Le Blog des Livres - Mot-clé - dictature<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearLa déclaration : l'histoire d'Anna - Gemma Malleyurn:md5:f3638e0154489aa36df58ccd1261c6c32008-10-03T09:37:00+00:002018-10-17T17:32:11+00:00MartinRoulez jeunesse !dictatureenfancescience-fiction<p>Nous sommes en 2140. La civilisation humaine a fait un grand progrès : des scientifiques ont découvert l'immortalité. Quiconque suit un traitement spécifique devient immortel. Ils appellent ça la Longévité.</p>
<p>Mais un énorme problème de société survint alors : la terre devint surpeuplée.</p> <p>Les autorités instaurèrent donc une déclaration. Les gens qui la signent bénéficient de la Longévité mais s'engagent aussi à ne pas avoir d'enfants.</p>
<p>Evidemment, beaucoup ne respectent pas la loi, et des enfants qui ne doivent pas exister sont nés. Pour contrer cela, des forces de police aux pratiques terrifiantes appelées « rabatteurs » ont été mises en place afin de retrouver ces enfants - que souvent les parents cachent - et les enferment dans des foyers de correction où ils sont traités comme des esclaves.</p>
<p>Notre héroïne s'appelle Anna, une surplus que les rabatteurs ont trouvé peu après sa naissance. Elle réside dans le foyer de correction de Grange Hall, et s'apprête à devenir un « bon élément » car elle est soumise et hait ses parents de l'avoir mise au monde.</p>
<p>Mais Peter, un nouveau surplus fait son entrée au foyer. Son but : s'évader, avec Anna. Car ce garçon a été élevé dans une organisation secrète de lutte contre la déclaration appelée « réseau souterrain ».</p>
<p>Alors que jusque là, les autorités nous avaient été présentées comme invincibles, organisées et justes par Anna, Peter va instiller le doute dans l'esprit de la jeune fille.</p>
<p>Un grand dilemme déchire alors à Anna : suivre Peter, cet inconnu, qui lui promet la liberté, ou continuer à suivre calmement sa routine, mais en esclave ?</p>
<p>En lisant ce roman, je suis passé par trois stades différents.</p>
<p>D’abord, une partie agréable, la découverte. On plonge dans un nouvel univers et on se laisse guider par l'auteur.</p>
<p>A ce sentiment succède, au fil des pages, une impression de « déjà lu » car cette histoire me rappelle étrangement <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield">« Uglies »</a> de Scott westerfield.</p>
<p>Heureusement, arrive la troisième partie, où le récit suit enfin son destin propre avec une fin très prenante.</p>
<p>Autre point négatif : des longueurs et une violence inutile.</p>
<blockquote><p>Tu seras envoyée en Isolement. »</p>
<p>
« Et battue », ajouta la directrice en s'avançant vers Anna, le visage parfaitement impassible. Anna, j'ai entendu ta proposition de corriger Tania toi-même. Je t'en saurai gré.</p>
<p>
Anna considéra Mrs Pincent d'un air indécis. On ne lui avait jamais demandé de frapper un surplus. Les surplus n'étaient pas censés lever la main sur qui que ce soit (...)</p>
<p>
« Immédiatement » insista Mrs Pincent (...)</p>
<p>
Anna fit un pas hésitant en direction de Tania, qui la regardait avec appréhension.</p>
<p>
« Frappe-la, ordonna Mrs Pincent en s'avançant. Fais-lui prendre conscience de ses fautes. Aide-la à tirer la leçon de ses erreurs et à comprendre ce que signifie son statut de surplus. Fais-lui comprendre qu'elle n'est qu'un fardeau indésirable ; que chacun de ses pas le long de ces couloirs est un pas volé. Fais-lui comprendre qu'elle est inutile, que personne ne la pleurera si elle meurt et que, débarrassé de sa présence violatrice, le monde s'en portera même un peu mieux. »</p>
</blockquote>
<p>Un livre avec défauts, donc, mais qui m’a offert une réelle évasion, et dont je vous recommande la couverture, pleine de subtiles références au contenu du roman.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/blog/public/images/couvertures/.Declaration_m.jpg" alt="Declaration.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Declaration.jpg, juin 2010" />
