Le Blog des Livres - Mot-clé - Paris<p>Le Blog des livres est un site littéraire qui propose depuis 2007 des critiques et des avis sur des livres et romans récents et des interviews d'écrivains.</p>2023-12-18T19:18:18+01:00Bernardurn:md5:22018af4414fc176da7671c3b1eda900DotclearBaisers de cinéma - Eric Fottorino - Prix Fémina 2007urn:md5:9e190af79345764e69177aea35d599a62008-01-13T21:54:00+00:002018-10-22T13:50:14+00:00BernardL'amourcinémaParissentimental<p>Comme moi, vous êtes sans doute attentifs aux sons, aux odeurs, au goût et autres sensations. Mais Eric Fottorino vient de m'initier avec adresse aux plaisirs de la lumière dans ses multiples nuances.</p> <p>Gilles Hector a vu le jour un peu par hasard.</p>
<blockquote><p>Je ne sais rien de mes origines. Je suis né à Paris de mère inconnue et mon père photographiait les héroïnes. Peu avant sa mort, il me confia que je devais mon existence à un baiser de cinéma. »</p>
</blockquote>
<p>Ces héroïnes, dont parle Gilles, sont les actrices de cinéma des films de Renoir, Chabrol et les autres. Mais le père de notre héros a emporté son secret dans la tombe. Alors Gilles se tourmente : est-il le fils de Jeanne Moreau, Anna Karina, Marthe Keller, Françoise Dorléac ou d'une éphémère starlette ?</p>
<p>Gilles préfère oublier son tourment, et s'amourache à la folie de Mayliss, une femme « très mariée », aussi fuyante que le fut la mère de notre héros. Il s'engage tête baissée dans cette noire passion.</p>
<blockquote><p>Elle m'apparaissait tel un continent de solitude dont rien ne pourrait freiner la dérive. Il n'était pas question d'amour. C'était plus grave encore. Mayliss inspirait l'envie d'aimer et la mort qui vient parfois avec cette envie. »</p>
</blockquote>
<p>Eric Fottorino conte cette amour somme toute ordinaire. Sauf qu'il la raconte en éclairagiste. Discrètement, il illumine pour nous certains petits moments entre les amoureux.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>La tête contre mon épaule, la bouche entrouverte, elle ne disait rien. Parfois un lampadaire isolé éclairait son visage. »</p>
</blockquote>
<p>Ou ici.</p>
<blockquote><p>Je me levai, Mayliss au bout de ma main, et nous sortîmes, prenant soin de sauter dans les taches de lumière qui dansaient sur le marbre. »</p>
</blockquote>
<p>Jusqu'au moment où Gilles accepte enfin la réalité.</p>
<blockquote><p>Je n'étais pas amoureux, j'étais intoxiqué. »</p>
</blockquote>
<p>Pour se libérer de sa dépendance, il part seul à la recherche de sa mère. Alors, Jeanne Moreau, Françoise Dorléac ou une autre ? Je vous laisse la surprise.</p>
<p>Que penser de « Baisers des cinéma » ? A notre tour, jouons des ombres et des lumières. Le côté sombre, c'est une écriture qui traîne parfois un peu la patte. La mécanique des événements est un peu trop visible, comme dans ces films où l'on aperçoit la perche du micro, qui donne un côté burlesque à un moment qui se voulait intense.</p>
<p>Côté lumière, des petits moments très biens rendus et une belle histoire d'amour, avec des personnages parfaitement crédibles. La psychologie est très fine, surtout chez les deux tourtereaux. Les amoureux de la passion et les passionnés de l'amour se retrouveront à coup sûr dans ce tableau. Enfin, les références cinématographiques sont nombreuses mais pas envahissantes, et toujours accessibles aux profanes.</p>
<p>Bref, pas un roman brillant, pas un texte éteint non plus, juste un agréable clair-obscur.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Baiser.jpg" alt="Baisers de cinéma" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Baisers de cinéma, Eric Fottorino, Gallimard, 189 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/13/223-baisers-de-cinema-eric-fottorino-prix-medicis-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/203Dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modianourn:md5:7e6a3f0b4ce37c560d956025f6cd5cde2008-01-06T22:04:00+00:002018-10-22T13:50:20+00:00BernardL'amourcafénostalgieParis<p>C'est comme si vous vous rendiez à deux dans un endroit animé et pittoresque, comme un café où les prix sont en francs ou un restaurant avec des nappes en papier.</p> <p>Hélas, très vite, votre interlocuteur vous ennuie. Alors vous l'écoutez d'une oreille, tandis que l'autre vibre au son des éclats de rires et de voix de la tablée voisine, où vous rêvez de vous asseoir.</p>
<p>C'est le sentiment qui m'habite en sortant du « Café de la jeunesse perdue ». Les lieux décrits ont l'air plein de vie et d'ambiances, mais mon interlocuteur, Patrick Modiano, m'a endormi.</p>
<p>L'auteur met en scène trois narrateurs successifs, qui ont en commun d'avoir fréquenté au même moment le Condé, un café parisien du carrefour de l'Odéon.</p>
<blockquote><p>Cette clientèle, un passant qui aurait jeté un regard furtif de l'extérieur l'aurait prise pour une simple clientèle d'étudiants. Mais il aurait bientôt changé d'avis en remarquant la quantité d'alcool que l'on buvait. Dans les paisibles cafés du quartier latin, on n'aurait jamais bu comme ça. »</p>
