Et sûrement pas celui de Gilles-Martin Chauffier. Peut-on le croire ? On pourrait : il est rédacteur en chef à Paris Match, un hebdo qu’on ne peut pas vraiment qualifier de provincial.

Dans « Une vraie Parisienne », il donne la vie à Agnès de Courroye (ne vous laissez pas impressionner par la particule, elle l’a inventée). C’est donc elle la vraie Parisienne. Elle est guide touristique dans la capitale. Mais c’est alimentaire : son vrai métier, c’est de juger ses contemporains. Comme ici, quand elle décrit une attachée de presse, Coco Danceny :

C’est la grande attachée de presse du show business, une cinglée de première, aimable comme la pluie. Un vrai bouledogue, du moins de caractère. Son physique fait plus chienchien. Avec sa coiffure tarabiscotée, on dirait un caniche. Une amie sincère l’aurait envoyée se faire brosser. »

Et c’est parti. Agnès va infliger ses mauvais traitements à toutes ses rencontres. Toutes, sauf une : le beau Bruce, un chanteur rock à succès qu’Agnès est chargée de promener dans Paris, et qui a « les dents blanches comme une carte de visite ».

Agnès serait donc dotée de sentiments ? Que nenni ! Elle en veut évidemment à ses dollars. Elle ne le lui cache pas : elle l’appelle « mon portefeuille chéri. » Et il l’aime pour cela. Jusqu’au jour où elle entreprend de faire monter les enchères en l’accusant de l’avoir battue, ce qu’elle ne manque évidemment pas de faire savoir à la presse parisienne.

D’accord, l’histoire n’a pas la finesse d’un d’un salon du seizième. Mais si le mot « tchatcher » pouvait s’employer pour l’écrit, Gilles Martin-Chauffier en serait un orfèvre. Et c’est cela qui fait l’intérêt de ce roman de vacances. Et rien d’autre, ai-je envie de dire : car il lui arrive d’en faire un (tout petit) peu trop, et il parle un peu trop de Sarkozy. Je me demande même parfois s’il ne fait pas sournoisement sa campagne. Cela n’a rien à faire dans un roman.

Mais ne nous arrêtons pas à cela, et pour terminer, dégustons, ensemble, quelques sentences et réparties.

Se marier, Jean-Pierre, c’est choisir la personne qu’on haïra pendant deux ou trois ans. Vous devriez le savoir puisque vous êtes à votre troisième divorce. N’en rajoutez pas dans le romantisme, ce n’est plus de notre âge. Enfin, du vôtre »

Il est con comme une valise sans poignée »

Est-ce que je crois en Dieu ? Evidemment puisque l’homme l’a créé. C’est comme si je ne croyais pas au téléphone ou au cinéma »

Amusez-vous bien !

Une vraie Parisienne




Une vraie Parisienne, Gilles Martin-Chauffier, Grasset, 296 pages, 21 euros.