Dans son dernier roman, l'auteur raconte l'histoire de César, un journaliste raté qui suit, les pieds lourds, sa compagne en ces lointaines contrées. Seulement voilà : elle plante César en rase campagne pour un touriste jeune et sympa.

Le genre à avoir hâte que le soir tombe pour chanter Manu Chao a capella avant de tirer son coup avec une routarde à dreadlocks. »

Chagriné mais pas désespéré, César quitte l'arrière pays et s'envole pour Rangoon, où il est témoin d'un attentat, fomenté par les autorités. La junte entend ainsi décourager les partisans de Wei Wei, une mystérieuse opposante, qui sévit depuis les montagnes en appelant au soulèvement dans des émissions de radio très écoutées.

Sur la scène du drame, César rencontre Julie, une coopérante française dont il tombe follement amoureux.

Mais au lendemain d'une nuit nuit d'amour, la belle disparaît. Une nouvelle fois, César rebondit. Il se pique de retrouver Wei Wei, pour l'interviewer. S'entame alors une longue quête, qui nous emmènera au cœur de campagnes paradisiaques et admirablement décrites, comme ici.

Le grand lac de Kengtung était à nos pieds. Les montagnes nous cernaient, en partie couvertes de rizières en terrasses d'un vert éblouissant, ou réverbérant le ciel en miroir quand elles débordaient d'eau. Les poussières qui dansaient dans le soleil, quand nous traversions un bois, s'apparentaient pour moi à la pure métaphore du bonheur. »

La longue marche de César nous montrera aussi l'autre versant du pays, ses villes décimées par la drogue, la prostitution, le jeu. On découvrira aussi des peuplades aux coutumes singulières, que César découvrira à ses dépens, par exemple en dégustant un plat d'anguilles.

Tu sais comment on les attrape ? Les Inthas, les gens du lac, vivent en harmonie avec l'eau. Quand ils meurent, on descend leur cercueil tout au fond. Leur particularité, c'est qu'ils sont percés de petits trous. Attirées par la chair du mort, les jeunes anguilles s'y faufilent, se nourrissent, et sont ensuite trop grosses pour ressortir du cercueil. Il n'y a plus qu'à le remonter et à faire la récolte. »

Birmane est un roman positif. C'est une belle ode au combat féminin pour la démocratie. L'écriture, précise et élégante, est un modèle de respect du lecteur. Mais on sent un peu trop que l'intrigue, sinueuse et relâchée, n'est que prétexte à nous faire découvrir ce pays que l'auteur semble porter dans son cœur. Dommage que l'histoire et les décors admirables ne se fondent pas mieux, car on tiendrait alors un petit chef d'œuvre, au lieu d'un roman simplement agréable.

Birmane



Birmane, Christophe Ono-dit-Biot, Plon, 441 pages, 21 euros.