Certes, Didier Van Cauwelaert n’est pas le premier à s’épancher. J’aurais pu m’énerver sur d’autres avant lui. Mais voilà, il fallait que cela tombe sur quelqu’un.

Calme-toi, Bernard. Et raconte nous plutôt l’histoire.

Impossible : il n’y en a pas. Nous n’avons d’autre guide que le coq et l’âne. L’illustre Didier entend en fait nous faire l’éloge de son père. Mais par ce truchement un peu grossier, c’est sa vie qu’il nous conte.

Soyons honnête dans notre agacement. Il y a, au gré de ce gavage, quelques moments amusants. Par exemple, quand le petit Van Cauwelaert trouve son père un peu nul, et fait croire à ses copains de classe que son vrai géniteur est Baudouin premier, le roi des Belges. Ou encore la complicité qui unit Didier et la secrétaire de son père, qui tape en cachette les manuscrits du futur écrivain.

La personnalité de René, le père de Didier Van Cauwelaert est attachante, elle aussi. C’est un homme que presque rien n’ébranle et qui fait de l’humour son assurance-vie. Il y a quelques moments tendres, enfin. Comme quand l’auteur rappelle que son père aurait voulu être écrivain, et qu’il a confié cette mission à son fils :

Je ne suis pas dupe, je sais pourquoi tu as encouragé ma vocation de romancier, dès l’enfance : si tu as été mon maître à rêver, c’était aussi pour que je devienne ta machine à écrire. »

Ce livre fera peut-être rêver ceux qui n’ont pas eu un père idéal. Grâce à des mots comme ceux-ci :

Certains jugeront peut-être que je me compliquais beaucoup la vie dans l’espoir d’alléger la tienne. Mais il a toujours été impensable pour moi de te décevoir. Tu étais un marchand de miracles, tu m’avais choisi comme fournisseur, et je me devais d’honorer ta confiance, ton attente. »

Mais bon. Malgré les critiques enthousiastes, je ressors de ce livre en trouvant tout cela optimiste, certes, mais très ordinaire, limite ennuyeux.

Mais quand les écrivains se remettront-ils à nous raconter des histoires ?

Le père adopté



Le père adopté, Didier Van Cauwelaert, Albin Michel, 281 pages, 19,50 euros.