Mal ? Elles finissent, c’est tout. C’est la thèse du recueil de nouvelles de Brigitte Giraud, « L’amour est très surestimé ». Avec un réalisme qui confine à la cruauté, elle décrit, sans amour, des idylles qui expirent.

Elle dissèque l’avant.

C’est la fin de l’histoire et vous ne le savez pas. Il est là, debout devant la fenêtre, et vous lui en voulez de masquer la lumière. Ce n’est pas lui que vous voyez mais le jour qu’il empêche d’entrer. »

Elle déshabille le pendant.

Nous allons réunir les enfants ce soir. Nous allons leur apporter la preuve que l’amour n’est rien, rien de ce qu’on nous avait laissé croire. Nous allons apparaître sous un jour nouveau, minables et coupables, approximatifs. Nous allons encore dire « nous » pour la dernière fois, ensuite nous parlerons comme tous les parents séparés, nous dirons « ton père », nous dirons « ta mère » et surtout nous passerons à la première personne du singulier. »

Et, audacieuse, elle raconte l’après. L’après de Bertrand Cantat.

Personne ne parlait plus de Bertrand Cantat. Il commençait à purger sa véritable peine. Il devenait inconvenant de penser à lui comme à un homme en deuil. Et c’est ainsi que je pensais à lui, que j’y pense encore aujourd’hui. Tuer n’empêche pas d’être en deuil. »

C’est noir. C’est triste. Surtout quand c’est dit par un enfant.

Cela arrive le matin après le petit-déjeuner, après que mon père a lavé les bols et rangé le pain et le miel, après que j’ai essuyé la table. Ma mère nous quitte et part à pied. Elle prend une petite valise et mon frère par la main. »

C’est bien écrit. Mais c’est dans l’air du temps, désabusé et enclin à vous persuader de rejoindre les rangs des déçus. Ne la croyez pas : elle ment.

L'amour est très surestimé



L'amour est très surestimé, Brigitte Giraud, Stock, 92 pages, 11 euros.