intarissable et péremptoire, mais si on se bouche les oreilles de temps en temps (en sautant les longueurs), on passe des heures très agréables.</p>
<p>Oui, parfois, le jeunisme a du bon.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pessl.jpg" alt="La physique des catastrophes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La physique des catastrophes, Marisha Pessl, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laetitia Devaux, Gallimard, 610 pages, 24,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/24/204-la-physique-des-catastrophes-marisha-pessl#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/184La mécanique du coeur - Mathias Malzieuurn:md5:29b81b52297761562e017623f2de59942007-11-16T18:00:00+00:002023-01-07T20:48:03+00:00JulietteAliceL'amourcontescience-fictionsentimental<p>Vous aimez quand votre coeur fait boum ? Alors accrochez-vous, Juliette-Alice, notre rédactrice, nous a déniché un petit roman de derrière les fagots !</p> <p>Petit rappel, d'abord. Mathias Malzieu est surtout connu comme chanteur et parolier du groupe de rock français Dionysos. S'il habite la scène comme personne, il manie la plume avec tendresse, poésie et originalité. Après un recueil de nouvelles et surtout un bouleversant premier roman "Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur toit", le voici de retour avec un tout aussi émouvant "La mécanique du coeur".</p>
<p>Le héros s'appelle Jack, né en 1874 à Edimbourg, le jour le plus froid du monde. Il fait tellement froid que le coeur de Jack en est gelé. L'étrange dame qui le met au monde remplace son coeur par une horloge que notre ami remonte chaque matin. Mais gare aux tourments de l'amour ! lui suggère sa "marraine". Si Jack tombe amoureux, la grande aiguille lui transpercera la peau...</p>
<blockquote>
<p>Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors, pour toujours à l'horloge de ton coeur, la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique de ton coeur sera brisée à nouveau.</p>
</blockquote>
<p>Et ce qui ne devait pas arriver arriva : Jack tombe très vite amoureux d'une petite chanteuse qui le met dans tous ses états. Miss Acacias (c'est son nom) disparaît du jour au lendemain. Notre héros décide de partir à sa recherche et traverse l'Europe en croisant Jack L'Eventreur mais surtout accompagné de Georges Méliès, le père des effets spéciaux au cinéma.</p>
<p>Disons-le tout net : j'ai versé quelques larmes pendant la lecture de "La mécanique du coeur". Pas des torrents, d'accord, mais j'ai été réellement émue par la beauté de l'écriture de Mathias Malzieu, qui explore avec candeur et aussi naïveté la passion amoureuse.</p>
<p>Sa mécanique du coeur est aussi un bel hymne à la différence. Un hymne qui ne demande qu'à être lu, d'abord. Et partagé, ensuite.</p>
<p>Et comme un bonheur ne vient jamais seul "La mécanique du coeur" se décline aussi en disque puisque Dionysos en a fait un tout nouvel album. En bande-son au roman avec une pluie d'invités dont Olivia Ruiz (madame Malzieu), Grand Corps Malade ou Alain Bashung. Extrait.</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Mecanique.mp3" /></audio>
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Une fois lu ce conte sur la passion amoureuse, vous n'aurez envie que d'une chose. Courir chez votre libraire préféré et offrir "La mécanique du coeur" aux gens qui comptent pour vous parce que ce livre fait l'effet d'un délicieux et onctueux <a href="http://amourplaisiretgourmandise.skynetblogs.be/post/4720263/-le-cuberdon">cuberdon</a>.<br />
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<img alt="Mécanique" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mecanique.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em>La mécanique du coeur, Mathias Malzieu, Flammarion, 220 pages, 17 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290012459/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290012459&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img alt="" border="0" height="1" src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290012459" style="border:none !important; margin:0 !important;" width="1" /><br />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/16/201-la-mcanique-du-coeur-mathias-malzieu#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/181Uglies - Scott Westerfieldurn:md5:1882d72dd94ab644be764a7934e9a8512007-11-08T22:07:00+00:002018-10-22T13:51:46+00:00MartinRoulez jeunesse !adolescencedictatureségrégation<p>Et hop, encore une critique de Martin, 15 printemps, le benjamin du Blog des livres, spécialiste des livres "Jeunesse" ! Vas-y mons gars !</p> <p>Vous voulez savoir comment s’achève l’âge des hommes ? C’est par ici !</p>
<p>« Uglies » nous raconte comment se terminera notre ère à nous, les humains - les Rouillés, dans le vocabulaire du livre - et ce qu’il y aura après : un monde bourré de technologie (ponts magnétiques qui signalent le passage d’ennemis, bracelets anti-accidents de voiture, etc.)</p>
<p>L'héroïne, c'est Tally, bientôt 16 ans. Comme tous les ados de moins de 16 ans dans l’univers de ce roman, elle est laide (« ugly », en anglais).</p>
<p>Mais à partir de cet âge, toute personne qui le souhaite (c’est-à-dire tout le monde !) « bénéficie » d’une opération pour devenir Pretty, c'est-à-dire parfait physiquement mais aussi mentalement (plus de jalousies, plus d’ongles rongés, de disputes et donc plus de guerre !).</p>
<p>Les Pretties habitent tous dans la même ville et sont séparés des Uglies. Ils font sans arrêt la fête et sont complètement libres. Le rêve de chaque Ugly est de devenir Pretty.</p>
<p>Mais certains ne croient pas à ce paradis promis par les autorités. Ces personnes sont des Rebels et fuient les villes pour retrouver une vie proche des celle des Rouillés. Ils acceptent de rester « moches » pour conserver leur personnalité.</p>
<p>Tally méprise les Rebels, son plus grand souhait étant de devenir Pretty. En attendant le jour J, elle se trouve une nouvelle amie… qui choisit les Rebels…</p>
<p>Quel camp Tally va-t-elle choisir ?</p>
<p>« Uglies » est un roman captivant. Tout en nous emportant dans cet univers très spécial, l’auteur en profite pour nous faire réfléchir sur la nature des hommes, et leurs excès. L’auteur conte aussi avec réalisme comment notre monde pourrait finir. J’aime aussi l’évolution du récit. Dans la première partie, les Uglies nous sont présentés comme des êtres sales, laids, presque répugnants comparés aux (trop) brillants Pretties. Puis, au fil du récit, le lecteur apprend à connaître de plus près ces Uglies et ces Rebels et à comprendre que les plus heureux ne sont pas toujours ceux qu’on croit…</p>
<p>Et puis ce livre est plein d’humour, comme on le voit dans le petit extrait que je vous livre pour achever de vous allécher !</p>
<p>(Tally se trouve dans une très vieille bibliothèque contenant des documents concernant les Rouillés)</p>
<blockquote><p>« Shay (…) se tourna vers une étagère et en sortit une poignée d’ouvrages sous emballage plastifié qu’elle déploya devant Tally<br />
- Des livres sur papier ? Et alors ?<br />
- Pas des livres, on appelle ça des « magazines », expliqua Shay<br />
Elle en ouvrit un et pointa le doigt. Les pages étrangement brillantes étaient couvertes de photos. De gens. Moches.<br />
Tally écarquilla les yeux (…). Elle n’avait jamais vu autant de visages si différents. Des bouches, des yeux, des nez de toutes les formes possibles, et sur des gens de tous ages. Et les corps ! Certains ridiculement gras, d’autres horriblement musclés, ou bien d’une maigreur troublante ; presque tous présentaient d’importants défauts de proportion. Mais au lieu d’avoir honte de leurs difformités, ces gens riaient, s’embrassaient, prenaient la pose, comme si toutes ces photos avaient été prises lors d’une gigantesque réception.<br />
-Qui sont ces monstres ?<br />
-Ce ne sont pas des monstres, répondit Shay. Le plus dingue, c’est que ce sont des gens célèbres.<br />
-Célèbres pour quoi ? Pour leur laideur ?<br />
-Non. Ce sont des sportifs, des acteurs, des artistes. Les hommes aux cheveux filandreux sont des musiciens, je crois. Les plus moches sont des hommes politiques,
et quelqu’un m’a dit que les gras-doubles sont principalement des comiques.<br />
-Alors, c’est à ça que ressemblaient les gens avant le premier Pretty ? Comment arrivaient-ils à se regarder les uns les autres ? »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/ugli.jpg" alt="Uglies" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Uglies, Scott Westerfield, traduit de l'anglais (Australie) par Marie-France Girod, Pocket Jeunesse, 432 pages, 12,83 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266214268/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266214268&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266214268" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Nous avons également lu le Tome II, « Pretties ». Lisez <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/05/10/243-pretties-scott-westerfield">notre critique</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/178La passion selon Juette - Clara Dupont-Monod - Rentrée littéraire 2007urn:md5:7d74a897d01f85553e51fa9c81c8fbf82007-11-01T12:38:00+00:002018-10-22T13:51:52+00:00BernardL'amourmoyen-âgereligionsentimental<p>Vous êtes un homme, un curé ou les deux ? Alors faites le gros dos : Juette va vous administrer une raclée.</p> <p>Juette naquit en 1158 à Huy, une petite ville de l’actuelle Belgique. Sa maman l’avait pourtant élevée dans les préceptes de l’époque.</p>
<blockquote><p>Ma mère dit qu’on ne trouve pas de mari si on ne sait pas coudre. »</p>
</blockquote>
<p>Mais Juette n’est pas du genre à boire ces paroles comme de l’eau bénite.</p>
<blockquote><p>Les vrais fous, ce sont peut-être les esprits vertueux, comme ma mère. Ils effacent la vie, aveuglés par leur désir de ressembler aux anges. »</p>
</blockquote>
<p>Elle accepte néanmoins le mariage, puis la maternité qu’on lui inflige. Au prix d'une haine tenace de l'homme...</p>
<blockquote><p>L’enfant hurle mais je refuse de le nourrir. Une voisine s’en charge. Je ne lui ai pas donné de nom. Mon mari en a trouvé un. Il me l’a dit mais je ne m’en souviens plus. Il fait sauter l’enfant sur ses genoux. Je les observe, ces deux mâles inscrits dans leur glorieuse lignée. Quarante ans les séparent et, déjà, la même tyrannie. Ce sont des voleurs. »</p>
</blockquote>
<p>Mais l’âge adulte, que l’on dit pourtant de la sagesse, provoque en elle le réveil du volcan. Elle se débarrasse de son mari, abandonne son enfant et entre à la léproserie, tenue exclusivement par des femmes, dont elle prend la direction. Elle peut dès lors laisser éclater ses haines et s’en prendre à ses deuxièmes victimes : les prêtres.</p>
<blockquote><p>Rien n’arrête ma colère. Je mets en garde contre les prêtres qui couchent avec leurs paroissiennes. Les gens du clergé ont le vice dans la peau. Les hommes de Dieu se goinfrent. Pourquoi ont-il lu les textes qui imposent une purée de pois le soir, une autre de fèves à midi. Alors comment expliquer ces ventres ronds et tendus ? »</p>
</blockquote>
<p>Un mâle, un seul, prénommé Hughes, homme et prêtre à la fois, aura le droit d’approcher Juette. Sa vision de la foi est touchante, qui pourait s’appliquer aux passions d’aujourd’hui.</p>
<blockquote><p>Juette et moi tenons beaucoup à ce petit oiseau blotti au creux de chacun, tiède et vivant, que d’autres appellent la foi. Il faut nourrir cet oiseau chaque jour et ne pas s’alarmer lorsqu’il est malade. Cela demande du temps et du calme. »</p>
</blockquote>
<p>Hughes parviendra-t-il à apaiser Juette ?</p>
<p>La passion selon Juette est une claque. Clara Dupont-Monod l’administre sèchement, y compris dans l’écriture. La haine de Juette est assénée, et, même si le roman n’est pas totalement exempt de psychologie, on voudrait disposer de plus d’éléments pour goûter cette violence. C’est tout le problème des claques : elles font mal au corps et au cœur mais on ne les comprend pas toujours. Peut-être parce qu’elles sont de trop brefs cris d’amour ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Juette.jpg" alt="La passion selon Juette" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La passion selon Juette, Clara Dupont-Monod, Grasser, 233 pages, 17,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/01/194-la-passion-selon-juette-clara-dupont-monod#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/175Un roi sans lendemain - Christophe Donner - Rentrée littéraire 2007urn:md5:5bf754178ce3a26459831b218b959f0e2007-10-26T16:54:00+00:002018-10-22T13:52:01+00:00BernardLe passéFrancehistoirerois de France<p>Je suis sûr que cela vous est arrivé, au cours d’histoire. Une lourdeur de paupières, subite, irrépressible, suivie d’une augmentation subite du poids de votre tête.</p> <p>Oubliez tout cela. Le professeur Christophe Donner tient une solution miracle : vous raconter la grande histoire au travers d’une petite.</p>
<p>Henri Norden, le héros du roman, est écrivain. Il réalise le scénario d’un film sur Louis XVII, fils de Louis XVI, mort à 10 ans en 1795, après avoir vu succomber père et mère sous la lame des révolutionnaires.</p>
<blockquote><p>Aucun biographe de Louis XVII, à sa connaissance, n’avait posé la question en ces termes : qui a tué cet enfant ? Henri tenait la réponse, bien sûr, il connaissait le nom de l’assassin. C’était une figure de la Révolution, Hébert, mais personne n’avait osé, n’avait voulu franchir le pas, et l’accuser de meurtre. Meurtre d’enfant. Prémédité. Calculé. Personne n’était encore allé jusque là. »</p>
</blockquote>
<p>En 1792, Jacques-René Hébert est un être d’apparence inoffensif. Il se répand en sarcasmes et bouffonneries dans son journal satirique, Père Duchesnes. Mais la célébrité aidant, il se pique au jeu. Sa plume badine se fait plus violente.</p>
<p>Dans un premier temps, il ne va pas jusqu’à réclamer la tête du roi.</p>
<blockquote><p>Rassure-toi, gros cochon, les Français ne sont pas faits pour se souiller du sang d’un lâche. Oui, ils te laisseront vivre. »</p>
</blockquote>
<p>Puis il mord.</p>
<blockquote><p>Guillotiner un roi, est-ce que cela se peut ? Eh foutre, pourquoi pas ? sommes-nous libres ? Si nous le sommes, un roi est un citoyen comme tous les autres. »</p>
</blockquote>
<p>Louis XVII, ce petit être que Donner rend éminemment touchant, veut se défendre. Il voit son père perdre la bataille, il le trouve lâche. Il veut se battre, lui !</p>
<blockquote><p>Je serai le roi, et je dirai le mot. Chargez ! Chargez ! Tuez-les tous ! Je suis invincible, où est mon cheval ? »</p>
</blockquote>
<p>Mais c’est peine perdue.</p>
<blockquote><p>Il crie : Pas mon papa ! Ne tuez pas mon papa ! »</p>
</blockquote>
<p>Le roi mort, les écrits de Hébert, devenu fou, auront raison du petit, aussi, comme vous le découvrirez.</p>
<p>« Un roi sans lendemain » est un cours d’histoire magistral, dopé par une écriture simple mais efficace. A un rythme soutenu, le lecteur passe de la Commune de Paris, aux amours d’Henri Norden avec Dora, une présentatrice de la télévision, puis revient dans les tourments de Louis XVI et de son rejeton.</p>
<p>Donner avance des thèses osées, aussi. Ainsi, par la voix de son héros, il ne dépeint pas la Révolution comme un acte héroïque.</p>
<blockquote><p>Il n’y a rien de social, rien de politique dans cette révolution. C’est juste une poussée de violence qui atteint son paroxysme avec l’assassinat prémédité d’un enfant. »</p>
</blockquote>
<p>Le seul danger de ce roman, c’est de concevoir toute révolte comme un excès, et toute presse comme un danger. J’espère que ce n’était pas son propos, en ces temps où une contestation bien informée serait parfois très utile…
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Donner.jpg" alt="Un roi sans lendemain" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un roi sans lendemain, Christophe Donner, Grasset, 378 pages, 20,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/26/191-un-roi-sans-lendemain-christophe-donner-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/172L'amour avant que j'oublie - Lyonel Trouillot - Rentrée littéraire 2007urn:md5:d8a6616e83a0fc5fe401e6ae1b1241742007-10-20T22:59:00+00:002018-10-22T13:52:07+00:00BernardLe lointainsentimentalécrivain<p>Il y a des jours où j’imagine très bien ce que les chercheurs d’or doivent ressentir quand la terre se montre généreuse à leur égard. Tenir « L’amour avant que j’oublie », c’est avoir de l’or dans les mains.</p> <p>Par la magie des phrases brillantes qui vous enjôlent dès les premiers instants, vous arpentez les rues de Port-au-Prince, en Haïti, la ville de l’auteur. Vous voyez la vie comme elle va, la vie comme elle va vite. Vous entendez l’air.</p>
<blockquote><p>Tu connais la chanson : <em>Bleu, bleu, l’amour est bleu</em>. A l’époque, toutes les voies la chantaient. De l’école au bordel. Des boutiques du bord de mer à la ceinture de chair du quartier des mendiants serrant chaque jour de plus près les vieux murs décrépis de l’ancienne cathédrale. »</p>
</blockquote>
<p>Lyonel Trouillot conte le destin de l’Ecrivain, un romancier, poète et professeur qui envisage de déclarer sa flamme à une jeune participante à un colloque où il intervient. Mais très vite, il se rend compte que sa voix ne lui permettra pas cette audace, alors il écrit.</p>
<blockquote><p>Quand on écrit, la distance est très grande entre la main tendue et la voix qui dit non. On n’entend pas la voix. On ne regarde pas l’indifférence du visage. Et si l’on pleure, on pleure tout seul. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le récit qu’il destine à l’élue, l’Ecrivain revient sur ses années de jeunesse dans la capitale haïtienne. Ces moments de bonheur partagés avec l’Etranger, l’Historien et Raoul, les autres locataires de la pension.</p>
<blockquote><p>Nous avions pris l’habitude de placer nos chaises dans la cour, autour de la petite table en fer forgé. Avant de partir, la cuisinière nous préparait du thé qu’elle laissait sur la table. Raoul, généreux, laissait parler les autres. L’Historien remontait très loin dans le passé, l’Etranger entendait nous conter son vécu. Et c’était tous les soirs la guerre des soliloques entre hier et là-bas, la bataille à deux voix entre le carnet de voyages et les éphémérides, l’une cherchant son salut dans la mémoire du monde, l’autre se réclamant de sa géographie. »</p>
</blockquote>
<p>Lyonel Trouillot conte paisiblement le destin de ces quatre amis, leurs familles, leurs amours, leurs mensonges.</p>
<p>Ne demandez pas à l’auteur de l’ordre, de la discipline, de l’organisation. Il n’y en a pas. Ce roman de l'universel, ce roman de l'homme dénudé avance lentement et prend le temps de mille détours, durant lesquels apparaissent des personnages attachants, des contes, des ambiances et des pépites littéraires. Je vous en donne une, mais sachez qu’il y en a cent.</p>
<blockquote><p>Lorsque l’Historien avait dû quitter la pension pour l’hôpital, je venais juste de publier mon premier roman. Je lui en avais apporté un exemplaire dans sa chambre. Il l’avait rangé dans sa malle à côté de ses classiques préférés. Les quelques honneurs que le livre a pu récolter par la suite ne représentent rien devant ce geste. Les seules vraies réussites sont de l’ordre de l’intime. Aucun prix littéraire ne vaut la malle de l’Historien. On ne devrait écrire que " pour toi ". »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Trouillot.jpg" alt="L'amour avant que j'oublie" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'amour avant que j'oublie, Lyonel Trouillot, Actes Sud, 183 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/20/187-l-amour-avant-que-j-oublie-lyonel-trouillot-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/168Portrait de l'écrivain en animal domestique - Lydie Salvayre - Rentrée 2007urn:md5:f0b80547354d5b9a1e669b5b1a720eab2007-10-18T09:21:00+00:002018-10-22T13:52:15+00:00BernardLa viehumourécrivain<p>Il y a des auteurs qui ont tous les droits : utiliser des mots incompréhensibles, arrêter leurs phrases en plein milieu, et inventer des situations abracadabrantesques. Le pire, c’est que cela donne parfois des romans irrésistibles.</p> <p>Tel « Portrait de l’écrivain en animal domestique », de Lydie Salvayre. C’est l’histoire d’une écrivain française talentueuse qui décide d’écrire la biographie de Tobold, roi du hamburger, une sorte de Bill Gates de la restauration et de l’argent rapides.</p>
<p>L’écrivain s’installe donc dans le quotidien de Tobold, et fait la connaissance de Cindy, l’épouse du magnat et de Dow Jones, son chien. L’écrivain comprend alors à qui elle a affaire.</p>
<blockquote><p>Qu’il me tutoye, passe encore, me disais-je mais qu’il se gratte ou se laisse aller à remonter, devant moi, avec un parfait naturel, ses génitoires, cela me désoblige de la plus violente manière. »</p>
</blockquote>
<p>S’il n’y avait que cela ! Il y a aussi les idées de Tobold, qu’elle subit comme autant d’humiliations.</p>
<p>Sur les chômeurs.</p>
<blockquote><p>L’allocation de chômage détruit à plus ou moins long terme ceux qu’elle est censée soutenir. Je suis contre ! contre ! et contre ! écrivez-le. Les chômeurs sont la lie de la société, dont ils attendent tout, qu’elle les torche et les lange, c’est répugnant. »</p>
</blockquote>
<p>Ou sur l’économie de marché.</p>
<blockquote><p>Le nombre des adeptes qui disent O.K. à la libre économie est gigantesque et il grossit de jour en jour. Tous veulent, vois-tu, leur part de gâterie. La puissance de la Libre Economie est telle, écris-le, qu’elle convainc même ceux qu’elle menace le plus. »</p>
</blockquote>
<p>L’écrivain se révolte intérieurement, puis s’endort, découvrant avec stupeur les vertus anesthésiantes du luxe. Jusqu’à ce miraculeux et burlesque sursaut de Tobold, que je vous laisse le soin de savourer.</p>
<p>C’est avec ces situations délirantes, et des mots cinglés comme « encoucougner » ou « entéléchie » , c’est avec des rencontres impossibles, comme celles avec Robert de Niro ou Sophie Marceau, c’est avec des personnages excessifs mais diablement humains, que Lydie Salvayre a mixé son roman fou. Une bouffée, que dis-je ! un ouragan d’air frais et fin.</p>
<p>Mais attention : derrière un divertissement qui pourrait paraître anodin ne se cache pas seulement une satire de la société de consommation et ses exploitants. En inventant Tobold, un personnage sensible et plein d’humour derrière sa brutalité et sa vulgarité d’apparat, Lydie Salvayre humanise aussi ces patrons jugés cyniques. Par moment, ils se montrent même convaincants.</p>
<p>Alors prudence : gardez votre libre arbitre et ne vous laissez par encoucougner par Lydie Salvayre !
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Ecrivain.jpg" alt="Portrait de l'écrivain..." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Portrait de l'écrivan en animal domestique, Seuil, 235 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/18/186-portrait-de-l-crivain-en-animal-domestique-lydie-salvayre-rentre-littraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/163Cochon d'Allemand - Knud Romer - Rentrée littéraire 2007urn:md5:a5df2944f3532e54d8148cbce9873e072007-10-12T09:33:00+00:002018-10-22T13:52:22+00:00BernardLa vieguerreScandinavie<p>Un livre, c’est un peu comme une carte à qui l’on demande de nous guider dans les petits sentiers et les sous-bois d’une histoire. Parfois, il est agréable de se perdre, car on découvre alors des endroits inattendus.</p> <p>Attiré par le titre, j’ai franchi la lisière de « Cochon d’Allemand », de Knud Romer, qui conte l’enfance douloureuse de l’auteur, dont la mère fuit les nazis à la fin de la guerre pour se jeter dans les bras d’un Danois. Le couple s’installe dans la petite cité de Nykobing, sur l’île de Falster. Un endroit qui n’incite pas à la gaudriole.</p>
<blockquote><p>L’île de Falster était située si haut dans le nord qu’il n’y avait jamais de vrai été, et si bas dans le sud qu’il n’y avait jamais de vrai hiver. Pas de neige, pas de soleil non plus, rien que pluie, grisaille, froid et brouillard. C’était désespérant, et quand venait le mois de décembre, le sapin de Noël en haut de la cheminée de la sucrerie de Nykobing avait l’air de vouloir se suicider en se précipitant vers le bas. »</p>
</blockquote>
<p>Knud, le narrateur, raconte l’arrivée de ses parents dans ce village danois, et la manière dont sa mère fut accueillie en Allemande. Personne n’eut envie de connaître son passé d’opposante au régime nazi, et son orgueil la retint de le faire connaître. Conséquence :</p>
<blockquote><p>Mère demandait un pain blanc, un pain de seigle, un litre de lait entier et un paquet de beurre ; on lui refilait du lait qui avait tourné, du beurre rance, du pain rassis et on la trompait sur la monnaie. »</p>
</blockquote>
<p>Plus tard, ce sera au tour de Knud de subir l’assaut.</p>
<blockquote><p>J’étais un cochon d’Allemand. Je passais la quasi-totalité du temps au centre d’un cercle formé par des garçons et des filles qui me bousculaient, me crachaient dessus et scandaient des injures. »</p>
</blockquote>
<p>Knud trouvera quelques émouvants moments de fuite, que lui offriront sa passion pour les timbres-poste et surtout la radio.</p>
<blockquote><p>A la fréquence de 208 kHz, mon oreille la capta : Radio Luxembourg ! Je n’avais jamais rien entendu d’aussi irrésistible. J’avais réussi à me sauver du dix-neuvième siècle pour rejoindre enfin l’année 1974. En proie à une euphorie indescriptible, étincelante, pétillante – rien n’était plus comme avant – j’attendais avec impatience vingt heures, le début des émissions. »</p>
</blockquote>
<p>Lors de ma balade dans « Cochon d’Allemand », il m’est arrivé plus d’une fois de me perdre. Le texte est dense comme une forêt d’épicéas et il arrive que l’auteur impose des retours en arrière qui brouillent la carte. Les personnages foisonnent, et il est malaisé de les reconnaître.</p>
<p>Mais comme dans ces balades où l’on s’est un peu perdu, on revient heureux d’avoir effectué la traversée. Les images restent, et le paysage suscite la réflexion. On se demande comment une mère, puis son fils, ont pu supporter l’humiliation et l’ennui sans songer une seconde à changer d’horizon, pas même à partir en balade. La peur de se perdre, peut-être ?
