Le Blog des Livres - Mot-clé - résistance<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearLe boulevard périphérique - Henry Bauchauurn:md5:bf907d33ff800912d1885cc1fc6c5ff02008-07-27T19:27:00+00:002018-10-18T10:13:44+00:00BernardL'au-delàguerremaladierésistance<p>Il y a des rêves dont on se souvient, le matin, et qu'on tente de déchiffrer avant qu'ils ne s'évaporent avec leurs enseignements. Il y a des romans si profonds et symboliques qu'ils ont les attributs du songe.</p> <p>Un rêve, c'est d'abord une histoire. Celle du narrateur, qui chaque jour ou presque, parcourt inlassablement le boulevard périphérique pour rejoindre la chambre d'hôpital de Paule, sa belle sœur, qui souffre d'un cancer. Au gré de ses trajets, de ses visites et de ses réflexions, lui reviennent des souvenirs de la guerre.</p>
<p>Il se souvient de Stéphane, un résistant, capable d'escalader comme un lézard les parois rocheuses les plus escarpées, de commettre ses attentats et de fuir comme s'il s'envolait.</p>
<blockquote><p>Stéphane jouait avec l'alpinisme et les attentats. Il pouvait jouer seul au milieu des grands fauves nazis car il ne possédait rien, ni maison, ni biens, ni célébrité. »</p>
</blockquote>
<p>A la fin de la guerre, le narrateur perd Stéphane de vue. Plus tard, il apprend que son ami a été retrouvé mort dans un lac, sans que les circonstances de son décès soient élucidées. Quelques années plus tard, Shadow, un nazi détenu invite le narrateur à la prison et entreprend de lui raconter comment il a rencontré Stéphane, comment il l'a capturé, et comment son ami a quitté ce monde.</p>
<p>Shadow est l'antithèse de Stéphane. Au lieu de s 'alléger dans la souplesse de ses actes, il s'alourdit par la cruauté et la fréquence de ses crimes. La vision du Résistant lui est dès lors insupportable.</p>
<blockquote><p>Je ne haïssais pas Stéphane, mais quelque chose en moi le haïssait. Pourquoi ? A cause de la haine de ce qui s'appesantit pour ce qui s'allège. L'un déborde, se vide, devient de l'air, de la lumière, atteint peut-être le vide nécessaire au dieu. L'autre se durcit, s'alourdit, concentre de la matière dense, de la connaissance toujours plus opaque. »</p>
</blockquote>
<p>Habilement, Henry Bauchau alterne le récit du duel entre Shadow et Stéphane, à l'intensité croissante, avec l'inexorable avancée du cancer de Paule.</p>
<p>Au gré des rebondissements, l'auteur, de 93 ans, nous fait profiter de sa sagesse, sur l'amour...</p>
<blockquote><p>Finalement, l'amour est une lumière, une chaleur, c'est aussi un nœud, un nœud coulant : ne va pas trop vite, ne va pas trop loin, sinon ça va serrer. »</p>
</blockquote>
<p>... ou sur le courage.</p>
<blockquote><p>Pas le courage, on dit cela. Comme si on avait le courage, comme si on le possédait alors qu'il naît quand on a plus le choix, plus d'autre recours. »</p>
</blockquote>
<p>En définitive, « Boulevard périphérique » est un roman difficile. Derrière une narration bien menée, qui le rend lisible jusqu'au bout, se cache une palette de symboles raffinés. Shadow contre Stéphane, par exemple, ce n'est pas le bien contre le mal, c'est plus subtil, car l'auteur ne juge pas, n'accorde pas explicitement plus de valeur à l'un qu'à l'autre. Il entend simplement décrire deux manières de finir, l'une en s'allégeant, l'autre en s'enfonçant.</p>
<p>Ces symboles font la force du roman, mais aussi sa faiblesse. L'auteur les multiplie à l'envi sans qu'il y ait toujours de lien entre eux, ni de rapport avec le récit. L'ouvrage a donc parfois les allures de ces rêves que l'ont sent importants, mais qu'on ne parvient pas tout à fait à élucider...</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Bauchau.jpg" alt="Boulevard périphérique" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Boulevard périphérique, Henry Bauchau, Actes Sud, 255 pages, 19,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/07/27/246-boulevard-peripherique-henry-bauchau#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/226Les enfants de la liberté - Marc Levyurn:md5:bc77aabb999cb87c1a4acf6babf0dd682007-05-19T19:29:00+00:002018-10-22T14:40:10+00:00BernardLa guerreenfanceguerreMarc Levyrésistance<p>Avant je n’aimais par Marc Levy. Maintenant, ça va mieux.</p> <p>Je l’ai toujours soupçonné d’appliquer les techniques du marketing avant celles de l’écriture, et d’ignorer l’authenticité.</p>