</blockquote>
<p>Ces mots sont du premier narrateur, un client un peu effacé, qui raconte comment un soir, une jeune femme que personne ne connaît, s'est installée seule à table. Le café va l'adopter, et la baptiser Louki.</p>
<p>Mais qui est Louki, quel est son vrai nom ? Roland, le deuxième narrateur, un client apparu quelques jours après la jeune femme, le sait. Le mari de Louki, alias Jacqueline, l'a mandaté pour lui ramener sa femme, disparue sans laisser de trace.</p>
<p>C'est Louki qui prend ensuite la parole. On comprend que son mari a peu de chance de la retrouver.</p>
<blockquote><p>A chaque fois que je coupe les ponts avec quelqu'un, je ressens la même ivresse. Je ne suis vraiment moi-même qu'à l'instant où je m'enfuis. »</p>
</blockquote>
<p>Le détective ramènera-t-il Louki à bon port ? Je m'arrête ici, surtout que cette intrigue mollassonne n'est que prétexte pour ressusciter le Paris perdu d'une jeunesse qui n'avait pour repère qu'un café.</p>
<blockquote><p>Dans cette vie qui vous apparaît quelquefois comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses. »</p>
</blockquote>
<p>Mais je suis déçu. J'aurais voulu vivre ce roman nostalgique comme un soirée inoubliable. J'aurais voulu m'enivrer et refaire le monde à une table du Condé. J'aurais voulu arpenter ces « zones neutres » parisiennes, ces rues qui n'ont d'autre ambition que de déboucher sur les passerelles du métro. Le temps d'un roman, j'aurais voulu aimer Louki, lui parler de livres, la laisser revenir et fuir. Mais je n'ai pas senti le zinc, l'odeur du tabac, l'amitié qui monte avec l'alcool, les détresses d'un amour illusoire et l'humidité des rues obscures qui vous glace sous la veste.</p>
<p>Non, je n'ai rien senti.</p>
<p>Ce café de la jeunesse est bel et bien perdu, et même Modiano ne l'a pas retrouvé.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Modiano.jpg" alt="Dans le céfé de la jeunesse perdue" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Dans le café de la jeunesse perdue, Patrick Modiano, 149 pages, 14,50 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2008/01/06/220-dans-le-cafe-de-la-jeunesse-perdue-patrick-modiano#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/200No et moi - Delphine De Viganurn:md5:709c007ebb9d858e67f7566f4b9015ec2007-10-07T18:30:00+00:002018-10-22T14:34:01+00:00BernardLa vieadolescenceamitiéParis<p>Les livres, c’est comme les gens. Il ne faut pas les prendre de haut. Démonstration.</p> <p>J’avais décidé de toiser « No et moi », de Delphine de Vigan. Car pour moi, l’histoire d’une ado qui sympathise avec une SDF devait couler et coller aux doigts comme le miel à travers la tartine.</p>
<p>Lou a 13 ans, « bientôt quatorze ». Au lycée, cette élève surdouée choisit pour thème de son exposé « La situation des sans-abris ». Cette idée lui est venue à la gare d’Austerlitz, où elle prend plaisir à regarder les gens. C’est là que Nolwenn, 18 ans, SDF, No pour les intimes, a demandé du feu à Lou. Les deux filles ont sympathisé. Puis se sont séparées. No est restée sur le quai. Lou est rentrée au chaud.</p>
<blockquote><p>Je me suis retournée pour lui faire un petit signe de la main, elle est restée là, à me regarder partir, ça m’a fait de la peine parce qu’il suffisait de voir son regard, comme il était vide, pour savoir qu’elle n’avait personne pour l’attendre, pas de maison, pas d’ordinateur, et peut-être nulle part où aller. »</p>
</blockquote>
<p>Allez savoir pourquoi, cette phrase m'a retourné. A cause du « pas d’ordinateur ». Cette vérité enfantine m’a fait un croche-pied.</p>
<p>Lou va réussir brillamment son exposé, et les deux filles vont devenir amies. Car il y a des choses de la vie qui sont l’horrible norme mais que Lou n’accepte pas.</p>
<blockquote><p>Moi je m’en fous pas mal qu’il y ait plusieurs mondes et qu’il faille rester dans le sien. Je ne veux pas que mon monde soit un sous-ensemble A qui ne possède aucune intersection avec d’autres, que mon monde soit une patate étanche tracée sur une ardoise, un ensemble vide. »</p>
</blockquote>
<p>Lou va donc héberger No dans son monde, jusque dans sa maison.</p>
<p>Il y a des moments amusants, comme l’instant où Lou tombe amoureuse.</p>
<blockquote><p>Panique à Disneyland, alerte rouge, mobilisation générale, affolement biologique, court-circuit, carambolage interne, révolution sidérale. »</p>
</blockquote>
<p>Et des moments de grâce.</p>
<blockquote><p>J’ignore laquelle de nous deux soutenait l’autre, laquelle était la plus<br />
fragile. »</p>
</blockquote>
<p>« No et moi » est un roman juste. Si l’on excepte l’artifice un peu osé qui consiste à rendre Lou surdouée pour la faire raisonner comme une adulte, et à part quelques discrètes invraisemblances, Delphine de Vigan s’est glissée avec tendresse, talent, intelligence et finesse dans la peau d’une ado. Bien écrit, ce petit roman de la révolte évite miraculeusement la facilité et la morale à prix cassé.</p>
