Je me suis donc replongé dans « Billie » pour vous en conter la trame.

C’est l’histoire de Frank et Billie, coincés dans un massif montagneux.

Nous étions au fond d’une crevasse ou de je ne sais pas quoi d’embêtant. »

Frank, blessé, semble inconscient, et Billie panique, implore les étoiles et part dans une logorrhée pour calmer son angoisse. Elle raconte le destin qui la lie à Frank, son ami homo d’adolescence, avec qui elle avait si peu en commun sauf une chose : une enfance ratée.

Elle.

Ce n’est pas comme si j’avais été vraiment tabassée dans mon enfance, genre au point de finir en première page du magazine détective ou quoi, mais j’étais tout le temps un petit peu tapée. Une petite claque par-ci, une petite claque par-là, un petit gnon par en dessous… »

Et lui.

Tu veux que je te raconte l’effet que ça fait de grandir avec une mère sous anti-dépresseurs et un père sous anti-le-monde-entier ? »

Leur amitié se scellera au moment de jouer, ensemble, une scène de « On ne badine pas avec l’amour », d’Alfred de Musset. La grand-mère de Frank prend Billie sous son aile, et la jeune fille découvre l’amour maternel et évolue enfin dans un autre milieu que le sien, dont elle a appris entre-temps qu’il s’appelait le quart monde.

Je ne savais pas qu’il existait dans le dictionnaire un mot inventé exprès pour désigner le gourbi où je vivais. »

Frank et Billie se perdront de vue, se reverront, se rapprocheront, s’éloigneront, physiquement ou mentalement, jusqu’à cette balade en montagne avec un âne, qui les conduira au fond du trou…

Habituellement, c’est quand je bois trop de ti-punch et de rhums arrangés à La Pailotte à Samy, mais là, j’étais aussi à jeun qu’on puisse l’être quand on se cogne une randonnée en famille avec des ânes et des cons dans le Parc national des Cévennes. »

Billie est un roman sympa, sur l’amitié entre un homme et une femme nés en terre friable. Il n’y a pas de grand moment, dans ce livre, tout est dans le pas de danse improvisé et chaotique de ces deux êtres.

Attention, le livre n’est pas exempt de clichés, la femme est toute puissante et l’homme viril est veule, Gavalda appuie parfois un peu lourdement sur le clavier en exagérant les formules racoleuses, mais on rit et se délecte une fois de plus du vocabulaire fleuri de l’auteur, qui écrit comme chante le canari : à tue-tête.

On reste attaché à ce style si humain, mais on en vient quand même à se demander si elle ne commence pas à manquer d’inspiration. Elle se le demande aussi, d’ailleurs…

Je sais, petite étoile, je sais…. Ça fait vraiment trop cliché en plastique la façon dont je le raconte…. Le petit pédé souffreteux et sa Cosette des dépotoirs, j’avoue, ça manque un peu de finesse, mais bon… »

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Billie, Anna Gavalda, littérature française, Le Dilettante, 223 pages, 15 euros. ISBN : 1609452496. Notre note : 3/5.






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