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Cochon.jpg" alt="Cochon d'Allemand" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Cochon d'Allemand, Knud Romer, traduit du danois par Elena Balzamo, Les Allusifs, 183 pages, 16 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/12/183-cochon-d-allemand-knud-romer-rentre-littraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/16610 questions à Colum McCann - L'interview du Blog des livresurn:md5:ee2f84520197c0e17cb31dad090eb4382007-10-09T21:55:00+00:002023-12-08T17:41:25+00:00Bernard10 questions à...interview<p>Tout a commencé par cette petite phrase : « Je donnerais cher pour passer une soirée à la table de Colum Mc Cann, avec une petite bière irlandaise, ou un Bushmills de derrière les fagots. » Ces mots, distraits mais vrais, je les avais lâchés, comme ça, au bas d'un commentaire sur le blog, comme on lance un sourire à quelqu'un sans penser qu'il pourrait vous le rendre...</p> <p>Je venais de lire <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/09/05/159-zoli-colum-mccann">Zoli</a>, le dernier roman de l'auteur irlandais Colum Mc Cann dont la générosité m'avait séduit. Et un bienfaiteur, généreux a lu ces lignes et donné le coup de baguette magique. Du coup, j'ai bu non pas une bière, mais DEUX avec Colum Mc Cann au café "Le métro" dans le XIIème arrondissement de Paris, en face de la librairie <a href="http://www.atoutlivre.com/">Atout Livre</a>, où il se produisait. Je vous livre cette interview d'une durée de deux Kronenbourg (j'ai bu lentement), avec bruits de bistro et autres extraits sonores pour parfaire votre irlandais. Merci Christian, merci Brigitte, thanks a lot Colum Mc Cann for this four-star evening.<br />
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<img alt="" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/mccann5.jpg" /><br />
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<img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>J’ai été impressionné par le caractère équilibré de Zoli. Elle n’est ni trop bonne, ni trop mauvaise, ni trop courageuse, ni trop lâche. L’avez-vous voulue comme cela ?</strong><br />
</p>
<p>J'ai eu du mal à la capurer ! J’ai travaillé comme un forcené pour essayer de capter sa voix. Puis je suis arrivé à parler d’elle à la troisième personne, mais je n'arrivais pas à entendre sa voix. Ce n'est pas faute d'avoir essayé ! Et après deux ans et demi dans ce projet, j'ai dit à ma femme : « Je ne peux plus. Elle n’est pas là, elle ne viendra pas vers moi. Elle m'a quitté. » Alors j’ai laissé tomber le roman. Je me suis dit OK, c’est foutu. J’étais vraiment abattu. Pendant environ deux semaines, je me suis dit : je viens de gaspiller deux ans et demi de ma vie. Puis soudain, elle est venue. C’est un peu comme si j’avais dû vivre ce deuil pour la retrouver. Et aujourd’hui, c’est un de seuls personnages que j’ai créés qui ne me quitte plus. C'est étrange.</p>
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<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question1.mp3" /></audio>
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Pour créer ce personnage, qui a existé, avez-vous tiré votre inspiration de livres ou l’avez-vous inventée totalement ?</strong><br />
<br />
</p>
<div style="text-align: center;">
<p style="text-align: left;">Je l’ai inventée totalement. Et c’est cela que j’aime dans la littérature. C’est la capacité qu’on a à comprendre qui sont les gens, quelle est leur culture. Et tout cela à travers un mensonge, non, je vais plutôt dire à travers la création, car ce n’est pas vraiment un mensonge. C’est une forme de mensonge, mais c’est aussi la vérité.</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question2.mp3" /></audio>
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<img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Durant la seconde partie du roman, j’ai eu l’impression que vous ne parveniez pas à vous défaire de Zoli, que vous étiez attaché à elle. L’histoire s’éternisait un peu et je me suis dit : « Peut-être qu’il l’aime, et qu’il ne veut pas la quitter. »</strong></p>
<p style="text-align: left;">C’est marrant que vous disiez cela. Parce que dans « Danseur », je n’ai eu aucune difficulté à quitter Noureev. Ici c’était vraiment difficile de quitter Zoli. En un sens, oui, je suis tombé amoureux d’elle. Etrangement, je pense qu’elle est une partie de moi et que je ne peux pas la perdre. C’est pour moi une manière très dignifiée de vivre une relation avec la littérature. Et parfois, j’avais horreur de ce qui lui arrivait. Je me disais : « Non, non, ne provoque pas cela ! » C’est pour cela que le moment de joie de la fin est important. C’est une promesse d’espoir, de changement.</p>
<div style="text-align: center;">
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question3.mp3" /></audio>
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<p style="text-align: left;"><br />
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<img alt="Quatre" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/4.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>J’ai lu que vous aviez été journaliste à vous débuts. C’est important pour vous de voir ceux que vous décrivez et leur environnement ?</strong><br />
<br />
</p>
<p style="text-align: left;">Oui, c’est vital. j’ai besoin d’être dans le monde réel, mais aussi dans le monde imaginaire. Je ne vois pas de très grande différence entre le journaliste et la personne qui écrit des fictions, des essais, des poèmes, des pièces de théâtre ou des films. Au fond, tout ce monde écrit une histoire. En fait, tout ce que nous faisons, c’est parler de la nature humaine. Pour moi, la forme que cela prend importe peu aussi longtemps qu’on dit quelque chose de beau, de profond, ou qu’on le dit joliment. J’ai les mêmes sensations que quand j’étais journaliste. Quand je faisais ce métier, certes, l’écriture était plus brève, mais j’essayais d’être honnête, j’essayais d’être prudent.</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question4.mp3" /></audio>
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<div style="text-align: center;">
<p style="text-align: left;"><br />
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<img alt="Cinq" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/5.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Quand vous écrivez, pensez-vous en permanence au lecteur, ou êtes-vous indépendant de lui ? Est-ce que vous vous dites : « Si j’ écris cela, il ne va pas aimer » ?</strong><br />
</p>
<p style="text-align: left;">En fait, j’écris les livres que je voudrais lire. Donc, en un sens, je suis le seul lecteur. Puis ma femme lit, et elle me dit ce qu’elle pense. Elle me dit ceci est bon, ou pas, ne tue pas ce personnage. Je réfléchis, puis le livre est donné au lecteur. Et il y a des moments fabuleux. Hier soir, je suis allé signer mon livre dans une librairie, et une dame ma dit « Merci d’écrire ». C’est tellement fabuleux ! J'ai vraiment de la chance. Je me sens privilégié, et cela me donne envie de travailler encore plus dur, pour ne jamais tomber dans la facilité.</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question5.mp3" /></audio>
</div>
<div style="text-align: center;">
<p style="text-align: left;"><br />
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<img alt="Six" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/6.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Vous avez dit : « Chaque livre est un échec. » Pourquoi ?</strong><br />
<br />
<br />
</p>
<p style="text-align: left;">Parce qu’il n’est jamais aussi bon qu’au moment précis où vous l’avez imaginé. Quand vous vous installez pour commencer à écrire, vous devez-vous battre avec la conception rêvée que vous avez eue. Vous vous dites ! « Je ne vais pas y arriver », et vous vous battez et vous allez le plus loin possible. Et même si vous êtes suffisamment ambitieux, vous finissez toujours par épuiser cette ambition. Après cela, recueillir un gramme de sympathie, c’est plus encourageant que de recevoir une tonne de critiques !</p>
<div style="margin: 0 auto; display: table;">
<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question6.mp3" /></audio>
</div>
<div style="text-align: center;">
<p style="text-align: left;"><br />
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<br />
<img alt="Sept" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/7.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Ce n’est pas plus difficile d’écrire quand on est célèbre ? Le jugement des autres ne vous fait pas plus peur que jadis ?</strong><br />
<br />
En fait, c’est toujours plus difficile. On croit parfois que cela devient plus facile. Mais à chaque fois que je termine un livre, je suis terrifié de ne plus pouvoir arriver à en écrire un autre. D’ailleurs je crois que l’un des thèmes de « Zoli », c’est la fascination devant les choses difficiles. Et honnêtement, je vais vous dire une chose : c’est le livre le plus difficile que j’aie jamais écrit. C’est vrai que le style est simple, mais la difficulté est née des questions auxquelles j’ai été confronté, des recherches que j’ai effectuées pour essayer de comprendre, et puis la façon dont elle m’a quittée (voir question 1)…</p>
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<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question7.mp3" /></audio>
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<img alt="Huit" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/8.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Votre écriture, vous l’évoquez, est simple, sans effets spéciaux, vous l’avez fait exprès ?</strong><br />
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Oui, oui, absolument, c’est important ce que vous dites. Dans ce que j’ai écrit dans le passé, j’ai utilisé des effets pyrotechniques. Par exemple, dans « Danseur », il y a un passage de 40 pages sans un point. Dans « Danseur » je n’ai pas voulu faire de la surenchère, j’ai voulu refléter l’époque et l’esprit, tandis que dans « Zoli », j’ai voulu raconter l’histoire d’une manière très simple. J’ai écrit pour que les gens comprennent, mais sans en dire trop. Parce que je n’ai pas de réponses. Je ne suis pas là pour cela. Les politiciens et les historiens sont là pour cela. Les écrivains sont là pour poser des questions sérieuses que les lecteurs peuvent s’approprier.</p>
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<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question8.mp3" /></audio>
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<img alt="Neuf" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/9.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Avez-vous écrit ce livre pour changer un peu le destin des Roms ?</strong><br />
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C’est une bonne question. On ne me l’a jamais posée, en fait. En fait, non. J’ai écrit ce roman parce que j’ai été fasciné par une femme et par une personne, une culture. Mais plus je suis rentré dedans, plus j’ai compris à quel point l’histoire de ce peuple était importante. Et ce n’est pas nécessairement une bonne chose pour un écrivain, que de trop porter sur ses épaules, car il devient sentimental, ou se sent investi d’une mission. Je n’ai pas voulu cela, mais plus j’avançais, plus je me sentais responsable de cette culture. C’est aux Roms et pas à moi à dire si j’ai fait cela correctement ou pas, mais à ce stade, la réaction des intellectuels roms a été vraiment excellente.</p>
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<audio controls="" preload="auto"><source src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/sons/Question9.mp3" /></audio>
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<img alt="Dix" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/10.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux lecteurs du blog rêvant de devenir écrivain ?</strong><br />
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Ayez de l’endurance. Je ne crois pas au blocage de l’écrivain. Ce qu’il faut, c’est du désir, de l’endurance. Ce sont les deux choses les plus importantes. Je donne des cours d’écriture. Et je ne peux pas apprendre à quelqu’un à écrire une phrase, mais d'une manière assez étrange, je peux enseigner le désir. Jusqu'où es-tu prêt à vouloir ? Jusqu'où es-tu prêt à te battre, à faire des sacrifices pour raconter ton histoire ? Et je vois beaucoup de bons écrivains qui ne survivent pas parce qu’ils n’ont pas suffisamment la volonté de se battre. Ce que je dirais aussi à ceux qui veulent écrire, c’est : lisez, lisez, lisez !, rentrez dans une librairie, soyez furieux et dites : « Mais comment est-ce possible que cette merde soit publiée et que je ne le sois pas ? » Soyez jaloux, pas parce que les autres écrivent trop bien, mais parce que vous pouvez faire mieux !</p>
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</div>No et moi - Delphine De Viganurn:md5:709c007ebb9d858e67f7566f4b9015ec2007-10-07T18:30:00+00:002018-10-22T14:34:01+00:00BernardLa vieadolescenceamitiéParis<p>Les livres, c’est comme les gens. Il ne faut pas les prendre de haut. Démonstration.</p> <p>J’avais décidé de toiser « No et moi », de Delphine de Vigan. Car pour moi, l’histoire d’une ado qui sympathise avec une SDF devait couler et coller aux doigts comme le miel à travers la tartine.</p>
<p>Lou a 13 ans, « bientôt quatorze ». Au lycée, cette élève surdouée choisit pour thème de son exposé « La situation des sans-abris ». Cette idée lui est venue à la gare d’Austerlitz, où elle prend plaisir à regarder les gens. C’est là que Nolwenn, 18 ans, SDF, No pour les intimes, a demandé du feu à Lou. Les deux filles ont sympathisé. Puis se sont séparées. No est restée sur le quai. Lou est rentrée au chaud.</p>
<blockquote><p>Je me suis retournée pour lui faire un petit signe de la main, elle est restée là, à me regarder partir, ça m’a fait de la peine parce qu’il suffisait de voir son regard, comme il était vide, pour savoir qu’elle n’avait personne pour l’attendre, pas de maison, pas d’ordinateur, et peut-être nulle part où aller. »</p>
</blockquote>
<p>Allez savoir pourquoi, cette phrase m'a retourné. A cause du « pas d’ordinateur ». Cette vérité enfantine m’a fait un croche-pied.</p>
<p>Lou va réussir brillamment son exposé, et les deux filles vont devenir amies. Car il y a des choses de la vie qui sont l’horrible norme mais que Lou n’accepte pas.</p>
<blockquote><p>Moi je m’en fous pas mal qu’il y ait plusieurs mondes et qu’il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous-ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d’autres, que mon monde soit une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide. »</p>
</blockquote>
<p>Lou va donc héberger No dans son monde, jusque dans sa maison.</p>
<p>Il y a des moments amusants, comme l’instant où Lou tombe amoureuse.</p>
<blockquote><p>Panique à Disneyland, alerte rouge, mobilisation générale, affolement biologique, court-circuit, carambolage interne, révolution sidérale. »</p>
</blockquote>
<p>Et des moments de grâce.</p>
<blockquote><p>J’ignore laquelle de nous deux soutenait l’autre, laquelle était la plus<br />
fragile. »</p>
</blockquote>
<p>« No et moi » est un roman juste. Si l’on excepte l’artifice un peu osé qui consiste à rendre Lou surdouée pour la faire raisonner comme une adulte, et à part quelques discrètes invraisemblances, Delphine de Vigan s’est glissée avec tendresse, talent, intelligence et finesse dans la peau d’une ado. Bien écrit, ce petit roman de la révolte évite miraculeusement la facilité et la morale à prix cassé.</p>
<p>Ce livre m’a convaincu et ému comme le ferait un enfant qui vous met à court d’arguments, rien qu’avec sa logique de dessin animé.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/16/Rien-ne-s-oppose-%C3%A0-la-nuit-Delphine-de-Vigan">Rien ne s'oppose à la nuit</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/No.jpg" alt="No et moi" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>No et moi, de Delphine De Vigan, JC Lattès, 287 pages, 14 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/225312480X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=225312480X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=225312480X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/07/178-no-et-moi-delphine-de-vigan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/160Millénium 1, 2 et 3 - Stieg Larssonurn:md5:46a4433284f76bfc8c3aa78eeacc5cf52007-10-04T22:30:00+00:002018-10-22T14:34:09+00:00JulietteAliceLa trouilleenquêteMilléniumScandinaviesuspense<p>Cela fait des mois que j'en entends parler, de cette série Millénium dont le troisième et dernier volet vient de sortir. Et là, ça y est : j'ai trouvé quelqu'un qui les a engloutis et a voulu nous faire partager sa passion ! Je laisse la parole à Juliette-Alice, et lui voue une reconnaissance... millénaire !</p> <p>Formidable, exaltante, envoûtante, « addictive » ou détonante, la trilogie Millénium qui vient de s’achever avec le troisième volume défie les superlatifs. On pourrait tout simplement la résumer en un mot : phé-no-mé-na-le !</p>
<p>Avant l’histoire, il me faut évoquer son auteur, le Suédois Stief Larsson. Terrassé par une crise cardiaque en novembre 2004 après avoir remis les trois tomes de Millénium, Stieg Larsson était connu pour son combat politique et idéologique, à la tête, notamment, de la revue Expo, décrite comme une revue suédoise observatoire des manifestations ordinaires de fascisme.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/divers/Millenium/Millenium Stieg Larsson Bandeau.jpg" alt="" /></p>
<p>Pas étonnant, dès lors que Mikael Blomkvist, héros de Millénium qui travaille également à la revue du même nom, ne vive que pour la recherche de la vérité. Une vérité longtemps dissimulée qui va définitivement être projetée en plein jour dans « La reine du palais des courants d’air ». Un petit retour en arrière s’impose.</p>
<p><strong>« Les hommes qui n’aimaient pas les femmes »</strong>, le premier volet, met en scène Blomkvist, engagé par un riche industriel suédois afin d’écrire sa biographie. En pénétrant dans ce monde étouffant et lourd de secrets, le journaliste va découvrir rien de moins que l’horreur absolue. Brillamment, Larsson utilise les ficelles et la grammaire d’un polar pour trousser un roman détonnant. Ah oui ! Blomkvist est aidé dans sa tâche par Lisbeth Salander, une punkette étiquetée sociopathe et as en informatique qui deviendra la pièce centrale du puzzle Millénium.</p>
<p><strong>« La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d'une allumette »</strong>, le deuxième volume, est un thriller à couper le souffle, qui verra Blomkvist enquêter sur un réseau de prostitution. Le lecteur découvrira aussi le lourd passé de Lisbeth Salander, beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, et sa rencontre avec un paternel retors et fourbe . C’est sans doute le volet le plus solide et le plus musclé de la série.</p>
<p><strong>«La reine du palais des courants d’air »</strong> débute à l’hôpital avec une Salander cloué au lit au même étage que celui qu’elle a essayé d’assassiner. Si son innocence n’est pas prouvée, elle se retrouvera jusqu’à la fin de ses jours en hôpital psychiatrique. A « Super » Blomkvist de déjouer cette affolante conspiration émanant des sommets de l’Etat.</p>
<p>Tout cela est formidablement bien écrit et remarquablement documenté. Les personnages sont riches et complexes et l’intrigue à tomber. Phénomène littéraire sans précédent pour un auteur scandinave, Millénium a, paraît-il, dépassé le million de lecteurs.</p>
<p>Un mot, enfin pour vous suggérer de ne rien a avoir sur le feu lorsque vous attaquerez le premier volume… Comme dans les séries télé genre 24h ou The Soprano, vous deviendrez littéralement happé par Stieg Larsson au point de ne faire que lire jusqu’à la dernière ligne.</p>
<p>Pas convaincu ? Extrait du troisième volet.</p>
<blockquote><p>Elle finit par se lever et se placer derrière lui, puis elle dirigea la cloueuse contre sa colonne vertébrale juste en bas de la nuque. Liesbeth Salander réfléchit intensément. L’homme devant elle avait importé, drogué, maltraité et vendu des femmes au gros et au détail. Il avait tué au mois huit personnes, y compris un policier à Gosseberga et un membre du MC Svavelsjö. Elle ignorait totalement combien d'autres vies son demi-frère avait sur la conscience, mais à cause de lui, elle avait été pourchassée à travers tout le pays comme un chien fou, accusée de trois de ses meurtres à lui.</p>
<p>
Son doigt reposait lourdement sur le bouton.</p>
<p>
Elle ne voyait aucune raison de le laisser vivre. Il la haïssait avec une intensité qu’elle ne comprenait pas. Qu’allait-il se passer si elle le livrait à la police ? Un procès ? Prison à vie ? Quand allait-il bénéficier d'une permission ? Quand allait-il s'évader ? Elle sentit le poids de la cloueuse. Elle pouvait mettre une fin définitive à tout ça.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Millenium2.jpg" alt="Millénium 1" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Millénium 1, Stieg Larsson, littérature scandinave, Actes Sud, 576 pages, 22,8 euros. Notre note : 5/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2330004990/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2330004990&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2330004990" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Millenium3.jpg" alt="Millénium 2" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, Millénium 2, Actes Sud, 656 pages, 23 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2742797874/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2742797874&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2742797874" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Millenium1.jpg" alt="Millénium 3" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La reine dans le palais des courants d'air, Millénium 3, Actes Sud, 710 pages, 21,8 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2330014422/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2330014422&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2330014422" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/04/177-millnium-1-2-et-3-stieg-larsson#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/159Je m'appelle François - Charles Dantzig - Rentrée littéraire 2007urn:md5:27761737bbe759b5b36594a7345771b92007-09-28T09:32:00+00:002018-10-22T14:34:16+00:00BernardLa vieimposture<p>Je suis sûr que vous en connaissez. Des gens qui dépensent une énergie folle à se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas.</p> <p>Dans son dernier roman, Charles Dantzig en a fabriqué un, et un fameux, François.</p>
<blockquote><p>« Je m’appelle François » est peut-être la seule phrase où je n’aie jamais menti de ma vie.</p>
</blockquote>
<p>Notre galopin débute une existence un peu terne à Tarbes, dans les Pyrénées. Mère prostituée, père alcoolique, il prend son balluchon, et débarque à Paris.</p>
<p>Là-bas, François Audiard, Delamothe ou d’Array (cela dépend des jours) vit de petits larcins. Mais notre homme est un ambitieux. Aussi parvient-il à lier des amitiés dans la jet set locale, en poussant simplement la porte du Palace, la boîte à la mode.</p>
<p>De mensonges en escroqueries, notre sacripant, devenu François Depardieu, le neveu de qui vous savez, file ensuite à New York, puis Los Angeles. Ses fréquentations : Mel Gibson et tout l’arrière ban du star system hollywoodien.</p>
<p>Depardieu découvert, François (Branson) ira se nourrir d’autres crédulités à Dubaï.</p>
<p>Dans « Je m’appelle François » il y a des moments agréables, comme lorsque François se dote de gardes du corps.</p>
<blockquote><p>Il venait de décider d’en embaucher un. Un garde du corps qui n’aurait rien à garder, puisque personne ne le menaçait, mais il donnerait précisément l’idée du contraire : et François Depardieu passerait pour un important. »</p>
</blockquote>
<p>Mais il y a aussi d’épuisantes longueurs. L’écriture, hachée, cassée, touffue, approximative, parfois, renforce cette impression de stagnation. Il y a des passages proprement incompréhensibles, des fautes de français, des formulations alambiquées.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>Quand il était revenu d’acheter du coca dont il ne restait plus (…) »</p>
</blockquote>
<p>La charpente du roman n’est par ailleurs pas des plus solides, certaines scènes sont invraisemblables et l’auteur semble multiplier les efforts pour les rendre crédibles, en ajoutant à la va-vite et parfois entre parenthèses des flash-back pour les justifier.</p>
<p>On sent enfin que l’auteur profite de François pour lâcher quelques considérations philosophiques. Parfois vaguement inspirées.</p>
<blockquote><p>J’ai voulu être un autre moi, un moi meilleur, le monde ne l’a pas permis. Les gens n’aiment pas que nous changions. Il n’aiment pas ça comme ils n’aiment pas que l’on déplace des objets dans la cave. »</p>
</blockquote>
<p>Souvent superficielles.</p>
<blockquote><p>L’humour est une lâcheté, se dit-il. On rit pour se donner une supériorité et pendant ce temps-là, on n’agit pas. »</p>
</blockquote>
<p>Bref, un petit divertissement, pas un grand roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Dantzig.jpg" alt="Je m'appelle François" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Je m'appelle François, Charles Dantzig, Grasset, 313 pages, 18,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/28/173-je-m-appelle-francois-charles-dantzig-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/155Le canapé rouge - Michèle Lèsbre - Rentrée littéraire 2007urn:md5:8caf90fa2755cbe46ee89268d03c6f4b2007-09-21T21:17:00+00:002018-10-22T14:34:23+00:00BernardL'amourParisRussievoyage<p>Le sirop d’Erable vous écœure ? Vous ne pouvez plus supporter les slows du genre « Hotel California » ? La boule de glace sur la tarte tatin devrait, selon vous, être rayée de la carte (des desserts) ? Alors ne lisez pas « Le canapé rouge ».</p> <p>Ce roman sucré raconte l’histoire d’Anne, qui entreprend un voyage en train à travers la Russie pour retrouver Gyl, l’homme qu’elle n’aimait plus vraiment mais bon encore un peu alors elle a voulu le revoir.</p>
<p>Anne raconte son périple ferroviaire, son arrivée dans cette petite ville au bord du lac Baïkal et le destin de son ancien amant. Un destin qu’elle soupçonnait, mais qu’il lui a fallu approcher au plus près.</p>
<p>Anne croise ce récit avec celui de sa fascination pour Clémence, sa voisine âgée, qui vit à l’étage en dessous de chez elle, à Paris. Clémence a élu domicile dans un canapé rouge, qui trône en ses appartements.</p>
<blockquote><p>Deux fois par semaine je descendais l’étage pour lui faire un peu de lecture, ou lui raconter la vie de femmes qui m’étaient chères par leur insolence, leur courage, leur espièglerie parfois, leur destin tragique souvent. »</p>
</blockquote>
<p>Ces femmes qui se nomment Marion de Faouët, Olympe de Gouges, Milena Jesenská ou Anita Conti.</p>
<p>Les deux amies se racontent aussi leurs amours, déçues ou non, et la façon dont elles tentent de ressembler à leurs héroïnes, une obsession que Clémence poussera finalement au-delà des limites.</p>
<p>Malgré ses bonnes intentions, je sors de ce roman avec un brin d’irritation.</p>
<p>Il regorge de clichés. En Russie, les gens s’appellent « Boris, Piotr ou Vania ». Ils ont « les yeux gris-bleus ». Dans le train, la narratrice lit Dostoïevski. A Moscou, elle traverse la place Rouge et visite le musée Pouchkine. Et puis la mafia se terre, « derrière les vitres teintées des Mercedes. » Quand il est question de Cuba, c’est pour évoquer les Mojitos, quand on aborde Venise, c’est pour parler du « clapotis de l’eau sous la fenêtre. »</p>
<p>Sans parler des phrases qui se veulent aériennes, des sentiments qui se veulent élevés, mais qui peinent à quitter le plancher des vaches.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>Je pensais à Gyl, à cette maxime tibétaine disant que le voyage est un retour à l’essentiel. Et puis je m’étais tue, absorbée par l’inquiétude qui me poussait si loin, si seule. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, moi qui ne suis pas le dernier à verser une larme quand d’autres gardent contenance, ce livre ne m’a pas touché. Personnellement, j’aime que l’émotion me surprenne, j’aime tomber dans le piège des mots choisis et des situations subtiles d’où naît le grand frisson.</p>
<p>Mais ici, je n’ai pu m’abstraire d’un inconfort, qui m’a rappelé ces vins où l’on ajoute des copeaux de bois pour leur donner un goût de vanille...
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Canapa.jpg" alt="Le canapé rouge" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le canapé rouge, de Michèle Lèsbre, éditions Sabine Wespieser, 149 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/21/169-le-canape-rouge-michele-lesbre-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/151Alabama Song - Gilles Leroy - Rentrée littéraire 2007urn:md5:440a4394a07375d03b4e836a9acecfa92007-09-19T15:17:00+00:002018-10-22T14:34:29+00:00BernardL'amoursentimentalécrivain<p>Cela vous est déjà arrivé ? Vous entamez, un peu distrait, la lecture d’un roman. Et à mi-chemin, c’est la révélation : vous comprenez tardivement un élément qui change totalement votre lecture...</p> <p>J’étais donc entré dans Alabama Song par la petite porte, sans autre attente que celle suscitée par un titre alléchant.</p>
<p>Direction Montgomery, Alabama, à la rencontre de Zelda. Une femme de tête.</p>
<blockquote><p>Je suis la fille du Juge, la petite fille d’un sénateur et d’un gouverneur : je fume et je bois et je danse et je trafique avec qui je veux. Je suis une salamandre : je traverse les flammes sans jamais me brûler. »</p>
</blockquote>
<p>Au soir de la Grande Guerre, elle fait la connaissance de Fitz, un aviateur venu des Grands Lacs, et en partance pour le Vieux Continent. Il s’est promis de devenir un écrivain célèbre. Et comme en Europe, les canons se taisent, il se consacre à son rêve, et le réalise.</p>
<p>Fitz et Zelda vont vivre une passion. Pas de celles qui consument les êtres en un rien de temps, non, un amour fou qui va les brûler durant trente ans.</p>
<p>Au fil de ma lecture, je me rends compte que Fitz est un diminutif de Fitzgerald. Tiens, tiens. Et que Zelda le nomme aussi Scott, ou Francis. Mmh. Francis Scott Fitzgerald. Il me semble avoir déjà vu ces noms et prénoms accolés. Et soudain ça fait tilt, Scott Fitzgerald ! bon sang mais c’est bien sûr : l’auteur de Gatsby le magnifique !</p>
<p>Voilà qui change totalement ma lecture, car savoir qu’une telle passion exista, qu'elle fut aussi littéraire que charnelle, me la rend d’autant plus incandescente.</p>
<p>Dans les années folles, cette amour transforme Zelda.</p>
<blockquote><p>Pour la première fois à Manhattan, je suis une femme sexy, une bombe comme ils disent, une femme avec qui l’on sort fou de fierté et avec qui l’ont rentre fou de désir. »</p>
</blockquote>
<p>Le succès de Scott passe. Le déclin s’immisce, mais la passion dure.</p>
<blockquote><p>J’ai épousé un artiste ambitieux, me voici douze ans plus tard flanqué d’un notable ivrogne et couvert de dettes, telle la dernière des rombières. »</p>
</blockquote>
<p>De la naissance de cette amour à la destruction de ses deux jouets, Gilles Leroy nous ballade dans ces vies exagérées.</p>
<p>Il prend des risques : il invente une partie de la vie de Zelda, il retourne parfois 20 ans en arrière, trois en en avant, six ans plus tôt en deux ou trois paragraphes. Le lecteur n’a pour seul repère que les dates, que l’auteur a inscrites dans la marge. On est parfois perdu, mais c’est presque un plaisir, comme si cette passion nous emportait un peu, nous aussi.</p>
<p>Et puis il y a des élans de profondeur et de sensibilité, comme ici, sur l’amitié entre hommes.</p>
<blockquote><p>Deux hommes ne mesurent jamais la dimension physique de leur attirance l’un envers l’autre. Ils l’enfouissent sous les mots, sous des concepts sentimentaux tels que la fidélité, l’héroïsme ou le don de soi. »</p>
</blockquote>
<p>L’utilisation de personnages célèbres n’est pas un prétexte pour faire un roman facile ou étaler une culture. Non, ici c'est un tremplin pour une vraie création, originale, profonde et très bien écrite.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Alabama.jpg" alt="Alabama Song" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Alabama Song, Gilles Leroy, Mercure de France, 192 pages, 15 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/19/168-alabama-song-gilles-leroy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/150Retour au village d'hiver - André Marcel Adamekurn:md5:44516bb171899d5b260ad8678acef6502007-09-15T11:49:00+00:002018-10-22T14:34:39+00:00MartinRoulez jeunesse !famillesentimental<p>Et voici le retour de Martin, notre spécialiste jeunesse. Et pourquoi lui ? Parce qu'il est jeune, pardi ! Je lui laisse la parole.</p> <p>Je vous présente Gilles.</p>
<p>Orphelin de père depuis l’âge de 2 ans.</p>
<p>Il enchaîne les relations amoureuses qui se terminent (presque) toutes en cauchemar. Sa mère s’est bien remariée, qui plus est avec un architecte qui leur a offert une maison, mais Gilles ne le supporte pas. Il le considère comme un ennemi a la mémoire de son père qu’il idéalise.</p>
<p>Chaque fois qu’ils se rencontrent c’est la même chose : crise de nerfs et disputes violentes, ce qui fait déprimer tout le monde, surtout la fille de l’architecte, Florence. Depuis son plus jeune âge, Gilles n’a qu’un but dans la vie : retrouver la trace de son père. C’est pour cette raison qu’il part à Valdaine, lieu de disparition de son père. Il se constituera petit a petit la vraie image de son père, différent de l’être défini par sa mère…</p>
<p>A ma première lecture, ce livre ne m’a pas beaucoup plu. A la deuxième, je l’ai beaucoup plus apprécié.</p>
<p>Cause : la quatrième de couverture. Je trouve qu’elle ne correspond pas avec l’esprit général, le contexte du livre. On le présente comme un livre super intéressant (normal pour une quatrième de couverture) mais quand on parle de son contenu, on souligne l’aspect recherches familiales, rebondissements de l’histoire. C’est vrai qu’il y en a mais ce n’est pas le principal. Le livre correspond beaucoup plus au genre « récit de vie quotidienne ».</p>
<p>Dans ce livre, je pense que l’histoire doit être prise en compte (c’est quand même un roman) mais qu’il faut surtout regarder plus loin, notamment dans le style d’écriture d’Adamek, auteur que j’aime particulièrement.</p>
<p>J’aime son art de la description. Comme ici.</p>
<blockquote><p>A la lueur d’un réverbère clignotant, Gilles débarqua sur le quai de Lagnevie, d’un pas qui se voulait solennel, mais que le sol rendait glissant. Avec l’Eglise, dont le clocher de tuiles claires crevait la nuit, l’auberge partageait le privilège d’être la construction la plus imposante du village. Sa façade à colombage s’étageait en trois rangées de fenêtres aux volets percés de losanges ou de cœurs. Des lanternes éclairaient l’entrée, couvertes d’une couronne de glace qui avait commencé de fondre à la chaleur des ampoules. »</p>
</blockquote>
<p>Et puis il y a sa manière de présenter les personnages. Avant leur description physique ou autre, il nous apprend les conséquences des métiers exercés par les personnages sur leur caractère ou leur situation sociale, économique.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>Si la tante Claudie n’avait pas de mari, ce n’était dû ni a son physique, lequel était plutôt agréable, ni a son caractère, d’une constante affabilité, mais plutôt au commerce qu’elle exerçait et qui l’avait maintenue depuis trente ans à l’écart des rencontres glaçantes. »</p>
</blockquote>
<p>Ou ici.</p>
<blockquote><p>Grégoire Martinel était un de ces hommes dont la physionomie se métamorphose au contact des animaux. Il en existe qui finissent par adopter le masque et les attitudes de leur chien. Le berger, lui, ressemblait à un mouton »</p>
</blockquote>
<p>Bref, un roman très bien écrit mais qui ne vaut pas les meilleurs livres de suspens… !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Adamek.bmp" alt="Retour au village d'hiver" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Retour au village d'hiver, d'André Marcel Adamek, Labord (également disponible en poche), 126 pages, 7 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/15/165-retour-au-village-d-hiver-andr-marcel-adamek#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/147Le rapport de Brodeck - Philippe Claudelurn:md5:239652f8b236074109565a99ff80d9b32007-09-13T08:21:00+00:002018-10-22T14:34:45+00:00BernardLa vieguerrePhilippe Claudelsentimentalvillage<p>C’est cruel, un roman de Philippe Claudel. Cruel pour les autres écrivains. Et cruel pour nous tous, tant l’âme humaine y est décrite sans amortisseurs.</p> <p>Brodeck est un revenant. Peu de temps après l’arrivée de l’envahisseur, les gens de son village l’avaient dénoncé à l’occupant, pour appartenance à un peuple « nuisible et inférieur ».</p>
<p>Son sort ne faisait guère de doute. Et pourtant.</p>
<blockquote><p>Mon nom était sur le monument, mais comme je suis revenu, Baerensbourg le cantonnier l’a effacé. »</p>
</blockquote>
<p>Rescapé des ténèbres Brodeck aspire à un repos de l’âme. Mais le village en décide autrement. Car Brodeck dispose d’un talent, l’écriture.</p>
<blockquote><p>J’ai toujours eu un peu de mal à parler et à dire le fond de ma pensée. Je préfère écrire. Il me semble alors que les mots deviennent très dociles, à venir me manger dans la main comme de petits oiseaux, et j’en fais presque ce que j’en veux, tandis que lorsque j’essaye de les assembler dans l’air, ils se dérobent. »</p>
</blockquote>
<p>Aussi les hommes du village lui demandent-ils de dresser un rapport racontant l’« Ereigniës », afin que tout le monde puisse comprendre et pardonner. Dans le patois alémanique local, l’« Ereigniës » signifie l’événement, le sort que les hommes du village ont réservé l’« Anderer », cet homme riche qui est arrivé au village peu de temps après le retour de Brodeck. A cheval.</p>
<blockquote><p>« Ici, les chevaux, on les avait tués depuis longtemps, et mangés. Et depuis la fin de la guerre, on n’avait jamais eu l’idée d’en reprendre. On n’en voulait plus. On leur avait préféré les ânes, et les mules. Des bêtes très bêtes, avec rien d’humain en elles et aucun souvenir sur le dos. »</p>
</blockquote>
<p>Dans les notes prises en marge de son rapport, qui constituent le roman de Philippe Claudel, Brodeck raconte comment l’Anderer est arrivé. Et comment il paya pour son crime. Le crime d’être différent, silencieux, charismatique et souriant.</p>
<blockquote><p>« Ca ne pouvait que se terminer comme ça. Cet homme, c’était comme un miroir, il n’avait pas besoin de dire un seul mot. Et les miroirs ne peuvent que se briser. »</p>
</blockquote>
<p>« Le rapport de Brodeck » est un roman supérieur. L’agencement des événements tient de la chorégraphie. Les flash-back sont imperceptibles et les relances discrètes. L’écriture est du même brassin. De la première page à la fin raffinée, à aucun moment je n’ai lu du Claudel. J’ai lu du Brodeck.</p>
<p>Et puis il y a ces petites choses qui décuplement le plaisir.</p>
<p>Les métaphores champêtres.</p>
<blockquote><p>Sa peau devint rouge comme les cerises sauvages qui mûrissent en juin. »</p>
</blockquote>
<p>Ces grandes et petites vérités, toujours profondes et à leur place.</p>
<blockquote><p>Dieu, s’il existe encore, est un bien curieux personnage, qui choisit de laisser vivre en toute quiétude des arbres durant des siècles mais qui rend la vie des hommes si brève et si dure. »</p>
</blockquote>
<p>Et puis cette façon qu'a Claudel de ne jamais nommer les choses comme nous les connaissons. Par le truchement du patois, les juifs sont des « Fremdër ». Les Allemands sont des « Fratergekeime ». Comme si Claudel avait la conviction que ces noms là n’ont fait que passer, mais que les concepts demeurent.</p>
<p>Durant la lecture de ce roman, gris, glacial, automnal, je me suis aperçu que ma vision de la vie s’obscurcissait, imperceptiblement. Je mets cela sur le compte du talent de romancier, qui parvient à nous embobiner, car je lui interdis d’avoir raison. Mais si ce roman-là ne reçoit pas une distinction suprême, je ne comprends plus rien. Ou alors, c’est qu’il est un miroir et qu’il faut le briser...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Brodeck.jpg" alt="Le rapport de Brodeck" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le rapport de Brodeck, Philippe Claudel, Stock, 401 pages, 21,50 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253125725/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253125725&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253125725" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/13/164-le-rapport-de-brodeck-philippe-claudel-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/146Le nouvel amour - Philippe Forest - Rentrée littéraire 2007urn:md5:e2c464af692100e4b254ae87dbea11f82007-09-07T09:45:00+00:002018-10-22T14:35:11+00:00BernardL'amourfemmessentimental<p>Vous arrive-t-il de dévoiler quelques détails de votre intimité à des inconnus ? Beaucoup ne le font qu’au compte-goutte. Philippe Forest lui, ouvre carrément le robinet, et y accroche le tuyau d’arrosage. Je plains son entourage, élevé malgré lui au rang de héros de roman d’amour.</p> <p>Dans « Le nouvel amour », il raconte par le menu son histoire avec Lou, une femme qu’il a rencontrée au moment où il n’attendait plus rien.</p>
<blockquote><p>Mon existence ne différait de celles des autres que sur un seul point : elle était sans avenir. La reconduction à l’identique des jours, des semaines, des années, me laissait immobile au sein du grand mouvement du temps qui poussait tous les autres vers l’avant ».</p>
</blockquote>
<p>Il est marié avec Alice, la maman de sa petite fille envolée à jamais. Cette expérience de profond désespoir l’unit encore à elle, d’un lien qui ressemble à l’amour, mais qui ne l’empêche pas de fondre pour Lou.</p>
<blockquote><p>Un nouvel amour vient et, comme on a déjà vieilli, il y en a eu beaucoup d’autres avant lui. Et pourtant, il est le seul. Tout ce que l’on vous a donné avant lui, il vous le donne une fois de plus. »</p>
</blockquote>
<p>Au fil des pages, Philippe et Lou vont vivre une histoire accidentée dont le premier donne le ton. Il rend Lou heureuse ou malheureuse, en fonction de sa météo affective, qui, parfois lui fait promettre l’éternité à sa maîtresse, parfois lui fait entrevoir la rupture et son retour auprès d’Alice.</p>
<p>Le ton est cru.</p>
<blockquote><p>Même la masturbation ne parvenait plus à me reconduire vers la nuit. Je ne trouvais plus dans ma tête les images de Lou qui auraient suffi à me faire vider ensuite dans les draps. »</p>
</blockquote>
<p>Je n’ai pas envie de déconseiller roman, car la langue est belle et je sais que les histoires affectives des autres permettent parfois de se situer sur la carte de ses propres amours.</p>
<p>J’ai juste envie de dire que, personnellement, j’éprouve une aversion pour ce genre de littérature.</p>
<p>Cette histoire d’amour est d’une profonde banalité. L’auteur semble en être conscient, et se justifie parfois en disant que certains aspects des amours ne figurent dans aucun roman, comme s’il cherchait un prétexte pour se raconter.</p>
<p>Je me fous de savoir que Philippe Forest se fait jouir tout seul et qu’il fait l’amour toutes les trois pages à sa maîtresse. Le seul but de ce livre est que Monsieur se sente mieux et tant pis pour le lecteur.</p>
<p>Je n’ai rien contre l’écriture-thérapie. En revanche, le manque d’inspiration me désole. Et quand il s’étale avec autant de nonchalance et de manière assumée, je trouve ces écrits égoïstes. Je me trouve dur, là, mais rien à faire : j'ai vraiment l'impression que je pense ça :-)
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Forest.jpg" alt="Le nouvel amour" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Philippe Forest, Le nouvel amour, Gallimard, 174 pages, 16 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070361233/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070361233&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070361233" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/07/160-le-nouvel-amour-philippe-forest-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/143Zoli - Colum McCann - Rentrée littéraire 2007urn:md5:b3d0d50d5f4e51a4eae09d56d1fe5bb32007-09-05T23:22:00+00:002018-10-22T14:35:17+00:00BernardL'aventurevoyage<p>Marre des écrivains qui n’ont rien à dire et qui en font des bibliothèques ? Alors j'ai une bonne surprise pour vous. En voiture ! Ou plutôt : en roulotte !</p> <p>Il était une fois Zoli. C’est une petite Rom de Slovaquie qui n’avait pas 6 ans quand les nazis ont noyé ses parents au fond d’un lac glacé. Heureusement, ce jour-là, Zoli se baladait au loin, avec son grand-père adoré.</p>
<blockquote><p>Et de sillonner les routes, lui et moi. Je passais encore mes journées à regarder derrière, à attendre que ma famille nous rattrape, mais bien sûr cela n’arriverait plus. »</p>
</blockquote>
<p>Ce grand-père débonnaire avait toutes les audaces. Y compris celle d’emmener Zoli sur des chemins ou d’ordinaire les Roms ne s’aventurent pas.</p>
<blockquote><p>Comme nous cheminions vers l’est à l’ombre des montagnes, il a fini par promettre, si j’étais sage, de m’apprendre à lire et à écrire, moi aussi. Mais il ne fallait pas le dire, personne ne devait le savoir, c’était mieux comme ça, ceux qui se méfient des livres en feraient toute une histoire. »</p>
</blockquote>
<p>Zoli apprend si bien la musique des mots, qu’elle en fait des chansons à texte, dont l’air s’élève puis s’épanouit au cœur des roulottes.</p>
<blockquote><p>La poésie de Zoli ne cherchait pas à éblouir avec des pensés stupéfiantes, mais simplement à rendre inoubliable un moment singulier. »</p>
</blockquote>
<p>Ces mélopées arrivent à l’oreille de Stransky, un poète communiste, qui lui prédit un destin extraordinaire. Il en sera d’ailleurs l’artisan, lui qui la fait connaître à la Tchécoslovaquie toute entière. Il est assisté dans cette noble tâche par Stephen Swann, dont Zoli envoûtera le cœur jusqu’à lui faire perdre la raison. La voulant à lui alors qu’elle n’est à personne, il commet l’irréparable trahison, qui attire à Zoli les foudres des siens.</p>
<blockquote><p>L’assemblée la déclara faible, jugeant qu’il lui manquait la force du corps et de l’esprit, la condamnant Polluée à Vie pour Infamie et Trahison de la Cause Rom au profit d’étrangers. »</p>
</blockquote>
<p>Pour avoir trop aimé les lettres, voilà Zoli jetée sur les routes, déchirée, abandonnée, affamée, brisée. Sa vie ne la quitte pas, mais dérape à l’ouest, en Autriche, en Italie, puis à Paris.</p>
<p>Voilà un roman équilibré et généreux. Colum McCann offre le beau destin de Zoli comme un cadeau qu'on n'attendait plus. Zoli existe, parce qu’elle n’est pas trop belle, rebelle, généreuse, talentueuse, courageuse, ni chanceuse. Elle est tout cela sans excès. Le monde où elle vit est juste, où la cruauté est là mais pas partout, où la bonté existe mais pas chez tout le monde.</p>
<p>Et la plume de Columm Mc Cann est si noble, qui s’efface devant ce destin.</p>
<p>On lui pardonnera de multiplier les détours vers la fin du roman, comme s’il s’était attaché à Zoli et se trouvait incapable de s’en séparer. Mais il finit par y arriver, il lâche Zoli et le lecteur en les poussant du pied sans brusquer, comme on le ferait d'une embarcation que l’on veut voir quitter la rive en douceur et s’en aller voguer dans la bonne direction.