<p>Ce livre m’a convaincu et ému comme le ferait un enfant qui vous met à court d’arguments, rien qu’avec sa logique de dessin animé.</p>
<p>Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/01/16/Rien-ne-s-oppose-%C3%A0-la-nuit-Delphine-de-Vigan">Rien ne s'oppose à la nuit</a></p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/No.jpg" alt="No et moi" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>No et moi, de Delphine De Vigan, JC Lattès, 287 pages, 14 euros. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/225312480X/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=225312480X&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em> le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=225312480X" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/10/07/178-no-et-moi-delphine-de-vigan#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/160Le canapé rouge - Michèle Lèsbre - Rentrée littéraire 2007urn:md5:8caf90fa2755cbe46ee89268d03c6f4b2007-09-21T21:17:00+00:002018-10-22T14:34:23+00:00BernardL'amourParisRussievoyage<p>Le sirop d’Erable vous écœure ? Vous ne pouvez plus supporter les slows du genre « Hotel California » ? La boule de glace sur la tarte tatin devrait, selon vous, être rayée de la carte (des desserts) ? Alors ne lisez pas « Le canapé rouge ».</p> <p>Ce roman sucré raconte l’histoire d’Anne, qui entreprend un voyage en train à travers la Russie pour retrouver Gyl, l’homme qu’elle n’aimait plus vraiment mais bon encore un peu alors elle a voulu le revoir.</p>
<p>Anne raconte son périple ferroviaire, son arrivée dans cette petite ville au bord du lac Baïkal et le destin de son ancien amant. Un destin qu’elle soupçonnait, mais qu’il lui a fallu approcher au plus près.</p>
<p>Anne croise ce récit avec celui de sa fascination pour Clémence, sa voisine âgée, qui vit à l’étage en dessous de chez elle, à Paris. Clémence a élu domicile dans un canapé rouge, qui trône en ses appartements.</p>
<blockquote><p>Deux fois par semaine je descendais l’étage pour lui faire un peu de lecture, ou lui raconter la vie de femmes qui m’étaient chères par leur insolence, leur courage, leur espièglerie parfois, leur destin tragique souvent. »</p>
</blockquote>
<p>Ces femmes qui se nomment Marion de Faouët, Olympe de Gouges, Milena Jesenská ou Anita Conti.</p>
<p>Les deux amies se racontent aussi leurs amours, déçues ou non, et la façon dont elles tentent de ressembler à leurs héroïnes, une obsession que Clémence poussera finalement au-delà des limites.</p>
<p>Malgré ses bonnes intentions, je sors de ce roman avec un brin d’irritation.</p>
<p>Il regorge de clichés. En Russie, les gens s’appellent « Boris, Piotr ou Vania ». Ils ont « les yeux gris-bleus ». Dans le train, la narratrice lit Dostoïevski. A Moscou, elle traverse la place Rouge et visite le musée Pouchkine. Et puis la mafia se terre, « derrière les vitres teintées des Mercedes. » Quand il est question de Cuba, c’est pour évoquer les Mojitos, quand on aborde Venise, c’est pour parler du « clapotis de l’eau sous la fenêtre. »</p>
<p>Sans parler des phrases qui se veulent aériennes, des sentiments qui se veulent élevés, mais qui peinent à quitter le plancher des vaches.</p>
<p>Comme ici.</p>
<blockquote><p>Je pensais à Gyl, à cette maxime tibétaine disant que le voyage est un retour à l’essentiel. Et puis je m’étais tue, absorbée par l’inquiétude qui me poussait si loin, si seule. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà, moi qui ne suis pas le dernier à verser une larme quand d’autres gardent contenance, ce livre ne m’a pas touché. Personnellement, j’aime que l’émotion me surprenne, j’aime tomber dans le piège des mots choisis et des situations subtiles d’où naît le grand frisson.</p>
<p>Mais ici, je n’ai pu m’abstraire d’un inconfort, qui m’a rappelé ces vins où l’on ajoute des copeaux de bois pour leur donner un goût de vanille...
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Canapa.jpg" alt="Le canapé rouge" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Le canapé rouge, de Michèle Lèsbre, éditions Sabine Wespieser, 149 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/21/169-le-canape-rouge-michele-lesbre-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/151Chroniques de l'asphalte 2/5 - Samuel Benchetrit - Rentrée littéraire 2007urn:md5:bd115168cb31d1a7695629a25b93e1c32007-09-02T14:50:00+00:002018-10-22T14:35:23+00:00BernardL'aventureParis<p>Ce qu’il y a de chouette avec Samuel Benchetrit, c’est qu’il annonce immédiatement la couleur. Vive.</p> <blockquote><p>DRRRRIIINNG a fait le réveil.</p>
<p>
BOUM mon poing contre le réveil.</p>
<p>
SPLASH SPLASH les giclées d’eau balancées à la gueule.</p>
<p>
Et GLOUP GLOUP le café égoutté. »</p>
</blockquote>
<p>Voilà les premières lignes. Vous l’aurez compris, tout cela n’est pas très Gallimard. Le style est brut, et les petites histoires que Samuel Benchetrit conte à coup d’onomatopées, ne le sont pas moins. Fil conducteur de ce deuxième volet des « Chroniques de l'asphalte » : Bench, un jeune adulte, candide, espiègle et sans le sou, débarque à Paris. Et pas sur les sentiers battus, contrairement à ce que le titre du livre pourrait laisser accroire.</p>