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<br /> <em>La déclaration : l'histoire d'Anna, Gemma Malley, traduit de l'anglais par Nathalie Perrony, 315 pages, 15 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2350211223/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2350211223&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2350211223" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/10/03/253-la-declaration-l-histoire-d-anna-gemma-malley#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/233Birmane - Christophe Ono-dit-Biot - Prix Interallié 2007urn:md5:66c9ea8d3fac79dc87e6dbedda452f992008-04-06T21:41:00+00:002018-10-22T13:48:56+00:00BernardLe lointaindictatureorientsentimental<p>Vous avez envie d'exotisme, d'aventure et d'évasion ? Oubliez Roissy Charles De Gaulle. Je vous conseille plutôt l'aéroport Ono-dit-Biot, destination: la Birmanie.</p> <p>Dans son dernier roman, l'auteur raconte l'histoire de César, un journaliste raté qui suit, les pieds lourds, sa compagne en ces lointaines contrées. Seulement voilà : elle plante César en rase campagne pour un touriste jeune et sympa.</p>
<blockquote><p>Le genre à avoir hâte que le soir tombe pour chanter Manu Chao a capella avant de tirer son coup avec une routarde à dreadlocks. »</p>
</blockquote>
<p>Chagriné mais pas désespéré, César quitte l'arrière pays et s'envole pour Rangoon, où il est témoin d'un attentat, fomenté par les autorités. La junte entend ainsi décourager les partisans de Wei Wei, une mystérieuse opposante, qui sévit depuis les montagnes en appelant au soulèvement dans des émissions de radio très écoutées.</p>
<p>Sur la scène du drame, César rencontre Julie, une coopérante française dont il tombe follement amoureux.</p>
<p>Mais au lendemain d'une nuit nuit d'amour, la belle disparaît. Une nouvelle fois, César rebondit. Il se pique de retrouver Wei Wei, pour l'interviewer. S'entame alors une longue quête, qui nous emmènera au cœur de campagnes paradisiaques et admirablement décrites, comme ici.</p>
<blockquote><p>Le grand lac de Kengtung était à nos pieds. Les montagnes nous cernaient, en partie couvertes de rizières en terrasses d'un vert éblouissant, ou réverbérant le ciel en miroir quand elles débordaient d'eau. Les poussières qui dansaient dans le soleil, quand nous traversions un bois, s'apparentaient pour moi à la pure métaphore du bonheur. »</p>
</blockquote>
<p>La longue marche de César nous montrera aussi l'autre versant du pays, ses villes décimées par la drogue, la prostitution, le jeu. On découvrira aussi des peuplades aux coutumes singulières, que César découvrira à ses dépens, par exemple en dégustant un plat d'anguilles.</p>
<blockquote><p>Tu sais comment on les attrape ? Les Inthas, les gens du lac, vivent en harmonie avec l'eau. Quand ils meurent, on descend leur cercueil tout au fond. Leur particularité, c'est qu'ils sont percés de petits trous. Attirées par la chair du mort, les jeunes anguilles s'y faufilent, se nourrissent, et sont ensuite trop grosses pour ressortir du cercueil. Il n'y a plus qu'à le remonter et à faire la récolte. »</p>
</blockquote>
<p>Birmane est un roman positif. C'est une belle ode au combat féminin pour la démocratie. L'écriture, précise et élégante, est un modèle de respect du lecteur. Mais on sent un peu trop que l'intrigue, sinueuse et relâchée, n'est que prétexte à nous faire découvrir ce pays que l'auteur semble porter dans son cœur. Dommage que l'histoire et les décors admirables ne se fondent pas mieux, car on tiendrait alors un petit chef d'œuvre, au lieu d'un roman simplement agréable.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Birmane.jpg" alt="Birmane" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Birmane, Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 441 pages, 21 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/04/06/233-birmane-christophe-ono-dit-biot#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/213Uglies - Scott Westerfieldurn:md5:1882d72dd94ab644be764a7934e9a8512007-11-08T22:07:00+00:002018-10-22T13:51:46+00:00MartinRoulez jeunesse !adolescencedictatureségrégation<p>Et hop, encore une critique de Martin, 15 printemps, le benjamin du Blog des livres, spécialiste des livres "Jeunesse" ! Vas-y mons gars !</p> <p>Vous voulez savoir comment s’achève l’âge des hommes ? C’est par ici !</p>
<p>« Uglies » nous raconte comment se terminera notre ère à nous, les humains - les Rouillés, dans le vocabulaire du livre - et ce qu’il y aura après : un monde bourré de technologie (ponts magnétiques qui signalent le passage d’ennemis, bracelets anti-accidents de voiture, etc.)</p>
