En cause : beaucoup de sexe et autant de drogues. Nihiliste, Ellis passe à la moulinette la jeunesse friquée désenchantée.  American Psycho, sorti au début des années nonante, plonge de nouveau le lecteur dans un océan de violence et de sexe. On découvre, horrifiés, le destin en vrille du yuppie et golden boy Patrick Bateman se transformant en tueur en série.

Avec Suite(s) Impériale(s), l’auteur reprend les mêmes protagonistes que « Moins que zéro ».

Clay, le (anti-) héros de « Rien moins que zéro », débarque à Los Angeles pour passer Noël. Embauché comme scénariste Clay se fait chauffer par une fille qui souhaite juste l’attirer au lit pour jouer dans le film.

Qu'est-ce que tu veux pour Noël, demande-t-elle ?

- Toi » Je souris. « Et toi, qu'est-ce que tu veux ?

- Je veux un rôle dans ton film. Tu le sais bien.

- Ah ouais ? » Ma main glisse sur sa cuisse. « Mon film ? Quel rôle ?

- Je veux le rôle de Martina. » Elle m'embrasse.

- « Et je vais essayer de te l'obtenir.

Le silence est involontaire, mais elle se rattrape en une seconde. « Essayer ? »

Si « Suite(s) Impériale(s) » est habilement construit, il émane toutefois un sentiment de déjà-vu. Tant dans l’écriture pourtant alerte que dans les thèmes exploités, même si c’est sans doute le bouquin d’Ellis qui se rapproche plus du roman noir.

Julian sort de la BMW et se dirige vers l'entrée, juste au moment où je reçois un sms qui dit : Ne sors pas de la voiture, et lorsque Julian s'aperçoit que je suis toujours assis au volant, il se retourne, et nos regards se croisent. Une Escalade noire se gare derrière la BMW et nous fait un appel de phares.

Derrière Julian, trois jeunes Mexicains descendent de la voiture sous le cercle de lumière d'un réverbère. Julian enregistre leur présence, vaguement agacé et puis se tourne vers moi à nouveau. « Clay ?

Va te faire foutre.  »

Au moment où je dis ça, Julian s'empare de la poignée de la portière que j'ai déjà verrouillée et, pendant quelques secondes, il plonge par la fenêtre ouverte dans la voiture assez loin pour pratiquement effleurer mon visage, mais les types le tirent en arrière très vite et il disparaît, comme s'il n'avait jamais été là.

Sans jouer les oies blanches, on se demande un peu l’intérêt de la très longue scène de baise à la fin. Est-ce que cela apporte réellement quelque chose ou est-ce pour respecter le quota de cul que s’est imposé l’écrivain ?

Bret Easton Ellis m’avait bluffée avec sa vraie-fausse autobiographie « Lunar Park », qui reste son chef d’œuvre absolu. Sa nouvelle livraison est plus légère. Pour les non-initiés désireux de découvrir l’animal, la lecture de « Lunar Park », qui vient de ressortir en 10/18,  est plus appropriée.

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Suite(s) impériale(s), Bret Easton Ellis, traduit de l'anglais par Pierre Guglielmina, Robert Laffont, 228 pages, 19 euros. Vous pouvez le commander sur Amazon.