<p>On rencontre des biscuits italiens qui parlent.</p>
<blockquote><p>Vieni… Mangiami, mangiami… Hum… Buono… Sono la perfezione… Vieni… Prendimi in bocca….</p>
<p>
- Qui me parle ?</p>
<p>
- Noi.</p>
<p>
- Qui Noi ? »</p>
</blockquote>
<p>Il y aussi des moments de suspense. Comme la circoncision de Bench, à 18 ans, précédée d’une petite mise au point avec le rabbin.</p>
<blockquote><p>- Pourquoi tu as peur comme ça, fit le rabbin.</p>
<p>
- Ben c’est à cause de…</p>
<p>
J’ai mimé un ciseau qui coupe.</p>
<p>
- J’ai peur de déguster vous comprenez ?</p>
<p>
- Oui, mais après tu seras un homme juif.</p>
<p>
- J’ai peur de devenir une femme juive, monsieur le rabbin. »</p>
</blockquote>
<p>Il est aussi question d’une blonde plantureuse qui s’appelle Jean-Marc, d’un pilier de bistrot qui mange des verres et des comptoirs et qui rêve de dévorer Nantes, d’un Black qui corrige un troupeau de skins à lui tout seul et j’en passe.</p>
<p>Derrière les pompes à bières des bistrots qui ne ferment jamais, dans les voitures du RER, dans les petits appartes miteux juste sous les toits, Bench apprend la vie. J’ai aimé ce ton naïf, cette créativité, cette petite touche de sensibilité, et cette bouffée d’air frais dans une littérature très propre sur elle. Car il faut le savoir : ça vomit beaucoup, ça sodomise, c’est très Marcel et bite-couille-nichon, ça ne plaira pas à tout le monde. Vous l’aimerez si comme moi vous ne crachez pas sur le houblon, les bistrots et leur faune, les surprises de la ville, le désordre, quoi.</p>
<p>Mais qu'on se le dise : ce livre-là n’est pas très urbain…
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Bench.jpg" alt="Chroniques de l'asphalte 2/5" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Chroniques de l'asphalte, Samuel Benchetrit, Julliard, 241 pages, 18 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/09/02/156-chroniques-de-l-asphalte-samuel-benchetrit-rentree-litteraire-2007#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/138L'explosion de la durite - Jean Rolinurn:md5:dbac0f84b4f24b5e51ae458eef0c0ac92007-07-14T19:09:00+00:002018-10-22T14:37:09+00:00BernardLe lointainAfriqueParisvoyage<p>Il y a des livres énervants.</p> <p>Surtout quand ils sont plein de promesses.</p>
<p>Par leur titre : « L’explosion de la durite ».</p>
<p>Par leur trame : un Français et son ami Foudron, congolais, se piquent d’acquérir une Audi 25 de 12 ans d’âge et 250.000 kilomètres au compteur et de l’exporter à Kinshasa, histoire de la transformer en taxi rutilant.</p>
<p>Et par leurs premiers mots, savoureux, qui nous propulsent, si j'ose dire, sur une piste congolaise, à bord d’une voiture…</p>
<blockquote><p>…immobilisée sur le bas côté, son pare-brise éclaboussé d’eau bouillante et des tourbillons de vapeur s’échappant du capot avant même qu’il soit ouvert. Quand il le fut, les tourbillons se firent plus denses, et l’eau que contenait encore le radiateur gicla sitôt le bouchon dévissé. »</p>
</blockquote>
<p>Là où j’en ai moi-même pété une, de durite, c’est lorsque je me suis rendu compte que l’intrigue, qui ramollit après l’entrée en scène très réussie, n’est qu’un prétexte à quelques considérations historiques et verbeuses sur Joseph Conrad, Patrice Lumumba ou le Che Guevara.</p>
<p>Considérations, qui plus est, ponctuées des commentaires du narrateur qui oublie qu’il raconte une histoire et non l’Histoire.</p>
<p>Ce ne serait pas trop grave si tout cela n’était agrémenté d’une pointe de condescendance.</p>
<p>Tout le monde y passe.</p>
<p>Les Africains.</p>
<blockquote><p>En fait, il me semblait qu’il étaient incapables d’envisager l’avenir et de calculer en fonction de celui-ci, comme la plupart des gens que j’avais rencontré à mon arrivée dans ce pays. »</p>
</blockquote>
<p>Les Bulgares.</p>
<blockquote><p>La boutique que le marchand d’accessoires automobiles nous avait désignée était minuscule, et le couple qui la tenait, d’origine indéfinissable, peut-être des Bulgares, donnait une impression de malhonnêteté sympathique et presque humanitaire. »</p>
</blockquote>
<p>Les Belges.</p>
<blockquote><p>Pourquoi Sebald fait-il de ce personnage déplaisant et ridicule un Français, alors que tout, à commencer par la logique, le désigne en effet comme un Belge ? »</p>
</blockquote>
<p>Les Polonais et les Ukrainiens.</p>
<blockquote><p>Des trois lieutenants (un Polonais et deux Ukrainiens, NDLR), Arkadius, le Polonais, est le seul qui aurait à la rigueur trouvé grâce auprès d’un public moyen d’intellectuels occidentaux. »</p>
</blockquote>
<p>En tant qu’intellectuel occidental, je n’ai pas aimé ce roman. Je ne remercie pas les intellectuels occidentaux de l’Académie Goncourt de me l’avoir <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2007/06/16/114-le-goncourt-selectionne-14-romans-pour-les-vacances-d-ete">recommandé</a> pour l’été.