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Lisez aussi notre <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/10/09/182-10-questions-colum-mc-cann-dans-un-bistro-l-interview-du-blog-des-livres">interview de Colum Mc Cann</a>.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Zoli.jpg" alt="Zoli" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Zoli, Colum McCann, traduit de l'anglais par Jean-Luc Piningre, Belfond, 329 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/226404750X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=226404750X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=226404750X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/05/159-zoli-colum-mccann#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/141Chroniques de l'asphalte 2/5 - Samuel Benchetrit - Rentrée littéraire 2007urn:md5:bd115168cb31d1a7695629a25b93e1c32007-09-02T14:50:00+00:002018-10-22T14:35:23+00:00BernardL'aventureParis<p>Ce qu’il y a de chouette avec Samuel Benchetrit, c’est qu’il annonce immédiatement la couleur. Vive.</p> <blockquote><p>DRRRRIIINNG a fait le réveil.</p>
<p>
BOUM mon poing contre le réveil.</p>
<p>
SPLASH SPLASH les giclées d’eau balancées à la gueule.</p>
<p>
Et GLOUP GLOUP le café égoutté. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà les premières lignes. Vous l’aurez compris, tout cela n’est pas très Gallimard. Le style est brut, et les petites histoires que Samuel Benchetrit conte à coup d’onomatopées, ne le sont pas moins. Fil conducteur de ce deuxième volet des « Chroniques de l'asphalte » : Bench, un jeune adulte, candide, espiègle et sans le sou, débarque à Paris. Et pas sur les sentiers battus, contrairement à ce que le titre du livre pourrait laisser accroire.</p>
<p>On rencontre des biscuits italiens qui parlent.</p>
<blockquote><p>Vieni… Mangiami, mangiami… Hum… Buono… Sono la perfezione… Vieni… Prendimi in bocca….</p>
<p>
- Qui me parle ?</p>
<p>
- Noi.</p>
<p>
- Qui Noi ? »</p>
</blockquote>
<p>Il y aussi des moments de suspense. Comme la circoncision de Bench, à 18 ans, précédée d’une petite mise au point avec le rabbin.</p>
<blockquote><p>- Pourquoi tu as peur comme ça, fit le rabbin.</p>
<p>
- Ben c’est à cause de…</p>
<p>
J’ai mimé un ciseau qui coupe.</p>
<p>
- J’ai peur de déguster vous comprenez ?</p>
<p>
- Oui, mais après tu seras un homme juif.</p>
<p>
- J’ai peur de devenir une femme juive, monsieur le rabbin. »</p>
</blockquote>
<p>Il est aussi question d’une blonde plantureuse qui s’appelle Jean-Marc, d’un pilier de bistrot qui mange des verres et des comptoirs et qui rêve de dévorer Nantes, d’un Black qui corrige un troupeau de skins à lui tout seul et j’en passe.</p>
<p>Derrière les pompes à bières des bistrots qui ne ferment jamais, dans les voitures du RER, dans les petits appartes miteux juste sous les toits, Bench apprend la vie. J’ai aimé ce ton naïf, cette créativité, cette petite touche de sensibilité, et cette bouffée d’air frais dans une littérature très propre sur elle. Car il faut le savoir : ça vomit beaucoup, ça sodomise, c’est très Marcel et bite-couille-nichon, ça ne plaira pas à tout le monde. Vous l’aimerez si comme moi vous ne crachez pas sur le houblon, les bistrots et leur faune, les surprises de la ville, le désordre, quoi.</p>
<p>Mais qu'on se le dise : ce livre-là n’est pas très urbain…
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Bench.jpg" alt="Chroniques de l'asphalte 2/5" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Chroniques de l'asphalte, Samuel Benchetrit, Julliard, 241 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/02/156-chroniques-de-l-asphalte-samuel-benchetrit-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/138L'erreur est humaine - Woody Allenurn:md5:d446eddc939d3d46ec8c122ea372780e2007-08-30T21:27:00+00:002018-10-22T14:35:30+00:00BernardLa viehumour<p>Tout le monde aux abris : Woody Allen écrit des livres !</p> <p>Et même si son nom ne figurait pas sur la couverture, il ne faudrait pas être grand clerc pour deviner qui se cache derrière ces 18 délires.</p>
<p>Qui d’autre en effet, serait capable de raconter le destin brisé d’un père dont le petit garçon est recalé à l’épreuve de sélection de la plus prestigieuse école maternelle de Manhattan ?</p>
<blockquote><p>Apparemment, il y a eu un scandale au sujet de l’aptitude du garçon à peindre avec ses doigts. »</p>
</blockquote>
<p>Le réalisateur le plus prolifique de Hollywood nous offre aussi l’histoire de la rénovation d’une maison à New York, achetée auprès de l’agence immobilière Mengele. Les corps de métier n’y sont pas plus dociles que dans nos régions.</p>
<blockquote><p>Ledit logis était vendu « prêt pour emménagement immédiat » - et sans doute l’était-il, du moins pour une famille de romanichels ou des amateurs de bivouac sur gravats. « C’est un défi », déclara ma femme, pulvérisant du même coup le record féminin de la litote en salle. Les mois passèrent et la date de fin des travaux, déjà reculée une demi douzaine de fois, continuait de s’éloigner, comme un pack de bières fraîches en plein désert. »</p>
</blockquote>
<p>Plusieurs nouvelles prennent leur source dans des articles du New York Times, comme cette histoire de truffes vendues aux enchères chez Christie’s, ou ces costumes qui éliminent automatiquement les taches. Il y a aussi ce petit texte hilarant sur un voleur d’étiquettes de matelas. L’affaire est confiée à Homer Pugh.</p>
<blockquote><p>Pugh a toujours été policier. Son père était un célèbre braqueur de banque et le seul moyen de passer un peu de temps avec lui, c’était de l’appréhender. »</p>
</blockquote>
<p>Admirez les noms, aussi. Les héros du recueil s’appellent Harvey Afflatus, Squeezix Feebleman, Noah Untermensch, sans oublier la pulpeuse Foxy Breitbart.</p>
<p>Un petit livre jaune distrayant, porté par un humour qui n’a pas la finesse d’un mannequin-vedette mais qui séduit, à condition d'en extraire quelques nouvelles proprement illisibles et carrément ratées.</p>
<p>Mais ce sacré Woody ne nous avait-il pas annoncé la couleur en intitulant son recueil « L’erreur est humaine » ?
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Allen.jpg" alt="Woody Allen" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Woody Allen, L'erreur est humaine, recueil de nouvelles, Flammarion, 253 pages, 19,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/30/155-l-erreur-est-humaine-woody-allen#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/137A l'abri de rien - Olivier Adam - Rentrée littéraire 2007urn:md5:6669164fb48b70fa8fbcde4b7aa7170d2007-08-29T04:25:00+00:002018-10-22T14:35:37+00:00BernardL'aventuremariagemer<p>Même avec quelques fausses notes, il y a des symhponies qui ne perdent rien de leur puissance.</p> <p>Le concert commence, en douceur, « adagio ». Marie, la narratrice, coule des jours paisibles dans une région balnéaire du nord de la France. Elle a tout pour être épanouie : Stéphane, un mari qui l’aime, Luca, un petit gars adorable, et Lise, la petite dernière, sans histoire. Seulement voilà.</p>
<blockquote><p>Ma vie c’était ça et rien d’autre : les gamins le bain les devoirs les repas la vaisselle le linge et le ménage, les courses chez Ed, ou au Carrefour quand ça me déprimait trop, le cinéma une fois tous les six mois, la télé tous les soirs et basta, à quoi ça sert de se mentir, la vie c’est ça et pas grand chose de plus pour la plupart d’entre nous. »</p>
</blockquote>
<p>Le tempo s’accélère, « andante ». Jallal, réfugié kosovar, aide Marie à changer sa roue en pleine nuit. Elle prend conscience que des âmes en peine comme celle de Jallal, il y en a des centaines à sa porte, venues de pays lointains avec un rêve : l’Angleterre. Ils sont là depuis plusieurs années, mais désormais elle les voit.</p>
<blockquote><p>Devant les centres, assis sur les marches, ils étaient dix ou plus à attendre, les jambes serrées dans leurs bras découverts par leurs manteaux trop courts, la tête dans les genoux et les yeux clos. »</p>
</blockquote>
<p>Le rythme du roman croît encore, « allegretto ». Marie se passionne pour ces hommes que tout le monde nie, que la police bat. Elle leur prépare des repas, leur offre des couvertures, dépense ses jours et ses nuits sous les tentes des centres de soins. Elle délaisse son foyer, dort rarement à la maison, mais elle n’a pas d’amant. C’est pire : une passion pour une cause perdue. Les enfants en font les frais.</p>
<blockquote><p>Ta mère baise avec les Kosovars. Tu va nous refiler des maladies. »</p>
</blockquote>
<p>Au moment où le rythme s’emballe définitivement, « prestissimo », j’entends les fausses notes. Je remarque quelques lourdes invraisemblances. La narratrice se contredit, le destin des personnages est exagérément sombre, on voit un peu trop les ficelles.</p>
<p>Et puis il y a les bulletins météo. Chaque fois qu’un événement important se produit, l’auteur nous décrit le temps qu’il fait. Et plus l’événement est grave, plus le temps est gris.</p>
<p>Dommage. Parce que l’histoire de cette femme qui se perd pour les autres est magnifique. Parce que le rythme s’accélère avec justesse tout au long du roman. Parce que les personnages sont entiers, généreux, vrais, humains. Parce que le travail d'écriture est abouti. Parce qu’il touche au problème sensible des réfugiés, une des hontes de nos sociétés, sans verser dans le premier degré humanitaire. Bref, parce que la symphonie est belle.</p>
<p>Si vous lisez ce livre, ne faites pas comme moi : laissez-vous émouvoir simplement, ignorez les fausses notes et ne tirez pas sur le pianiste.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Oadam.jpg" alt="A l'abri de rien" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>A l'abri de rien, Olivier Adam, L'Olivier, 219 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/29/154-a-l-abri-de-rien-olivier-adam-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/136Ni d'Eve ni d'Adam - Amélie Nothomb - Rentrée littéraire 2007urn:md5:45cb1b31fd8b70a94a3bdc131c97e5602007-08-25T14:58:00+00:002018-10-22T14:35:43+00:00BernardL'amourAmélie Nothomborientsentimental<p>C’est l’histoire d’une fille, elle vit au Japon elle sort avec un mec puis c’est fini.</p> <p>Telle est l’intrigue stephenkinguesque du nouveau roman d’Amélie Nothomb. Or donc, Amélie, avant de connaître les raffinements de la société anonyme japonaise, relatés dans « Stupeur et tremblements » a rencontré un galant, Rinri, son étudiant au cours de français. Et même qu’elle l’a embrassé avec la langue.</p>
<p>Ce n’est pas dans cette tragédie échevelée qu’il faut chercher l’intérêt du roman. Non, pour en extraire le nectar, il faut démasquer le livre. Retirez soigneusement la couverture de papier glacé et que découvrez-vous : un guide Marabout ! Intitulé : « Je découvre les différences entre les Japonais et les Occidentaux. »</p>
<p>Chapitre un : Saviez-vous que les Japonais se lavaient AVANT de rentrer dans la baignoire ?</p>
<blockquote><p>Rinri, respectueux de la tradition, se récurait entièrement dans le lavabo avant d’entrer dans le bain : on ne souille pas l’eau de l’honorable baignoire. Je ne pouvais pas me plier à un usage que je trouvais si absurde. Autant mettre des assiettes propres dans un lave-vaisselle. »</p>
</blockquote>
<p>Chapitre deux : Saviez-vous que les Japonais n’étaient PAS voleurs ?</p>
<blockquote><p>Aller au cinéma à Tokyo déconcertait. Les gens s’installaient dans de vastes salles confortables, d’aucuns se rendaient aux toilettes mais pour garder leur place laissaient ostensiblement leur portefeuille sur leur siège. Je suppose qu’à leur retour il ne manquait pas un yen. »</p>
</blockquote>
<p>Chapitre trois : Saviez-vous que les Japonais mangeaient des poulpes AGONISANTS ?</p>
<blockquote><p>Je l’enfonçai dans ma bouche et essayai d’y planter les dents. Il se passa alors une chose atroce : les nerfs encore à vifs du poulpe lui intimèrent de résister et le cadavre vengeur attrapa ma langue de tous ses tentacules. Il n’en démordit plus. Je hurlai autant que l’on peut hurler quand on a la langue gobée par un poulpe. J’essayai de détacher l’animal avec mes mains : impossible, les ventouses collaient formidablement. Je voyais le moment où j’allais m’arracher la langue. »</p>
</blockquote>
<p>Du sommet du mont Fuji aux faubourgs d’Hiroshima, des villas Tokyoïtes aux auditoires d’universités pour ratés, Amélie Marabout Nothomb, nous offre cette année quelques Polaroids japonais. L’humour est là, indiscutable, souvent efficace, parfois cabot. L’écriture reste leste, mais fait un peu costume trois pièces en tribune debout non couverte, vu la légèreté du sujet (même si je l’embrasserais bien avec la langue pour avoir trouvé des mots comme « ergastule » et « érémitique », qu’on ne trouve pas dans les Marabouts).</p>
<p>Un grand Nothomb ? Non, trop creux. Disons plutôt comme là-bas : un honorable Nothomb.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Adam.jpg" alt="Ni d'Eve, ni d'Adam" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Ni d'Eve ni d'Adam, Amélie Nothomb, éditions <del>Marabout</del> Albin Michel, 245 pages, 17,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/25/151-ni-d-eve-ni-d-adam-amelie-nothomb-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/133Tom est mort - Marie Darrieussecq - Rentrée littéraire 2007urn:md5:853011c4620a8f62b15177ac2c4caf9d2007-08-23T13:02:00+00:002018-10-22T14:35:49+00:00BernardL'au-delàenfancemort<p>Prenez le nouveau roman de Marie Darrieussecq. Rendez-vous à la dernière page. Attrapez un pot de Tipp-Ex. Badigeonnez le dernier paragraphe, mais uniquement celui-là. Vous tenez un roman remarquable.</p> <p>Mais quel calvaire pour arriver à cette conclusion !</p>
<p>Il faut pour cela accepter la mort de Tom, quatre ans et demi. Une mort qui vous lacère dès la première ligne. Cette ligne qui forme à elle seule un paragraphe, pour que ça fasse plus mal.</p>
<blockquote><p>Tom est mort. J’écris cette phrase. »</p>
</blockquote>
<p>Vous êtes en deuil. Avec la maman du petit, qui raconte, dix ans après, les premiers instants sans lui.</p>
<blockquote><p>Que Tom, un mètre, seize kilos, ait pu plonger la famille dans un tel état me semblait prodigieux, proprement incroyable, bien sûr il allait revenir, ramasser un à un les petits cailloux blancs laissés sur le chemin et tout redeviendrait comme avant. »</p>
</blockquote>
<p>Surtout ne pas pleurer.</p>
<p>Car viennent les étapes. L’annonce à la petite sœur, au grand frère, le choix du cercueil, de l’urne pour les cendres, la récupération des anciens vêtements et l’achat des nouveaux pour la dernière demeure, l’atonie de la maman, la dignité discrète de Stuart, le papa, qui plie mais ne rompt pas.</p>
<p>Ne pas s’emporter.</p>
<p>Ne pas taper du poing sur le divan, la table ou le matelas. Ne pas se dire : « Mais quel plaisir une femme, Marie Darrieussecq, peut-elle prendre à inventer la mort d’un enfant pour divertir d’autres humains ? »</p>
<p>Parfois, Tom revit, dans le souvenir de sa mère.</p>
<blockquote><p>Tom et les libellules. Tom attendant, mains tendues vers le ciel, que les libellules viennent s’y poser. Et parfois, elles venaient. »</p>
</blockquote>
<p>Ne pas fondre.</p>
<p>Et bizarrement, on ne pleure pas, ça ne vient pas. Car Marie Darrieussecq parvient à approcher la lave de l’innommable, du sordide, de la détresse et de l’enfance en cul-de-sac sans jamais nous brûler. Son sujet est dangereux, mais sa distance est respectueuse. Comme son style et ses métaphores, rares, fines, posées comme des dernières pièces de puzzle.</p>
<p>Avec la maman, on essaye de se dire qu'oublier un peu cet enfant, ce n'est pas l'abandonner. On pense pouvoir s’en sortir, ce qui pour nous signifie : lire jusqu’au bout. Et pour elle c'est :</p>
<blockquote><p>Laisser Tom en paix. Essayer de lui donner le droit de sa mort. »</p>
</blockquote>
<p>On voudrait que ces mots soient les derniers. Mais arrive ce paragraphe ultime, où elle raconte crûment les circonstances du décès. Comme si elle avait voulu laisser ce suspens pour la fin. Et ça, c’est vulgaire.</p>
<p>Tipp-Ex.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/darrieussecq.jpg" alt="Tom est mort" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Tom est mort, Marie Darrieussecq, P.O.L., 247 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/23/150-tom-est-mort-marie-darrieussecq-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/132Au secours pardon - Frédéric Beigbederurn:md5:d6052c900beb941f00f9e47729130ef62007-08-21T13:56:00+00:002018-10-22T14:35:54+00:00BernardL'amourfemmesRussiesentimental<p>Il y a plein de bons mots dans le dernier livre de Frédéric Beigbeder. Il y en a déjà un sur la couverture. Il est marqué « roman ».</p> <p>C’est un peu comme si les événements s’étaient produits comme ceci.</p>
<p>Il était un fois un écrivain de quatre bonnes dizaines d’années. Irrité par certains excès de son temps, il a hâte d’écrire son septième roman afin de coucher sur papier ce qui l’empêche de se coucher lui.</p>
<p>Il se sent mieux après avoir écrit ceci.</p>
<blockquote><p>Chez moi, on traite les enfants d’immigrés comme des délinquants à longueur d’année, jusqu’à ce qu’ils le deviennent, car les pauvres sont tellement obéissants qu’ils finissent par foutre le feu aux autobus et aux bagnoles, par courtoisie, pour ressembler à l’image qu’on leur projette d’eux-mêmes depuis la naissance. »</p>
</blockquote>
<p>Et ceci.</p>
<blockquote><p>En résumé, j’ai quarante ans : je ne sais pas qui je suis et je ne sais plus qui j’étais. L’angoisse du quadragénaire à l’approche de son anniversaire vient de l’addition de ces deux catastrophes. »</p>
</blockquote>
<p>Apaisé, mais arrivé à la page 153, il se rend compte qu'il n'a pas d'histoire. L’avorton de tragédie esquissé au début est donc complété. Il prend la forme d’un monologue d’Octave, qui s’adresse à un pope. Le prêtre orthodoxe l’écoute religieusement dans son église, en plein cœur de Moscou.</p>
<p>Octave exerce la profession de « talent scout ». Il est chargé par une grande firme de cosmétiques de trouver en Russie de nouveaux mannequins vedettes. Ou, pour reprendre ses mots :</p>
<blockquote><p>Mon but est simple : que trois milliards de femmes aient envie de ressembler à la même. »</p>
</blockquote>
<p>Sur des pages entières, Octave décrit le cynisme de sa profession, avec tellement de chaleur et d’humanité qu’il n’est absolument pas crédible.</p>
<p>Et ce qui devait arriver arriva : il tombe amoureux d’une de ses « cibles », Lena, qui voit en lui une puissante turbine d’ascension sociale. Et le roman se termine sur une glissade grotesque, qui trace au coin de vos lèvres un irrépressible rictus, éventuellement assorti d'un « mais quel con ! » généralement réservé aux feintes un peu lourdes lâchées par ceux qu'on aime bien quand même.</p>
<p>En fait, pour apprécier « Au secours pardon », il faut oublier que ce livre voulait devenir roman quand il était petit. Il faut le lire comme un édito géant sur une société que le dieu argent frustre et qui s’en cherche un autre. Les considérations sensibles et faussement immatures d’Octave séduisent, sur l’argent, l’oubli de l’autre, la lubricité des hommes, l’exigence des femmes et la rupture entre les premiers et les secondes. En le lisant de cette façon, on passe un bon moment, on se prend à réfléchir, alors qu’on n’était pas venu pour ça.</p>
<p>Et on se dit qu’en fait, Beigbeder n’est pas un romancier de talent. Car il faut pour cela deux éléments : être romancier et avoir du talent. Il lui manque le premier.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Beig.jpg" alt="Au secours pardon" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Au secours pardon, Frédéric Beigbeder, Grasset, 19,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/21/149-au-secours-pardon-frederic-beigbeder#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/131La mer - John Banvilleurn:md5:968dbee11ed0a3f93e4a20265bb13a9c2007-08-16T14:25:00+00:002018-10-22T14:36:01+00:00BernardL'au-delàAngleterremer<p>La mer n’est pas toujours celle qu’on voit danser le long des golfes clair.</p> <p>Les rivages irlandais de John Banville sont gris comme le deuil. Le deuil de Max, qui s’en retourne sur les plages de son enfance après le décès prématuré de son épouse, Anna. Comme jadis, il descend aux Cèdres, un complexe de bungalows où il a vécu les belles heures d’un enfant au bord de l’eau.</p>
<p>Max raconte comment il était est parvenu à s’approcher, puis à se lier d’amitié avec la famille Grace. Une famille qui n’était pas de son rang.</p>
<blockquote><p>Mes parents n’avaient pas rencontré M. et Mme Grace et ne les rencontreraient pas. Les gens d’une vraie maison ne fréquentaient pas les gens des bungalows et n’y songeaient même pas. Nous, on ne buvait pas de gin, on ne recevait pas d’amis le week-end et on ne laissait pas de cartes routières de France bien en évidence sur la place arrière de notre voiture. »</p>
</blockquote>
<p>Max décrit comment il s’est épris de Mme Grace, puis comment son amour s’est reporté sur Chloé, la fille de Mme Grace. L’histoire suit le cours paisible des marées, jusqu’à ce que Chloé et son frère Myles soient pris d’une folie qu’aujourd’hui encore Max peine à s’expliquer.</p>
<p>John Banville entrelarde ce récit des états d’âme du narrateur, qui tente, non sans mal, d’accepter le décès d’Anna.</p>
<blockquote><p>Ce truc n’était pas censé lui tomber dessus. Ce n’était censé nous tomber dessus, on ne faisait pas partie de ce genre de personnes. Le malheur, la maladie, la mort prématurée touchaient les braves gens, les humbles, le sel de la terre, pas Anna et moi. »</p>
</blockquote>
<p>Il lui arrive même de lui en vouloir.</p>
<blockquote><p>Connasse, putain de connasse, comment as-tu pu te barrer et me laisser ainsi, à me débattre dans mon ignominie, sans personne pour me sauver de moi-même. Comment as-tu pu ? »</p>
</blockquote>
<p>« La mer », auréolé du prestigieux prix anglo-saxon Booker Prize, est un roman intelligent. L’écriture est fine, les métaphores sonnent juste.</p>
<blockquote><p>Comme le vent souffle furieusement aujourd’hui, ses grands poings inefficaces et rembourrés martèlent les carreaux de la fenêtre. »</p>
</blockquote>
<p>Mais c’est un roman ardu. Les amateurs d’histoires menées comme des concerts de percussions vont abandonner dès les premières pages. A juste titre.</p>
<p>L’intérêt de ce roman réside plutôt dans sa poésie. Il avance lentement dans le temps, puis revient à pas feutrés, et progresse à nouveau, charrie les sentiments, remue les destins, reprend les corps ou les épargne, à l’instar de l’étendue d’eau infinie qui lui sert de théâtre.</p>
<p>Tout ceci est d’une finesse telle que le risque est grand de n’en rien sentir, de vivre cela comme une journée grise au bord d’une mer nordique.</p>
<p>S’il existait des drapeaux pour les livres, je hisserais l’orange. Mais cette baignade déconseillée me fut délectable.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/La mer.gif" alt="La mer" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La mer, de John Banville, Robert Laffont, mars 2007, 247 pages, 20 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2264046880/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2264046880&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21&linkId=46HTTME3HED225MB"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://ir-fr.amazon-adsystem.com/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2264046880" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/16/146-la-mer-john-banville#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/129Intrigue à l'anglaise - Adrien Goetzurn:md5:cbbf3d0477197ba30be24d64fcf6b0222007-08-10T19:43:00+00:002018-10-22T14:36:09+00:00BernardL'aventureAngleterrehistoireNormandie<p>Est-ce parce que l’intrigue est devenue trop rare dans les romans que les auteurs sont obligés de claironner sa présence dans le titre ?</p> <p>Avec « Intrigue à l’anglaise » d’Adrien Goetz, ne soyons donc pas surpris de découvrir un récit aux ficelles policières. L’élément central, comme le titre ne l’indique pas, tout affairé qu’il est à nous annoncer la bonne nouvelle, c’est la tapisserie de Bayeux.</p>
<p>Pour ceux à qui la tapisserie n’évoquerait rien d’autre que cette soirée de détresse où ils échouèrent près du bar quand leur meilleure ami(e) mordillait l'oreille de la vedette du lycée, rappelons que la tapisserie de Bayeux relate, sur 70 mètres de tissu, la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant.</p>
<p>L’œuvre recèle un mystère. Nul ne sait ce qu’il est advenu des trois derniers mètres, ni ce qu’ils représentaient exactement. Adrien Goetz s’est intéressé à ce trou dans le gruyère de l'Histoire pour en bâtir quoi ? Une intrigue, pardi !</p>
<p>Pénélope, jeune promue de l’Ecole du Louvre obtient son premier poste à Bayeux, où elle est chargée de seconder Solange Fulgence, l’acariâtre directrice du musée de la tapisserie. Elle ne devra pas se la colletiner très longtemps : peu après la nomination de Pénélope, un inconnu vide deux balles de chargeur sur Solange, et la transforme en plante d’ornement.</p>
<p>Pénélope prend donc les fonctions suprêmes, et s’en va accomplir une première mission à la salle de vente Drouot, où elle doit préempter une pièce de tissu dont elle ne connaît pas la nature. Sitôt le colis acquis, un inconnu agresse Pénélope et file (à l’anglaise).</p>
<p>Et si le colis avait contenu les derniers mètres ? Aidée de Wandrille, son prétendant aussi espiègle que macho, et de Pierre, un rubricard bayeusain à l'amabilité suspecte, Pénélope va tenter de dénouer les fils un peu trop emmêlés de la tapisserie.</p>
<p>« Intrigue à l’anglaise » est un roman sympa. On aime suivre Pénélope dans les venelles de province, les hôtels de vente, les sous-sols des châteaux anglo-normands. On aime le ton léger, aussi. Comme ici, lorsque Pénélope raconte l’agression de sa patronne.</p>
<blockquote><p>Une vieille fille ma patronne, tu sais Solange Fulgence, on lui a mis deux balles et je ne suis pas sûre qu’on en voulait à ses charmes. On avait pas dû la voir en maillot de bain depuis le 6 juin 44. Les Américains avaient failli rembarquer. »</p>
</blockquote>
<p>Ou comme ici, quand Wandrille décrit Bayeux.</p>
<blockquote><p>Ta ville, Bayeux, c’est une merveille : ces maisons du Bessin, c’est tellement plus beau que tous ces colombages, que cette épouvantable Normandie pour Parisiens, tout ce pays d’Auge frelaté avec ses pommes rouges cirées comme des Mocassins. »</p>
</blockquote>
<p>Deux bémols : les coutures de l’intrigue sont parfois un peu relâchées, et surtout, ça fourmille de références culturelles, d'« à-propos proustiens » et de « spleen baudelairiens » qui font un peu dîner de beaufs.</p>
<p>Ca me gêne de dire ça car je n’aime pas dire du mal des romans sympas.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/flash/intrigue.gif" alt="Intrigue à l'anglaise" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Intrigue à l'anglaise, d'Adrien Goetz, Grasset, 330 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/10/142-intrigue-a-l-anglaise-adrien-goetz#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/126Elles - J.-B. Pontalisurn:md5:1bfd865ac0c205926b86a4766490dd162007-08-05T16:35:00+00:002018-10-22T14:36:18+00:00BernardL'amourfemmesnouvelles<p>Mon voyage au pays de la femme continue.</p> <p>En cette période estivale, c’est une destination de choix. Après avoir exploré leurs <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/07/21/137-mensonges-de-femmes-ludmila-oulitskaia">mensonges</a>, je suis parti à la recherche de leur âme, qui se révèle si bien dans l’amour. Mon guide est J.-B. Pontalis. Il connaît d’autant mieux la région qu’il est la fois écrivain, psychanalyste et amoureux.</p>
<p>Dans « Elles », son dernier ouvrage, il raconte une quarantaine de petites histoires d’amour sans aucune prétention. Ni dans l’intrigue, qui ne peut trouver son espace vital dans des textes aussi courts, ni dans l’écriture, propre, sans plus.</p>
<p>Pontalis raconte des courtes nuits d’amour, la déchéance d’un homme auquel les femmes, comme la chance, avaient toujours souri, il parle aussi de l’érotisme raffiné des tableaux de Bonnard ou encore de Bernard, qui aimait deux femmes à la fois. Il égrène aussi quelques-unes de ses amours de jeunesse, nous parle de sa mère, de la petite sœur qu’il n’a pas eue, et des idylles d’amis à lui, ou patients de son cabinet de psychanalyse.</p>
<p>Soyons honnêtes : ces histoires n’ont généralement aucun intérêt. On les oublie d’ailleurs presque aussi vite qu’on les a lues.</p>
<p>Mais alors, pourquoi ai-je aimé ce livre ? A cause des analyses psychologiques de Pontalis, livrées l’air de rien. C’est un peu comme ces chansons de variété dont on se surprend parfois à écouter les paroles, pour découvrir qu’elles éclairent une partie de nous-même, qu’elles livrent un message important, caché derrière une rengaine sans intérêt.</p>
<p>Il lâche, aussi quelques petites vérités universelles. Je vous en livre trois, vous les laisse méditer et poursuis mon voyage.</p>
<blockquote><p>Elle lui aura appris, pensera-t-il plus tard, que toute femme est insaisissable, alors même que les hommes se vantent de les prendre. »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Les signes du désamour sont plus visibles que ceux de l’amour. »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Ce qu’il y a de plus horrible, dans la vieillesse, c’est que les femmes ne s’intéressent plus à vous alors qu’elles vous intéressent encore. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Pontalis.jpg" alt="Elles" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Elles, de J.-B. Pontalis, Gallimard, 197 pages, 15,5 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/08/05/140-elles-j-b-pontalis#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/113Mensonges de femmes - Ludmila Oulitskaïaurn:md5:a4f82b6e3e66d37b2dec8ef22361c0eb2007-07-21T14:37:00+00:002018-10-22T14:36:23+00:00BernardLa viefemmesnouvellesRussie<p>Les femmes sont des menteuses.</p> <p>Les hommes aussi. Mais leurs légendes et bobards sont d’une toute autre essence. Voilà le postulat de Ludmila Oulitskaïa (quel nom magnifique). Elle annonce ce scoop, sans prévenir, dès les premières lignes de « Mensonges de femmes », son huitième roman traduit en français.</p>
<blockquote><p>Peut-on comparer le bon gros mensonge masculin, stratégique, architecturé, aussi ancien que la réponse de Caïn, avec ces charmants petits mensonges de femmes dans lesquels on ne décèle aucune intention bonne ou mauvaise, ni même aucun espoir de profit ? »</p>
</blockquote>
<p>Troublant.</p>
<p>Et en plus, elle le prouve. En nous contant le destin de cinq menteuses.</p>
<p>Celui d’Irène, par exemple, qui fait croire à Génia, rencontrée pendant les vacances, qu’elle a épousé un grand compositeur dont elle a eu quatre enfants, qu’elle a perdus lors de trois accidents. De quoi bouleverser son interlocutrice.</p>
<blockquote><p>Comme ma vie est stupide ! On peut même dire que ce n’est pas une vie du tout… J’ai cessé d’en aimer un, je suis tombé amoureuse d’un autre… Vous parlez d’un drame. Pauvre Irène… Perdre quatre enfants… »</p>
</blockquote>
<p>Et puis il y l’histoire de l’humiliation d’Anna, dont l'amie, Macha, s'est fait passer auprès d'elle pour une grande poétesse. Un jour, Anna, si fière de son amie, récite l’un des poèmes de Macha dans une assemblée de jeunes intellectuels. Et il se passe ceci.</p>
<blockquote><p>Elle sentit que quelque chose clochait. Elle s’arrêta et leva les yeux. Quelqu’un riait sous cape. Un autre chuchotait avec son voisin d’un air perplexe. D’une façon générale, il y avait un véritable malaise, et la pause durait trop longtemps. »</p>
</blockquote>
<p>Pour une raison très simple : le poème n’était pas de Macha, mais du célèbre Maximilien Voliochine.</p>
<p>Les autres mensonges, tout aussi fins, sont distillés par des prostituées russes à Genève, par des enfants, et par une adolescente de 13 ans, qui s’invente une idylle avec un homme de trente ans son aîné.</p>
<p>Ce petit traité du mensonge ordinaire est délicieux. L’auteur espiègle. On aperçoit la Russie d’aujourd’hui, beaucoup plus raffinée que celle que les médias nous imposent.</p>
<p>On se régale aussi de quelques excès de langage et exagérations, qui nous rapprochent sans doute de cette insaisissable âme russe. Le tout servi sur une écriture aussi délicate que du caviar de la Caspienne.</p>
<p>On reçoit enfin quelques vérités sur les rapports entre les hommes et les femmes d’aujourd’hui. Comme ici.</p>
<blockquote><p>Un fer à repasser caresse quand on en a besoin, tandis qu’un homme caresse quand il en a besoin, lui ! »</p>
</blockquote>
<p>Il me reste une question existentielle après lecture de ce très beau livre. Et si c’était Ludmila Oulitskaïa, la menteuse ?