<p>L'héroïne, c'est Tally, bientôt 16 ans. Comme tous les ados de moins de 16 ans dans l’univers de ce roman, elle est laide (« ugly », en anglais).</p>
<p>Mais à partir de cet âge, toute personne qui le souhaite (c’est-à-dire tout le monde !) « bénéficie » d’une opération pour devenir Pretty, c'est-à-dire parfait physiquement mais aussi mentalement (plus de jalousies, plus d’ongles rongés, de disputes et donc plus de guerre !).</p>
<p>Les Pretties habitent tous dans la même ville et sont séparés des Uglies. Ils font sans arrêt la fête et sont complètement libres. Le rêve de chaque Ugly est de devenir Pretty.</p>
<p>Mais certains ne croient pas à ce paradis promis par les autorités. Ces personnes sont des Rebels et fuient les villes pour retrouver une vie proche des celle des Rouillés. Ils acceptent de rester « moches » pour conserver leur personnalité.</p>
<p>Tally méprise les Rebels, son plus grand souhait étant de devenir Pretty. En attendant le jour J, elle se trouve une nouvelle amie… qui choisit les Rebels…</p>
<p>Quel camp Tally va-t-elle choisir ?</p>
<p>« Uglies » est un roman captivant. Tout en nous emportant dans cet univers très spécial, l’auteur en profite pour nous faire réfléchir sur la nature des hommes, et leurs excès. L’auteur conte aussi avec réalisme comment notre monde pourrait finir. J’aime aussi l’évolution du récit. Dans la première partie, les Uglies nous sont présentés comme des êtres sales, laids, presque répugnants comparés aux (trop) brillants Pretties. Puis, au fil du récit, le lecteur apprend à connaître de plus près ces Uglies et ces Rebels et à comprendre que les plus heureux ne sont pas toujours ceux qu’on croit…</p>
<p>Et puis ce livre est plein d’humour, comme on le voit dans le petit extrait que je vous livre pour achever de vous allécher !</p>
<p>(Tally se trouve dans une très vieille bibliothèque contenant des documents concernant les Rouillés)</p>
<blockquote><p>« Shay (…) se tourna vers une étagère et en sortit une poignée d’ouvrages sous emballage plastifié qu’elle déploya devant Tally<br />
- Des livres sur papier ? Et alors ?<br />
- Pas des livres, on appelle ça des « magazines », expliqua Shay<br />
Elle en ouvrit un et pointa le doigt. Les pages étrangement brillantes étaient couvertes de photos. De gens. Moches.<br />
Tally écarquilla les yeux (…). Elle n’avait jamais vu autant de visages si différents. Des bouches, des yeux, des nez de toutes les formes possibles, et sur des gens de tous ages. Et les corps ! Certains ridiculement gras, d’autres horriblement musclés, ou bien d’une maigreur troublante ; presque tous présentaient d’importants défauts de proportion. Mais au lieu d’avoir honte de leurs difformités, ces gens riaient, s’embrassaient, prenaient la pose, comme si toutes ces photos avaient été prises lors d’une gigantesque réception.<br />
-Qui sont ces monstres ?<br />
-Ce ne sont pas des monstres, répondit Shay. Le plus dingue, c’est que ce sont des gens célèbres.<br />
-Célèbres pour quoi ? Pour leur laideur ?<br />
-Non. Ce sont des sportifs, des acteurs, des artistes. Les hommes aux cheveux filandreux sont des musiciens, je crois. Les plus moches sont des hommes politiques,
et quelqu’un m’a dit que les gras-doubles sont principalement des comiques.<br />
-Alors, c’est à ça que ressemblaient les gens avant le premier Pretty ? Comment arrivaient-ils à se regarder les uns les autres ? »</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/ugli.jpg" alt="Uglies" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Uglies, Scott Westerfield, traduit de l'anglais (Australie) par Marie-France Girod, Pocket Jeunesse, 432 pages, 12,83 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2266214268/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2266214268&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2266214268" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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Nous avons également lu le Tome II, « Pretties ». Lisez <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/05/10/243-pretties-scott-westerfield">notre critique</a>.