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<img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/flash/durite.jpg" alt="L'explosion de la durite" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>L'explosion de la durite, de Jean Rolin, P.O.L, 221 pages, 17 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/07/14/130-l-explosion-de-la-durite-jean-rolin#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/118Victor - Michèle Fitoussiurn:md5:2d9f040d86e23cf424cc581545fba77b2007-06-07T08:25:00+00:002018-10-22T14:39:40+00:00BernardLa viefamilleParisvieillesse<p>Méfiez-vous des vieux.</p> <p>Ecoutez plutôt l'histoire de Guillaume et Sylvie et leurs deux enfants, Marguerite et Felix. C’est une famille bien comme il faut, « une famille Ricoré », avec des enfants « sages comme des images de synthèse ».</p>
<p>Guillaume est un sacré coincé.</p>
<blockquote><p>Il aimait bien les petits rituels qui balisaient sa vie paisible. »</p>
</blockquote>
<p>Sylvie aussi.</p>
<blockquote><p>Ses cheveux blonds étaient toujours attachés sur la nuque, comme si en les lâchant, elle craignait de se relâcher. »</p>
</blockquote>
<p>Les deux époux, qui se sentent un peu coupables de cette vie sereine dans ce monde de brute, participent donc à l’opération organisée par le très cynique magazine « Global », soucieux de doper ses ventes en berne.</p>
<blockquote><p>Vieux monsieur solitaire, ancien libraire, sans attaches ni famille, expulsé de son domicile par son propriétaire, cherche un foyer aimant et chaleureux où vivre heureux. Ecrire au journal. »</p>
</blockquote>
<p>Ils adoptent Victor. Très vite, l'octogénaire aux yeux d'oiseau blessé, devient la coqueluche du quartier et des lecteurs de "Global". Mais avec un sens diabolique de l'organisation, il va tisser sa toile dans ce foyer modèle, pour en faire un joyeux bordel.</p>
<p>Exemple ?</p>
<ul>
<li>- Sylvie prend un amant, un reporter surnommé « Rouletabite » dans sa rédaction</li>
<li>- Victor escroque Guillaume pour 30.000 euros</li>
<li>- Felix, le fils cadet, commence à fumer ET à boire sous l'influence de qui vous savez</li>
<li>- Victor fait chanter Sylvie car il a filmé sa liaison...</li>
</ul>
<p>Et j’en passe.</p>
<p>Guillaume ne veut rien voir, car Victor est le père dont il a toujours rêvé. Jusqu’au jour où Sylvie la rebelle menace de rompre. Mais comment se débarrasser de Victor ? Je vous laisse le découvrir...</p>
<p>Les traits psychologiques des personnages de ce roman sont parfois un peu forcés. C'est un peu féministe. Et l’écriture n’est pas d’une grande finesse.</p>
<p>Comme ici :</p>
<blockquote><p>Insensible à la mélancolie du ciel, le soleil s’obstinait à bouder »</p>
</blockquote>
<p>Mais j’ai souri en lisant Victor. L’histoire, farcie d'un humour un peu carnassier, est très bien construite, et rappelle « La vie est un long fleuve tranquille ». C’est une belle chronique d’un couple endormi sur ses lauriers... et réveillé en sursaut.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Victor.jpg" alt="Victor" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>Victor, Michèle Fitoussi, Grasset, 373 pages, 18,90 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/06/07/107-victor-michele-fitoussi#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/92La femme du Vème - Douglas Kennedyurn:md5:35da6ebe4635b1a56bca303a16037f822007-05-10T19:17:00+00:002018-10-23T15:37:42+00:00PhilippeLa vieenquêteParis<p>Quand un auteur américain passe sa vie à Paris, qu'est-ce qu'il raconte ? Une histoire d'Américain à Paris, pardi ! Mais pas vraiment le Paris carte postale que l'on pourrait attendre d'un yankee...</p> <p>Harry Ricks a ce qu’il convient d’appeler une sacrée quinte ! Prof dans une université américaine, Harry se retrouve au cœur d’un scandale pour avoir batifolé avec une de ses étudiantes. Sa vie, jusque là tranquille, tombe en lambeaux. Notre homme n’a pas d’autre choix que de s’exiler à Paris.</p>
<p>Sans énormément d’argent, il atterrit dans une chambre pourrie du 10ème arrondissement. Au fond du fond, histoire de gagner quelques euros, pour tout simplement survivre, Harry travaille comme veilleur de nuit dans un endroit sinistre et glauque. Alors qu’il nage en plein désespoir, Harry fait la connaissance de Margit, une hongroise torride qui ne va pas tarder à lui faire tourner la tête.</p>
<p>L’Américain Douglas Kennedy, auteur à succès de « La poursuite du bonheur » ou de « L’homme qui voulait vivre sa vie », livre avec ce nouveau roman une espèce de polar, parce qu’Harry va se retrouver au cœur d’événements tout simplement incontrôlables et même soupçonné de meurtres. Sous ce format polar, Kennedy en profite pour revisiter ses thèmes de prédilection avec une douce mélancolie, caractéristique de son œuvre. Souvent en guerre contre le conformisme puritain de son pays (l’auteur vit en Europe depuis 30 ans), Douglas Kennedy décrit la chute d’un homme en proie à ses propres démons et à ses blessures secrètes.</p>
<p>Comme ici :</p>
<blockquote><p>Me laissant à peine le temps de remonter mon jean et de cracher un jet de salive ensanglantée dans l’évier, elle m’a conduit sur le trottoir… J’ai regagné mes pénates tant bien que mal, je me suis gargarisé à l’eau salée pendant deux minutes ou plus. Je me suis dépouillé de mes vêtements, j’ai avalé un cachet de Zoplicone et trois d’analgésiques. Ce cocktail chimique m’a terrassé, et lorsque je me suis réveillé à deux heures de l’après-midi, ç’a été pour découvrir que je ne savais plus parler. »</p>
</blockquote>
<p>C’est, comme toujours, agréablement écrit et passionnant. Et pour la première fois dans sa bibliographie, l’Américain ajoute une dimension métaphysique et surnaturelle à son roman. L’influence, revendiquée, des nouvelles d’Edgar Allan Poe, sans doute.</p>