<br />
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mensonges.jpg" alt="Mensonges de femmes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mensonges de femmes, Ludmila Oulitskaïa, Gallimard, 188 pages, 16,5 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/21/137-mensonges-de-femmes-ludmila-oulitskaia#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/12410 questions à... Marc Levy - L'interview du Blog des livresurn:md5:b76fd4fb0d859e75349e6cdc45ecb1562007-07-18T08:28:00+00:002018-11-01T13:43:32+00:00Bernard10 questions à...interviewMarc Levy<p>J'ai la joie de vous offrir cette nouvelle rubrique, intitulée "10 questions à...". Le plus souvent possible, je vous proposerai des interviews d'écrivains dont les livres figurent sur le blog. S'ils n'ont pas le temps, une rubrique "light", intitulée "3 questions à..." fera l'affaire ! Pour ce premier numéro, j'ai contacté 10 écrivains. L'un d'entre eux a gentiment répondu, et non des moindres. Qu'on soit fan ou non, Marc Levy, dont nous avons aimé le dernier roman <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/05/19/97-les-enfants-de-la-liberte-marc-levy">Les enfants de la liberté</a>, prouve qu'on peut être une star et garder une réelle humilité. Je lui laisse la parole.</p> <p><img alt="" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/marc_levy.bmp" /><br />
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<img alt="Un" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/1.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Votre dernier roman a pour thème la résistance. Avez-vous voulu faire passer un message, réveiller les consciences, ou simplement raconter une histoire comme une autre ?</strong><br />
</p>
<ul>
<li>Je ne me considère pas comme quelqu'un de suffisamment important pour faire</li>
<li>passer des messages. Au travers de ce roman j'ai voulu raconter une</li>
<li>histoire, mettre dans la lumière du récit des personnages qui portent en eux</li>
<li>des valeurs que j'admire et qui me sont chères. La liberté de chaque lecteur</li>
<li>est de s'approprier ou pas, telle ou telle phrase d'un des personnages.</li>
<li>Quant à moi, j'aime mieux rester dans l'humilité de l'univers de la question</li>
<li>partagée.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Deux" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/2.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Avant la sortie des « Enfants de la liberté », qui traite d’un thème plus grave que vos autres romans, aviez-vous peur de la réaction de vos lecteurs ? Ces réactions sont-elles positives ?</strong><br />
</p>
<ul>
<li>Bien sur que j'ai le trac. Je sais que des lecteurs me font confiance et je</li>
<li>travaille beaucoup pour mériter cette confiance. Je suis très ému des</li>
<li>réactions et commentaires que les lecteurs m'adressent.</li>
</ul>
<p><br />
<br />
<img alt="Trois" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/3.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Quand écrivez-vous ? Avez-vous un « rituel d’écriture », des horaires ?</strong><br />
<br />
<br />
</p>
<ul>
<li>Plutôt de l'automne au début du printemps, encore plus en hiver, plutôt le</li>
<li>soir et surtout la nuit, mais je n'ai aucun rituel.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Quatre" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/4.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Que représente l’écriture pour vous ?</strong><br />
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<br />
</p>
<ul>
<li>Une formidable liberté, un grand bonheur, une légèreté.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Cinq" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/5.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Vous disiez récemment : « Je suis un artisan ». Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?</strong><br />
<br />
</p>
<ul>
<li>Le respect de l'outil qui vous domine, le bonheur de le retrouver dans</li>
<li>l'atelier, l'envie de faire son travail sérieusement sans jamais se prendre</li>
<li>au sérieux soi-même. L'envie d'apprendre à chaque fois, la conscience que</li>
<li>mon travail est bourré d'erreurs mais que de livre en livre j'apprends. Et</li>
<li>puis une façon aussi de ne pas s'attribuer de titre, c'est aux gens qui me</li>
<li>lisent de décider si je suis un écrivain, pas à moi de m'attribuer un titre.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Six" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/6.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Etes-vous sensible à la critique littéraire ? Que pensez-vous du traitement qu’elle vous réserve généralement ?</strong><br />
<br />
</p>
<ul>
<li>Je respecte la critique, bonne ou mauvaise, quand elle est élégante, quand</li>
<li>elle se limite à critiquer le travail. Certaines critiques sont haineuses,</li>
<li>et me donnent beaucoup plus d'importance que je ne m'en accorderai jamais,</li>
<li>celles-ci me font sourire.</li>
</ul>
<p><br />
<br />
<img alt="Sept" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/7.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Qu’éprouvez-vous avant la sortie d’un roman ? Crainte, réjouissance ? Et après ?</strong><br />
<br />
</p>
<ul>
<li>Trac, crainte, flaque, baby blues, joie, timidité, et après, le bonheur de</li>
<li>repartir dans l'atelier pour en écrire un autre.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Huit" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/8.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>A quoi attribuez-vous votre succès ?</strong><br />
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<br />
</p>
<ul>
<li>A la chance, et je m'efforce de la mériter. Pour tout vous dire, je ne perds</li>
<li>aucune seconde à me regarder moi-même. Je sais que j'ai une chance inouïe,</li>
<li>je sais que si mes livres sont depuis sept ans numéro des un des ventes,</li>
<li>cela ne veut pas dire qu'ils sont les meilleurs. Le fait de le savoir ne</li>
<li>m'empêche pas pour autant de profiter de cet immense bonheur car c'en est un</li>
<li>et cela me pousse chaque année à travailler plus encore pour mériter un peu</li>
<li>de cette chance qui m'est offerte. Je vais le plus souvent possible dans des</li>
<li>librairies à la rencontre des lecteurs, car je sais aussi que cette chance,</li>
<li>je la dois uniquement aux libraires et aux lecteurs.</li>
</ul>
<p><br />
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<img alt="Neuf" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/9.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Entre votre premier roman « Et si c’était vrai ? » et « Les enfants de la liberté », sentez-vous une évolution ? Ecrivez-vous différemment ?</strong><br />
<br />
</p>
<ul>
<li>En sept romans, j'espère que vous vous la sentez, et en même temps pour être</li>
<li>sincère, j'écris sans me poser de questions, sans vouloir me donner un</li>
<li>genre. J'apprends en utilisant mon outil.</li>
</ul>
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<img alt="Dix" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/10questions/10.bmp" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /> <strong>Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos lecteurs rêvant de devenir écrivain ?</strong><br />
<br />
</p>
<ul>
<li>De ne pas penser à être publié en se mettant à l'ouvrage mais d'abord et</li>
<li>avant tout à prendre du plaisir à écrire, à y trouver cette liberté magique</li>
<li>que ni le paraître, ni la reconnaissance ne doit aliéner.</li>
</ul>
<p><br />
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Si le coeur vous en dit, vous pouvez <a href="https://www.amazon.fr/gp/search?ie=UTF8&camp=1642&creative=6746&index=books&keywords=marc%20levy&linkCode=ur2&tag=leblogdeslivr-21" target="_blank">commander un de ses romans</a> sur Amazon.<img alt="" border="0" height="1" src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=ur2&o=8" style="border:none !important; margin:0 !important;" width="1" /></p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/18/135-10-questions-a-marc-levy-l-interview-du-blog-des-livres#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/123L'explosion de la durite - Jean Rolinurn:md5:dbac0f84b4f24b5e51ae458eef0c0ac92007-07-14T19:09:00+00:002018-10-22T14:37:09+00:00BernardLe lointainAfriqueParisvoyage<p>Il y a des livres énervants.</p> <p>Surtout quand ils sont plein de promesses.</p>
<p>Par leur titre : « L’explosion de la durite ».</p>
<p>Par leur trame : un Français et son ami Foudron, congolais, se piquent d’acquérir une Audi 25 de 12 ans d’âge et 250.000 kilomètres au compteur et de l’exporter à Kinshasa, histoire de la transformer en taxi rutilant.</p>
<p>Et par leurs premiers mots, savoureux, qui nous propulsent, si j'ose dire, sur une piste congolaise, à bord d’une voiture…</p>
<blockquote><p>…immobilisée sur le bas côté, son pare-brise éclaboussé d’eau bouillante et des tourbillons de vapeur s’échappant du capot avant même qu’il soit ouvert. Quand il le fut, les tourbillons se firent plus denses, et l’eau que contenait encore le radiateur gicla sitôt le bouchon dévissé. »</p>
</blockquote>
<p>Là où j’en ai moi-même pété une, de durite, c’est lorsque je me suis rendu compte que l’intrigue, qui ramollit après l’entrée en scène très réussie, n’est qu’un prétexte à quelques considérations historiques et verbeuses sur Joseph Conrad, Patrice Lumumba ou le Che Guevara.</p>
<p>Considérations, qui plus est, ponctuées des commentaires du narrateur qui oublie qu’il raconte une histoire et non l’Histoire.</p>
<p>Ce ne serait pas trop grave si tout cela n’était agrémenté d’une pointe de condescendance.</p>
<p>Tout le monde y passe.</p>
<p>Les Africains.</p>
<blockquote><p>En fait, il me semblait qu’il étaient incapables d’envisager l’avenir et de calculer en fonction de celui-ci, comme la plupart des gens que j’avais rencontré à mon arrivée dans ce pays. »</p>
</blockquote>
<p>Les Bulgares.</p>
<blockquote><p>La boutique que le marchand d’accessoires automobiles nous avait désignée était minuscule, et le couple qui la tenait, d’origine indéfinissable, peut-être des Bulgares, donnait une impression de malhonnêteté sympathique et presque humanitaire. »</p>
</blockquote>
<p>Les Belges.</p>
<blockquote><p>Pourquoi Sebald fait-il de ce personnage déplaisant et ridicule un Français, alors que tout, à commencer par la logique, le désigne en effet comme un Belge ? »</p>
</blockquote>
<p>Les Polonais et les Ukrainiens.</p>
<blockquote><p>Des trois lieutenants (un Polonais et deux Ukrainiens, NDLR), Arkadius, le Polonais, est le seul qui aurait à la rigueur trouvé grâce auprès d’un public moyen d’intellectuels occidentaux. »</p>
</blockquote>
<p>En tant qu’intellectuel occidental, je n’ai pas aimé ce roman. Je ne remercie pas les intellectuels occidentaux de l’Académie Goncourt de me l’avoir <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/06/16/114-le-goncourt-selectionne-14-romans-pour-les-vacances-d-ete">recommandé</a> pour l’été.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/flash/durite.jpg" alt="L'explosion de la durite" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'explosion de la durite, de Jean Rolin, P.O.L, 221 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/14/130-l-explosion-de-la-durite-jean-rolin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/118Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen - Arto Paasilinnaurn:md5:d90b13e736462be05a80ca5c8d9e788a2007-07-11T22:38:00+00:002018-10-22T14:37:15+00:00BernardL'aventurehumourScandinavie<p>Il paraît que les romanciers ont tous les droits. Y compris celui de délirer.</p> <p>De ces libertés, certains font un usage immodéré. C’est le cas d’Arto Paasilinna. Dans « Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen », l'auteur finlandais conte la vie d’un truculent pasteur protestant. Un homme qui prêche comme ceci :</p>
<blockquote><p>Le diable rôde parmi nous tel un lion rugissant. Mais quand Dieu lui cingle l’échine de son fouet, il y a du poil qui vole et la Malin chie dans son froc. »</p>
</blockquote>
<p>Comme si la vie de l’ecclésiastique n’était pas assez agitée, ses paroissiens se piquent de lui offrir pour son anniversaire un ourson orphelin. Réaction de la femme du pasteur :</p>
<blockquote><p>Par les cornes de Belzeb… »</p>
</blockquote>
<p>Et de ce jour, on appela l’ourson Belzeb.</p>
<p>L’ecclésiastique, qui n’attendait qu’un divertissement pour échapper aux remontrances perpétuelles de son épouse, se passionne pour son ami à poil. Les deux bipèdes vont se lier d’une solide amitié, qui n’amuse ni la femme du pasteur, qui le quitte pour un général de l’armée, ni pour l’église, qui l’exclut.</p>
<p>Voici donc nos deux camarades jetés sur les routes. Ils vont entamer un long périple en Laponie, puis en Russie, avant d’entamer une croisière en Méditerranée. Durant ce voyage, le curé et le pestoun s’adonneront au javelot ascensionnel, écouteront les messages radios d’extra-terrestres, goûteront aux plaisirs de la chair, transformeront en pugilat un paisible colloque œcuménique, et j’en passe.</p>
<p>Ce roman est un petit délice. Le lecteur est soulevé par l’énergie des premières pages, emporté par une écriture admirable, toute en finesse et simplicité. C’est un roman à la Brassens, où l’homme est généreux, libertaire, anticlérical, content de son sort, un peu naïf, un peu poète et franchement misogyne, faute de comprendre les femmes.</p>
<p>C’est aussi un joyeux précis d’amitié masculine.</p>
<p>Laissez-vous prendre dans les bras de ce gros animal, et entraîner dans le monde merveilleux du grotesque.</p>
<p>Pour terminer, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer l’extrait où le pasteur est convoqué chez l’évêque.</p>
<blockquote><p>Pour l’évêque, il était inconvenant qu’un ecclésiastique se promène avec un ours. C’était trop original. Un prêtre doit être quelconque, de préférence un peu plus banal que la moyenne, même, c’est la meilleure façon de diffuser la bonne parole.</p>
<p>
« C’est comme cela aussi à la télévision, dit l’évêque. Plus les émissions sont idiotes, plus elles font de l’audience. L’Eglise doit vivre avec son temps et abaisser d’un bon cran le niveau intellectuel de son message.</p>
<p>
- Ca ne devrait pas, mon cher évêque, te demander d’efforts insurmontables.</p>
<p>
L’atmosphère était tendue, l’ours le sentait.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/pasteur.jpg" alt="Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen, d'Arto Paasilinna, Denoël, 307 pages, 20 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/11/128-le-bestial-serviteur-du-pasteur-huuskonen-arto-passilinna#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/116Retour en terre - Jim Harrisonurn:md5:43870c1cfd68920131728b5c5482259d2007-06-21T13:58:00+00:002018-10-22T14:37:25+00:00BernardLa viecampagnemaladiemort<p>Il y a les livres vite lus et vite oubliés. Et puis il y a les livres plus exigeants qui élèvent l’âme. Tel est « Retour en terre », de Jim Harrisson.</p> <p>Le roman raconte le crépuscule de la vie de Donald.</p>
<blockquote><p>J’ai 45 ans et il me semble que je doive quitter cette terre de bonne heure, mais ce sont des choses qui arrivent. »</p>
</blockquote>
<p>Donald est atteint de sclérose en plaques et communique par écrit avec Cynthia, son épouse. Il lui raconte la vie de ses ancêtres, débarqués de leur Finlande profonde pour trouver le bonheur autour des lacs du Michigan.</p>
<p>Avant de s’effacer, Donald s’offre une ballade dans les montagnes du Canada. Il y croise une ourse, et observe le rituel funèbre des corbeaux. Puis il demande à sa famille d’abréger ses souffrances sur le lieu de ce dernier voyage, au milieu de la nature.</p>
<p>Le cœur du roman, c’est la manière dont la famille de Donald va accepter la mort de cet homme central dans le clan. Tous vont poursuivre leur existence, parfois très simple, que Jim Harrison nous conte, bonhomme. Mais tous vont aussi entamer une profonde réflexion sur eux-mêmes, dont le lecteur, ce voyeur, va se régaler.</p>
<p>K. son neveu, s’interroge sur le sens de sa vie.</p>
<blockquote><p>L’une des maladies les plus graves de notre culture, c’est que trop peu de gens ont accès à un travail plein de sens. »</p>
</blockquote>
<p>David, le beau frère du défunt, retourne au Mexique, où il ravitaille les candidats à l’exil aux Etats-Unis.</p>
<blockquote><p>J’ai pensé à l’étrange énergie jubilatoire des enfants mexicains qui jouent avec leurs jouets de pacotille, un enthousiasme que je remarque moins aux Etats-Unis chez nos enfants dont les jeux hautement organisés ont été conçus pour eux par des adultes assommés d’ennui. »</p>
</blockquote>
<p>Et puis il y a Cynthia, qui, lentement, se donne le temps de réapprendre à vivre et à aimer.</p>
<blockquote><p>La mort ne peut pas être si terrible puisque tous les êtres vivants passent par là. »</p>
</blockquote>
<p>« Retour en terre » est un roman exigeant, à l’écriture neutre, aux personnages un peu trop nombreux mais dont la profondeur fait l’intérêt.</p>
<p>C’est aussi un merveilleux livre sur l’homme en tant qu’élément des grands espaces. Les montagnes, lacs, oiseaux et mammifères sont omniprésents, et l'homme est l'un d'entre eux, et non leur maître.</p>
<p>Et c’est un livre sur la mort, en tant que passage. Pour le défunt et pour ceux qui restent.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Harrison.jpg" alt="Retour en terre" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Retour en terre, de Jim Harrison, Christian Bourgeois, 324 pages, 23 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/21/117-retour-en-terre-jim-harrison#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/104Les dames de nage - Bernard Giraudeauurn:md5:ee7fe3176f216ca537a41ba85408b3632007-06-13T23:11:00+00:002018-10-22T14:37:34+00:00BernardLa vieAfriqueAmérique du Sudvoyage<p>Quoi de plus affreux que le périphérique parisien sous la pluie ? C’est vraiment ce que vous pensez ? Apprêtez vous à changer d’avis.</p> <p>Ecoutez ceci. J’ai bien dit écoutez : il faut le lire à haute voix et à la vitesse d’une R4 sur une route de campagne.</p>
<blockquote><p>Le périphérique, comme un long serpent, poussait des cris avec des lueurs tueuses, jaunes et mouillées, et les motos folles sillonnaient comme des hors-bord entre les carcasses luisantes. Les couleurs se nouaient, s’étiraient jusqu’à la rupture avec des morves rouges sous les ponts de fer et le béton incendié. Je voyais des visages blêmes se morceler en cristaux derrière les pare-brise. »</p>
</blockquote>
<p>C'est signé Bernard Giraudeau. Oui, l'acteur aux yeux azur. Celui de « La Boum ».</p>
<p>Que de chemin parcouru entre ce long-métrage et ce court roman. Où il est question de chemin, justement. Le chemin de Marc, qui vit entre Paris et le monde, caméra en bandoulière.</p>
<blockquote><p>Pour piller, pour ne rien perdre, pour retenir l'enfance, pour garder quelque chose du regard des hommes et de l'instant. »</p>
</blockquote>
<p>Marc a cette qualité inestimable de voyager pour rencontrer. Maïmouna, par exemple, au Mali. Maïmouna joue de son mystère pour attirer les hommes. Ses mots sont tellement comptés que ceux qui la rencontrent se damneraient pour lui en arracher un. Un mot d'amour, de préférence. Après, elle s'envole et revient, parfois, pas toujours. C'est pour cela que dans son village, on l'appelle la maîtresse du vent.</p>
<blockquote><p>C'est elle qui le calme quand il devient harmattan. C'est elle qui mélange les rires des enfants sous les acacias. »</p>
</blockquote>
<p>Marc tombe aussi sur Juan, au Chili. Juan a tellement peur des femmes qu'il obtient le poste de chef de gare de Santa Negra, un endroit planté au milieu du désert, où le train ne passe qu'une fois par mois, s'il en a envie. Jusqu'au jour où le convoi trop pressé laisse Ana dans les toilettes de Juan. Pour la première fois, le chef de gare va devoir vivre avec une femme, pendant un mois, le temps que le train revienne. Ana restera cinq ans.</p>
<p>La plume très travaillée, chantante, presque poétique de Giraudeau produit des moments très intenses. Quelques excès de verbe aussi et des passages très difficiles. Mais comme Marc, on retrouve finalement son chemin, plein de couleurs, d'amours et d'humanité.</p>
<p>Au moment de la publication de cet ouvrage, l'auteur luttait avec force contre un cancer, auquel il a succombé en juillet 2010. C'est cette force qui lui a permis de nous offrir un roman qui va au fond des choses, un ouvrage qui finalement n'a rien de périphérique...</p>
<p>Encore un mot qu'il nous chuchote :</p>
<blockquote><p>Il ne faut pas comprendre, il faut perdre connaissance. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/damesdenage.jpg" alt="Les dames de nage" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les dames de nages, Bernard Giraudeau, Métaillé, 249 pages, 17 euros.</em>
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Partager ce billet :</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/13/113-les-dames-de-nage-bernard-giraudeau#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/99Victor - Michèle Fitoussiurn:md5:2d9f040d86e23cf424cc581545fba77b2007-06-07T08:25:00+00:002018-10-22T14:39:40+00:00BernardLa viefamilleParisvieillesse<p>Méfiez-vous des vieux.</p> <p>Ecoutez plutôt l'histoire de Guillaume et Sylvie et leurs deux enfants, Marguerite et Felix. C’est une famille bien comme il faut, « une famille Ricoré », avec des enfants « sages comme des images de synthèse ».</p>
<p>Guillaume est un sacré coincé.</p>
<blockquote><p>Il aimait bien les petits rituels qui balisaient sa vie paisible. »</p>
</blockquote>
<p>Sylvie aussi.</p>
<blockquote><p>Ses cheveux blonds étaient toujours attachés sur la nuque, comme si en les lâchant, elle craignait de se relâcher. »</p>
</blockquote>
<p>Les deux époux, qui se sentent un peu coupables de cette vie sereine dans ce monde de brute, participent donc à l’opération organisée par le très cynique magazine « Global », soucieux de doper ses ventes en berne.</p>
<blockquote><p>Vieux monsieur solitaire, ancien libraire, sans attaches ni famille, expulsé de son domicile par son propriétaire, cherche un foyer aimant et chaleureux où vivre heureux. Ecrire au journal. »</p>
</blockquote>
<p>Ils adoptent Victor. Très vite, l'octogénaire aux yeux d'oiseau blessé, devient la coqueluche du quartier et des lecteurs de "Global". Mais avec un sens diabolique de l'organisation, il va tisser sa toile dans ce foyer modèle, pour en faire un joyeux bordel.</p>
<p>Exemple ?</p>
<ul>
<li>- Sylvie prend un amant, un reporter surnommé « Rouletabite » dans sa rédaction</li>
<li>- Victor escroque Guillaume pour 30.000 euros</li>
<li>- Felix, le fils cadet, commence à fumer ET à boire sous l'influence de qui vous savez</li>
<li>- Victor fait chanter Sylvie car il a filmé sa liaison...</li>
</ul>
<p>Et j’en passe.</p>
<p>Guillaume ne veut rien voir, car Victor est le père dont il a toujours rêvé. Jusqu’au jour où Sylvie la rebelle menace de rompre. Mais comment se débarrasser de Victor ? Je vous laisse le découvrir...</p>
<p>Les traits psychologiques des personnages de ce roman sont parfois un peu forcés. C'est un peu féministe. Et l’écriture n’est pas d’une grande finesse.</p>
<p>Comme ici :</p>
<blockquote><p>Insensible à la mélancolie du ciel, le soleil s’obstinait à bouder »</p>
</blockquote>
<p>Mais j’ai souri en lisant Victor. L’histoire, farcie d'un humour un peu carnassier, est très bien construite, et rappelle « La vie est un long fleuve tranquille ». C’est une belle chronique d’un couple endormi sur ses lauriers... et réveillé en sursaut.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Victor.jpg" alt="Victor" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Victor, Michèle Fitoussi, Grasset, 373 pages, 18,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/07/107-victor-michele-fitoussi#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/92L'amour est très surestimé - Brigitte Giraudurn:md5:8bc22fb5b601fc30f214ca00d09c39eb2007-06-01T09:16:00+00:002018-10-22T14:39:46+00:00BernardL'amournouvellessentimental<p>Les histoires d’amour finissent.</p> <p>Mal ? Elles finissent, c’est tout. C’est la thèse du recueil de nouvelles de Brigitte Giraud, « L’amour est très surestimé ». Avec un réalisme qui confine à la cruauté, elle décrit, sans amour, des idylles qui expirent.</p>
<p>Elle dissèque l’avant.</p>
<blockquote><p>C’est la fin de l’histoire et vous ne le savez pas. Il est là, debout devant la fenêtre, et vous lui en voulez de masquer la lumière. Ce n’est pas lui que vous voyez mais le jour qu’il empêche d’entrer. »</p>
</blockquote>
<p>Elle déshabille le pendant.</p>
<blockquote><p>Nous allons réunir les enfants ce soir. Nous allons leur apporter la preuve que l’amour n’est rien, rien de ce qu’on nous avait laissé croire. Nous allons apparaître sous un jour nouveau, minables et coupables, approximatifs. Nous allons encore dire « nous » pour la dernière fois, ensuite nous parlerons comme tous les parents séparés, nous dirons « ton père », nous dirons « ta mère » et surtout nous passerons à la première personne du singulier. »</p>
</blockquote>
<p>Et, audacieuse, elle raconte l’après. L’après de Bertrand Cantat.</p>
<blockquote><p>Personne ne parlait plus de Bertrand Cantat. Il commençait à purger sa véritable peine. Il devenait inconvenant de penser à lui comme à un homme en deuil. Et c’est ainsi que je pensais à lui, que j’y pense encore aujourd’hui. Tuer n’empêche pas d’être en deuil. »</p>
</blockquote>
<p>C’est noir. C’est triste. Surtout quand c’est dit par un enfant.</p>
<blockquote><p>Cela arrive le matin après le petit-déjeuner, après que mon père a lavé les bols et rangé le pain et le miel, après que j’ai essuyé la table. Ma mère nous quitte et part à pied. Elle prend une petite valise et mon frère par la main. »</p>
</blockquote>
<p>C’est bien écrit. Mais c’est dans l’air du temps, désabusé et enclin à vous persuader de rejoindre les rangs des déçus. Ne la croyez pas : elle ment.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Giraud.jpg" alt="L'amour est très surestimé" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'amour est très surestimé, Brigitte Giraud, Stock, 92 pages, 11 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/01/103-l-amour-est-tres-surestime-brigitte-giraud#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/88L'éternité de l'instant - Zoé Valdésurn:md5:06d65438898282f4d865cb07c99053c22007-05-28T00:10:00+00:002018-10-22T14:39:52+00:00BernardL'aventureAmérique du Sudmariageorient<p>Vous trouvez que les vacances sont encore loin. Vous avez raison. Mais il y a une solution : « L’Eternié de l’instant », de Zoé Valdès. Embarquement.</p> <p>Bienvenue dans le Sishuan, une lointaine province chinoise. Dans un village, Li Ying ravit chaque soir les spectateurs venus s’imprégner de sa voix cristalline. Le chanteur d’opéra va s’éprendre de Mei, arrivée récemment au village. On le comprend.</p>
<blockquote><p>Mei s’était levée très tôt. Elle lava soigneusement son corps, parfuma ses cheveux à l’eau de rose, peigna et enroula sa longue tresse autour de sa tête en forme de gracieuse tiare. Puis elle orna se chevelure d’une orchidée violette et d’un chrysanthème, étrenna un habit bleu ciel, brodé de motifs floraux et pendit enfin deux perles jaunes de la taille de deux olives à ses délicats lobes d’oreille ».</p>
</blockquote>
<p>Les deux amoureux vont rapidement se marier. Ils feront trois beaux enfants. Le chanteur et la calligraphe auraient pu connaître un destin paisible comme le Yang-Tsé Kiang si la Chine n’avait commencé à décliner.</p>
<blockquote><p>Un pays si riche et si vaste souffrait de pénurie alimentaire et devait importer des aliments tels que le riz, la farine et le sucre. L’intelligence et la sensibilité commencèrent à décliner dans l’échelle des valeurs de l’homme privé d’emploi. Un bourse pleine avait plus de sens qu’un tas de rêves et d’idées ».</p>
</blockquote>
<p>Li Ying, lui, s’appauvrit et peine à prendre soin de sa famille. C’est alors qu’il décide de partir à Cuba, avec pour seul bagage une tresse de son épouse. Puis plus rien. Plus de nouvelles. Li Ying a disparu.</p>
<p>Son fils Mo décide de ne pas laisser ce mystère ruiner leurs vies. Il part sur les traces de son père, à Cuba, non sans avoir suivi les enseignements de Zhong Ni, dans la montagne. A Cuba, il sera médecin et avocat. Il s’appelle désormais Maximiliano Megia.</p>
<p>Mais ce n’est pas le paradis non plus.</p>
<blockquote><p>Ce qui était mauvais dans l’île, c’étaient les politiciens véreux, l’inconscience du Cubain, la maigre capacité de discernement devant tout phénomène à portée sociale, la légèreté de pensée, le discrédit et la négligence, le manque de mémoire historique et d’esprit de sérieux, l’ignorance ou l’esprit superficiel de la jeunesse »</p>
</blockquote>
<p>Mo retrouvera-t-il son père ? Je ne vous conte pas la fin. Partez en confiance avec « L’Eternité de l’instant ». Zoé Valdès conte sa très belle histoire avec énormément de sensualité. Sans aucune lourdeur, elle glisse au travers du voyage de très nombreuses sentences pleines de sagesse, qui font également de ce livre une main tendue pour réfléchir sur soi.</p>
<p>En voici une.</p>
<blockquote><p>Celui qui ne parle pas sait, celui qui parle trop ignore le plus important, écouter les autres ».</p>
</blockquote>
<p>Je me tais.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Valdes.jpg" alt="L'éternité de l'instant" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'éternité de l'instant, de Zoé Valdés, Gallimard, 353 pages, 19,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/28/102-l-eternite-de-l-instant-zoe-valdes#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/87Dans la nuit Mozambique - Laurent Gaudéurn:md5:487bda1dc636cfbdb7603155ba8039252007-05-23T09:37:00+00:002018-10-22T14:40:02+00:00BernardL'aventurenouvellesvoyage<p>C’est cela la magie des mots. Même rassemblés en petit comité, ils peuvent susciter de belles bouffées d’émotion.</p> <p>Comme dans « Gramercy Park Hotel », l’une des nouvelles de « Dans la nuit Mozambique », le dernier ouvrage de Laurent Gaudé. C’est l’histoire d’un vieil homme, qui vit à New York. Un jour, il descend paisiblement de son appartement et subit une agression. Rien de grave, mais elle réveille quelque chose en lui. Il part illico pour le Gramercy Park hôtel. Et nous aussi, tant les ambiances sont finement décrites.</p>
<blockquote><p>Derrière le haut meuble en bois de la réception, des employés s’agitent, rangent des clés, sourient, échangent des passeports et comptent des billets. Tout le monde s’affaire dans une agitation fébrile, tout n’est que sonneries de téléphones et ronrons de fax. Entre les cabines téléphoniques et les ascenseurs, il s’assoit dans un gros fauteuil en cuir qui pousse, sous son poids, un soupir d’aise et de gratitude ».</p>
</blockquote>
<p>Et les pensées de notre vieil homme s’envolent. Il pense Ella, celle qu’il a tant aimée, mais si mal. Pendant qu’elle se mourait, il partait en virée dans les rues de New-York, à la recherche d’ivresses et d’inspiration. Les deux amants vivront une histoire tourmentée, avec une oasis, quand même : une nuit, une seule, au Gramercy Park Hotel.</p>
<p>Je ne vous conte pas la chute. Mais ces quelques mots se sont ligués pour m’émouvoir de façon inattendue.</p>
<p>Les autres nouvelles crapahutent autour de thèmes chers à Laurent Gaudé : le voyage, l’immigration et l’exploitation d’un peuple par un autre.</p>
<p>Tenez, par exemple : un autre récit conte les déboires de quelques marins bretons, qui ont eu le tort de laisser s’enfuir cinq esclaves africains dans Saint Malo. Les marins parviennent à les massacrer tous. Sauf un. Et l’enfer commence : tour à tour, les marins, l’affréteur, trouvent un doigt à la peau noire cloué à leur porte. Peu de temps après, un malheur frappe les hommes ainsi désignés. Le village se croit sauvé lorsque le dixième doigt est découvert. Mais, peu de temps après, un onzième trône fièrement sur la porte de la maison du capitaine, qui narre l’histoire. Il ne le vit pas très bien.</p>
