Il faut dire que l’auteur entre très rapidement en matière, lorsqu’il nous présente ledit Fakir sous les yeux du chauffeur de taxi qui l’a embarqué à l’aéroport.

Soit il est Hindou, soit il a un sacré traumatisme crânien. »

Notre homme, c’est Ajatashatru Lavash Platel, qui, soit dit en passant, est aussi Fakir que vous et moi.

Ajatashatru était célèbre dans tout le Rajasthan pour avaler des sabres escamotables, manger des bris de verre en sucre sans calories et pour une ribambelle d’autres tours de passe-passe dont il était seul, avec ses cousins à connaître le secret. »

Ce qui amène notre notre hurluberlu chez Ikea, en France, c’est l’achat d’un nouveau lit à clou, « pour des nuits piquantes ».

Mais notre homme ne change pas ses bonnes habitudes, et commet quelques larcins en France, ce qui l’emmène, par un rocambolesque concours de circonstances, en Grande Bretagne avec des immigrés clandestins, en Espagne par la conséquence d’une expulsion, en France, dans les valises de l’actrice Sophie Morceaux, puis sous d’autres contrées, par des voies dont je vous fais grâce…

Au fil de son périple, notre homme se découvre un talent littéraire. Il écrit son premier roman sur sa chemise, ce qui intéresse un éditeur.

Bon j’ai lu votre roman, enfin, votre nouvelle, car c’est assez court. Il paraît que vous l’avez écrite sur votre chemise. Vous auriez dû continuer sur le pantalon ».

Au fil de ses aventures, notre homme apprend à aimer sans tricher, à se faire aimer en donnant.

Voici un roman hors du commun. On ne parlera pas de bijou littéraire mais l’auteur sait incontestablement écrire et divertir son public, son seul dessein manifestement. Ses observations candides du quotidien font mouche.

Le vendeur sur lequel il avait jeté son dévolu était un gros bonhomme chauve avec des lunettes en écailles vertes, le genre d’individu qu’on identifiait en moins de trois coups au jeu "Qui est-ce ?" »

Sa tentative peu motivée d’aborder le sort des immigrés illégaux ne trompera personne. Et si l’on excepte quelques lourdeurs et autres redondances un brin irritantes, il parvient finalement à produire un vrai roman initiatique burlesque. Et ce n’est pas faute d’avoir frisé le grotesque.

Ne boudons pas notre plaisir, et dégustons comme une pâtisserie sucrée, mais ne cherchons pas ici le grand frisson littéraire !

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L'extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, littérature française, Le Dilettante, 253 pages, 19 euros. Notre note : 4/5.