<p>C’est aussi l’occasion de découvrir un Paris crépusculaire et crasseux. Mais l’important est sans doute ailleurs. Comme toujours chez Kennedy, les hommes sont faibles. C’est cette faiblesse d’un Harry déchu en phase de rédemption avec sa belle hongroise qui donne tout son sel à ce roman noir dont le dernier tiers est absolument palpitant et… envoûtant.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Kennedy.jpg" alt="La femme du Vème" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em>La femme du Vème, de Douglas Kennedy, Belfond, 384 pages, 22 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/05/10/93-la-femme-du-veme-douglas-kennedy#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/83Une vraie Parisienne - Gilles Martin-Chauffierurn:md5:818adb3ed0b5f38482825b9168a4692c2007-04-06T09:01:00+00:002018-10-23T15:38:09+00:00BernardLa vieParis<p>Mais non ! les Parisiens ne sont pas arrogants, pressés, blessants, verbeux et cupides ! C’est mon avis. Mais ce n’est pas celui de tout le monde…</p> <p>Et sûrement pas celui de Gilles-Martin Chauffier. Peut-on le croire ? On pourrait : il est rédacteur en chef à Paris Match, un hebdo qu’on ne peut pas vraiment qualifier de provincial.</p>
<p>Dans « Une vraie Parisienne », il donne la vie à Agnès de Courroye (ne vous laissez pas impressionner par la particule, elle l’a inventée). C’est donc elle la vraie Parisienne. Elle est guide touristique dans la capitale. Mais c’est alimentaire : son vrai métier, c’est de juger ses contemporains. Comme ici, quand elle décrit une attachée de presse, Coco Danceny :</p>
<blockquote><p>C’est la grande attachée de presse du show business, une cinglée de première, aimable comme la pluie. Un vrai bouledogue, du moins de caractère. Son physique fait plus chienchien. Avec sa coiffure tarabiscotée, on dirait un caniche. Une amie sincère l’aurait envoyée se faire brosser. »</p>
</blockquote>
<p>Et c’est parti. Agnès va infliger ses mauvais traitements à toutes ses rencontres. Toutes, sauf une : le beau Bruce, un chanteur rock à succès qu’Agnès est chargée de promener dans Paris, et qui a « les dents blanches comme une carte de visite ».</p>
<p>Agnès serait donc dotée de sentiments ? Que nenni ! Elle en veut évidemment à ses dollars. Elle ne le lui cache pas : elle l’appelle « mon portefeuille chéri. » Et il l’aime pour cela. Jusqu’au jour où elle entreprend de faire monter les enchères en l’accusant de l’avoir battue, ce qu’elle ne manque évidemment pas de faire savoir à la presse parisienne.</p>
<p>D’accord, l’histoire n’a pas la finesse d’un d’un salon du seizième. Mais si le mot « tchatcher » pouvait s’employer pour l’écrit, Gilles Martin-Chauffier en serait un orfèvre. Et c’est cela qui fait l’intérêt de ce roman de vacances. Et rien d’autre, ai-je envie de dire : car il lui arrive d’en faire un (tout petit) peu trop, et il parle un peu trop de Sarkozy. Je me demande même parfois s’il ne fait pas sournoisement sa campagne. Cela n’a rien à faire dans un roman.</p>
<p>Mais ne nous arrêtons pas à cela, et pour terminer, dégustons, ensemble, quelques sentences et réparties.</p>
<blockquote><p>Se marier, Jean-Pierre, c’est choisir la personne qu’on haïra pendant deux ou trois ans. Vous devriez le savoir puisque vous êtes à votre troisième divorce. N’en rajoutez pas dans le romantisme, ce n’est plus de notre âge. Enfin, du vôtre »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Il est con comme une valise sans poignée »</p>
</blockquote>
<blockquote><p>Est-ce que je crois en Dieu ? Evidemment puisque l’homme l’a créé. C’est comme si je ne croyais pas au téléphone ou au cinéma »</p>
</blockquote>
<p>Amusez-vous bien !</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/revuepresse/Parisienne.jpg" alt="Une vraie Parisienne" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /><em>Une vraie Parisienne, Gilles Martin-Chauffier, Grasset, 296 pages, 21 euros.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/04/06/85-une-vraie-parisienne-gilles-martin-chauffier#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/74L'élégance du hérisson - Muriel Barberyurn:md5:50d1ab4b20e98c3a4bfcaffe63fb94222007-01-14T16:40:00+00:002018-10-23T16:41:29+00:00BernardLa vieadolescencefamilleParis<p>Pour faire un bon roman, une bonne idée, ça ne peut pas faire de tort. On a vu des auteurs s’épuiser sur des dizaines de pages poussives parce qu’ils ne savaient pas eux-mêmes de quoi ils avaient envie de parler exactement ou que leur histoire reposait sur une idée trop simple.</p> <p>L’Elegance du hérisson, de Muriel Barbery, réussit le tour de force de partir d’une bonne idée, de la transformer en bonne histoire. Et en plus, elle se paye le luxe de nous livrer tout cela avec une écriture du dimanche !</p>
<p>La bonne idée, d’abord. Renée, 54 ans est concierge dans une immeuble très chic, dans une rue très chic d’un arrondissement très chic de Paris la chic. Son petit secret, c'est qu’elle est plus cultivée que tous les habitants de l’immeuble réunis. Eux n’hésitent évidemment pas à étaler leur modeste savoir. Mais Renée, elle, entend bien cacher ce qu’elle considère comme une tare. Elle multiplie donc les artifices pour rassurer tout le monde, et se présente comme une concierge bien comme il faut, avec son gros chat et sa télé qui claironne des jeux télévisés lucratifs et des séries à deux sous. Et pendant que sa télé rassure l'immeuble, elle dévore Freud ou des ouvrages de philosophie médiévale.</p>
<p>Pour corser le récit, Muriel Barbery introduit un second personnage, Paloma, douze ans, fille d’une bonne famille de l’immeuble, pas heureuse du tout, mais avec, elle aussi, un petit supplément d’âme.</p>
<p>Les deux récits parallèles mettent du temps à se fondre, à l'instar des deux êtres, qui vont s’approcher lentement. Il faudra un homme qu'aucune n'attendait pour sceller l'union.</p>