<blockquote><p>Dans cette nuit, je ne suis plus un homme. Je suis une ombre esquintée. J’ai maigri. Je n’ai plus jamais mis le pied sur un navire. Je vis chichement. Je souris. Je tremble. Je me retourne souvent dans la rue. J’attends le malheur que le doigt m’a annoncé. Mais au fond, il est déjà sur moi et m’a rongé avec délices ».</p>
</blockquote>
<p>Joli, non ? C’est un petit recueil bien écrit, avec de belles ambiances. L'ayant dégusté un peu vite, je pensais devoir oublier ces histoires tout aussi rapidement. Erreur. Six mois plus tard, elle me trottent encore dans la tête, comme un escalve en fuite dans les rues de Saint Malo.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/mozambique.jpg" alt="Dans la nuit Mozambique" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Dans la nuit Mozambique, Laurent Gaudé, Actes Sud, 147 pages, 16 euros.</em>
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A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/01/14/25-eldorado-laurent-gaude">la critique d'Eldorado</a>, le précédent roman de Laurent Gaudé. Pour se forger une belle opinion, je recommande aussi la critique du <a href="http://lebibliomane.blogspot.com/2007/09/memento-mori.html">Bibliomane</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/23/100-dans-la-nuit-mozambique-laurent-gaude#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/86Les enfants de la liberté - Marc Levyurn:md5:bc77aabb999cb87c1a4acf6babf0dd682007-05-19T19:29:00+00:002018-10-22T14:40:10+00:00BernardLa guerreenfanceguerreMarc Levyrésistance<p>Avant je n’aimais par Marc Levy. Maintenant, ça va mieux.</p> <p>Je l’ai toujours soupçonné d’appliquer les techniques du marketing avant celles de l’écriture, et d’ignorer l’authenticité.</p>
<p>Mais la lecture de son dernier roman vient d’ouvrir une brèche dans mon aversion.</p>
<p>Dans « Les enfants de la liberté », il raconte l’histoire de son père, Raymond, et de son oncle, Claude, qui, avant d’avoir atteint l’âge qui fait de vous un homme, se sont engagés dans la résistance.</p>
<p>Il y tenait Raymond.</p>
<blockquote><p>Ce que je veux, c’est tuer un nazi avant de mourir. Je veux un revolver. »</p>
</blockquote>
<p>Et le voilà enrôlé, avec son petit frère, dans la 35ème brigade, à Toulouse. Avec Charles, Sophie, Marc, Emile et les autres. Des enfants épris de liberté, pas de nation.</p>
<p>Avec cette bande, souvent joyeuse, on fabrique des bombes. On se cache. On aime en cachette. On fait sauter des trains. On tue des procureurs. On réapprend aussi avec horreur, que les Français étaient parfois plus zélés que les nazis.</p>
<p>Mais Marc Levy n’a pas commis la faute de goût de présenter le destin de résistant comme une partie de plaisir. Il y a des moments où, avec eux, on se demande à quoi il sert de se battre, car c’est très souvent pour finir sous les balles d’une huitaine de fusils allemands.</p>
<p>Ou pire :</p>
<blockquote><p>Au cinquième étage d’un immeuble, à Toulouse, une fillette de 6 ans regarde sa maman qui s’en va pour toujours. Elle sait bien qu’elle ne reviendra pas, son père le lui a dit ; les juifs qu’on emmène ne reviennent jamais. »</p>
</blockquote>
<p>Raymond et Claude seront arrêtés, eux aussi, juste avant la Libération. Ils seront les passagers de ce que l’on a appelé le train fantôme. Un convoi bourré de prisonniers agonisants, qu’un commandant allemand, avec la rage du loup blessé, est parvenu à emmener à Dachau, sous les balles alliées. Heureusement, Raymond et Claude parviendront à s’enfuir, d’une manière et au terme d’un suspens que Marc Levy conte crescendo, avec efficacité.</p>
<p>Je ne dis pas que l’on se trouve face à un chef d’œuvre de la littérature. Il reste de solides tics d’écriture. Il reste aussi des invraisemblances, des niaiseries.</p>
<p>Mais malgré ces petits énervements, j’ai envie de dire merci à Marc Levy.</p>
<p>Merci d’avoir pris le risque de décevoir une partie de son lectorat pour raconter une histoire sans effet spéciaux.</p>
<p>Merci de rappeler à des dizaines de milliers de gens qu’il est parfois bon de dire non à ceux qui ont autorité sur vous.</p>
<p>Et en ce temps ou la différence est suspecte, merci d’avoir écrit ceci :</p>
<blockquote><p>Et puisque la population se préparait à l’acclamer, ce Maréchal, il fallait sonner notre tocsin, réveiller les gens de cette peur si dangereuse, celle qui gagne les foules et les conduit à baisser les bras, à accepter n’importe quoi ; à se taire avec pour seule excuse à la lâcheté que le voisin fait de même, et que si le voisin fait de même, c’est donc ainsi qu’il faut faire. »</p>
</blockquote>
<p>A lire également : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/07/18/135-10-questions-a-marc-levy-l-interview-du-blog-des-livres">notre interview</a> de Marc Levy en 10 questions
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Levyroman.jpg" alt="Les enfants de la liberté" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les enfants de la liberté, Marc Levy, Robert Laffont, 434 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266199560/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266199560&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266199560" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/19/97-les-enfants-de-la-liberte-marc-levy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/84Mal de pierres - Milena Agusurn:md5:6e9c2863473e5c7abd938ba06fbe5e042007-05-16T11:12:00+00:002018-10-22T14:40:17+00:00BernardL'amourfamilleItaliemaladie<p>C’est un petit livre, un tout petit livre. Mais quand vous allez commencer à le lire, un étrange phénomène va se produire…</p> <p>Imperceptiblement, votre vitesse de lecture va se réduire. Et vous allez goûter les mots comme on regarde un paysage, ou comme on observe un petit animal sauvage.</p>
<p>La narratrice raconte la jeunesse de sa grand-mère, en Sardaigne, pendant et après la guerre. La jeune sarde est atteinte du mal de pierre, plus vulgairement connu sous le nom de calculs aux reins. Mais à vrai dire, ce n’est pas cela qui la fait souffrir. Non. Son tourment, c’est l’amour, qui ne vient pas.</p>
<blockquote><p>Le dimanche, quand les autres filles allaient à la messe ou se promenaient sur la grand-route au bras de leur fiancés, grand-mère relevait en chignon ses cheveux et elle se rendait à l’église demander à Dieu pourquoi, pourquoi il poussait l’injustice jusqu’à lui refuser de connaître l’amour, qui est la chose la plus belle. En confession, le prêtre disait que ces pensées constituaient un grave péché et que le monde offrait bien d’autres choses, mais pour grand-mère elles étaient sans intérêt. »</p>
</blockquote>
<p>Cette incapacité à faire alliance irrite superbement sa mère, qui la tient pour folle, surtout qu’elle écrit à ses prétendants éphémères des poèmes enflammés qui ne sont pas du tout à son goût. Du coup, notre jeune sarde est mariée sans son consentement, avec un veuf, qu’elle n’aime pas. D’ailleurs elle le lui a dit.</p>
<p>Mais lors de son premier séjour sur le continent, pour soigner son maudit mal de pierre, elle rencontre le Rescapé, un homme mutilé par la guerre, qui sait lui parler, qui a le pouvoir de l’aimer.</p>
<blockquote><p>Le Rescapé dit qu’à son avis elle n’était pas folle, simplement elle était une créature que Dieu avait faite à un moment où Il n’avait pas envie des femmes habituelles en série, Il avait eu une inspiration poétique et Il l’avait créée, grand-mère riait de bon cœur, disait qu’il était fou aussi et que c’était pour ça qu’il ne voyait pas la folie des autres. »</p>
</blockquote>
<p>Puis vient le moment de la séparation, le retour de notre belle éplorée à Cagliari. Je m’arrête ici. A travers les paysages de Sardaigne, à travers cette Italie du Sud que le Nord méprise, dirigez vous le plus lentement possible vers la fin, et goûtez cette prose naïve et soyeuse.</p>
<p>Et méditez ceci :</p>
<blockquote><p>Car au fond, en amour, il s’agit peut-être au bout du compte de se fier à la magie, on ne peut pas dire qu’on puisse trouver une règle, quelque chose à suivre pour que tout se passe bien. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Milena.jpg" alt="Mal de pierres" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Mal de Pierres, Milena Agus, traduit de l'italien par Dominique Vittoz, Liana Levi, 124 pages, 13 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/04/18/237-battement-d-ailes-milena-agus">Battement d'ailes</a>
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A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/05/20/99-la-revue-de-la-presse-du-20-mai#agus">Voyage au pays de Milena Agus</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/16/96-mal-de-pierres-milena-agus#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/82La femme du Vème - Douglas Kennedyurn:md5:35da6ebe4635b1a56bca303a16037f822007-05-10T19:17:00+00:002018-10-23T15:37:42+00:00PhilippeLa vieenquêteParis<p>Quand un auteur américain passe sa vie à Paris, qu'est-ce qu'il raconte ? Une histoire d'Américain à Paris, pardi ! Mais pas vraiment le Paris carte postale que l'on pourrait attendre d'un yankee...</p> <p>Harry Ricks a ce qu’il convient d’appeler une sacrée quinte ! Prof dans une université américaine, Harry se retrouve au cœur d’un scandale pour avoir batifolé avec une de ses étudiantes. Sa vie, jusque là tranquille, tombe en lambeaux. Notre homme n’a pas d’autre choix que de s’exiler à Paris.</p>
<p>Sans énormément d’argent, il atterrit dans une chambre pourrie du 10ème arrondissement. Au fond du fond, histoire de gagner quelques euros, pour tout simplement survivre, Harry travaille comme veilleur de nuit dans un endroit sinistre et glauque. Alors qu’il nage en plein désespoir, Harry fait la connaissance de Margit, une hongroise torride qui ne va pas tarder à lui faire tourner la tête.</p>
<p>L’Américain Douglas Kennedy, auteur à succès de « La poursuite du bonheur » ou de « L’homme qui voulait vivre sa vie », livre avec ce nouveau roman une espèce de polar, parce qu’Harry va se retrouver au cœur d’événements tout simplement incontrôlables et même soupçonné de meurtres. Sous ce format polar, Kennedy en profite pour revisiter ses thèmes de prédilection avec une douce mélancolie, caractéristique de son œuvre. Souvent en guerre contre le conformisme puritain de son pays (l’auteur vit en Europe depuis 30 ans), Douglas Kennedy décrit la chute d’un homme en proie à ses propres démons et à ses blessures secrètes.</p>
<p>Comme ici :</p>
<blockquote><p>Me laissant à peine le temps de remonter mon jean et de cracher un jet de salive ensanglantée dans l’évier, elle m’a conduit sur le trottoir… J’ai regagné mes pénates tant bien que mal, je me suis gargarisé à l’eau salée pendant deux minutes ou plus. Je me suis dépouillé de mes vêtements, j’ai avalé un cachet de Zoplicone et trois d’analgésiques. Ce cocktail chimique m’a terrassé, et lorsque je me suis réveillé à deux heures de l’après-midi, ç’a été pour découvrir que je ne savais plus parler. »</p>
</blockquote>
<p>C’est, comme toujours, agréablement écrit et passionnant. Et pour la première fois dans sa bibliographie, l’Américain ajoute une dimension métaphysique et surnaturelle à son roman. L’influence, revendiquée, des nouvelles d’Edgar Allan Poe, sans doute.</p>
<p>C’est aussi l’occasion de découvrir un Paris crépusculaire et crasseux. Mais l’important est sans doute ailleurs. Comme toujours chez Kennedy, les hommes sont faibles. C’est cette faiblesse d’un Harry déchu en phase de rédemption avec sa belle hongroise qui donne tout son sel à ce roman noir dont le dernier tiers est absolument palpitant et… envoûtant.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Kennedy.jpg" alt="La femme du Vème" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La femme du Vème, de Douglas Kennedy, Belfond, 384 pages, 22 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/10/93-la-femme-du-veme-douglas-kennedy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/83Une exécution ordinaire - Marc Dugainurn:md5:a0b8b429ac29382db43a18926dc3acb52007-05-08T21:53:00+00:002018-10-23T15:37:52+00:00BernardL'aventuredictaturemerRussie<p>Mais qui a dit que les auteurs français n’étaient plus capables de raconter des histoires ? Moi. Marc Dugain vient de m'administrer un démenti cinglant.</p> <p>Quoi de plus agréable de commencer à lire un roman avec ses petits soucis, puis d’oublier tout et tout de suite, pour entrer dans un salon discret du Kremlin, où Olga Ivanovna Atlina soigne Staline en personne. Elle ne le fait pas de gaieté de cœur : Olga, médecin réputé a été dûment réquisitionnée par le Maître, et a été priée de quitter son mari sous peine de faire plus ample connaissance avec les frimas sibériens.</p>
<p>Cela s’appelle de la terreur. Staline assume :</p>
<blockquote><p>Pour moi, la terreur, c’est la certitude pour tout homme de l’Union soviétique, du plus humble au plus puissant, de l’anonyme à l’ami de Staline, que rien ne le protège d’une décision de l’exécuter qui peut tomber à chaque instant sans véritable fondement. »</p>
</blockquote>
<p>Staline à peine décédé, nous voici en Allemagne de l’Est, en compagnie de Vladimir Plotov, un espion du KGB. Il sera chargé d’approcher une accorte allemande l’Est, espionne, elle aussi, qui lui proposera ses charmes et ses deniers. Plotov résistera et deviendra le président russe. Si cela vous fait penser à Vladimir Poutine, c'est normal !</p>
<p>A peine remis de ces émotions, Dugain nous transporte au bord de la mer de Barents, pour partager la vie quotidienne de Pavel, le père d’un marin naufragé dans l’accident d’un sous-marin russe, l’Oskar. Si cela vous fait penser au Koursk, naufragé pour de vrai le 12 août 2000, c'est normal.</p>
<p>Et pour terminer, Marc Dugain conte les dernières heures de Vania, le fils de Pavel, par 100 mètres de fond, dans l'indifférence du président Vladimir Plotov, pourtant informé du drame. A la lecture des passages décrivant la raréfaction de l’oxygène, ne vous étonnez pas si vous respirez péniblement. Prenez une bonne bouffée d’air avant de lire ceci :</p>
<blockquote><p>Le silence s’est progressivement emparé de l’épave. Les heures s’égrènent et, quand le sommeil paraît poindre, le froid devient subitement insupportable. La mer a refroidi l’épave à température des profondeurs. Il devient impossible de dormir. Vania réalise que sa hanche est mouillée. L’eau est là, déjà. En montant, elle comprime la bulle d’air. Les corps sont à moitié paralysés par l’eau glacée et les têtes écrasées par la pression. »</p>
</blockquote>
<p>Si vous aimez les petites histoires dans la grande Histoire, les récits bien bâtis, le verbe modeste qui n’exclut pas les belles formules, lisez « Une exécution ordinaire ».</p>
<p>Non content de réunir ces qualités, ce roman semble défendre une thèse : celle d’une Russie immuable, où l’impérialisme, le culte du secret, et l’écrasement de l’individu sont des phénomènes qui résistent au temps, que le régime soit tsariste, communiste, ou « démocratique ».</p>
<p>Edifiant!</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Dugain.gif" alt="Une exécution ordinaire" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Une exécution ordinaire, Marc Dugain, Gallimard, 350 pages, 19,90 euros</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/08/92-une-execution-ordinaire-marc-dugain#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/81Le père adopté – Didier Van Cauwelaerturn:md5:a70c818006714e1c653cd9a104444d0f2007-05-02T21:29:00+00:002018-10-23T15:38:00+00:00BernardLa viefamillepaternitéécrivain<p>Ca y est, ça recommence. Encore un écrivain à succès qui ouvre sa boîte à souvenirs et nous prie d’ingurgiter les dizaines d’anecdotes de son existence, nécessairement fabuleuse puisque c’est un écrivain à succès.</p> <p>Certes, Didier Van Cauwelaert n’est pas le premier à s’épancher. J’aurais pu m’énerver sur d’autres avant lui. Mais voilà, il fallait que cela tombe sur quelqu’un.</p>
<p>Calme-toi, Bernard. Et raconte nous plutôt l’histoire.</p>
<p>Impossible : il n’y en a pas. Nous n’avons d’autre guide que le coq et l’âne. L’illustre Didier entend en fait nous faire l’éloge de son père. Mais par ce truchement un peu grossier, c’est sa vie qu’il nous conte.</p>
<p>Soyons honnête dans notre agacement. Il y a, au gré de ce gavage, quelques moments amusants. Par exemple, quand le petit Van Cauwelaert trouve son père un peu nul, et fait croire à ses copains de classe que son vrai géniteur est Baudouin premier, le roi des Belges. Ou encore la complicité qui unit Didier et la secrétaire de son père, qui tape en cachette les manuscrits du futur écrivain.</p>
<p>La personnalité de René, le père de Didier Van Cauwelaert est attachante, elle aussi. C’est un homme que presque rien n’ébranle et qui fait de l’humour son assurance-vie. Il y a quelques moments tendres, enfin. Comme quand l’auteur rappelle que son père aurait voulu être écrivain, et qu’il a confié cette mission à son fils :</p>
<blockquote><p>Je ne suis pas dupe, je sais pourquoi tu as encouragé ma vocation de romancier, dès l’enfance : si tu as été mon maître à rêver, c’était aussi pour que je devienne ta machine à écrire. »</p>
</blockquote>
<p>Ce livre fera peut-être rêver ceux qui n’ont pas eu un père idéal. Grâce à des mots comme ceux-ci :</p>
<blockquote><p>Certains jugeront peut-être que je me compliquais beaucoup la vie dans l’espoir d’alléger la tienne. Mais il a toujours été impensable pour moi de te décevoir. Tu étais un marchand de miracles, tu m’avais choisi comme fournisseur, et je me devais d’honorer ta confiance, ton attente. »</p>
</blockquote>
<p>Mais bon. Malgré les critiques enthousiastes, je ressors de ce livre en trouvant tout cela optimiste, certes, mais très ordinaire, limite ennuyeux.</p>
<p>Mais quand les écrivains se remettront-ils à nous raconter des histoires ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/cauwelaert.jpg" alt="Le père adopté" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /><em>Le père adopté, Didier Van Cauwelaert, Albin Michel, 281 pages, 19,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/02/90-le-pere-adopte-didier-van-cauwelaert#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/79Une vraie Parisienne - Gilles Martin-Chauffierurn:md5:818adb3ed0b5f38482825b9168a4692c2007-04-06T09:01:00+00:002018-10-23T15:38:09+00:00BernardLa vieParis<p>Mais non ! les Parisiens ne sont pas arrogants, pressés, blessants, verbeux et cupides ! C’est mon avis. Mais ce n’est pas celui de tout le monde…</p> <p>Et sûrement pas celui de Gilles-Martin Chauffier. Peut-on le croire ? On pourrait : il est rédacteur en chef à Paris Match, un hebdo qu’on ne peut pas vraiment qualifier de provincial.</p>
<p>Dans « Une vraie Parisienne », il donne la vie à Agnès de Courroye (ne vous laissez pas impressionner par la particule, elle l’a inventée). C’est donc elle la vraie Parisienne. Elle est guide touristique dans la capitale. Mais c’est alimentaire : son vrai métier, c’est de juger ses contemporains. Comme ici, quand elle décrit une attachée de presse, Coco Danceny :</p>
<blockquote><p>C’est la grande attachée de presse du show business, une cinglée de première, aimable comme la pluie. Un vrai bouledogue, du moins de caractère. Son physique fait plus chienchien. Avec sa coiffure tarabiscotée, on dirait un caniche. Une amie sincère l’aurait envoyée se faire brosser. »</p>
</blockquote>
<p>Et c’est parti. Agnès va infliger ses mauvais traitements à toutes ses rencontres. Toutes, sauf une : le beau Bruce, un chanteur rock à succès qu’Agnès est chargée de promener dans Paris, et qui a « les dents blanches comme une carte de visite ».</p>
<p>Agnès serait donc dotée de sentiments ? Que nenni ! Elle en veut évidemment à ses dollars. Elle ne le lui cache pas : elle l’appelle « mon portefeuille chéri. » Et il l’aime pour cela. Jusqu’au jour où elle entreprend de faire monter les enchères en l’accusant de l’avoir battue, ce qu’elle ne manque évidemment pas de faire savoir à la presse parisienne.</p>
<p>D’accord, l’histoire n’a pas la finesse d’un d’un salon du seizième. Mais si le mot « tchatcher » pouvait s’employer pour l’écrit, Gilles Martin-Chauffier en serait un orfèvre. Et c’est cela qui fait l’intérêt de ce roman de vacances. Et rien d’autre, ai-je envie de dire : car il lui arrive d’en faire un (tout petit) peu trop, et il parle un peu trop de Sarkozy. Je me demande même parfois s’il ne fait pas sournoisement sa campagne. Cela n’a rien à faire dans un roman.</p>
<p>Mais ne nous arrêtons pas à cela, et pour terminer, dégustons, ensemble, quelques sentences et réparties.</p>
<blockquote><p>Se marier, Jean-Pierre, c’est choisir la personne qu’on haïra pendant deux ou trois ans. Vous devriez le savoir puisque vous êtes à votre troisième divorce. N’en rajoutez pas dans le romantisme, ce n’est plus de notre âge. Enfin, du vôtre »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Il est con comme une valise sans poignée »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Est-ce que je crois en Dieu ? Evidemment puisque l’homme l’a créé. C’est comme si je ne croyais pas au téléphone ou au cinéma »</p>
</blockquote>
<p>Amusez-vous bien !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/Parisienne.jpg" alt="Une vraie Parisienne" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /><em>Une vraie Parisienne, Gilles Martin-Chauffier, Grasset, 296 pages, 21 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/04/06/85-une-vraie-parisienne-gilles-martin-chauffier#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/74Un roman russe - Emmanuel Carrèreurn:md5:23dd70f79ae80fa65d3c11372a0c9d362007-03-28T22:59:00+00:002018-10-23T15:38:18+00:00BernardL'amourRussiesentimental<p>Cela doit être le privilège des écrivains confirmés : ils ont ce droit précieux d’étaler leur tourment sur tout un roman. Le lecteur, lui, est prié d’accepter. Quand la vie de l’écrivain vaut le détour, ça passe. Quand elle dans la norme, ça casse.</p> <p>Voyons voir avec Emmanuel Carrère. En guise d’auto-thérapie, il nous raconte trois histoires. Celle d'un reportage qu'il a réalisé sur András Toma, un prisonnier Hongrois de 19 ans, capturé en 1944 et interné dans un hôpital psychiatrique russe, situé à Kotelnich, une ville perdue à 500 kilomètres de Moscou. Cinquante-trois ans plus tard, András Toma est retrouvé, et ramené en Hongrie.</p>
<p>La seconde histoire est celle du grand-père maternel d’Emmanuel Carrère. Cet homme, qui se détestait autant qu’il haïssait ses semblables, a trouvé dans la collaboration avec les Allemands un moyen d’exister. A la libération, des inconnus l’emmènent. On ne l’a jamais revu.</p>
<p>Une tragédie banale. Sauf que la mère d’Emmanuel Carrère, Hélène Carrère d'Encausse, avait supplié son fils de ne pas la raconter.</p>
<blockquote><p>Emmanuel, je sais que tu as l’intention d’écrire sur la Russie, sur ta famille russe, mais je te demande une chose, c’est de ne pas toucher à mon père, pas avant ma mort ».</p>
</blockquote>
<p>Une vaine supplication...</p>
<p>Enfin, Emmanuel Carrère nous raconte son histoire d’amour avec Sophie, pour qui il avait écrit une nouvelle dans « Le Monde ». Une nouvelle magnifiquement bâtie, qui vogue aux confins de l’érotisme, là où commence la pornographie. Une nouvelle qui le dévastera.</p>
<p>L’auteur raconte son histoire d’amour brisé. C’est douloureux, parce que ces deux êtres-là jouent à se faire mal. Et nous font mal.</p>
<p>Alors, banales ou pas les petites histoires de Carrère ? Presque banales. Mais la puissance de ce livre réside dans les dégâts qu'il pourrait commettre. La mère d'Emmanuel Carrère, dont le secret est dévoilé, risque d'en souffrir. Sophie, son ex-copine, dont la vie amoureuse et sexuelle est étalée n'appréciera pas. Et l'actuelle compagne de Carrère non plus. Car il ne cache pas qu'il a écrit ce livre pour faire revenir Sophie. Il le lui dit dans le roman.</p>
<blockquote><p>Je voudrais te mériter, même si je sais que c’est trop tard. Je voudrais dans l’absence et le manque écrire un livre qui raconte notre histoire, notre amour la folie qui s’est emparée de nous, et que ce livre te fasse revenir. »</p>
</blockquote>
<p>C’est un beau roman, mais il est cruel, torturé et compliqué. Presque mégalo, puisque Carrère entend infléchir le destin de ses proches en écrivant ce livre. Au moins, il le reconnaît :</p>
<blockquote><p>J’aime que la littérature soit efficace, j’aimerais idéalement qu’elle soit performative, au sens où les linguistes définissent un énoncé performatif, l’exemple classique étant la phrase : "je déclare la guerre" : dès l’instant où elle est prononcée, la guerre est de fait déclarée. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/romanrusse.jpg" alt="Un Roman russe" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Un roman russe, Emmanuel Carrère, 357 pages, P.O.L., 19,5 euros.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/03/05/Limonov-Emmanuel-Carr%C3%A8re">Limonov</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/28/81-un-roman-russe-emmanuel-carrere#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/66La vie aux aguets - William Boydurn:md5:ba19cd4e0d5d3a248c911a8619852f362007-03-22T22:35:00+00:002018-10-23T15:38:26+00:00BernardLa vieenquêteespionnageguerre<p>Petite leçon à destination des écrivains en herbe. Pour bien commencer son roman, il ne faut pas avoir peur d’attraper le lecteur brutalement par le col. Comme ceci :</p> <blockquote><p>Quand, petite, je me montrais grincheuse, contrariante et dans l’ensemble insupportable, ma mère me réprimandait avec des : "Un jour, quelqu’un viendra me tuer et tu le regretteras". Enfant, on ne prend pas au sérieux ce genre de remarque. Mais je m’en rends compte maintenant : elle a toujours redouté qu’on vienne la tuer. Et elle n’avait pas tort ».</p>
</blockquote>
<p>Et c’est parti ! William Boyd nous conte avec rythme, finesse et dans une langue admirable, l’histoire de Ruth Gilmartin qui découvre à 28 ans que sa mère n’est pas Sally Gimartin, comme elle le pensait, mais Eva Delectorskaya, née en Russie, ancienne espionne du gouvernement britannique.</p>
<p>Le plus pervers, dans cette histoire, c’est que la perfide Eva dévoile son destin à sa fille au compte goutte, en lui livrant, à chacune de ses visites, quelques pages du manuscrit de sa vie.</p>
<p>Entre chaque chapitre du manuscrit, William Boyd raconte les réactions de Ruth, et montre avec un certain cynisme comment cette histoire bouleverse sa vie de petite bourgeoise.</p>
<p>Ruth apprend ainsi que, juste avant la guerre, sa mère a quitté Paris pour la Grande Bretagne. Lucas Romer, son instructeur lui a alors enseigné les rudiments du métier d’espion.</p>
<blockquote><p>"Ne faites confiance à personne", lui dit-il sans solennité mais avec une assurance et une sorte de certitude pratique, comme s’il déclarait : "aujourd’hui c’est vendredi". "C’est la seule et unique loi. Ne faites confiance à personne, - pas même au seul être en qui vous pensez avoir le plus confiance au monde" ».</p>
</blockquote>
<p>Ruth découvre ensuite que sa mère est partie au début de la guerre aux Etats-Unis avec une mission : pousser les Américains à entrer en conflit avec l’Allemagne. Elle se fait passer pour une journaliste, et arrose les agences du monde entier de fausses nouvelles.</p>
<p>Au fil du roman, Ruth oscille, comme le lecteur, entre fascination et doute : et si tout ceci n’était qu’invention ?</p>
<p>Je me garderai bien de vous le dire.</p>
<p>« La Vie aux aguets » est une histoire drôle et légère. Boyd est un technicien du roman, un horloger. Mais au delà de l’histoire d’espionnage, qui pêche parfois un peu par ses invraisemblances, ce qui charme, c’est la quête de Ruth, qui trouve progressivement sa propre identité en découvrant celle de sa mère.</p>
<p>C’est autant un roman d’espionnage, qu’une très fine enquête psychologique, qui s’achève sur une fin à l’image d’Eva : espiègle et inattendue.</p>
<p>Une petite pensée de Ruth, pour terminer.</p>
<blockquote><p>J’ai pensé, soudain, qu’il en est ainsi de nos vies à tous – que c’est le seul et unique facteur qui s’applique à nous tous, qui nous fait ce que nous sommes, notre mortalité commune, notre humanité commune : un jour quelqu’un viendra nous emporter. Pas besoin d’avoir été espion pour le pressentir. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Boyd.jpg" alt="La vie aux aguets" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La vie aux aguets, William Boyd, Seuil, 333 pages, 23 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/22/79-la-vie-aux-aguets-william-boyd#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/49Le magasin des suicides - Jean Teuléurn:md5:48d431bb0984ee48b0c4b2e4652501d32007-03-20T23:10:00+00:002018-10-23T15:38:35+00:00BernardLa viehumourmortsuicide<p>Cela m’intriguait : comment un ouvrage sur le suicide peut-il trôner en têtes des ventes de livres ? Soit parce qu'ils sont nombreux à y penser. Soit parce que ce livre est à mourir de rire.</p>
<p>Il fallait que je vérifie.</p> <p>La vérité, c’est que ce bouquin part d’une idée géniale : raconter la vie d’une famille d’indépendants comme les autres, sauf que le petit commerce qu’elle exploite, est spécialisé dans les accessoires pour le suicide. Il est très logiquement situé Boulevard Beregovoy…</p>
<p>Son slogan :</p>
<blockquote><p>Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort. »</p>
</blockquote>
<p>La vie quotidienne, au magasin, ça donne ceci :</p>
<blockquote><p>Alan, combien de fois faudra-t-il te le répéter ? On ne dit pas "au revoir" aux clients qui sortent de chez nous. On leur dit "adieu" puisqu’ils ne reviendront pas. »</p>
</blockquote>
<p>Lucrèce, Mishima et leur trois enfants, Vincent, Marylin et Alan passent donc leur vie à abréger celle des autres. Ils vendent des cordes résistantes, des parpaings en ciment et des fioles bourrées d’arsenic.</p>
<p>Lucrèce et Mishima, sont très fiers de leurs deux aînés. Vincent est diaphane et suicidaire, et Marilyn est grasse et mal dans sa peau. Le problème c’est Alan. Il dérange. Car il voit la vie en rose. C’est le clou du cercueil de ses parents :</p>
<blockquote><p>« On le force à regarder les infos à la télé pour tenter de le démoraliser mais si un avion transportant 250 passagers s’écrase et qu’il y ait 247 morts, lui ne retient que le nombre de rescapés. »</p>
</blockquote>
<p>L’enfant rebelle va doucement semer l’optimisme, comme on inoculerait un poison. Il rend le sourire aux clients, et c’est très mauvais pour le commerce.</p>
<p>Je ne veux prendre le risque de tuer le suspense en vous racontant la suite. Disons simplement qu’on rit, mais que Jean Teulé exploite jusqu’à la corde du pendu la bonne idée de ce commerce de la mort. Au risque d’en faire trop, beaucoup trop, je trouve, et de livrer l’histoire sans grande finesse, ni dans l’écriture, ni dans la manière d’agencer les événements. Sans parler d’une fin un peu abrupte (logique, me direz-vous…). Cela étouffe un peu l’humour et l’émotion.</p>
<p>C’est dommage parce que le personnage d’Alan est salutaire en ces temps de pessimisme rampant. Un petit garçon qui se bat contre ses aînés parce qu’il croit au sourire, qu’y a-t-il de plus beau ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Teule.jpg" alt="Les magasin des suicides" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le magasin des suicides, Jean Teulé, Julliard, 157 pages, 17 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266179276/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266179276&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266179276" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/20/78-le-magasin-des-suicides-jean-teule#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/69La tranchée d’Arenberg et autres plaisirs minuscules – Philippe Delermurn:md5:0c3192189c0870f02b4e5986a22738532007-03-16T09:06:00+00:002018-10-23T15:38:43+00:00BernardLa vienouvellessport<p>Peut-on, sans lasser, multiplier des ouvrages décrivant des petits moment agréables de la vie ? Avant de lire « La tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives », de Philippe Delerm, ma réponse était clairement : non !</p> <p>Je m’attendais donc à m’ennuyer, à m’énerver, à lire sans élan. Aujourd’hui, je dois bien reconnaître : il m’a eu.</p>