<p>Mais la lecture de son dernier roman vient d’ouvrir une brèche dans mon aversion.</p>
<p>Dans « Les enfants de la liberté », il raconte l’histoire de son père, Raymond, et de son oncle, Claude, qui, avant d’avoir atteint l’âge qui fait de vous un homme, se sont engagés dans la résistance.</p>
<p>Il y tenait Raymond.</p>
<blockquote><p>Ce que je veux, c’est tuer un nazi avant de mourir. Je veux un revolver. »</p>
</blockquote>
<p>Et le voilà enrôlé, avec son petit frère, dans la 35ème brigade, à Toulouse. Avec Charles, Sophie, Marc, Emile et les autres. Des enfants épris de liberté, pas de nation.</p>
<p>Avec cette bande, souvent joyeuse, on fabrique des bombes. On se cache. On aime en cachette. On fait sauter des trains. On tue des procureurs. On réapprend aussi avec horreur, que les Français étaient parfois plus zélés que les nazis.</p>
<p>Mais Marc Levy n’a pas commis la faute de goût de présenter le destin de résistant comme une partie de plaisir. Il y a des moments où, avec eux, on se demande à quoi il sert de se battre, car c’est très souvent pour finir sous les balles d’une huitaine de fusils allemands.</p>
<p>Ou pire :</p>
<blockquote><p>Au cinquième étage d’un immeuble, à Toulouse, une fillette de 6 ans regarde sa maman qui s’en va pour toujours. Elle sait bien qu’elle ne reviendra pas, son père le lui a dit ; les juifs qu’on emmène ne reviennent jamais. »</p>
</blockquote>
<p>Raymond et Claude seront arrêtés, eux aussi, juste avant la Libération. Ils seront les passagers de ce que l’on a appelé le train fantôme. Un convoi bourré de prisonniers agonisants, qu’un commandant allemand, avec la rage du loup blessé, est parvenu à emmener à Dachau, sous les balles alliées. Heureusement, Raymond et Claude parviendront à s’enfuir, d’une manière et au terme d’un suspens que Marc Levy conte crescendo, avec efficacité.</p>
<p>Je ne dis pas que l’on se trouve face à un chef d’œuvre de la littérature. Il reste de solides tics d’écriture. Il reste aussi des invraisemblances, des niaiseries.</p>
<p>Mais malgré ces petits énervements, j’ai envie de dire merci à Marc Levy.</p>
<p>Merci d’avoir pris le risque de décevoir une partie de son lectorat pour raconter une histoire sans effet spéciaux.</p>
<p>Merci de rappeler à des dizaines de milliers de gens qu’il est parfois bon de dire non à ceux qui ont autorité sur vous.</p>
<p>Et en ce temps ou la différence est suspecte, merci d’avoir écrit ceci :</p>
<blockquote><p>Et puisque la population se préparait à l’acclamer, ce Maréchal, il fallait sonner notre tocsin, réveiller les gens de cette peur si dangereuse, celle qui gagne les foules et les conduit à baisser les bras, à accepter n’importe quoi ; à se taire avec pour seule excuse à la lâcheté que le voisin fait de même, et que si le voisin fait de même, c’est donc ainsi qu’il faut faire. »</p>
</blockquote>
<p>A lire également : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/07/18/135-10-questions-a-marc-levy-l-interview-du-blog-des-livres">notre interview</a> de Marc Levy en 10 questions
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Levyroman.jpg" alt="Les enfants de la liberté" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Les enfants de la liberté, Marc Levy, Robert Laffont, 434 pages, 21 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266199560/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266199560&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266199560" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/19/97-les-enfants-de-la-liberte-marc-levy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/84