<p>Outre les qualités de l’idée et la bonne tenue de l’histoire, la plume est extrêmement élégante. Je pourrais comprendre qu’on puisse la trouver un rien prétentieuse. Personnellement, je suis un fan des mots simples dont l’agencement crée la puissance, et je n’ai pas trouvé le style de Barbery pompeux.</p>
<p>D’autres lui ont reproché des références culturelles un peu trop nombreuses. A nouveau, libre à chacun de trouver cela excessif, mais j’ai trouvé que ces références étaient glissées habilement, égrenées au fil du récit et sans jamais en altérer le flux.</p>
<p>Bref, ce livre est pour moi un grand roman, malgré le petit risque d’irritation causé par le verbe un peu exigeant et les références culturelles.</p>
<p>Voici ma phrase préférée, non parce qu’elle est la mieux écrite, mais parce qu’elle est bourrée d’humanité. Elle n’est pas de notre concierge, mais de Paloma.</p>
<blockquote><p>Le cœur et l’estomac en marmelade, je me dis que finalement, c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté, où le temps n’est plus le même. C’est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais. Je traquerai désormais les toujours dans le jamais.</p>
<p>
La beauté dans ce monde ».</p>
</blockquote>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/elegance.jpg" alt="L'élégance du hérisson" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>L'élégance du hérisson</strong>, Muriel Barbery, littérature française, Gallimard, 356 pages, 20 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2070391655/ref=as_li_ss_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2070391655&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21"><em>le commander</em></a><em> sur Amazon.</em><img src="https://www.assoc-amazon.fr/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2070391655" width="1" height="1" border="0" alt="" style="border:none !important; margin:0 !important;" />
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/30-l-elegance-du-herisson-muriel-barbery#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/25Mangez-moi - Agnès Desartheurn:md5:4471e8ee9a7de97b28216050455f5e5b2007-01-14T16:31:00+00:002018-10-23T16:41:36+00:00BernardLa tablecuisineParis<p>Qui n’a jamais eu envie d’ouvrir son propre restaurant, un jour, en rentrant excédé du boulot, ou en sortant d’une gargote qui n’arrive pas à la cheville d’un Pizza Hut ? Moi. Vous aussi, je parie. Ou en tout cas, vous avez dans votre entourage quelqu’un qui caresse ce rêve.</p> <p>Agnès Desarthe l’a réalisé pour nous. Par la magie de son personnage, Myriam. On lui devine une cinquantaine d’années, un divorce qu’elle a un peu cherché par une frasque un peu trop audacieuse. Et là voilà, un peu seule, dans Paris.</p>
<p>Or donc, elle ouvre un resto, dans un quartier qui me parait ressembler à ces petites rues du onzième arrondissement où règnent encore des ambiances de quartier. Avec quels sous ? Ecoutez ceci.</p>
<blockquote><p>Suis-je une menteuse ? Oui, car au banquier, j’ai dit que j’avais fait l’école hôtelière et un stage de dix-huit mois dans les cuisines du Ritz. Je lui ai montré les diplômes et les contrats que j’avais fabriqué la veille. J’ai aussi brandi un BTS de gestion, un très joli faux ».</p>
</blockquote>
<p>Son établissement s’appelle Chez moi. Une enseigne particulièrement appropriée, puisque Myriam vit dans son resto. Le soir, elle écarte les tables, ouvre le clic-clac et s’endort.</p>
<p>Mangez-moi est l’histoire chaotique de l’établissement, qui n’a pas d’enseigne. Alors des voisins le prennent pour un café. Le monde afflue à l’heure du petit serré, mais pas un chat pour gouter la cuisine préparée avec tant d’ambition. Ou alors c’est l’inverse : quand Myriam lève le pied avec les fourneaux, les clients affluent.</p>
<p>Professionnelle, Agnès Desarthe injecte au bon moment Ben, celui que Myriam va engager comme serveur. Il arrive comme ça :</p>
<blockquote><p>Je peux vous aider demande une voix dans mon dos.</p>
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Je sursaute.</p>
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- Je peux vous aider ? demande à nouveau la voix.</p>
<p>
C’est ainsi que les anges apparaissent, tombés du ciel sans un bruit pour prononcer la parole absurde et tant attendue. J’éclate de rire, comme fit Saraï le jour où l’ange lui annonça, alors qu’elle avait quatre-vingt-dix-neuf ans qu’elle accoucherait bientôt d’un fils ? »</p>
</blockquote>
<p>Et puis le petit resto de quartier vit sa vie, mais je dois résister à l'envie de vous en dire plus. Je ne voudrais pas abuser des amuse-bouches et vous couper l’appétit.</p>
<p>Mangez-moi, est donc le titre de ce livre rafraichissant, d’une femme qui porte en elle les peurs et les déceptions de notre temps, mais avec une folle envie de vivre. Elle aurait tout aussi bien pu appeler son livre « Lisez-moi ».</p>
<p>Et elle n’aurait trompé personne.</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Mangez.jpg" alt="Mangez-moi" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Mangez-moi</strong>, Agnès Desarthe, littérature française, L'Olivier, 308 pages, 20 euros. Notre note : 3/5.</em>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/29-mangez-moi-agnes-desarthe#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/24Les coeurs autonomes - David Foenkinosurn:md5:d986f496341333b68b521d234f6245462007-01-14T15:35:00+00:002018-10-23T16:42:42+00:00BernardL'amourParissentimental<p>C’est une histoire de Il et Elle (ils n’ont pas de prénom dans le roman). Il est un révolté. Incapable de se poser, de travailler, de garder ses amis. Pour lui, travailler c’est se mettre en sursis avant de rejoindre la file du chômage, et c’est enrichir un patron qui vous vole.</p> <p>Elle est amoureuse. Séduite par les combats de son jeune homme, sans vraiment les partager.</p>
<p>Ses révoltes à lui le rongent chaque jour un peu plus. Elle veut le quitter. Il veut la garder. Alors ils font une grosse bêtise, ensemble.</p>