<p>Ce n’était pas gagné : je dois avouer un franc désintérêt pour la chose sportive. Mais dès les premières lignes, la fine plume de Philippe Delerm a de nouveau produit son effet. Une sorte de Prozac littéraire.</p>
<p>« La tranchée d’Arenberg et autres voluptés sportives » est un recueil de textes très courts (une page et demie) racontant, comme le ferait un enfant avec un génie littéraire précoce, des instantanés des petits et grands terrains de sports. On est parfois dans les vestiaires, parfois sur le bord d’une route belge, à regarder le tour des Flandres, parfois carrément dans la peau du sportif.</p>
<p>On joue au tennis…</p>
<blockquote><p>Le passing shot rase le haut du filet, finit sa course sur la ligne de fond. A la volée, l’autre a déjà compris, n’a même pas esquissé un geste, assume ce coup de balancier du destin. Contre la perfection des causes perdues, il n’y a rien à faire. »</p>
</blockquote>
<p>au football…</p>
<blockquote><p>La pression sur le tireur est maximale, surtout quand le penalty est sifflé sur la fin de la parti, et encore plus quand il s’agit d’un tir aux buts, aux conséquences parfois définitives. Il lui faut alors quitter le rond central en marchant lentement, comme dans un western, entendre tout la rumeur d’un kop, agaçante quand elle prend la forme des lazzis des supporters de l’équipe adverse. D’habitude, il la met du plat du pied, à gauche, à ras de terre, mais ne serait-il pas opportun cette fois de tirer en force du coup-du-pied ? »</p>
</blockquote>
<p>ou on lit simplement l’équipe.</p>
<blockquote><p>Comme l’amour, le sport a le pouvoir de s’intégrer au paysage, de nous faire vivre un peu plus large. Il suffit pour cela qu’il ne le livre pas trop. Pénétrer dans les vestiaires avant, après un match, suivre le déroulement d’une compétition dans le moindre détail, interviewer les acteurs après leur prestation. Oui. Peut-être. Mais quelques mots dans un journal, c’est fort aussi. »</p>
</blockquote>
<p>D’accord, cela ne vaut pas « Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules », le roman auquel Philippe Delerm doit sa célébrité. Mais, je dois le reconnaître humblement, le filon n’est pas tari.</p>
<p>Un petite pensée de Delerm, pour terminer, à méditer.</p>
<blockquote><p>La nature humaine est ainsi faite : souvent, on attend que les gens soient tristes pour se rendre compte qu’on les aime ».</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Arenberg.jpg" alt="La tranchée d'Arenberg..." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La Tranchée d'Arenberg et autres voluptés sportives, Philippe Delerm, Panama, 112 pages, 12 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/16/76-la-tranchee-daremberg-et-autres-plaisirs-minuscules-philippe-delerm#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/67Par une nuit où la lune ne s'est pas levée - Dai Sijieurn:md5:8f8fec433a36f450e1748c5336faf9302007-03-13T22:32:00+00:002018-10-23T15:38:49+00:00BernardLe lointainChineorient<p>Il y a des plombiers de garde. Des pharmacies. Des night-shops. Mais lorsque vous avez une urgence littéraire un dimanche, que faire ?</p> <p>Question existentielle, que je me suis posée, un jour du Seigneur après avoir lu, dans un journal, un article qui se terminait par ces mots : « "Par une nuit où la lune ne s’est pas levée" est un roman soutenu par une philosophie de confiance. On sort de ce livre rassasié. Rassuré. Béat ».</p>
<p>Le genre de mots positifs et ciselés qui créent l’urgence. Mais bon, faute de librairie de garde, j’ai attendu l’aube du lundi pour l’acquérir. Et je ne fus pas déçu. Le plus drôle, c’est que ce roman de Dai Sijie, à qui l’on doit le film « Balzac et la petite tailleuse chinoise », parle justement de la quête échevelée d’un texte. C’est l’histoire d’une relique qu’on s’arrache au fil des siècles. La voici décrite dans les premiers mots du livre :</p>
<blockquote><p>Appelons-le relique mutilée, ce petit bout de texte sacré, écrit dans une langue déjà disparue sur un rouleau de soie qui, victime d’une violente crise de folie, fut déchirée en deux non par des mains, ni un poignard ou des ciseaux, mais bel et bien par les dents d’un empereur enragé. »</p>
</blockquote>
<p>La narratrice est une étudiante française en Chine, qui apprend l’existence du rouleau, et se pique d’en retrouver et d’en comprendre les deux fragments. Au fil de ses pérégrinations, elle tombera follement amoureuse de Tûmchouk, un garçon dont l'élan se brisera lorsqu’il apprendra le cruel destin de son père, à qui le rouleau, et la vie, ont été confisqués par les autorités communistes.</p>
<p>Par le truchement de sa narratrice, Dai Sije nous fera aussi pénétrer dans un monastère-imprimerie bouddhiste. Il nous emmènera au fond d’une mine de diamants, avec les « criminels de pensée » sous le régime communiste. Il nous baladera dans les ruelles de Pékin. Mais surtout, il nous contera, par les sentiers buissonniers, la vie privée des empereurs chinois.</p>
<p>Au fond, l’histoire du manuscrit n’est qu’un prétexte pour nous balader dans la Chine d’hier et d’aujourd’hui, à travers 1001 histoires.</p>
<p>Je pourrais comprendre qu’on reproche à ce livre son éparpillement et quelques invraisemblances. Mais ce petit bain en mer de Chine m’a revigoré.</p>
<p>Pour terminer, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer un croquis d’ambiance d’une rue de Pékin en 1978…</p>
<blockquote><p>La rue de la Petite-Inde, qui n’avait rien d’indien justifiait son nom en partie : elle était réellement petite. A chaque croisement de camion, on frisait la catastrophe : c’étaient des duels de klaxons, des échanges de jurons et d’insultes. La rue de la Petite-Inde longeait les murs en briques grises du campus, esquissait une pente douce, bordée de petits commerces : une épicerie, une pâtisserie, la mercerie des sœurs Zhang, un tailleur, une pharmacie traidtionnelle qui dégageait une odeur anisée d’écorce, d’herbes desséchées, de cannelle et de musc. »</p>
</blockquote>
<p>… et aujourd’hui. Contraste.</p>
<blockquote><p>La lumière de la ville, si particulière en fin d’après-midi, n’était plus la même, l’odeur non plus, la circulation était cent fois plus dense. La physionomie des automobilistes et des passants me paraissait elle aussi métamorphosée. Leurs vêtements étaient plus colorés, leurs visages plus sombres et plus tendus. Néanmoins, je reconnus tout de même Pékin à un détail : le chauffeur de taxi, que l’embouteillage rendait nerveux, baissa sa vitre, se racla la gorge, cracha fort vers l’extérieur, et suivit d’un regard empli d’orgueil le parabole de son crachat, qu atterrit au beau milieu de la chaussée, sans qu’il songeât à s’en excuser le moins du monde. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Sijie.jpg" alt="Par une nuit où la lune ne s'est pas levée" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Par une nuit où la lune ne s'est pas lévée, Dai Sijie, Gallimard, 307 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/13/74-par-une-nuit-ou-la-lune-ne-s-est-pas-levee-dai-sijie#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/62Une bouteille dans la mer de Gaza - Valérie Zénattiurn:md5:53ddf2e35a4f8cef88c1951b36d89e4f2007-03-11T16:26:00+00:002018-10-23T15:38:58+00:00MartinRoulez jeunesse !guerremoyen-orient<p>Voici la deuxième critique de Martin, 14 ans, notre spécialiste des livres "jeunesse" !</p>
<p>C’est l’histoire de Tal, une jeune Israélienne de 17 ans qui vit à Jérusalem. Elle est très attachée à son pays. C’est exactement (ou presque) comme on pourrait se l’imaginer : des attentats et des civils qui s’habituent à l’horreur quotidienne...</p> <p>C’est même un peu trop comme on pourrait se l’imaginer : en fait, je n’ai pas trop aimé le début car je me voyais en train de regarder les infos à la télé.</p>
<p>Mais je me suis accroché, et je ne le regrette pas : la suite du roman m’a vraiment plu. Un détail en particulier m’a beaucoup touché : un des personnages, Palestinien, est invité dans un grand restaurant avec deux Européens. Le restaurant est très luxueux. Les Européens parlent de l’Europe et de la vie facile que nous avons. Ce passage fait beaucoup réfléchir : chaque jour de leur vie, toutes les personnes qui vivent dans ces pays-là prient pour ne pas mourir bêtement dans un attentat ou simplement pour ne pas recevoir un coup de téléphone annonçant la mort d’un proche. Quand rien de tout cela ne se produit, ils estiment avoir de la <strong>chance</strong>…</p>
<p>Et nous, chaque jour de notre vie, nous avons tout. Moi, j’estime avoir de la <strong>chance</strong> quand j’ai quelques profs absents à l’école… ! C’est pourtant le même mot, non ?</p>
<p>L’auteur prend aussi le temps de s’investir dans les sentiments profonds des personnages. Ces derniers « se confient » et c’est à ce moment qu’on se rend encore plus compte de notre vie luxueuse. Valérie Zenatti (auteur) fait très bien ça, peut-être parce qu’elle a passé son adolescence là-bas et qu’elle vit maintenant en France. Un exemple :</p>
<blockquote><p>Cher Naïm, je suis désolée. Désolée que tu te sois inquiété, désolée que tout cela se soit produit. Malheureuse, anesthésiée, vidée, c’est moi, aujourd’hui. Tu ne peux pas savoir comme ça fait du bien de pleurer de sangloter, quand les larmes sont restées bloquées en une barre dure dans le front, une barre qui m’empêchait de parler, qui m’empêchait de garder les yeux ouverts, m’empêchait de les fermer, me torturait. Un bus est entré dans mon champ de vision. Il n’en est pas ressorti. Il n’en ressortira jamais. Terrible ? C’était plus que terrible. Affreux ? C’était plus qu’affreux. Cauchemardesque ? Non, l’enfer. »</p>
</blockquote>
<p>Pour terminer, je soulignerai que ce livre a été écrit par un auteur qui n’avait pas l’intention de faire des tas de trilogies et tous les films qui vont avec. Le livre commence, et se termine. C’est de plus en plus rare dans les bouquins pour jeunesse. Je le regrette.</p>
<p>Un dernier extrait, parce qu’il n’y a pas que de la tristesse, et qu’il nous montre que ce ne sont pas des aliens qui vivent dans ces pays là, mais des humains comme ici. Il m’a fait beaucoup rire.</p>
<blockquote><p>C’est elle (Shira, pas Jennifer Aniston) qui m’a appris à dire des choses anodines sur un ton catastrophé. Ca parait bête comme ça, mais ça fait un bien fou. Il faut s’exercer assez souvent. Par exemple : tu as une mauvaise note en math. Au lieu d’être simplement embêté, triste, ou d’avoir peur de le dire à tes parents, il faut répéter avec des accents de désespoir dans la voix : « Oh non, ce n’est pas possible ! C’est absolument dramatique ! Je vais rater mon trimestre, mon année, mon bac ! Je n’irai jamais à l’université, je ferai la manche mais personne ne me donnera rien, on me dira que je suis jeune, que je peux travailler, j’ai deux bras, deux jambes, mais personne ne m’embauchera, et si je n’ai pas de travail, je n’aurai pas de famille, pas d’enfants, ma vie est foutue ! ». Après, tu te souviens que tu as dit tout ça parce que tu avais raté ton contrôle de math et ça te fait bien rire. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/gaza.jpg" alt="Une bouteille dans la mer de Gaza" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /><em>Une bouteille dans la mer de Gaza, Valérie Zénatti, L'école des loisirs, 168 pages, 9,5 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2211072755/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2211072755&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2211072755" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/11/70-une-bouteille-dans-la-mer-de-gaza-valerie-zanetti#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/60Derniers verres - Andrew McGahanurn:md5:7ae29b4128be809ae670b1a94f44563d2007-03-08T14:13:00+00:002018-10-23T15:39:05+00:00PhilippeLe lointainalcoolsuspense<p>Il a l'art de sentir les romans qu'il FAUT lire, et ses conseils m'ont valu quelques découvertes inoubliables. Il est donc logique que je vous en fasse profiter. J'ai donc l'honneur d'accueillir sur ce blog Phillippe, qui nous livre sa première critique d'un livre au titre alléchant. Je lui laisse la parole et bienvenue Phil.</p>
<p>(bernard)</p> <p>Un mot d’abord, sur cette nouvelle et formidable collection d’Actes Sud baptisée Actes Noirs. L’originalité de l’entreprise réside dans le fait que ce sont des romans (très) noirs en provenance de pays dont on connaît peu la littérature noire comme le Botswana, le Brésil, la Turquie ou la Suède avec la haletante trilogie <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/04/177-millnium-1-2-et-3-stieg-larsson">Millenium</a>.</p>
<p>Avec « Derniers verres », le lecteur se trouve plongé dans un bled australien (l’auteur est originaire du pays des kangourous) du Queensland où vit George, un alcoolique repenti et journaliste dans le petit journal local. Lorsqu’il apprend la mort atroce de son ancien meilleur ami, notre sombre héros va être confronté à son propre passé. Un passé trouble et vénéneux qu’il a mis dix ans à enterrer. Ou du moins, à tenter d’enfouir. Un passé où magouilles, bitures, corruption, putes, trafics d’influences, amour et trahison ont fait bon ménage.</p>
<p>Plus qu’un roman noir (c’en est un parce qu’il y a meurtre et une intrigue solidement ficelée), « Derniers verres » est surtout l’histoire d’un homme confronté, nous le disions, à son propre passé mais surtout à ses propres démons, dont l’alcool. C’est comme si Andrew Mc Gahan s’était servi des codes du thriller pour explorer les tourments de l’âme humaine. Très bien écrit, le style est sobre mais intense, épuré mais dense. On peine pour ce pauvre George et ses cicatrices internes.</p>
<p>« Derniers verres » rappelle aussi certains bouquins de Jim Thompson, de John Fante ou même de James Crumley. Des histoires sombres, hantées et désespérées mais profondément humaines. Ce qui rend le propos encore plus bouleversant.</p>
<p>Extrait d'ambiance.</p>
<blockquote><p>Dans ma chambre, il faisait froid et noir, mais je n’avais pas bu un verre d’alcool depuis des années et j’étais parfaitement à jeun.
“Quoi ? ai-je dit dans le téléphone.</p>
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— George ? C’est Graham. Désolé pour l’heure.”</p>
<p>
J’ai jeté un coup d’œil à la table de chevet en cherchant le réveil digital. Il aurait dû briller dans la nuit, mais il n’y avait rien. J’ai tendu la main vers la lampe.</p>
<p>
“Pourquoi ? Il est quelle heure ?</p>
<p>
— Presque cinq heures. Ecoutez, il faut que vous veniez ici.”</p>
<p>
J’ai appuyé sur l’interrupteur de la lampe, mais en vain là aussi. “Hé, Graham, vous avez de la lumière, chez vous ?
Personne n’a de lumière. Ça fait partie du problème.</p>
<p>
— De quel problème ?</p>
<p>
— Hmmm… Ecoutez, on a besoin de vous, ici. Vite, d’accord ? Au poste.”</p>
<p>
Graham était le lieutenant de police de Highwood. Quant à Highwood, c’était une petite ville de montagne sur la frontière séparant le Queensland de la Nouvelle-Galles-du-Sud, et c’était aussi mon refuge depuis dix ans.
Je me suis redressé sur le lit.</p>
<p>
— Dépêchez-vous de venir, George. On a besoin de vous pour identifier quelqu’un.”</p>
<p>
Puis il y a eu le déclic du téléphone qu’il avait raccroché.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Derniersverres.jpg" alt="Derniers verres" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Derniers verres</strong>, Andrew McGahan, littérature australienne, Actes Sud/Actes Noir, 380 pages, 23,5 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/03/08/69-derniers-verres-andrew-mcgahan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/59Mary Higgins Clark – La croisière de Noëlurn:md5:13c2a2d5d0be50b21c918590c538f74a2007-02-28T21:29:00+00:002018-10-23T15:39:12+00:00BernardLa vieenquêtemersuspense<p>Il y a des choses qu’il faut avoir faites une fois dans sa vie, parce que c’est comme ça. Visiter le Mont-St-Michel, par exemple. Ou lire un Mary Higgins Clark. M’étant jadis adonné au premier rite, je me suis donc acquitté du second.</p> <p>J’ai donc acquis « La Croisière de Noël », le dernier roman de l’une des maîtresses du suspens. Et bien, entre deux supplices, je préfère encore le mont normand, fut-il bondé, ensablé.</p>
<p>Déjà, les personnages principaux, ces fins limiers, qui vont dénouer une énigme digne de Scooby Doo, sont des centaines.</p>
<p>Il s’agit d’</p>
<blockquote><p>Alvirah et Willy Meehan et leurs bons amis, l’auteur de romans policiers Nora Regan Reilly et son mari Luke, ainsi que la fille unique de Nora et de Luke, Regan, et de son mari Jack, qui étrangement, portait également le nom de Reilly. »</p>
</blockquote>
<p>A partir de là, c’est-à-dire page 17, je n’ai plus compris qui était qui, et ce n’est pas faute d’avoir réécrit à quelques reprises, l’arbre généalogique au crayon sur un coin de page.</p>
<p>L’intrigue, la voici : une croisière de bienfaisance est organisée. Pour animer le voyage, dix pères Noël sont chargés de divertir les passagers. Avant le départ, deux passagers clandestins s’invitent à bord. Pour passer inaperçus, ils volent deux des dix déguisements de père noël et se promènent tranquillement à bord, mais l’un deux montre maladroitement son visage à quelques passagers. Pendant ce temps, la télévision diffuse le portrait robot d’un dangereux fugitif, recherché par la police. Pendant toute la croisière, nos six limiers (si je compte bien) vont voir ce portrait à la télé. Et il leur faudra tout le voyage, de 312 pages, pour faire tilt : « Bon sang mais c’est bien sûr, le père Noël c’est le dangereux fugitif ! » Puis ils l’attrapent, avec son complice.</p>
<p>Voilà, c’est tout.</p>
<p>D’accord, je le sais, je le sens, Mary Higgins Clark a fait des choses très belles. Mais là, on frise la pantalonnade.</p>
<p>Allez, un petit extrait quand même. La description très fine du Commodore du bateau.</p>
<blockquote><p>Quand elle l'avait vu pour la première fois, il lui avait paru intimidant. Il était imposant, viril. Le genre d'homme que sa mère qualifiait de « grand type épatant ». Pourtant, à parler ainsi simplement avec lui, elle se rendait compte que c'était un tendre, au fond et que, comme beaucoup d'autres, il voulait avant tout être aimé ».</p>
</blockquote>
<p>Prochaine fois, j'irai visiter les grottes de Lascaux…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/higgins.jpg" alt="La croisière de Noël" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>La croisière de Noël</strong>, Mary Higgins Clark, littérature anglaise, Albin Michel, 312 pages, 19,50 euros. Notre note : 1/5</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/28/65-mary-higgins-clark-la-croisere-de-noel#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/56L'amour est une chose étrange - Joseph Connollyurn:md5:39b07cc48564c73c23fe4417bc03ffa32007-02-22T21:45:00+00:002018-10-23T16:40:14+00:00BernardL'amouralcoolroman noirsuspense<p>C’est un problème existentiel. Il y a des livres qu’il faut abandonner après trois pages, parce qu’ils ne nous mèneront nulle part. Et il y en a d’autres qui valent un effort de plus de 100 pages parce, comme une balade en montagne, ils vous offriront, après l'inconfort, un paysage merveilleux. Le risque, c’est évidemment d’abandonner trop tôt. Alors je vous en supplie, si « L’amour est une chose étrange » vous ennuie au début, accrochez-vous !</p> <p>L’ennui est inhérent à la stratégie narratrice de l’auteur. Il entend nous conter l’histoire d’une famille londonienne d'après-guerre ordinaire, qui, à force de se cogner à la vie, donne à son destin une tournure extraordinaire. Et hilarante.</p>
<p>Arthur Coyle est un bon père de famille. Il règne en maître paternaliste sur son épouse, Gillian, sur Annette, son aînée, et sur l’adorable petit Clifford, étonné chaque jour par ce que la vie lui réserve.</p>
<p>Malgré le profond amour qui l’unit aux siens, mais qu’il ne parvient pas à exprimer, Arthur boit. Joue. Et va aux filles. Gillian ferme les yeux, malgré les tentatives de délation de Mrs Farlow, la commère bien pensante du voisinage.</p>
<p>Avec une lenteur presque sadique, Connolly nous montre la déchéance d’Arthur, qui ne parvient plus à financer ses vices et n’aura d’autre issue que de quitter ce monde, dans des circonstances que je vous laisse découvrir.</p>
<p>La famille ne s’en remettra pas. Annette violente ses petites copines, et Clifford assiste, médusé à la descente aux enfers de sa sœur tant aimée. Envoyée en Irlande, dans un couvent de rééducation, celle-ci subira des sévices sexuels sur lesquels Connolly s’attarde avec le même humour sadique, mais fin comme une cravache.</p>
<p>Annette la rebelle, Annette la vengeresse, Annette l’adulte précoce, revient ensuite en la douce Angleterre, achète des filles, et investit la niche du sado-masochisme, où elle se sent tellement bien. Sa mère oublie son passé de tarte éplorée et devient plus perfide encore que son aînée, dont elle dope le sordide commerce, sous les yeux médusés de Clifford.</p>
<p>Je vous encourage à découvrir la suite. Vous allez rentrer dans un monde affreux, mais d’une extrême finesse sentimentale. L’humour de Conolly vous permettra de lire les pires horreurs en vous esclaffant !</p>
<p>L’écriture est belle, aussi, car ces événements sont racontés successivement par les quatre membres de la famille. Ils se passent le crachoir subrepticement, ce qui donne du rythme au récit. Pour ajouter encore un peu de piment, les mots forts sont écrits en italique. Cela fonctionne très bien, surtout quand les enfants s’expriment, comme ici, où Annette parle de ses débuts à l’école catholique.</p>
<blockquote><p>A l’école, on n’a même pas le droit de <em>dire</em> quoi que ce soit, parce que Dieu est toujours en train de regarder et d’écouter, comme on le sait depuis le catéchisme. « Qui t’a créée ? Dieu m’a créée. Pourquoi Dieu t’a-t-Il créée ? Dieu m’a créée pour L’aimer et Le vénérer. » Enfin vous connaissez. Il y en a comme ça tout un gros livre, mais l’idée, en gros, c’est de ne prendre aucun risque par ce que lui ne prend jamais de vacances, <em>jamais</em>, toujours là à regarder et à écouter – même le dimanche alors qu’en principe on n’a pas le droit. Ce qui est quand même <em>bizarre</em> – mais je suppose qu’Il peut se permettre de ne pas suivre le règlement, puisque, le jour du Seigneur, c’est Lui qui l’a créé n’est-ce pas ? »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, et il y en a comme ça tout un gros livre !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/connolly.jpg" alt="L'amour est une chose étrange" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amour est une chose étrange</strong>, Joseph Connolly, littérature anglaise, Flammarion, 457 pages, 19,90 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>Dans le scriptorium - Paul Austerurn:md5:a5d63d3903b063b1f0a1d38ec945d9e52007-02-19T17:24:00+00:002018-10-23T16:40:21+00:00BernardLa vieguerreécrivain<p>Quand Paul Auster sort un nouveau roman, je suis angoissé.</p> <p>J’adore sa plume, d’une douceur et d’une clarté infinies, et aucun roman ne m’a démenti. Mais deux fois sur trois, je m’ennuie. Je m’ennuie parce qu’il s’évertue très souvent à raconter le tourment d’une personne coincée dans un espace exigu. Auster n’a alors d’autre solution que d’inventer un roman dans le roman pour nous divertir un peu.</p>
<p>Brooklyn Follies, son avant-dernier opus était béni parce qu’il sortait enfin de ce schéma éculé. Enfin une vraie histoire avec des décors changeant, un début, un milieu et une fin.</p>
<p>Avec le « Scriptorium » : patatras ! Auster conte la fin de vie de Mr Blank, qui se réveille dans une chambre blanche, sans souvenir précis de ce que fut sa vie. Il a l’impression d’être enfermé, mais n’a pas la force de se déplacer jusqu’à la porte pour le vérifier.</p>
<p>Il reçoit quelques visiteurs. Anna, une infirmière. Daniel Quinn, un avocat. Ou James P. Flood, qui le presse de lui raconter la suite d’un manuscrit qui trône sur le bureau de la chambre blanche.</p>
<p>Commence alors l’incontournable histoire dans l’histoire : celle d’un membre d’état major envoyé en mission chez des « primitifs » pour y arrêter un agent double qui dresse ces populations contre son pays.</p>
<p>Avez-vous remarqué ? Les visiteurs de Blank sont des personnages des précédents romans d’Auster. Anna sort des pages du Voyage d’Anna Blume. Daniel Quinn est un pensionnaire de la Cité de Verre, et Flood est sorti de la chambre dérobée.</p>
<p>Apparemment, Flood n’a pas trop apprécié ses précédentes aventures.</p>
<blockquote><p>Je suis peut-être ridicule, fait Flood d’une voix que la colère enfle, mais vous, Mr Blank, vous êtes cruel… cruel et indifférent à la douleur d’autrui. Vous jouez avec la vie des gens et vous n’assumez pas la responsabilité de ce que vous avez fait. Je ne vais pas rester ici à vous accabler de mes ennuis, mais je vous en veux pour ce qui m’est arrivé. Je vous en veux très sincèrement et je vous méprise ».</p>
</blockquote>
<p>C’est à travers ces revenants qu’apparaît le thème de ce roman compliqué, tourmenté et très intellectuel : Blank est un écrivain hanté par ses personnages. Parviendront-ils à reprendre le contrôle de leur destin ? Ne dévoilons pas la fin, qui parvient presque à sauver un roman ennuyeux.</p>
<p>Une belle petite petite citation du livre, pour terminer, sur le rapport entre l’écrivain et ses personnages.</p>
<blockquote><p>Si on veut raconter une bonne histoire, on ne peut céder à la pitié. »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/scriptorium.jpg" alt="Dans le scriptorium" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Dans le Scriptorium</strong>, Paul Auster, littérature américaine, Actes Sud, 147 pages, 18,5 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/19/59-dans-le-scriptorium-paul-auster#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/53Odette Toulemonde et autres histoires – Eric-Emmanuel Schmitturn:md5:64bc68963d233770fdbf022e947cda412007-02-13T20:14:00+00:002018-10-23T16:40:30+00:00BernardLa vieEric-Emmanuel Schmittfemmesnouvelles<p>C’est la première fois que me fais insulter parce que je lis un livre. J’ai eu le malheur de déposer « Odette Toulemonde et autres histoires » sur mon bureau. Un collègue a vociféré : « Tu lis ça ? C’est de la merde ».</p> <p>Cette remontrance tout en nuance m’a perturbé, car je l’avoue, puisque cela semble être un crime : j’aimais ce que j’étais en train de lire.</p>
<p>« Odette Toulemonde et autres histoires », c’est un recueil de nouvelles qui nous conte le destin de huit femmes. Celui de Wanda, par exemple, qui a fait fortune en choisissant les hommes qui pouvaient l’ensevelir d’or et retrouve par hasard son premier amour, sans le sou. Celui d’Aimée, aussi, dont le mari s’en va voguer sous d’autres latitudes amoureuses, non sans laisser un Picasso à celle qu’il abandonne. Un vrai, un faux ? Mystère.</p>
<p>Et puis il y a l’histoire de Nathalie, qui commence comme ceci :</p>
<blockquote><p>En vérité, rien ne serait arrivé si je n’avais pas changé de coiffeur »</p>
</blockquote>
<p>Ensuite vient le tour d’Odette Toulemonde, une nouvelle inspirée du film d'Eric Emmanuel Schmitt. Odette file ses jours dans la banlieue grise d’une triste ville de Belgique, et rêve de rencontrer Balthazar Balzan, l’homme qui écrit les livres qui la maintiennent en vie. Et devinez quoi ? Elle le rencontre ! Commence alors un festival de clichés, aussi énormes que les usines désaffectées de la cité d’Odette.</p>
<p>Dans le rôle de la petite Belge sans le sou mais heureuse quand même, car elle se contente de choses simples, Odette.</p>
<blockquote><p>Odette avait reçu un don : la joie. Au plus profond d’elle, il devait y avoir un jazz band jouant en boucle des airs entraînants et des mélodies trépidantes. Aucune difficulté ne la démontait. Face à un problème, elle cherchait la solution. Puisque l’humilité et la modestie constituaient son caractère, n’estimant pas, en toute occasion, qu’elle méritait mieux, elle ne se sentait guère frustrée. »</p>
</blockquote>
<p>Dans le rôle de l’écrivain parisien découvrant la simplicité des gentils pauvres, Balthazar Balzan.</p>
<p>C’est trop sucré.</p>
<p>En outre, Schmitt utilise un peu grossièrement son héros pour régler ses comptes.</p>
<blockquote><p>Effectivement, les critiques, tels des loups chassent en bande. La première critique avait déchaîné la meute. »</p>
</blockquote>
<p>Mais attention : si l’on excepte Odette Toulemonde, flatterie inexplicable du lecteur sensible, on tient une recueil pas si mauvais que cela. Disons que ces petites histoires vite écrites sont comme un spaghetti bolognaise cuisiné par un grand chef. C’est bon, mais ce ne sera jamais qu’un bolo…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/odette.jpg" alt="Odette Toulemonde" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Odette Toulemonde et autres histoires</strong>, Eric-Emmanuel Schmitt, littérature française, Albin Michel, 282 pages, 19 euros. Notre note : 2/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2253126624/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2253126624&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2253126624" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/13/58-odette-toulemonde-et-autres-histoires-eric-emmanuel-schmitt#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/51Hommes entre eux – Jean-Paul Duboisurn:md5:c6a673345f7daf4048a0ce702439ad222007-02-07T21:40:00+00:002018-10-23T16:40:39+00:00BernardLe lointainAmérique du Sudhiversentimental<p>En lisant le dernier roman de Jean-Paul Dubois, j’ai eu froid.</p> <p>C’est l’histoire de Paul Hasselbank, citoyen de la ville rose et de Floyd Paterson, inscrit sur le registre de la population de North Bay, dans le Nord du Canada. Ces deux hommes qui ne se connaissent pas ont un point commun. Une femme. Anna.</p>
<p>Atteint d’une grave maladie et avant de se retrouver dans un état critique, Paul décide de retrouver celle qui l’a aimé et qui l’a quitté pour s’installer au pays des glaces et de l’inconfort.</p>
<p>Il descend donc à l’hôtel Costello Way, à North Bay. Ce n’est pas le grand luxe.</p>
<blockquote><p>En entrant, Hasselbank fut immédiatement saisi par l’odeur qui régnait. Dans les chambres et les couloirs flottait toujours ce même parfum vaguement écoeurant, mêlant des effluves de détergent et de moisi. »</p>
</blockquote>
<p>Hasselbank va sillonner North Bay, à la recherche de son amour perdu. Il côtoiera l’Amérique de l’hiver, emmitouflée, revêche, avare, hostile, violente. Il finira trouver le terrier de Floyd, ce chasseur de cerf, dernier mari connu d’Anna. Mais elle est partie.</p>
<p>Paul aurait dû poursuivre sa quête, mais les éléments déchaînés en décident autrement. Le voilà condamné à vivre en la villa de son rival jusqu’à ce que cesse une tempête de glace. Pendant que le ciel dit sa rage, Paul et Floyd sont livrés à eux-mêmes. Et le conflit qu’on redoute entre eux se transforme en bataille rangée de chaque homme contre lui-même.</p>
<p>« Hommes entre eux » est un roman de qualité. Les personnages sont dessinés en quelques traits, mais ils tiennent la route (gelée). On a froid avec Paul et Floyd, on a peur à l’unisson, on vit leur soulagement au coin du feu.</p>
<p>Juste un bémol : la rencontre des deux hommes se produit un peu tard, dans le roman, mais on y parvient sans peine. Car le verbe est esthétique et précis. Surtout quand il décrit l’intérieur des hommes.</p>