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/11/08/197-uglies-scott-westerfield#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/178Une exécution ordinaire - Marc Dugainurn:md5:a0b8b429ac29382db43a18926dc3acb52007-05-08T21:53:00+00:002018-10-23T15:37:52+00:00BernardL'aventuredictaturemerRussie<p>Mais qui a dit que les auteurs français n’étaient plus capables de raconter des histoires ? Moi. Marc Dugain vient de m'administrer un démenti cinglant.</p> <p>Quoi de plus agréable de commencer à lire un roman avec ses petits soucis, puis d’oublier tout et tout de suite, pour entrer dans un salon discret du Kremlin, où Olga Ivanovna Atlina soigne Staline en personne. Elle ne le fait pas de gaieté de cœur : Olga, médecin réputé a été dûment réquisitionnée par le Maître, et a été priée de quitter son mari sous peine de faire plus ample connaissance avec les frimas sibériens.</p>
<p>Cela s’appelle de la terreur. Staline assume :</p>
<blockquote><p>Pour moi, la terreur, c’est la certitude pour tout homme de l’Union soviétique, du plus humble au plus puissant, de l’anonyme à l’ami de Staline, que rien ne le protège d’une décision de l’exécuter qui peut tomber à chaque instant sans véritable fondement. »</p>
</blockquote>
<p>Staline à peine décédé, nous voici en Allemagne de l’Est, en compagnie de Vladimir Plotov, un espion du KGB. Il sera chargé d’approcher une accorte allemande l’Est, espionne, elle aussi, qui lui proposera ses charmes et ses deniers. Plotov résistera et deviendra le président russe. Si cela vous fait penser à Vladimir Poutine, c'est normal !</p>
<p>A peine remis de ces émotions, Dugain nous transporte au bord de la mer de Barents, pour partager la vie quotidienne de Pavel, le père d’un marin naufragé dans l’accident d’un sous-marin russe, l’Oskar. Si cela vous fait penser au Koursk, naufragé pour de vrai le 12 août 2000, c'est normal.</p>
<p>Et pour terminer, Marc Dugain conte les dernières heures de Vania, le fils de Pavel, par 100 mètres de fond, dans l'indifférence du président Vladimir Plotov, pourtant informé du drame. A la lecture des passages décrivant la raréfaction de l’oxygène, ne vous étonnez pas si vous respirez péniblement. Prenez une bonne bouffée d’air avant de lire ceci :</p>
<blockquote><p>Le silence s’est progressivement emparé de l’épave. Les heures s’égrènent et, quand le sommeil paraît poindre, le froid devient subitement insupportable. La mer a refroidi l’épave à température des profondeurs. Il devient impossible de dormir. Vania réalise que sa hanche est mouillée. L’eau est là, déjà. En montant, elle comprime la bulle d’air. Les corps sont à moitié paralysés par l’eau glacée et les têtes écrasées par la pression. »</p>
</blockquote>
<p>Si vous aimez les petites histoires dans la grande Histoire, les récits bien bâtis, le verbe modeste qui n’exclut pas les belles formules, lisez « Une exécution ordinaire ».</p>
<p>Non content de réunir ces qualités, ce roman semble défendre une thèse : celle d’une Russie immuable, où l’impérialisme, le culte du secret, et l’écrasement de l’individu sont des phénomènes qui résistent au temps, que le régime soit tsariste, communiste, ou « démocratique ».</p>
<p>Edifiant!</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Dugain.gif" alt="Une exécution ordinaire" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Une exécution ordinaire, Marc Dugain, Gallimard, 350 pages, 19,90 euros</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/08/92-une-execution-ordinaire-marc-dugain#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/81Les bienveillantes, Jonhatan Littellurn:md5:6343f6333ebbd0bf1c35eaa58eba4b772007-01-26T11:44:00+00:002018-10-23T16:41:10+00:00BernardLa guerredictaturenazisme<p>Peut-on écrire sur un livre que l’on n’a pas lu ? Je pense que oui (<a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/02/04/50-la-revue-de-la-presse-du-4-fevrier#bayard">et je ne suis pas le seul</a>). A une condition : avouer qu’on ne l’a pas lu. Alors je l’avoue : je n’ai pas lu Les Bienveillantes, de Jonathan Littell. Pourquoi : parce qu’il m’a lui-même recommandé de ne pas le lire.</p> <p>Pour ceux qui n’en auraient pas entendu parler, il s’agit des confessions romancées d’un bourreau nazi, présenté avec humanité, et qui raconte, notamment, sa sordide besogne.</p>