<p>Voilà, c’est tout. Ce livre est présenté comme une grande passion amoureuse, sur fond de révolte intello parisienne. Mais on aurait voulu que la passion soit distillée et que la révolte finisse autrement que par un banal fait divers. Mais non. Tout le livre ressemble en fait à un fait divers de bas de page d’un quotidien.</p>
<p>Pas d’effet de plume, non plus, pour rattraper la mayonnaise, même si certains passages ont un peu d'élan. Comme ici :</p>
<blockquote><p>Dans la folie paradoxale de la passion, il cherchait une faute dans le comportement de celle qui l’aimait plus que tout. Pourquoi une faute ? Pour pouvoir fuir ? Tous deux s’étaient enfermés sans savoir à quel moment précis les évènements avaient dérapé. Etait-ce l’amour de se tuer ainsi ? Etait-ce l’amour de ne pas pouvoir respirer et de trouver pourtant que partout ailleurs l’air est respirable ? »</p>
</blockquote>
<p>Je suis déçu. Et vous ?</p>
<p><img src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/Coeurs.jpg" alt="Les coeurs autonomes" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" />
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<br /> <em><strong>Les coeurs autonomes</strong>, David Foenkinos, littérature française, Grasset, 171 pages, 14,90 euros. Notre note : 1/5.</em>
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Du même auteur : <a href="https://www.leblogdeslivres.com/post/2012/02/04/La-d%C3%A9licatesse-David-Foenkinos">La délicatesse</a>
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</p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/21-les-coeurs-autonomes-david-foenkinos#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/16Ensemble c'est tout - Anna Gavaldaurn:md5:6fc1fc6faa7c9805dfbecfc96bf74cd52007-01-14T14:37:00+00:002023-01-08T08:55:44+00:00BernardLa vieAnna GavaldafemmesParis<p>Il y a des auteurs qui parviennent à mettre en scène des gens comme nous, sans rien, absolument rien de plus. Pas de grand drame, pas de grand destin, pas de grandes qualités, ni de grands défauts. Et on peut vraiment faire un bon roman avec ça ? Oui. Anna Gavalda y parvient, et sur plus de 500 pages.</p> <p>Elle nous conte simplement l’histoire de Camille, femme de ménage de son état, au caractère bien trempé, mais à la sensibilité au moins aussi forte. Elle n’est pas passée loin du point de non retour à la vie, la petite. Mais son chemin tortueux a croisé celui de Philibert. Qui n’a pas un Philibert dans ses connaissances ? Un type un peu vieille France, mal à l’aise à peu près partout, doté d’un humour qu’il manie malgré lui, d’une grande culture et d’une gentillesse abondamment prodiguée.</p>
<p>Il y a Frank, aussi, un mec, un vrai. Avec tout ce que cela comporte de machisme, de mauvaise foi, et de sensibilité savamment dissimulée. Il ne manque à ce tableau que Paulette, une personne âgée, légèrement manipulatrice, mais pas assez pour inspirer le rejet.</p>
<p>Cette fratrie nous amuse doucement au fil du récit d’Anna Gavalda. La prouesse, c’est qu’elle laisse vivre ses personnages. Pas d’intrigue hyper tendue pour vous conduire à la dernière page. Pas d’extraordinaire rebondissement pour relancer la machine. Non, rien que des vies. Ce qui, chez d’autres, aurait pu provoquer un profond ennui, donne chez Gavalda une impression de légèreté. On s’attache à ces personnages et on n’a plus envie de les quitter. On pardonne même à l’auteur quelques passages un peu nunuches, ou quelques répliques un peu fades ou attendues.</p>
<p>La langue aide aussi l’auteur a éviter l’ennui. Une langue vive, tintée de parisianismes, et une profusion de dialogues très crédibles.</p>
<p>Ce que j’aime aussi, c’est que c’est un roman complètement féminin. Tous les personnages, et surtout Frank, le vrai mec, sont décrits par la plume d'une femme. Croyez-moi, beaucoup d'hommes adorent. J’en ai encore surpris un, la semaine dernière, à l’aéroport, avec un léger sourire attendri qui en disait long !</p>
<p>Allez, un extrait, pour achever la démonstration.</p>
<blockquote>
<p>Le Pilon de la vie lui avait appris à se méfier des certitudes et des projets d’avenir, mais il y avait une chose dont Camille était sûre : un jour, dans très très longtemps, quand elle serait bien vieille, encore plus vieille que maintenant, avec des cheveux blancs, des milliers de rides et des taches brunes sur les mains, elle aurait sa maison à elle. Une vraie maison avec une cuisine en cuivre pour faire des confitures et des sablés dans une boîte en fer blanc cachée au fond du buffet. Une longue table de ferme, bien épaisse et des rideaux de cretonne. Elle souriait. Elle n’avait aucune idée de ce qu’était la cretonne, ni si cela lui plairait, mais elle aimait ces mots : rideaux de cretonne. »</p>
</blockquote>
<p><img alt="Ensemble, c'est tout" src="https://www.leblogdeslivres.com/dotclear/images/couvertures/ensemble.jpg" style="float:left; margin: 0 1em 1em 0;" /><br />
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<em><strong>Ensemble, c'est tout</strong>, Anna Gavalda, littérature française, J'ai lu, 573 pages, 8 euros. Notre note : 4/5. Vous pouvez</em> <a href="https://www.amazon.fr/gp/product/2290343714/ref=as_li_tl?ie=UTF8&camp=1642&creative=19458&creativeASIN=2290343714&linkCode=as2&tag=leblogdeslivr-21&linkId=36DTUZY7RLK6ADZD"><em>le commander</em></a> sur Amazon.<img alt="" border="0" height="1" src="https://ir-fr.amazon-adsystem.com/e/ir?t=leblogdeslivr-21&l=as2&o=8&a=2290343714" style="border:none !important; margin:0 !important;" width="1" /><br />
De la même autrice : <a href="http://www.leblogdeslivres.com/?2008/04/24/239-la-consolante-anna-gavalda">La consolante</a></p>
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<p> </p>https://www.leblogdeslivres.com/post/2007/01/14/19-ensemble-c-est-tout-anna-gavalda#comment-formhttps://www.leblogdeslivres.com/feed/atom/comments/14