<p>A lire bien emmitouflé !</p>
<p>Voici mon passage préféré. Mettez votre cagoule.</p>
<blockquote><p>Ceux qui vivent ici le savent. Les tempêtes nous prennent tout ce qu’on a. Notre énergie, nos forces. C’est inexplicable. Elles nous obligent à nous réfugier en nous-mêmes, à vivre sur nos réserves. Elles inquiètent les forts et dévastent les faibles. Et lorsqu’elles s’en vont, le pire de leurs dégâts n’est jamais apparent. Il arrive parfois que des gens se pendent quand tout est fini, quand le calme est revenu. Sans doute, durant ces nuits de blizzard, ont-ils aperçu des choses qu’ils n’auraient pas dû voir. Je crois qu’il ne faut jamais regarder trop longtemps en soi. C’est là que se trouve notre pire visage, celui que nous essayons de dissimuler pendant toute une vie.</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/dubois.jpg" alt="Hommes entre eux" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
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<br /> <em><strong>Hommes entre eux</strong>, Jean-Paul Dubois, littérature française, Editions de l'Olivier, 232 pages, 19 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/07/52-hommes-entre-eux-jean-paul-dubois#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/48Allumer le chat – Barbara Constantineurn:md5:abd5eb59fe37e9ff3afa28ef1d59be462007-02-02T20:42:00+00:002018-10-23T16:40:47+00:00BernardLa vieenfancehumourvillage<p>Vous êtes bien assis ? Attention. C’est l’histoire de Bastos, un chat qui parle, qui a reçu ce prénom de blonde pour avoir passé son enfance à triturer les paquets de sèches de son maître, Raymond. C’est l’histoire de Raymond, aussi, un type qui rêve de cribler de balles cet animal, mais qui rate son coup et cartonne trois lapins.</p> <p>C’est l’histoire de Paul, 10 ans, alcoolique. C’est aussi celle de Pierrot, employé des pompes funèbres, mais passionné de photo, et qui trouve sa voie en photographiant « ses clients », à la morgue. Il en fera un livre et passera à la télé.</p>
<p>C’est aussi l’histoire de Rémi, un enfant adorable et de Marie Rose, qui prépare des pâtés de rats que tout le monde redemande.</p>
<p>Je suis assez fasciné par ce livre. Il multiplie les risques : langage oral, enchevêtrement d’histoires, multiplication des personnages et j'en passe. Et pourtant, ça se tient comme un pâté de rat. Le rythme ne faiblit jamais. Il est vrai qu’on se demande parfois qui est qui, mais cela ne dure que quelques secondes et cela ne détend pas le ressort.</p>
<p>En fait, ce bouquin est comme les personnages dont il parle : il ne sait pas trop bien pourquoi il est là, il est un accident à lui tout seul, son chemin est chaotique, il n’a pas vraiment de but, mais il est là, profondément humain. Donc drôle.</p>
<p>Pour terminer, encore une aventure du chat Bastos, qui drague.</p>
<blockquote><p>C’est une nuit de pleine lune. Le chat Bastos est en vadrouille. La pleine lune, ça lui fait toujours un drôle d’effet. Il a la pupille dilatée, la démarche ondulante, le sourire carnassier… il est chaud bouillant. Il a repéré une jeune chatte qui vient d’arriver dans le quartier. Il est en route. Plus que deux jardins à traverser. Il l’entend déjà, la drôlesse.</p>
<p>
Elle aussi, la pleine lune lui fait de l’effet. Elle n’a que sept mois. Et déjà, elle appelle.</p>
<p>
Quel tempérament !</p>
<p>
C’est Rémi qui l’a trouvée dans une poubelle et qui l’a donnée à Jack. Raymond a dit que c’était un mâle, alors ils l’ont appelée Riton.</p>
<p>
Il y a quelques heures, c’était une petite chatte, mignonne, joueuse et câline… une enfant. Là, sous l’emprise des sens, une maniaque sexuelle. Avec une voix à la Marlène Dietrich. Bastos est tout retourné. Il se dit que « Satan l’habite ». Ce n’est pas très fin, mais… c’est la pleine lune, il a une excuse. »</p>
</blockquote>
<p>Savoureux !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/chat.jpg" alt="Allumer le chat" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Allumer le chat</strong>, de Barbara Constantine, littérature française, Calmann-Lévy, 258 pages, 14,5 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/275780572X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=275780572X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=275780572X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/255-a-melie-sans-melo-barbara-constantine">A Mélie sans mélo</a><br />
A lire également sur le Blog des livres : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/10/12/256-trois-questions-barbara-constantine-l-interview-du-blog-des-livres">Trois questions à Barbara Constantine</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/02/02/49-allumer-le-chat-barbara-constantine#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/38Harry Potter (6) et le prince de sang-mêlé - J.K. Rowlingurn:md5:080ec379fda1feb22b04c554fee8e1882007-01-30T23:03:00+00:002018-10-23T16:40:55+00:00MartinRoulez jeunesse !adolescenceHarry Pottersuspense<p>Aujourd'hui, c'est un jour un peu particulier. L'une des envies de ce blog, c'est de proposer des critiques de livres, rédigées par leurs lecteurs naturels. A priori, donc, un Harry Potter, c'est pas pour moi. J'ai donc demandé à Martin, 15 ans, de me livrer les critiques des livres qu'il dévore. Voici la toute première. Encore un mot et puis je m'efface : Bienvenue Martin !</p>
<p>(bernard)</p> <p><br />
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Prenez votre Manuel avancé de préparation des potions.</p>
<p>Pour un Harry Potter réussi :</p>
<p>- Faites chauffer votre chaudron et insérez-y 500 ml d’humour</p>
<p>- Faites bouillir puis ajoutez de « l’envie d’en savoir plus » liquide</p>
<p>- Poudrez le mélange avec quelques pincées d’admiration (à état gazeux)</p>
<p>- Lisez le tout à feu doux.</p>
<p>Vers la fin de la cuisson, rajoutez ces ingrédients dans l’ordre :</p>
<p>- Beaucoup de talent de J-K Rowling</p>
<p>- Quelques gorgées de Felix Felicis (potion de chance en liquide) pour contrer les effets secondaires</p>
<p>Effets secondaires : insomnies dues à l’absence de lecture (vers la fin), distractions au travail… !</p>
<p>Dans ce nouveau volet, il y a toujours humour, plans foireux, problèmes d’ado, suspens et tristesse. Et c’est pour ça que le livre reste si passionnant.</p>
<p>Ceci dit, je trouve que l’action met du temps à se développer. Il y a de petites anecdotes, mais il faut attendre longtemps avant qu'elles se combinent. En plus, le suspens ne s’installe que vers la page 450. Mais c’est peut-être normal car, à partir de là, le rythme est tellement soutenu qu’il serait difficile de tenir le coup si cela avait commencé à cette vitesse-là dès le début.</p>
<p>Je trouve aussi que la conception du livre rappelle un peu trop celle du 5, Harry Potter et l'ordre du Phenix. Par exemple, Harry pense dès le début du livre que quelque chose de grave va se produire à la fin de l’année. Comme dans le 5 également, J-K Rowling met en avant un personnage. On s’y attache. Et elle le tue, la cruelle (comme Sirius dans le 5).</p>
<p>Le dernier point négatif que je retiendrai sera la fin. Le livre se termine par une multitude de catastrophes, alors que le début du livre ne laissait pas présager une aussi triste fin. Un personnage meurt, Harry a le cœur brisé, et j’en passe, cela fait un peu beaucoup pour moi.</p>
<p>Autre problème avec la fin : il n'y a pas vraiment de fin. Beaucoup de question sont résolues, mais d’autres, parfois un peu vagues sont posées en même temps.</p>
<p>A part ça, il y a beaucoup d’humour, des passages très amusants à lire. Comme celui-ci :</p>
<blockquote><p>Harry prit les chaussettes roulées en boule au fond de sa grosse valise, et en retira le minuscule flacon aux reflets dorés.</p>
<p>
- Bon, j’y vais, dit-il.</p>
<p>
Il porta le flacon à ses lèvres et en but une petite gorgée, soigneusement mesurée.</p>
<p>
- Qu’est-ce que ça fait ? murmura Hermione.</p>
<p>
Harry ne répondit pas tout de suite. Lentement mais sûrement, il éprouva la sensation enivrante qu’un nombre infini de possibilités s’ouvraient devant lui, comme s’il pouvait soudain tout faire, absolument tout…</p>
<p>
Débordant de confiance en lui-même, il se leva avec un grand sourire.</p>
<p>
- Parfait, dit-il. Vraiment parfait. Bon… Je descend chez Hagrid.</p>
<p>
- Quoi ? s’écrièrent Ron et Hermione, effarés.</p>
<p>
- Non, Harry… Tu dois aller voir Slughorn, tu te souviens ? lui rappela Hermione.</p>
<p>
- Pas du tout, répliqua Harry d’un ton résolu. Je vais chez Hagrid, je sens que c’est ce que je dois faire.</p>
<p>
- Oui, assura Harry en sortant sa cape d’invisibilité de son sac. J’ai l’intuition que c’est là qu’il faut être ce soir, vous voyez ce que je veux dire ?</p>
<p>
- Non, répondirent Ron et Hermione d’une même voix. Ils semblaient tous deux très inquiets.</p>
<p>
- C’est bien du Felix Felicis ? interrogea Hermione, anxieuse, en levant le flacon à la lumière. Tu n’aurais pas confondu avec une autre petite bouteille pleine de… je ne sais pas quoi.</p>
<p>
- D’essence de folie ? suggéra Ron tandis que Harry déployait sa cape sur ses épaules.</p>
<p>
Il éclata de rire et Ron et Hermione parurent encore plus alarmés.</p>
</blockquote>
<p>Et toujours cet art de créer un suspense incroyable. Vraiment, j’admire, parce que pour me faire lire un livre aussi vite… !</p>
<blockquote><p>A vingt mètres l’un de l’autre, Harry et lui se regardèrent un instant avant de brandir leurs baguettes simultanément.</p>
<p>
- Endol…</p>
<p>
Mais Rogue para le maléfice, projetant Harry en arrière sans lui laisser le temps d’aller jusqu’au bout. Harry roula par terre puis se releva pendant que le gigantesque Mangemort hurlait derrière lui :</p>
<p>
- Incendio !</p>
<p>
Harry entendit une explosion et une lumière dansante aux teintes orangées se répandit sur eux : la cabane de Hagrid était en flammes.</p>
<p>
- Crockdur est à l’intérieur, espèce d’abominable…, s’écria Hagrid.</p>
<p>
- Endol…, lança Harry pour la deuxième fois, mais Rogue para à nouveau le maléfice.</p>
<p>
Harry le vit ricaner.</p>
<p>
- Vous n’allez quand même pas me jeter des sortilèges impardonnables, Potter !</p>
<p>
- Battez-vous lui cria Harry. Battez-vous espèce de lâche !</p>
</blockquote>
<p>J’ai envie de vous dire pour terminer que le style d’écriture change au fil des tomes. Du fantastique du début, destiné aux plus jeunes, on se rapproche d’un discours qui touche les adolescents, avec des problèmes de cœurs et des intrigues de leur âge. J’ai l’impression de grandir avec les livres.</p>
<p>J’ai commencé à lire ces livres quand j’avais 10 ans. Maintenant, j’en ai 15, et eux 16…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Harry.jpg" alt="Harry Potter" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Harry Potter (6) et le Prince de sang-mêlé</strong>, J.K. Rowling, littérature anglaise, Folio, 751 pages, 10 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/30/46-harry-potter-et-le-prince-de-sang-mele-jk-rowling#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/45Rosebud - Pierre Assoulineurn:md5:9d9316a8a79dea970ac45f40c2da67bc2007-01-28T15:43:00+00:002018-10-23T16:41:02+00:00BernardLa viehistoirenouvellesécrivain<p>Vous êtes à un dîner chez des amis. A table, il y a un type assez cultivé dont vous avez beaucoup entendu parler et qui raconte des histoires, mais qui donne des dizaines et des dizaines de détails. Qu’est-ce que vous faites ?</p> <p>Moi, je baille. Je rebois un verre de rouge. Puis je m’assoupis. C’est hélas ce qui m’est arrivé à la lecture du dernier ouvrage de Pierre Assouline, Rosebud.</p>
<p>Un Rosebud, en anglais, c’est un bouton de rose. Assouline a repris cette expression du film Citizen Kane. Cela symbolise ce petit détail qui nous confond, qui trahit qui nous sommes vraiment.</p>
<p>A priori, l’idée n’était pas mauvaise. Le grand biographe entendait nous raconter de petites histoires de gens célèbres, des « éclats de biographies », dit la couverture, avec pour fil rouge ce petit détail qui les trahissait. Mais la mayonnaise ne prend pas. Assouline multiplie les détails dans chaque histoire, ce qui altère gravement leur fluidité.</p>
<p>C’est dommage parce que les destins contés sont très forts. Je pense au drame de Kipling, qui voulait que son fils soit soldat, et enverra le rejeton à la mort. Je pense aussi au préfet Jean Moulin, le premier résistant, qui se tranche la gorge pour éviter de signer un document allemand autorisant un massacre.</p>
<p>Il y a quand même, aussi, quelques bons moments de lecture comme la description de la cérémonie de mariage de Lady Di :</p>
<blockquote><p>L’assemblée se lève, s’assoit, puis se relève et se rassoit, parfois à contretemps, au risque de produire un effet chaplinesque, chacun jaugeant sa gaucherie à l’impassibilité des royals : eux connaissent la musique. Et pour cause : ce sont des professionnels. Sauf pour les vêtements, du moins ceux des dames. Mais ça passe. N’importe où ailleurs, cet océan de mousselines pastel serait taxé de comble du mauvais goût ; mais quand il confine à de tels sommets, il tutoye le kitsch supérieur élevé au rang d’un des beaux arts. Vue en plongée du haut de son promontoire, cette famille fait vraiment penser à un jardin anglais dans l’attente d’un meurtre. La forêt de chapeaux offre une telle variété de fleurs qu’on songe spontanément à les arroser ».</p>
</blockquote>
<p>Les autres histoires, qui parlent de Cartier-Bresson, de Celan, de Picasso ou de Bonnard, sont proprement illisibles.</p>
<p>Je suis un peu déçu, car je pense qu’Assouline a une plume d’une finesse diamantaire. Je ne le remercierai jamais assez d’avoir écrit la biographie de Simenon.</p>
<p>Et rien que pour ça, je lui pardonne Rosebud.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Rosebud.jpg" alt="Rosebud" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Rosebud</strong>, Pierre Assouline, littérature française, Gallimard, 219 pages, 16,9 euros. Notre note : 2/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/28/43-rosebud-pierre-assouline#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/39Les bienveillantes, Jonhatan Littellurn:md5:6343f6333ebbd0bf1c35eaa58eba4b772007-01-26T11:44:00+00:002018-10-23T16:41:10+00:00BernardLa guerredictaturenazisme<p>Peut-on écrire sur un livre que l’on n’a pas lu ? Je pense que oui (<a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/02/04/50-la-revue-de-la-presse-du-4-fevrier#bayard">et je ne suis pas le seul</a>). A une condition : avouer qu’on ne l’a pas lu. Alors je l’avoue : je n’ai pas lu Les Bienveillantes, de Jonathan Littell. Pourquoi : parce qu’il m’a lui-même recommandé de ne pas le lire.</p> <p>Pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, il s’agit des confessions romancées d’un bourreau nazi, présenté avec humanité, et qui raconte, notamment, sa sordide besogne.</p>
<p>A vrai dire, j’avais entamé la lecture. J’était un peu inquiet : j’avais entendu Bernard Pivot dire que ce livre l’avait « agressé ». J’avais entendu dire qu’il était question de crimes abjects, de scatologie, et autres joyeusetés. Bref, mi-excité, mi apeuré je m’avançai de quelques pages.</p>
<p>Jusqu’à ce que je tombe sur ceci :</p>
<blockquote><p>Encore une fois soyons clairs : je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l’êtes pas, c’est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir vous dire que ce que j’ai fait, vous l’auriez fait aussi. Je pense qu’il m’est permis de conclure comme un fait établi par l’histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné fait ce qu’on lui dit ; et excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l’exception, pas plus que moi. »</p>
</blockquote>
<p>Là, j’ai hésité. Est-ce que je referme le livre pas ? J’étais pris d’un sentiment hostile à l’égard de ces propos, <del>négativistes</del> négatifs. Bon allez, c’est le Goncourt, ne nous laissons pas envahir par ces sentiments. Ce n’est qu’un roman.</p>
<p>J’ai continué. Et j’ai lu ceci :</p>
<blockquote><p>Des détraqués, il y en a partout, tout le temps. Nos faubourgs tranquilles pullulent de pédophiles et de psychopathes, nos asiles de nuit d’enragés mégalomanes ; certains deviennent effectivement un problème. Ces hommes malades ne sont rien. Mais les hommes ordinaires dont est constitué l’Etat – surtout en des temps instables -, voilà le vrai danger. Le vrai danger pour l’homme, c’est moi, c’est vous. Et si vous n’en êtes pas convaincu, inutile de lire plus loin. »</p>
</blockquote>
<p>Alors je n’ai pas lu plus loin. J’ai eu un vrai sentiment de dégoût, de répulsion, et j’ai pensé à jeter le livre à la poubelle. Il fallait qu’il sorte de chez moi. « Offre-le », m’a dit une amie. Mais à qui infliger cela ?</p>
<p>Ayant baissé les armes à la page vingt-sept, je ne puis me permettre une critique. En revanche, j’ai une impression. Je pense qu’un moyen simple de se faire entendre aujourd’hui, c’est de choquer. On le voit tous les jours dans les médias, surtout à la télé. Pour dépasser le brouhaha ambiant, il faut parler plus fort, plus dur. Eprouvant un profond dégoût pour la philosophie de ce livre, absolument négative, je me suis demandé si le seul but de l’auteur n’est pas d’avoir choisi un sujet délicat, et de choquer pour se faire entendre, en justifiant l’injustifiable. En tout cas, ce n’est pas pour son écriture que ce livre s’est vendu.</p>
<p>Pour avoir lu d’autres ouvrages de la rentrée littéraire 2006, je ne comprends pas que celui-ci ait été couronné du Goncourt.</p>
<p>Si le jury continue dans cette veine-là, que faudra-t-il inventer de plus sordide pour être primé ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/bienv.gif" alt="Les Bienveillantes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Les Bienveillantes</strong>, Jonhatan Littell, littérature française, Gallimard, 912 pages, 25 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/26/41-les-bienveillantes-jonhatan-littel#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/41Lignes de faille - Nancy Hustonurn:md5:b9a9634b1539b1e53e92328a581e1f342007-01-22T09:38:00+00:002018-10-23T16:41:17+00:00BernardLa vieAmérique du Nordfamillemoyen-orient<p>Encore une idée géniale : écrire un roman raconté uniquement par quatre enfants de quatre générations différentes, et qui décrivent plus ou moins le même événement: l’enfance de Kristina, en 1944, et son destin à la fois tragique (je ne vous dit pas pourquoi) et extraordinaire (disons que ses malheurs ne l’ont pas empêché d’être heureuse).</p> <p>Mais s’ils parlent de la même chose, ces quatre enfants donnent en même temps plein de détails de leur vie, et nous apprennent comment vivaient les petits à quatre époques différentes.</p>
<p>C’est Sol qui ouvre le feu. Je sais, un enfant, c’est attendrissant, mais celui-là est insupportable. Il se croit plus intelligent que tout le monde, et il est bigot. D'accord, il n’est pas responsable de son arrogance. Il est surprotégé. La preuve :</p>
<blockquote><p>Les WC ont été sécurisés pour empêcher le couvercle de retomber sur mon pénis pendant que je fais pipi, ce qui doit faire très mal. Quand j’ai besoin de faire caca, il faut que j’appelle maman pour qu’elle vienne décrocher un crochet et baisser le couvercle avec beaucoup de précaution »</p>
</blockquote>
<p>Les autres petits conteurs sont plus sobres. Randall, qui est juif mais ne sait pas ce que cela veut dire, m'a touché. Son récit date de 1982, l'année où ses parents sont partis en Israël. Là-bas, il s'éprend de Nouzha, une enfant palestinienne, qui le rejette, suite à un mot de travers qu'il a prononcé. Il ne sait pas ce que juif veut dire, et pourtant il en souffre.</p>
<p>Ici, c'est Randall qui parle à Nouzha.</p>
<blockquote><p>- Ca me fait plaisir de trouver quelqu'un qui parle bien l'anglais, je lui dis. C'est dur l'hébreu, quand ce n'est pas ta langue maternelle.<br />
- Ce n'est pas la mienne non plus.<br />
- Ah bon !?<br />
- Eh ! non. Ma langue, c'est l'arabe.<br />
- Ah ! alors on est tous les deux des étrangers ! je dis, heureux de nous avoir enfin trouvé une ressemblance.<br />
- Pas du tout. Je parie que tu ne sais même pas dans quel pays tu te trouves. Le vrai nom de ce pays, c'est la Palestine.<br /> Moi je suis une Arabe de Palestine, c'est mon pays. Les étrangers, ici, ce sont les juifs.<br />
- Je croyais... que c'était...<br />
- Les juifs l'ont envahi. Tu es juif et tu ne connais même pas l'histiore de ton propre peuple.<br />
- Oh, je ne suis pas si juif que ça, je dis. Au fond je suis Américain, voilà.<br />
- De toute façon, l'Amérique est du côté des juifs.<br />
- Et bien moi, je ne suis du côté de personne, à part toi.»</p>
</blockquote>
<p>Chacun des petits narrateurs donne quelques indices du drame de Kristina, sans jamais le dévoiler. Cela fait un peu penser à un film de Tarantino, où les éléments de l’histoire sont disséminés et où il faut les reconstituer.</p>
<p>Mais le plus athlétique, dans la performance de Nancy Huston, c’est que l’histoire s’impose simplement, sans aucun effort du lecteur. L’auteur distille ses personnages et les événements avec énormément de doigté. Elle glisse discrètement des petits rappels pour éviter qu’on se perde. Si bien qu’en sortant du livre, vous avez tout compris, malgré le côté a priori désordonné du récit.</p>
<p>D'accord, le style n'est pas des plus choisis. Mais ce sont des enfants qui parlent, et on leur pardonne tout. sauf parfois quelques expressions d'adultes, mais bon.</p>
<p>Ajoutons pour conclure que l’histoire est d’une grande profondeur. Et que l’on sort grandi de ce livre : on sait désormais, si on l'ignorait, que notre personnalité dépend aussi d’éléments qui datent de plusieurs générations, et d’événements dont nous ne sommes absolument pas responsables.</p>
<p>A méditer !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Lignes.jpg" alt="Lignes de faille" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Lignes de faille, Nancy Huston, littérature française, éditions Actes Sud, 481 pages, 21, 60 euros. Notre note : 4,5/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290036919/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290036919&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290036919" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/22/36-lignes-de-faille-nancy-houston#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/31American Darling - Russell Banksurn:md5:5c90380d634e434433e6fe02d25d0c822007-01-22T09:20:00+00:002018-10-23T16:41:23+00:00BernardL'aventureAfriqueAmérique du Nordcampagnelire<p>N’avez-vous jamais eu l’impression, en dévorant un roman, d’être en fait en train de lire une œuvre ? Je n’ai pas dit un classique. Mais un roman d’une telle densité, d’une telle intensité, avec des personnages tellement complets que le livre semble sortir de la catégorie roman pour chatouiller celle des œuvres.</p> <p>J’ai eu cette impression en lisant American Darling, de Russell Banks. Cette œuvre, donc, raconte l’histoire tortueuse d’Hannah Musgrave. Au moment où elle se livre à nous, cette Américaine a 59 ans. Elle vit retranchée dans sa ferme des montagnes Adirondacks, dans le Nord des Etats-Unis. Elle a acquis cette ferme pour se poser, enfin.</p>
<p>Car sa vie fut rock’n roll. Petite bourgeoise américaine, elle vit très mal cette identité. Alors elle s’acoquine avec les Weathermen, des révolutionnaires, opposant très actifs à la guerre du Viet-Nam. Sa spécialité : trouver des faux papiers à ceux qui se proposent de commettre l’un ou l’autre action visant à déstabiliser l’état américain.</p>
<p>Du coup, le FBI est à ses trousses. Elle part pour l’Afrique.</p>
<p>Elle se retrouve au Liberia, où elle épouse un notable local, Woodrow Sundiata. Hannah dirige désormais une clinique pour chimpanzés, des animaux qu’elle aime comme ses enfants, parce qu’elle leur a sauvé la vie. Quand elle a débarqué au Libéria, ils vivaient comme ceci :</p>
<blockquote><p>Mes yeux se sont un peu habitués à l’obscurité. Il y en avait qui étaient encore enfants, allongés dans un coin de leur cage. D’autres, qui disposaient de juste assez de place pour quelques pas furieux, toujours les mêmes, en avant et en arrière étaient manifestement adolescents. Une autre demi-douzaine d’adultes arrivés à maturité – des femelles, comme je le voyais à leur énormes organes sexuels – étaient obligés de rester courbés en deux quand ils voulaient se mettre debout, et leur volume corporel remplissait pratiquement toute la cage. Un peu plus loin, j’ai vu quatre ou cinq adultes encore plus corpulents, qui secouaient les barreaux avec une force terrible. Ces gros mâles ont craché dans ma direction et m’ont jeté des ordures et des morceaux d’excréments ; ils me lançaient des regards haineux et me montraient leur bouche caverneuse grande ouverte et presque édentée. »</p>
</blockquote>
<p>Russell Banks nous fait alors vivre avec une rigueur historique mais aussi romanesque les prémisses de la guerre civile dans ce petit pays. Et là, vous avez non seulement la sensation de vivre une histoire bien racontée, mais aussi de vous instruire. Un plaisir doublé !</p>
<p>Je ne vous conte pas la suite de l’histoire. Je ne puis en tout cas que vous recommander ce roman très dense, qui nous rappelle que les Américains savent ce que raconter des histoires signifie, et qu’on peut être né Outre-Atlantique et avoir une vision de l’Afrique qui n’est pas impérialiste.</p>
<p>Ah oui, j’oubliais : Russell Banks n’a jamais mis les pieds au Libéria. Dingue, non ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/American.jpg" alt="American Darling" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>American Darling</strong>, Russell Banks, littérature américaine, Actes Sud, 393 pages, 24 euros. Notre note : 4/5.</em>
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Du même auteur : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/09/26/251-la-reserve-russell-banks">La Réserve</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/22/35-american-darling-russel-banks#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/29L'élégance du hérisson - Muriel Barberyurn:md5:50d1ab4b20e98c3a4bfcaffe63fb94222007-01-14T16:40:00+00:002018-10-23T16:41:29+00:00BernardLa vieadolescencefamilleParis<p>Pour faire un bon roman, une bonne idée, ça ne peut pas faire de tort. On a vu des auteurs s’épuiser sur des dizaines de pages poussives parce qu’ils ne savaient pas eux-mêmes de quoi ils avaient envie de parler exactement ou que leur histoire reposait sur une idée trop simple.</p> <p>L’Elegance du hérisson, de Muriel Barbery, réussit le tour de force de partir d’une bonne idée, de la transformer en bonne histoire. Et en plus, elle se paye le luxe de nous livrer tout cela avec une écriture du dimanche !</p>
<p>La bonne idée, d’abord. Renée, 54 ans est concierge dans une immeuble très chic, dans une rue très chic d’un arrondissement très chic de Paris la chic. Son petit secret, c'est qu’elle est plus cultivée que tous les habitants de l’immeuble réunis. Eux n’hésitent évidemment pas à étaler leur modeste savoir. Mais Renée, elle, entend bien cacher ce qu’elle considère comme une tare. Elle multiplie donc les artifices pour rassurer tout le monde, et se présente comme une concierge bien comme il faut, avec son gros chat et sa télé qui claironne des jeux télévisés lucratifs et des séries à deux sous. Et pendant que sa télé rassure l'immeuble, elle dévore Freud ou des ouvrages de philosophie médiévale.</p>
<p>Pour corser le récit, Muriel Barbery introduit un second personnage, Paloma, douze ans, fille d’une bonne famille de l’immeuble, pas heureuse du tout, mais avec, elle aussi, un petit supplément d’âme.</p>
<p>Les deux récits parallèles mettent du temps à se fondre, à l'instar des deux êtres, qui vont s’approcher lentement. Il faudra un homme qu'aucune n'attendait pour sceller l'union.</p>
<p>Outre les qualités de l’idée et la bonne tenue de l’histoire, la plume est extrêmement élégante. Je pourrais comprendre qu’on puisse la trouver un rien prétentieuse. Personnellement, je suis un fan des mots simples dont l’agencement crée la puissance, et je n’ai pas trouvé le style de Barbery pompeux.</p>
<p>D’autres lui ont reproché des références culturelles un peu trop nombreuses. A nouveau, libre à chacun de trouver cela excessif, mais j’ai trouvé que ces références étaient glissées habilement, égrenées au fil du récit et sans jamais en altérer le flux.</p>
<p>Bref, ce livre est pour moi un grand roman, malgré le petit risque d’irritation causé par le verbe un peu exigeant et les références culturelles.</p>
<p>Voici ma phrase préférée, non parce qu’elle est la mieux écrite, mais parce qu’elle est bourrée d’humanité. Elle n’est pas de notre concierge, mais de Paloma.</p>
<blockquote><p>Le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté, où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais. Je traquerai désormais les toujours dans le jamais.</p>
<p>
La beauté dans ce monde ».</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/elegance.jpg" alt="L'élégance du hérisson" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'élégance du hérisson</strong>, Muriel Barbery, littérature française, Gallimard, 356 pages, 20 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070391655/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070391655&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070391655" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/30-l-elegance-du-herisson-muriel-barbery#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/25Mangez-moi - Agnès Desartheurn:md5:4471e8ee9a7de97b28216050455f5e5b2007-01-14T16:31:00+00:002018-10-23T16:41:36+00:00BernardLa tablecuisineParis<p>Qui n’a jamais eu envie d’ouvrir son propre restaurant, un jour, en rentrant excédé du boulot, ou en sortant d’une gargote qui n’arrive pas à la cheville d’un Pizza Hut ? Moi. Vous aussi, je parie. Ou en tout cas, vous avez dans votre entourage quelqu’un qui caresse ce rêve.</p> <p>Agnès Desarthe l’a réalisé pour nous. Par la magie de son personnage, Myriam. On lui devine une cinquantaine d’années, un divorce qu’elle a un peu cherché par une frasque un peu trop audacieuse. Et là voilà, un peu seule, dans Paris.</p>
<p>Or donc, elle ouvre un resto, dans un quartier qui me parait ressembler à ces petites rues du onzième arrondissement où règnent encore des ambiances de quartier. Avec quels sous ? Ecoutez ceci.</p>
<blockquote><p>Suis-je une menteuse ? Oui, car au banquier, j’ai dit que j’avais fait l’école hôtelière et un stage de dix-huit mois dans les cuisines du Ritz. Je lui ai montré les diplômes et les contrats que j’avais fabriqué la veille. J’ai aussi brandi un BTS de gestion, un très joli faux ».</p>
</blockquote>
<p>Son établissement s’appelle Chez moi. Une enseigne particulièrement appropriée, puisque Myriam vit dans son resto. Le soir, elle écarte les tables, ouvre le clic-clac et s’endort.</p>
<p>Mangez-moi est l’histoire chaotique de l’établissement, qui n’a pas d’enseigne. Alors des voisins le prennent pour un café. Le monde afflue à l’heure du petit serré, mais pas un chat pour gouter la cuisine préparée avec tant d’ambition. Ou alors c’est l’inverse : quand Myriam lève le pied avec les fourneaux, les clients affluent.</p>
<p>Professionnelle, Agnès Desarthe injecte au bon moment Ben, celui que Myriam va engager comme serveur. Il arrive comme ça :</p>
<blockquote><p>Je peux vous aider demande une voix dans mon dos.</p>
<p>
Je sursaute.</p>
<p>
- Je peux vous aider ? demande à nouveau la voix.</p>
<p>
C’est ainsi que les anges apparaissent, tombés du ciel sans un bruit pour prononcer la parole absurde et tant attendue. J’éclate de rire, comme fit Saraï le jour où l’ange lui annonça, alors qu’elle avait quatre-vingt-dix-neuf ans qu’elle accoucherait bientôt d’un fils ? »</p>
</blockquote>
<p>Et puis le petit resto de quartier vit sa vie, mais je dois résister à l'envie de vous en dire plus. Je ne voudrais pas abuser des amuse-bouches et vous couper l’appétit.</p>