<p>A vrai dire, j’avais entamé la lecture. J’était un peu inquiet : j’avais entendu Bernard Pivot dire que ce livre l’avait « agressé ». J’avais entendu dire qu’il était question de crimes abjects, de scatologie, et autres joyeusetés. Bref, mi-excité, mi apeuré je m’avançai de quelques pages.</p>
<p>Jusqu’à ce que je tombe sur ceci :</p>
<blockquote><p>Encore une fois soyons clairs : je ne cherche pas à dire que je ne suis pas coupable de tel ou tel fait. Je suis coupable, vous ne l’êtes pas, c’est bien. Mais vous devriez quand même pouvoir vous dire que ce que j’ai fait, vous l’auriez fait aussi. Je pense qu’il m’est permis de conclure comme un fait établi par l’histoire moderne que tout le monde, ou presque, dans un ensemble de circonstances donné fait ce qu’on lui dit ; et excusez-moi, il y a peu de chances pour que vous soyez l’exception, pas plus que moi. »</p>
</blockquote>
<p>Là, j’ai hésité. Est-ce que je referme le livre pas ? J’étais pris d’un sentiment hostile à l’égard de ces propos, <del>négativistes</del> négatifs. Bon allez, c’est le Goncourt, ne nous laissons pas envahir par ces sentiments. Ce n’est qu’un roman.</p>
<p>J’ai continué. Et j’ai lu ceci :</p>
<blockquote><p>Des détraqués, il y en a partout, tout le temps. Nos faubourgs tranquilles pullulent de pédophiles et de psychopathes, nos asiles de nuit d’enragés mégalomanes ; certains deviennent effectivement un problème. Ces hommes malades ne sont rien. Mais les hommes ordinaires dont est constitué l’Etat – surtout en des temps instables -, voilà le vrai danger. Le vrai danger pour l’homme, c’est moi, c’est vous. Et si vous n’en êtes pas convaincu, inutile de lire plus loin. »</p>
</blockquote>
<p>Alors je n’ai pas lu plus loin. J’ai eu un vrai sentiment de dégoût, de répulsion, et j’ai pensé à jeter le livre à la poubelle. Il fallait qu’il sorte de chez moi. « Offre-le », m’a dit une amie. Mais à qui infliger cela ?</p>
<p>Ayant baissé les armes à la page vingt-sept, je ne puis me permettre une critique. En revanche, j’ai une impression. Je pense qu’un moyen simple de se faire entendre aujourd’hui, c’est de choquer. On le voit tous les jours dans les médias, surtout à la télé. Pour dépasser le brouhaha ambiant, il faut parler plus fort, plus dur. Eprouvant un profond dégoût pour la philosophie de ce livre, absolument négative, je me suis demandé si le seul but de l’auteur n’est pas d’avoir choisi un sujet délicat, et de choquer pour se faire entendre, en justifiant l’injustifiable. En tout cas, ce n’est pas pour son écriture que ce livre s’est vendu.</p>
<p>Pour avoir lu d’autres ouvrages de la rentrée littéraire 2006, je ne comprends pas que celui-ci ait été couronné du Goncourt.</p>
<p>Si le jury continue dans cette veine-là, que faudra-t-il inventer de plus sordide pour être primé ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/bienv.gif" alt="Les Bienveillantes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Les Bienveillantes</strong>, Jonhatan Littell, littérature française, Gallimard, 912 pages, 25 euros. Notre note : 4/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/26/41-les-bienveillantes-jonhatan-littel#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/41