<p>Mangez-moi, est donc le titre de ce livre rafraichissant, d’une femme qui porte en elle les peurs et les déceptions de notre temps, mais avec une folle envie de vivre. Elle aurait tout aussi bien pu appeler son livre « Lisez-moi ».</p>
<p>Et elle n’aurait trompé personne.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mangez.jpg" alt="Mangez-moi" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Mangez-moi</strong>, Agnès Desarthe, littérature française, L'Olivier, 308 pages, 20 euros. Notre note : 3/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/29-mangez-moi-agnes-desarthe#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/24Mémoires de porc-épic - Alain Mabanckouurn:md5:90df2e8d8347e51b43696116686617972007-01-14T16:27:00+00:002018-10-23T16:41:45+00:00BernardLe lointainAfriqueconte<p>Mais qu’a donc ce livre que les autres n’ont pas ? Quelque chose d’Africain, de spontané, de joyeux, d’imaginaire et d’imagé.</p> <p>Il faut oser, quand même, raconter l’histoire d’un porc épic à qui le destin a donné une surprenante mission : être le double d’un humain, nommé Kibandi. Et ce n’est pas de tout repos, car cela consiste à envoyer ses piquants dans le corps de ceux que son maître ne prend pas en sympathie. Non qu’il les déteste, mais une simple animosité peut engendrer l’irréparable.</p>
<p>Amédée, par exeple, paix à son âme, inspirait à Kibandi une particulière antipathie.</p>
<blockquote><p>je n'ai pas attendu un deuxième ordre dit le porc épic parce que j'étais aussi en colère contre ce petit génie, je suis allé gratter avec rage la terre sous la porte de sa masure afin de me frayer un passage, et comme il tombait maintenant une pluie diluvienne ma tâche était aisée, ce qui fait qu'au bout d'un moment je suis parvenu à creuser un trou si grand que même deux porcs épics gras et paresseux pouvaient s'y introduire sans difficulté, et une fois à l'intérieur j'ai vu une bougie allumée, cet imbécile avait oublié de l'éteindre, il dormait sur le ventre alors j'ai avancé à pattes feutrées, je suis arrivé au niveau du lit en bambou, je ne sais pas pourquoi j'éprouvais de la crainte, mais j'ai pu la dominer, je me suis mis sur deux pattes et me suis agrippé contre le lit, j'étais à présent entre les jambes écartées d'Amédée, je me suis contracté pour choisir le piquant le plus ferme parmi les dizaines de milliers qui voulaient tous m'être utiles à cet instant et paf, j'ai lancé la charge qui a échoué en plein milieu de la nuque du jeune homme »</p>
</blockquote>
<p>Outre l’histoire, vous en conviendrez, le style est osé : pas de majuscule et pas de point. J’ai trouvé cela irritant au début, mais cela s’oublie très vite, car on est captivé par les heurs et malheurs de ce couple hors du commun.</p>
<p>Car ce qui ressemble un peu à une succession de petits meurtres sans gravité, tourne rapidement au cauchemar quand Kibandi, le maître, prend goût à ses crimes et commence à aimer un peu trop le vin de palme...</p>
<p>Depuis que j’ai refermé ce livre, je cherche la morale de cette histoire. Je pense que cela tient un peu du fantasme, en somme. Qui n’a jamais eu envie de disposer d’un adjuvant fidèle pour supprimer ceux qui se mettaient en travers de son destin rêvé ? Mais qui peut dire qu’une personne ennemie aujourd’hui le sera demain ? Ou qu’une vengeance ne peut s’obtenir à titre posthume ? Si vous le lisez, ce que je vous recommande aussi chaudement, dites-moi ce que vous y voyez.</p>
<p>J’oubliais de glisser deux mots sur l’auteur. Il s’appelle Alain Mabanckou, il vit aux Etats-Unis et enseigne la littérature francophone à l’Université de Los Angeles. Il a un <a href="http://www.congopage.com/rubrique.php3?id_rubrique=217">blog</a>. Et moi qui croyait qu’un prof de lettres dans une université devait nécessairement être académique…</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Memoires.jpg" alt="Mémoires de porc épic" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Mémoires de porc épic</strong>, Alain Mabanckou, littérature africaine, Seuil, 228 pages, 16,5 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/28-memoires-de-porc-epic-alain-mabanckou#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/23L'immeuble Yacoubian - Alaa al Aswanyurn:md5:a5b2815e2cf2ef13bd7ebb63edded0b12007-01-14T16:11:00+00:002018-10-23T16:41:52+00:00BernardLe lointainEgyptemoyen-orientsentimental<p>Vu de l’extérieur, l’Immeuble Yacoubian est un roman comme les autres : rectangulaire, avec des pages reliées, de couleur blanche sur lesquelles repose une écriture noire. Et pourtant, lorsque ces mots passent au crible de vos yeux, naît illico une inexplicable impression de couleurs.</p> <p>Normal, répondrez-vous, les verts, le jaune et le rouge de la couverture donnent le ton. Trop simple. Non, ce qui éblouit, ce sont ces mots, si simplement alignés, mais qui vous emmènent dans l'ocre du Caire. Et lorsque vous êtes au coeur de la ville, vous entendez les centaines de voitures, les petits coups de klaxon et les enfants qui courent et qui crient.</p>
<p>Pas convaincu ? Extrait.</p>
<blockquote><p>Cent mètres à peine séparent le passage Bahlar où habite Zaki Dessouki de son bureau de l’immeuble Yacoubian, mais il met, tous les matins, une heure à les franchir car il lui faut saluer ses amis de la rue : les marchands de chaussures et les commis des deux sexes, les garçons de café, les habitués du magasin de café brésilien. Zaki Bey connaît par leurs noms jusqu’aux concierges, crieurs de souliers, mendiants et agents de circulation. Il échange avec eux salutations et nouvelles. Pour les habitants de la rue, c’est un aimable personnage folklorique. »</p>
</blockquote>
<p>Dans l'immeuble Yacoubian, on rencontre Taha, qui rêvait d’entrer à l’école de police mais qui a le tort d’être pauvre. Dans son pays, cela ne pardonne pas. Hatem, lui, est homosexuel. Il aime un homme. Marié. Zaki l’aristocrate, lui, se glissera plus facilement dans les méandres parfois très étroits d’une société pleine de vie, d’envies, mais aussi d’interdits, de tabous.</p>
<p>Assez finement, l’auteur parle des problèmes que les Européens que nous sommes connaissons (l’homosexualité dans les pays musulmans, la condition de la femme ou le terrorisme), mais heureusement, il évite le cliché de journal télévisé en nous racontant aussi d’autres vies, presque anodines, comme celle de Boussaïna, la petite vendeuse du magasin de vêtements.</p>
<p>Cet enchevêtrement de petites vies, sans fil conducteur tendu, donne parfois un peu de confusion au récit.</p>
<p>Mais n’est-ce pas là une jolie métaphore du Caire ?</p>
<p>Flash info : l'auteur de l'immeuble Yacoubian revient avec un <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/02/05/51-l-immeuble-yacoubian-n-etait-qu-un-amuse-bouche">nouveau roman</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Yacoubian.jpg" alt="L'immeuble Yacoubian" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'immeuble Yacoubian</strong>, Alaa El Aswany, littérature française, Actes Sud, 327 pages, 22,5 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/27-l-immeuble-yacoubian-alaa-el-aswany#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/22Lettre à D. - André Gorzurn:md5:8dcdcced481021e3525573769a88a6382007-01-14T16:02:00+00:002018-10-23T16:42:01+00:00BernardL'amoursentimentalvieillesse<p>Ca commence comme ça (attention, accrochez-vous) :</p>
<p>« Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu est toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait 58 ans que nous vivons ensemble et je t’aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien ».</p> <p>En voilà une déclaration d’amour atomique. Certes, elle est un peu tardive. L’auteur, André Gorz, écrit à sa dulcinée atteinte d’une maladie grave. Il se reproche à travers l’ouvrage de ne lui avoir pas bien dit son amour, voire de le lui avoir occulté. Ce petit livre est donc une lettre d’amour, rédigée avec la fine plume que vous avez pu entrevoir.</p>
<p>On voudrait que chaque page soit aussi belle que cette première phrase. C’est presque le cas. Mais après un démarrage décoiffant, il se perd un peu dans les méandres de sa propre carrière et en oublie de parler à sa belle. Ce qui prouve, peut-être, qu’il ne parvient pas encore à lui dire parfaitement son amour. Je me demande ce qu'elle en pense...</p>
<p>Allez, pour vous récompenser, encore une phrase qui se déguste comme un Dom Pérignon :</p>
<blockquote><p>Nous n’étions pas pressés. J’ai dénudé ton corps avec précaution. J’ai découvert, coincidence miraculeuse du réel avec l’imaginaire, l’Aphrodite de Milos devenue chair. L’éclat nacré de ta gorge illuminait ton visage. J’ai longtemps contemplé, muet, ce miracle de vigueur et de douceur. J’ai compris avec toi que le plaisir n’est pas quelque chose qu’on prend ou qu’on donne. Il est manière de se donner et d’appeler le don de soi de l’autre. Nous nous sommes donnés l’un à l’autre entièrment. »</p>
</blockquote>
<p>C’est-y pas joli ça ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Lettre.jpg" alt="Lettre à D." style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Lettre à D.</strong>, André Gorz, littérature française, Galilée, 75 pages, 13,40 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/26-lettre-a-d-andre-gorz#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/21Eldorado - Laurent Gaudéurn:md5:4dca8b4acc78cb452616fb0a27cbda722007-01-14T15:59:00+00:002018-10-23T16:42:10+00:00BernardL'aventureAfriqueItalieRéfugiésVoyage<p>Je pense que c’est le bleu azur de la couverture qui m’a poussé à m'offrir ce livre. Un bleu qui évoque finesse et transparence. Et ces deux mots-là conviennent au mieux à cette belle histoire.</p> <p>Finesse de l’écriture d’abord.</p>
<blockquote><p>A Catane en ce jour, les pavés des ruelles du quartier sentaient la poiscaille. Sur les étals serrés du marché, des centaines de poissons morts faisaient briller le soleil de midi. Des seaux, à terre, recueillaient les entrailles de la mer que les hommes vidaient d’un geste sec. Les thons et les espadons étaient exposés comme des trophées précieux. Les pêcheurs restaient derrière leurs tréteaux avec l’œil plissé des commerçants aux aguets. »</p>
</blockquote>
<p>Transparence de l’histoire, ensuite. Elle s’ancre sur un insurmontable problème contemporain, et fait vivre plusieurs personnages très étoffés et parfaitement crédibles.</p>
<p>Le commandant Piracci est le capitaine d’un navire chargé de sillonner les côtes siciliennes à la recherche des navires de réfugiés clandestins. Ils les achemine ensuite au port de Catane, avant qu’un autre bateau les renvoient au Maroc.</p>
<p>Notre gradé exécute les ordres sans s’interroger sur le destin de ses passagers. Jusqu’à ce qu’une dame, survivante d’une traversée d’une indicible cruauté, vienne lui raconter son calvaire, et lui demande un révolver pour aller assassiner, à Beyrouth, Hussein Maroukh, le responsable de son malheur.</p>
<p>Le commandant accepte. La femme disparaît. Et commence la calvaire de l'homme de la mer. Les destins de ses hôtes forcés ne lui sont plus désormais si étrangers.</p>
<p>Au même moment, au Soudan, Jamal et son frère s’apprêtent à quitter leur mère, leurs sœurs et leur village pour tenter l’aventure occidentale, au péril de leur vie. Réussiront-ils là ou des milliers de leurs semblables ont échoué ?</p>
<p>Ces destins croisés sont d’une impressionnante densité.</p>
<p>Je trouve que cet ouvrage est plus utile qu’un article de Libération pour comprendre la profondeur d’un problème géopolitique d’une absurde humanité.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Eldorado.jpg" alt="Eldorado" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Eldorado</strong>, Laurent Gaudé, littérature française, Actes Sud, 238 pages, 18 euros. Notre note : 4,5/5 Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290006548/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290006548&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290006548" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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<br /> D'autres livres de Laurent Gaudé : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2015/04/27/Danser-les-ombres-Laurent-Gaud%C3%A9">Danser les ombres</a>, <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/29/259-la-porte-des-enfers-laurent-gaude">La porte des enfers</a> et <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/23/100-dans-la-nuit-mozambique-laurent-gaude">Dans la nuit Mozambique</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/25-eldorado-laurent-gaude#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/17Le journal d'Hirondelle - Amélie Nothomburn:md5:cb3066dffe9094dda1a1e285dac2cf482007-01-14T15:49:00+00:002018-10-23T16:42:19+00:00BernardL'amourAmélie Nothombcrimesuspense<p>Comme d’habitude, le dernier roman d’Amélie Nothomb a été fusillé par la critique. Et comme d’habitude, il s’est très bien vendu. Cela veut-il dire que tout le monde l’a aimé ? Les bibliothèques ne parlant pas, nous le saurons pas. Moi, j’ai aimé.</p> <p>Parce qu’un Amélie Nohomb comme celui-là, c’est comme une bonne série américaine. Cela ne dure pas longtemps, on peine à la raconter aux copains parce que l’on ne sait plus trop de quoi ça parlait. Mais on sait juste qu’on a passé une bonne soirée de lecture (quand ce n’est pas une heure). Rien que pour cela, j’ai aimé.</p>
<p>Attention, le « pitch », comme on dit dans les séries télé, n’est pas abject. C’est l’histoire d’... Et puis laissons le lui dire, c’est plus simple.</p>
<blockquote><p>Tout a débuté il y a huit mois. Je venais de vivre un chagrin d’amour si bête qu’il vaut mieux ne pas en parler. A ma souffrance s’ajoutait la honte de ma souffrance. Pour m’interdire une telle douleur, je m’arrachai le cœur. (…) Dès lors, je n’eus plus mal. La chape de plomb qui bloquait ma respiration disparut. Le reste aussi. J’habitais une sorte de néant. »</p>
</blockquote>
<p>Notre homme, car c’en est un, devient donc très logiquement un tueur à gages. L’un des meilleurs de sa génération. Le récit de ses crimes est savoureux comme ce film avec Pierre Richard, où le héros bouclé dézinguait le tout venant avec un révolver à silencieux émettant une détonation aiguë du plus grand effet comique.</p>
<p>Evidemment, le destin de notre héros basculera, lorsqu’il éliminera quelqu’un de plus dur que lui, mais doté de vrais sentiments.</p>
<blockquote><p>« On m’avait pourtant averti : moins on en sait sur ses victimes, mieux on se porte. ».</p>
</blockquote>
<p>Je n’en dis pas plus, car le livre est court et j’en ai déjà trop dit.</p>
<p>Je voulais quand même vous confier une impression, et je serais heureux de savoir si vous la partagez : en lisant ce livre, j’ai eu l’impression que le héros était une femme, alors qu’il n’en est rien. Est-ce la renommée de l’auteur, qui ne parvient pas à s’effacer derrière son héros, ou est-ce une écriture plus féminine ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Hirondelle.jpg" alt="Journal d'Hirondelle" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Journal d'Hirondelle</strong>, Amélie Nothomb, littérature française, Albin Michel, 137 pages, 14,5 euros. Notre note : 2/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/24-le-journal-d-hirondelle-amelie-nothomb#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/20Le fils du dragon - Laurent Maréchauxurn:md5:411a4825c0aa5de4f318fdb34864da2b2007-01-14T15:45:00+00:002018-10-23T16:42:27+00:00BernardL'aventuremerorientVoyage<p>Mais où est passé le Dragon ? Est il vivant ou mort, à la fin ? Le Dragon, c’est le capitaine d’un navire marchand, qui sillonnait les mers du monde au départ de la Bretagne à la fin du 19ème siècle.</p> <p>Son fils ne l’a pas connu. Lorsqu’il avait cinq ans, sa mère à reçu cet étrange message :</p>
<blockquote><p>Madam,</p>
<p>
Jé un triste maleur à vous anoncer. Notre bien aimé capitaine Dragon nous a quitté pour toujour. Il a rejoint au ciel le vol des oiseaux et la course des nuages. Les larmes coulent sur tous les visages et notre chagrin est sans fin. Nous prion pour vous et pour lui car nous savon que nous nous retrouveron un jour, ici ou là-bas. »</p>
</blockquote>
<p>Laurent Maréchaux le sait, lui, si le Dragon est encore de ce monde ou non. Car il nous raconte l’épopée de ce capitaine hors du commun, qui a connu de cuisants échecs avant de pouvoir réaliser son rêve : passer sa vie en mer, sur l’Argentine et d’autres gréements, et vivre de temps en temps à terre, avec une intensité redoublée.</p>
<p>Allez, on embarque.</p>
<blockquote><p>Gagné par l’ambiance délétère, l’équipage accumulait les maladresses et fautes de barre. Un coup de vent capricieux malmena le gréement, le mât de misaine se plia, un ridoir céda un des haubans tribord lâcha, fouettant l’air. N’écoutant que son audace, le grand Jacques fut le premier dans la mâture. Mal lui en prit. Au lieu de se concentrer sur sa route, le timonier suivait ses tentatives pour capeler le filin d’acier autour du mât. La tête en l’air, l’homme de barre n’anticipa pas une déferlante qui – surgie par le travers déstabilisa l’Argentine. Sous la violence du choc, le Grand Jacques lâcha prise, retombant inerte sur le pont, toujours en vie mais les cervicales brisées. »</p>
</blockquote>
<p>On s’y croirait, par vrai ? Le fils du Dragon est un surprenant petit livre d’aventure. Une belle intrigue, où l’on croise des marins français, et hollandais, où l’on côtoie Rimbaud en personne, aussi. Où l’on vogue, de la rade de Brest à celle de Semarang, en Indonésie. Et où il est question d’une furieuse envie d’un fils de dénouer les énigmes héritées de son père.</p>
<p>Mais alors, il est toujours en vie ou pas ce dragon ?</p>
<p>Vous voulez le savoir ? Lisez.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Dragon.jpg" alt="Le fils du dragon" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Le fils du dragon</strong>, de Laurent Maréchaux, littérature française, La Dilettante, 213 pages, 16 euros. Notre note : 3/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/23-le-fils-du-dragon-laurent-marechaux#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/19Une fille dans la ville - Flore Vasseururn:md5:0f105cd56ea426aad1c7286337ab741d2007-01-14T15:40:00+00:002018-10-23T16:42:34+00:00BernardLa vieAmérique du NordEntreprise<p>Peut-on vraiment parler d’un roman ? Je ne trouve pas. Il s’agit plutôt d’un très long témoignage, de ceux qu’on lit dans les magasines d’actualités. C’est une tranche de vie de Flore, une battante, rentrée à HEC sur un coup de tête : une démonstration de tai chi devant le jury final.</p> <p>Attirée par la bulle Internet, elle s’envole pour New York où elle crée sa start up, sa petite société de services informatiques. Cela ne se passe pas sans heurts.</p>
<blockquote><p>Dans son bureau, le banquier d’affaires s’extasie devant ma présentation montée sur Powerpoint, ne me laisse pas finir :</p>
<p>
- OK, ça suffit, j’ai compris, dit-il.
- Bon.
Il a l’air pressé.
- Combien voulez-vous ?
- 500.000 dollars ?
Il me regarde, dépité.
- Manque évident d’ambition. Vous m’auriez dit 5 millions de dollars, je vous les donnais tout de suite. »</p>
</blockquote>
<p>Ce témoignage est une visite guidée du New York d’avant le 11 septembre, arrogante et inhumaine, droguée et sans enfants. L’ouvrage n’est pas tendre. Il est cynique, sans vraiment proposer d’alternative.</p>
<p>Par exemple.</p>
<blockquote><p>Les artistes et les très riches s’adorent, ils s’apportent ce qu’ils désespèrent de ne jamais posséder : l’argent pour les uns, la lumière pour les autres. Ils se séduisent, font miroiter des possibilités, investissent, couchent ensemble. Puis ils trouvent mieux : plus fou, plus différent. C’est une question de peaux ou d’idées, tant qu’elles sont fraîches ».</p>
</blockquote>
<p>A la réflexion, ce livre est plutôt amusant pour les saillies comme celle-là, mais il est un peu décousu et mal fini. Il y a quelques solides fautes, d’anglais comme de français.</p>
<p>Une petite originalité, tout de même, Flore Vasseur a laissé dans la marge quelques définitions, rédigées avec la même plume fielleuse. Comme ceci :</p>
<blockquote><p>Entreprise 12 sur 20 : un patron, c’est un homme qui rêve et a peur. Il dort mal, se réveille souvent avec l’actionnaire qui hurle au téléphone. Alors, il s’entoure d’un management 12 sur 20. Des bons petits, juste un peu moins moyens que les autres, pas les plus intelligents, les plus dociles, installés au premier rang. Tellement honorés d’avoir été choisis, ils acceptent : sautes d’humeur, incohérences, dossiers refilés le vendredi soir. Surtout ne pas se laisser impressionner par leurs airs pressés et leurs tons suffisants. Ce sont des copies conformes, des copies qu’on forme et que, donc, on déformera. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, vite écrit, en fait. Un peu négatif. Pas inoubliable.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Fille.jpg" alt="Une fille dans la ville" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Une fille dans la ville, Flore Vasseur, littérature française, Les Equateurs, 270 pages, 18 euros. Notre note : 1/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/22-une-fille-dans-la-ville-flore-vasseur#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/18Les coeurs autonomes - David Foenkinosurn:md5:d986f496341333b68b521d234f6245462007-01-14T15:35:00+00:002018-10-23T16:42:42+00:00BernardL'amourParissentimental<p>C’est une histoire de Il et Elle (ils n’ont pas de prénom dans le roman). Il est un révolté. Incapable de se poser, de travailler, de garder ses amis. Pour lui, travailler c’est se mettre en sursis avant de rejoindre la file du chômage, et c’est enrichir un patron qui vous vole.</p> <p>Elle est amoureuse. Séduite par les combats de son jeune homme, sans vraiment les partager.</p>
<p>Ses révoltes à lui le rongent chaque jour un peu plus. Elle veut le quitter. Il veut la garder. Alors ils font une grosse bêtise, ensemble.</p>
<p>Voilà, c’est tout. Ce livre est présenté comme une grande passion amoureuse, sur fond de révolte intello parisienne. Mais on aurait voulu que la passion soit distillée et que la révolte finisse autrement que par un banal fait divers. Mais non. Tout le livre ressemble en fait à un fait divers de bas de page d’un quotidien.</p>
<p>Pas d’effet de plume, non plus, pour rattraper la mayonnaise, même si certains passages ont un peu d'élan. Comme ici :</p>
<blockquote><p>Dans la folie paradoxale de la passion, il cherchait une faute dans le comportement de celle qui l’aimait plus que tout. Pourquoi une faute ? Pour pouvoir fuir ? Tous deux s’étaient enfermés sans savoir à quel moment précis les évènements avaient dérapé. Etait-ce l’amour de se tuer ainsi ? Etait-ce l’amour de ne pas pouvoir respirer et de trouver pourtant que partout ailleurs l’air est respirable ? »</p>
</blockquote>
<p>Je suis déçu. Et vous ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Coeurs.jpg" alt="Les coeurs autonomes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Les coeurs autonomes</strong>, David Foenkinos, littérature française, Grasset, 171 pages, 14,90 euros. Notre note : 1/5.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/04/La-d%C3%A9licatesse-David-Foenkinos">La délicatesse</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/21-les-coeurs-autonomes-david-foenkinos#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/16L'amant en culottes courtes - Alain Fleischerurn:md5:21123a0716a00ad2f3f75c0cb0e1f1072007-01-14T15:31:00+00:002018-10-23T16:42:47+00:00BernardL'amouradolescenceAngleterreenfancesentimental<p>L’une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de créer cet espace, c’est qu’il arrive que je voie encenser ici ou là voire carrément partout des ouvrages qui m’indisposent de la première à la dernière page (quand j’y arrive). L’amant en culottes courtes d’Alain Fleischer en est.</p> <p>L’histoire m’avait alléché. Un garçon de 13 ans, vêtu, donc, de culottes courtes, part en séjour linguistique. Il y rencontre Barbara, une créature britannique venue de Trinidad, d’une beauté qui donne de l’appétit. Ce qui devait arriver arriva : il en tombe amoureux. Là où cela se corse un peu, c’est qu’elle le lui rend bien. Commence donc une idylle en règle entre gamin et sa belle.</p>
<p>J’étais attiré par ce qui peut se passer dans la tête d’un petit homme en proie à un sentiment aussi fort que désarmant.</p>
<p>Première déception : l’ouvrage commence comme un manuel universitaire par une définition de la culotte courte. Cela pourrait être créatif s’il n’était assorti de propos un peu sentencieux sur le fait que, voyez vous mesdames et messieurs, les jeunes d’aujourd’hui ne portent plus de culottes courtes. Dans le texte, ça donne :</p>
<blockquote><p>Les parents d’aujourd’hui, dans leur impatience de voir pointer le petit mâle dominant dans leur rejeton, l’affublent dès le plus jeune âge de ces tenues de petits mecs, - des beaufs enfants… - que notre société, aveuglée de vulgarité, se plaît à produire en modèle. »</p>
</blockquote>
<p>Refermer le livre ? Mais j’ai quand même envie de savoir comment il s’y est pris, le garnement. La patience vaut le coup. L’épisode de leur rencontre, de leur approche et d'un tout petit premier contact vaut la lecture. Un aperçu, en deux extraits.</p>
<p>La première fois qu’il la voit, d’abord.</p>
<blockquote><p>Barbara était l’exemple d’une de ces beautés rares de type eurasien – corps et traits à la fois fins et sensuels, peu cuivre cheveux noirs et raides – que produisent les croisements, lorsqu’un supplément de réussite et de grâce s’ajoute à leur intérêt esthétique habituel. Les gestes, les attitudes, les expressions, les regards, les inflexions de la voix, les sourires, communs à toutes les jeunes filles de son âge, devenaient chez Barbara les promesses d’une volupté et d’un bonheur luxurieux ».</p>
</blockquote>
<p>Et puis la fois où il lui effleure la main (ben quoi ? je suis romantique) :</p>
<blockquote><p>Je gardais conscience de m’être montré meilleur musicien que Barbara – malgré mon abandon du piano depuis presque trois ans- et de pouvoir ainsi prendre les devants, lui ouvrir le chemin : quand je voyais arriver un passage un peu difficile pour sa partie de clavier, je m’amusais à la soulager de trois ou quatre notes, les jouant pour elles, prélevées à sa ligne dans la partition. Ce n’étaient que prétextes et occasions pour que nos mains se touchent, pour que nos doigts se frôlent et, pour finir, je plaquai un accord par dessus sa main, l’emprisonnant sous la mienne – provoquant un gros pâté sonore- et refusant de la lâcher jusqu’à ce que nous eussions fini de rire de notre numéo burlesque ».</p>
</blockquote>
<p>Et après ? Adieu la petit poussée de romantisme. Sur 500 pages, Fleisscher nous détaille comment il a pris sa bele dans toutes les positions. Point final. Cette seule phrase résume, à mon avis l’interminable suite du roman.</p>
<p>Vous étonnerais-je en vous disant que je suis déçu ? Ce récit du tout jeune mâle triomphant ayant séduit la naïve femelle me paraît presque vulgaire. Pas tant par le sujet, qui se veut érotique, que par cette manière hautaine et presque réactionnaire de le traiter.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Culottes.jpg" alt="L'amant en culottes courtes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'amant en culottes courtes</strong>, Alain Fleischer, littérature française, Seuil, 660 pages, 22 euros. Notre note : 1/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/20-l-amant-en-culottes-courtes-alain-fleischer#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/15Ensemble c'est tout - Anna Gavaldaurn:md5:6fc1fc6faa7c9805dfbecfc96bf74cd52007-01-14T14:37:00+00:002023-01-08T08:55:44+00:00BernardLa vieAnna GavaldafemmesParis<p>Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.</p> <p>Elle nous conte simplement l’histoire de Camille, femme de ménage de son état, au caractère bien trempé, mais à la sensibilité au moins aussi forte. Elle n’est pas passée loin du point de non retour à la vie, la petite. Mais son chemin tortueux a croisé celui de Philibert. Qui n’a pas un Philibert dans ses connaissances ? Un type un peu vieille France, mal à l’aise à peu près partout, doté d’un humour qu’il manie malgré lui, d’une grande culture et d’une gentillesse abondamment prodiguée.</p>
<p>Il y a Frank, aussi, un mec, un vrai. Avec tout ce que cela comporte de machisme, de mauvaise foi, et de sensibilité savamment dissimulée. Il ne manque à ce tableau que Paulette, une personne âgée, légèrement manipulatrice, mais pas assez pour inspirer le rejet.</p>
<p>Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues.</p>
<p>La langue aide aussi l’auteur a éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.</p>
<p>Ce que j’aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrits par la plume d'une femme. Croyez-moi, beaucoup d'hommes adorent. J’en ai encore surpris un, la semaine dernière, à l’aéroport, avec un léger sourire attendri qui en disait long !</p>
<p>Allez, un extrait, pour achever la démonstration.</p>
<blockquote>
<p>Le Pilon de la vie lui avait appris à se méfier des certitudes et des projets d’avenir, mais il y avait une chose dont Camille était sûre : un jour, dans très très longtemps, quand elle serait bien vieille, encore plus vieille que maintenant, avec des cheveux blancs, des milliers de rides et des taches brunes sur les mains, elle aurait sa maison à elle. Une vraie maison avec une cuisine en cuivre pour faire des confitures et des sablés dans une boîte en fer blanc cachée au fond du buffet. Une longue table de ferme, bien épaisse et des rideaux de cretonne. Elle souriait. Elle n’avait aucune idée de ce qu’était la cretonne, ni si cela lui plairait, mais elle aimait ces mots : rideaux de cretonne. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Ensemble, c'est tout" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/ensemble.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em><strong>Ensemble, c'est tout</strong>, Anna Gavalda, littérature française, J'ai lu, 573 pages, 8 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290343714/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290343714&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21&linkId=36DTUZY7RLK6ADZD"><em>le commander</em></a> sur Amazon.<img alt="" border="0" height="1" src="https://ir-fr.amazon-adsystem.com/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290343714" style="border:none !important; margin:0 !important;" width="1" /><br />
De la même autrice : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/04/24/239-la-consolante-anna-gavalda">La consolante</a></p>
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<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/14Bienvenue !urn:md5:baa7ef83f3810db9c32b8cf2ce35111d2006-12-21T20:17:00+00:002018-10-23T16:43:10+00:00BernardInterligne<p>Après avoir enfoncé des centaines de milliers de touches de clavier, redémarré mon pc une collection de fois, changé d'antivirus et acheté un modem sans fil, CA Y EST : Le blog des livres, Das Blog der Bücher, Blogus librarium est né.</p> <p>Je me suis un peu amusé pour la décoration dimanche soir, mais dans les prochains jours j'affinerai encore le décor, créerai des rubriques et rédigerai un message digne de ce nom sur ce que Martin, Simon, Isabelle, Lara, Dominique, moi, quelques autres et peut-être vous, avons envie de faire de ceci. J'espère qu'on pourra commencer les festivités le plus vite possible. Je me suis fixé la date du 15 janvier, le temps de vérifier que tout peut démarrer.</p>
<p>Bientôt, vous et nous, on se roulera dans les livres ! Le plus vite sera le mieux !
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2006/12/21/6-bienvenue#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/7